Archives de catégorie : Nightwing

Nightwing Rebirth – Tome 02 : Blüdhaven

Après un premier tome franchement moyen, Nightwing s’émancipe (à nouveau) de Batman et de Gotham. Un second volet plus réussi que le premier mais qui peine encore à être extrêmement palpitant. Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Après avoir fait face à la noirceur de Gotham City lors de « la nuit des monstres », Dick Grayson avait besoin d’un nouveau départ et espérait le trouver à Blüdhaven. Mais d’anciens adversaires attendent son retour depuis longtemps. Et lorsqu’un tueur en série accuse Nightwing de crimes qu’il n’a pas commis, son seul espoir consiste à se lier à ses ennemis jurés pour faire front commun et nettoyer la ville.

[Début de l’histoire]
Nightwing s’associe au « nouveau » Superman provenant d’une autre Terre afin de combattre le des ennemies à travers des incursions oniriques (!).

Dick Grayson est de retour à Blüdhaven. Il propose ses services en tant que bénévoles pour les services sociaux (dirigée par Shawn Tsang).

En parallèle, un tueur en série sévit dans la ville. Nightwing doit s’associer aux « Échappés », d’anciens criminels peu dangereux mais qui ont parfois été arrêtés par Batman et Robin à l’époque où Dick revêtait la cape du jeune acolyte du Chevalier Noir.

L’arrivée du super-héros à Blüdhaven divise autant la municipalité (qui en profite pour redorer son image) que les forces de l’ordre (pas très en phase avec Nightwing) et différents citoyens.

[Critique]
Une fois de plus, Nightwing Rebirth oscille entre de bonnes et mauvaises choses. Les sept épisodes sont bien rythmés et se lisent plus aisément que dans le premier volume. Ouvrir la fiction sur un chapitre un peu en marge consacré à Superman et Nightwing n’était peut-être pas l’idéal (même si la relation Clark/Dick est parfaite), ça dénote fortement avec les six autres chapitres qui se suivent directement. Dans ces derniers, encore une fois, on a du mal à s’intéresser aux trop nombreux protagonistes (les fameux Échappés notamment, L’étalon, Souris, et quelques autres noms ridicules en thérapie de groupe), on anticipe les principaux ressorts narratifs et « retournements de situations », il y a peu de surprises, que ce soit au niveau de l’intrigue générale sur le tueur à gages ou de la romance entre Dick et Shawn. En complément, l’histoire nous gratifie d’une femme orque (littéralement) en nouvelle ennemie improbable et d’une vraie/fausse connexion avec Tsang qui fut une ancienne ennemie de Batman et Robin (mais qui n’avait jamais été évoquée avant ce titre).

Par ailleurs, on croit difficilement au « traumatisme » de Dick suite à son affrontement avec Raptor (dans le tome précédent), le justicier semble faire du « surplace » identitaire un peu pénible et répétitif (surtout quand on l’a déjà lu dans la précédente série Nightwin puis dans Grayson). Le jeune héros dégage toujours un charisme efficace (très volubile avec le lecteur mais c’est ce qui caractérise aussi bien le personnage que ses aventures en comics) et si ses balbutiements émotionnels sont parfois peu convaincants, on apprécie la tournure que prend la série dans son dernier épisode (probablement le plus « justement » et mieux écrit depuis le début de la série – malgré quelques clichés éculés). Hélas, pour y arriver, il faut se farcir une succession de scènes d’action et plus ou moins d’investigation peu passionnantes. Sa romance est à la fois rapide mais convaincante, l’alchimie est présente et ça fait du bien de lire ça et d’être heureux pour Dick un moment. On s’attache plutôt bien à Shawn, l’un des points forts de Blüdhaven.

Reste des évènements en second plan qui fonctionnent mais auraient mérité un travail plus poussé, comme l’impact sociétal et politique (voire économique) de la figure héroïque de Nightwing exploitée par la municipalité. C’est mentionné subtilement et ajoute un certain cachet à une bande dessinée qui demeure, in fine, inégal pour un résultat mi-figue mi-raisin (comme le premier tome donc). Le scénariste Tim Seeley distille plus ou moins des fils rouges sans qu’on sache réellement s’il a un « plan » en tête sur du long terme. Encore une fois : on donnera sa chance à la suite (qui sera davantage connecté au présent volume, à l’inverse du précédent) voir si une lecture globale vaut le coup/coût.

