Batman en manga

Le Chevalier Noir a souvent tenté une incursion en version manga (voire en anime) mais sans rencontrer un succès d’estime ou public. Il faut dire que les codes graphiques sont radicalement différents : des traits typique du genre (souvent orienté shônen – comprendre pour adolescents et majoritairement masculins), des visages parfois androgynes, un format de planches nettement plus petit, le tout en noir et blanc, etc.

En France, l’éditeur Semic a proposé deux titres au début des années 2000 (les seuls existants à l’époque – dont un qui n’est pas un manga mais un « manhua », une bande dessinée chinoise) dans une version souple et équivalent de leur taille de comics publiés à l’époque. C’est ensuite Dargaud (maison mère d’Urban Comics) qui a repris le flambeau via son label Kana (Dark Kana en l’occurrence) à la fin des années 2010 avec deux autres récits. Enfin, depuis 2022, l’éditeur Pika propose une cinquième fiction. Tour d’horizon (à noter que seule la série Batman & the Justice League a bénéficié d’une critique sur ce site, les autres suivront prochainement).

I Semic [2001-2004]
L’enfant des rêves (2 tomes) et Hong Kong (récit complet)

Au début des années 2000, DC Comics souhaite conquérir le marché asiatique, notamment le Japon et la Chine. L’éditeur états-unien se tourne alors vers deux auteurs/dessinateurs de ces pays : Kia Asamiya puis Tony Wong.

Publié au Japon durant un an (de novembre 2000 à novembre 2001), Batman – L’enfant des rêves est écrit et dessiné par Kia Asamiya. Ce mangaka est notamment connu pour ses séries Silent Möbius, Dark Angel et Junk – Record of the Last Hero ; on lui doit aussi l’adaptation en manga de Star Wars – La menace fantôme (!). Sa série Batman en deux volumes emmène le Chevalier Noir à Tokyo. L’éditeur français Semic a proposé ce manga en deux opus format comics souples en 2001 et 2002, DC Comics l’a sorti aux États-Unis en 2003.

En 2004, Semic réitère avec Batman – Hong Kong, un récit complet (initialement publié en 2003) écrit par le célèbre Doug Moench (auteur prolifique de Marvel et DC – on lui doit, entre autres, la série Batman période Cataclysme, No Man’s Land et Knightfall – incluant Le Fils prodigeu –, et quelques titres cultes comme Batman Vampire, La proie d’Hugo Strange…) et dessiné par Tony Wong. Cet illustrateur, extrêmement populaire en Chine et prolifique sur le marché des bandes dessinées, est justement influencé par les comics. Le binôme situe évidemment son histoire à Hong Kong. Contrairement aux autres bandes dessinées de cette sélection, celle-ci est en couleur, plus proche des habituelles productions des États-Unis.

Batman – L’enfant des rêves et Batman – Hong Kong ne sont plus en vente mais se trouvent aisément en occasion.

II Dark Kana [2017-2019]
Batman & la Justice League (4 tomes) et Batman Ninja (2 volumes)

Initiée en 2017, la série Batman & the Justice League résulte d’une association entre la mangaka Shiori Teshirogi (célèbre pour Saint Seiya – The Lost Canvas) et DC Comics. Malgré une proposition graphique séduisante, l’histoire est relativement moyenne et l’ensemble peine à convaincre. Elle s’achève deux ans plus tard 2019. Dark Kana l’a publiée durant la même période dans un format classique manga (donc assez « petit » : 13 cm de large sur 18 de hauteur). Cliquez sur les couvertures pour lire les critiques.

    

Sorti en 2018, le film d’animation (plutôt chouette) Batman Ninja bénéficie d’une adaptation en manga l’année suivante, par Masato Hisa (toujours sous la supervision de DC Comics). Condensée en deux opus, l’histoire est sensiblement similaire, reprenant cette itération singulière au Pays du Soleil Levant et compilant les habituelles versions du genre : samouraï, mecha, etc. Les deux couvertures ci-dessus ont volontairement été inversées (le tome deux est à gauche) afin de former une composition plus agréable en ce sens. À noter que les quatrièmes de couvertures peuvent elles aussi former des fresques interchangeables. L’affiche du long-métrage est bien entendu à droite (disponible en DVD et Blu-Ray).

III Pika [depuis 2022]
Batman Justice Buster (série en cours – au moins 3 tomes prévus)

  

Inaugurée en 2021 au Japon, la série Batman Justice Buster se déroule dans un univers un brin futuriste où Batman se fait aider d’une IA nommée Robin. En France, c’est l’éditeur Pika qui le publie à partir de 2022 (et étonnamment il n’est disponible qu’à partir de fin 2023 aux États-Unis). Cette série est toujours en cours de publication, on ignore combien de tomes sont prévus au total. Le premier volume a bénéficié d’une version limitée avec une couverture alternative.

Deux artistes japonais sont à l’œuvre. Eiichi Shimizu est le scénariste du manga mais aussi le dessinateur des machines et robots (il s’occupe des designs) et parfois quelques personnages. Tomohiro Shimoguchi est le dessinateur principal et chargé du design des protagonistes. Ce même binôme travaillait déjà sur Ultraman auparavant.

Malgré ces diverses tentatives d’incursion au Pays du Soleil Levant, Batman a toujours eu du mal à vendre autant de papier que dans son pays d’origine. Les séries sont toujours très courtes jusqu’à présent (deux à quatre volumes). À voir ce que donnera Batman Justice Buster sur le long terme…

À noter également côté animation : Batman – Gotham Knights, une compilation de courts-métrage se déroulant entre les films Batman Begins et The Dark Knight de Christopher Nolan. Sortis en juillet 2008 (quelques jours avant le second film de la trilogie de Nolan) uniquement sur le marché vidéo aux États-Unis (et apparemment au Japon),  ces six films issus de studios japonais n’ont jamais été disponibles officiellement en France, à l’exception d’un disque dans une pochette carrée cartonnée inclut dans l’édition collector du jeu vidéo Arkham City en 2011 (contenant un texte en français dessus). Néanmoins, l’anthologie reste disponible en import DVD/Blu-Ray (bien vérifier qu’il existe les sous-titres français car il n’y a eu aucun doublage français). Étonnamment, c’est sous le titre Batman – Contes de Gotham que ces 76 minutes d’animation ont été indexées, cf. les résumés en français sur Wikipédia.