Wonder Woman (2017)

Wonder Woman

[Histoire]
De nos jours, à Paris, Diana Prince travaille au Musée du Louvre. Elle reçoit une mallette de Bruce Wayne contenant la photo originale que recherchait l’amazone dans Batman V Superman : l’Aube de la Justice (elle n’avait récupéré que la version numérique de ce cliché). Diana se remémore alors son passé…

Plus d’un siècle avant, sur l’île de Themyscira, la jeune Diana, fille de la reine Hyppolite refuse de suivre les sages conseils de sa mère et préfère s’entraîner au combat avec Antiope, sa tante. Hyppolite lui conte sa création : Diana a été sculptée en argile et Zeus lui a insufflé la vie. Le même Dieu qui a créé les hommes et qui ont été corrompus petit à petit par Arès, Dieu de la Guerre et demi-frère de Diana. Pour lui échapper, les amazones ont élu domicile sur une île paradisiaque, à l’abri du monde moderne, cachée de tous et où aucun homme n’a jamais mis les pieds.

La jeune guerrière s’émancipe rapidement en devenant l’une des plus fortes amazones. Elle se découvre un pouvoir surpuissant grâce à ses bracelets durant un entraînement face à Antiope. Peu après, Steve Trevor, un soldat espion américain pourchassé par des allemands échoue sur l’île. Diana lui vient en aide et les guerrières doivent se battre contre les forces ennemies, leur dévoilant l’existence de l’île par la même occasion.

Diana décide de s’allier avec Steve et de découvrir le monde des Hommes, Londres et les ravages de la Guerre Mondiale, persuadé que son demi-frère Arès en est la cause. Son périple l’amène à former une petite équipe atypique à la poursuite d’un terrible général et d’une scientifique, Dr Poison, tous deux en pleine recherche d’un gaz permettant de tuer tous les soldats de tous les camps en une seule fois, évitant ainsi la proche signature de l’armistice…

[Critique — pas de révélations majeures]
La grande réussite de Wonder Woman repose sur le charisme et le jeu de sa talentueuse actrice principale Gal Gadot. Elle porte clairement le film sur ses épaules et assure de passer un très bon moment. Le long-métrage de Patty Jenkins, le premier film de super-héros réalisé par une femme, regorge d’excellentes scènes, de bonnes idées, d’un savoir-faire technique indéniable mais aussi de quelques défauts qui n’entachent pas la qualité de l’ensemble mais lui empêche clairement d’atteindre une perfection à tous points de vue.

La première partie est la moins réussie

Wonder Woman se scinde en plusieurs parties assez classiques dans leur traitement (et propose un film origin-story plutôt simple mais efficace). Le prologue et l’épilogue, se déroulant de nos jours, ancrent le récit au présent et le rattachent gentiment à Batman V Superman (sans non plus annoncer Justice League). La première partie, dédiée à l’enfance de Diana jusqu’à son départ de l’île de Themyscira, est sans aucun doute la moins réussie et paradoxalement la plus originale. Le lieu en lui-même, superbe malgré des fonds visuels numériques trop prononcés, et sa forte mythologie, permettent une immersion instantanée chez le spectateur. La direction artistique donne la part belle aux costumes, accessoire et à l’environnement de l’île, largement influencée par les comics. Malheureusement, tout s’enchaîne bien trop vite pour qu’on ait le temps de s’attacher à qui que ce soit à part Diana. Ses figures maternelles (Connie Nielsen en Hyppolite et Robin Wright en Antiope — toutes deux parfaites) ont beau être des personnages intéressants et charismatiques, on ne s’attarde malheureusement pas assez dessus.

Wonder Woman 02

Avant la première grande scène d’action (la bataille entre les amazones et les soldats allemands), une séquence revenant sur les Dieux grecs et le passé des amazones propose un traitement graphique proche de peintures et fresques murales réalistes. Un élément esthétique qui annonce indirectement plusieurs choses à venir : l’utilisation abusive de ralentis et un personnage secondaire qui reviendra plus tard. Effectivement, lors de l’affrontement sur Themyscira, les scènes d’action manquent cruellement de fluidité sauf lorsqu’elles bénéficient de ralentis, tout en s’attardant sur un esthétisme soigné évident. La patte Snyder est clairement présente, ses adorateurs jubileront là où ses détracteurs feront à nouveau la grimace. Heureusement, la suite du film gagne fortement en élégance lors des affrontements, parfaitement chorégraphiés et nettement plus « lisibles » qu’au début, avec ou sans les ralentis. Un bon point donc.

Gal Gadot et Chris Pine : une des grandes forces du film

C’est à partir de ce moment que Wonder Woman devient peut-être un peu plus convenu mais plus réussi. Diana découvre avec une naïveté confondante (sans pour autant paraître idiote, bien au contraire), la vie des hommes et des femmes dans le Londres de 1918 avant de rejoindre les terribles tranchées de la Guerre. Si Gal Gadot est impeccable, il faut également évoquer l’alchimie du couple à l’écran qu’elle forme avec Chris Pine, parfait guide de l’amazone. Le duo fonctionne très bien, c’est l’une des grandes forces du film. Autour d’eux gravitent quelques rôles secondaires, tous sympathiques et finalement peu développés mais suffisamment pour s’y attacher et les suivre avec plaisir. L’humour s’équilibre bien face aux atrocités des conflits, sans tomber dans le ridicule : l’héroïne conserve une certaine crédibilité tout en s’intégrant dans notre propre histoire du début du XXème siècle. Le long-métrage gagne en intensité lors de la première « véritable » apparition de Wonder Woman dans son costume, au cœur des tranchées, repoussant les balles des ennemis et devenant véritablement l’icône de guerrière forte connue de tous.

