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Batman : Terre-Un (tome 03)

Enfin ! Après huit ans et demi d’attente, le troisième et dernier volume de la série Batman Terre-Un, initiée par le scénariste Geoff Johns et le dessinateur Gary Frank, sera en vente à partir du 4 mars 2022. Rappelons que la gamme Terre-Un (Earth One en VO) est composée de récit elseworld (monde parrallèle) en marge de la continuité dite « classique », c’est-à-dire une revisitation des univers des héros de DC Comics (Superman, Green Lantern et Wonder Woman y ont droit aussi – cf. fin d’article) qui ne nécessite aucun pré-requis pour se plonger dedans. Mais attention, les différences avec la mythologie « officielle » de chaque justicier y sont légion, à commencer par celle du Chevalier Noir bien sûr. Rappel des tomes précédents et critique de cette conclusion tant attendue.

[Contexte : rappel des deux premiers volets]

Le premier tome, sorti en août 2013 chez nous, nous présentait un Bruce Wayne impulsif faisant ses premiers pas en tant que Batman inexpérimenté, violent, arrogant voire antipathique. Vaguement épaulé par un Alfred ancien militaire, Bruce/Batman tentait de résoudre le mystère de la mort de ses parents. Est-ce le maire Copplebot qui l’avait commanditée pour ne pas avoir d’opposant à la réélection municipale ? De son côté Gordon se rachetait une conduite en arrêtant de fermer les yeux sur des délits mineurs et stoppant nette la corruption qui gangrenait son service. Il avait embarqué la pétillante star de la télévision (!) Harvey Bullock bon gré mal gré dans sa croisade. Ce dernier, découvrant l’horreur absolu d’un tueur en série de jeunes filles tomba alors en dépression et dans l’alcoolisme.

La critique est toujours disponible sur le site (elle aurait peut-être besoin d’être remaniée/réécrite vu l’époque de sa mise en ligne…). Mais, en synthèse, nous avions droit aux fondations communes du Chevalier Noir sous un nouvel enrobage über réaliste et violent. Un univers familier donc, mais paradoxalement différent. Une réussite en tous points. En le relisant en 2022, on ne peut s’empêcher d’imaginer qu’il a nourri l’inspiration des scénaristes du film The Batman, du moins pas rapport aux premières images dévoilées (même si les auteurs ont évoqué sept autres comics comme matrice de leur long-métrage).

Le second volume, proposée en février 2016, prolongeait évidemment le récit de ce « nouveau » Batman. Encore à ses débuts, il doit cette fois faire face à plusieurs menaces. Tout d’abord un mystérieux homme crocodile vivant dans les égouts (Killer Croc donc – in fine ni un ennemi, ni une brute sanguinaire, presque un allié !), ensuite Harvey Dent, colérique et ayant Wayne dans le viseur (c’est finalement sa sœur, Jessica – la maire de Gotham et flirt de Bruce – qui pourrait muter en Double-Face, son frère étant à priori mort !) et enfin le Sphinx. Un terroriste énigmatique tuant plusieurs personnes (pour n’en cibler en réalité qu’une parmi ces foules) et mettant à rude épreuve le Chevalier Noir. Celui-ci peut toujours compter sur l’aide de Gordon, tous deux établissent bien vite une coopération mutuelle, apprenant l’un de l’autre efficacement. Alfred est toujours de la partie, alternant les sages conseils et la virulence (verbale et physique) nécessaire à la quête de son protégé. Bullock en retrait restait profondément empathique, Barbara était simplement évoquée (alors qu’elle croquait son costume de Batgirl à la fin du tome précédent – donc on s’attendait à la voir), Lucius Fox s’occupe des gadgets et équipement de Betman et Catwoman croisée dans un appartement (sans savoir qu’il s’agissait d’elle dans un premier temps – elle devrait en toute logique figurer dans le troisième livre).

Là aussi, la critique complète est en ligne pour ce second volume tout aussi excellent que le premier, si ce n’est davantage ! Une course contre la montre effrénée, brutale et intelligente. Clairement un sans-faute qui continue de nourrir cette itération maline du Dark Knight sous des traits réalistes et sans concession. Une fois de plus, la série est accessible à n’importe qui et propose de solides bases qui mérite un enrichissement brillant et une conclusion à la hauteur. C’est la promesse du troisième et dernier tome, en vente dès mars 2022. Découverte.

