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Batman Rebirth – Tome 01 : Mon nom est Gotham

Après la longue série (9 tomes) de Batman Renaissance (qui débutait après le relaunch du même nom), c’est une « nouvelle » série qui commence pour le Chevalier Noir suite au nouveau relaunch de l’éditeur DC Comics. Mais on ne repart pas à zéro sur ce nouveau Batman, au contraire, on poursuit ce qui avait été instauré sur certains points (par exemple le personnage de Duke Thomas). C’est le scénariste Tom King (Grayson) qui devient l’auteur principal de cette nouvelle série. Compliqué ? Pas tant que ça. Découverte.

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[Histoire]
Batman a un projet pour le jeune Thomas Duke, dont les parents sont toujours victimes du gaz rendant fou répandu par le Joker (voir Mascarade). Il lui propose de devenir un nouvel allié et non un nouveau Robin. Parallèlement, une certaine « valse des bombes » a lieu dans la ville : ponts, avion… tout y passe.

C’est justement quand il veut sauver les passagers d’un avion que le Chevalier Noir est aidé par deux nouveaux super-héros : Gotham et Gotham Girl (Hank et Claire, frère et sœur dans la vie — Batman avait secouru Hank quand il était enfant).

Dans l’ombre, plusieurs protagonistes semblent établir un plan secret. D’un côté le docteur Hugo Strange et son acolyte le Pyscho-Pirate (Roger Hayden, le maître des émotions), d’un autre Amanda Waller, à la tête de la Suicide Squad. De plus, des citoyens apeurés clament que « les monstres arrivent ».

Gotham & Gotham Girl

[Critique]
Pas facile de débuter une nouvelle série sur le Chevalier Noir, encore moins quand celle-ci n’est pas vraiment un nouveau départ mais poursuit la continuité instauré par le passé. Pour ce premier tome, Tom King réalise un travail plus que correct (mais loin d’être une réussite totale), largement aidé par les dessins de David Finch. Le premier chapitre introductif (co-scénarisé par Scott Snyder) est le moins intéressant car il est un peu détaché de la véritable histoire principale. Il s’agit, en VO de Batman Rebirth #1, un chapitre one-shot qui revient sur un affrontement étrange face à Calendar Man (traduit par Almanach – sic). Il avait déjà fait l’objet d’une courte critique sur le site, complétée par celle du premier chapitre de la « vraie » série qui reprend sa numérotation à un, à savoir : Batman #1.

Alfred Batman Rebirth

Les éléments plus fascinants arrivent rapidement, à commencer par les deux nouveaux personnages : Claire et Hank, alias Gotham-Girl et Gotham. La nature de leur pouvoir est expliquée, l’évolution des deux (chaque heure de pouvoir utilisée réduit de quelques années leur espérance de vie) permet de redistribuer un peu les cartes de l’univers Gothamien. Ça tombe bien, la ville est (à nouveau) au cœur du récit avec toujours cette réflexion sur la nécessité de rebâtir les fondations, etc. Un air de déjà-vu malgré tout, suite à la série de Scott Snyder.

Gordon Gotham Rebirth

D’autres éléments sont mal développés. Le duo d’ennemis (Strange et le Psycho-Pirate) n’apparaît pas assez, si bien qu’on a du mal à suivre leur plan efficacement, pire : on ne les voit quasiment jamais en action. Idem côté Amanda Waller mais c’est moins grave car on « sent » que son arc est surtout en développement pour la suite de l’histoire (dans laquelle il est légitime d’espérer revoir au moins Claire qui peut devenir une alliée ambigüe au destin tragique). Le principal souci de ce tome 1 réside dans son orientation axée connaisseurs de l’univers de Batman. Les sous-titres « tout commence ici » placés en avant sur les livres sont faussement réalistes. Bien sûr, n’importe qui peut lire ce livre sans comprendre tous les enjeux sans que ce soit problématique, mais… pour le lecteur entièrement novice, bien difficile de se familiariser avec Thomas Duke par exemple, de constater des rappels à toutes les histoires passées de Batman (sous l’ère Snyder), des connexions à l’univers DC Comics (Suicide Squad, Justice League…).