Pour l’anecdote, impossible de ne pas voir au détour d’un dialogue un tacle de l’auteur envers la « cancel culture » (terme devenu un peu fourre-tout, au même titre que le fameux « wokisme »), notamment à propos des statues déboulonnées ou démontées par des militants divers (souvent pour dénoncer des personnages historiques jugées « mauvais / toxiques / moralement inacceptables de nos jours / racistes / violeurs / etc. »). Ainsi, dans un flash-back, quand le duo dynamique arrête la Pigeonne (!) et la Vandale, Batman explique à Gordon qu’elles sont des « « terroristes de l’art », qui ont cru pouvoir récrire l’histoire de Gotham en détruisant les monuments de son passé ». Là aussi, une très légère dimension « politique » qui tire l’œuvre vers le haut les rares fois où elle l’aborde.

En synthèse, la série Nightwing Rebirth continue de se chercher, proposant cette fois une intrigue moins décousue et plus terre-à-terre mais assez prévisible. Le cheminement personnel de Dick reste intéressant bien que déjà abordé et « déjà vu » maintes fois. Les dessins et l’encrage majoritairement signés Marcus Toet colorisés (à nouveau) par Chris Sotomayor confèrent à l’ensemble une cohérence graphique appréciable, faisant la part belle aux scènes d’action et de jolis effets de lumière (cf. Nightwing en action en illustration en fin de cette critique) mais manquant de relief chromatique sur quelques planches (visages pâles, fonds de cases ternes…). On évoquait l’épisode de conclusion comme étant le plus mieux écrit, c’est aussi le mieux dessiné, par Minkyu Jung et ses traits « doux », participant aux « tranches de vie quotidienne » du couple. Un côté épuré bienvenue où l’on croise bon nombre de proches de Nightwing haut en couleur.

À l’instar de l’aventure précédente, ce n’est pas désagréable sans être pour autant extraordinaire (parfois trop simplistes). On reste donc sur une lecture à peu près « divertissante » de moyenne qualité, réservée avant tout aux amoureux de Dick Grayson… Ne pas se fier à la couverture montrant Superman, ce dernier n’apparaît qu’au début, ça ne reflète absolument pas l’entièreté de la bande dessinée. Un curieux choix éditorial, surtout que les couvertures des autres chapitres fonctionnaient très bien.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 2 février 2018
Contient : Nightwing (Rebirth) #9-15

Scénario : Tim Seeley
Dessin & encrage : Marcus To, Marcio Takara, Minkyu Jung
Couleur : Chris Sotomayor, Marcelo Maiolo

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Nightwing Rebirth – Tome 01 : Plus fort que Batman

Après les évènements – plutôt moyens – de Nightwing période Renaissance (New 52) puis l’agréable suite/série Grayson, les aventures de Dick Grayson se poursuivent dans Nightwing Rebirth, une série terminée en cinq tomes. Le premier est-il une bonne porte d’entrée ? Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Le tout premier Robin. Un agent double. Un homme qui s’est fait passer pour mort… Mais à présent, Dick Grayson est de retour, et il revient à Gotham sous le costume de Nightwing ! Mais retrouver son ancienne vie n’est pas aussi simple que prévu… surtout lorsqu’il doit faire face à la mystérieuse Cour de Hiboux, et qu’il ne dispose pour seul allié que d’un homme masqué du nom de Raptor, qui a plutôt l’apparence d’un ennemi. Pour s’en tirer, Nightwing va devoir faire au moins aussi bien que son mentor, sinon mieux…

[Début de l’histoire]
Dick Grayson a récupéré sa véritable identité et peut désormais officier sous son ancien alias Nightwing. Engagé malgré lui par la Cour des Hiboux, le justicier travaille pour eux mais compte bien les trahir pour mieux les démanteler. Quand ils le missionnent afin de récupérer des réfugiés, Nightwing est accompagné du mystérieux Raptor. Un homme qui se place comme son mentor…

[Critique]
Cette nouvelle aventure de Nightwing est particulière… Pas vraiment une introduction, pas vraiment une suite, un récit hybride qui s’intercale clairement comme une poursuite de Grayson (Tiger est à nouveau allié de Nightwing) tout en étant connectant à diverses histoires. On fait référence à La Guerre des Robin (inédit en librairie), à quelques fragments du passé de Dick (à l’époque où il endossait la cape du Dark Knight par exemple), aux séries Batman et Detective Comics de l’ère Rebirth et à La Nuit des Monstres, se déroulant entre deux chapitres de ce volume. Heureusement, pas besoin d’avoir tout ce bagage (même si, idéalement connaître Grayson est conseillé) pour se laisser emporter par l’histoire écrite par Tim Seeley (Batman Eternal). Malheureusement cela reste assez confus et s’avère peu passionnant…

