Archives de catégorie : Critique

Coffret DVD/Blu-Ray | Batman – Héritage

C’est sous le nom de Batman – Héritage qu’a été regroupée la trilogie de films d’animations comprenant Le Fils de Batman, Batman vs. Robin et Mauvais Sang (Bad Blood). Les trois films sont inégaux mais le coffret proposant les trois en DVD et Blu-Ray est relativement abordable (plutôt que de les acheter séparément). Chaque long-métrage dure entre 1h15 et 1h20 et le doublage en français est très correct, avec Adrien Antoine qui reprend son rôle après la saga de jeux vidéo Arkham notamment.

Comptez environ 15,99€ en DVD et 19,99€ en Blu-Ray.
(Souvent durant les soldes ils baissent à 9,99€ et 14,99€.)

 

Le Fils de Batman (2014) met en scène pour la première fois Damian Wayne, en adaptant plus ou moins fidèlement les débuts de Grant Morrison présente Batman. On y retrouve donc Talia al Ghul par exemple et un Bruce Wayne en figure paternelle. Le long-métrage est surtout intéressant pour son travail d’animation (les graphismes sont impeccables, très fins et léchés) voire son côté « adulte » (même si le suivant l’est davantage, assez sanglant même) plutôt que son récit dans lequel Damian, fidèle à lui-même, est assez insupportable (moins qu’en comics cela dit) et que la transition vers cette nouvelle situation inédite pour Bruce Wayne est particulièrement mal gérée. En gros il ramène Damian au Manoir Wayne comme si c’était normal et basta… L’intérêt se trouve donc surtout dans les scènes d’action et la mise en avant d’un ennemi peu utilisé dans l’univers de Batman : Deathstroke.

On peut bien sûr trouver le film en DVD et Blu-Ray simple mais cela reste moins avantageux que de prendre le coffret.

 

 

Batman vs. Robin (2015) est sans aucun doute le film le plus réussi de la trilogie. Son titre est trompeur puisque l’histoire se focalise sur la Cour des Hiboux et leurs Ergots, dont l’un prend Robin (Damian Wayne donc) sous son aile. L’animation est toujours très soignée et fluide et l’utilisation avec parcimonie d’une certaine 3D (notamment dans les courses-poursuite de véhicules) est efficace. Côté histoire, on est carrément dans un prolongement des comics de ce groupe d’ennemis singulier relativement récent (créé dans La Cour des Hiboux en 2011). Ces Hiboux et Ergots ont peu été utilisés dans des adaptations récentes (à l’exception d’une incursion maladroite dans Gotham), il est donc plaisant de les découvrir à l’écran. Du coup, le titre du long-métrage se justifie par la différence d’idéaux entre le père et le fils mais c’est, in fine, assez secondaire.

Là aussi, le film est en vente séparément en DVD et en Blu-Ray.

 

 

Mauvais Sang (2016), nommé aussi Bad Blood (son titre original) est le volet le moins palpitant, qui navigue entre tous les genres (aventures, science-fiction, fantastique…) sans parvenir à trouver un bon équilibre. Les personnages de Batwoman et Batwing sont particulièrement mis en avant (et c’est tant mieux) et c’est Dick Grayson (Nightwing) qui endosse la cape de Batman. L’absence de Bruce Wayne (en retrait durant tout le film et même au centre de l’intrigue puisque toute la Bat-Family enquête sur sa disparition) se ressent malheureusement un peu trop. Il manque une certaine alchimie dans tous ces protagonistes qui convergent vers une ennemie commune. Reste la satisfaction d’une trilogie terminée, inégale et plutôt destinée au public non adepte des aventures papiers du Dark Knight. Les fans devraient moins accrocher, à l’exception, peut-être, du second film.

Le Blu-Ray simple est en vente avec une figurine de Nightwing et le DVD simple est également disponible.

