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Batman Metal – Tome 03 : Matière Hurlante

Article récapitulatif sur l’univers de la série et ses conséquences.

Suite et fin de la « révolution métal » de DC Comics dans ce troisième tome. Après un premier volet original, audacieux mais très indigeste et (inutilement) complexe, puis un second mieux rythmé, singulier et plaisant, que vaut cette ultime salve ?

[Résumés de l’éditeur]
Tome 01
: Enquêtant sur l’existence et les propriétés de différents métaux disséminés à travers la planète depuis des millénaires, Batman découvre un portail ouvrant sur un anti-multivers (le « Multivers Noir », nda) ; des dimensions parallèles où l’Histoire a déraillé et où des Chevaliers Noirs terrifiants ont supprimé les membres de la Ligue de Justice. Aujourd’hui, ces derniers décident d’envahir notre dimension.

Tome 02 : Alors que les plans de Barbatos concernant Batman apparaissent au grand jour, ses agents du Multivers Noir pénètrent notre réalité et confrontent leurs membres référents de la Ligue de Justice. Mais qui sont en réalité le Dévastateur, Red Death, la Noyée ou bien encore le Batman qui Rit, ces Chevaliers Noirs qui tous semblent être une version déformée du plus grand des justiciers, Batman ?

Tome 03 : Les Chevaliers Noirs contre la Ligue de Justice : le Multivers contre le Multivers Noir. Alors que Batman et Superman se retrouvent capturés et prisonniers d’une des tours de Barbatos, les derniers super-héros libres tentent tant bien que mal de réunir les différents métaux capables de leur assurer une victoire décisive et de leur permettre de sauver de l’extinction les nombreuses réalités parallèles.

Ce dernier tome se divise de la façon suivante : De la bouche de l’enfer (quatre chapitres provenant de plusieurs séries (The Flash #33, Justice League #32 et #33 et enfin Hal Jordan and The Green Lantern Corps #32), la série mère Batman Metal (ses trois derniers chapitres), entrecoupés d’épisodes en marge comme Retrouvé (sur Hawkman) et La Traque Sauvage (sur Les Chevaliers Noirs).

[Histoire]
Sept jours après l’apparition du Mont Challenger à Gotham City et des Chevaliers Noirs de Barbatos (menés par le Batman Qui Rit), Superman rejoint Batman dans le Multviers Noir pour le sauver (déjà vu en fin du volume précédent).

Trois équipes de super-héros se rendent à divers endroits afin de récupérer du « Métal N », qui pourrait vaincre les sbires de Barbatos. Wonder Woman, Kendra et le Dr Fate vont au rocher de l’éternité. Green Lantern et Mister Terrific dans l’espace vers l’empire Thanagarien. Aquaman et Deathstroke dans les profondeurs enfouis de l’Atlantide. Mais très vite, tous vont affronter les Chevaliers Noirs maléfiques. Murder Machine et Devastator retrouvent Steel et Flash (qui avaient aidé Superman à rejoindre le Multivers Noir). Soudainement, Cyborg réapparaît aussi…

Très vite, tout le monde est séparé et la Justice League doit compter sur chacun de ses membres, à l’exception de Batman (disparu) et Superman (piégé dans le Multivers Noirs). Ainsi, Wonder Woman, Flash, Green Lantern, Aquaman et Cyborg sont les derniers espoirs de l’humanité et du Multivers. Chacun débarque dans une Batcave bien particulière…

[Critique]
Cette conclusion est une semi-réussite (ou un semi-raté, c’est selon). Les délires de Scott Snyder vont dans trop de sens et plusieurs ne fonctionnent pas, beaucoup éparpillés depuis le début de la série et certains condensés dans sa dernière ligne droite (la deuxième moitié de ce livre) : les vibrations au rythme de la musique (Batman « Metal » si on n’avait toujours pas compris…), l’échappée littéraire de Sandman, la profusion de personnages secondaires pas forcément connus de tous les lecteurs sans qu’ils soient habilement introduits (Raven, les Metal Men, Mr Terrific, Plastic Man…), le (trop grand) rôle étonnant de Hawkman, la puissance des singes (!), une 53ème Terre en deus ex machina (avec foule de Batman : celui du Dark Knight Returns, de Vampire, de Red Son… mais hélas pas du tout exploités), un autre coup magique pour se sortir de tout ce bordel (qu’on ne dévoilera pas ici mais d’une paresse intellectuelle et bêtise confondante presque), un Dragon Joker (si, si !), les tribus préhistoriques, des nouveaux métaux indispensables, la répétition multiple de la phrase « toutes les routes mènent aux ténèbres » et ainsi de suite. Difficile de ne pas être perdu ou de trouver tout ça très cohérent et palpitant.

