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Superman / Batman – Tome 02

Suite et fin des aventures de l’Homme d’Acier et de l’Homme Chauve-Souris, entamées dans le premier tome et également scénarisées par Jeph Loeb. Les chapitres #14 à #26 de l’artiste forment son run et conclut cette « mini-série ». *

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[Histoire]
Pouvoir Absolu
Dans ce qui s’apparente à une réalité alternative, Batman et Superman ont été élevés par trois autres personnes, dotées elles-aussi de pouvoirs, et ont fait du célèbre duo de justiciers les hommes les plus puissants du monde, de véritables tyrans dirigeant la Terre sans aucun état d’âme.
Wonder Woman se charge de « réveiller » quelques anciens alliés qui pourraient affronter et venir à bout du binôme dictatorial. Mais chaque fois que l’un des deux anciens justiciers semble être vaincus, les deux frères voyagent dans une autre dimension, totalement différente du monde « classique ».

La Fille d’Acier
Superman et Batman surveillent de loin Kara, la cousine de l’Homme d’Acier, dernière survivante de Krypton. Pour Superman, c’est l’inquiétude qui règne, il veut savoir si cette nouvelle Supergirl peut se débrouiller seule ou s’il doit continuer de la couver. Pour Batman, c’est toujours l’occasion de garder un œil méfiant sur une potentielle force incontrôlable. Mais une autre personne surveille la jolie jeune fille…

Vengeance
Batman et Superman, aussi bien les héros « originels » que leur double maléfique (de Pouvoir Absolu), continuent d’alterner les dimensions et les réalités et croisent d’autres versions d’eux-mêmes plus atypiques : un Batman au féminin, le Superman russe (de Red Son), ou encore Batzarro et Bizarro. Tous ces personnages se combattent et dérivent dans de multiples dimensions, où ils croisent d’autres « héros » : les Maximums notamment, qui seront récurrents, et éphémèrement Jonah Hex, Kamandi, La Légion des Super-Héros, etc. Tour à tour ennemi ou allié. Mais un autre duo se cache derrière ce jeu diabolique, mêlant magie et manipulation…

In Memoriam
Robin se rappelle d’une de ses dernières aventures avec Superboy, quand ils étaient partis à la recherche de Toyman.

Souvenirs de Sam
Le père de Clark Kent se remémore la jeunesse de son fils à Smallville, à l’époque où il côtoyait un de ses amis, Sam, qui était atteint d’un cancer.

superman batman tome 02

[Critique]
Pouvoir Absolu fait partie de ces quelques elseworlds (univers alternatifs) intrigants et réjouissants puisque les figures super-héroïques de Batman et Superman que l’on connaît sont cette fois l’équivalent de dictateurs (leurs anciens alliés sont essentiellement morts, pas forcément par leur faute, et d’autres vont devenir une résistance — ce qui n’est pas sans rappelé la saga Injustice – Les Dieux sont parmi nous). Passé l’effet de surprise, on constate un enchaînement de réalités différentes un peu trop rapide, sans réelles explications suffisantes. La connexion avec le Superman du futur, intervenu en début du premier tome, permet de garder un (léger) lien cohérent entre toutes ces histoires. Même si les cinq chapitres sont largement suffisants pour couvrir ces nouvelles versions du tandem, une plus large exploration de ces univers originaux n’aurait pas été de trop. Au contraire, pour une fois que les « bases » changeaient, il eut été intéressant de les approfondir davantage.

Ce principe sera repris dans Vengance, enchaînant les « tunnel boom » et les voyages dans les dimensions, dans une confusion totale et sans réelle fluidité, avec en prime Bizarro et Batzarro et leur langage vite agaçant (une plongée dans l’absurde trop poussée). Les Maximums sont, quant à eux, clairement revendiqués comme étant une parodie des… Avengers de Marvel (un géant nordique, une femme guêpe petite, un soldat patriote, un enfant se transformant en monstre géant vert, etc.) ! Si l’ensemble est assez indigeste, il est paradoxalement assez « palpitant » car mieux écrit au fur et à mesure, bien rythmé, parfois drôle mais plutôt habile dans sa manière d’amener le lecteur à vouloir connaître la fin et qui tirent les ficelles dans l’ombre. Il s’agit du Joker et de « Mr Mxyztplk », rappelant Empereur Joker, dans lequel le Clown du Crime avait déjà requis à la magie pour satisfaire ses plans. Une œuvre à lire donc de préférence avant ce Superman / Batman. Bourré de références à l’univers DC Comics (de l’âge d’argent) avec tous les rôles tertiaires intervenants, cette Vengeance est tout de même compliquée, dessinée à nouveau par Ed McGuiness qui avait opéré dans la première partie du l’opus précédent. Avec par conséquent son style très cartoonesque, des traits très épais, des musculatures immenses et ainsi de suite. Un parti pris délicat, pas forcément séduisant, au contraire (qui ravira tout de même les adeptes du style, évidemment). La conclusion « définitive », en une seule case, est plutôt décevante.

