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Batman Dark City – Tome 3 : Gotham War

Après un premier volume porté sur l’action et bénéficiant d’une partie graphique séduisante puis un second tome poussif et complètement dispensable, la série Batman Dark City revient dans un troisième opus qui poursuit la série principale, contient l’event de son titre (avec des chapitres de la série Catwoman) mais aussi un complément de Knight Terrors (cf. critique des compléments) ! Un sacré bazar qu’on décortique.

[Résumé de l’éditeur]
Depuis qu’il est devenu Batman, Bruce Wayne n’est plus seulement un homme, mais un symbole à l’origine des pires tourments des criminels de Gotham. Désormais piégé dans le Royaume des Cauchemars par Insomnia, Bruce est traqué par l’horreur qu’il a lui-même créée ! Pourra-t-il s’échapper avant que ses peurs les plus viscérales ne l’entraînent plus profondément dans les ténèbres ?

Le résumé de l’éditeur est stricto senso le début du comic mais la longue histoire qui le compose est totalement différente et est abordée dans la critique.

[Critique]
Le résumé en quatrième de couverture (celui-ci dessus) ne couvre que les deux premiers épisodes du tome, c’est-à-dire ceux connectés à l’évènement Knight Terrors. Ces deux chapitres sont sympathiques (courte critique sur la page de toutes les Terreurs Nocturnes) mais sont totalement à part du reste de la fiction, qui se concentre donc sur la fameuse Gotham War (oui comme Joker War il n’y a pas si longtemps).

En quoi consiste cette nouvelle « guerre » dans la pire ville des États-Unis ? Et bien… Catwoman décide de prendre sous son aile tous les anciens sous-fifres des différents vilains emblématiques de Gotham pour les former à devenir des voleurs hors-pairs. Jusqu’ici pourquoi pas. Objectif : dérober uniquement les fortunés de la ville et, mécaniquement, faire baisser les autres crimes (plus violents et « dangereux ») car les hommes de main habituels ne seront plus disponibles pour d’autres ennemis.

Selina Kyle a la décence d’expliquer son plan à Batman et ses alliés, espérant que les justiciers de Gotham ferment les yeux sur ses actions, constatant la diminution générale de criminalité que cela engendre. Pour Batman, évidemment, hors de question de hiérarchiser les crimes (sans compter que voler les personnes riches – comme le furent ses parents – est évidemment inenvisageable). Chez ses acolytes en revanche, la question est étonnamment tranchée assez rapidement sans nuances : et si Catwoman avait raison ?

Aussi surréaliste que cela puisse paraître, une seule personne (!) se range d’emblée du côté du Chevalier Noir et, étonnamment, il s’agit de Damian/Robin ! Vu le caractère et le passif du fiston, c’est, au choix, soit une belle évolution mature et un soutien envers son père, soit un contresens total avec l’ADN du jeune homme. Si Red Hood (qui sera au centre de Gotham War ensuite) rejoint, sans surprise, Catwoman, tous les autres alliés semblent plutôt enclin à accepter la proposition de la femme féline également ! Les deux seuls qui auront droit à quelques lignes de dialogues sont Nightwing et Red Robin (donc Dick et Tim), pourtant les deux qui devraient être farouchement opposés à cette façon de faire ! Les autres (Spoiler, Orphan/Batgirl, Duke…) reste(ro)nt cantonnés à de la figuration.

Cette idée de départ n’est pas mauvaise en soi, cela soulève même une réflexion d’ordre morale pertinente mais, comme souvent dans les comics Batman, un concept inédit se transforme en aventure maladroitement développée et, in fine, peu intéressante, marquante ou (rêvons un peu) révolutionnaire. Gotham War n’y échappe pas : cet étrange mouvement criminel n’est pas vraiment remis en cause, le véritable problème pour tout le monde est… Batman ! Depuis ses précédents exploits avec sa personnalité de Zur-en-Arrh, l’entourage du détective le juge devenu trop dangereux, trop instable. C’est ce segment qui sera particulièrement mis en avant dans ce troisième volet écrit majoritairement par Chip Zdarsky (décidément pas très bon sur son run de Batman).

En neuf chapitres, on assiste donc à trois grands axes narratifs. Comment Batman arrive à manipuler mentalement Red Hood pour le rendre inoffensif en… lui octroyant un sentiment permanent de peur (!), comment l’idée de Catwoman se voit court-circuitée par Vandal Savage (et un groupe d’ennemis normalement forts mais vite expédiés sur la fin) et comment Bruce Wayne évolue et tire des conclusions de cette mésaventure.