En vrac, à peu près tous les registres de fiction s’enchaînent : aventure bien sûr, thriller, science-fiction (un peu), fantastique/horreur (pas mal), drame, romance et un peu d’humour (avec Damian Wayne et Raptor). Tout cela s’entremêle plus ou moins bien avec quelques séquences touchantes mais l’ensemble demeure donc assez bordélique – surtout pour le lecteur qui découvrirait pour la première fois Nightwing. Entre le Parlement des Hiboux (version « internationale » de la Cour des Hiboux), le mystérieux Raptor tantôt allié, tantôt ennemi, on ne sait pas trop (bénéficiant en fin de récit d’une curieuse connexion un brin forcée avec le passé de Dick), les alliés qui vont et viennent (Batgirl/Barbara, Batman/Bruce, Damian/Robin… – Huntress, Midnighter font des caméos là où Tiger est plus présent), des personnages qui traversent les époques, des créatures étranges, des inventions bizarres et ainsi de suite.

Si le capital sympathie de Dick/Nightwing fonctionne toujours à merveille (il retrouve enfin son costume bleu mythique d’ailleurs !), on a tout de même du mal à suivre ses envolées acrobatiques et narratives, faute à un rythme en demi-teinte, une trop grande galerie de protagonistes et une intrigue poussive et peu palpitante. Raptor était une bonne idée sur le papier mais maladroitement exploité au fil des épisodes. L’incontournable Cour/Parlement des Hiboux est relégué en seconde zone et – comme à chaque fois que cet énigmatique groupe intervient dans la mythologie du Chevalier Noir – on a du mal à les prendre au sérieux… Des menaces qu’on ne trouve pas dangereuses et un héros qui vadrouille tranquillement, oscillant entre la légèreté qui le caractérise et la fausse dramaturgie inhérente aux productions de comics du genre.

Plus fort que Batman (Dick n’a pourtant jamais cherché à l’être réellement) est donc un premier volet mitigé, avec de bonnes choses (les relations autour de Dick : Barbara, Bruce, Damian et Raptor), d’autres moins bonnes (les multiples intrigues, les Hiboux…). Les dessins de Javier Fernandez permettent au moins de suivre une jolie bande dessinée, richement colorée par Chris Sotomayor (à l’exception du premier épisode, dessiné par Yannick Paquette, mis en couleur par Nathan Fairbain – cf. dernière image de cette critique). Rien d’exceptionnel dans les traits ou le découpage mais rien d’horrible non plus (les visages oscillent constamment entre précision faciale et simplisme décevant). S’il manque quelques morceaux épiques, les scènes d’action sont lisibles et parfois sanglantes, les beaux effets de vitesse font mouche lors des segments aériens. Du reste, on espère surtout que l’arc de ce premier tome est entièrement terminé et que la suite sera meilleure que ces sept chapitres.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 15 septembre 2017
Contient : Nightwing Rebirth #1 + Nightwing (Rebirth) #1-4 + #7-8

Scénario : Tim Seeley
Dessin et encrage : Javier Fernandez, Yannick Paquette
Couleur : Chris Sotomayor, Nathan Fairbain

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat

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Batman Saga : compilation de récits divers…

L’entièreté des critiques des histoires issues des magazines Batman Saga et Batman Univers sont (désormais) compilées sur le site *. La plupart des chapitres sont à retrouver dans les chroniques des tomes dans lesquels ils ont été rassemblés ensuite (ou découpés selon les sorties US car inédits en France, comme une bonne partie de la série Detective Comics de l’ère New 52 par exemple). Néanmoins, dans quelques numéros, Urban Comics proposait des récits annexes bonus, soit des back-ups, soit des séries ultra courtes. Ceux-ci sont désormais rassemblés ici afin d’avoir « tout » d’indexé et chroniqué sur le site – il se peut que certains aient échappé à ma vigilance et furent tout de même publiés en librairie dans un second temps, n’hésitez pas à le signaler en commentaire si c’est le cas, merci d’avance 🙂

* il manque juste les épisodes de Batman Incorporated qui seront mis à jour lors des (nouvelles) critiques à venir de la saga Grant Morrison présente Batman grâce à la réédition en intégrale.


