Archives de catégorie : Critique

Gotham – S01E10 : Lovecraft

Page récapitulative de la série Gotham.

Gotham Alfred(S’en prendre à Master Bruce fait réveiller l’Alfred Bad-Ass)

[Histoire]
Des tueurs à gages s’infiltrent dans le Manoir Wayne pour kidnapper Selina. La jeune fille et Bruce s’échappent pendant qu’Alfred les combat.

Les deux enfants vont se retrouver dans Gotham, dans un repaire pour démunis, dans lequel ils croiseront Ivy Pepper.

Pendant ce temps, Bullock est fou de rage que Gordon ne lui ait pas parlé de son plan et ni que CatGirl était témoin du meurtre des Wayne.

Gordon va découvrir qu’Harvey Dent a cité son nom pour répandre les rumeurs visant à incriminer l’homme d’affaires Lovecraft. Le policier le suspecte donc immédiatement d’être à l’origine de tout ça. Bullock et Alfred vont mener leur enquête pour retrouver Bruce.

Le Pingouin convainc Falcone que Fish Mooney a une taupe infiltrée chez lui.

Gotham Bruce Selina(Même Bruce se met au style Bad-Boy grâce à sa coupine.)

[Critique]
Épisode sans temps mort et plutôt agréable. Lovecraft met Alfred Pennyworth à l’honneur. Combattant hors-pair, impulsif et malicieux, il est prêt à tout pour retrouver son maître. On découvre une facette du majordome rarement exploitée dans les comics (l’influence de Terre-Un n’est pas loin). Sa forte personnalité et le charisme de son interprète, Sean Pertwee, font mouche, ainsi que son duo éphémère avec Bullock ! Ces éléments sont très certainement les points les plus positifs.

Le reste est très centré sur Selina et Bruce, les deux enfants sont corrects, ils se tournent autour (et cela peut agacer) et se complètent bien. La scène du saut du toit est malheureusement peu crédible… Replacer le personnage d’Ivy (elle aussi enfant), qui était juste apparue dans l’épisode pilote est une excellente idée. On sait ainsi où elle évolue et de quelle façon. On perçoit déjà la fausse amitié avec Selina. Malheureusement Clare Foley peine un peu à évoquer une éventuelle forme de peur ou d’angoisse.

Gotham Ivy(Ivy Pepper, jouée par Clare Foley, moyennement convaincante pour l’instant.)

Côté déception, Harvey Dent commet déjà des erreurs et n’est finalement pas aussi intègre qu’il est censé l’être avant sa transformation. Dommage… Le reste est convenu et plutôt classique : Mooney Fish fait sa Mooney Fish, les combats chorégraphiés ne sont pas extraordinaires, Gordon est un peu trop en retrait (la fin ouvre une voie inédite et intéressante par contre, son court dialogue avec Nygma est touchant)…

Un bilan plutôt positif qui permet de découvrir un Alfred « bad-ass » et inédit, qui sort enfin du Manoir. Centrer un épisode complet (à peu près) sur lui et Bruce/Selina était une excellente chose.

Gotham Falcone(Falcone va réussir à faire peur au Pingouin et à Mooney Fish
lors de deux scènes très tendues et réussites.)

Gotham – S01E09 : Harvey Dent

Page récapitulative de la série Gotham.

Gotham Boxe(Combat de virilité au Manoir.)

[Histoire]
Jim Gordon confie Selina Kyle, seule témoin de la scène du meurtre des Wayne, à Alfred, malgré ses réticences, et à son jeune maître Bruce, avec qui elle se lie d’amitié. La fille a dressé un portrait robot du tueur et est donc ainsi en sécurité en attendant la suite des investigations.

Jim rencontre ensuite Harvey Dent, procureur intègre et ambitieux. Ce dernier veut faire tomber, Lovecraft, un milliardaire de Gotham corrompu, et va répandre une rumeur : il y a un témoin de l’assassinat des Wayne qui peut relier Lovecraft avec les coupables.

Enfin, un fabricant de bombes se fait libérer par un groupuscule russe lors de son transfert depuis le pénitencier BlackGate. Gordon et Bullock se chargent de l’enquête.

Gotham Dent(Il joue avec une pièce et la moitié de son visage est dans l’ombre, devinez qui est-ce ?)

[Critique]
À l’instar du deuxième épisode (intitulé Selina Kyle) celui-ci n’est absolument pas centré sur le personnage de son titre, à savoir Harvey Dent. C’est bien dommage car le futur Double-Face est finalement assez secondaire et son arrivée plutôt mal amenée. Il débarque de nulle part, a déjà bonne réputation (alors qu’on n’a pas entendu parlé de lui avant), et puis, hélas, l’acteur Nicholas D’Agosto force beaucoup trop son jeu pré-schizophrénique. En plus de lancer sa célèbre pièce à plusieurs reprises, l’homme se montre colérique dans une séquence d’intimidation peu crédible. Toutes les scènes dans le bureau de Dent masquent une partie de son visage grâce à des pans d’ombre intérieurs. Ce phénomène, trop appuyé, en devient presque risible, sauf pour la rage éphémère avec la bouche contorsionnée. Les scénaristes ont donc choisi un Dent qui n’est pas forcément très « stable » avant sa métamorphose (qui ne devrait pas arriver de sitôt de toute façon). Une décision intéressante pour un personnage qui sera, espérons, mieux exploité par la suite.

