Zack Snyder’s Justice League (2021)

MàJ (avril 2021) : la sortie en DVD, Blu-Ray et Steelbook Blu-Ray est prévue pour le 9 juin 2021 en France.

Réclamé depuis la sortie de Justice League au cinéma fin 2017, objet de fantasme des admirateurs de Zack Snyder et « sa vision » de son univers DC Comics au cinéma, le (très) long-métrage renommé Zack Snyder’s Justice League est (enfin) disponible depuis mars 2021 [1], proposant l’intégralité de ce que désirait le metteur en scène initialement. Grâce à un processus long et complexe (des fans notamment) à base de hashtags, pétitions, combat virtuel acharné (allant jusqu’au harcèlement numérique) et aux enjeux économiques colossaux (surtout aux États-Unis) pour la plate-forme HBO Max (sur laquelle sort ce ZSJL), la fiction d’une durée de quatre heures permet de redonner ses lettres de noblesse à l’iconique équipe de justiciers. Ne (re)précisons pas tout l’historique autour de cette incroyable histoire qui fera date dans le monde du septième art (des articles la récapitulent très bien sur ce site ou ailleurs) et concentrons nous sur le film en lui-même. Que vaut cette « nouvelle version » ? Critique d’une épopée flamboyante, épique et passionnante mais non sans défauts évidents.

[1] En France, le film est en vente (en VF et VOSTFR) depuis le jeudi 18 mars en achat complet pour 11,99€ en SD et 13,99€ en HD et UHD sur la plupart des plate-formes de VoD : iTunes & Apple TV, Amazon Prime Video, Google Play, YouTube, Sony Playstation, Microsoft Xbox, Rakuten TV, Orange, CanalVOD, Bbox. Il est disponible depuis le 31 mars sur SFR, FilmoTV, Videofutur, Universcine et, depuis cette date, en location également pour 4,99€ (avec 30 jours pour le regarder et 48 heures une fois la lecture débutée). La sortie en DVD, Blu-Ray et Steelbook Blu-Ray est prévue pour le 9 juin 2021 en France.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, voici le découpage de Zack Snyder’s Justice League qui dure très précisément 3h53’16 (puis près de 9 minutes de générique de fin, sans scène supplémentaire durant ou après celui-ci). Cela permet de mieux situer certains éléments de la critique ci-dessous.

– Introduction (et rappel de la fin de Batman v Superman) — 9 minutes environ [0’00 à 8’58]
– Part 1. « Don’t count on it, Batman » : « Rêve pas, Batman » — 28 minutes [8’58 à 36’58]
– Part 2. The age of heroes : L’ère des Héros —32 minutes [36’58 à 1h08’38]
– Part 3. Beloved mother, beloved son : Mère adoré, fils adoré — 43 minutes [1h08’38 à 1h51’28] 
– Part 4. « Change machine » : Le métamorphoseur — 40 minutes et demie [1h51’28 à 2h21’53] 
– Part 5. All the king’s horses : Avec les meilleurs volontés — 32 minutes et demie [2h21’53 à 2h53’13] 
– Part 6. « Something darker » : Autre chose de plus sombre — 39 minutes [2h53’13 à 3h34’03] 
– Épilogue. A father twice over : Un père puissance deux —19 minutes [3h34’03 à 3h53’16] 
– Générique de fin — 9 minutes environ [3h53’16 à 4h02]

Ainsi, ceux qui souhaitent regarder le film en deux fois peuvent s’offrir une première séance d’une durée de 1h51 (introduction et parties 1 à 3) puis une seconde de 2h05 (parties 4 à 6 et épilogue).

[Histoire]
Après la mort de Superman, Batman et Wonder Woman cherchent à recruter des personnes douées de capacités spéciales pour former une équipe de justiciers. Bruce Wayne part à la rencontre d’Arthur Curry (futur Aquaman) et de Barry Allen (futur Flash). Diana Prince se charge de retrouver Victor Stone (Cyborg).

En parallèle, Steppenwolf, créature surpuissante à la solde du terrible Darkseid se rend sur Terre. Il cherche à récupérer les trois « Mother Boxes », des artefacts magiques pouvant détruire la planète. Elles avaient été cachées et protégées il y a 5000 ans par les Atlantes, les Amazones et les Humains après leur union et victoire écrasante face à Darkseid déjà.

