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Injustice 2 – Intégrale 1

Après les cinq années/intégrales d’Injustice (cf. index) puis les évènements du jeu vidéo relatés du point de vue d’Harley Quinn dans le très moyen Injustice – Ground Zero, la saga se poursuit dans Injustice 2. Trois intégrales qui se déroulent avant le deuxième jeu vidéo éponyme. Découverte d’un premier volume passionnant qui signe le retour de Tom Taylor, poursuit un univers si atypique de façon originale, convoque des personnages de DC Comics qui n’avaient pas été exploités et s’avère une réussite totale !

[Résumé de l’éditeur]
Depuis que Superman a été mis hors d’état de nuire, il en va de la responsabilité de Batman de regagner la confiance du peuple terrien et d’assurer sa sécurité une bonne fois pour toutes. Mais rapidement, d’autres forces s’élèvent dans l’espoir de profiter du vide laissé par l’ancien tyran. Batman n’a plus beaucoup d’alliés pour l’épauler, mais il pourra au moins compter sur l’aide d’Harley Quinn. Au même moment, la Suicide Squad infiltre le Pentagone…

[Début de l’histoire]
Harley Quinn utilise l’ancienne base de Green Arrow pour la sienne (Le Carquois). Amanda Waller débarque pour la recruter dans la Suicide Squad mais elle est sauvée par Batman qui… n’est pas le Batman qu’elle connaît mais un mercenaire violent qui utilise le même costume que l’homme chauve-souris !

Ce « faux Batman » affronte et blesse gravement le « vrai Batman » qui, en convalescence, retrouve deux vieux amis disparus : Black Canary et Green Arrow – accompagnés de leur fils (voir critique pour découvrir comment) !

Tandis que Batman et sa poignée d’alliés tentent d’instaurer une seconde forme de paix durable après la tyrannie de Superman, la Suicide Squad prévoit justement de libérer le kryptonien de sa prison !

Dans l’ombre, Ra’s al Ghul s’entoure d’anti-héros pour élaborer un plan radical…

[Critique]
Quel plaisir de retrouver l’univers d’Injustice avec une écriture aussi soignée et un renouvellement particulièrement original et réussi ! En effet, après les évènements du jeu vidéo (récapitulatif ici), Superman est dans une prison spéciale et le monde doit recouvrer la confiance envers ses élites politiques. On le mentionnait en critique de fin de la première série (cf. Année cinq), il était dommage et surprenant que quelques têtes familières de DC n’apparaissent pas dans la saga. C’est désormais chose réparée !

En premier lieu, la Suicide Squad fait un retour très remarqué, emmenée en plus d’Amanda Waller par un Batman mystérieux (on ignore son identité) aux méthodes bien plus radicales que le vrai Chevalier Noir. De quoi voir dans cet univers Deadshot, Katana, Captain Boomerang et ainsi de suite. On apprécie également retrouver deux Blue Beetle (Ted Kord et Jaime Reyes), Booster Gold, Atom, Wildcat, Plastic Man et quelques autres. Surtout, Ra’s al Ghul débarque aussi dans Injustice et s’entoure d’une équipe dédiée à l’écologisme : Animal Man, Vixen, Poison Ivy, Cheetah… Le célèbre immortel compte bien profiter de l’état du monde pour avancer dans ses projets (qui se résument toujours, en gros, à détruire le monde pour le rebâtir).

Du côté de Batman, ses fidèles alliées sont toujours présentes (Batgirl/Oracle et Harley Quinn car Batwoman est étonnamment absente) et Injustice 2 signe également le (grand) retour de Green Arrow et Black Canary (alias l’Oliver Queen décédé dans un autre monde et Dinah Lance morte sur Terre-Unie – tous deux rassemblés par le Dr. Fate qui les libère de leur dimension magique). Leur fils Connor combine les pouvoirs et points forts de ses parents. Harley retrouve aussi sa fille, Lucy, vaguement évoquée dans la première série, une enfant qui n’arrive donc pas « de nulle part » mais presque.