(Detective Comics #27 – La vieille école • Neal Adams)

Pluie / La vieille école / La belle époque / Le sacrifice
Detective Comics #27 [back-up] | Batman Saga #27/28 [08 et 09.2014]

Dans Pluie, Francesco Francavilla écrit et dessine en quatre pages un Batman qui sauve « encore » le fils de Gordon. Complément sympathique mais trop court de Sombre Reflet.

La vieille école est un bel hommage de dix pages à l’évolution de Batman, écrit par Gregg Hurwitz et dessiné par Neal Adams himself ! C’est d’ailleurs toute la partie graphique qui est appréciable, le scénario un brin décousu est, in fine, assez « commercial et gentillet ».

La belle époque est aussi une forme d’hommage puisque Batman y souffle ses soixante-quinze bougies (éditoriales et « réelles »), proposant une incursion dans un avenir lointain avec un entourage vieilli. On y retrouve en dix pages une allusion à peine cachée à The Dark Knight Returns. En synthèse, un joli moment écrit par Peter J. Tomasi, conféré à l’élégance du style si particulier de Ian Bertram. Clairement le meilleur épisode des quatre.

Dans Le sacrifice, Mike W. Barr imagine (grâce à une projection de Phantom Stranger) ce qu’il se serait passé si les parents de Bruce Wayne n’avaient pas été tués… Guillem March croque un Bruce heureux mais découvrant une ville sous le joug de tous ses ennemis. Très appréciable mais évidemment trop court, le récit mériterait un enrichissement dans un elseworld tant il apparaît séduisant par bien des aspects !

(Detective Comics #27 – La belle époque • Ian Bertram)

Nightwing dans : Une longue année
Secret Origins #1 | Batman Saga #30 [11.2014]

Zéro surprise dans cette origin-story paresseuse, signée Kyle Higgins (qui a écrit la série très inégale et, in fine, assez moyenne Nightwing justement). En douze pages on (re)découvre une énième fois la même histoire de Dick Grayson : l’accident de cirque, les premiers pas en tant que Robin, etc. Les dessins de Doug Mahnke en petite forme souffrent d’une colorisation faiblarde. Bref, sans intérêt.

Batman dans : L’homme dans l’ombre
Secret Origins #2 | Batman Saga #31 [12.2014]

Un peu mieux que le précédent récit, centré cette fois sur Bruce Wayne et ses premières années, mais complètement oubliable et déjà-vu malgré la volonté d’intégrer ces origines au run de Snyder. Ray Fawkes signe le scénario et Dustin Nguyen les dessins ; passable.

Le majordome est coupable / Tout ce qui nous tombe dessus / Le crime que personne n’a commis
Legends of The Dark Knight #1 | Batman Saga #33 [02.2015]

En dix pages, Damon Lindelof (producteur et showrunner des excellentes séries Lost, The Leftovers et Watchmen) propose dans Le majordome est coupable une petite leçon d’humilité (infligé par vous-savez-qui en lisant le titre…) à un Batman bien arrogant, croqué par un Jeff Lemire inspiré mais au style clivant. Une pépite !

Tout ce qui nous tombe dessus (Jonathan Larsen au scénario, J.G. Jones au dessin) montre – en dix pages à nouveau – un combat entre Batman et Amazo, androïde extrêmement intelligent capable de dupliquer les super-pouvoirs des membres de la Justice League entre autres (créé en 1960). Pire : cet affrontement a lieu dans le satellite du groupe dans l’espace, un endroit où le Chevalier Noir peine à être en pleine maîtrise de son environnement. L’ensemble se lit bien, on retrouve le côté tacticien souvent oublié de Batman et une allusion sympathique à la série des années 1960.

Dans Le crime que personne n’a commis (encore en dix pages), Batman et Robin font… de la prévention ! C’est rarement mis en scène et pourtant c’est très bien. Le binôme fait réfléchir un citoyen proche de passer à l’acte… Un récit anecdotique mais sympathique, une fois de plus, signé Tom Taylor à l’écriture (DCEASED, Injustice…) et Nicola Scott pour les dessins.

(Legends of The Dark Knight #1 – Le majordome est coupable • Jeff Lemire)