Néanmoins, d’autres éléments, plus positifs, sont à retenir. À commencer par toute la première moitié du livre qui fonctionne très bien avec les recherches et aventures des membres restants de la Justice League (sans Batman et Superman donc). La résolution du combat entre le Batman Qui Rit face à deux adversaires inédits (et, in fine, logique) est plutôt jouissive et limite culte. Le spectacle visuel et épique de l’acte final, malgré sa bouillie narrative et complexe, vaut aussi le détour.

Comme souvent chez Snyder (tout comme J. J. Abrams au cinéma et à la télévision), on sait débuter ses récits par des concepts soignés, originaux et intrigants mais on ne sait plus trop comment les résoudre en cours de route. C’est évoqué en conclusion : toute cette guerre n’est finalement qu’un commencement (voir fin d’article pour les conséquences). À l’instar des deux volets précédents, l’auteur pioche dans quelques épisodes de DC Comics des avatars plus ou moins populaires. Hawkman et ses réincarnations (un support matériel artistique peu publié en France), le démon Onimar Synn (vu dans Infinite Crisis), l’étoile de mer maléfique Starro (Justice League Anthologie, DC Comics Anthologie) ou encore le vaisseau Ultima Thule (Final Crisis). Ce travail rappelle évidemment celui de Grant Morrison (qui a aussi contribué au dernier chapitre Batman Metal) et ravira les fidèles de longue date. Chez les autres, cela passera sans doute moins bien (tout comme la lecture du run de Morrison par des non-initiés).

Niveau protagonistes, une certaine diversité équilibrée se dégage. Flash, Green Lantern et Cyborg occupent une place importante durant le premier tiers du livre. Une aubaine pour Cyborg, souvent relégué à un rôle très secondaire au sein de la Ligue. Hawkman/Carter est au premier plan à la moitié de l’ouvrage lors du chapitre qui lui est consacré. S’il est moins plombant que d’autres, il reste expéditif, offrant un aparté au moment où Superman et Batman le rejoignent, à la Forge. On retrouve ensuite le singe Bobo/Detective Chimp et (brièvement) les Metal Men puis le fameux Batman Qui Rit et ses Chevaliers Noirs. Wonder Woman est à nouveau la super-héroïne de choc pour la confrontation finale (un peu comme dans La Guerre de Darkseid). Étrangement, on aurait aimé suivre Lex Luthor aussi dans ce gros bazar (on apprend d’ailleurs qu’un Bruce Wayne a fusionné avec Luthor dans une des dimensions du Multivers Noir — on veut le découvrir !) et visiblement les quelques morts semés sont vite oubliés (comme Mera, qui ne réapparaît pourtant pas malgré un Aquaman qui continue d’être tout sourire à la fin…).

Une fois de plus, c’est la folie concernant les équipes artistiques. Outre Scott Snyder et James Tynion IV à l’écriture, d’autres auteurs se succèdent : Josh Williamson, Robert Venditti, Jeff Lemire et, comme déjà évoqué, Grant Morrison. Aux dessins, sur la série principale, Greg Capullo est en moyenne forme : ses différents visages sont trop ressemblants, ses figurants sont dans un style graphique proche d’un brouillon de Miller… Toutefois, son ultime chapitre est dantesque par ses batailles et combats homérique. Une dizaine d’autres artistes alternent les planches du volume : Liam Sharp, Doug Mahnke, Howard Porter, Jorge Jimenez, Ethan Van Sciver, Tyler Kirkham, Mikel Janin, Byan Hitch et Alvaro Martinez. Et autant aux couleurs bien sûr.

Toute cette épopée (l’entièreté de Batman Metal) est donc parfois lourdingue, parfois plaisante, certes audacieuse et assez originale mais plombée par une lecture pénible et des enjeux incompréhensibles avec des explications confuses ; à l’image de ce troisième tome, épuisant. On retient donc surtout le deuxième, centré sur les Chevaliers Noirs fous, comme pépite singulière et passionnante. D’une manière générale, ce sont d’ailleurs les chapitres des séries connectées et non de la principale qui sont les plus réussis, un comble ! Le Batman Qui Rit reste sans nul doute la meilleure création de l’ensemble, un nouvel antagoniste charismatique, effrayant et paradoxalement séduisant.

D’autres titres se déroulent après Batman Metal (l’épilogue laisse peu de places au doute de certaines conséquences de toute façon) ; à commencer par le one-shot No Justice, qui débouche ensuite sur la série New Justice (équivalent de relaunch de la Justice League). La série dérivée Le Batman Qui Rit se suit en un tome éponyme (plus ou moins indépendant) puis un second (idem), intitulé Les Infectés, qui se situe en marge de  Justice League : Doom War. Enfin tout cela converge vers Death Metal, prévu en France d’ici la fin de l’année.