En plus ce cela, on apprécie l’implication dans la politique réelle par l’équipe de Batman, ajoutant un arc narratif assez passionnant. L’homme chauve-souris s’entoure en effet de Lucius Fox, Aqualad (Jackson Hyde), Black Lightning (Jefferson Pierce), Natasha Irons, la fille de Steel et Oliver/Dinah pour conseiller le nouveau Président élu des États-Unis. De quoi renouer avec une ampleur sensiblement répartie sur des simples humains mais à grande échelle. Légère révélation : peu avant la moitié du livre, Black Adam recueille… Supergirl ! Une autre grande absente d’Injustice premier du nom.

Multiplier les intrigues, proposer des rebondissement de situation non prévisibles, prendre le temps d’avancer les différents protagonistes vers leurs objectifs, s’attarder sur leurs évolutions personnelles, ajouter de nouveaux héros et anti-héros, inculquer suffisamment de mystère et ce qu’il faut d’humour, le tout sur un rythme haletant et prenant, telle est la recette miracle de Tom Taylor ! L’auteur est de retour sur « sa » série après avoir délégué à Brian Buccellato et Alex Sebala les précédentes fictions (Année trois à cinq pour le premier, Ground Zero pour le second). Taylor distille suffisamment d’émotions avec une grande justesse pour ne pas tomber dans le pathos tout en touchant son lectorat ; du grand art. Surprise : Superman est quasiment absent de l’ouvrage, de quoi relancer brillamment sa série avec de nouveaux enjeux et éviter ainsi la redite.

Sans nul doute, on retrouve tout ce qui faisait le sel des premiers volets d’Injustice. Il n’y a aucun reproche à faire à ces débuts ultra prometteurs ! Même si le récit est cadenassé entre Injustice (en comics) et le jeu vidéo, l’ensemble reste étonnamment accessible. Si les premières moutures d’Injustice (toujours en comics) vous ont séduit, aucune raison de ne pas apprécier cette nouvelle salve. Un elseworld de qualité qui redistribue les cartes : la dictature n’est plus mais la paix est plus que jamais fragilisé dans un monde où de nouvelles règles doivent se mettre en place et chacun (re)trouver son rôle.

Visuellement, la bande dessinée évite, cette fois, les trop nombreux dessinateurs, on a seulement trois artistes : Bruno Redondo, Daniel Sampere et Mike S. Miller. À un ou deux épisodes près, l’ensemble reste donc d’une grande cohérence graphique, bien aidé par des styles nettement plus élégants et moins brouillons que la série-mère, majoritairement portés par Redondo en grande forme. Injustice 2 est, à l’instar de la première série, sorti initialement en numérique, coupant les planches en moitié (et empêchant donc de potentiels beaux dessins épiques en pleine page). La colorisation très mainstream permet d’obtenir un blockbuster comic de qualité où chaque protagoniste est reconnaissable aisément et où le lecteur est embarqué dans une aventure d’action et de réflexion, suffisamment riche et varié (chromatiquement parlant inclus) pour passer un excellent moment.

Plusieurs  bonus concluent le livre dont des travaux de designs de Redondo, des couvertures, artworks et fresque inédite ; plaisant. Comme pour le premier intégrale de la première série, celui d’Injustice 2 rejoint les coups de cœur du site. À noter que cette intégrale regroupe donc les deux premiers tomes simples de la précédente édition. Retrouvez l’index de toute la saga Injustice sur cette page.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 18 novembre 2022.
Contient : Injustice 2 #1 à 12 et #14
Nombre de pages : 312

Scénario : Tom Taylor
Dessin : Bruno Redondo, Daniel Sampere, Mike S. Miller
Encrage : Juan Albarran, Vicente Cifuentes
Couleur : Rex Lokus, J. Nanjan

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Cromatik, Île Maurice

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Injustice – Intégrale : Année quatre

Injustice attaque sa dernière ligne droite avec son avant-dernier volume (de la première série de comics – cf. index) qui convoque les Dieux de l’Olympe ! Après les forces occultes (Année trois), c’est une nouvelle puissance démesurée que vont affronter les deux camps d’Injustice.

[Résumé de l’éditeur]
Les membres du groupe d’insurgés mené par Batman contre Superman entament leur quatrième année de résistance. Une rébellion à laquelle se rallient Zeus et son armée d’Amazones. Prise entre deux feux, Wonder Woman choisira-t-elle de s’opposer aux siens ? Comment le Chevalier Noir parviendra-t-il à tirer profit de cette intrusion divine ?