Steppenwolf retrouve les « Boîtes Mères » des Amazones puis des Atlantes. La dernière est gardée par Silas Stone, le père de Victor.

Pour affronter les multiples forces démoniaques, ressusciter Superman ne serait pas de trop…

[Critique — sans spoilers]
Exercice difficile de dresser une critique sans le prisme de la comparaison avec la version 2017 ! Celle de 2021 est (sans surprise) nettement meilleure, à l’ambition démesurée et ses qualités sont nombreuses bien que le résultat final ne soit pas parfait non plus (sans surprise — bis). Le scénario suit dans les grandes lignes la même trame narrative que le précédent long-métrage mais module différents éléments pour les perfectionner et les contextualiser, à commencer par un temps d’exposition beaucoup plus long afin de se familiariser avec les nouveaux personnages (Aquaman, Flash et Cyborg notamment). Idéal pour s’attacher à eux et créer un lien émotionnel plus fort : Victor Stone (Cyborg) a enfin droit à un traitement abouti et soigné (son père et lui sont au cœur même de l’intrigue — cette dernière restant extrêmement basique), Arthur Curry (future Aquaman) et ses responsabilités envers les Atlantes sont mieux expliquées (introduisant habilement le protagoniste, ici plus sérieux et moins « bourru/blagueur » tout en servant de tremplin vers son film solo avec brio — qui sortait fin 2018, soit un an après le premier Justice League, et a tout de même été un franc succès commercial), Barry Allen (futur Flash) est davantage montré mais sans ajouts de nombreuses scènes pour lui à l’exception d’une plus longue conversation avec son père prisonnier et du sauvetage d’une citoyenne (Iris West, sa future compagne). Ses pouvoirs et leurs limites sont mieux explicités (de même que les fameuses « Boîtes Mères » qui prennent plus ou moins un nouveau sens ici. L’itération « Snyderienne » du bolide écarlate reste globalement la même et, de facto, continue(ra) d’agacer les fans de la version comics dont s’éloigne pas mal son interprète Ezra Miller, tant par son physique que son caractère. Ses blagues (et celles du génial Alfred) sont les rares moments qui détonnent avec l’ambiance austère constante…

Une foule de seconds rôles est aussi étoffée : Lois Lane, Martha Kent, Silas Stone, Mera, Alfred, Gordon, etc. (voir seconde critique avec spoilers pour les détails) dans une tonne de nouvelles scènes, un régal pour les déçus du traitement (survolé voire inexistant) dans la version 2017 de ces figures pourtant indispensables au bon déroulement d’une histoire. Une aubaine qui permet d’apprécier le travail d’écriture fourni, emmené par un casting solide et convaincant. Toujours côté personnages, Steppenwolf bénéficie d’un look plus convaincant d’une part et d’une personnalité un peu plus « intéressante » d’autre part. Les guillemets sont des mises car on reste sur un ennemi souhaitant rassembler les trois « Mothers Boxes » afin de détruire la Terre… mais cette fois on sait qu’il sert Darkseid (son neveu), veut se racheter auprès de lui après l’avoir trahit et doit lui donner 50.000 mondes à exterminer. La Terre cacherait même la fameuse équation « anti-vie », permettant à Steppenwolf une rédemption plus rapide s’il la fournit à son maître. En plus de Darkseid, un de ses adeptes fait son apparition : DeSaad. De quoi réjouir les fans de Jack Kirby et connaisseurs de ce pan mythique de DC Comics.

Certains séquences avaient déjà été vues dans la version 2017 de Justice League mais ont été arrangées de plusieurs façons différentes, les optimisant radicalement. Cela se traduit tout d’abord par la « forme technique ». Le format d’image est très particulier : au lieu du traditionnel 16/9, le metteur en scène Zack Snyder propose du 1.33:1, proche de l’IMAX (1.43:1) et similaire du 4:3 (format TV classique). Cela permet de couvrir une surface d’image à l’écran nettement plus grande et donc d’avoir des scènes plus épiques ou des plans plus travaillés (cf. mon thread sur Twitter pour démontrer la différence de zone 2017 vs. 2021). Bémol : des bandes verticales noires apparaissent à gauche et à droite… Les non initiés pourraient donc croire, à tort, d’avoir « moins » d’image à cause de ces colonnes noires mais c’est l’inverse ! Passé les premières minutes et quelques scènes diverses rappelant ce format inhabituel, on reste plongé dans la fiction tout du long sans trop de problèmes, rien de déroutant.

