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Dark Knights of Steel – Tome 2 : La guerre des trois royaumes

Deuxième et dernier tome de la variante moyenâgeuse de DC Comics, chapeauté par Tom Injustice & DCEASED Taylor (cf. critique du premier volet), que vaut ce segment heroïc-fantasy si inhabituel ? Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Aux portes de la mort, Batman se cache pour essayer de se remettre de ses blessures et de la trahison de son frère d’armes, Kal-El. Loin de là, la bataille pour les Trois Royaumes s’enveniment et prend vite une tournure dramatique, alors que les ennemis se révèlent et que de sombres secrets se répandent comme le sang sur le champ de bataille… Les héros parviendront-ils à éviter à cette guerre l’issue la plus funeste ?

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
On ne change pas une formule qui gagne, si le premier opus (très sympathique et original) vous a plu, aucun doute que cette seconde et dernière salve devrait aussi vous réjouir ! Comme dans quasiment toutes les œuvres de Tom Taylor, la narration est limpide, rapide, bien rythmé (le point fort de cet auteur). On retrouve les personnages majeurs du précédent volet, Batman, Superman et Wonder Woman en tête auxquels quelques figures secondaires s’ajoutent, certaines déjà vues, d’autres inédites (dont les Titans, teasés en conclusion du premier volet et, beaucoup d’autres qu’on ne dévoilera pas pour ne rien gâcher).

Après un chemin un peu conventionnel, La guerre des trois royaumes prend une tournure un brin inattendue – un brin « cosmique » – qui relance aussi bien l’intrigue que ce qu’on avait lu auparavant ! En six épisodes, Tom Taylor continue de s’amuser (embarquant son lecteur avec lui) et propose une itération toujours aussi agréable, on a même droit à un dragon ! Seule ombre (récurrente chez l’auteur, une fois de plus) : tout va parfois un peu vite et on aurait aimé que le scénariste s’attarde sur des protagonistes et les voir évoluer dans cet univers si séduisant.

D’un côté la lecture est sympathique, d’un autre le vaste nouveau monde médiéval frustre par sa faible expansion. Il n’y a à date (été 2024) par de séries dérivées ou suites prévues, c’est bien frustrant tant il y a à raconter, dévoiler, présenter et faire évoluer cette itération inédite (surtout vu la conclusion). C’est le paradoxe propre aux comics quand il y a un « coup de maître » (ce n’était pas le cas ici, un bel éclat séduisant tout au mieux), lui apporter de nouveaux segments est toujours risqué, au point de tomber dans la suite médiocre (The Dark Knight Strikes Again ou Batman – Damned par exemple) ou dans un trop plein indigeste (Injustice justement), difficile de trouver le bon équilibre et, peut-être, que Dark Knights of Steel devrait rester ainsi !?

Visuellement, on retrouve Yasmine Petri pour conserver l’homogénéité graphique du premier tome et toujours ses qualités et quelques défauts (fonds de cases vides, décors un peu pauvres…) mais avec de belles mises en scène parfois et une fluidité dans l’action. Il y avait l’opportunité d’iconiser d’incroyables choses (Batman sur un Dragon !) mais c’est partiellement atteint malheureusement. La gestion de « temps de présence » de l’ensemble des protagonistes est plutôt bien géré même si, encore et toujours, certains arrivent et repartent aussitôt, c’est un peu dommage… Néanmoins, pour le prix (aussi bien de la version normale – 17 € – que la variante – 19 €), inutile de faire l’impasse si le premier volume avait séduit. Pour les hermétiques à cette proposition, inutile de se l’infliger évidemment.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 17 mai 2024.
Contient : Dark Knight of Steel #7-12
Nombre de pages : 160

Scénario : Tom Taylor
Dessin & encrage : Yasmine Putri, Nathan Gooden
Couleur : Arif Prianto

Traduction : Julien Di Giacomo
Lettrage : MAKMA (Gaël Legeard, Lorine Roy, Sarah Grassart et Stephan Boschat)

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Dark Knights of Steel – Tome 01 : Au loin l’orage

