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Injustice 2 – Histoire complète du jeu vidéo

À l’instar du premier jeu vidéo Injustice, les évènements qui se déroulent dans Injustice 2 (le jeu) n’existent étonnamment pas en comics. C’était l’un des points faibles du second opus, un mode histoire  court et un peu frustrant (il existe deux fins qui n’ont pas de suites – ni en jeux vidéo, ni en comics – à défaut d’avoir un jour un Injustice 3 mais les probabilités sont assez faibles). Par ailleurs, le récit occultait des explications bienvenues (le retour de Black Canary, Green Arrow, Wonder Woman et Hal Jordan, la montée en puissance de Gorilla Grood, Supergirl avec Black Adam, etc.), faisant des comics d’Injustice 2 une lecture quasiment indispensable pour bien « comprendre » comment l’univers en était arrivé là.

Bref, une fois la lecture d’Injustice 2 terminée, le lecteur voudra forcément savoir ce qu’il se passe. Comme pour l’opus précédent, il existe plusieurs façons de le savoir. Simplement jouer au jeu vidéo (comptez une poignée d’heures, à peine cinq…), regarder des cinématiques complètes sur YouTube (celle-ci de 2h50 par exemple) ou bien lire le résumé détaillé sur Wikipédia. C’est ce dernier, remanié et augmenté, qui est proposé ci-après. À noter qu’Injustice 2 se divise en douze chapitres, le dernier pouvant être joué du point de vue de Batman ou de Superman, ouvrant sur deux fins radicalement différentes.

Prologue

Des années auparavant sur Krypton, Kara Zor-El, adolescente, assiste impuissante à l’invasion de sa planète par des androïdes et l’extraction des villes par un énorme vaisseau spatial. Sa mère se sacrifie pour qu’elle fuie la planète avant sa destruction, en même temps que Kal-El, alors nourrisson. Les deux navettes quittent Krypton en même temps, mais l’explosion de la planète endommage la navette de Kara, qui dérive dans l’espace…

Chapitre 1. La chute d’un Dieu (Batman)

Il s’agit d’une séquence se déroulant au tout début d’Injustice du point de vue de Batman et Damian Wayne. L’on assiste au moment où Damian décide de rejoindre Superman.

Chapitre 2. La femme qui rit (Harley Quinn)
& Chapitre 3. La cité des gorilles (Green Arrow et Black Canary)

Cinq ans après la défaite de Superman, Batman et ses alliés tentent depuis de réparer les dégâts causés par le Régime de Superman. Cependant, une nouvelle faction ennemie émerge : la Société, composée de super-vilains dirigés par Gorilla Grodd, qui cherche à combler le vide laissé par Superman. Ayant perdu de nombreux alliés, tués ou corrompus par le Régime, Batman est contraint de monter une nouvelle équipe pour y faire face. Il envoie Black Canary, un Green Arrow d’une Terre alternative (l’original ayant été tué par Superman avant les événements de Injustice), et Harley Quinn pour les combattre à Gorilla City, où le Doctor Fate prévient Arrow et Canary d’une nouvelle menace s’approchant de la Terre.

Après avoir vaincu Grodd, le couple est enlevé par Brainiac, le véritable cerveau derrière la Société. Après avoir collecté et détruit Krypton plusieurs années auparavant, il avait dans l’intention de récupérer Superman, le survivant kryptonien, mais a nourri le nouvel intérêt d’ajouter la Terre à sa collection. Alors que Brainiac prend le contrôle de l’Œil, le système de télécommunication planétaire de Batman, ce dernier cherche d’autres alliés pour le combattre, mais refuse l’aide de Superman, enfermé dans sa prison irradiée de rayons solaires rouges.