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 2 novembre 2018.

Scénario : collectif (voir article)
Dessin : collectif (voir article)
Encrage additionnel : collectif
Couleurs : collectif

Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Batman Metal | Tome 02 : Les Chevaliers Noirs
Batman Metal | Tome 03 : Matière Hurlante

Batman Metal – Tome 02 : Les Chevaliers Noirs

Article récapitulatif sur l’univers de la série et ses conséquences.

Batman Metal Les Chevaliers Noirs Tome 2

[Résumés de l’éditeur]
Tome 01
: Enquêtant sur l’existence et les propriétés de différents métaux disséminés à travers la planète depuis des millénaires, Batman découvre un portail ouvrant sur un anti-multivers (le « Multivers Noir », nda) ; des dimensions parallèles où l’Histoire a déraillé et où des Chevaliers Noirs terrifiants ont supprimé les membres de la Ligue de Justice. Aujourd’hui, ces derniers décident d’envahir notre dimension.

Tome 02 : Alors que les plans de Barbatos concernant Batman apparaissent au grand jour, ses agents du Multivers Noir pénètrent notre réalité et confrontent leurs membres référents de la Ligue de Justice. Mais qui sont en réalité le Dévastateur, Red Death, la Noyée ou bien encore le Batman qui Rit, ces Chevaliers Noirs qui tous semblent être une version déformée du plus grand des justiciers, Batman ?

[Résumé]
Sous l’égide de Barbatos, dieu chauve-souris du Mal qui poursuit Wayne depuis l’aube de l’humanité, le Batman Qui Rit, fusion de la personnalité de Bruce Wayne et du Joker, amène sur Terre 0 (où se déroulent les aventures des super-héros) ses « Chevaliers Noirs », issus du Multivers Noir (donc d’une des 52 Terre existantes mais « négatives » : -52, -44, -32, etc.). Chacun étant une version maléfique de Batman, qui a renié son code moral et usurpé ou bénéficié des pouvoirs d’un super-héros existant (Flash, Cyborg, Green Lantern, etc.). On découvre l’histoire de ces Dark Nights Metal, les motivations qui les ont basculées vers la folie et leur arrivée sur Terre .

[Histoire détaillée par personnage]

Red Death

Sur la Terre -52, Batman arrive à fusionner avec Flash pour récupérer sa Force Véloce. Devenu Red Death, ce Chevalier Noir ne recule devant rien pour sauver le monde qui est pourtant en train de s’effondrer. Barry Allen tente d’être sa voix de conscience… Le Batman Qui Rit, envoyé par Barbatos, projette Red Death sur la Terre 0, premier monde du Multivers (où se déroulent les évènements vus dans le premier tome), à Central City…

Murder Machine

Le Batman de la Terre -44 retrouve Cyborg dans la Tour de Garde (de la Terre 0) où il s’était isolé pour étudier ce qu’il se passait à Gotham City et Central City. Ce Batman est doté d’une intelligence artificielle conçu par Cyborg dans son monde. Cette IA, basé sur les connaissances d’Alfred — véritable père pour Bruce qui a été tué par ses ennemis — a dépourvu le Chevalier Noir de la peur et la tristesse. Ce Murder Machine affronte Cyborg…

Dawnbreaker


À Gotham City, sur la Terre -32, Bruce Wayne est choisi juste après la mort de ses parents pour intégrer les Green Lantern. Avide de vengeance, le jeune homme se sert de l’anneau pour tuer l’assassin des Wayne. Il montre une telle volonté que la célèbre bague émeraude n’arrive pas à ne pas lui obéir (la force létale est normalement interdite dans le Corps des Green Lantern). Tuant son merci, ce Green Lantern se laisse envahir peu à peu par les ténèbres. Recruté lui aussi par le Batman Qui Rit, le Dawnbreaker se rend à Coast City pour en découdre avec Hal Jordan…

La Noyée

Bryce Wayne débarque sur Terre 0. Cette femme provient de Terre -11 où elle était en croisade contre Aquawoman (les sexes sont « inversés » dans son monde). En arrivant dans les océans de Terre 0, la Noyée croise le fer avec Aquaman et Mera

L’Impitoyable

Sur Terre -12, après un combat contre Mars, Wonder Woman rend l’âme et Batman hérite de ses pouvoirs (grâce à un heaume magique) et devient un véritable Dieu, surpuissant. Quand il se rend, inéluctablement, sur Terre 0, c’est pour interrompre une réunion chez les élites de l’armée : Steve Trevor, Amanda Waller, le père de Lois Lane, etc. Ils débattaient des marches à suivre en l’absence d’efficacité des super-héros. L’Impitoyable compte bien faire les choses à sa manière…

