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Justice League vs. Suicide Squad

Volume unique « blockbuster », Justice League vs. Suicide Squad a été publié en one-shot en librairie en février 2018 (un mois plus tôt, le tome fut proposé en édition limitée à 200 exemplaires avec une couverture alternative pour le festival d’Angoulême) et auparavant (novembre et décembre 2017) dans trois numéros de magazines : Suicide Squad Rebirth #5 et #6 et Justice League Rebirth #7 (deux d’entre eux formaient d’ailleurs une magnifique couverture éclatée horizontalement et tous trois ont également eu une couverture variante à l’époque). Histoire indépendante en six chapitres connectée à deux chapitres des deux séries précitées éponymes aux magazines (donc dix chapitres en tout, l’un étant un back-up), que vaut cette aventure XXL ?

Ci-dessus, la couverture alternative proposée à 200 exemplaires (pas trouvé en meilleure qualité)
et les deux des magazines formant une illustration complète horizontale.
Ci-dessous les trois variantes des mêmes magazines en édition limitée.

   

[Résumé de l’éditeur]
La Ligue de Justice défend depuis des années la Terre des menaces cosmiques les plus redoutables ! La Suicide Squad, elle, remplit les missions les plus dangereuses pour le compte du gouvernement et, surtout, de leur chef, Amanda Waller. Bien que Batman voie d’un mauvais œil ce groupe, un nouvel adversaire surpuissant va forcer les deux équipes à s’allier… si elles ne s’entredéchirent pas avant !

[Histoire]
Killer Frost rejoint le pénitencier de Belle Reve. La prisonnière devient membre de la Force Spéciale X, alias la Suicide Squad, dirigée par Rick Flag, qui est secondé par Katana (et le tout sous l’égide d’Amanda Waller bien entendu). Cette équipe particulière qui agit dans l’ombre pour le gouvernement compte également Deadshot, Harley Quinn, Killer Croc, L’Enchanteresse (June Moon), Captain Boomerang et El Diablo dans ses rangs. Tous peuvent bénéficier de remises de peine en échange de missions suicide…

De son côté, la Ligue de Justice a vent de cette organisation grâce à une enquête de Batman. Le Chevalier Noir, Wonder Woman, Aquaman, Flash, Cyborg, le « nouveau » Superman et les deux récents Green Lantern (Jessica Cruz et Simon Baz — cf. la nouvelle composition de cette équipe à découvrir dans Justice League Rebirth) souhaitent arrêter les agissements de la Suicide Squad.

Un affrontement épique a lieu entre les deux équipes, mais le seul vainqueur est… Amanda Waller. Qui a besoin d’une association entre les deux !

En parrallèle, une mystérieuse personne libère les cinq détenus de la prison secrète Les Catacombes, cachée sous terre dans la Vallée de la Mort en Californie. Elle abrite les plus dangereux criminels qui ont un but commun : tuer Amanda Waller. Docteur Polaris, L’impératrice Émeraude, Lobo, Johnny Sorrow et Rustam font donc équipe, menés par… Maxwell Lord (ancien dirigeant de l’organisation Checkmate), un puissant télépathe qui peut donc contrôler les pensées des humains. Pourquoi en veulent-ils à Waller ? Que cache cette alliance soudaine ? Pour la combattre, la Justice League et la Suicide Squad vont devoir s’associer !

[Critique]
Voilà un comic-book dans la pure veine « mainstream » (donc commercial) réussie. L’histoire est simple sans être non plus trop creuse, l’ensemble est accessible aux nouveaux lecteurs (on mentionne très brièvement Batman Rebirth 1 et 2 ainsi qu’OMAC, l’arme ultime (pour Maxwell Lord — le tout en version modernisée de la création de Jack Kirby)) comme aux fans de longue date, la plupart des dessins sont beaux (surtout au début), il y a plein de couleurs, c’est à la fois palpitant, plutôt drôle et rempli d’action sans être expéditif. En synthèse, c’est un divertissement fort sympathique. Imparfait bien sûr, mais ne boudons pas notre plaisir.