 

 

 

 

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Batman : Le Chevalier Noir – Tome 2 (réédition intégrale)

Urban Comics réédite depuis 2018 certaines de leurs séries en compilant en moyenne deux à trois « tomes simples » en un seul, proposant ainsi un nombre réduit de livres (deux à quatre) pour avoir une série complète. C’est le cas de Batman : Le Chevalier Noir, une série initialement divisée en quatre « tomes simples » (Terreurs Nocturnes, Cycle de Violence, Folie Furieuse et De l’Argile) et republiée en 2019 sous forme d’intégrale en deux volumes (comprenant évidemment les deux premiers « tomes simples » pour l’un, les deux derniers pour l’autre). Le premier a fait l’objet d’une critique ici et le second est chroniqué ici. La série s’inscrit plus ou moins en suite du one-shot La Nouvelle Aube (plutôt moyen) mais nul besoin de connaître cette histoire pour découvrir Batman : Le Chevalier Noir.

Le sommaire propose les récits des anciennes éditions, centrés respectivement sur Le Chapelier Fou, Gueule d’Argile, Le Pingouin et Manbat :
Folie Furieuse [Batman : The Dark Knight #16-21 + Annual #1]
De l’Argile [Batman : The Dark Knight #22-25]
Sans voix [Batman : The Dark Knight #26-27]
Bestial [Batman : The Dark Knight #28-29]
L’absence des 4 chapitres bonus sur les ennemis de Batman est tout à fait normal car ils sont totalement déconnectés de l’ensemble et faisaient partie du « Vilains Month ». Il s’agissait des épisodes #23.1 (Le Ventriloque), #23.2 (M. Freeze), #23.3 (Gueule d’Argile) et #23.4 (La fille du Joker) et avaient été chroniqués cet article. Voir tout en bas de cette page pour plus d’explications.

 
(Les couvertures des deux « tomes simples », Folie Furieuse et De l’Argile — publiés en France en juin 2014 et août 2016 — aujourd’hui plus en stock et donc réédités sous forme d’intégrale.)

[Histoire – Folie Furieuse]
Plusieurs kidnappings sans connexions apparentes ont lieu dans Gotham. Le Chevalier Noir enquête et poursuit des malfaiteurs… Il comprend assez tôt que le Chapelier Fou est derrière tout ceci, mais dans quel but ? Il peut contrôler à distance toutes les personnes qui portent ses chapeaux, de quoi lui créer une armée docile et complice facilement…

Dans le civil, Bruce Wayne enchaîne les erreurs dans sa relation avec Natalya, ayant du mal à jongler avec sa double-vie. La femme risque de le quitter pour de bon.

[Critique]
Après avoir dévoilé une partie de l’enfance et des traumatismes de l’Épouvantail dans la seconde moitié du tome précédent (la meilleure) place à la même chose pour le Chapelier Fou. Où l’on apprend qu’enfant il avait une déficience en testostérone et qu’un médicament censé le guérir a développé « une agressivité accrue, un aspect obsessionnel et de la paranoïa ». Sans surprise, une romance avortée avec une certaine Alice a également pesé dans la balance de son destin.

Placer Jervis Tetch au centre du récit est une bonne idée, clairement, car cet antagoniste se fait plutôt rare dans les aventures de Batman, ou bien il est souvent relégué dans un rôle très secondaire voire dans des apparitions éclairs. Cela se comprend car le personnage est prisonnier de sa matrice identitaire : une version maléfique du célèbre chapelier d’Alice au pays des merveilles, qui contrôle mentalement les gens et… qui veut souvent (et « simplement ») recréer des scènes issus du classique littéraire de Lewis Caroll. Aussi bien dans les comics que les dessins animés, ou encore les jeux vidéo, il est rare que le Chapelier Fou s’éloigne de ces trois aspects. Ce qui en fait à la fois sa force (les premières fois ça fonctionne, ou bien quand il y a une certaine originalité dans ce développement — on pense par exemple à Arkham Knight, dernier opus de la saga Arkham, et notamment le niveau bonus La Saison de l’Infamie) et sa faiblesse (on a quand même vite fait le tour, on apprend rien de nouveau à chaque fois même si le voyage reste plaisant s’il y est bien mis en scène, comprendre écrit et croqué).

