Batman & Robin (1997)

[Histoire]
Un nouvel ennemi est apparu à Gotham City : Mister Freeze. Ce dernier vole des diamants pour continuer ses recherches scientifiques qui pourraient sauver sa femme cryogénisée.

Une autre scientifique débarque dans la ville : Pamela Isley, alias Poison Ivy, qui peut contrôler les plantes. Elle est accompagnée d’une brute sans cervelle : Bane.

Batman et Robin doivent donc combattre ces trois nouveaux vilains tout en accueillant la nièce d’Alfred : Barbara Wilson.

Celle-ci souhaite rejoindre les justiciers dans leurs croisades sous l’identité de… Batgirl !

[Critique – rédigée en 2020 en s’efforçant de l’objectiver et la contextualiser]
Outch… Après le mitigé Batman Forever, qui renouait avec l’aspect kitch et burlesque du Batman des années 1960, le réalisateur Joel Schumacher va plus loin cette fois sans prendre de gants et livre un nanar ultime (et la postérité de ce film ne fera que confirmer ces propos). Si quelques éléments sauvaient plus ou moins le volet précédent (Val Kilmer convaincant, Jim Carrey déluré, personnalité torturé de Bruce Wayne mise en avant…), il n’y a plus rien qui va dans Batman & Robin.

Georges Clooney endosse la cape et propose un Bruce/Batman bien assagi, trop souriant (une volonté de l’acteur et du metteur en scène, couplée à celle de ne plus montrer le meurtre de ses parents, seule bonne chose de la fiction). Robin est toujours correct dans son rôle, ni particulièrement mauvais, ni non plus extraordinaire, Chris O’Donnell livre une prestation correcte mais vu l’écriture de son personnage, difficile d’apprécier. La nouvelle venue, Alicia Silverston, n’est guère convaincante, là aussi pas aidée par ses textes et son manque de charisme. Seule la relation entre Alfred (le toujours très bon Michael Gough) et Bruce Wayne apporte une réelle nouveauté, peu explorée jusqu’à présent dans tous les films Batman. Les échanges entre les deux et l’inversion des rôles « paternalistes » sonnent justes. C’est l’unique élément soigné de la fiction et qui est sincèrement plaisant tout le long (même si on pourrait tiquer de l’avoir rendu « tonton » de Batgirl, une hérésie de plus pour les connaisseurs des comics…).

Côté méchant, le traitement est scandaleux : tout le monde y est ridiculisé, la palme revenant à Bane (interprété par le cascadeur Jeep Swenson) bien éloigné de sa version comic-book pourtant très récente (1993) et accessible au moment du tournage (fin 1996/début 1997). Bane est intelligent, le réduire à une brute sans cervelle dénature profondément l’antagoniste. Les deux méchants emblématiques ne sont pas en reste : Arnold Schwarzenegger enchaînent les blagues pas drôles qui ne collent pas du tout avec Freeze et Uma Thurman surjoue comme elle peut dans son rôle d’allumeuse verdâtre…

La plupart des décors en carton-pâte kitchs et colorés poursuivent la tournure radicale opérée depuis Batman Forever, bien loin de la vision de Tim Burton et son esthétique gothique. Si Forever visait le grand public et les enfants, difficile d’accepter cet argument ici tant l’ensemble est prévisible, peu palpitant, peu amusant (sauf à le voir comme tel au millième degrés directement) et raté. Là encore, la volonté de Schumacher était de rendre hommage à la série Batman des années 60. Mais près de 35 ans plus tard, tourner en dérision (volontairement ?) sur grand écran un si noble héros, surtout après le passage chez Burton, ne séduit plus (le succès commercial était toutefois notable pour l’époque, avec près de 240 millions de dollars de recettes pour un budget estimé à 125 mais les critiques unanimement désastreuses). Une suite intitulée Batman Triumphant (ou Unchained selon les sources) visant à clore aussi bien la saga de Schumacher (donc une trilogie) mais aussi celle de Burton a été annulée et il faudra attendre huit ans avant de revoir le Chevalier Noir au cinéma (Batman Begins et son approche extrêmement réaliste et sérieuse, en adéquation avec son temps et son super-héros).

Entre les gros problèmes d’écriture, de casting, de tournage (les scènes d’action sont toutes cheap, aussi bien les poursuites que les combats), Batman & Robin n’a rien d’intéressant à proposer, fait honte aux personnages et ne peut séduire (et encore) que les très jeunes enfants et peut-être les amoureux de la version nanardesque de la série des années 1960…