Chapitre 4. Invasion ! (Flash)
& Chapitre 5. En eaux troubles (Green Lantern)

Catwoman, l’agent double de Batman dans la Société, libère Harley et les deux fuient Gorilla City. Flash et Hal Jordan (redevenu Green Lantern) tous deux en quête de rédemption, se retrouvent et se rallient à Batman, qui envoie Green Lantern à Atlantis pour quérir le soutien d’Aquaman. Ce dernier refuse de prime abord, mais finit par accepter après que Brainiac a attaqué son royaume par le biais d’Atrocitus.

Chapitre 6. L’attaque de l’île Stryker (Blue Beetle et Firestorm)

Pendant ce temps, Black Adam et Wonder Woman, cachés à Kahndaq, s’occupent de Kara, alias Supergirl, récemment arrivée sur Terre, et travaillent secrètement à restaurer le Régime. Lorsqu’ils voient les forces armées de Brainiac attaquer la planète, ils tentent une percée dans la prison de Superman, puis affrontent Firestorm et Blue Beetle pour le libérer. Batman, comprenant qu’il ne peut combattre Brainiac sans aide, décide alors de libérer Superman, et une trêve est établie le temps d’éliminer la menace.

Chapitre 7. Entrée par effraction (Cyborg et Catwoman)

Cyborg, Catwoman et Harley Quinn retournent à la Batcave pour reprendre le contrôle de l’Œil (affrontant Poison Ivy, Bane et Grid au passage) et ainsi coordonner les opérations de secours aux civils.

Chapitre 8. La Déesse de la guerre (Wonder Woman)
& Chapitre 9. Le dernier espoir de Krypton (Supergirl)

Wonder Woman emmène Supergirl à Metropolis, et dévie ouvertement du plan de Batman. Lorsqu’elle est sur le point de tuer Cheetah et Harley Quinn, Supergirl l’arrête, puis se dirige vers la Forteresse de Solitude pour confronter Superman sur les actions de Diana, et apprend la vérité sur le régime de terreur instauré par son cousin. Après avoir collecté plusieurs villes autour du globe, Brainiac décide alors de détruire la planète. L’alliance tente de détruire le vaisseau-mère de Brainiac, mais ses boucliers défont aisément les héros, incapacitant même les deux Kryptoniens, et le vaisseau semble désintégrer Superman dans un énorme rayon chargé. Après l’ultimatum laissé par Brainiac (lui remettre Supergirl ou détruire la planète dans une heure), l’alliance concocte un plan pour affaiblir le vaisseau-mère en utilisant le trident d’Aquaman pour canaliser la foudre magique du Rocher d’Éternité.

Chapitre 10. Les trois rois (Aquaman et Black Adam)

À Kahndaq, Gorilla Grodd s’attaque à Black Adam et Aquaman avec Canary, Arrow et Blue Beetle sous son contrôle mental, mais est finalement tué par Aquaman. Le duo réussit à affaiblir suffisamment le vaisseau pour permettre à Batman et Supergirl d’y pénétrer. Les deux sont capturés, mais Batman est sauvé par Superman, qui n’avait été que téléporté dans le vaisseau-mère.

Chapitre 11. Les meilleurs des meilleurs (Batman et Superman)

Les deux amis d’autrefois s’allient et affrontent successivement Firestorm et Swamp Thing manipulés mentalement, puis un Dr Fate soumis à Brainiac par les Seigneurs de l’Ordre. Ce dernier est vaincu et son casque est brisé, annulant l’influence des Seigneurs. Il est tué quelques instants plus tard par un tentacule de Brainiac, qui sera difficilement maîtrisé par le duo de justiciers. Superman décide de prendre le contrôle mental du vaisseau pour l’empêcher de détruire la planète et restaurer les villes extraites. Il parvient à en restaurer la majorité, mais à cause des dégâts du vaisseau, Metropolis et Coast City semblent définitivement perdues.