L’apparition de la Justice League, justement, même si elle est éphémère, est par contre relativement réjouissante et réussie. Comme  tous les véhicules du Chevalier Noir, qui prennent ici une place de choix ! Un aspect qu’on ne voit pas forcément souvent et qui est bien mis en avant ici.

Batman Gotham

Les dessins sont soignés, David Finch excelle lors des pleine pages. L’artiste avait déjà signé quelques aventures (ratées) de Batman dans la série Le Chevalier Noir (4 tomes) qui succédait plus ou moinas à La Nouvelle Aube, mais surtout derrière quelques beaux ouvrages de la période Renaissance (New 52) de Justice League. Sur le plan graphique (Ivan Reis et Mikel Janin sont présents le temps de quelques planches) c’est clairement un sans faute. On s’étonne par contre de l’armée d’encreurs différents, parfois trois sur un seul chapitre ! Sur le plan scénaristique, comme vu au-dessus on n’est pas tout à fait convaincu par tout ce que propose Tom King mais c’est suffisamment bien écrit pour se lire d’une traite et, surtout, avoir envie de lire la suite !

Une longue galerie de couvertures alternatives, quelques crayonnées et travaux de recherches complètent l’ouvrage, assez riche en bonus.

Gotham Girl

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 9 juin 2017. Précédemment publié dans le magazine Batman Rebirth #1 à #3 (juin à août 2017).

Titre des chapitres :
Batman Rebirth #1 : Jour après jour
Batman #1 : Mon Nom est Gotham (chapitres 1 à 6)

Scénario : Tom King (+ Scott Snyder pour BR#1)
Dessins : David Finch, Mikel Janín (BR#1), Ivan Reis (#6)
Encrage : Matt Banning, Danny Miki, Sandra Hope, Scott Hana, Joe Prado, Oclair Albert
Couleur : Jordie Bellaire, June Chung (BR#1), Marcelo Maiolo (#6)

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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Batman – New Gotham | Tome 03 : Le Garde du Corps

New Gotham Tome 03

New Gotham est une série de trois tomes se déroulant après la saga No Man’s Land (mais il n’est pas obligé de l’avoir lu pour découvrir ce nouveau run). Elle est principalement scénarisée par Greg Rucka, bénéficie d’un style graphique particulier et se focalise sur Gordon et Batman. Critique du troisième tome, Le Garde du corps, qui contient douze chapitres.

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[Histoire]
Sasha Bordeaux est garde du corps de Bruce Wayne depuis bientôt quatre mois. Elle le considère comme un mélange improbable de Cary Grant et Jim Carrey, élégant et gaffeur, beau garçon et maladroit. Wayne lui demande de l’aide pour certaines choses basiques (comme faire un nœud papillon) car Alfred n’est plus là. Sasha Bordeaux et Bruce Wayne se rendent au pot de départ de James Gordon.

La jeune femme n’est pas dupe : elle sait que Wayne ne joue pas au golf en journée et n’est finalement pas en compagnie de femmes toutes les nuits comme le laissent penser les rumeurs. Elle sait également que chaque soir il s’éclipse… Et si Sasha Bordeaux devenait une alliée de Batman et non de Bruce Wayne ?

Parallèlement au « quotidien » de Wayne/Bordeaux, le nouveau Président des États-Unis Lex Luthor irrite Lois Lane et Clark Kent. L’homme le plus puissant du monde aurait même de la kryptonite secrètement gardée pour vaincre l’homme d’acier au cas où. L’aide de Batman ne serait pas de trop dans cette affaire.

Sasha Bordeaux Bruce Wayne

[Critique]
Difficile de passer après l’excellent deuxième tome de New Gotham (Un Homme à Terre) mais plus aisé d’être meilleur que le premier (Évolution) qui était plus que moyen. C’est ce que relève haut la main ce troisième volet (Le Garde du Corps). Pour cause : plusieurs courtes histoires (qui globalement se suivent) sont proposées et sont fascinantes à découvrir grâce au prisme plutôt inédit de montrer davantage Bruce Wayne d’une part et par le biais d’une personne extérieure (ladite garde du corps) d’autre part. Explications.

