Archives par mot-clé : Batman Rebirth

Batman Rebirth – Tome 01 : Mon nom est Gotham

Après la longue série (9 tomes) de Batman Renaissance (qui débutait après le relaunch du même nom), c’est une « nouvelle » série qui commence pour le Chevalier Noir suite au nouveau relaunch de l’éditeur DC Comics. Mais on ne repart pas à zéro sur ce nouveau Batman, au contraire, on poursuit ce qui avait été instauré sur certains points (par exemple le personnage de Duke Thomas). C’est le scénariste Tom King (Grayson) qui devient l’auteur principal de cette nouvelle série. Compliqué ? Pas tant que ça. Découverte.

batman-rebirth-tome-1

[Histoire]
Batman a un projet pour le jeune Thomas Duke, dont les parents sont toujours victimes du gaz rendant fou répandu par le Joker (voir Mascarade). Il lui propose de devenir un nouvel allié et non un nouveau Robin. Parallèlement, une certaine « valse des bombes » a lieu dans la ville : ponts, avion… tout y passe.

C’est justement quand il veut sauver les passagers d’un avion que le Chevalier Noir est aidé par deux nouveaux super-héros : Gotham et Gotham Girl (Hank et Claire, frère et sœur dans la vie — Batman avait secouru Hank quand il était enfant).

Dans l’ombre, plusieurs protagonistes semblent établir un plan secret. D’un côté le docteur Hugo Strange et son acolyte le Pyscho-Pirate (Roger Hayden, le maître des émotions), d’un autre Amanda Waller, à la tête de la Suicide Squad. De plus, des citoyens apeurés clament que « les monstres arrivent ».

Gotham & Gotham Girl

[Critique]
Pas facile de débuter une nouvelle série sur le Chevalier Noir, encore moins quand celle-ci n’est pas vraiment un nouveau départ mais poursuit la continuité instauré par le passé. Pour ce premier tome, Tom King réalise un travail plus que correct (mais loin d’être une réussite totale), largement aidé par les dessins de David Finch. Le premier chapitre introductif (co-scénarisé par Scott Snyder) est le moins intéressant car il est un peu détaché de la véritable histoire principale. Il s’agit, en VO de Batman Rebirth #1, un chapitre one-shot qui revient sur un affrontement étrange face à Calendar Man (traduit par Almanach – sic). Il avait déjà fait l’objet d’une courte critique sur le site, complétée par celle du premier chapitre de la « vraie » série qui reprend sa numérotation à un, à savoir : Batman #1.

Alfred Batman Rebirth

Les éléments plus fascinants arrivent rapidement, à commencer par les deux nouveaux personnages : Claire et Hank, alias Gotham-Girl et Gotham. La nature de leur pouvoir est expliquée, l’évolution des deux (chaque heure de pouvoir utilisée réduit de quelques années leur espérance de vie) permet de redistribuer un peu les cartes de l’univers Gothamien. Ça tombe bien, la ville est (à nouveau) au cœur du récit avec toujours cette réflexion sur la nécessité de rebâtir les fondations, etc. Un air de déjà-vu malgré tout, suite à la série de Scott Snyder.

Gordon Gotham Rebirth

D’autres éléments sont mal développés. Le duo d’ennemis (Strange et le Psycho-Pirate) n’apparaît pas assez, si bien qu’on a du mal à suivre leur plan efficacement, pire : on ne les voit quasiment jamais en action. Idem côté Amanda Waller mais c’est moins grave car on « sent » que son arc est surtout en développement pour la suite de l’histoire (dans laquelle il est légitime d’espérer revoir au moins Claire qui peut devenir une alliée ambigüe au destin tragique). Le principal souci de ce tome 1 réside dans son orientation axée connaisseurs de l’univers de Batman. Les sous-titres « tout commence ici » placés en avant sur les livres sont faussement réalistes. Bien sûr, n’importe qui peut lire ce livre sans comprendre tous les enjeux sans que ce soit problématique, mais… pour le lecteur entièrement novice, bien difficile de se familiariser avec Thomas Duke par exemple, de constater des rappels à toutes les histoires passées de Batman (sous l’ère Snyder), des connexions à l’univers DC Comics (Suicide Squad, Justice League…).

L’apparition de la Justice League, justement, même si elle est éphémère, est par contre relativement réjouissante et réussie. Comme  tous les véhicules du Chevalier Noir, qui prennent ici une place de choix ! Un aspect qu’on ne voit pas forcément souvent et qui est bien mis en avant ici.

Batman Gotham

Les dessins sont soignés, David Finch excelle lors des pleine pages. L’artiste avait déjà signé quelques aventures (ratées) de Batman dans la série Le Chevalier Noir (4 tomes) qui succédait plus ou moinas à La Nouvelle Aube, mais surtout derrière quelques beaux ouvrages de la période Renaissance (New 52) de Justice League. Sur le plan graphique (Ivan Reis et Mikel Janin sont présents le temps de quelques planches) c’est clairement un sans faute. On s’étonne par contre de l’armée d’encreurs différents, parfois trois sur un seul chapitre ! Sur le plan scénaristique, comme vu au-dessus on n’est pas tout à fait convaincu par tout ce que propose Tom King mais c’est suffisamment bien écrit pour se lire d’une traite et, surtout, avoir envie de lire la suite !