La narration se scinde clairement en trois actes, le premier est rapide et efficace, il présente les protagonistes et pose ses enjeux (le meilleur du livre). Le second est moins prévisible, bien rythmé et palpitant (mais moins bien dessiné — voir plus loin). Le troisième en dessous des deux autres, plus convenu, exécuté rapidement et maladroitement pour une conclusion un peu trop soudaine…

Cinq personnages se détachent de toute cette orgie super-héroïque colorée. Batman en premier, tête pensante de la Ligue jouant un rôle un peu plus important, une aubaine donc pour ceux qui préfèrent suivre le Chevalier Noir. Amanda Waller, peut-être la figure centrale de cette œuvre : machiavélique, insupportable, géniale. Killer Frost, qui bénéficie d’une introduction puis d’une évolution soignée, elle aussi au cœur de l’intrigue. Maxwell Lord, grand antagoniste de l’ombre, à qui un chapitre entier est dédié. Lobo, mercenaire immortel en roue libre, qui apporte une dose d’humour et d’action très brutale. Toutes les autres figures iconiques, « gentilles ou méchantes », ne sont pas en reste (à commencer par Harley Quinn) mais clairement l’accent est mis sur ces cinq là.

Si l’évènement est appréciable et sans prétention (à l’inverse d’autres chez le même éditeur), il ne marquera pas pour autant la mythologie DC Comics, on est loin d’une crisis ou d’un énième chamboulement temporel. L’ensemble demeure sans réelles conséquences mais sera tout de même à suivre (sans obligation évidemment) dans la série Suicide Squad Rebirth (principalement pour Amanda Waller).

L’écriture de Joshua Williamson est bien équilibrée, l’auteur ne s’encombre pas d’éléments inutilement complexe (comme aime le faire Scott Snyder avec qui il collabore parfois, sur Batman Metal par exemple) et les dialogues fonctionnent bien, entre punchlines ou échanges nerveux, c’est plaisant. Si l’émotion ou l’interrogation intellectuelle ne sont pas au cœur du comic-book, les plus exigeants devraient tout de même apprécier le spectacle. Visuellement, entre les affrontements dantesques et quelques trouvailles inspirées de la pop-culture (Batman en Hannibal Lecter tout en rappelant le jeu vidéo Arkham Asylum), on en prend plein les yeux.

Les interludes explicatifs situés entre les chapitres de l’histoire principale cassent une certaine immersion et un bon rythme, mais il aurait été difficile de ne pas les inclure (les placer en tête ou en fin du livre n’aurait pas forcément été une bonne idée non plus).

Un des défauts majeurs de ce JL vs SS est l’armée de dessinateurs différents officiant sur tous les titres. Certains sont en grande forme, à commencer par Jason Fabok puis Tony S. Daniel. D’autres peinent à s’imposer au niveau de leurs confrères. Inégal graphiquement donc… C’est dommage, l’arc entier par un ou deux artistes seulement aurait assurément élever le niveau et contrebalancer le scénario, qui ne brille pas par son originalité et reste, in fine, très « classique/mainstream ».

De l’action, de l’aventure, des retournements de situation, quelques héros et antagonistes soignés, de beaux dessins (mais pas partout), un bon rythme, un récit complet… voilà de quoi passer un bon moment sans avoir besoin de connaissances poussées en amont ou réclamer une suite. De l’entertainment pur, simple et efficace.

En plus d’avoir publié plusieurs éditions (principalement kiosque), Urban Comics propose une tonne de couvertures variantes en bonus, de quoi se régaler les yeux.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 2 février 2018.
Contient : Justice League vs Suicide Squad #1-6, Suicide Squad #8-10, Justice League #12-13

Scénario : Josh Williamson + collectif
Dessins : Collectif
Encrage : Collectif
Couleur : Collectif

Traduction : Mathieu Auverdin, Benjamin Rivière et Edmond Tourriol (studio MAKMA)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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