Passé les inquiétudes de se familiariser avec Sasha Bordeaux (dont on avait peur qu’elle ne découvre pas que Wayne soit Batman dès la fin du premier tome), on s’attache in fine très rapidement au personnage. Et c’est avec elle qu’on suit l’étrange jeu de Docteur Bruce et Mister Wayne (en plus de son autre alter ego Batman). En effet, le milliardaire semble jouer un triple jeu des plus étranges : il est festif, lunaire, maladroit… On ne le « connait » pas comme ça. Si la réputation de l’homme d’affaires est d’être souvent aux bras de plusieurs femmes, on le sait par contre efficace comme businessman, ce qui n’est pas forcément le cas ici (de prime abord en tout cas).

chapelier fou new gotham

Il est tellement gauche qu’on dirait un gamin immature. Cela dénote avec l’image qu’on pouvait avoir de lui. Bruce Wayne joue double-jeu en public bien sûr, mais aussi « en privé » puisqu’il entame une relation avec Vesper Fairchild, une journaliste fraîchement arrivée dans Gotham. On ignore l’intérêt de cette idylle (surtout vu comment elle se termine). Et puis derrière, lorsque Wayne est « seul » (ce que voit Bordeaux), c’est un roc malheureux presque aussi froid que Batman. Mais en public, non seulement il n’apparaît pas comme un homme d’affaire philanthrope et à minina sérieux mais vraiment comme un boulet irresponsable ! Un choix scénaristique extrêmement intéressant (et rarement vu).

Cela permet au livre d’alterner de nombreuses scènes humoristiques avec la radicalité de la croisade du Chevalier Noir. Il l’explique d’ailleurs à sa nouvelle complice : « Il s’agit d’une tâche sacrée à mes yeux. Sans droit à l’erreur, et encore moins au pardon ». Le combat solitaire, malgré les alliés du Chevalier Noir, soulève des réflexions sur le fardeau à porter pour un homme seul. Comme s’il était l’unique personne à légitimer sa quête. Une approche qu’on perçoit au fil des comics mais qui atteint ici un degré très pertinent (grâce, toujours, à ce nouveau point de vue vierge et neutre). Sasha Bordeaux accompagne ainsi Bruce Wayne puis Batman durant un an, jusqu’à son incarnation en nouvelle super-héroïne (qu’on retrouvera plus tard, le comic-book s’achevant avec une fin volontairement ouverte).

Harvey Bullock Batman

L’occasion de découvrir que lors des soirées mondaines, Bruce Wayne ne boit pas d’alcool ; cela paraît anecdotique mais explique pourquoi il est toujours concentré (donc sobre) la nuit qui suit quand il officie sous son costume. C’est le genre de détail anodin mais très bien pensé (et qui vient répondre à une question que se posaient peut-être des lecteurs). On peut également lire un passage sur Double Face « gentil ». C’est l’identité du procureur Dent qui salue son ami James Gordon, là encore c’est rarement vu dans des livres, récents ou anciens, sur Batman.

Mais l’autre point fort de ce troisième tome est le quotidien de la police avec la mise en avant de Harvey Bullock et du duo Crispus Allen et Renée Montoya. On avait déjà eu un aperçu plus ou moins convaincant dans les deux volets précédents, ici l’on sublime davantage ce GCPD corrompu et déchiré (ce qui se poursuivra dans la série des mêmes scénaristes Gotham Central). Cela renvoie d’ailleurs à la fin du tome deux qui se terminait de façon mystérieuse (mais tellement nécessaire et jouissive !) tout en évitant une banale conclusion manichéenne. Les absences notoires d’Alfred (qui a démissionné car fâché contre son maître à priori) puis de Gordon (parti à la retraite) lancent une nouvelle dynamique dans les récits, d’un côté pour Bruce Wayne donc, et de l’autre pour le GCPD évidemment. Huntress est brièvement de retour, cela permet de voir ce qu’elle est devenue depuis la fin de No Man’s Land.

superman lois lane new gotham

Si la lecture de cette saga n’est pas obligatoire pour comprendre et apprécier New Gotham, on note tout de même pas mal d’allusions. Les connexions avec les deux autres tomes de New Gotham sont par contre plus légion (l’agression de Gordon, le parc de Poison Ivy…) et des renvois à d’autres histoires de DC Comics parsèment les multiples chapitres : des références à Lex Luthor Président, Justice League of America (le tome 5) et Superman Univers HS #2. Rien d’insurmontable pour la compréhension de l’ensemble pour le néophyte cependant.