Le constat est sans appel : l’ensemble se lit à peu près bien (le rythme est correct même si ça met du temps à démarrer), on a du mal à comprendre les choix de tous les personnages (sauf Batman, Catwoman et éventuellement Red Hood) et on apprécie surtout la fin (non pas parce qu’elle termine une histoire très moyenne (encore que…) mais parce qu’elle ouvre sur une belle promesse – qu’on dévoile juste ici, passez au paragraphe si jamais : Bruce comprend que ce n’est pas à lui de guider ses alliés mais à Dick et Barbara, plus solaires et fédérateurs, et leur laisse le champ libre).

Gotham War est donc, malheureusement, une nouvelle fois, un opus passable, pas forcément convenu (au contraire) mais mal écrit et peu plaisant. La fiction ne s’attarde jamais réellement sur la perte de la main de Bruce qui est pourtant quelque chose d’impactant (surtout dans cette série de la continuité). Elle balaie rapidement l’enjeu initial pour dériver sur Savage et sa quête d’immortalité, pas inintéressante de prime abord mais, encore une fois, trop rapidement exécutée. Curieusement, Catwoman n’est pas tant présente que cela alors que Red Hood a droit a une véritable histoire presque auto-contenue. De quoi être, une fois de plus, surpris par les choix proposés par Zdarsky.

Ni vraiment audacieux, ni vraiment palpitant, Gotham War se lit sans déplaisir mais sans réel plaisir non plus, ajoutant un énième titre « vaguement sympa sans plus » à la longue liste des comics Batman. Les orientations morales des protagonistes peuvent déstabiliser. On pourrait accepter que Dick et Tim aillent dans le sens de Selina mais il faudrait l’expliciter, l’écrire, consacrer tout un chapitre à un échange ciselant qui tendrait à comprendre leurs perceptions, leurs choix. Il n’en est rien ici, laissons donc toute latitude au lecteur pour subir passivement ces étrangetés (il ne s’agit pas non plus d’une déconstruction, cela aurait d’ailleurs été plus habile, mais banalement d’une paresse d’écriture). Reste un Batman impérial qui sauve (un peu) l’ensemble.

Côté dessin, heureusement, il y a de chouettes moments malgré le trop grand nombre d’artistes présents dans cet opus. Belén Ortega, Jorge Corona, David Lafuente, Nikola Cizmesija, Mike Hawthorne, Nico Leon, Adriano Di Benedetto et Jorge Jimenez (sur les chapitres Batman bien entendu) – et Guillem March pour les Knight Terrors. Un pot pourri parfois agréable (quelques planches éclatées, quelques costumes élégants…), parfois franchement moyens, dans tous les cas une non homogénéisation visuelle (qui ne gêne pas à la compréhension mais reste un peu dommageable). Gotham War est donc, à l’instar du second volume, plutôt déconseillé (surtout vu le prix !) et il est grand temps que Zdarsky passe la main.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 23 février 2024.
Contient (dans l’ordre) : Knight Terrors: Batman #1-2 + Batman #136 + Batman/Catwoman: The Gotham War: Red Hood #1 + Batman/Catwoman: The Gotham War – Battle Lines #1 + Batman #137 + Catwoman #57 +  Batman #138 + Catwoman #58 + Batman/Catwoman: The Gotham War: Red Hood #2 + Batman/Catwoman: The Gotham War – Scorched Earth #1
Nombre de pages : 360

Scénario : Chip Zdarsky, Joshua Williamson, Matthew Rosenberg, Tini Howard
Dessin & Encrage : Belén Ortega, Jorge Corona, Guillem March, David Lafuente, Nikola Cizmesija, Mike Hawthorne, Jorge Jimenez, Nico Leon, Adriano Di Benedetto
Couleur : Tomeu Morey, Ivan Pascencia, Rex Lokus, Romulo Fajardo Jr., Veronica Gandini, Arif Prianto

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : MAKMA (Gaël Legeard)

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Batman Showcase #2 (Batman & Robin #20-22 + 26)

[Contextualisation]
Durant le run de Grant Morrison (cf. index), la série Batman & Robin (2009-2011) met en avant les aventures de Dick Grayson et Damian Wayne en Batman et Robin. Les quinze premiers chapitres sont disponibles dans la deuxième intégrale de Grant Morrison présente Batman, le seizième dans la troisième. Les dix chapitres suivants n’ont pas tous été publiés en France. Les #17-19 forment l’arc The Sum of Her Parts, écrit par Paul Cornell, et restent inédit en VF.