[Début de l’histoire]
Tandis que le monde entre dans sa quatrième année de règne de Superman, les insurgés menés par Batman ne perdent pas espoir. Le Chevalier Noir propose une alliance au Dieu de la Guerre, Arès.

De son côté Harley Quinn kidnappe Billy Batson ; Barbara Gordon demande l’aide de Lex Luthor pour recouvrir l’usage de ses jambes.

Enfin, Montoya, très affectée par le décès d’Huntress, avale plusieurs pilules vertes (celles qui confèrent des pouvoirs surpuissants), affronte Robin (Damian Wayne) et provoque Superman en duel !

[Critique]
Après la parenthèse consacrée à la magie (Année trois), Injustice va plus loin et ajoute les « vrais » Dieux au centre de son récit. Si Arès (Dieu de la Guerre) était apparu durant le premier volume, il revient aider… Batman ! Mais, encore une fois, entre les retournements de situation et les manipulations diverses, c’est un chantier dantesque qui attend tous les protagonistes de DC Comics. Wonder Woman occupe une place de premier choix dans cette intégrale vu son affiliation (familiale) avec toute cette mythologie gréco-romaine.

Entre le puissant Hercule qui veut en découdre, Zeus qui s’énerve, Poséidon qui intervient court-circuité par Aquaman (qui signe là son grand retour) et un séjour dans les Enfers, aucun doute que les passionnés de cet étrange monde mythique seront ravis. Pour les autres… l’incursion divine risque de dénoter sévèrement avec les simples et banals humains. Pourtant, l’auteur Brian Buccellato, réussit à rendre le tout relativement plausible (toutes proportions gardées bien sûr), en ajoutant même une menace nucléaire provenant des politiciens.

Au milieu de tout ça, Superman est toujours à cheval entre son autoritarisme mais aussi quelques doutes sur sa légitimité. Batman, quant à lui, profite de la situation pour renverser l’échiquier du mieux qu’il le peut. Sa poignée d’alliées restantes (Batwoman, Catwoman, Harley Quinn et… Batgirl – qui revient comme telle mais n’est malheureusement pas du tout exploitée) a bien conscience d’être sur la touche tant ceci dépasse l’entendement classique. Aparté : ajoutons Zatanna et Montoya mais rapidement absentes pour des raisons justifiées et on se plaît à constater qu’à part Batman, il n’y a que des femmes dans sa team ! Harley revient justement un peu plus dans la partie, toujours aussi bien écrite et touchante. Elle forme un drôle de binôme avec Billy Batson/Shazam – forcément, ce dernier ayant les pouvoirs de six Dieux, il ne sera pas de trop dans cette bataille.

Que ce soit au niveau de la Terre ou des divinités, les choses avancent avec davantage d’exposition qui montrent les bénéfices de la radicalité du régime de Superman mais aussi ses limites. Si quelques protagonistes absents avaient pointé une tête dans l’épisode annual du tome précédent (notamment Superboy et les Teen Titans), c’est cette fois Plastic Man et les prisonniers (les habituels – comprendre la galerie de vilains de Gotham – et les « gentils », les anciens Green Lantern) qui sont mis en avant de façon intelligente. On sait pourquoi certains interviennent, d’autres non, où ils étaient et ainsi de suite. C’est Tom Taylor qui signe ce chapitre inédit.

À ce stade, on aimerait (ou aurait aimé) un ou deux chapitres consacrés à Barry Allen/Flash (pourquoi pas avec Cyborg). Le bolide écarlate est le seul justicier dans le camp de Superman qui a dès le début remis en cause sa façon d’agir tout en restant dans son camp. Il est temps de proposer ses pensées subjectives et à quel point il est (normalement) partagé entre les actions à mener pour le bien commun et la limite morale franchie depuis longtemps.

Injustice – Année Quatre bénéficie d’un rythme toujours aussi haletant et est, peut-être, l’un des opus les plus réussi (il semblerait que beaucoup ne partagent pas cet avis mais quand on lit tout à la suite c’est ce qui ressort – d’ailleurs la lecteur sous forme d’intégrales et en continue est nettement plus savoureuse qu’en rythme de publication initiale). Néanmoins, on est loin d’avoir une série inégale, dans l’ensemble chaque tome/année/intégrale est une pépite ! Si on a déjà joué au jeu vidéo, on sait comment tout cela va se terminer mais ça ne gâche pas le plaisir de découvrir un monde si singulier où les rôles sont inversés.