Mais Le Garde du Corps comporte tout de même quelques préjudices. Sur le scénario, on peut déplorer l’utilisation abusive des pouvoirs hypnotiques (à priori liée à une certaine haute technologie) du Chapelier Fou. Cela casse clairement l’immersion « réaliste » et l’ambiance polar qui prévalaient dans le tome 2 et celui-ci. On retrouve aux dessins Shawn Martinbrough (à l’exception du petit arc sur Superman par Ed McGuiness et son style si particulier avec des héros exagérément musclés et cartoony) qui avait beaucoup officié sur le premier tome. Par conséquent on est donc face aux même défauts : les visages aux traits grossiers sont parfois ratés mais l’ensemble reste de meilleure qualité que sur Évolution. Il faut dire que le travail de la colorisation (du studio Wildstorm FX) aide à rendre la plupart des planches extrêmement originales et soignées, en plus de leur découpage qui sort de l’ordinaire. Le talentueux mais trop discret Rich Burchett remplace Martinbrough de temps en temps. On notera aussi qu’un chapitre (Prendre l’air) était déjà présent dans le recueil Batman Anthologie. En lecture stand-alone il était sympathique et réussi, ici « à la suite » des autres histoires il perd un peu de sa superbe puisqu’il n’est pas vraiment relié à ce qu’il s’est tramé avant et ce qui arrive ensuite.

Batman Sasha Bordeaux

Le Garde du Corps est donc un très bon tome de New Gotham, moins « culte » que le deuxième mais largement meilleur que le premier. Une des rares choses à regretter est sa fin, beaucoup trop ouverte pour une série en trois volumes. Mais c’est normal puisque la suite est prévue ! En effet, surprise à l’issue de la bande dessinée : Urban Comics annonce la suite directe de New Gotham dans les trois tomes à paraître de Batman Meurtrier & Fugitif (Bruce Wayne est accusé du meurtre de Vesper Fairchild) — premier volet en vente début mai 2018. Les sagas Batman Contagion et Batman Legacy sont également au programme ! Elles se déroulent après Knightfall et avant Cataclysme/No Man’s Land.

[À propos]
Publié en France le 23 février 2018.

Scénario : Greg Rucka et Jeph Loeb
Dessin : Shawn Martinbrough, Rick Burchett, Ed McGuiness, Coy Turnbull
Encrage : Steve Mitchell, Cam Smith, Dan Davis, Rodney Ramos
Couleur : Wildstorm FX, Tanya Horie, Richard Horie

Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : Moscow ★ Eye

harvey bullock

Contient Detective Comics #756-#765
Titres des chapitres :
Dîner en ville
Avec cet anneau… (Superman #168)
Le seigneur de l’anneau…
Prendre l’air
Sans savoir
Trente Jours
Départs
La Cucilla
Cœurs
Postes à pourvoir

Sasha bordeaux heroine

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Batman New Gotham

DC Univers Rebirth – Le Badge

Le Badge (The Button en VO) est un tome un peu particulier. Il rassemble les chapitres #21 et #22 des séries Batman et The Flash (sous l’ère Rebirth, second relaunch de DC Comics). Ces quatre épisodes font également suite à des éléments distillés dans plusieurs histoires publiées chez l’éditeur ces dernières décennies (principalement sur Le Bolide Écarlate, mais aussi des events de DC Comics, comme Flashpoint et DC Univers Rebirth, le tout planant dans l’ombre du gigantesque et culte Watchmen). Un très bon avant-propos éditorial récapitule tout cela avant de se lancer dans la lecture. Tour d’horizon.

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[Introduction]
Guide de lecture • « Le Mystère de DC Rebirth se dévoile »
Texte entièrement reproduit depuis l’édition librairie d’Urban Comics ©

1. Le Tapis Cosmique | Flash la légende – Tome 01
Barry Allen est l’homme le plus rapide du monde. Il est le catalyseur de l’Univers Renaissance : quand il a tenté de sauver sa mère des griffes de son ennemi, Néga-Flash, il a modifié à jamais le cours de l’Histoire.