Les #20-22 compilent l’histoire Dark Knight vs. White Knight, Tree of Blood, disponible justement dans ce magazine Batman Showcase #2 (sorti fin avril 2012). Traduit sous le titre L’Arbre de Sang, Chevalier Noir contre Chevalier Blanc, ce récit est écrit par Peter Tomasi et dessiné par Patrick Gleason. C’est ce duo qui reprendra la série qui conservera le même titre, Batman & Robin (2011-2015), après le relaunch DC Comics et, donc, la période New 52/Renaissance, où cette nouvelle salve suivait désormais Bruce Wayne en Batman accompagné de son fils Damian en Robin (voir critiques des sept tomes depuis l’index A à Z).

Revenons aux derniers chapitres de la première série. Les #23-25 sont écrit par Judd Winick (L’énigme de Red Hood, Des ombres envahissantes…) et mettent en avant son personnage fétiche, Red Hood, dans The Streets Run Red. Cette fiction n’a pas été publié en France. Enfin, l’épisode #26, le dernier, s’intitule Earthly Delights Scenes from a Work in Progress en VO, signé David Hine, est aussi proposé dans ce Batman Showcase, traduit par Plaisirs Terrestres, Scènes d’un work in progress. (Re)découverte de ces deux histoires qui avaient eu une courte critique au tout début du lancement de ce site, celles-ci ont été supprimées afin de tout centraliser ici.

[Résumé de l’éditeur]
Batman et Robin rencontrent un nouvel adversaire qui s’en prend aux familles des plus fameux criminels d’Arkham ! Au « Dynamic Duo » de jouer les gardes du corps des proches de leurs ennemis tout en cherchant à démasquer cet assassin ! Puis, ils seront amenés à faire équipe avec Nightrunner, l’agent français de Batman Incorporated, pour affronter les pensionnaires surréalistes du Jardin Noir !

[Critique]
Dans L’Arbre de Sang, Chevalier Noir contre Chevalier Blanc, après un moment rare et agréable (tous les fils de Bruce réunis autour de lui et Alfred pour une soirée cinéma), Dick et Damian enquêtent sur un tueur étrange dont les victimes sont des membres de la famille de célèbres résidents d’Arkham (Man-Bat, Victor Zsasz, Le Chapelier Fou…). Ce nouvel ennemi, le fameux Chevalier Blanc (Lewis Bayard de son identité civile), est à mi-chemin entre une figure de science-fiction et de fantastique. Il n’a pas de corps ni de visage précis, uniquement un ensemble physique lumineux et doré (on ne comprend pas très bien s’il s’agit d’un pouvoir acquis via le Dr. Phosphore plus jeune ou non). Il transforme même ses victimes en « anges » et nourrit une sorte d’arbre gigantesque.

Si Lewis Bayard est oubliable (il n’est d’ailleurs jamais réapparu ensuite), ses actes sont tout de même graves et marquants, tuant plusieurs innocents connectés aux grands vilains habituels, ce sera malheureusement aussi sera sans réelles conséquences – cela se déroule peu avant le fameux relaunch de DC. Tout se passe un peu trop vite et la fiction se termine un peu trop rapidement. L’intérêt se situe davantage dans la dynamique entre Batman et Robin, donc Dick Grayson et Damian Wayne, formant un duo toujours aussi sympathique, entre autres grâce au caractère du rejeton de Bruce, moins tête à claque qu’à l’accoutumée.

Surtout, les dessins de Patrick Gleason sont particulièrement réussis, à l’exception, toujours des gros plans sur visage, comme toujours. L’illustrateur semble même en forme que sur la suite de la série qu’il reprendra avec Peter J. Tomasi. En somme, ce récit en trois chapitres est anecdotique mais pas déplaisant pour autant, formant une sorte d’introduction au futur run du duo d’artistes (Tomasi sera nettement plus inspiré, cf. critiques depuis l’index).

Quant à Plaisirs Terrestres, Scènes d’un work in progress, de David Hine, c’est un voyage à la fois géographique, en France, à Paris au Louvre, avec le Parkoureur (Nightrunner en VO) et onirique, bercé d’illusions et d’improbabilités. On ne comprend d’ailleurs pas grand chose, Batman, Robin et le Parkoureur tentent de rassembler les évadés du Jardin Noir, un asile psychiatrique regorgeant de psychopathes, à l’instar de celui d’Arkham. Derrière leur évasion se cache « L’homme qui rit » (Norman Rotrig) et, parmi les fous libérés, se trouvent quatre personnages singuliers : Sœur Cristal, Le Ça, Ray Man et Parle-à-ma-peau. Le trio combat donc ces ennemis en essayant de démêler les illusions de la réalité… C’est un peu dommage qu’un chapitre conclusif d’une série soit aussi peu épique.

