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Batman ’66 en comics (Batman Saga HS #8 et Batman Univers HS #1)

Sortis fin octobre 2015 et fin avril 2016, deux hors-séries du magazine Batman de l’époque (Batman Saga puis Batman Univers) ont proposé une quinzaine de courtes aventures de Batman ’66, la suite de la série des années 1960 en comics (lancée en 2013) ainsi que le fameux « épisode perdu » sur Double-Face. Explications et critique de l’ensemble.

[Résumés et critiques • Batman Saga – Hors-série #8]
Sans surprise, l’ensemble est très léger, ne vole pas bien haut mais rend un hommage agréable à la série, en reprenant son ton (les « Nom d’un… » de Robin, le kitch de certaines situations) et bien sûr sa « direction artistique ». Les amoureux du show seront donc comblés. Au programme,  sept chapitres dont trois back-up (histoires plus courtes), tous scénarisés par Jeff Parker. La perfidie du Sphinx met à l’honneur le vilain du titre de retour à Gotham face à Batman et Robin mais aussi Catwoman. Pingouin Empereur repose sur un concept amusant et efficace : Copplebot est déclaré empereur d’un iceberg flottant (rappelant, forcément, son célèbre casino flottant initié dans quelques titres sortis au même moment et à ne pas confondre comme Empereur Pingouin), sur lequel la justice de Gotham ne peut donc pas intervenir. Pire (ou mieux) : il est associé à Freeze pour consolider son énorme bloc de glace, ce dernier est accroché en secret à un sous-marin afin de se déplacer si besoin. Une idée ingénieuse qui mériterait d’être reprise et modernisée avec un filtre sombre. La chanteuse de Chandell propose une ennemie proche du pouvoir de Black Canary : Sirène (apparue dans la troisième et dernière saison), acolyte du pianiste Chandell (campé par Liberace dans la série télé !).

Le Joker voit rouge est un épisode intéressant, il convoque Red Hood et Harleen Quinzel sous le prisme graphique de la fiction TV, du « jamais vu » donc, Quinzel étant créée trois décennies plus tard… plaisant. Le reste du scénario est assez banal mais fait le job dans le cadre instauré. Les œufs sont faits met en avant l’ennemi (peu connu) Tête d’Œuf, incarné par Vincent Price à l’époque et qui n’a jamais réellement rejoint les comics ensuite à de rares exceptions près oubliables. Comme ici, il y a plein de « j’œufs de mots » assez pénibles, couplés à ceux déjà risibles de l’ensemble de l’œuvre… Le couronnement du Chapelier montre une version moustachue du Chapelier Fou, inspirée à la fois par l’acteur David Wayne de la série TV bien sûr mais aussi du second Chapelier introduit dans Detective Comics #230 (1956). Le duo dynamique le poursuit dans les rues de Londres entre terre et air dans une folle course amusante et flashy à souhait. On y croise aussi les Beatles le temps d’une case, le cousin de Gordon et la venue d’Alfred pour seconder les justiciers sans que ça titille la curiosité des fans de Batman et Robin… Le réveil de l’horloger propose (toujours à Londres) un affrontement avec le Roi du Temps, alias l’horloger.

[Résumés et critiques • Batman Univers – Hors-série #1]
On retrouve à nouveau quatre chapitres, chacun avec un back-up, gonflant le nombre d’épisodes à huit, introduits par un épisode spécial (The Lost Episode) écrit initialement pour la série par Harlan Ellison puis remanié par le célèbre Len Wein pour la bande dessinée. Dans ce dernier, Les crimes en deux temps de Double-Face, on rencontre évidemment le célèbre procureur qui n’avait pas bénéficié d’une incursion dans la série télé (très difficile à adapter et absent des comics durant la diffusion). Cet épisode spécial est un peu plus long et, une fois de plus, ne renouvelle pas le genre mais propose de découvrir Harvey Dent défiguré avec le style graphique codifié de la version TV (ainsi qu’un costume proche de celui qu’endossait Tommy Lee Jones dans Batman Forever, un autre hommage ?). Le marchand de sable va passer remet en avant un ennemi de troisième zone (ledit marchand de sable), une fois de plus sans grand intérêt. A la poursuite de la topaze tigre voit Catwoman affronter Batgirl durant quelques pages « au glamour léger et insouciant » (sic). 

