Saison 02 : L’Ennemi à l’Intérieur (2017)

 Batman Telltales Season 2

Cette suite directe de la première saison est sortie sur ordinateurs, smartphones et consoles de salon en août 2017. Comme pour le premier jeu, il est proposé sur cette page un résumé de chaque épisode —  attention donc aux révélations dès le deuxième— et une critique.

Les images sont des captures d’écran qui sont (étrangement) nettement plus sombres que le rendu réel. D’une manière générale, ce nouvel opus ressemble énormément au premier en terme de gameplay, durée et graphismes. Seul le scénario (et les différents choix qui en découlent) procure donc un intérêt puisque l’ensemble ressemble surtout à une histoire interactive.

Batman L'Ennemi à l'Interieur

Épisode 1 – L’Énigme

[Histoire]
Bruce Wayne surveille l’homme d’affaires louche Mori dans un casino mais l’Homme-Mystère fait irruption et le place dans un piège diabolique. Batman essaie alors de le sauver avec l’aide de Jim Gordon. Tous deux font connaissance d’Amanda Waller, à la tête d’une mystérieuse Agence (à priori gouvernementale).

Décidant (ou non) de s’allier avec Waller, Batman poursuit son investigation sur l’Homme-Mystère grâce à un étrange artefact laissé par le sournois criminel. Ce dernier avait disparu de Gotham City depuis des années et tout le monde le croyait mort. Pourquoi est-il revenu ? Quel est son but ?

Un précieux allié de Batman trouve la mort et John Doe (le « Joker » rencontré dans l’Asile d’Arkham dans l’opus précédent) s’invite aux funérailles et se querelle avec Bruce Wayne devant tout le monde… De plus l’identité secrète du milliardaire commence à être difficile à cacher auprès de certains protagonistes.

Batman Telltale Riddler

[Critique]
Il est indispensable d’avoir jouer au volet initial avant d’entamer celui-ci. La sauvegarde du jeu précédent est d’ailleurs conseillée afin de poursuivre « son » histoire avec ses décisions et choix du passé. Pour apprécier L’Ennemi à l’intérieur, il faut complètement « accepter » la mythologie de cette version de Batman qui diffère sur bien des points. N’embrasant pas assez un univers complètement différent pour être qualifié d’elseworld, le Chevalier Noir version Telltale dévoilait un Thomas Wayne criminel, une Vicky Vale en « méchante » et d’autres égarements assez délicats (pour un fan de Batman surtout) qui avaient parfois du mal à être consentis. Maintenant que le joueur est familier de ces états de faits et malgré les défauts de la première saison (et les déceptions qui s’accumulaient épisode après épisode), que vaut cette seconde salve ?

Batman Telltale

Les connaisseurs ne seront pas perdus puisque quasiment rien n’a changé depuis le jeu précédent. Ce que l’on qualifie d’histoire narrative ne plaira toujours pas à ce qui s’attendent à un jeu vidéo « d’action ». Une fois de plus, on est davantage dans la contemplation et le choix (à l’instar des tous les jeux du même éditeur et, dans une moindre mesure, de ceux de Quantic DreamsHeavy Rain, Beyond Two Souls…). Par conséquent, le gameplay n’a pas changé : des QTE (phases où l’on doit appuyer sur des boutons à un moment précis) desservent toujours autant la difficulté mais permettent une immersion sympathique. Graphiquement similaire à son prédécesseur, un brin plus violent et fluide dans l’action,  l’évolution se situe principalement dans les bilans et les conséquences des choix (notamment le rapport relationnel avec un personnage). Quelques bugs persistent, toujours les mêmes : de rares textes en anglais non traduits en français, des lieux et dates identiques pour situer l’action, etc.

Batman Telltale Boîte Mystère

Les meilleures qualités du Batman version Telltale sont également de retour et c’est avec une certaine nostalgie (agréable — rappelant la découverte du jeu précédent) et excitation (la nouveauté scénaristique) qu’on retrouve donc ce jeu atypique. Les points forts sont (pour l’instant) assez nombreux avec toujours cette mise en avant de Bruce Wayne et non de son alter ego justicier. Même si celui-ci est tout autant présent que son alias civil du quotidien, ce sont davantage les choix qu’on opère en tant que Wayne qui s’avèrent difficiles (car on les sait désormais avec des conséquences parfois cruciales — mais parfois totalement anecdotiques voire absentes). À l’exception de John Doe (le Joker donc), il n’y a pas de rappel concret du passé (ils sont évoqués — le Pingouin, Lady Arkham, Harvey Dent… — mais n’apparaissent pas dans ce premier épisode). L’histoire se focalise sur le Riddler, alias l’homme-mystère, en optant pour un ennemi un peu plus âgé que les autres puisqu’il est considéré comme le premier réel « vilain » de Gotham City. Fidèle à l’esprit du personnage de papier (et de la saga Arkham), les énigmes et pièges tordus du Riddler (son nom Edward Nygma n’est jamais mentionné) lui rendent un bel hommage. On pense carrément à la saga Saw lorsqu’on découvre ses machines de mort.