[Résumé de l’éditeur]
Après la mort de son frère, le nouveau maire de Gotham, Jessica Dent se remet de ses blessures et est décidée à faire de la ville un endroit à nouveau sûr. De son côté, Batman continue sa croisade contre le crime, s’associant avec de nouveaux alliés surprenants comme Killer Croc ou une voleuse d’exception : Catwoman !

« Dans ce troisième volet de leur relecture moderne et réaliste de la légende de Batman, Geoff Johns et Gary Frank replongent l’apprenti justicer dans les complexités de la politique urbaine et les tréfonds de l’âme humaine. L’héritier de deux lignées, les Wayne e les Arkham, devrai faire face à la folie et aux fantômes du passé… »

[Histoire]
Un mois après la mort de Harvey Dent (voir fin du tome 2), Bruce, Alfred et Waylon (Killer Croc – au courant de l’identité de Batman donc) creusent des tunnels dans les égouts de Gotham, surnommés le Labyrinthe d’Arkham, afin de trouver un espace suffisamment grand pour cacher « la voiture » (la Batmobile, créée par Lucius Fox et ses ingénieurs) et une base d’opérations (la Batcave).

De son côté, Jessica Dent se remet de sa blessure au visage et reprend ses fonctions de maire, épaulée par Bruce. La ville est moins dangereuse depuis que la police, emmenée par Gordon, est moins corrompue et que le Batman combat l’injustice. Mais quand Adrian Arkham, homme fou à la rue est retrouvé dans un asile abandonné, Bruce Wayne est dépassé : il s’agit de son grand-père, normalement mort !

Dans l’ombre, les gangs de la ville obéissent à une mystérieuse personne qui va commanditer une guerre civile. Heureusement, le Chevalier Noir peut compter sur ses outsiders, rejoints par Catwoman.

[Critique]
Drôle de « conclusion ». Le livre s’achève sur une fin ouverte (sans surprise) qui frustre par ce qu’elle montre tant cela donne envie de prolonger à nouveau cet univers de Terre-Un ! Néanmoins, tout ce qui précède cet aboutissement comporte son lot de qualités et de défauts. La bonne surprise réside dans l’alliance inattendue avec Waylon qui fonctionne à merveille, surtout ses échanges avec Alfred. L’altruisme de Bruce, envers Jessica, envers Gotham City, envers ses ennemis… parsème le récit, couplé à de nombreux plans sur les yeux (déjà dans le deuxième tome), accentuant avec sincérité cette humanité (et parfois avec une pointe d’émotions). Le rythme est toujours aussi haletant, cette impression de course contre la montre effrénée dont on distingue mal de prime abord tous les enjeux.

La faute à de multiples intrigues plus ou moins bien narrées. D’un côté les mystères autour de Jessica Dent, avec des rebondissements plus ou moins prévisibles mais qui restent intéressants. D’un autre la dimension un peu étrange avec le grand-père de Bruce, évoquant une malédiction de trois siècles sur sa famille – ce qui n’est pas sans rappeler Curse of the White Knight et donc un élément qui s’insère moyennement dans cette itération de Batman, profondément encrée dans le « réel » et l’urbain. Heureusement Geoff Johns rattrape brillamment ces égarements sur ce sujet avec une pirouette scénaristique plutôt habile bien qu’un peu tardive et « facile ». Au moins, le mystère autour de la mort de la mère de Martha Wayne (donc la grand-mère de Bruce) est levé ; il était abordé dès le premier tome.

Du reste, on suit tout de même avec un certain plaisir l’évolution de Bruce et de Batman. Catwoman est à la fois proche de l’ADN du personnage mais éloignée par son costume un peu ridicule. Ce troisième volume est aucun doute le moins bon des trois mais ça ne veut pas dire qu’il est mauvais. Un peu mitigé à la lecture il est vrai, surtout après les deux excellents précédents tomes qui avaient placé la barre très haut. Néanmoins, en enchaînant les trois titres, on apprécie la cohérence globale de l’œuvre (une intégrale pourrait voir le jour dans quelques années tant l’ensemble s’enchaîne brillamment et sur une courte durée). À défaut d’un scénario de Geoff Johns plus haletant, on apprécie les traits de Gary Frank, très en forme. Les deux artistes venaient d’achever l’immense Doomsday Clock et Johns une foule de projets divers (cf. le récapitulatif de Trois Jokers qu’il a écrit aussi), retardant cette troisième salve de Batman : Terre-Un.