(À gauche, couverture de la version normale,
à droite, couverture de la version limitée)

[Résumé de l’éditeur]
Un monde médiéval se voit bouleverser à jamais lorsqu’un vaisseau spatial s’écrase sur une planète condamnée. Des années plus tard, le Royaume des Tempêtes confronte le tout-puissant Royaume des El et rassemble des alliés pour le défier. Mais les El peuvent compter sur un allié de poids en la personne de Bruce Wayne, l’impitoyable et dévoué chef de la garde, bien décidé à éradiquer la magie de ses terres… Les alliances se noueront et se briseront, les monarques tomberont, les royaumes s’élèveront, et ce qui semblait être la fin du monde pour beaucoup… n’était que le début d’une nouvelle ère.

[Début de l’histoire]
Les El s’écrasent avec leur bébé sur une autre planète. Au même moment, au Royaume des orages, Constantine a une vision. Il confie à son souverain Jefferson qu’il a vu leur mort prochaine…

Dix-neuf ans plus tard, au château des El, le jeune Kal-El désire accompagner Bruce à l’extérieur. Adopté par les El, Bruce est comme un frère pour Kal malgré son statut de bâtard. Bruce va affronter la magie Banshee (de Black Canary) et refuse de mettre en danger Kal, malgré les pouvoirs divins que ce dernier a.

Plus tard, Bruce et Kal se disputent, le premier tient en haute importance de servir le royaume et respecter les traditions là où le second, venu de l’espace, les juge archaïques.

Dans la forêt de Hobb, un archer vert à capuche sous mauvaise influence tire une flèche et abat le roi Jor-El. C’est le début d’un conflit épique…

[Critique]
Le scénariste Tom Taylor revisite une fois de plus l’univers DC à sa sauce ! Après un Superman dictatorial dans la saga Injustice puis le monde zombifié dans l’univers DCEASED (et une incursion futuriste de Batman dans La dernière Sentinelle – ainsi que quelques autres œuvres éparses et plus convenues : One Bad Day – Ra’s al Ghul, Suicide Squad Renégats, Nightwing Infinite…), le prolifique auteur se tourne vers le registre fantasy-médiéval. Il transpose donc les figures iconiques de DC Comics dans un monde revêtant autant du Moyen-Âge que de la magie.

C’est évidemment très plaisant de lire le parcours croisé d’un Bruce Wayne revisité (et ses « merles » : ces adolescents qui lui rendent service, les différents Robin donc), d’une dynastie El (lire « elle », du nom de famille kryptonien et non « e – i », comme pourrait l’être l’État Islamique – oui ça paraît tiré par les cheveux mais c’est assez étrange en lecture continue de voir El assez souvent !), de guerrière amazones alliées à Supergirl, d’un empire Jefferson (Black Lightning) servi par Constantine, et ainsi de suite. On pourrait tous les révéler mais mieux vaut garder le plaisir de la découverte en lecture !

Dark Knights of Steel est fièrement comparé à Game of Thrones voire Le Seigneur des Anneaux. Il faut évidemment nuancer cela mais ce n’est pas incorrect d’en établir un rapprochement. Concernant Game of Thrones (que ce soit les livres ou la série), il est vrai que Dark Knights of Steel s’y rapproche dans ses thématiques de complots et d’état des lieux (un enfant bâtard, un roi tué, un garçon jeté du haut d’une tour, diverses trahisons, des infiltrés, etc.). Pour Le Seigneur des Anneaux, c’est uniquement la puissance dudit anneau (et d’une transformation qui va avec) qui rappelle un tout petit peu la saga (littéraire et cinématographique) culte. En somme, on est plus proche d’une version édulcorée et comic book mainstream des titres de G. R. R. Martin que J. R. R. Tolkien.