On savoure principalement le court dépaysement graphique – Greg Tocchini et Andrei Bressan – et quelques références chauvines dans ce one-shot assez surprenant. La référence à « L’homme qui rit » semble évidente : création de Victor Hugo dans son roman éponyme qui inspirera ensuite Bill Finger, Jerry Robinson et Bob Kane pour créer le Joker. Hugo est d’ailleurs croqué, impossible aussi de ne pas songer aux œuvres de Magritte. Les amateurs de bandes dessinées françaises pourraient y voir une (très) légère allusion à l’excellent La Brigade Chimérique, monument du genre qui met en avant les premiers super-héros du pays du siècle dernier, bien avant que les États-Unis s’emparent du sujet.

Ce second numéro de Batman Showcase (le dernier donc) servait plus ou moins de transition avant le magazine Batman Saga. On apprécie les textes informatifs sur les quatre Robin ainsi que les hommages à Jerry Robinson et Sheldon Moldoff (tous deux décédés peu avant), à priori signés par Yann Graf, éditeur spécialiste de Batman chez Urban. Il s’occupe, entre autres, du travail éditorial dans les Batman Chronicles depuis. Les épisodes de ce Showcase n’ont jamais été republiés dans un ouvrage librairie par la suite par Urban mais vu leur qualité ce n’est pas très grave. On peut se tourner vers le marché de l’occasion pour retrouve ce magazine (à moins de 2 € !) qui était assez déconnecté du premier (qui proposait la fin de la série Batman Incorporated).

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 27 avril 2012.
Contient : Batman & Robin #20-22 & 26
Nombre de pages : 96

Scénario : Peter Tomasi, David Hine
Dessin : Patrick Gleason, Greg Tocchini et Andrei Bressan
Encrage : Mick Gray
Couleur : Alex Sinclair, Artur Fujita

Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : Laurence Hingray et Christophe Semal

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La vie après la mort (Life after Death) + Devinette • Batman Universe #5-7

En parallèle du run de Grant Morrison et des séries sur lesquelles il officiait, les aventures autour de Batman (Dick Grayson) se poursuivaient sous la plume et les pinceaux de Tony S. Daniel. Après La lutte pour la cape (Battle for the Cowl), le segment dispensable de Judd Winick (Des ombres envahissantes), place à La vie après la mort (Life after Death), un récit en six chapitres (Batman #692 à #697), ainsi qu’à Devinette (Riddle me this), en deux épisodes (Batman #698-699). Ces deux histoires ont été compilées en version librairie aux US (couverture à gauche ci-dessous) et ont été publiées en France dans le magazine Batman Universe #5 à #7 durant le premier semestre 2011. Urban Comics ne les a pas reproposées jusqu’à présent.

[Début de l’histoire]
Batman (Dick) enquête sur les meurtres des « Faux visages », des hommes de main muets et masqués. Le Chevalier Noir soupçonne Black Mask d’être à leur tête mais pense aussi qu’il peut y avoir un lien avec les Falcone.

Dans l’ombre, Hugo Strange, le Dr Death, Frayeur et, justement, Black Mask montent une organisation, le « Ministère de la Science »…

[Critique]
La vie après la mort reprend ce qu’avait instauré Tony S. Daniel dans La lutte pour la cape et, de façon moins prononcée, Des ombres envahissantes (écrit par son confrère Judd Winick). Le long fil rouge (étalé sur six chapitres) mêle aussi bien les « premiers pas » de Dick en Batman qu’un vaste groupe d’ennemis où se télescopent Black Mask, le Pingouin, Hugo Strange, Dr Death, Le Faucheur, l’énigmatique Frayeur/Linda et les mystérieux « Faux visages » ! En plus de ce groupuscule, des alliés comme Catwoman, Huntress et Jeremiah Arkham semblent connectés à des personnes du clan Falcone (tout Un Long Halloween est d’ailleurs résumé durant plusieurs cases). Oracle, Damian/Robin et Alfred sont aussi de la partie.