La fragile trêve prend fin au moment de déterminer le sort à réserver à Brainiac : Batman, Flash, Green Lantern et Supergirl veulent l’épargner pour restaurer toutes les villes, mais Superman, Wonder Woman, Black Adam et Aquaman veulent éliminer définitivement la menace et prendre le contrôle de la technologie du vaisseau pour asseoir le pouvoir du Régime. Alors que la situation est extrêmement tendue, Batman attaque Superman avec une lame de kryptonite dorée, et une bagarre générale éclate. Batman et Superman battent aisément les alliés de leurs camps ennemis respectifs avant de s’affronter une bonne fois pour toutes dans la Batcave. L’issue du combat final change en fonction du choix du joueur quant au camp à rallier.

  • Chapitre 12. La justice absolue (Batman)
    Si le joueur choisit le camp de Batman, ce dernier affronte et vainc Aquaman, Black Adam et Wonder Woman. Lors de la confrontation finale, il bat Superman, le maîtrise avec des menottes en kryptonite et le bannit dans la Zone Fantôme. Batman décide alors de créer une nouvelle Ligue des Justiciers avec ses alliés, et offre une place de choix à Supergirl.
  • Chapitre 12. Le pouvoir absolu (Superman)
    Si le joueur choisit le camp de Superman, ce dernier affronte Green Lantern, Flash et Supergirl, puis Batman équipé d’une armure de kryptonite verte, et le bat. Il tue Brainiac, se lie mentalement à son vaisseau et entreprend de rétablir le Régime sur Terre avec l’aide des prisonniers de Brainiac. Il offre à Supergirl, enfermée dans son ancienne prison, une chance de rejoindre ses rangs, lui annonçant avoir restauré les villes manquantes ainsi que la paix globale. Alors qu’elle refuse en bloc, Superman lui présente Batman, contrôlé mentalement et lui dit qu’elle se rangera de son côté, d’une manière ou d’une autre.

Injustice 2 – Intégrale 3

Dernier tome d’Injustice 2 qui poursuit le très bon travail des deux intégrales précédentes (volume 1 et volume 2) et achève la grande saga Injustice (à l’exception de la suite de l’histoire dans le jeu vidéo bien sûr et deux volumes un peu à part – cf. index).

[Résumé de l’éditeur]
Condamné sur une planète prison par les Gardiens d’Oa, Hal Jordan finit par accepter sa part de responsabilité dans le régime du tyran Superman. Alors qu’il est hanté par des visions du passé et malmené par sa gardienne, Soranik, l’ancien Green Lantern se voit assigné son éternel ennemi – Sinestro – comme compagnon de cellule. Mais la prison est la cible d’Atrocitus et de son redouté Corps des Red Lantern

[Début de l’histoire]
Supergirl et Blue Beetle se retrouvent sur la Lune tandis que le camp de Batman et celui (partiel) de Wonder Woman et Black Adam sont en Inde suite à l’attaque d’Amazo (cf. tome précédent). Les deux groupes mettent leur différends de côté afin de sauver le plus de monde possible.

Du côté de Ra’s al Ghul, sa fille Talia vient à la rescousse de ses deux enfants : Athanasia et Damian, ce dernier emprisonné pour trahison.

Au Manoir Wayne, Alfred et Selina reçoivent une visite inattendue…

[Critique]
Dernier volume pour Injustice 2 qui, comme pour la dernière intégrale de la première série d’Injustice laisse un peu sur sa faim… Forcément, ce qu’il se déroule ensuite est à découvrir dans le jeu vidéo éponyme et non en bandes dessinées. De quoi être frustré de ne pas avoir la suite et conclusion de cet univers. C’est aussi le tome le plus paradoxal : il offre d’excellents moments d’intimité et de justesse (les dialogues entre Blue Beetle et Booster Gold, Clark et Bruce, Alfred et Athanasia – on y reviendra – ainsi qu’avec Bruce, les parents de Clark Kent à plusieurs reprises avec différents personnages : Jon, Clark, Bruce…) mais aussi des pans cosmiques, démesurés voire ubuesques qui font perdre un temps précieux.