Gary Frank est une fois de plus entouré de Jon Sibal à l’encrage et Brad Anderson à la colorisation, conférant une fois de plus des planches somptueuses lors des pleines pages et toujours un travail de l’ombre particulièrement soigné (voir les nombreuses images en fin de critique). Des traits toujours réalistes, épousant la volonté d’une série d’être « plausible » dans notre propre monde. Graphiquement, il y a peu à redire et ceux qui ont aimé les deux premiers tomes n’ont pas de raison de faire l’impasse sur ce dernier, même s’il lui manque un côté plus épique ou avec des ennemis plus « célèbres » pour terminer en beauté… Ces « nouvelles origines » ont été séduisantes et sont particulièrement accessibles, c’est une série qu’on conseille donc et qui faisait déjà partie des coups de cœur du site dès son premier tome (on inclut volontiers le second dans la sélection).

On notera également que le 8 juin prochain, dans sa nouvelle opération estivale, entièrement dédiée au Chevalier Noir (article à venir), Urban proposera le premier tome de Terre-Un pour 4,90€ seulement ! De quoi lire l’intégralité de la série pour 36,90€ au lieu de 48€ (si avoir une collection dépareillée ne vous dérange pas, bien entendu).

La gamme Terre-Un/Earth One touche d’autres super-héros de DC Comics. Accessible, originale et souvent signée par des artistes de renom, elle est bien sûr recommandée. En France, on peut lire les deux tomes sur Superman, les deux sur Wonder Woman, les deux sur Green Lantern et les trois sur Batman bien sûr. Deux sur les Teen Titans existent en anglais. Aquaman et Flash n’ont pas encore eu l’honneur d’apparaître dans cet univers mais c’est normalement en cours de réalisation.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 4 mars 2022.

Scénario : Geoff Johns
Dessin : Gary Frank
Encrage : Jonathan Sibal
Couleur : Brad Anderson

Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : Sabine Maddin et Stephan Boschat (Studio Makma)

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Batman : Terre-Un (tome 02)

Deux ans et demi après la publication de l’excellent premier volume, la suite des aventures d’un « Batman alternatif » (sur Terre-Un) est enfin disponible en France. Il est évidemment nécessaire d’avoir lu le tome précédent, d’autant plus qu’il est très accessible pour de nouveaux lecteurs. Si vous n’avez pas le temps de le relire, un long résumé introduit l’ouvrage.

Terre Un Batman

[Histoire]
Six mois après la mort d’Oswald Copplebot, l’ancien maire de Gotham City, Jessica Dent lui a succédé. La sœur jumelle du procureur Harvey Dent est une ancienne petite amie de Bruce Wayne. La mort du « Pingouin » est imputée à Batman, un récent et mystérieux justicier qui symbolise davantage la peur et l’effroi, plutôt que l’espoir et la sécurité.

Dans la ville, un mystérieux « croco-tueur » assassinerait des personnes dans les égouts et un terroriste surnommé le Sphinx piège des citoyens et les tuent s’ils ne répondent pas correctement à ses énigmes. Gordon est bien déterminé à enquêter sur tout cela et sait qu’il peut compter sur ce nouveau Chevalier Noir qui sévit, même s’il est encore un piètre détective, et sur Harvey Bullock, qui noie toujours une bonne partie de ses angoisses dans l’alcool.

Batman Killer Croc[Résumé]
Ces « origines revisitées » sont toujours de grande qualité et permettent de découvrir, en plus d’une version parfois altérée des personnages, une époque finalement devenue « rare » avec un Batman travaillant en solo (comprendre : sans Robin, Batgirl ou d’autres alliés super-héroïques). Ce second volume continue de montrer les premiers pas d’un Caped Crusader encore inexpérimenté, bien trop impulsif et sans talent d’enquêteur. Mais Alfred et Gordon, l’encouragent et le perfectionnent.

Désormais habitué à la nouvelle « version » d’Alfred, on constate moins de « surprises » résolument originales dans l’ouvrage : le Sphinx ressemble à ses dernières moutures modernes, Harvey Dent est un procureur déjà colérique (Double-Face interviendra très certainement dans le prochain tome), Gordon devient incorruptible, le Chevalier Noir s’améliore à tous point de vue (la Batmobile ne tardera pas à pointer le bout de son nez, on ne serait pas étonné non plus que l’homme endosse une armure au lieu de conserver son simple costume en tissu). Bref, nous arrivons, lentement mais sûrement, vers un statu quo déjà plus commun, plus familier.