Devastator


À Metropolis de Terre -1, Batman est contraint de fusionner avec une souche de Doomsday pour combattre Superman. Des années plus tard, ce Devastator déboule à Metropolis de Terre 0 pour regagner le cœur de… Lois Lane ! Il diffuse en plus un puissant virus qui « zombifie » les citoyens. Mais Supergirl se dresse sur son chemin…

Le Batman Qui Rit

Sur Terre-22, après un énième combat entre le Chevalier Noir et le Joker, ce dernier succombe sous les coups du justicier. On apprend qu’il était mourant de toute façon à cause des produits chimiques qui l’avaient transformé et le rongeaient de l’intérieur. Mais dès que le cœur du Joker s’est arrêté de battre, il a libéré une nanotoxine qui a contaminé Bruce Wayne… La dernière volonté du Clown du Crime va s’exaucer : son meurtrier va devenir comme lui. Une fusion entre l’esprit organisé de Batman et le code d’honneur maléfique du Joker : le Batman Qui Rit.

En parrallèle, Superman est à Metropolis (sur Terre 0 donc, faisant suite aux évènements du tome précédent). Le Dr Fate l’extirpe in extremis (après un combat contre les fameux Chevaliers Noirs) dans une dimension de poche, au bar de l’oubli, où il retrouve Kendra (provenant de l’île des Blackhawks). Un portail conçu par le Dr Fate, Steel et Mr Terrific où l’on retrouve d’autres héros sauvés de justesse… Que font-ils faire ? Affronter les Chevaliers Noirs ou rejoindre « leur » Batman, prisonnier de Barbatos ?

[Critique]
Encore un tome très bavard, ambitieux et original mais cette fois plus digeste que son prédécesseur ! Moins d’explications complexes et confuses, ici on passe surtout à l’action avec de nouveaux personnages. Une audace aussi bien graphique (les looks des différents Chevaliers Noirs) que scénaristique (leurs histoires et l’évolution globale de l’ensemble). On y trouve un plaisir non-dissimulé, entre la singularité de l’ensemble — inédite dans l’univers DC — et la fluidité narrative efficace (qui manquait cruellement au premier tome). On pourrait même presque lire ce volume comme un one-shot… En se concentrant sur les origines de ces maléfiques Chevaliers Noirs, le récit offre une petite « pause » bienvenue dans l’intrigue principale (certains le déploreront mais après toutes les lourdeurs du premier tome, cela fait un bien fou !).

Toutefois, après les premières plongées dans les méandres ténébreuses de ces Bruce Wayne en proie à la folie, on devine aisément ce qu’il va se dérouler pour chacun d’eux : perte de repères, soif de puissance, fusion ou appropriation des pouvoirs d’un membre de la Justice League, sauvetage de dernière minute par le Dr Fate pour ce dernier, continuation des meurtres sur sa Terre et ou accroissement de sa posture puis recrutement par le Batman Qui Rit et arrivée sur Terre 0. Cette recette répétée reste néanmoins captivante, le tout dans un acharnement de violence et de chaos.

Un chapitre de la série mère Batman Metal se déroule entre La Noyée et L’Impitoyable et un dernier en marge de celle-ci (Batman : Lost) conclut l’ouvrage (suivi de quelques bonus éditoriaux). Il parcourt la psyché de l’homme chauve-souris, prisonnier du Multivers Noir, et revient sur l’Histoire de Batman avec divers éléments plus ou moins « cultes » dont certains connectés  aux travaux de Morrison et Snyder.

Il est ainsi fait mention de la classique Affaire du Syndicat de la Chimie (Detective Comics #27, à lire dans Batman Anthologie), du sacrifice d’une jeune femme en 1794 pour réveiller Barbatos (Batman 452-454, inclus dans le quatrième tome de Grant Morrison présente Batman), d’Alan Wayne, architecte de Gotham et ancêtre de Bruce (Batman #3, à lire dans La Cour des Hiboux) et de la tribu sauvage (quasi préhistorique) la Horde de sang (Batman : The Return of Bruce Wayne #1, à découvrir dans le cinquième volume de Grant Morrison présente Batman). Bel hommage qui ravira les connaisseurs acharnés du Caped Crusader.