Clairement, l’histoire est un peu complexe, l’ensemble assez dense et trop de protagonistes interviennent (sans oublier quelques flash-backs, incluant même… des nazis). Le lecteur sera probablement un peu perdu parfois mais l’ensemble reste assez passionnant avec un bon équilibre des genres et des séquences d’action et d’exposition. Mieux : un rebondissement de situation pas forcément prévisible est assez savoureux. Le scénario est riche et bien construit, Tony S. Daniel livre un récit plutôt original qu’il dessine avec un certain talent, notamment sur des pleines pages ou double planches. On découvre aussi les prémices de Catgirl (Kitrina Falcone) même si elle sera peu exploitée ensuite…

Les traits de Daniel, couplés à l’encrage et la colorisation de Sandu Florea et la colorisation de Ian Hannin ajoutent une dimension aussi sombre que riche en couleurs par moment. La cohérence graphique est une force du titre, lui conférant un plaisir visuel là aussi appréciable. Les deux épisodes de Devinette (critique dans le paragraphe suivant) sont en revanche dessinés par Guillem March (Harley Quinn et les Sirènes de Gotham, Catwoman…). Pas trop éloigné du style de Daniel, March livre un travail tout à fait correct aussi, un brin moins élégant mais globalement satisfaisant et une approche visuelle tout aussi « mainstream », comprendre efficace pour le genre.

Sans surprise, Devinette (Riddle me this) replace le Sphinx au centre de la fiction, en coopération avec Dick/Batman dans une enquête et série de meurtres atypiques. De quoi retrouver le célèbre criminel repenti depuis quelques temps en détective privé (cf. Paul Dini présente Batman) et découvrir un nouvel ennemi, Blackspell (oubliable, malheureusement), ainsi que Firefly en personnage secondaire. Tony Daniel propose une conclusion sur le Riddler qui sème le doute quant à la véracité de son amnésie (comme expliqué dans la critique précitée : Nygma avait découvert l’identité de Batman dans Silence puis avait enchaîné plusieurs évènements importants avant d’être dans le coma et perdre une partie de sa mémoire, cf. le bloc Aftermath de la biographie du Riddler sur Wiki (en anglais)). Le vilain reviendra dans la fin du run de Daniel, Eye of the Beholder, inédit en France (cf. bloc de texte suivant).

La vie après la mort n’est pas forcément le titre le plus mémorable de l’artiste mais il n’a pas à rougir de certaines de ses autres production (notamment toute la période Detective Comics de l’ère Renaissance/New 52). En lisant cet arc (après La lutte pour la cape et avant Devinette), cela forme un tout relativement appréciable ! Trois ombres au tableau. Premièrement, le segment entre les deux premiers opus (Des ombres envahissantes) n’est pas inclus dedans (car écrit par Winick) et sa conclusion ouverte (sur l’enquête de Batman sur les Grayson) n’aura jamais de résolution… Deuxièmement, Urban Comics n’a jamais réédité ces titres qui le mériteraient, surtout en comparaison avec certains titres actuels assez moyens voire médiocres.

Troisièmement, le dernier opus, Eye of the Beholder (qu’on pourrait traduire par L’Œil du Spectateur/de l’Observateur ou Question de perception), n’a pas non plus eu droit à une version française, même à l’époque de Panini Comics. Il contient la dernière ligne droite de la série Batman avant le relaunch DC (#704-707, que Daniel écrit et dessine, #710-712, dont il signe uniquement le scénario, les illustrations, moins belles, sont de Steve Scott). En toute logique, tous ces épisodes devraient être dans les derniers volumes Batman Chronicles, des années 2010 et 2011 (la collection s’arrêtera juste avant le relaunch DC de 2011, donc avant la gamme Renaissance/New52) – mais pas avant un paquet d’années vu le rythme de parution de cette série d’intégrales. Néanmoins, Eye of the Beholder (qui met en avant le père de Ra’s al Ghul et Peacock dans sa première partie, Double-Face, le Sphinx et « sa fille » (Enigma), Catgirl… dans sa seconde) n’est pas terrible selon diverses critiques.

Le run de Tony S. Daniel (écriture et dessin) mettant en avant Dick Grayson dans la peau de Batman.
Les deux premiers ont été publiés en France dans les magazines Batman Universe de Panini Comics en 2010 et 2011.
Le troisième et dernier (Eye of the Beholder) est complètement inédit chez nous.

[À propos]
Publié chez Panini Comics dans Batman Universe #5-7 en février, avril et juin 2011.
Contient : Batman #692-699

Scénario : Tony S. Daniel
Dessin : Tony S. Daniel, Guillem March
Encrage : Sandu Florea, Norm Rapmund, Tony S. Daniel
Couleur : Ian Hannin, Tomeu Morey

Traduction : Khaled Tadil
Lettrage : Christophe Semal

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Batman : Life after Death
– Batman Universe #5
– Batman Universe #6
– Batman Universe #7