L’opus se divise en trois parties. La première se déroule surtout au Manoir Wayne avec différents évènements qu’on ne dévoilera pas et qui auront une suite en fin de tome (avec une nouvelle frustration : quid d’Alfred ? Où peut-on lire ce qu’il va faire ensuite ? On ne le saura probablement jamais…). On en apprend en revanche davantage sur Athanasia, l’autre fille de Bruce (et donc la sœur de Damian) ! Apparue de façon soudaine (voire inexpliquée), elle prend un peu plus d’importance ici. L’on perçoit que c’est Ghul qui l’a prise sous son aile mais sans trop savoir pourquoi ni comment (et malheureusement elle sera absente du jeu vidéo, cela fait donc un second « pétard mouillé », pourquoi ne pas sortir une série sur Alfred et Athanasia vu leur destin commun dans l’ouvrage ?!).

La deuxième partie du livre (la plus grande, environ huit chapitres sur douze, hors annual) se concentre presque exclusivement au parcours d’Hal Jordan. Un chemin de rédemption très intéressant pour un des grands absents de cette seconde saga (le précédent volume ramenait Wonder Woman, au tour de Green Lantern et Sinestro) ! L’occasion pour Tom Taylor de convoquer quelques têtes inédites dont Starro le conquérant, Brainiac (le grand ennemi du jeu vidéo Injustice 2, parfaitement amené ici) et quelques retours amusants (Lobo notamment) ainsi que les Teen Titans. L’auteur continue d’explorer les filiations, après les Ghul, c’est Soranik, fille de Sinestro, qui a aussi une part importante du récit. Si l’ensemble est passionnant bien qu’un peu balisé, il s’étale malheureusement inutilement au détriment des actions et de l’évolution sur la Terre (Unie).

Justement, la troisième et dernière partie se recentre sur cette Terre et montre la dominance croissante de Gorilla Grood à la cité des singes en parallèle des évènements divers liés à Ra’s al Ghul. De quoi être préparé pile pour le jeu vidéo. C’est à la fois le point fort et le point faible de l’œuvre, elle introduit merveilleusement bien le jeu (et accentue le plaisir quand on y joue après avoir lu tout ceci) mais peine à s’auto-contenir, au risque de frustrer et décevoir. Par ailleurs, Injustice 2 en comics est une lecture presque indispensable tant l’histoire du jeu n’expliquait pas plusieurs éléments cruciaux (l’ascension de Grood notamment, le retour de Black Canary et Green Arrow – pourtant décédés –, Wonder Woman, Hal Jordan, Supergirl avec Black Adam, etc.).

Pour information/rappel : le jeu s’ouvre sur la destruction de Krypton et le sauvetage de Kara (comme dans le premier tome) mais ensuite on ne sait pas pourquoi elle se retrouve avec Black Adam et Wonder Woman (ce qui était montré et expliqué dans la seconde intégrale), faisant donc d’Injustice 2 (la série de comics), un complément majeur du jeu. Il s’avère évidemment très plaisant d’y jouer après après avoir tout lu. Le jeu vidéo se poursuit avec un autre flash-back, inédit cette fois, se déroulant dans les débuts d’Injustice du point de vue de Batman et Damian avant de « réellement » revenir à la transition entre fin de cette troisième intégrale et sa suite directe (inédite en comics et uniquement dans le jeu donc – à découvrir dans cet article si jamais).

Mais revenons à ce dernier opus. Autre point dommageable : quelques personnages cultes sont absents de toute la série. Pas une seule fois Cyborg n’est mentionné ! On ne sait pas du tout où il est (en prison en toute logique) ni ce qui lui arrive. Idem pour Batwoman. Les deux furent pourtant très présents lors de la première saga. Aquaman survient juste à la fin dans un rôle très mineur alors que sa perception des choses aurait probablement été intéressante, dans sa gestion géopolitique et marine. De la même manière, Firestorm n’apparaît pas du tout alors qu’il occupera tout un chapitre dans le jeu.