Une longue galerie de couvertures alternatives, quelques crayonnées et travaux de recherches complètent l’ouvrage, assez riche en bonus.

Gotham Girl

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 9 juin 2017. Précédemment publié dans le magazine Batman Rebirth #1 à #3 (juin à août 2017).

Titre des chapitres :
Batman Rebirth #1 : Jour après jour
Batman #1 : Mon Nom est Gotham (chapitres 1 à 6)

Scénario : Tom King (+ Scott Snyder pour BR#1)
Dessins : David Finch, Mikel Janín (BR#1), Ivan Reis (#6)
Encrage : Matt Banning, Danny Miki, Sandra Hope, Scott Hana, Joe Prado, Oclair Albert
Couleur : Jordie Bellaire, June Chung (BR#1), Marcelo Maiolo (#6)

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

Acheter sur amazon.fr : Batman Rebirth – Tome 01 : Mon nom est Gotham

DC Universe & Batman Rebirth / Batman #1 / Detective Comics #934

Comme expliqué dans l’article consacré au Relaunch Rebirth, plusieurs nouvelles séries voient le jour dans cette « relance » de l’univers DC Comics. Il y a tout d’abord le numéro unique DC Universe Rebirth, puis ensuite un numéro Rebirth #1 one-shot de plusieurs super-héros (Batman, Superman, Aquaman…) avant que chacun d’entre eux ne retrouve un rythme normal et une appellation classique.

Ici, ce sont DC Universe Rebirth, Batman Rebirth #1 puis Batman #01 et Detective Comics #934 qui sont brièvement chroniqués.

DC Rebirth

Attention ! Même si les résumés ci-dessous sont sommaires et les critiques courtes, il y a des révélations majeures. De plus, l’ensemble de ces séries se déroulent après La Guerre de Darkseid mais également après la fin de la série Superman des NEW52 (le chapitre #50 pour être plus précis).

Si vous voulez conserver les éléments de surprises intacts, il est fortement déconseillé de lire la suite (aussi bien les résumés que les critiques) !

NB : il est fort probable qu’Urban Comics publiera en français chacun des chapitres évoqués ci-après, mais très certainement pas avant début 2017.

DC Universe Rebirth

DC Universe Rebirth
Wally West, ancien Kid Flash puis Flash (après les évènements survenus à la fin de Crisis on Infinite Earth) qui avait « disparu » il y a quelques années (à la fin de Infinite Crisis) voyage plus ou moins dans le temps et requiert l’aide de Batman (pour l’avertir d’un danger imminent), sans succès car il est « aspiré » par la force véloce. Il fait de même avec d’autres personnes, en vain. De son côté, Ray Palmer, alias Captain Atom, est lui aussi « perdu » dans une dimension nanotechnologique dont il ne peut sortir.
Après avoir rendu de brèves visites et s’être remémoré des souvenirs avec d’anciens justiciers, Wally West réussit à revenir définitivement « dans le présent » grâce à Barry Allen, l’actuel Flash. Superman est porté disparu et un Clark Kent d’un autre monde mène une vie rangée avec sa femme et sa fille mais fait une rencontre inattendue. Au fond de la Batcave, le Chevalier Noir découvre un étrange badge. Ils sont observés depuis longtemps…

Après Flashpoint il y a cinq ans, ce Rebirth s’annonce beaucoup plus épique (et réfléchi) car il propose —pour l’instant en tout cas— une continuité claire et nette (aussi bien après le chronologie classique que celle des New 52), mais également une possibilité de jonction de quelques années perdues. L’ensemble est parfaitement compréhensible et a le culot monstre d’ajouter définitivement Watchmen comme œuvre incorporée dans l’univers des super-héros DC. Un gage à la fois salvateur puisque cela permet(rait) une cohérence plausible grâce au statut de « Dieu » et créateur de monde du Dr Manhattan. Mais cette surprenante raccroche en irritera plus d’un (à commencer par le créateur de l’œuvre mère, Alan Moore — qui n’a sans doute pas été consulté) : le comic culte, même si publié chez DC et usant de vieux personnages, prévalait par son statut « d’indépendant » et non rattaché à quoique ce soit (déjà polémique à l’époque de la sortie des préquelles — auxquelles le site Before Watchmen est consacré, créé par l’auteur de ces lignes) ; il n’y avait pas non plus d’obligation de le lire pour suivre la suite de DCVerse. Bref c’est à la fois ingénieux, osé et risqué. L’ensemble est donc très intrigant, réussi et bien écrit, à nouveau par Geoff Johns (déjà scénariste de Flashpoint puis de la série Justice League entre autres). Les dessins sont assurés par des artistes de valeur sûre : Gary Frank et Ivan Reis en tête, ainsi qu’Ethan Van Sciver et Phil Jimenez. Quatre chapitres (Lost, Legacy, Love, Life) et un épilogue composent le tout, pour près de soixante-dix pages de bandes dessinées.