Autre changement notable technique : la partition de Junkie XL, alias Tom Holkenborg (déjà à l’œuvre sur Batman v Superman : l’Aube de la justice où il était accompagné de Hans Zimmer qui avait, quant à lui, signé la bande originale de Man of Steel). On retrouve donc les célèbres thèmes de l’homme d’acier et de la guerrière amazone à plusieurs reprises, mais aussi celui de Lex Luthor par exemple. Un changement de ton assez radical par rapport au score de Danny Elfman qui avait quasiment annulé toute la « cohérence musicale » de l’univers DC au cinéma initiée par Snyder en 2013, en imposant d’autres partitions et son propre thème de Batman (issu du film de Tim Burton sorti en 1989). Les 54 morceaux (d’une durée totale de 3h54 !) qui peuplent Zack Snyder’s Justice League ne sont, hélas, pas forcément marquants. Attention, ils restent de qualité et épousent à merveille la plupart des séquences, surtout d’action, mais il manque ces petits « airs mélodiques » qui jalonnaient brillamment les précédents longs-métrages. Le musicien semble moins inspiré ici mais, comme dit, ré-entendre à la fois des sons connus et réarrangés, couplés à de nouvelles compositions reste globalement efficace. On retient les ambiances sonores propres aux amazones également.

Ensuite, l’optimisation notoire quant aux séquences familières est qu’elles sont quasiment toutes « en version longue », proposant des ajouts inédits bienvenus. Ainsi l’attaque par des terroristes du Palais de Justice de Londres que déjoue Wonder Woman au début du métrage prend une tournure plus « sombre », sous tension. Non s’en rappeler d’une certaine façon — osons-le — le braquage d’ouverture de The Dark Knight, lui-même puisant dans le culte Heat. De la même manière, la première grande séquence d’action qui voit s’affronter les Amazones et Steppenwolf gagne en intensité (toutes les Amazones méritent à elles-seules la vision de ZSJL). Aussi généreux dans sa durée que dans ses combats épiques, l’épopée titanesque de la Justice League se regarde avec délice. Les quatre heures de film passent aisément (malgré quelques scènes en trop — on y reviendra) avec un rythme conférant un équilibre quasi-parfait tout en maintenant en haleine le spectateur et lui conférant même une certaine émotion ici ou là ; on ne s’ennuie jamais, tout fonctionne bien même avec cette anomalie d’impression de déjà-vu ! Malheureusement, ZSJL n’est pas sans quelques défauts.

Moins légère et « fun » que la version 2017, celle de 2021 (interdite aux moins de 12 ans en France et aux moins de 17 ans non accompagnés d’un adulte aux US — suite à des scènes parfois gore avec éclaboussements de sang et quelques « fuck » prononcés) est certes plus ambitieuse mais suinte de partout les tics de son réalisateur, ce qui ne manquera pas de combler ses adorateurs et convaincre ses détracteurs de ne pas s’aventurer dans cette nouvelle mouture. La photographie, hyper soignée (incluant les scènes déjà connues retouchées avec) peine à convaincre parfois avec son étalonnage très sombre et sempiternel ton grisâtre… Que ce soit le manque cruel de « couleurs vives » que ne renieraient pas les costumes de Wonder Woman ou de Flash par exemple, ou bien des zones manquant de clarté et, in fine, de visibilité. Le long-métrage est d’ailleurs prévu dans une version en noir et blanc dans un futur proche…

Le pire étant lors du climax, dans une zone presque désertique et nocturne, débordant d’effets numériques peu éloquents… C’est l’un des principaux problèmes de ce ZSJL (et du DCEU au global) : les créatures et décors conçus par ordinateur sont indignes d’une production au budget si élevée et rappellent surtout des cinématiques de jeux vidéo. Explosion de CGI dégueu à prévoir. Des séquences affreuses en 2017 le sont toujours en 2021, entre incrustation sur fond vert foireuse et ensemble (encore et toujours) hyper sombre. Même constat sur les très nombreuses scènes au ralenti. Zack Snyder abuse sans concession du procédé (10% du film est constitué de plans au ralenti, soit près de 25 minutes sur 4 heures !). Multipliant grâce à cela quelques plans iconiques et réussis (en complément des scènes d’action plutôt « lisibles ») mais en en ratant d’autres qui ne méritaient pas cet effet de style inutile (on pense à la trop longue scène de l’accident d’Iris West, entre autres). On aurait gagné un temps précieux à ne pas ralentir autant de passages… Les allergiques à la patte de Snyder ne seront donc évidemment pas conquis, si vous êtes hermétique à son travail, passez votre chemin.