Si Injustice et Injustice 2 ont toujours su savamment doser l’humour, l’étonnante relation entre Killer Croc et Orca (Grace Belin), une femme orque, prend un peu trop de place également (carrément un épisode dédié à leur mariage !). Si cela détonne et amuse, c’est étrangement touchant. Hélas, là aussi on peut déplorer une précieuse utilisation des planches au détriment d’autres protagonistes : Cyborg ou Batwoman comme déjà cités, ou encore Flash et sa culpabilité (évoquée rapidement mais si brillamment dans le volet précédent).

On aurait aussi aimé voir davantage Jefferson Pierce (Black Lightning) en Président des États-Unis (absent du jeu en civil (dans les cinématiques) ou en héros (jouable au combat) – sauf en skin optionnel d’un personnage lui-même optionnel/payant, Raiden de Mortal Kombatsic !). La dimension politique états-unienne ou à échelle terrestre aurait été palpitante après ses prémices en début d’Injustice 2 (on ne revoit d’ailleurs pas du tout Aqualad, un comble !). Idem, le point de vue de quelques antagonistes venant d’Arkham, par exemple, aurait probablement été pertinente. On pense à Poison Ivy, Bane et L’Épouvantail notamment, car tous trois sont jouables dans le jeu. Pour Ivy, son arc est cohérent car il poursuit ce qu’on voit s’instaurer dans les comics d’Injustice 2. En revanche, les deux autres étaient quasiment inexistants dans la bande dessinée mais s’intègrent efficacement dans l’histoire du jeu complet.

En somme, cette troisième et dernière intégrale n’est pas inintéressante ni déplaisante mais un peu décevante. Faute de s’attarder sur des éléments moins importants que d’autres qu’on jugé plus pertinents dans le cadre de l’entièreté de la saga et, donc, du jeu vidéo qui poursuit et conclut (moyennement bien – cf. le résumé complet) cette seconde histoire. Cadenassée à cet autre médium, il est peut-être délicat pour les gamers non connaisseurs des comics de mieux comprendre ce qui se déroule durant le jeu (mais ceci n’est pas une critique négative de la bande dessinée pour autant, au contraire). La conclusion, même ouverte, est un très beau moment d’écriture et de « justesse », émouvant et parfait.

Côté dessins, tout l’album est plutôt solide, bien aidé par « seulement » trois artistes (et non une dizaine comme le volet précédent), à savoir Daniel Sempere, Bruno Redondo et Xermanico. S’il y a toujours quelques fonds de case assez pauvre et une colorisation certes éclatante mais parfois un peu lisse, la presque homogénéité graphique (de ce tome mais aussi des deux d’avant) nourrit la saga en lui apportant cette identité reconnaissable, pas forcément épique ou élégante, mais correcte et suffisante. On rappelle qu’avec une publication originelle en support numérique, les planches étaient divisées de moitié, formant presque des carrés (remis l’un en dessous de l’autre pour les versions librairies), empêchant des illustrations pleines pages.

Tom Taylor a su conserver tout au long d’Injustice 2 un équilibre entre personnages secondaires mis en avant, notamment un bestiaire plus jeune (Supergirl, Damian, les Teen Titans, Blue Beetle…) et protagonistes iconiques mis de côté (Batman, Superman…) ou inédits (Ra’s al Ghul, la Suicide Squad…) sans les dénaturer ou se faire voler la vedette par les premiers. Si l’auteur maîtrise sa narration (la richesse de son récit, ses rebondissements, son travail de caractérisation et son rythme haletant restent les qualités du titre), il fait l’impasse sur quelques têtes familières et se voit obliger de conclure presque abruptement son titre, à suivre dans le jeu vidéo éponyme ou bien… nulle part (Alfred, Jefferson, Athanasia, Aqualad, etc.).