2. Flashpoint | Flashpoint
En utilisant le tapis, Barry remonte le temps afin d’empêcher le meurtre de sa mère, Nora, par son pire ennemi, le professeur Zoom, aussi appelé Néga-Flash. Ce faisant, il modifie le cours des évènements et créé un présent au bord de l’Apocalypse. Aidé par Thomas Wayne, le Batman de cette dimension baptisée « Flashpoint » *, qui assassine Zoom, Flash parvient à rétablir la continuité des évènements… sans remarquer que certains éléments ont été modifiés.

* Outre l’histoire de Flash (et de cet important chamboulement) narré dans le tome éponyme, on peut découvrir l’histoire de ce Batman particulier et original dans l’excellent one-shot Cité Brisée et autres histoires… Elle est également disponible dans les deuxième numéro du magazine Flashpoint publié en 2012.

3. Le Retour de Kid Flash | DC Univers Rebirth [mini-critique]
Wally West qui fut le partenaire de Barry Allen, pendant des années sous le pseudonyme de Kid Flash, a disparu suite au Flashpoint. Le monde entier, y compris sa femme, Linda, et Flash, l’a oublié. Lors d’une mystérieuse tempête, Wally parvient à s’extirper de ces limbes et à contacter Barry qui, se souvenant de lui, réussit à le ramener à la réalité. Wally affirme qu’une entité a enlevé dix années aux héros de la Terre, effaçant des souvenirs, des relations ou même des individus.

4. Le Pétase de Mercure | Flash Rebirth – Tome 02
Après ces retrouvailles, Flash perçoit un nouveau mouvement dans la Force Véloce et a une vision d’un objet qu’il ne reconnaît pas mais qui le remplit d’espoir : un pétase de Mercure. Un casque qui appartenait des années auparavant à Jay Garrick, le Flash des années 1940.

Batman Button Badge Comedien

5. Le Badge | Watchmen
La nuit du retour de Wally West, Batman (Bruce Wayne), le plus grand détective du monde, remarque un étrange objet dans un recoin de sa batcave : un badge « smiley » jaune taché de sang. Il s’agit du badge du Comédien, un justicier radical vivant dans une dimension parallèle, dans les évènements ont été altérés par le Dr Manhattan, un être surpuissant capable de modifier la réalité à l’envi.

6. La lettre de Thomas Wayne | Flashpoint
Dans la réalité du Flashpoint, Bruce Wayne a été abattu enfant, son père est alors devenu Batman pour le venger. Avant que cette temporalité soit effacée, Thomas a laissé une lettre à Flash afin qu’elle soit remise à Bruce, une fois la réalité restaurée. Wally West a pointé du doigt cette lettre lors de son retour.

7. Le Masque de Méduse | Batman Rebirth – Tome 03 [critique]
Roger Hayden, le Psycho-Pirate, est un super-vilain dont le Masque de Méduse lui permet de manipuler les émotions de ses adversaires. Batman a ramené le Psycho-Pirate de l’île de Santa Prisca afin d’aider son amie, Claire Clover, alias Gotham Girl. Le Psycho-Pirate est également le seul personnage qui se souvient des dimensions parallèles datant d’avant la première Crise de l’Univers DC (Crisis on Infinite Earths).

8. Johnny Thunder et Saturn Girl | DC Univers Rebirth [mini-critique]
Deux personnages semblent connaître certains secrets de l’univers de DC Rebirth. Le premier est Johnny Thunder, un métahumain retraité, qui faisait partie de la Société de Justice, la plus grande équipe de héros durant la Seconde Guerre mondiale. Il en a effacé le souvenir afin de les protéger des investigations de la Commission des activités anti-américaines, dans les années 1950. Le second est Saturn Girl, une jeune télépathe issue du XXXIème siècle, qui fait partie de la Légion des Super-Héros, une équipe d’adolescents à super-pouvoirs. Elle est actuellement enfermée à l’asile d’Arkham, mais il semblerait qu’elle soit au courant des évènements à venir.

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Le récit est également disponible en kiosque le 6 avril 2018 dans les magazines Batman Rebirth #11
et Justice League Rebirth #11 (couvertures de gauche), pour 5,90€ chacun.
Les deux bénéficient d’une édition collector limitée avec une couverture en noir et blanc, au prix de 9,90€ le magazine (couvertures de droite).
Liens pour les acheter tout en bas de cette critique.
Le recueil en librairie coûte, quant à lui, 14,50€ et sera en vente le 13 avril 2018 (couverture du haut de cet article).

