Batman – Un deuil dans la famille | Un film interactif

Nouveau film d’animation DC Comics sur Batman, Un deuil dans la famille n’adapte pas vraiment la bande dessinée du même titre mais propose au spectateur de choisir la voie à emprunter et ainsi créer une petite dizaine d’histoires (assez courtes) différentes. Critique et explications.

[Histoire]
Batman se rend dans un entrepôt où Robin (Jason Todd) a été kidnappé et frappé par le Joker. Le bâtiment est truffé d’explosifs. Le Chevalier Noir se remémore quelques souvenirs avec son second side-kick, impulsif et tête brûlée. Arrivera-t-il à le sauver ?

[Critique]
Le résumé est volontairement court puisque le film propose trois choix scénaristiques après cette introduction. Le spectateur peut ainsi faire sauver Robin par Batman, laisser Robin s’en sortir seul ou bien faire mourir celui-ci (même si on sait déjà qu’il renaîtra en tant que Red Hood, car c’est le cheminement de la mythologie et chronologie classique du personnage).

Sans détailler tous les embranchements possibles (passez au paragraphe suivant sinon), notons que deux d’entre eux suivent un chemin assez balisé. Jason Todd tué montre son retour en Red Hood (piochant dans quelques extraits du film Batman & Red Hood : Sous le masque rouge pour illustrer cette orientation mais sans en faire une redite complète, pas d’inquiétude). Quant à Jason Todd vivant et s’en sortant par lui-même, cela le mue en vengeur violent, détestant son ancien mentor, avec un costume inspiré par Silence (dans lequel Gueule d’Argile reprenait éphémèrement l’identité de Todd). La troisième option est de loin la plus intéressante car elle débouche sur d’autres voies passionnantes. Ainsi, si Batman sauve Robin, le Chevalier Noir meurt dans la foulée. De ce sacrifice, au spectateur de choisir si Jason Todd attrape le Joker ou le tue. En fonction de cela, Bruce Wayne peut revenir à la vie grâce à Talia al Ghul par exemple. Tout le monde peut aussi mourir… Jason peut devenir fou et finir à Arkham, affronter Double-Face ou le Joker, redevenir « bon et humain » ou sombrer davantage dans la violence.

Un destin tragique ou une rédemption ? A vous de le découvrir (difficile de savoir ce qu’il va se passer en fonction de certains choix). En une session d’une bonne heure on peut, de toute façon, découvrir toutes les histoires possibles puisque dès que l’une d’elle se termine le film nous propose de revenir au moment d’un choix du passé. Cette façon de faire (rappelant l’épisode interactif Bandersnatch de l’excellente série Black Mirror disponible sur Netflix) est toujours un pari risqué. A mi-chemin entre le film et le jeu vidéo, le spectateur n’est plus tout à fait passif. Par ailleurs la notion de film est peut-être exagéré car, in fine, de ces choix possibles naissent sept courts-métrages différents (ce qui est annoncé sur la jaquette pour ne pas induire en erreur le potentiel acheteur), d’une moyenne de dix minutes chacun (64 minutes environ est-il précisé). Néanmoins le temps de tout regarder, revenir en arrière, hésiter, reprendre en cours, on est occupé un peu plus longtemps.

Difficile de conseiller ou non Un deuil dans la famille tant il s’inscrit dans un registre particulier : film d’animation interactif d’une part, proposant plusieurs courts-métrages aux destins radicalement différents d’autre part. Bien sûr des changements n’impactent pas forcément toujours la suite de l’histoire, dévoilant la même avec quelques variantes (de costumes notamment) mais toujours avec une conclusion inédite. Cette façon de faire est donc à la fois la force et la faiblesse de cette animation atypique. On est plutôt conquis sur ce site, car le comic-book éponyme a affreusement mal vieilli et tout le côté géo-politique n’aurait vraiment pas été intéressant et crédible à l’écran. Par ailleurs, lors de la publication de la bande dessinée écrite par Jim Starlin à la fin des années 1980 (toujours pas chroniquée sur le site), ce sont les lecteurs qui devaient appeler un numéro de téléphone pour sceller le sort de Jason Todd. Une audace pour l’époque qui permet d’être plus ou moins réutilisée avec ce format spécifique. On aurait aimé des narrations plus longues, des moyens-métrages de trente minutes et encore plus de choix, peut-être une prochaine fois si cet essai fonctionne bien ?

Côté animation, on est dans le haut de gamme de ce que propose DC habituellement : plutôt soigné sans être trop minimaliste. On constate d’ailleurs une dimension particulièrement violente et même gore (décapitation, flux de sang…). Outre Jason Todd, Batman et le Joker, Double-Face et Talia al Ghul sont un peu mis en avant. Même si ça n’explore pas des masses ces autres protagonistes, il est toujours appréciable de les croiser au détour de ces what if ? Le doublage français reprend ses voix habituelles depuis quelques années : Emmanuel Jacomy en Batman et Marc Saez en Joker. Gabriel Bismuth-Bienaimé joue Robin/Jason Todd (il doublait Damian Wayne dans Batman Ninja). En VO, pour rester cohérent avec les doubleurs du film Batman & Red Hood, pas de Kevin Conroy (habituel Batman) ni de Mark Hamill (Joker) mais Bruce Greenwood (Batman), John DiMaggio (Joker) et Vincent Martella (Jason Todd/Red Hood) qui officiaient donc sur cette œuvre d’animation à sa sortie en 2010 !