Sans bouder son plaisir tout au long de cette incroyable saga (cf. index), Injustice aura réussi l’étrange pari d’être autant si ce n’est plus passionnant que les séries habituelles de DC Comics publiées en parallèle et se déroulant dans la chronologie dite « officielle ». Une aubaine pour le scénariste Tom Taylor qui s’est rapidement imposé chez l’éditeur et a signé d’autres comics inégalement qualitatifs : la saga DCEASED, Suicide Squad Renégats, Batman – La Dernière Sentinelle, Earth 2

À noter que cette intégrale regroupe donc les deux derniers tomes simples de la précédente édition (cinq et six). En plus du jeu vidéo Injustice 2, un ultime ouvrage un peu à part existe : Injustice vs. Les maîtres de l’univers ainsi qu’un film d’animation assez moyen. Année Zéro peut aussi se lire avant toute la saga, après la première série ou cette seconde (mais il est complètement dispensable). Retrouvez l’index de toute la saga Injustice sur cette page.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 27 octobre 2023.
Contient : Injustice 2 #25 à 36 + Annual #2
Nombre de pages : 320

Scénario : Tom Taylor
Dessin : Daniel Sempere, Bruno Redondo, Xermanico
Encrage : Bruno Redondo, Xermanico, Juan Alabarran
Couleur : Rex Lokus, J. Nanjan, Gabe Eltaeb, John Kalisz

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Calix Ltd – Île Maurice

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Injustice 2 – Intégrale 2

Après un excellent premier volume, Injustice 2 se poursuit en remettant au premier plan Wonder Woman et… Supergirl ! Découverte.

[Résumé de l’éditeur]
Dépassé par un conflit opposant Batman et Ra’s al Ghul de plus en plus intense, Damian Wayne demande à Black Adam de l’aider à libérer Wonder Woman de sa prison themyscirienne. Mais au cours de ce sauvetage, ils ne s’attendaient pas à se faire une alliée supplémentaire : Kara Zor-El, la cousine de Superman. La jeune femme maîtrise encore à peine toute l’étendue de ses pouvoirs, mais elle est probablement la seule à pouvoir changer le destin de la Terre.

Inutile de détailler le début de l’histoire, le résumé officiel de l’éditeur suffit.

[Critique]
Encore un nouveau segment qui compile les meilleures choses qui se déroulent dans l’univers d’Injustice 2 ! Au cœur du récit : un double sauvetage, une double menace et une double entraide. En effet, Kara, orientée par Ra’s al Ghul et Damian Wayne, se rend sur l’île des Amazones afin de libérer Wonder Woman, retenue prisonnière par ses sœurs guerrières suite à sa participation au conflit aux côtés de Superman (impossible de ne pas penser à la version Loeb/Turner, disponible dans le premier tome de Batman/Superman, publié aux débuts des années 2000).

Du côté de l’équipe de Batman (et toujours ses alliés : Batgirl, Green Arrow, Black Canary, Harley Quinn…), il est temps de sauver les Teen Titans de la Zone fantôme ! L’équipe de jeune super-héros y avait été enfermée par l’homme d’acier durant la première série Injustice (fin d’Année trois) avec un Superboy bien mal en point… L’aide des Plastic Man ne sera pas de trop. L’occasion aussi pour Bruce de renouer avec Tim Drake, tristement écarté durant tout l’ère d’Injustice avec ses camarades (Starfire, Cassie/Wonder Girl…).