Batman Terre Un Riddler SphinxMais tout ceci n’est absolument pas un défaut. Bien au contraire, on navigue dans un univers que l’on connaît déjà un peu plus, mais toujours avec grand plaisir. Un temps fort de ce second tome est l’épisode consacré à Killer Croc, alias Waylon Jones. Pour une fois, l’homme-crocodile est extrêmement humanisé et sa maladie de peau, l’ichtyose, un peu mise en avant. Il a ainsi l’apparence de ses premières apparitions dans les comics de Batman (en 1983). Cela contribue, à nouveau, à rendre l’ensemble de la bande dessinée très « plausible et crédible ». Une sensation accrue par la faillibilité du Chevalier Noir, aussi bien dans ses choix que dans ses équipements (encore une fois : son costume et son masque, tous deux finalement « simplistes », renforcent cet aspect). Les nombreux plans sur les yeux bleus de Bruce Wayne et, logique, de Batman, soignent aussi ce côté réaliste et très humain. De son côté, le Sphinx reste énigmatique, sa nature même, tout le long du récit et n’apparaît physiquement que vers la fin. Même s’il parsème ses énigmes dès le début et que ses menaces interviennent régulièrement, cet homme-mystère n’est finalement et malheureusement pas très développé.

Batman Blue EyesGary Frank dessine à nouveau cet opus, son trait réaliste et la colorisation aux teintes alternant les tons chauds et froids (tout simplement pour les séquences en intérieur/extérieur et jour/nuit) confèrent une luminosité hors-pair et définissent à merveille cet univers Terre-Un dont un troisième et dernier tome est prévu. On peut supposer, sans trop prendre de risques, que l’ultime volet montrera Double-Face (sous une forme inhabituelle) et Catwoman (Selyna Kyle faisant partie du casting surprise de cet ouvrage), et très certainement Batgirl puisqu’on voyait Barbara Gordon dessiner son costume à la fin du premier épisode et qu’elle n’est pas apparue cette fois-ci. Notons les clins d’œil éphémère à la mère de Jonathan Crane (l’Épouvantail), au père de Tim Drake (le troisième Robin) et au père de Black Lightning (super-héros DC Comics peu connu du grand public), ainsi qu’à Sal Maroni et le duo de flics Montoya et Allen (déjà figurants dans le premier). À lire absolument.

Batman Terre Un Alfred[À propos]
Publiée en France chez Urban Comics le 26 février 2016.
Titre original : Batman Earth-One
Scénario : Geoff Johns
Dessin : Gary Frank
Encrage : Jonathan Sibal
Couleur : Brad Anderson
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Alex Nikolavitch
Première publication originale le 6 mai 2015.

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Batman : Terre-Un (tome 02)
Batman : Terre-Un (tome 01)

Batman Terre Un

Batman : Terre-Un (tome 01)

Revisitant les origines des super-héros DC, le label Terre-Un permet de redonner un nouveau souffle au passé de Bruce Wayne et aux personnages gravitant dans Gotham City. Ce premier tome peut se lire comme un one-shot, il n’y a pas de suite directe pour l’instant. Le second volet (sur trois prévus) est disponible depuis février 2016, lien vers la critique en bas de cet article.

Batman Terre Un Couverture[Histoire]
Martha et Thomas Wayne organisent une réception et accueillent pour l’occasion un ancien frère d’armes de Thomas : Alfred, qui lui avait sauvé la vie lors d’une opération militaire. Alfred est embauché pour assurer la sécurité de la famille Wayne, car Thomas est candidat à l’élection municipale face à Oswald Cobblebot (alias Le Pingouin). Excepté ce premier soir, ce soir où le petit Bruce et ses parents se rendent au cinéma. En sortant de la salle, suite à une coupure de courant, Thomas et Martha seront assassinés sous les yeux de leur fils.

Le jeune Bruce, furieux et criant à la vengeance (et non la justice) deviendra Batman quelques temps plus tard, fonçant dans le tas, à la recherche du policier corrompu susceptible d’avoir des informations sur l’homicide de ses parents. Un homme chauve-souris se déplaçant en voiture, ne pouvant se fier à ses gadgets, perdant son sang-froid rapidement, etc. Alfred a été désigné comme son tuteur légal (et non majordome), il épaule comme il le peut le fils de son ancien ami, allant même jusqu’à le combattre.