Batman Telltale Batcave

Autres nouveautés : Amanda Waller, à la tête de la Suicide Squad dans les comics (et le film de 2016) et la mystérieuse « Agence ». La première est, là aussi, très fidèle à sa version de comics et l’entité énigmatique (pas en rapport avec le Riddler) fait sens avec le récit. On en sait encore trop peu pour saisir tous les tenants et aboutissants mais on devine aisément une alliance forcée entre Batman et Waller, une Agence en rapport avec le passé de l’homme-mystère (c’est clairement évoqué, un représentation vaguement issue de La Cour des Hiboux ?), une retraite forcée (voire la mort) d’Alfred, la venue d’Harley Quinn et l’émancipation totale de John Doe en Joker, etc. Pas dramatique pour autant puisque ce sont les multiples choix qui fascinent et sont clairement l’un des aspects les plus stimulants du jeu. « Mais », à l’instar du volet précédent, on sait que ces décisions diverses ne changeront pas non plus foncièrement l’histoire — l’intérêt du jeu réside aussi par sa rejouabilité et découverte d’autres stories. Une fois de plus le début est très alléchant et plutôt bien écrit, à la fois une force (beaucoup de promesses, de retournements de situations et de dialogues convaincants et captivants) et une faiblesse (la suite peut-elle être à la hauteur ? les déceptions — légitimes puisqu’on joue épisode par épisode — peuvent-elles être aussi grandes que l’an passé ?).

Batman Telltale John Doe

Une fois de plus, chaque épisode contient six chapitres/niveaux. Si le joueur dispose de quatre choix de réponse à chaque interlocution avec un personnage (une bonne cinquantaine au total voire plus par épisode), il n’y a environ que cinq ou six situations par chapitre d’épisodes pour lesquels le choix défini a (peut-être) une réelle conséquence. C’est toujours le même problème du genre du jeu : on ignore l’impact de nos décisions (sauf si on y rejoue ou par déduction en fonction du déroulement de la suite). Il est aussi délicat de décider de nos actions ou réponses puisque, par exemple, y a-t-il un réel intérêt à être empathique et allié avec John Doe ? Puisqu’on sait qu’il finira en Joker et nous « trahira » sans doute. C’était la même formule avec Harvey Dent dans le volet précédent, on savait pertinemment qu’il finirait par être Double-Face (même si la moitié de son visage n’est pas forcément brûlée)… À partir de ce constat, doit-on se diriger vers des réponses qui ne correspondraient pas forcément à ce qu’on choisirait si l’on n’était pas familier avec l’univers du détective ? C’est évidemment avec la personnalité de chaque joueur que l’on peut trancher, mais ça reste un élément un peu « perfectible ». Du reste, la morale est toujours mise à l’épreuve et avancer prudemment en conservant certaines convictions, alliances ou secrets, s’avère bien difficile. Un régal quand même malgré un gameplay assez pauvre, rattrapé par sa solide narration et écriture des personnages.

Batman Telltale Bruce Masque

Épisode 2 – Derrière le voile

[Histoire]
Tandis qu’Amanda Waller démit Gordon de ses fonctions, des explosions retentissent à Gotham City. Batman s’y rend et affronte un nouvel ennemi : Bane. Perdant la bataille, l’homme chauve-souris est sérieusement blessé et retourne à la Bat-Cave. Il étudie les deux autres attaques simultanées qui ont eu lieu en ville : le labo de GothCorp (on devine aisément que Mister Freeze est dans le coup) et le Courtage de Gotham (effectuée par la Dr. Harleen Quinzel).

Bruce Wayne va devoir jouer de son amitié avec John Doe pour enquêter efficacement sur un mystérieux « pacte » évoqué par l’Homme-Mystère (peu avant sa mort). L’occasion pour le milliardaire de rencontrer la séduisante et dangereuse Harley Quinn.