Si Barry, Arthur et Victor sont plus ou moins équitablement développés, il n’en est pas tout à fait de même pour Bruce, Clark et Diana. Pas forcément très grave car ils furent au centre des blockbusters précédents mais… Bruce gagne en présence (avec Alfred) mais perd sa romance avec Diana (à quelques allusions près). Quand il endosse son costume de chauve-souris et combat, on pense à sa « lourdeur » qui était légitime lorsqu’il était sous son armure face à Superman. Ici il perd un peu d’une certaine agilité, surtout en comparaison avec la fluidité de ses collègues (même si ça fait toujours bizarre de voir Flash avec des rayons bleus et non jaunes, et ses mains et pieds qui partent sur les côtés comme une marionnette désarticulée). Le milliardaire peine aussi à convaincre en tant que leader, il n’y croit pas des masses, on le sent forcé. Wonder Woman est un peu éclipsée (au détriment des Amazones — ce n’est pas plus mal) et Superman n’intervient que trop tardivement pour rattraper son temps de présence mais il avait eu droit à deux longs-métrages auparavant, alors ce n’est pas bien grave. Le kryptonien arbore désormais son célèbre costume noir, sans que celui-ci ne soit réellement explicité ou apporte quelque chose en plus. Étrangement, si l’esprit d’équipe entre les six membres est là, il manque encore cruellement une complicité évidente, une harmonie plus prononcée. Cette solidité semblait presque plus « plausible » dans la version 2017, à grand renforts de punchlines pas très subtiles (ou de la formule marvelienne diront les mauvaises langues), à moins que cela était procuré par l’esprit « détente » qui sévissait ?

Justice League mériterait aussi d’être épuré de quelques scènes (une troupe d’un village en Islande qui entonne un chant au départ d’Arthur Curry, le sauvetage d’Iris — déjà mentionné — et Barry qui récupère une saucisse pour des chiens dans la foulée (!), Victor Stone découvrant ses pouvoirs dans une sorte de monde alternatif, etc.) mais ça reste du chipotage car l’ensemble se tient parfaitement. Bien qu’un peu terne et sans grosses surprises (la dimension politique et la complexité d’un BvS ont disparu, la déification est encore plus ou moins présente — avec une approche différente cette fois, portée sur le deuil durant l’entièreté du film mais aussi sur la disproportion des pouvoirs entre les membres et les humains, des Dieux modernes gravitant autour de sorts funestes dira-t-on), le film est une pépite frustrante et jubilatoire à la fois pour les amoureux du DCEU. Un bijou car il propose (enfin !) LA version intégralement conçue par son créateur en prenant le temps de peaufiner tous ses personnages, d’offrir un spectacle grandiose et épique. Une approche singulière (qui sera toujours clivante) dans le cadre d’une adaptation de comics et un divertissement de qualité. Inutile de bouder son plaisir, ZSJL est un cadeau pour les fans et ils trouveront sans nul doute leur compte (comme l’auteur de ces lignes, vous l’aurez compris). Le revers de la médaille était couru d’avance : la fin (interminable épilogue) est très ouverte et annonce un double futur stimulant qui ne verra probablement jamais le jour. Zack Snyder n’avait pas menti : nous avions vu un quart de son film, les ajouts sont conséquents et changent radicalement la perception (même si le scénario reste peu ou prou similaire) de cette élégante odyssée, cousue d’une grande richesse mythologique. On ferme aisément les yeux sur les défauts listés pour savourer le voyage et l’expérience singulière de ces quatre heures de film.

En un mot, pour les déçus de la direction prise par le DCEU, pour les amoureux de Snyder, pour les fans de Man of Steel et Batman v Superman (en version longue bien sûr) et pour les frustrés du Justice League de 2017 : foncez !