L’ouvrage contient six chapitres sur les douze que comporteront l’intégralité de la fiction. En effet, aux États-Unis, Dark Knights of Steel avait directement été annoncé comme série limitée en douze épisodes, accompagné de quelques bonus, comme les Contes des trois royaumes, trois courts récits situés dans le même univers et principalement liés aux éléments de Batman modelés à ce style fantasy-médiéval (disponible dans ce présent opus). Étrangement, la quatrième de couverture du livre annonce une « série à suivre » ainsi que la couverture du second tome. Il faut donc envisager un troisième volet à minima, ce qui ne serait guère étonnant tant les sagas elseworlds de Taylor s’enrichissent systématiquement en sériés dérivées ou bien préquel ou suite.

Difficile de s’attarder sur l’intrigue globale sans la gâcher, si ce n’est que l’auteur manie avec son habituel brio sa narration : le rythme est haletant, l’ensemble plutôt original, les personnages attachants (une fois de plus Harley Quinn est soignée – revêtant son célèbre costume d’arlequin, c’est approprié !), l’humour est parsemé ici et là, etc. On regrette une absence d’émotion qui faisait le sel d’Injustice (et dans une moindre mesure, de certains segments de DCEASED, notamment dans son troisième et dernier opus, sorti le même jour que Dark Knights of Steel). Enfin, certains protagonistes sont un peu survolés (Green Arrow, Lois Lane…) – c’est mieux que rien car certaines figures emblématiques sont étonnamment absentes (pour l’instant tout du moins). Pas besoin d’avoir des connaissances très poussées dans l’univers DC Comics pour apprécier cette incursion assez singulière et visuellement séduisante.

On retrouve en effet Yasmine Putri au dessin (Bengal pour l’épisode 4 à priori – ce n’est pas spécifié dans la BD, en tout cas pas dans la version limitée – et trois autres artistes pour les trois courts contes de la fin). Plus habituée chez Marvel (Spider-Man) que DC, Putri dépeint ici son monde atypique avec grande justesse, colorisant elle-même ses dessins d’un style relativement aéré, fin et élégant. Les nombreux costumes réajustés pour cet univers fantasy permettent d’identifier immédiatement « qui est qui », bien aidés par les couleurs emblématiques de chaque héros ou anti-héros. On apprécie également les élégantes teintes chromatiques liées aux séquences diurnes ou nocturnes. Dommage que les décors soient souvent assez pauvres ou les paysages un peu vides…

Graphiquement, c’est donc un sans faute pour peu que le style (nous) embarque ! Scénaristiquement, s’il manque un peu d’émotion ou de dramaturgie plus poussée (des morts s’enchaînent sans qu’on les déplore), Dark Knights of Steel tient la route et a de solides fondations. Attention, Tom Taylor en profite pour instaurer un couple lesbien qui devrait faire grincer les dents les puristes (qui crieront au « wokisme » sans réel fondement, ce terme étant devenu galvaudé et mériterait une analyse bien plus nuancée que celle souvent apposée à ce mot).

Amateurs d’elseworlds, de médiéval, de fantasy, de DC Comics, sans chercher une écriture trop subtile ou une intrigue complexe, Dark Knights of Steel devrait (vous) satisfaire ; s’adressant aussi bien aux passionnés de longues date qu’aux néophytes. À voir sur la durée (et donc le second tome, qui arrivera en France probablement début 2024) si l’œuvre mériterait d’être dans les coups de cœur ; il manque encore ce « petit quelque chose » pour la rendre un chouilla plus qualitative mais par son concept elle peut déjà s’inscrire dans un côté intemporel bienvenu. Le livre se ferme sur quelques travaux d’études de personnages et beaucoup de chouettes couvertures alternatives.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 23 septembre 2023.
Contient : Dark Knight of Steel #1-6 + Dark Knight of Steel : Tales from the Three Kingdoms
Nombre de pages : 208

Scénario : Tom Taylor, Jay Kristoff, C.S. Pacat
Dessin & encrage : Yasmine Putri, Bengal, Caspar Wijngaard, Sean Izaakse, Michele Bandini
Couleur : Yasmine Putri, Arif Prianto, Caspar Wijngaard, Romulo Fajardo Jr., Antonio Fabela

Traduction : Julien Di Giacomo
Lettrage : MAKMA (Gaël Legeard, Sarah Grassart, Lorine Roy et Stephan Boschat)

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