La narration fonctionne, entre autres, grâce à un humour particulier (jeux de mots ridicules et situations absurdes) mélangé à des séquences particulièrement macabres (on retrouve, en fin de la bande dessinée, ce qui faisait le sel de l’histoire sur l’Épouvantail). Hélas, on se perd un peu dans les versions imaginaires et réelles des protagonistes — c’est le but certes, mais ce n’est pas très fascinant, au contraire — et, surtout, on devine rapidement ce qu’il va se passer. D’un côté l’avancement du Chapelier et son armée de citoyens manipulés à distance (un élément de fiction toujours aussi « faible » en terme de crédibilité et « facile » pour s’octroyer aisément une forte main d’œuvre — donc un point toujours dommageable, que ce soit dans le cas du Chapelier (qui a systématiquement recours à cela) ou d’autres ennemis de Batman), de l’autre l’évolution de la relation de Bruce et Natalya.

A l’instar du tome précédent, on n’y croit absolument pas. Ce personnage féminin a été introduit bien tardivement et on peine à s’y attacher ; de même on a du mal à trouver crédible cette arrivée soudaine dans la vie du milliardaire et cet amour excessif qu’il lui porte (en étant prêt à raccrocher la cape pour elle !). Ce souci d’écriture n’est pas lié à ce tome en particulier mais au travail général sur toute la série, il aurait été plus judicieux de l’introduire dès le début (à la place de la mystérieuse fille lapin qui a disparu et ne reviendra plus) et de développer au fil des épisodes une véritable liaison. L’issue tragique de la jeune femme n’émeut pas plus que ça, était assez prévisible et sert juste à relancer (faiblement) le scénario.

Celui-ci est désormais signé Gregg Hurwitz et les dessins sont de Ethan Van Sciver (#16 à #18) et Szymon Kudranski (#19 à #21 + Annual #1, aka l’interlude — qui propose une jonction cohérente avec le tome précédent un soir d’Halloween mais reste assez oubliable, in fine) ; les couleurs de Hi-Fi. Le premier propose un style graphique assez classique mais efficace : traits fins, découpage dynamique, colorisation cohérente avec des compositions et travail de la lumière agréable… Un côté « mainstream » pas du tout déplaisant mais peut-être trop commun pour vraiment sortir du lot. Le second, en revanche, a clairement une « patte » artistique, proche d’un Jock (Sombre Reflet), avec ses traits anguleux et ses jeux d’ombre. L’ensemble apporte clairement une touche singulière fort appréciable !

Un sans-faute donc côté graphisme et des soucis sur l’écriture, relatif à un personnage « conceptuel » qui peine à se renouveler mais qui n’avait jamais été, paradoxalement, aussi bien modernisé, fouillé et enrichi. Il faut bien sûr ajouter l’élément (secondaire) loupé du scénario pour justifier le problème majeur de l’histoire : la relation entre Bruce et Natalya, dans laquelle le lecteur se sent aussi peu investi que Bruce.

[Histoire – De l’Argile]
Lors d’une prise d’otage, le commissaire Gordon intervient pour s’échanger contre un prisonnier. Le policier tue ensuite les ravisseurs avant de s’en prendre à Batman ! Gueule d’argile se cache bien entendu derrière Gordon et l’ennemi du Chevalier Noir prend aussi l’apparence de Natalya pour déstabiliser le justicier. Comment a-t-il su qu’il y avait un rapport entre les deux ?

[Critique]
Gregg Hurwitz écrit à nouveau cette suite (ainsi que les deux histoires suivantes, cela conserve une certaine cohérence). Alex Maleev s’occupe des dessins, avec une ambiance polar et glauque efficace.

C’est évidemment au tour de Gueule d’Argile d’avoir droit à ses flash-backs contant les origines du monstre. Rarement mis en avant (même si le personnage jouit d’une nouvelle popularité depuis la série Detective Comics Rebirth — et qu’on ne peut que conseiller le double épisode qui lui est consacrée dans la série animée de 1992), il est plutôt bien croqué (narrativement et graphiquement). On y apprend que l’acteur raté a hérité d’une substance argileuse, source du pouvoir de transformation, par… le Pingouin. Qui devient donc son créancier.