Au scénario, tout est supervisé par Scott Snyder et James Tynion IV, complices de longue date pour bâtir une nouvelle mythologie autour du Chevalier Noir depuis le début des années 2010. Plusieurs plumes se prêtent au jeu pour donner vie aux Batmen Maléfiques : Josh Williamson, Frank Tieri, Sam Humphries, Dan Abnett et Peter J. Tomasi. Aux pinceau c’est un véritable festival ! En plus de Greg Capullo, une armée se succède : Doug Mahnke, Yanick Paquette, Jorge Jimenez, Carmine Di Giandomenico, Riccardo Federici, Ethan Van Sciver, Philip Tan, Tyler Kirkham, Francis Manapul, Tony S. Daniel et Riley Rossmo, ouf ! Sans oublier les encreurs additionnel et coloristes, eux aussi en nombre conséquent. On aurait pu craindre pléthore de styles graphiques différents qui donneraient lieu à un ensemble décousu, hétérogène et avec du moins bon, il n’en est rien. Bien sûr, on les distingue tous mais ils sont chacun élégants, précis et vifs pour qu’on les apprécie au fil des pages. Ce panel offre une diversité de planches (aussi bien dans leurs découpages que leurs genres) très agréable.

Ce second tome gomme les défauts du premier (écriture poussive, rythme parfois pénible, confusion de l’ensemble…) en vulgarisant son propos — la lecture est plus aisée — et en offrant de nombreuses scènes d’action imposantes ainsi qu’une galerie de nouveaux protagonistes plutôt charismatiques. Les fans de Batman devraient être aux anges tant tout se concentre autour des itérations de Bruce Wayne et moins sur l’univers DC en particulier.

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 6 juillet 2018.

Scénario : collectif (voir article)
Dessin : collectif (voir article)
Encrage additionnel : Danny Miki, Jaime Mendoza
Couleurs : collectif

Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Batman Metal | Tome 01 : La Forge
Batman Metal | Tome 02 : Les Chevaliers Noirs

Batman Metal – Tome 01 : La Forge

Article récapitulatif sur l’univers de la série et ses conséquences.

Batman Metal La Forge Tome 1

[Résumé de l’éditeur]
Enquêtant sur l’existence et les propriétés de différents métaux disséminés à travers la planète depuis des millénaires, Batman découvre un portail ouvrant sur un anti-multivers ; des dimensions parallèles où l’Histoire a déraillé et où des Chevaliers Noirs terrifiants ont supprimé les membres de la Ligue de Justice. Aujourd’hui, ces derniers décident d’envahir notre dimension.

Batman Batcave

[Histoire des deux préludes un peu plus détaillée]
Carter Hall, alias Hawkman, se souvient d’une nuit dans le désert égyptien où il a vu l’arrivée d’un mystérieux vaisseau, « un indice pour résoudre le plus grand mystère de l’humanité, forgé dans le métal ». Ce « métal N » lui a conféré la vie éternelle ainsi qu’à son épouse Shiera (Hawkgirl) mais aussi leur ennemi juré Hath-Set et une vie éternelle constituée de cycles de réincarnations infinies. Entre chaque nouvelle vie, Carter Hall visualise un cauchemar dans lequel règne le métal…

De nos jours au triangle des Bermudes, Batman sauve un professeur lors de l’éruption d’un volcan grâce à une armure spéciale et avec l’aide d’Aquaman. De son côté, Hal Jordan est chargé d’une nouvelle mission : enquêter sur une menace imminente qui prendra source… à la Bat-Cave ! Le Green Lantern s’y rend et affronte Duke Thomas, nouvel allié du Chevalier Noir.

Hawkman Hawkgirl

Michael Holt, aka Mister Terrific, est un scientifique émérite qui a passé un certain temps sur un monde parallèle appelé « Terre 2 ». À la demande de Batman, il a enquêté sur un certain mystère lié au « métal N » et revient dans le bon univers pour épauler le Dark Knight.

La menace inconnue et les mystérieuses investigations convergent vers plusieurs métaux particuliers, capable de ramener les morts à la vie, doté d’une grande puissance destructrice. Comme l’artefact, appelé dionésium, sur lequel travaille Batman en secret depuis très longtemps. Le détective a lui-même été en lien avec ce métal par le passé ainsi que deux autres.

« Le règne des Chevaliers Noirs et du véritable père de Batman (!) arrive. »

Dans l’ombre, les Immortels — dont fait partie Ra’s al Ghul — semblent veiller à dissimuler la vérité mais sont aussi prêt à intervenir  pour empêcher une catastrophe d’arriver.

« Déchirant le tissu de la réalité, l’arrivée de l’étrange métal qui va tout changer (et du démon qui s’est élevé des ténèbres et a conquis l’humanité) risque bien de modifier l’univers à tout jamais » et va nécessiter un combat extrême pour être détruit.