En synthèse, si ce format spécial vous séduit, il n’y a pas à hésiter, s’il vous rebute aucune raison d’y aller. Le Blu-Ray propose quatre autres courts-métrages, sur Adam Strange, le Phantom Stranger, Sergent Rock et Death, chacun durant un petit quart d’heure. On se retrouve donc avec une heure d’animation complémentaire ! Total de l’ensemble : un peu plus de deux heures (sans compter les commentaires audio en bonus). Le tout est proposé dans un bel écrin grâce à un fourreau en carton qui entoure le boîtier plastique du Blu-Ray avec une superbe affiche/couverture (cf. haut de l’article). Pour 14,99€ c’est tout à fait correct. Notons que ce film interactif est visiblement inclus dans un coffret collector comportant quatre aux films d’animations sur Batman et que ce dernier coûte seulement 20€ (voir liens ci-après la vidéo bande-annonce) ! Attention par contre, la sortie en DVD n’est pas prévue.

NB : tous les films d’animations sur Batman sont recensés sur cette page.

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(Un deuil dans la Famille + Batman Ninja + Year One + Gotham by Gaslight + The Dark Knight Parties 1 & 2)

2 commentaires

  1. l’idée de faire des choix est intéressant. Apès, selon les choix, ça peut aller très vite (très courts métrages) . Des scènes qui varient . Parfois un peu simple. Parfois nul… et on reste toujours sur ses fin…
    Et  » un deuil dans la famille  » c’est vraiment pour attirer le public et les fans… pas trop de rapport avec le comics d origine. Sauf la scène d’intro, identique pour toutes les versions.
    [SPOILER A SUIVRE]
    1_ J’ai choisis l’option « robin meurt » [pas d’autres alternatives après]… durée: 28min… déjà c’est très léger ! Histoire en mode  » batman raconte rapidement la suite » , je n’ai pas trop adhéré, même si l’animation reste jolie (juste jolie, on a vu mieux)
    2_ 2eme version choisie : « robin frôle la mort » [pas d’autres alternatives après]
    Duree: 15min.
    Alors Robin n’est pas mort (vu l explosion…chanceux !) Mais en 10s d’images il devient méchant et se venge. Pourquoi pas… mais il redevient  » gentil » dès qu’il est au courant qu’il a un demi frère, Damian… ok. Ça à l air d’aller niveau mental …
    3.1_Je tente avec la version  » batman sauve robin » + « capture le joker + épargne le joker + épargner batman ». Durée : 24min… . Alors là, c’est une honte.. tuer batman comme ça?! Même face à Bane, il ne meurt pas! Comment Robin peut s’en tirer physiquement en Bosnie (d’ailleurs costume intact, chapeau !) de cet entrepôt alors qu il était à 2 doigts de mourir… et pas Bruce !? (Je ne parle même pas de la facilité de ressusciter le corps de Bruce avec le puis de Lazar, tellement facile). Combat final nul (oui ce combat de 37s!) . Finalement robin est tout de même Red Hood, version allégée et se « soignant ».. et finalement Bruce est vivant.. mais mentalement… Fin nulle.
    Mais il y a d’autres options dans cette alternative là:
    3.2_ version  » batman sauve robin » + « capture le joker + épargner le joker + tuer batman ». Durée : 22min…
    Rien de différent sauf la (2eme) mort de Bruce, rapide, nulle.
    3.3_ version  » batman sauve robin » + « tuer le joker + s’échapper + tuer batman ». Durée : 15min…
    Petit changement sympathique surtout avec le passage de la blague du joker de Killing Joke (le faisceau lumineux…). Un Robin version batman. E Red Robin.. Pourquoi pas. Apparition de double face. Autres nouvelles options..
    Ça change des options passées..
    Et je m’arrête là, dans mon post du moins lol.
    Ce « film » vaut le détour pour ce côté « alternatif » où diverses scènes ont été créées pour nous… il y a quand même un paquet de possibilité, à partir du moment où on choisir  » batman sauve robin  » batman meurt).
    Mais ça reste décevant quelque soit les choix. Peut été trop de choix ?!
    Ils se sont tellement focalisés sur ce côté alternatif qu Ils ont oublié un truc super important : faire un bon film !
    Au final trop de choix donc trop de fins et rien n’est jamais terminé réellement.
    Pas trop d’intérêt au niveau scénaristique… déçu.
    Pas le genre de bluray que je remettrai de si tôt…

    1. Merci pour tous ces détails haha ! 😀

      Ça permettra peut-être aux potentiels acheteurs de trancher…

      Pour ma part, comme dit dans la critique, c’est une curiosité sympathique à défaut d’un vrai film en effet ! Globalement j’ai été séduit, j’aime bien le concept même s’il trouve vite ses limites.

      D’une manière générale, je trouve de toute façon « Un deuil dans la famille » (le comic) bien trop surestimé.

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