Un rat à la plage propose là aussi un vieil antagoniste conçu uniquement pour le show (le Rat de Bibliothèque – aperçu dans Gotham Academy), cherchant l’identité de Batman et étant visiblement idiot… comme tous les personnages proches des justiciers qui ne comprennent pas son alias civil (et ne parlons pas de Gordon, presque mutique voire absent ni de la police de Gotham en général). La charge des cosaques ! suit Olga, ancienne partenaire de Tête d’Œuf, croisé dans le magazine précédent (voir plus haut) qui combat le binôme avec ses… ours ! Faux ami, vrai ennemi ! place le spécialiste du déguisement Faux-Visage (repris dans l’annual #1 de Detective Comics par Tony Daniel) qui utilise le visage de Bruce Wayne pour commettre des crimes. A l’instar du Pingouin associé à Freeze dans le premier opus, on trouve là aussi un concept efficace qui pourrait être repris (avec Gueule d’Argile) et remanié habilement. Plan Social chez le Joker ! montre, forcément, le Clown du Crime cabotin sous les traits de Cesar Romero et sa fameuse moustache sous son maquillage ; mais sans grand intérêt encore… Enfin, Les sables du temps se concentre sur le Roi Tut, vilain remarqué sur cinq épisodes de la série TV (sur cent vingt au total) persuadé d’être la réincarnation d’un phararon – de quoi proposer la planche la plus éclatée de tous les comics Batman existants, à découvrir en VF en bas de cette critique. Pour conclure le numéro, C’est le majordome qui a fait le coup ! met bien sûr en avant le célèbre Alfred (ou plutôt son cousin sosie criminel (!)), sans oublier Tante Harriett, qui servait de caution féminine dans une fiction trop centrée sur des personnages masculins.

[Conclusion]
Sans surprise, les fans de la série télévisée vont y trouver leur compte, les autres, plus habitués au Chevalier Noir sombre et moderne, ne devraient pas accrocher – au mieux y déceler une certaine curiosité. Comme dit, on y retrouve les ingrédients phares du show, haut en couleurs avec son indémodable Batmobile de l’époque (ainsi que sa version londonienne), ses répliques légères, ses bons sentiments, son téléphone rouge et son ensemble kitch (l’escalade des murs « verticaux/horizontaux » est visible aussi par exemple) – il manque tout de même les célèbres onomatopées. Les combats sont farfelus, expéditifs, rien est jamais très sérieux ou épique, les bulles explicatives peu utiles renforcent ce côté vintage parfois apprécié, avis aux amateurs donc ! Heureusement, Urban introduit entre chaque épisode qui est qui et contextualise l’ensemble. On se contentera de deux ou trois histoires un brin plus originales que les autres, c’est assez maigre par rapport au total proposé.

Jeff Parker et Tom Peyer en sont les scénaristes. Côté dessins, un collectif vaste (de dessinateurs et coloristes) officie sur les épisodes, singeant les visages emblématiques d’Adam West et Burt Ward (Batman et Robin) bien sûr. On note Jonathan Case sur plusieurs chapitres et Mike Allred sur les couvertures. L’ensemble reste assez cohérent graphiquement et, une fois encore, devrait surtout ravir les aficionados. Aux États-Unis, Batman ’66 a été publié de 2013 à 2016, s’étalant sur trente chapitres (chacun avec un back-up), donc près de soixante courtes aventures au total ! De 2015 à 2018, d’autres séries se déroulant dans le même univers ont vu le jour, Batman rencontrant Green Hornet ou Wonder Woman par exemple. En France, à l’exception de ces deux numéros hors-séries *, il n’y a pas eu d’intégrales ou de compilation en librairie. Si Urban Comics a abandonné la publication sous forme de hors-série, c’est que les deux volumes présentés ici n’ont probablement pas convaincus les lecteurs et donc les acheteurs…

* S’ils ne sont officiellement plus en vente, ils restent facilement trouvables sur Internet à prix tout à fait correct (cf. liens amazon en bas de cet article).

(J’évoquais longuement la genèse de la série des années 1960 puis le film et même ces comics dans la vidéo de mars 2021 pour ceux qui voudraient en apprendre davantage sur le sujet 🙂 )

[A propos]
Publiés en France cher Urban Comics dans Batman Saga Hors-Série #8 (23 octobre 2015) et Batman Univers Hors-Série #1 (22 avril 2016).
Contient Batman ’66 #1-4 et Batman ’66 #5-8 + The Lost Episode #1

Scénario : Jeff Parker
Dessin : Jonathan Case + collectif
Couleur : collectif

Traduction : Xavier Hanart
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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