Au niveau des menaces, on abandonne (un peu) la politique « humaine » pour avoir droit à la fois à la continuité du plan de Ra’s al Ghul, donc l’extermination des villes peuplées, mais aussi son allié surpuissant, Amazo – un ennemi de la Justice League combinant tous leurs pouvoirs. C’est aussi le retour de Zod, célèbre antagoniste de Superman. Ghul est allié à Gorilla Grodd et Solovar, deux singes puissants (habituellement vilains dans l’univers de Flash – le bolide écarlate revient également éphémèrement). Quand tout ce monde s’affronte ou combat une menace commune, certains doivent s’allier…

Encore une fois, Tom Taylor pioche dans les quelques héros et antagonistes non utilisés ou peu aperçus dans la première série Injustice pour le plus grand bonheur des lecteurs et fans de DC Comics. L’auteur continue de parsemer son récit haletant de surprises non prévisibles (le sort funeste de certains, les identités révélées d’autres – le fameux « faux Batman » –, la voie de rédemption – un peu facile parfois, etc.) avec toujours ce qu’il faut de justesse, humour et émotion. Niveau écriture, il n’y a (encore une fois) pas grand chose à reprocher à cet Injustice 2… On apprécie aussi l’arrivée du satellite espion L’Œil, rappelant les débuts de la grande sage Infinite Crisis !

Tout se lit d’une traite, comme toujours, jonglant brillamment entre les protagonistes avec un parfait équilibre de styles, le tout emmené par des dessins globalement de qualité (voir paragraphe suivant). Surtout (et c’est aussi un retour aux sources), l’on retrouve les nuances dans tous les camps, chacun pétrit de doutes et pas forcément à l’aise avec les méthodes employées pour apporter une paix durable. Une profondeur ajoutée par petites touches à Kara, Damian, Barry et un ou deux autres, parfois le temps de quelques planches, parfois une seule case, mais c’est suffisant pour être touchant.

L’équipe artistique graphique se compose (dessin et encrage) d’un peu trop de monde : Mike S. Miller, Bruno Redondo, Marco Santucci, Tom Derenick, Juan Albarran, Jamal Campbell, David Yardin, Pop Mhan et Xermanico. En résulte, à l’inverse de l’opus précédent, une cohérence visuelle un peu brouillonne, quelques segments qui se démarquent (Campbell entre autres) mais malheureusement trop de visages grossiers tout du long, quelques décors assez pauvres et ainsi de suite. Rien de catastrophique au demeurant (on a connu bien pire, notamment sur la première série Injustice) mais rien d’extraordinaire non plus… On apprécie en revanche la richesse de la colorisation, de belles palettes chromatiques propres au côté industriel de ce genre de productions.

On pourrait chipoter sur le placement de deux récits annuals, l’un consacré à Wonder Woman et se déroulant avant l’entièreté de la saga Injustice, de quoi comprendre pourquoi, dans cet univers alternatif, la célèbre amazone est plus radicale (croquée élégamment par Jamal Campbell). Le second revient sur les hommes de main d’Harley, très présents dans Ground Zero, il leur offre une conclusion qui aurait pu être placée dans la réédition intégrale de ce dernier ou bien en introduction de celle d’Injustice 2. Pas très grave au mais les laisser en plein milieu de ce second volume intégrale casse un peu la dynamique entamée.

En somme, ce second opus poursuit brillamment ce qu’a entamé Taylor et se savoure d’une traite. Les amoureux de Kara/Supergirl et Damian/Robin seront probablement les plus ravis tant les deux personnages sont attachants et bénéficient d’une évolution particulière. Quant aux fans du jeu vidéo, nul doute que ce complément indispensable viendra combler les (nombreux) trous de l’histoire qui occultaient des évènements et ne les expliciter pas (cf. histoire complète dans cet article). À noter que cette intégrale regroupe donc les tomes simples trois et quatre de la précédente édition. Retrouvez l’index de toute la saga Injustice sur cette page.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 10 février 2023
Contient : Injustice 2 #13 + #15-24 + Annual #1
Nombre de pages : 304

Scénario : Tom Taylor, K. Perkins, Brian Buccellato
Dessin et encrage : Collectif (voir article)
Couleur : J. Nanjan, Rex Lokus,Jamal Campbell, David Yardin

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Cromatik Ltée, Île Maurice

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