Maximums Batman Superman

La Fille d’Acier (située entre les deux grands arcs ci-dessus) est un agréable rappel à Le Trésor du tome précédent, extrêmement bien dessiné par Ian Churchill (malgré un corps féminin très longiforme, torse presque élastique et un peu sexué), mais malheureusement la suite sera à découvrir dans Infinite Crisis tome 4 et 5. Sachant que l’histoire de son arrivée sur Terre faisait déjà écho à Infinite Crisis, c’est presque devenu une lecture parallèle obligatoire, dommage.

In Memoriam fait intervenir pléthore d’artistes, avec au scénario : Sam, Jeph et Audrey Loeb, Geoff Johns, Brian K. Vaughan, Allan Heinberg, Paul Levitz, Mark Verheiden, Richard Starkings, Brad Meltzer, Joe Kelly, Joe Casey et Joss Whedon ! Les dessins ne sont pas en reste avec à nouveau Ed McGuiness, Ian Churchill, Carlos Pacheco et Tim Sale, mais aussi Jim Lee, Pat Lee, Mike Kunkel, Duncan Rouleau, Rob Liefeld, Joe Madureira, Art Adams, Joyce Chin, Jeff Matsuda et John Cassaday. Ce concept cache en fait une triste réalité, Sam Loeb, 17 ans, fils de Jeph, avait commencé à scénarisé ce chapitre avant de décéder d’un cancer. Toute la galerie citée ci-dessus est alors intervenue pour achever cette petite histoire (chacun opérant sur une ou deux planches), assez drôle et émouvante par ailleurs, même si la fin nous laisse justement… sur notre faim. L’ouvrage se termine par un autre court récit extrêmement triste, Souvenirs de Sam, qui met à l’honneur un jeune ami de Clark Kent, un certain Sam, forcément, atteint d’un cancer et qui va inexorablement rendre l’âme. Un bel hommage d’un père à son fils, dessiné par le fidèle Tim Sale.

Superman Batman 26

Malgré cette (fausse) fin, plusieurs éléments restent en suspens après ces deux tomes : quid de l’enquête sur le meurtrier des parents de Bruce Wayne ? Comment est mort Superboy ? Que devient Lex Luthor ? Que devient Supergirl ? Pour les deux dernières questions, les réponses sont à priori dans Infinite Crisis, mais peu importe, cela reste assez frustrant. Si le premier tome était une bonne entrée en matière et que celui-ci poursuit efficacement dans la moitié de son récit et les petits chapitres supplémentaires sa route, le contenu total n’est quand même pas « extraordinaire ». Passé la surprise des débuts alternatifs, la suite sera réjouissante par moment (la narration monologue des deux super-héros, toujours efficace ; le retour éphémère de Supergirl et les morceaux d’humour et de tristesse de la fin), mais pénible par d’autres (l’incompréhension globale du second arc, un premier expéditif et mal exploité). Assez inégal donc, de même que pour la partie graphique, plutôt réussie et visuellement attractives dans La Fille d’Acier, In Memoriam et Souvenirs de Sam (soit un quart de l’ouvrage seulement) ce sera moins le cas, pour Pouvoir Absolu, dessinée par Carlos Pacheco, plutôt classique mais parfois inspirée (dans ses découpages notamment), voire l’inverse pour Vengeance, comme évoqué plus haut.

Impression mitigée donc, une lecture à réserver pour ceux qui ont adoré le premier tome, les amoureux de Jeph Loeb ou les inconditionnels des aventures dystopiques, même un peu « farfelues » et confuses, du duo iconique de DC. Pour les autres, une suite originale mais pas forcément réussie et attractive, au contraire, ainsi qu’une certaine frustration sur les fins.

Superman kill Wonder Woman

* la série a continué après le départ de Jeph Loeb et s’est étalée sur près de 90 chapitres jusqu’en 1986. Urban Comics a choisi de ne publier que les 26 premiers chapitres de Superman / Batman, écrit donc par Jeph Loeb.

[A propos]
Publié en France chez Urban Comics le 4 mars 2016
Titre original : Absolute Superman/Batman 2
Scénario : Jeph Loeb (et collectif pour In Memoriam)
Dessin : Carlos Pacheco (Pouvoir Absolu), Ian Churchill (La Fille d’Acier), Ed McGuiness (Vengeance), Tim Sale (Souvenirs de Sam) et collectif (In Memoriam)
Couleur : Laura Martin (Pouvoir Absolu), Christina Strain (La Fille d’Acier) et Lee Loughridge (Vengeance ch. 1 et 2), Dave McCaig (Vengeance ch.3 à 5 + conclusion), Jose Villarrubia (Souvenirs de Sam) et collectif (In Memoriam)
Encrage : Jesus Merino (Pouvoir Absolu), Nrom Rapmund (La Fille d’Acier), Dexter Vines (Vengeance) et collectif (In Memoriam)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)
Traduction : Nicole Duclos et Mathieu Auverdin (Studio Makma)

Titre des chapitres :
Pouvoir Absolu – Chapitre 1 à 4 + conclusion (Superman/Batman #14 à #18)
La Fille d’Acier (Superman/Batman #19)
Vengeance – Chapitre 1 à 5 + conclusion (Superman/Batman #20 à #25)
In Memoriam (Superman/Batman #26)
Souvenirs de Sam (Superman/Batman #26)

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Vengeance

Suite presque directe de Silence, qu’il est évidemment indispensable d’avoir lu avant de découvrir Vengance, il faut aussi avoir Killing Joke en tête, l’histoire y faisant beaucoup d’allusions. Cette mini-série fait partie, en version originale, du recueil Hush Returns.