Du côté relationnel, Bruce doit aussi compenser avec Tiffany Fox, fille de Lucius Fox, et préserver son majordome Alfred.

Batman Telltale Alfred

[Critique]
Un chouilla plus de liberté de mouvement par rapport au premier épisode mais globalement toujours la même formule — inutile donc de s’attarder dessus puisque c’est le parti pris de l’éditeur et cela depuis le premier jeu vidéo de la licence sur Batman.

Le titre de cette seconde saison prend une partie de son sens ici puisque Bruce Wayne se retrouve littéralement en infiltration chez l’ennemi. Une galerie de vilains plutôt extrême car composée de Bane, Mister Freeze, Harley Quinn et le Joker (même s’il ne s’appelle toujours pas ainsi). De plus, l’Homme-Mystère les avait rejoint également et Catwoman semble être dangereusement proche d’eux.

Batman Telltale Bane

Malheureusement, imaginer Bruce Wayne « complice » de toute cette bande (en réalité agent infiltré pour Waller) a un peu de mal à passer. Quand bien même nous sommes dans un elseworld (qui n’embrasse pas à 100% une route différente de la mythologie classique du chevalier noir — ce qui pose toujours un petit souci ici), la pirouette reposant sur le côté criminel de feu Thomas Wayne justifie maladroitement ce passage. Bien sûr il est toujours plaisant d’incarner le justicier et son côté torturé aussi bien civil que masqué, et le scénario est toujours aussi bien écrit pour nous tenir en haleine mais cette cohérence reste assez fragile pour pleinement la savourer.

Il est par contre extrêmement intéressant de suivre la nouvelle interprétation de la relation entre Harley Quinn et « John Doe ». On le sait, le second n’est pas vraiment connu en tant que Joker mais il est complètement soumis à Quinn. Si l’amour fusionnelle entre les deux a souvent été complexe à définir, c’est surtout la jeune femme qui lui était soumise, ici c’est l’inverse.

Batman Telltale Freeze

Une certaine « incohérence » a lieu par rapport à l’Agence. On en apprend davantage sur elle via les actualités de la presse de Gotham (lisible sur l’ordinateur de la Bat-Cave) et il est spécifié qu’elle est l’organisation la plus secrète des États-Unis. Sauf que de nombreux citoyens voient ces fameux agents et ces derniers peuvent même faire usage de la force et tuer. Pas très discret et secret tout ça…

Un chouilla plus court que l’épisode un, la durée oscille autour de deux heures, un peu plus si on veut tout lire, beaucoup plus si on veut tout rejouer (ce qui est déconseillé, autant le faire lors d’une nouvelle partie intégrale). Ce temps de jeu est donc à relativiser puisque le jeu complet dure minimum 10 heures (sans rejouabilité) ce qui est très correct !

Batman Telltale Harley Quinn

Épisode 3 – Masque brisé

[Histoire]
« Le Pacte » est de retour au repaire. Bruce Wayne, infiltré pour l’Agence gérée par Amanda Waller, est donc complice avec Bane, Harley Quinn, John Doe et Mister Freeze d’avoir récupérer un paquet dans un convoi. Dedans : le cadavre de… l’Homme-Mystère !

Catwoman les rejoint pour une association éphémère, elle, John et Bruce doivent aller dans l’ancien local du Riddler afin de découvrir des indices sur son plan initial…

De son côté, le commissaire Gordon a de sérieux doutes sur l’innocence de… Bruce Wayne ! Surtout depuis que le milliardaire est lié à la mort de Lucius Fox et qu’il a croisé Harvey Bullock.

Batman Telltale Freeze Catwoman

[Critique]
Les choix sont de plus en plus cornéliens et on apprécie la difficulté de chaque relation (aussi bien avec les alliés — Gordon et Alfred en tête — que les antagonistes — John Doe et Catwoman — ou les « méchants » — Harley et Freeze). C’est clairement le point fort de cet épisode, qui souffre de nombreuses amputations de traductions.

Sur ce sujet, il est inconcevable de ne pas avoir un jeu « propre » à tout niveau puisque tout le reste est une formule copiée/collée (même gameplay, même graphismes…). Les défauts du jeu sont « connus » d’emblée, c’est le parti pris de Telltale, on joue donc en terrain connu, acceptant cet état de faits, mais les bugs sont clairement inadmissibles. Espérons des mises à jours pour gommer ces petites erreurs.