Du côté de la police, Gordon, dont l’épouse a été tuée, essaie tant bien que mal de garder un œil sur sa fille, Barbara, tout en étant corrompu et menacé par les malfrats. Il a pour nouvel assistant Harvey Bullock, fraîchement débarqué dans la ville, star d’une émission télévisée, sourire aux lèvres, plein d’espoir et d’audace.

Ces destins se bousculent dans la sombre ville de Gotham City et une légende naît peu à peu, au fil des nuits…

Batman Terre-Un[Critique]
Audacieux, original et brillant ! Ce sont les premiers mots qui viennent à l’esprit une fois ce Batman : Terre-Un lu. Les origines du Dark Knight sont déjà connues, à travers Année Un de Frank Miller, notamment, et par les divers supports artistiques les ayant narrées. En quoi celles-ci sont-elles différentes ? Tout d’abord, elle se déroulent dans un univers alternatif (la fameuse Terre-Un), une facilité scénaristique permettant de remettre les compteurs à zéro et créer une nouvelle mythologie « illimitée ». Superman y a eu droit aussi (en trois tomes), Wonder Woman n’y échappera pas non plus (dès avril 2016, par Grant Morrison et Yannick Paquette).

De nombreuses différences sont notables, entre l’univers déjà connu et celui-ci, et sont de préférence à découvrir par soi-même plutôt que de les lire avant ; mais deux sortent vraiment du lot. Il s’agit des personnages d’Alfred et de Bullock, non seulement ils sont méconnaissables physiquement mais aussi « psychologiquement ». Même si Alfred a son côté protecteur/altruiste, c’est avant tout un ancien soldat, blessé par les ravages de la guerre. Il tient tête à un Bruce Wayne impulsif et lui conseille même d’utiliser une arme à feu pour sa croisade de vengeance (Alfred n’hésitera pas à tuer un adversaire d’ailleurs) ! Le cas de Bullock est sensiblement différent car le chemin qu’il parcourt durant le volume l’amènera à devenir celui qu’on connaît désormais : un névrosé alcoolique passablement obèse. Néanmoins l’histoire se focalise autant sur eux deux, si ce n’est plus, que sur Bruce Wayne. Et ce n’est pas plus mal.

Batman Terre Un Gordon BullockLe milliardaire de Gotham est évidemment ici très jeune, peu entraîné et impulsif. Ce côté immature contraste donc avec le Batman très méthodique, détective, qu’il sera plus tard. Ce jeune Dark Knight rappelle cependant ce qui a été inauguré dans le chapitre zéro de la série Batman actuelle, scénarisée par Scott Snyder (La Cour des Hiboux…). On aurait presque pu prendre ce Terre-Un comme le nouveau point de départ du relaunch DC.

Geoff Johns réécrit donc un mythe à sa sauce, avec des personnages revisités (citons aussi Harvey Dent, qui est ici accompagnée de Jessica sa… sœur jumelle !), un pari risqué mais qu’il réussit haut la main. L’intrigue principale en elle-même est peu originale (vengeance, enquête et action, sans réelles surprises), mais le parcours effectué par tout le monde vaut le détour et pose de solides bases pour de futurs albums ! Ceux-ci (trois sont prévus, le second sort en France en mars 2016) évoqueront très certainement le Sphinx, Batgirl et Jessica Dent.

Graphiquement, Gary Frank maîtrise totalement son pinceau, ses planches sont très réalistes (tout est clairement « plausible et crédible » si cela se déroulait dans notre monde, personne n’est immortel, tout est faillible) et le découpage très efficace. Cette bande dessinée, à lire d’une traite, peut être lue par des non-connaisseurs de Batman, tout le monde y trouvera donc son compte. Attention toutefois, pour les puristes qui n’aiment pas les changements et bouleversements d’un univers qu’ils connaissent bien, cette Terre-Un risque de vous décontenancer. Pour les autres, c’est à se procurer les yeux fermés.

Critique du second tome.

Batman Terre Un Bruce Alfred[À propos]
Publiée en France chez Urban Comics le 30 août 2013.
Titre original : Batman Earth-One
Scénario : Geoff Johns
Dessin : Gary Frank
Encrage : Jonathan Sibal
Couleur : Brad Anderson
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Alex Nikolavitch
Première publication originale le 10 juillet 2012.

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: Batman | Terre-Un – Tome 01

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