[Critique — avec spoilers]
Sans rentrer dans le détail de toute l’évolution de Cyborg, on apprend les causes de son état, jonglant entre flash-backs, univers où il se recueille, relation avec ses parents et ainsi de suite, c’est clairement LE personnage qui avait le plus souffert de la version 2017 et celle de 2021 lui redonne ses lettres de noblesse. Les séquences le mettant au premier plan sont nombreuses, à partir de la troisième partie notamment. Profitons-en pour s’attarder sur la construction globale du film (cf. le descriptif des parties et leurs durées en haut de page). Celle-ci suit donc un récit non linéaire mais très fluide (on alterne sauts dans le passé pour chaque protagoniste presque) et plus structuré, en servant un scénario somme toute assez simpliste (et proche du premier JL — mais ce n’est pas un défaut). L’ouverture de Zack Snyder’s Justice League propose une extension de la scène de mort de Doomsday à la fin de Batman v Superman, montrant ainsi les conséquences de l’évènement qui déboucheront sur l’arrivée de Steppenwolf (déjà vu dans la version longue de BvS) et l’intérêt pour les « Mother Box ».

La première partie (« Rêve pas, Batman ») suit d’abord le recrutement raté d’Arthur Curry par Bruce Wayne. Vient ensuite l’attaque terroriste (évoquée plus haut) déjouée par Wonder Woman. Enfin, le combat époustouflant entre Steppenwolf et les Amazones offre à la reine Hippolyte (excellente Connie Nielsen) une présence non négligeable et agréable. La deuxième partie (L’Ère des Héros) s’attarde sur le père de Victor Stone (Joe Morton, impeccable) et son collègue Ryan Choi (futur Atom, joué par Zheng Kai ), sur les enjeux familiaux d’Arthur Curry, avec Mera (Amber Heard) et Vulko (Willem Dafoe), puis dévoile la grande bataille menée conjointement entre les Humains, les Atlantes et les Amazones contre Darkseid il y a 5000 ans. L’occasion de (re)voir Zeus, Arès (Mars) et Antiope par exemple ainsi qu’un Green Lantern. L’affrontement titanesque souffre toujours d’une exécution rapide mais ça passe quand même (Darkseid y est quand même « vite » battu).

Mère adoré, fils adoré se concentre, sans surprise, sur Barry Allen puis Victor Stone. Fini d’ailleurs les plans gênants sur les fesses de Diana Prince/Gal Gadot ou la tête de Flash dans les seins de Wonder Woman — tant mieux ! Gordon campé par J. K. Simmons est lui aussi un peu plus exposé (il échange même avec un certain Crispus Allen). Le métamorphoseur correspond principalement à la troisième grosse séquence d’action et le premier combat de la Justice League face à Steppenwolf. On y retrouve aussi Lois Lane et Martha Kent (parfaites Amy Adams et Diane Lane, à nouveau) — qui elles aussi sont davantage présentes tout du long de la fiction — et ô surprise… le Limier Martien (Martian Manhunter), qui se révèle être Calvin Swanwick (interprété par Harry Lennix) et donc présent depuis Man of Steel ! le Limier Martien est le dernier survivant de Mars, membre parfois de la Justice League, aussi fort que Superman et pouvant se rendre invisible ou prendre l’apparence de quelqu’un. Un allié de choc donc, qui reviendra à la fin de ZSJL pour proposer son aide à Bruce afin de protéger la Terre. Ce n’était guère une surprise pour ceux qui avaient suivi les coulisses de tournage et la postérité du premier film puisque Zack Snyder l’avait révélé plusieurs fois, story-board à l’appui. Un bonus pour les fans mais une certaine « limite » pour les non connaisseurs de comics ou de DC en général, peut-être perdus devant cette somme de protagonistes et références pas forcément simples de prime abord.