Quelques connexions discrètes avec la série Batman (et son tome 6 notamment), la présence du chien Titus (surtout vu dans la série Batman & Robin), et des apparitions de deux membres des Birds of Prey de l’époque : Condor et Black Canary. De quoi élargir un peu l’univers du Caped Crusader dans cette série, très centrée sur Batman et ses ennemis. Du reste, ce segment sur Gueule d’Argile est dans la continuité des deux précédents : simple, efficace, divertissante, bien dessinée. Si on est peu exigeant, pas de raisons de ne pas accrocher.

[Histoire – Sans voix]
Dans un pays inconnu et visiblement du tiers-monde, une femme perd son travail. Elle vit démunie avec sa mère et ses deux enfants mais ne peut subvenir à leurs besoins. Sont dernier né meurt. Son autre fille se fait enlever. La famille converge vers Gotham dans les entrepôts du Pingouin

[Critique]
Comme son titre l’indique plus ou moins, Sans voix ne contient aucun dialogue ! C’est le tour de force de ces deux chapitres, qui se « lisent » (ou plutôt se regardent) sans avoir besoin de texte. Cela rappelle un excellent épisode de Requiem, lorsque Batman est en deuil et où le scénariste avait usé du même effet. Ici, l’ensemble est efficace, même s’il reste anecdotique mais met en avant la cruauté du Pingouin et, comme toujours dans la série, une certaine violence excessive. Hurwitz poursuit donc son traitement anglé sur un ennemi emblématique du Chevalier Noir mais dessiné, cette fois, par Alberto Ponticelli qui instaure un style réaliste qui se marie bien avec cette idée de dialogue absent.

[Histoire – Bestial]
Man-Bat
est de retour, plus violent que jamais. Les soupçons de Batman se portent évidemment sur Kirk Langstorm mais il s’avère que c’est son père, Abraham, qui utilise désormais le sérum le transformant en chauve-souris géante.

[Critique]
À l’instar de l’épisode précédent, deux chapitres sont bien trop courts pour vraiment marquer les mémoires. Dommage car l’aura de ce nouvel antagoniste est plutôt puissante et effrayante. Pourquoi pas l’utiliser plus tard pleinement qu’ici en légère introduction… Hurwitz achève ainsi son petit run, cette fois dessiné par Ethan Van Sciver (qui s’occupait de l’histoire sur le Chapelier Fou) qui réussit à dévoiler un monstre bourré de détails.

> Conclusion (à propos de l’entièreté de la série qui fut annulé au bout de 29 chapitres).

Quatre tomes simples inégaux (le meilleur est le deuxième, puis le troisième, le quatrième et enfin le premier) et donc deux intégrales inégales aussi, chacune comptant un bon segment et un autre plus moyen. Difficile de conseiller l’achat du coup. Rien de révolutionnaire dans Le Chevalier Noir si ce n’est l’accent mis sur des ennemis normalement secondaires. D’un point de vue éditorial, on peut s’étonner que cette série ne fut pas incruster dans les magazines kiosque de Batman à l’époque, elle y aurait davantage eut sa place plutôt que de bénéficier du prestige de librairie directement. Mais il en faut pour tous les goûts, et il est vrai que le côté « divertissement violent simpliste » séduit forcément une cible, habituée ou non aux aventures du Caped Crusader. Même si Greg Hurwitz n’est pas un nom très connu ou qui fait vendre, on aurait plutôt imaginé une saga type « Greg Hurwitz présente… » et un enchaînement de 6 petits volumes (L’Épouvantail en deux parties, idem pour Le Chapelier Fou, puis un pour Gueule d’Argile et un dernier pour le Pingouin — dont il avait déjà signé le one-shot La Splendeur du Pingouin — et Man-Bat). Ou bien carrément un intégrale sur cela (un peu comme ici certes, mais sans la première histoire, déconnectée des autres et indéniablement la plus faible).