Batman Telltale Amanda Waller

Malgré la plausibilité d’avoir un Bruce Wayne infiltré chez ses ennemis sans que ça ne dérange quiconque (ou presque), ce troisième chapitre est aussi passionnant que les deux précédents. La navigation dans ce qui est clairement un elseworld bancal reste intéressante avec une approche originale du Joker — véritable héros, ou plutôt anti-héros, de ce chapitre mais aussi (et finalement) de l’ensemble du jeu voire des deux saisons. Le véritable homme-mystère, c’est lui. On ne comprend « rien » : s’il est fou, s’il joue la comédie, si c’est réellement un ami de Bruce et un admirateur de Batman ou bien juste le Joker « classique » mais actuellement en sommeil.

Batman Telltale Joker Batman

Étrangement, ce parti pris frustre autant qu’il fascine. À l’instar de quasiment chaque épisode (saison un comprise), l’envie de connaître la suite et surtout la fin se fait sentir. Gage de qualité mais aussi d’agacement lorsqu’on joue épisode par épisode tous les deux mois. Sans surprise, la jouabilité en continue procure un plaisir similaire et une approche plus agréable. Et évidemment la rejouabilité de l’ensemble un recul nécessaire et savoureux.

Batman Telltale Harvey Bullock

Peu de scènes d’action dans Masque brisé, une énigme assez facile à résoudre d’entrée de jeu et le reste du show est une succession de décisions importantes, visant à renouveler la mythologie du Chevalier Noir, aussi bien dans l’univers de ce jeu que « d’une manière générale » (même si non canonique).

Épisode 4 – Scélérats de vaudeville

[Histoire]
Batman se rend au SANCTUS où Le Pacte (Bane, Harley, Freeze, Catwoman et John) compte s’emparer d’un virus mortel.

Iman Avesta a de plus en plus de doutes sur les objectifs d’Amanda Waller.

Tiffany Fox entreprend un nouveau projet tandis qu’Alfred semble de plus en plus fragile.

Batman Telltales Saison 2 2

[Critique]
Sans aucun doute l’épisode le plus court de la série mais un des plus aboutis sur les combats (celui contre Bane puis Freeze est dantesque — à priori selon les choix précédents, on peut même ne pas endosser le costume de Batman pour tous ces affrontements) et, surtout, sur la relation entre John et Bruce (tout un chapitre gravit autour de ça).

Il est temps de s’affirmer : se dresser contre John ou s’associer avec lui. On le sait, peu importe nos décisions, cela ne changera guère l’issue de l’histoire à priori. Toutefois, certaines scènes ici sont impactées par nos décisions passées et l’épisode suivant devrait conclure « en beauté » cette promesse répétée par l’éditeur, en gros : « tous vos choix mèneront à un Joker ennemi ou allié ».

Batman Telltales Saison 2 6

Mais quelques idées novatrices se profilent à l’horizon : la naissance du Joker imputée à Bruce Wayne ? Amanda Waller davantage manipulatrice ? Une liaison avec l’agent Avesta pour relancer un peu les histoires d’amour du justicier ?

Tout n’est pas qu’effleuré mais on sent un potentiel réellement intéressant et dont l’issue dans le prochain et dernier épisode fera pencher la balance du verdict global. Ce quatrième épisode est donc plutôt bon mais, une fois de plus, il est conseillé de tout jouer à la suite pour éviter la frustration (attente entre les épisodes, etc.).

Batman Telltales Saison 2 3

À noter que le choix décisif de l’épisode précédent (trahir Catwoman ou révéler être le traître) modifie la première partie du jeu, dans la peau de Bruce en complice ou dans celle de Batman donc. La suite revient au même dans tous les cas.

On salue également le travail du doubleur Anthony Ingruber dans son rôle du Joker. Un Clown du Crime encore « différent » des comics, des films… puisqu’il génère énormément d’empathie (c’est le principe du jeu). Cette force est liée à l’interprétation du comédien qui propose une approche oscillant entre la folie furieuse et la sympathie immédiate pour le mythique ennemi.

Batman Telltales Saison 2 7

Épisode 5 – Qui rira le dernier ?

[Histoire]
Batman retourne à l’Agence et se fait aider d’un nouvel équipier : le Joker ! Le duo atypique affronte Bane puis Bruce Wayne doit choisir s’il embrase totalement la confiance et l’alliance de John ou s’il le renie et se range du côté d’Amanda Waller.