Batman Metal Nightmare

[Histoire de la mini-série Batman Metal]
Par le passé, à l’Âge de Pierre, trois tribus d’Hommes avaient la même soif de découverte : la Tribu du Loup, la Tribu de l’Ours et la Tribu de l’Oiseau. Mais la Tribu de la Chauve-Souris est arrivée pour imposer l’Âge de Métal.

Dans le présent, la Justice League — Batman, Superman, Wonder Woman, Flash, Green Lantern, Aquaman et Cyborg — est au milieu d’une arène de combat, en tant que gladiateurs pour Mongul (un ennemi de Superman), sur une lune et doit affronter des robots. Les justiciers n’ont pas le choix, ils sont revêtus de bouts d’armure métalliques qui bloquent certains de leur pouvoir et les ralentissent. Les machines robotiques ont été créés par Toyman (Hiro, aperçu dans les deux tomes de Superman / Batman), qui est l’esclave de Mongul, qui règne donc en maître sur l’étrange planète où s’est mystérieusement retrouvée la Justice League.

Joker Batcave

De retour à Gotham après avoir rapidement triomphé, les super-héros découvrent qu’une montagne est apparue en pleine ville lors d’une tempête d’énergie ! La mystérieuse Kendra Saunders (en réalité ex-Hawkgirl), à la tête des Blackhawks (voir All-Star Batman – Tome 2), est au même endroit et leur explique que certains lieux de la planète échappent à l’ordre normal des choses car ils sont sur une fréquence fantôme. « Des endroits où l’énergie cosmique conduite à travers le noyau métallique de la Terre s’annule, créant une sorte d’électricité statique qui dérange l’espace-temps, une poche cachée. » Elle montre une carte du multivers ; constituée des 52 univers — faits de matière et d’antimatière — connus par la Justice League. Mais le fameux métal N, émanant du mal et perpétuant le mal ne provient pas d’eux. Il viendrait du multivers noir (le recto de la carte). Le Dieu Barbatos, puissant ennemi déjà croisé par Batman (dans le cinquième tome de Grant Morrison présente Batman), est également lié à ce métal N et la venue du mal sur la Terre.

Batman s’enfuit de ses amis car il détient l’unique fragment de métal N, donc l’arme la plus puissante de tous les univers. Cela fait des millénaires que le milliardaire est aussi « mentionné / recherché » par des entités inconnus, qu’il a été exposé à plusieurs métaux et qu’il semble bien être la passerelle pouvant libérer le mal… Le Dark Knight peut compter sur sa Bat-Famille pour l’aider et même sur Swamp Thing.

Batman Metal Justice League

[Histoire de la mini-série La Résistance de Gotham]
Batman
, Superman et Wonder Woman ont disparu. Plusieurs alliés et antagonistes vont se mettre à leur recherche.

Un Chevalier Noir de Métal tient en laisse quatre jeunes Robin déformés par le même rictus que celui du Joker et assoiffés de sang. Il libère le Sphinx d’Arkham et lui propose de distribuer les cartes, « forgées grâce à la métallurgie cosmique et possédant donc un pouvoir surpuissant, pour façonner la réalité à Gotham selon ses souhaits et ceux des autres fous de Gotham ».

Damian Wayne (et son équipe des Teen Titans) va tout faire pour protéger la ville, trouvant l’aide inédite de Killer Croc et Harley Quinn (les deux membres de la Suicide Squad connaissant Gotham City) mais aussi de Nightwing et Green Arrow.

Nightwing Suicide Squad Nightwing Arrow Metal

[Critique]
Les résumés sont volontairement longs puisque les deux chapitres introduisant l’histoire s’étalent tout de même sur une soixantaine de pages, soit un tiers du livre. Force est de constater que ce début est très complexe, fascinant et déroutant.

Ce tome 1 de Batman Metal se scinde clairement en deux parties de quatre chapitres. La première propose les deux préludes (La Forge et La Fonte) et les deux chapitres de la série principale éponyme (Batman Metal). La seconde contient un chapitre de quatre séries différentes (Teen Titans, Nightwing, Suicide Squad et Green Arrow) qui se suivent et forment un arc (La Résistance de Gotham). La première partie est très pointue, multipliant les références à diverses publications de DC Comics et aux concepts de multivers — pas forcément abordables par des néophytes — et la seconde est davantage « classique » dans son évolution (une aventure de justiciers qui s’allient avec des antagonistes et combattent des ennemis), néanmoins elle reste plus original que la plupart du marché actuel et là aussi remplie de références à divers autres comics.