> Complément : à propos des 4 chapitres « 23 » bonus.

Comme évoqué en haut de l’article, 4 chapitres bonus centrés sur les ennemis de Batman (déconnectés de la série) faisaient partie du « Vilains Month ». Il s’agissait des épisodes #23.1 (Le Ventriloque), #23.2 (M. Freeze), #23.3 (Gueule d’Argile) et #23.4 (La fille du Joker) et ont été chroniqués dans cet article.

23.1 Le Ventriloque n’a pas été publié en France. Le récit est centrée sur Shauna la ventriloque et Ferdie son étrange pantin, qui proposent un spectacle à Gotham, dans un des rares lieux avec de l’électricité. Confus et très étrange, ce chapitre se poursuit dans la série Batgirl…

23.2 Mr Freeze a été publié dans le magazine Forever Evil #06. L’ennemi de glace profite du chaos régnant à Gotham pour régler de vieux comptes avec un ancien docteur d’Arkham. Son passé et ses motivations sont également évoqués, faisant écho au récit Batman : Annual #1 – Premières Neiges, publié dans Batman Saga #10.

23.3 Gueule d’Argile a été publié dans Batman Saga Hors-Série #05 et est complètement anecdotique, le récit De l’argile présent dans le second intégrale rend mieux hommage au personnage.

23.4 La fille du Joker a été publié en France dans le quatrième tome de la série Catwoman. Cette « fille » du Joker ne l’est pas vraiment, elle a juste récupéré son fameux masque de visage (voir Le Deuil de la Famille) et l’a endossé. Ancienne adolescente aux goûts morbides, elle sombre davantage dans la folie avec ce visage. Elle trouve refuge dans une grotte et va essayer de se l’approprier car de nombreux habitants sont descendus y vivre vu le chaos dans Gotham. Malheureusement il y a une hiérarchie machiste qui y règne. Cette « Fille du Joker » reviendra dans le chapitre #24 de la série Catwoman.

[À propos]

Publié en France chez Urban Comics le 11 octobre 2019

Scénario : Gregg Hurwitch
Dessins : Ethan Van Sciver, Szymon Kudranski, Alex Maleev et Alberto Ponticelli.
Encrage : Divers
Couleur : Hi-Fi

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Gotham – S05E12 : The Beginning…

/!\ Dernier épisode de la série Gotham /!\
(Page récapitulative.)

[Histoire]
Dix ans se sont écoulés depuis le départ de Bruce Wayne de Gotham. Gordon est désormais commissaire mais plusieurs gangs sont attaqués dans la ville par une mystérieuse personne. Le Pingouin sort justement de Blackgate et les soupçons se portent sur un de ses complices…

La nouvelle Tour Wayne va être inaugurée, véritable symbole d’espoir pour Gotham. C’est pour cette occasion que Bruce a décidé de revenir et Gordon (toujours en couple avec Lee) de…  démissionner dans la foulée.

Nygma est enfermé à l’asile d’Arkham depuis dix ans avec, entre autres, Jeremiah Valeska, légende du crime devenu un légume (au visage complètement déformé) depuis sa chute dans l’acide après un combat contre Bruce Wayne.

Selina Kyle est devenue une talentueuse voleuse et Bullock, qui travaille toujours au GCPD, est accusé… d’un meurtre !

[Critique – contient quelques révélations mineures]
La conclusion de la série est enfin arrivée ! Est-elle réussie ? Plutôt, oui, à l’image de ce que sert le show quand il est à son apogée. C’est probablement le meilleur épisode de cette cinquième et dernière saison qui en compte douze et dont l’ensemble fut très moyen voire particulièrement médiocre avec de temps à autres de belles envolées, comme cet ultime chapitre. La série fait (presque) peau neuve et mériterait de se poursuivre maintenant que les fondations de l’univers gothamien sont terminées et que l’ensemble devient plus palpitant !