La cinquième partie, Avec les meilleurs volontés, met en scène le retour à la vie de Clark Kent/Superman, en gommant quelques incohérences ou grossièretés au passage. On aurait quand même aimé s’attarder davantage sur cette résurrection. Un aperçu du futur dystopique en cas de règne de Darkseid est révélé : prolongeant plus ou moins le fameux Knightmare du précédent volet mais attention, il s’agit ici de montrer uniquement les morts de Wonder Woman et Aquaman. Les scènes « dans le désert / après une tempête de sable » arrivent bien plus tard (dans l’épilogue). Enfin, Autre chose de plus sombre est évidemment le dernier affrontement réunissant la bande au complet face à Steppenwolf et ses démons. Même si l’ensemble est épique et réussi, la bouillie numérique et la photographie hyper sombre n’aident pas à savourer comme il le faut ce climax dantesque. L’épilogue Un père puissance deux s’attarde brièvement sur chaque héros et leur conclusion personnelle avant d’enchaîner sur plusieurs « fins » : d’abord Lex Luthor qui recrute Deathstroke et lui révèle l’identité de Batman (scène post-générique de la version 2017 de Justice League), ensuite le « vrai » prolongement du Knightmare (on en parle en détails dans quelques instants) et enfin le Limier Martien qui vient se présenter à Bruce Wayne (scène conçue au moment du tournage initial mais avec un autre personnage, probablement Green Lantern).

Les fameuses scènes supplémentaires tournées en 2020 d’une durée de quatre minutes sont toutes celles de ce Knightmare (qui dure sept minutes en vrai !). Mera, Deathstroke, Flash et Batman font équipe avec le Joker du DCEU, c’est-à-dire Jared Leto, fortement décrié dans ce rôle dans Suicide Squad (qui lui aussi mériterait une ressortie sous la houlette de son réalisateur initial David Ayer, tant sa création a été charcuté et est bien différente de celle initialement prévue — le mouvement #ReleaseTheAyerCut existe déjà !). L’on y voit un échange tendu entre les deux : le Chevalier Noir confirmant qu’il tuera le Clown du Crime, ce dernier lui reprochant les morts qu’il cause dans ces univers alternatifs ! Sont d’ailleurs mentionnés les décès de Harley Quinn et Robin… Extrêmement intriguant et prometteur. Au passage, la fameuse voix-off du Joker et son célèbre « We live in a society… » entendu dans la bande-annonce ont disparu, il s’agissait apparemment d’une suggestion de Jared Leto.

Zack Snyder justifiait cette rencontre entre les deux célèbres icônes de DC Comics comme un cadeau pour les fans car il n’avait pas eu l’occasion de les mettre en scène. Impossible de ne pas y voir un appel à ce qu’il achève son projet d’envergure sous une forme ou une autre (série HBO ? comic-books ? film d’animation ?). On le sait, c’est difficile désormais, les rails du DCEU se dirige vers le long-métrage The Flash / Flashpoint dans lequel Ben Affleck endossera une ultime fois sa cape de Batman et le film reconfigurera un nouveau multivers pour tourner la page du « Snyderverse » (déjà rappelé par les passionnés pour être restauré avec un autre hashtag : #RestoreTheSnyderVerse). Entre les arlésiennes (Man of Steel 2…), les projets déclinés (une série sur le Joker) et le refus catégorique de Warner Bros de faire marche arrière, tout cela semble être mission impossible. Mais… on disait la même chose il y a quatre ans à propos de la SnyderCut, alors sait-on jamais… Le plus probable serait une suite sous forme de comics que le cinéaste scénariserait lui-même.

On s’interroge : avec autant d’heures tournées (sachant que deux scènes issues de la première bande-annonce datée de mars 2017  ne sont pas incluses dedans, révélant donc encore des séquences non utilisées — cf. comparatif ci-dessous avec la bande-annonce du ZSJL, cette dernière étant paradoxalement moins représentative du film que l’autre d’une certaine manière, plus axée sur les plans sur Darkseid ou le Knightmare, qui restent minoritaires), Zack Snyder aurait-il pu condenser en 2h30 son film initial ? A la base, il devait tourner Justice League en deux parties. Mais la seconde n’a jamais été entamée… Il se murmure qu’il filmait le maximum de choses possibles pour proposer ce matériel inédit d’une façon ou d’une autre (et sans nul doute sans envisager celle-ci). On l’a appris également sur le tard : un troisième film était prévu, continuant ce qui était bien montré dans ce ZSJL mais il est toujours difficile de démêler le vrai du faux des propos de Snyder. Toutefois un très bon récapitulatif sur comicsblog.fr énonce tous ces détails — passionnant (et frustrant, comme toujours) !

En synthèse, Zack Snyder’s Justice League rend ses lettres de noblesse à la ligue des justiciers et au DCEU première version. Ses détracteurs n’aimeront pas, ses adorateurs apprécieront.