Gotham Hodor(C’est en fait Hodor le tueur.)

L’excursion enfantine au Manoir Wayne risque de déplaire : beaucoup de scènes s’y déroulent et Bruce et Selina sont mis à l’honneur. Le début de relation plus qu’amicale est suggérée. CatGirl peut irriter par son côté mi-hautaine et mi-aguicheuse pour une très jeune fille, ainsi que par son interprétation mitigée par Camren Bicondova. En revanche, et à l’inverse, le jeu de David Mazouz (Bruce) se bonifie ; ses séances d’entraînement et la relation particulière avec Alfred (excellent Sean Pertwee) sont efficaces (même si sans doute trop rapides, il est encore long le chemin à parcourir pour lui avant de devenir Batman). Incompréhension totale lors d’une scène d’apnée volontaire… en restant habillé.

Le reste est très sommaire : un vilain pas vraiment méchant dans le fond, du Nygma sympathique (qui parle de jeux vidéo !), Bullock très en retrait, Barbara et sa scène finale relativement prévisible (et ridicule), Mooney Fish fidèle à elle-même (et donc un poil agaçante aussi), des effets spéciaux pas terribles, etc. Seuls les moments avec le Pingouin sauvent, comme toujours, l’épisode (ici il continue ses manipulations au sein des mafias) et, surtout, forcent à continuer de suivre une série qui est victime de hauts et de bas. Pas assez sombre, trop grand public, maladroitement ancrée dans l’univers de Batman, cherchant l’audience et donc rallongeant inutilement cette première saison avec des épisodes poussifs. L’ensemble reste moyen, la série a eu le temps de prouver son potentiel et on espère surtout revoir des exceptions de qualité comme Penguin’s Umbrella.

Gotham Harvey Dent  (Et là c’est quand il s’énerve.)

Les Tourments de Double-Face

Publié sous le titre originel Jekill & Hyde dans le magazine Batman de Panini Comics en 2006 (numéros #13 à #18), cette histoire sur le célèbre ennemi du Dark Knight a été rééditée en juin 2014 avec une appellation plus accrocheuse : Les Tourments de Double-Face.

tourments-double-face

[Histoire]
Des meurtres extrêmement violents ont lieu dans Gotham : actes de cannibalisme, tueries familiales par des personnes douces et sans histoires. Du jamais-vu en si peu de jours pour Gordon, dépassé par les évènements.

Batman enquête et pense que Double-Face est dans le coup. Ce dernier est enfermé à Arkham mais ne tardera pas à s’échapper, plus en proie avec ses démons intérieurs que jamais. Se remémorant son enfance avec son frère et son incessant combat cérébral schizophrénique.

Bruce Wayne, de son côté, rencontre un médecin persuadé que l’Homme se bat avec son moi intérieur sans arrêt, au lieu de le laisser s’exprimer pleinement.

[Critique]
Noir. C’est le premier qualificatif auquel on pense quand on lit ce récit. Noir par son ambiance tout d’abord : des scènes de crimes assez insoutenables et une folie extrême de Double-Face. Noir par son ambiance graphique ensuite : des planches très sombres, magnifiées par Jae Lee dans les trois premiers chapitres (l’artiste au style épuré s’est nettement amélioré depuis, sur Before Watchmen – Ozymandias notamment, et œuvre actuellement sur la série Batman/Superman, publiée dans Superman Saga) puis beaucoup moins jolies ensuite. C’est en effet Sean Phillips qui termine l’ouvrage, les traits sont moins alléchants que ceux de Lee, mais la colorisation de June Chung, sombre elle aussi, permet de garder une petite cohérence graphique.

C’est donc Double-Face et Batman qui sont au cœur de cette étrange histoire. Elle rappelle indéniablement Killing Joke. La dualité entre les deux protagonistes, l’envie de restreindre l’homme chauve-souris à succomber aux ténèbres pour se laisser aller définitivement dans la violence voire la mort, la question récurrente du moi intérieur, etc.

Le côté psychologique du récit permet d’avoir un aspect plus contemplatif (surtout avec les dessins de Jae Lee) que basé sur l’action (qui reviendra sur la fin). La conclusion offre d’ailleurs de nouvelles origines très intéressantes pour Harvey Dent. La mini-série tend à penser que l’homme était déjà schizophrène avant sa transformation physique (une théorie déjà mise en scène, plus ou moins, subtilement dans le film The Dark Knight). Ce sujet est passionnant et cette interrogation fait écho à celle de Bruce Wayne/Batman.

Une atmosphère très pesante, aussi bien esthétiquement que scénaristiquement, qui offre un bel « hommage » part à Harvey Dent/Double Face et qui peut même s’intercaler dans ses origines officielles. On aurait aimé que Jae Lee dessine tous les chapitres, cela aurait sans doute donné un statut de culte aux Tourments de Double-Face, assurément la représentation la plus efficace du Dr Jekyll and Mr Hyde moderne.