Les rebondissements multiples baignent dans la fiction et, si on ne dévoilera pas les plus importants, soulignons l’agréable rencontre (de prime abord improbable) entre les anciens Dieux (de l’Olympe – Zeus et compagnie) et les « nouveaux » de Jack Kirby et son fameux Quatrième Monde. Une fois de plus : pas besoin de connaissances poussées pour apprécier ces échanges. In fine, tout est même très cohérent, après les adversaires habituels des justiciers, la dimension cosmique (Année deux) puis la menace occulte et magique (Année trois), il était obligé de passer un cran au-dessus avec les divinités.

Certes il peut y avoir une impression de redondance : une année écoulée correspond à une nouvelle menace qui est balayée à la fin et reprend un statu quo plus ou moins commun – en gros l’équipe de Superman contre celle de Batman (avec quelques pertes de temps à autre). Mais ce serait oublier les évolutions de chaque protagoniste par petites touches. Ici, Yellow Lantern qui n’apprécie pas le ton sur lequel lui parle l’Homme d’Acier qui ne se remet pas en question malgré les conseils de Wonder Woman. Là, les parents de Clark Kent qui ont peut de leur propre fils et ce dernier ne sait comment les rassurer.

Ces « micro évènements » intercalés au sein de nombreux combats et scènes d’action (toujours aussi violentes et percutantes) font le sel de la série. C’est typiquement pour cela qu’elle est encore plus appréciable derrière son vernis blockbuster. Même si cette Année quatre fait moins dans la finesse (incluant sa conclusion abrupte et facile), on apprécie aussi les connexions avec des bouts d’intrigues mises en place en amont (Arès dès le premier volume par exemple).

Il ne reste plus grand chose à explorer de l’univers DC qui pourrait stopper Superman à part une évidence que le lecteur de longue date pourrait probablement anticipé et que le joueur sait déjà (et qui est même évoqué en toute fin d’ouvrage).

À l’instar du volume précédent, les dessinateurs sont moins nombreux et leur style davantage communs. Visuellement on a donc de jolies choses malgré quelques visages parfois limite… On y retrouve les principaux de l’Année trois : Bruno Redondo, Mike S. Miller, Xermanico et Tom Derenick. En ce sens, le tome est donc graphiquement l’un des plus beaux grâce aux styles assez communs ou en tout cas efficaces dans le genre. On conseille donc cette Année quatre, au même titre que les autres opus de la série de toute façon. La cinquième intégrale sera la dernière de cette première série de comics, elle est allongée de huit chapitres, portant le total à vingt chapitres (ainsi que l’annual).

À noter que cette première intégrale regroupe donc les tomes simples 7 et 8 de la précédente édition (quelques couvertures alternatives ne sont pas reprises dans l’intégrale). Retrouvez l’index de toute la saga Injustice sur cette page.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 4 juin 2021
Contient : Injustice: Gods Among Us Year Four #1-12 + Annual #1
Nombre de pages : 320

Scénario : Brian Buccellato, Tom Taylor
Dessin : Bruno Redondo, Mike S. Miller, Xermanico, Tom Derenick
Encrage : Juan Albarran, Sergio Sandoval
Couleur : J. Nanjan, Rex Lokus

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Cromatik Ltée – Île Maurice

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Intégrale Tome 1/5 (35 €)
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Injustice – Intégrale : Année trois

La saga Injustice (cf. index) entame sa troisième année, le récit est donc pile à la moitié. Après le cosmique (Année deux), l’auteur Tom Taylor s’aventure dans l’occultisme en plaçant Constantine au premier plan puis passe la main à Brian Buccellato.

[Résumé de l’éditeur]
Après deux longues années de guerre opposant les forces alliées de Superman et l’armée des Green Lantern, le conflit a pris fin… non sans déplorer quelques victimes civiles. Des morts que John Constantine ne laissera pas impunies. En unissant l’équipe de super-héros menée par Batman à plusieurs puissances magiques jusqu’alors isolées, il espère bien mettre l’Homme d’Acier hors jeu, une bonne fois pour toutes.