Le show s’aligne un peu plus sur ce qui est ancré dans la mémoire collective des novices du Chevalier Noir ou des fans les plus connaisseurs. Ainsi, la jeune Barbara Lee Gordon est vêtue de violet (c’est la future Batgirl) et sa mère est désormais rousse (à l’image de sa fille, montrant ainsi plus ou moins subtilement ce que pourrait donner l’héroïne ultérieurement). Le Pingouin aborde lui aussi une veste pourpre et a… « pris du bide », pour reprendre les termes de Nygma ! Copplebot se rapproche ainsi de son pendant comics (et films, séries, jeux vidéo…). Gordon porte la moustache mais… la rase très peu de temps après. Une petite séquence qui verse surtout dans le fan-service plus qu’autre chose. Le spectateur assidu (et peut-être le plus cynique) pourrait même corréler les propos de James Gordon (toujours à propos de sa moustache rasée) à ceux du créateur de la série, Bruno Heller, répondant aux fans déçus de la série : « J’ai tenté un truc. J’ai raté. Il était temps de l’admettre. »

Dans la plus pure veine de Gotham, on s’étonne (ou ferme les yeux c’est selon), sur des incohérences ou facilités narratives. Il faut oublier qu’il s’est écoulé dix années puisque aucun protagoniste n’a réellement vieilli ! Un peu de cheveux blancs pour Alfred, une nouvelle actrice pour Selina (on en reparle plus loin) et un peu de ventre pour le Pingouin donc… Un bilan peu glorieux qui casse, encore une fois, la crédibilité de l’ensemble et, comme toujours, on se doit de l’accepter pour prendre un peu de plaisir. Là aussi on pourrait mettre en avant les propos de Lee, comme si elle s’adressait à ces spectateurs critiques : « on n’a pas changé ». Effectivement. C’est fâcheux même. D’autres surprises scénaristiques s’enchaînent : la différence de traitement entre Nygma (à l’asile) et Copplebot (en prison) — tous deux visiblement bouclés par Gordon, pourquoi pas les deux au même endroit ? — et même… Barbara Kean, qui a bénéficié d’une certaine impunité apparemment (il n’est pas mentionné si elle a payé pour ses crimes passés mais elle a remarquablement bien réinsérée la société).

Notons aussi une bombe très facilement désamorçable et Gordon normalement poignardé mais en fait en pleine santé… Le segment narratif sur Nygma et Copplebot reste, in fine, complètement anecdotique même s’il induit de fausses pistes dans la première partie avec brio. Le retour de Bruce Wayne correspond exactement à celui de l’arrivée du Chevalier Noir, ce qui devrait induire quelques personnes intelligentes dans la bonne direction mais non… On apprend tout de même que Lucius Fox et Alfred Pennyworth sont évidemment dans la confidence et la complicité. En toute logique, Jim Gordon et Harvey Bullock le sauront assez tôt s’ils ne sont pas trop idiots.

Du côté des points positifs et techniques, comme dans l’épisode précédent (on avait oublié de le souligner), la musique semble emprunter une composition proche de celles de Hans Zimmer pour la trilogie de Nolan, ce qui est plutôt agréable. Le rythme est toujours aussi fluide, les séquences s’enchaînent aisément en bouclant certains arcs et en en ouvrant d’autres (sans qu’il soit frustrant que ce ne soit pas terminé, au contraire, tout ceci est — comme l’indique le titre de l’épisode — le commencement !). Le suspense est remarquablement entretenu durant les 43’30 minutes que durent l’épisode (au risque de décevoir car l’attente grandi et se loupe plus ou moins dans un final tout sauf épique). Entre l’arrivée du « Joker » (au bout de 33 minutes environ) et au même moment de sa muse Ecco (la version Harley Queen du show) et — bien sûr — celles de Batman mais aussi de Bruce Wayne, tous deux absents la majorité de l’épisode (à l’exception de quelques apparitions dans l’ombre de l’homme chauve-souris).