[Histoire]
À Arkham, Saturn Girl regarde un match de hockey et se rappelle qu’un joueur va mourir. Batman visualise le même match, sachant (à priori) également ce qu’il va se dérouler. Le Chevalier Noir lance le badge qu’il avait retrouvé dans la Bat-Cave à côté du Masque de Méduse et le fantôme de son père, costumé également en Dark Knight (le « Batman » de la version Flashpoint) lui apparaît sporadiquement.

En attendant l’aide de Flash pour résoudre ce mystère, Bruce se fait agresser par Eobard Thawne, le professeur Zoom, alias Néga-Flash. Ce dernier avait justement été tué par Thomas Wayne dans l’univers Flashpoint.

Batman et Flash vont devoir voyager dans le temps pour résoudre l’énigme du badge et la mort de quelqu’un…

Batman Nega Flash  Nega Flash Batman

[Critique]
Premier chapitre (Batman #21) écrit par Tom King hyper efficace : un excellent rythme, un combat d’anthologie, des dessins incroyablement beaux et stylés (par Jason Fabok, qui les encre également), un découpage dynamique (qui rend hommage à Watchmen par ses cases type gaufrier — neuf par planche — et l’omniprésence du célèbre jaune des Gardiens — Brad Anderson est à la colorisation), un coup de théâtre final, bref c’est un sans faute !

Deuxième chapitre (The Flash #21) avec une autre équipe artistique, notamment Joshua Williamson à l’écriture, Howard Porter pour les dessins et Hi-Fi pour les couleurs. En résulte un style graphique différent mais extrêmement soigné à sa manière, dont les mouvements colorés de Flahs sont un pur régal visuel. Après l’action et la violence, place à la réflexion et à l’enquête. Des dialogues interminables entre les deux justiciers ont lieu, sans qu’on comprenne clairement tous les enjeux, faute à un certain jargon plus ou moins scientifique. Rien de très grave cependant. La plupart des connexions à d’autres comics mentionnées en introduction sont abordées à nouveau ici (DC Univers Rebirth, Flashpoint, Cité Brisée et autres histoires…, Flash Rebirth – Tome 02, etc.).

De façon anecdotique, on apprend aussi que le sang sur le badge (celui du Comédien de Watchmen) n’est pas recensé dans l’univers actuel. L’ensemble de cette histoire, un chouilla plus centré sur Flash a un côté « psychédélique » grâce aux couleurs vives causées par le voyage dans le temps (ou les univers) de Batman et du Bolide Écarlate. Ce qui donne lieu à une rencontre surréaliste (et fantasmée depuis des années par les fidèles lecteurs fans de Flashpoint) : le Batman de Flashpoint, donc Thomas Wayne, face à « notre » Batman, donc Bruce Wayne !

Flash The Button

Troisième chapitre (Batman #22) replongeant dans l’univers Flashpoint avec un flash-back de Thomas Wayne qui s’était recueilli dans son manoir, attendant les soldats d’Aquaman et Wonder Woman (les deux étaient alors en guerre avant de s’allier). On nous explique qu’il ne s’agissait pas d’un univers alternatif mais d’une histoire alternative et que le lieu est le même. Un brin confus quand même pour le lecteur, qu’il soit connaisseur des œuvres précitées et de l’univers DC (il a tout intérêt à l’être) ou simple néophyte (qui risque d’être totalement largué).

En résulte malgré tout de très beaux moments entre Bruce et Thomas, quand le fils annonce au paternel qu’il est grand-père par exemple, c’est émouvant, le temps d’une case mémorable. La relation entre les deux pourrait faire l’objet d’une série à part, tant il y aurait à proposer avec ce duo original ! Le costume croqué à l’origine par Eduardo Risso est respecté et permet d’identifier aisément quel Chevalier Noir parle ou agit.

Bruce Thomas Wayne Batman

Quatrième chapitre (The Flash #21) flamboyant et coloré ! Avec ce ton pastel unique qui dénote clairement avec la série Batman mais qui passe tout de même très bien. Ce petit manque de cohérence graphique n’est pas très important car les deux sont originaux et soignés.