Batman Metal

Il y a, par exemple, des allusions à la chute au cœur de la Bat-Cave par le Joker (dans Le Deuil de la Famille) et à la Cour des Hiboux à de maintes reprises. Certaines de ses connexions permettent de porter un nouveau regard sur ces œuvres antérieures, déjà écrites par Scott Snyder à l’époque (avait-il ce plan éditorial sur le long terme ?). Les Blackhawks sont aussi de mise, ils sont apparus dans le deuxième tome d’All-Star Batman, toujours scénarisé par Scott Snyder. Indirectement, la série Detective Comics de l’ère Rebirth est aussi connectée puisque Gueule d’Argile aide Batman. Le Multivers de Morrison est évoquée en avant-propos mais pas disponible en France. Sans surprise, Crisis on Infinite Earths (et Crisis Compagnon) et même DC Anthologie sont mentionnés, ainsi que la fin de la série Justice League de la période Renaissance (où Darkseid, l’Anti-Monitor et le côté cosmique de l’éditeur étaient revenus au premier plan). Enfin, le tome 4 de Green Arrow Rebirth est annoté pour un passage anecdotique alors qu’il ne sortira sans doute qu’en fin d’année 2018. Idem pour Nightwing Rebirth 3 (le tome 1 est aussi indiqué).

En somme, beaucoup de lectures en amont pour idéalement « tout comprendre ». Si le lecteur est globalement familier de l’univers Batman à minima tout devrait être compréhensible (idéalement du monde de DC Comics, même sans avoir lu forcément tout ce qui est mentionné dans ce tome). Par contre, il est indéniable qu’un débutant, un non-connaisseur juste attiré par le prestigieux nom de « Batman Metal » (Urban Comics a vu les choses en grand avec un coffret collector, une présence au festival de musique métal Hellfest…) sera complètement perdu. C’est d’ailleurs le plus gros « défaut » du livre mais qui permet de devenir aussi un de ses plus bels atouts : sa complexité (de prime abord).

Deadman Nightmare

Réduire Batman Metal à un simple « en gros il y a des versions maléfiques de Batman qui débarquent d’un autre univers et le métal est lié au Chevalier Noir depuis pas mal d’histoires » est assez correct mais tellement dommage tant tout est dense. On assiste peut-être au plus beau travail de Scott Snyder, qui semble maîtriser ce nouveau concept et l’étendre à diverses séries avec talent. De la même manière que les références à d’autres comics, de nombreux personnages très très secondaires (dans l’univers DC) parsèment l’ouvrage : Dubbilex, Rêve des Infinis, Vandal, Dr Fate… et côté galerie de vilains, outre Nygma déjà évoqué, Mister Freeze, Poison Ivy, Talia et surtout le Joker ont la part belle. Réjouissant pour les fans.

Côté scénario donc, l’ensemble semble maîtrisé malgré les directions parfois confuses dans lesquelles le récit s’éparpille (surtout dans ses deux préludes). Ça reste fascinant et très original. Parfois déroutant devant tous les protagonistes qui se croisent ; le fil rouge restant Batman et Gotham City, avec bien sûr cette mystérieuse itération autour du « métal N » et ses conséquences. Inutile de rentrer davantage dans les détails pour ne rien révéler mais aussi parce que les longs résumés compensent cela. Le côté solitaire de Bruce est bien mis en avant, l’équipe inédite de la deuxième moitié du livre fonctionne très bien, les nombreuses bulles de texte changent des comics « habituels » qui sont moins avares sur le sujet.

Green Arrow Robin

Sous un prisme entièrement « batmanien », on sait donc que ces métaux sont déjà apparus dans les anciennes aventures du Chevalier Noir (ce qui est rappelé en fin d’ouvrage). Trois d’entre eux correspondent à un arc précis : l’électrum sert à ranimer la garde des Ergots, les assassins de la Cour des Hiboux (tomes 1 et 2 : La Cour des Hiboux et La Nuit des Hiboux), le dionésium utilisé par le Joker afin de guérir de ses blessures et par Bruce pour survivre de leur chute au fond de la Bat-Cave (tome 7 : Mascarade) et enfin le prométhium, qui alimentait la machine qui a ravivé les souvenirs de Bruce Wayne et restauré sa personnalité (tome 9 : La Relève – 2ème partie). Le dionésium était donc « la » réponse aux résurrections de Batman et du Joker » (à la fin de Mascarade). Cela arrive un peu tardivement mais apporte un jugement plus « positif » envers ces anciennes œuvres. Tout devient plus « logique » voire cohérent. On suppose également que ces métaux ont participé aux créations de diverses machines de Batman, notamment celle de clones avec un bout de métal niché dans le cerveau du Chevalier Noir.