BATMAN_REBIRTH

Batman Rebirth #1
Julian Day, alias Calendar Man, menace de déverser des spores dans la ville qui chamboulent le cycle des saisons et de la nature. Duke, nouvel allié de Batman mais pas un nouveau Robin (rencontré dans la série Batman puis mis en avant dans l’event We are Robin) est convié par Bruce Wayne à vivre au Manoir, afin justement d’être entraîné pour être « quelque-chose de nouveau »…
Un chapitre unique écrit par Scott Snyder, qui a opéré la précédente « renaissance » du Chevalier Noir avec sa longue série et Tom King, qui était sur la série Grayson, en compagnie du dessinateur Mikel Janin qui officie justement ici. C’est beau, très beau, mais clairement moyen sur l’histoire, très expéditive. Pas de réels enjeux dramatique ni le temps de s’attarder réellement sur un personnage en particulier. L’ennemi, rarement utilisé, n’est pas mis en avant sous un beau jour, même si on découvre qu’il « mue » et vieillit, telles la faune et la flore. Une belle réinvention esthétique du personnage toutefois, mais qu’on espère voir davantage. On nous promet d’ailleurs une suite, toujours par Tom King, dans Batman #1 (voir ci-après) et une autre dans All-Star Batman #1, par Scott Snyder (prévue en août 2016). Ce Batman Rebirth sonne volontairement comme une métaphore du renouveau, plus ou moins accentué par ce qu’on voit et qu’on lit, mais c’est clairement pas très pertinent et trop redondant pour donner un one-shot de qualité, au contraire c’est surtout une introduction à un nouvel univers, dont on attend la suite. En ce sens, le lecteur peut se sentir lésé, à raison.

Detective Comics 934

Detective Comics #934
Batman combat Azrael (Jean-Paul Valley) dans une église et découvre qu’un mini-drône, en forme de chauve-souris qui plus est, le surveille. Il rend visite à Batwoman (Kathy Kane) car elle était aussi espionnée par les mêmes gadgets. Le Chevalier Noir fait d’elle sa partenaire et tous deux sont chargés d’entraîner chaque justicier de Gotham qui était suivi par un drône : Red Robin (Tim Drake), Spoiler (Stephanie Brown), Orphelin (Cassandra Cain) et… Gueule d’Argile, à qui Batman souhaite donner une seconde chance.
Excellent début pour une série emblématique de l’éditeur. Joliment dessinée par Eddy Barrow (qui officiait sur les trois premiers tomes de Nightwing) et écrite par James Tynion IV, on sent l’influence de Batman Eternal, avec un fort concept d’entrée, plusieurs héros ou antagonistes et un gros potentiel derrière. Attention donc à la suite, mais cette entrée en matière est fortement agréable, élégante et convaincante !

batman-1

Batman #01
Batman tente de sauver le crash d’un avion en se posant carrément dessus !
Tom King qui avait co-écrit Batman Rebirth (et scénarisé Grayson) empile pour cette suite, plus aboutie, avec David Finch aux dessins (qui s’occupait de la série très mitigée Le Chevalier Noir et La Nouvelle Aube). Les planches sont sublimes, la scène principale fonctionne bien : beaucoup de tension, de suspense, une belle émotion sur la fin également (même si un peu surprenante et peu crédible, ça fonctionne quand même) et une surprise de taille. En effet, deux nouveaux personnages font leur apparition, chacun doué de force surhumaine pour l’instant, mais qui ne sont pas forcément dans le camp des ennemis : Gotham et Gotham Girl. Des noms certes risibles mais du changement, à suivre donc ! Une seule case sonne comme un léger rappel à DC Universe Rebirth, à chacun d’y faire sa petite théorie.

Si le DC Universe Rebirth chamboule « un peu » l’univers déjà connu de DC (au moins dans les dernières planches avec des révélations), les séries suivantes consacrées à Batman restent globalement dans la continuité de ce qu’il s’est fait durant la période New52 (excepté Alfred, qui n’est plus manchot, dommage, mais elles reprennent le personnage de Duke Thomas par exemple). Bref, même si ce Relaunch ne fait pas vraiment office de pétard mouillé (trop tôt pour juger par rapport aux autres séries et à la suite de la trame principale), pour Batman rien ne change vraiment, comme il y a cinq ans, ce fut quasiment la même chose, seul le Dark Knight n’avait pas vraiment été impacté par Flashpoint, les séries suivaient alors le travail de Morrison de l’époque et de la chronologie « classique » avec les mêmes alliés et ennemis. Ce n’est peut-être pas plus mal. Les deux nouvelles séries régulières sont de bons points d’entrée, même si forcément pas extrêmement limpides pour le pur débutant, et donnent envie de lire la suite, en plus d’être extrêmement bien dessiné. C’est là le principal.