V1

[Histoire]
Dans une grande salle de réception le Sphinx explose le toit en verre et chute devant tout le monde. Qui l’a frappé ? Comment est-il arrivé ici ?

Flash-Back : Silence veut se venger du Sphinx, ce dernier est en prison à Blackgate mais a peur de se faire assassiner par un homme de main de Silence. Il demande donc l’aide du Joker, lui demandant de le faire sortir de prison et le protéger. En échange, Edward Nygma lui donnera le nom d’une personne très convoitée par le Clown du Crime…

Dans Gotham, Batman sauve une femme qu’il croyait déjà morte. À moins que ce ne soit un sosie ? Dans quel but ?

V3

[Critique]
Trois vilains charismatiques servent cette histoire : le Sphinx et son narcissisme et égocentrisme qui sont très bien mis en avant, ainsi que Silence, véritable roc et loup solitaire dont la minutie et la préparation de son plan confirme l’intelligence du personnage. L’éternel Joker complète cet étrange trio. Il est intéressant également de voir, partiellement, le Clown du Crime triste et mélancolique se remémorant son passé, devant les souvenirs d’un album photo. Preuve peut-être qu’il n’est pas si fou que ça ? On apercevra aussi Le Pingouin et Prometheus, nouvel allié de Silence.

Allié à un jeune Robin (Timothy Drake), l’histoire montre également Barbara Gordon, alias Oracle, opérer en secret devant ses écrans, chose rarement mise en avant. Dans l’ensemble, la Bat-Family est relativement en retrait, mais ce n’est pas plus mal, bien au contraire. Même Green Arrow, qui apparaît dès le quatrième chapitre, apporte presque autant, si ce n’est plus, de présence que Batman et Robin. L’échange tendu et le combat entre l’archer d’émeraude et le chevalier noir est très efficace.

Le look des hommes de main du Joker n’est pas sans rappeler celui de Jack Nicholson dans le film Batman de 1989 de Tim Burton. Le scénariste s’inspire aussi de Kiling Joke et modifie légèrement une scène de l’œuvre culte d’Alan Moore pour mieux coller au récit de Vengeance. Ce changement s’incruste facilement dans les deux récits. Pour les flash-back se situant durant Killing Joke, c’est Javier Pina qui succède éphémèrement à Al Barrionuevo. Son style se rapproche de celui de Brian Bolland. Barrionuevo n’est pas en reste car, excepté au début de l’histoire, il livre de belles planches avec un look particulier à chaque personnage, surtout le triptyque d’ennemis.

Six mois après la fin de la série Silence (en septembre 2013), cette « suite » s’intègre parfaitement dans la continuité et offre au passage un nouveau regard sur Killing Joke. Est-ce plausible ? Chacun y fera son propre jugement. Seule la fin du récit s’avère frustrante car pas réellement terminée. Il faudra se tourner vers plusieurs petites courtes séries (publiées dans les magazines Batman de l’époque) pour avoir la suite. Elles sont toutes listées sur l’index de Hush Returns.

V2

Prometheus, grièvement blessé par Green Arrow, tient Silence en joue :
– Je t’écoute.
– Tu te seras vidé de ton sang dans deux minutes.
– C’est pas ce que je veux que me dises.
– Et ton pote, là haut, va débouler dans un à peu près une minute.
– T’inquiète, je m’occupe de lui.
– Pour l’instant c’est plutôt raté.
– Il a eu de la chance.
– Trois fois ? Et la flèche dans ton épaule : on dirait qu’elle a sectionné l’artère sous-clavière. Et si celle de la cuisse sectionne l’artère fémorale, tu seras mort dans trente-cinq secondes.
– D’autres bonnes nouvelles ?
– Mais de toute façon, tes poumons vont se remplir et tu vas te noyer dans ton sang.
– T’es quoi ? Un genre de docteur ?
– Oui. Et j’ai besoin de ton aide pour tuer Batman.
– Cooooool… (en s’effondrant)

[À propos]
Publiée en France dans le magazine Batman #01 (Peur sur Gotham) en avril 2006 chez Panini Comics, jusqu’au Batman #05 (Le Garde du Corps (2)) en juillet 2006
Titre original : Pushback
Scénario : A. J. Lieberman
Dessin : Al Barrionuevo, (et Javier Pina (chap. 4
Encrage : Francis Portela
Couleurs : Brad Anderson
Lettrage : Vianney Jalin
Traduction : Sophie Viévard
Première publication originale dans Batman : Gotham Knight 50 à 55, de mai à septembre 2004