Wonder Woman

La mise en scène épouse parfaitement la musique de Rupert Gregson-Williams, rappelant indéniablement Hans Zimmer (dont le fameux thème de l’amazone entendue pour la première fois dans Bat V Sup est repris quelques fois) mais aussi Howard Shore. La photographie hyper soignée se veut proche du cinéma de Snyder tout en proposant une identité propre à Wonder Woman, qui use moins de filtres assombrissants par exemple. Étonnamment, malgré la violence et l’horreur de la guerre, le film semble être aseptisé à ce niveau là : quasiment aucune goutte de sang à l’écran ! Une étrangeté qui n’est pas forcément un défaut en soi puisqu’on ne s’en rend pas forcément compte à la première vision, mais qui sous-entend une volonté de satisfaire le « grand public » (et donc les enfants) pour éviter une interdiction jeunesse.

Indépendant (des autres films DC), « réaliste »
et esthétiquement proche du travail de Snyder

Les plus exigeants titilleront sur quelques faux raccords ou des incohérences plus ou moins graves. On pense notamment à la facilité du volte-face final de Wonder Woman (qui passe, en gros, de « tous les hommes sont méchants et ne me méritent pas » à « ils peuvent être bons et gentils, je crois en l’amour » — un peu niais tout ça). Cela dénote également avec les propos tenus dans Bat V Sup, se déroulant donc presque cent ans plus tard, dans lequel elle expliquait ne plus vouloir aider les humains après en avoir été déçus. Pas forcément problématique, d’autant plus qu’une suite a été confirmée (et viendra donc peut-être éclairer ce point là) et, surtout, que Wonder Woman ne s’inscrit pas comme un élément du DCEU (l’univers partagé DC Comics au cinéma) obligatoirement rattaché à ses prédécesseurs et à ses successeurs. Complètement indépendant donc, tout en restant fidèle à la notion, ambigüe, de « réalisme » souhaitée par Snyder, mais aussi esthétiquement proche de ce qui est instauré depuis Man of Steel (2013).

Wonder Woman

Les fans de comics ne seront pas déçus par rapport aux aventures papier de la guerrière, dont le film se veut relativement inspiré. Les comparaisons avec la fameuse concurrence au cinéma (Marvel et son univers partagé aussi, le MCU) apparaissent naturelles tant la première partie de Wonder Woman rappelle Thor (mythologie oblige) et la suite Captain America : the First Avenger (incursion du héros naïf et altruiste en pleine guerre mondiale). L’analyse s’arrête là car les traitements sont différents sur chacun de ces films. Si Wonder Woman est féministe « malgré elle » (c’est une femme forte qui fait ce qu’elle veut et ne se laisse pas marcher dessus par des hommes, point), le long-métrage ne l’est pas plus que ça. C’était l’occasion rêvée d’instaurer peut-être un peu de militantisme (avis plus que subjectif) au risque de perdre quelques spectateurs au passage. Le prisme d’une héroïne et non d’un héros suffit déjà à rendre le film différent des autres sur ce point de vue.

Un excellent divertissement

Sans grosses prises de risques côté scénario (on est loin de la complexité de Bat V Sup ou du traitement fade et lisse de Suicide Squad), l’histoire livre quelques retournements de situations pas forcément prévisibles, dans sa dernière ligne droite notamment (avec un élément bien précis qui tend un peu vers le ridicule jugeront certains). Les ennemis sont également peu développés mais, à l’instar des rôles secondaires, suffisent à remplir le job, même si on aurait aimé que deux d’entre eux soient davantage exploités. Quelques hommages (au film Superman de 1978 par exemple mais évidemment aussi aux comics, comme la scène de la découverte de la glace) et autres easter eggs sont à découvrir durant 2h21. On aurait aimé suivre plus longtemps les aventures de Diana Prince, notamment sur son proche avenir peu après la fin du film (difficile d’en dévoiler davantage sans écrire des révélations majeures).

Wonder Woman n’est donc pas sans quelques défauts, peut sembler trop classique dans son traitement mais c’est indéniablement ce dont avait besoin le DCEU pour continuer d’exister (aux yeux du studio de production en tout cas). Le film est parfait sur beaucoup de points : des moments de bravoure, des scènes épiques, une super-héroïne badass et envoutante, de l’action, de l’humour, un univers crédible, des effets spéciaux réussis, un casting convaincant… les qualités sont nombreuses et ne manquent pas. Le long-métrage de Patty Jenkins est un excellent divertissement et révèle au monde entier l’incroyable talent de Gal Gadot.

NB : Le film a récolté 100 millions de dollars lors de sa sortie aux États-Unis en trois jours et en a rapporté plus de 220 millions sur la même période dans le monde entier ! Remboursant aisément son budget (150 millions environ), Wonder Woman est déjà un succès critique, public et financier. On ignore si Warner proposera une version longue pour la sortie DVD et Blu-Ray prévue début octobre (comme ce fut le cas pour les deux derniers films de DCEU). En attendant, on peut admirer les nombreux sublimes posters promotionnels et bien entendu (re)voir le film au cinéma !

#Autopromo : J’ai écrit un article dans Ciné Saga #18 sur le film et sur l’état des lieux de DC au cinéma, dans lequel je reviens longuement sur ces éléments, à découvrir dans le magazine avant une publication ici en août 2017 très certainement 😉

 

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