La conclusion nous (re)présente Jay Garrick, le tout premier Flash (publié pour la première fois en janvier 1940 !) et évidemment un autre personnage célèbre du monde de DC Comics (pas vraiment une surprise de le voir mais assez jouissif quand même).

Un épilogue de deux planches, sans texte, clôt une partie de l’ouvrage avec une élégance rare (à priori lié à l’autre évènement DC « Superman Reborn », disponible dans les magazines Justice League Rebirth #10, #11 et #12 (mars, avril et mai 2018) et dans DC Univers Rebirth : Superman, en vente dès le 29 juin 2018).

Flash Batman Button

La « suite », la confrontation des héros de Watchmen avec ceux de DC Comics est à découvrir dans la série Doomsday Clock, écrite par Geoff Johns et dessinée par Gary Frank. Elle est actuellement en publication et se déroule sur douze chapitres prévus de novembre 2017 à juillet 2019. Superman sera opposé au Dr. Manhattan. Urban Comics propose les six premières pages (en noir et blanc) en exclusivité (The Road to Doomsday Clock). Il s’agit donc de la suite « officielle » de Watchmen (spoiler : le journal de Rorschach a bien été publié par la presse, Adrien Veidt (Ozymandias) a donc été démasqué et est activement recherché).

Que vaut donc Le Badge une fois la lecture terminée ? L’impression de lire un récit « important » dans l’histoire du DC Comics. Une histoire un peu courte qui fait surtout office d’introduction (à Doomsday Clock). Sur les graphismes, il n’y a rien à dire, comme évoqué les deux styles (de Jason Fabok et de Joshua Williamson) se conjuguent à merveille malgré leurs flagrantes différences. Le travail de colorisation est à salué également tant il apporte un plus non négligeable. Le livre comporte de magnifique doubles pages qui sont, une fois de plus, un régal pour les yeux. Par ailleurs, huit superbes couvertures alternatives concluent le tome.

Sur le scénario, le plus gros défaut du titre est son accessibilité. Un novice total de l’univers de DC n’y comprendra pas grand chose (niveau connexions avec les autres personnages et œuvres) et ne saisira aucune référence. Même les fans les plus aguerris auront bien besoin du récapitulatif en début d’ouvrage pour tout bien avoir en tête. Idéalement donc, il faut à minina connaître Flashpoint mais aussi son extension sur Batman, sans oublier Watchmen. Cela fait « beaucoup » pour séduire un nouveau lectorat. Mais ce n’est pas le but ici. L’idée est de proposer un vaste chantier éditorial et une prise de risque énorme dans le paysage des comics. Et à ce niveau là, le pari est gagné haut la main. Le fan de Watchmen et de Batman ne pourra qu’être conquis ! Coup de cœur 2018.

Bruce Wayne Flash

[À propos]
Publié en France le 13 avril 2018 chez Urban Comics.

Scénario : Tom King (Batman #21-22), Joshua Williamson (The Flash #21-22), Geoff Johns (Doomsday Clock)
Dessin : Jason Fabok (Batman #21-22), Howard Porter (The Flash #21-22), Gary Franck (Doomsday Clock)
Couleur : Brad Anderson (Batman #21-22), Hi-Fi (The Flash #21-22)

Traduction : Alex Nikolavitch, Jérôme Wicky, Ed Tourriol
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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Batman Rebirth #11 : Batman / Flash – Le Badge (1/2)
Justice League Rebirth #11 : Batman / Flash – Le Badge (2/2)
Batman Rebirth #11 : Batman / Flash – Le Badge (1/2) • Édition collector limitée noir et blanc
Justice League Rebirth #11 : Batman / Flash – Le Badge (2/2) • Édition collector limitée noir et blanc

Batman Thomas Bruce Wayne

Guide de lecture minimaliste avant de découvrir Le Badge :
1. Watchmen
2. Flashpoint
3. Batman : Cité brisée et autres histoires…
ou version kiosque magazine en occasion : Flashpoint #2
4. DC Univers Rebirth (intégrale)
ou version kiosque magazine en occasion : DC Univers Rebirth #1

5. DC Univers Rebirth – Le Badge (13 avril 2018)
6. DC Univers Rebirth – Superman (29 juin 2018)
7. Doomsday Clock (premier tome au plus tôt fin 2018)

Batman Le Badge The Button Smile Smiley Watchmen