On ne voit d’ailleurs réellement le Caped Crusader qu’au tout dernier plan de l’épisode (cf. la photo en bas de cet article, attention si vous ne voulez pas vous gâcher le plaisir de la découverte) ! Ce n’est pas plus mal vu que David Mazouz n’était déjà pas convaincant en jeune Bruce (enfant puis adolescent), cela aurait été pire en adulte (à ce stade, difficile de voir si c’est lui dans le plan final, on dirait qu’il a été retouché/vieilli sur ordinateur). Même lorsqu’il vient conclure son arc narratif avec Selina — qui a bénéficié d’une nouvelle actrice pour le rôle (Lili Simmons), bien plus convaincante que Camren Bicondova (et qui lui ressemble étrangement et agréablement) — on ne voit toujours pas Bruce… Cela entretient le mystère également et c’est plutôt bien fait.

Jeremiah Valeska ne s’appelle à aucun moment le Joker (d’où les guillemets mises plus haut), il prononce divers prénoms en J (Jack, Joe…) mais officieusement la série n’a pas le droit de nommer cet ennemi emblématique par son nom (et ne peut pas le montrer avec des cheveux verts non plus, d’où sa faible pilosité sur le crâne). Idem pour le mot Batman, impossible de le mentionner dans la série, tout cela est réservé pour le cinéma, car c’est (soi-disant) plus « prestigieux ». Des éléments qui font tâche pour une série sur l’homme chauve-souris. Cela rappelle un peu la série Titans, centrée sur l’équipe du titre mais, surtout, Dick Grayson, les allusions à Batman y sont nombreuses mais ce dernier n’y apparaît que furtivement, ce qui est plus ou moins frustrant car l’équilibre est bien trouvé (aussi bien dans Titans que dans Gotham).

Toutefois, comme toujours dans Gotham, cette version télé du Joker fonctionne au plus haut point, habité par son acteur (Cameron Monaghan), magnétique et puissant. Mélange d’une version Nolanienne (Heath Ledger — pour l’intelligence) et Burtonienne (Jack Nicholson — pour la folie), on regrette simplement son faible temps de présence à l’écran, aussi bien dans cet épisode mais, surtout, dans toute la saison, car c’est sans aucun doute l’un des points forts de toute la série.

Comme pour les précédentes saison, cette cinquième et ultime salve de Gotham aura jonglé entre le haut (très peu mais très marquant) et le bas (beaucoup trop). On navigue toujours sur une hétérogénéité qualitative agaçante et des partis pris discutables. Fort dommage quand on sait que les scénaristes avaient toutes les cartes en main pour soigner la sortie de leur galerie de héros et antagonistes semi-réussite (et donc semi-ratée) — se référer aux analyses du show sur le site pour les détails. En synthèse, cette cinquième saison est l’une des plus faibles de la série (classement à venir) mais ce tout dernier épisode fait partie des meilleurs et s’en sort avec les honneurs. Ensuite, avec du recul, est-ce que Gotham passera la prestigieuse et difficile épreuve de la postérité ? Certainement pas. On se remémorera les bons moments de la série mais, malheureusement, ses nombreux égarements.

Sur les 100 épisodes, il faudrait n’en garder qu’une trentaine pour avoir un spectacle divertissant, adulte et intelligent. Trois saisons de dix épisodes donc, ce serait sans doute parfait, si un fan veut s’attaquer à un nouveau montage de Gotham, il peut sans doute en tirer le meilleur aisément. Pour l’heure, la suite se situe dans la nouvelle curiosité de Bruno Heller, qui a créé  une nouvelle série issue de l’univers de Batman : Pennyworth, basée sur la jeunesse du célèbre majordome et sa complicité avec Thomas Wayne. Si les premières vidéos sont plutôt alléchantes (diffusion à partir du 28 juillet sur la chaîne américaine Epix), on reste sceptique face à l’épuisement du filon Batmanien et, en plus, la non connexion du show avec Gotham (problème de droits et de diffusion oblige).

Un article récapitulatif de toute la saison 5 sera mis en ligne sous peu ainsi qu’une actualisation des deux analyses du site afin de clore une bonne fois pour toute le chapitre Gotham.

 

Ci-dessous plus bas une image du Chevalier Noir version Gotham.

 

 

 

 

 

 

 

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