Batman Telltales Saison 2 8

[Critique]
Être allié au Joker, quelle drôle d’idée… géniale ! Difficile de ne pas être dans l’empathie, allié ou méfiant, envers ce John Doe. Ce qui complexifie énormément les décisions. D’autant plus qu’Amanda Waller, censée être du « bon » côté de la justice est particulièrement détestable. Là où le Joker (il affirme s’appeler comme cela désormais) a été un pion pour Waller et a (en fonction de vos choix) plutôt fait le « bien ».

En effet, le bilan de statistiques informe le jouer si le Joker était « justicier » (il peut donc sans doute être « criminel »). Cette façon d’être découle de tous les choix passés de la saison (et peut-être même de la première) et il faut saluer le travail de l’éditeur pour rendre l’ensemble réussi et passionnant.

Batman Telltales Saison 2 12

Bien sûr, tout n’est pas parfait, que ce soit dans cet épisode ou dans la seconde saison. Certains choix sont à nouveau illusoires, ou… « impossibles ». Par exemple on peut laisser le Joker blesser voire tuer Amanda Waller. Mais si on le fait, Bane nous brise la nuque, nous sommes donc obligés d’intervenir alors que nous aurions pu « apprécier » ce choix narratif. D’une manière générale, trop de personnes connaissent l’identité de Batman (y compris le Joker !) sans que ce soit plus embêtant que ça… On notera l’ultime choix cornélien de la fin du jeu, ouvrant de multiples possibilités d’une éventuelle troisième salve même s’il n’est pas difficile d’imaginer comment cette « suite » pourra concilier la décision prise par le joueur dans cette conclusion.

Batman Telltales Saison 2 10

Globalement, L’Ennemi à l’intérieur est d’une qualité équivalente à son prédécesseur voire un peu plus supérieure. Les défauts du jeu sont toujours présents : durée des chapitres un peu courte, quelques bugs sur les textes et la traduction, illusions des conséquences des décisions, etc. La patte du jeu est bien conservée (elle peut être considérée comme un « défaut » mais aucun intérêt de l’acheter puisque connue d’avance) : peu d’action, une narration guidée, beaucoup de lecture, un côté « film interactif », etc. L’histoire est peut-être moins prenante que le jeu précédent, en tout cas de prime abord. L’intérêt ici est avant tout le relationnel entre Bruce/Batman et le Joker (et dans une moindre mesure avec Alfred). Recentrer quasiment tout le récit autour de ce binôme était LA bonne idée de cette seconde salve de Telltales. On s’éparpille moins, on apprécie davantage.

Batman Telltales Saison 2 15

Ce qui change également, c’est que « cette fois », nous savons que nous sommes dans un univers du Chevalier Noir qui désacralise certaines éléments de sa mythologie. Il est difficile d’admettre qu’il s’agit d’un elseworld total mais force est de constater que les (mauvaises) surprises narratives du premier jeu, qui en ont déroutaient plus d’un (à juste titre) sont ici beaucoup plus acceptables. Il faut donc arriver à faire abstraction de ce qu’on connaît majoritairement sur Batman et ses ennemis pour apprécier l’ensemble (ce qui était difficile dans l’opus précédent avec un paternel criminel, une Vicky Vale méchante, etc.). Cela ne gomme toutefois pas de grosses ficelles du jeu, comme les chapitres 2 et 3, les plus faibles, où on a quand même du mal à accepter que Bruce Wayne soit complice avec Bane, Quinn et Freeze, entre autres, sous le prétexte ahurissant du passif criminel de son père… C’est clairement un (gros) élément narratif du jeu qui est bancal. Le reste, surtout la fin, rattrape tout cela de bonne facture, aussi bien en terme d’action que d’écriture.

Batman Telltales Saison 2 13

L’idéal est, comme toujours dans ce genre de gameplay, de tout jouer à la suite en une ou deux fois plutôt qu’un chapitre tous les deux mois éparpillés sur un semestre voire plus. Après les comics, les dessins animés, les films, la série Gotham et la saga Arkham (en jeux vidéo, à laquelle on peut même ajouter Injustice), Telltales s’impose comme un nouvel artisan proposant un univers « original » du Chevalier Noir. Il fallait bien deux jeux pour mieux l’apprécier et s’offrir désormais une rejouabilité intéressante. Pas une révolution dans le monde des jeux vidéo mais une, petite, dans celle de la mythologie de Batman, qui en sort enrichie d’une bonne façon.

Batman Telltales Saison 2 14