On découvre aussi « le Batman qui rit », définit comme une « version perverse et détournée du Chevalier Noir tel que l’on connaît ». Un cauchemar vivant paradoxalement réjouissant pour les fans tant cette face diabolique à l’extrême a sans doute effleuré de nombreux lecteurs. L’extension de ce côté maléfique se traduit via des cartes du fameux métal N distribuées par ce « Batman qui rit » à quelques fous d’Arkham. Comme l’explique Mister Terrific, « le Métal Sombre de ces cartes défie toutes les lois de la science et de la raison », ce qui permet une bascule dans le registre fantastique et onirique d’une franche réussite. Anecdotiquement, les cinéphiles feront le lien entre l’influence évidente de Mad Max – Fury Road (pour certains looks de « méchants » mais aussi de scènes avec la Suicide Squad) et les gamers avec Alice, retour au pays de la folie pour quelques planches finales.

Joker Batman Metal

Où se situent donc les points négatifs de Batman Metal ? Est-ce qu’il y en a ? On l’a vu, la complexité de lecture, surtout pour les nouveaux lecteurs, apparaît comme l’unique gros point noir de ce premier tome (sur trois). Tout est extrêmement fascinant, habilement écrit et, on le répète à nouveau, très original. Reste donc la partie graphique, où bon nombre d’artistes se chevauchent pour le meilleur et… pour le très correct. Les deux préludes sont assurés par Jim Lee, Andy Kubert et John Romita Jr. On perçoit évidemment la différence de style entre chacun — avec une nette préférence pour Jim Lee, un petit bémol pour les traits d’Andy Kubert qui semble conserver une certaine approche du style de Frank Miller qu’il avait déjà opéré sur Dark Knight III et un côté mitigé pour John Romita Jr. qui se marie moins bien avec les deux autres. Néanmoins, le mix des trois reste graphiquement cohérent et plaisant. On retrouve ensuite Greg Capullo pour deux chapitres avec son style inimitable et la même équipe à l’encrage et la colorisation que celle de son ancienne série Batman. Rien à redire, tout est très propre et élégant. Les quatre derniers chapitres sont, forcément, tous dessinés par différents artistes et si, là aussi, les styles se suivent et ne se ressemblent pas vraiment, chacun a sa propre patte qui assure une jolie évolution et aucun ne fait tâche en lecture continue.

Suicide Squad

Une petite quinzaine de couvertures alternatives complètent le tome ainsi qu’une double-page qui revient sur les concepts et personnages intervenants dans Batman Metal. Cette note éditoriale aide clairement à mieux comprendre l’histoire (et sa suite) en évoquant les Blackhawks, les Challengers de l’Inconnu, les Tours des Monitors, Starman, etc.

Un œuvre forte, intéressante, qui fera date dans l’univers de Batman ET de DC Comics, pas à la portée de tout le monde mais déjà culte par ce début très prometteur. À découvrir d’urgence pour les fans du Chevalier Noir ou de l’Univers DC en général.

Robin Joker

[À propos]

Publié en France chez Urban Comics le 25 mai 2018.

Contient : Titres VF [VO]

01. Prélude : La Forge [Dark Days : The Forge #1]
02. Prélude : La Fonte [Dark Days : The Casting #1]
03. Batman Metal – Chapitre 1 [Dark Nights : Metal #1]
04. Batman Metal – Chapitre 2 [Dark Nights : Metal #2]
05. La Résistance de Gotham – Chapitre 1 [Teen Titans #12]
06. La Résistance de Gotham – Chapitre 2 [Nightwing #29]
07. La Résistance de Gotham – Chapitre 3 [Suicide Squad #26]
08. La Résistance de Gotham – Conclusion [Green Arrow #32]

Batman Metal Team

Scénario : Scott Snyder (01-02-03-04), James Tynion IV (01-02), Ben Percy (05), Tim Seeley (06), Rob Williams (07) et Ben Percy & Josh Williamson (08).
Dessin : Jim Lee (01-02), Andy Kubert (01-02), John Romita Jr. (01-02), Greg Capullo (03-04), Mirka Andolfo (05), Paul Pelletier (06), Stjepan Sejic (07) et Juan Ferreyra (09).
Encrage : Scott Williams (01-02), Klaus Johnson (01-02), Danny Miki (01-02), Jonathan Glapion (03-04), Mirka Andolfo (05), Andrew Hennessy (06), Stjepan Sejic (07) et Juan Ferreyra (09).
Couleur : Alex Sinclair (01-02), Jeremiah Skipper (01-02), Fco Plascencia (03-04), Romulo Fajardo Jr. (05), Adriano Lucas (06), Stjepan Sejic (07) et Juan Ferreyra (09).

Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

Batman Fight Capullo

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Batman Metal | Tome 02 : Les Chevaliers Noirs
– Batman Metal | Tome 03 : Titre inconnu

Dark Night Metal