[Début de l’histoire]
La mère de la fille de Constantine a été tuée à cause du nouveau régime totalité de Superman. L’exorciste compte bien se venger en s’en prenant directement à l’Homme d’Acier avec ses alliés des forces occultes.

Si Batman est toujours méfiant envers Constantine, c’est un atout de choix dans un monde où la résistance est peu nombreuse et est obligée de recourir à des pilules conférant une puissance hors du commun.

Leur stratégie pourrait bien s’articuler autour de Raven, toujours prisonnière dans la tour du Dr. Fate et que Superman recherche activement. Ce dernier commence à autoriser la torture par Sinestro pour soutirer des informations à des partisans du Chevalier Noir…

[Critique]
Les fans de Constantine et, dans une moindre mesure, la Justice League Dark, devraient fortement apprécier ce tome ! On retrouve en effet les figures liés au mysticisme : Dr. Fate et Zatanna (déjà présents dans le second opus), Détective Chimp, Swamp Thing, Etrigan, Deadman, Madame Xanadu, Trigon, le Spectre, Phantom Stranger, le Loqueteux (Ragman en VO) et ainsi de suite. Constantine conserve le premier rôle malgré tout, rejoignant le camp de Batman et ses acolytes. Clairement, si on connait la (très bonne) saga Infinite Crisis, on a l’impression d’y retrouver le même modèle narratif où chaque « axe » de DC Comics était balayé avant d’assister à une crise d’anthologie. C’est donc au tour de la magie d’être au centre du récit (comme le troisième tome d’Infinite Crisis justement).

Les forces occultes ajoutent une nouvelle dimension intéressante puisqu’elles peuvent réellement stopper Superman et ses alliés. Néanmoins, l’enjeu de la fiction ne s’arrête pas à cela, donnant la part belle au binôme improbable Batman et Constantine – bien aidé par des dialogues ciselés et percutants. Tom Taylor écrit les sept premiers épisodes avant de passer le relai à Brian Buccellato (Batman – Anarky, Icare, Flash Renaissance…). Dans l’immédiat, on ne ressent pas trop de changements majeurs.

On apprécie toujours l’originalité complète de la série et son rythme haletant. Les rebondissements sont légion, en particulier du côté des ennemis habituels de Superman qui n’étaient pas apparus jusqu’à présent. Le retour d’un protagoniste phare est aussi une (belle) surprise et très cohérente dans le texte. Il y a, en revanche, de plus en plus de morts, qui sont peut-être « moins bien écrites » que précédemment et donc moins touchantes (la faute, dans ce genre de fictions, à multiplier les décès sans avoir forcément pris le temps de s’attacher au personnage – hormis cette série intrinsèquement bien sûr).

Le seul vrai point faible côté écriture de cette troisième année d’Injustice est qu’elle ne montre pas vraiment ce qu’il se déroule du côté du « règne » totalitaire de Superman sur la Terre ni à échelle humaine (citoyens, politiciens…). C’est dommage car on a l’impression d’avoir une parenthèse uniquement dédiée à une grosse douzaine de héros et anti-héros qui se déroule un peu hors du temps et de l’espace (magie oblige). En somme : l’intrigue globale n’avance pas des masses. Espérons que cela soit repris dans la quatrième année.

L’épisode annual (écrit par Ray Fawkes) qui conclut l’ouvrage apporte d’ailleurs quelques réponses sur l’affiliation des Teen Titans et où ils sont depuis le début de ce conflit. Là aussi, il s’agit peut-être d’une piste pour ce qui va suivre (MàJ : il faudra lire la seconde intégrale d’Injustice 2 pour réellement les retrouver). Autre point apprécié : un épisode complet « alternatif » dans lequel Lois a été sauvée et c’est Batman qui a tué le Joker (tout en se livrant à la police juste après). Une approche singulière et très plaisante, qui redonne foi en Superman le temps de quelques planches…

Bonne nouvelle : moins de dessinateurs opèrent pour ce nouveau volume, de quoi garder une cohérence graphique plus prononcé que précédemment. Bruno Redondo et Mike S. Millersont les plus prolifiques, accompagnés d’Alejandro Gonzalez, Sergio Davila, Pete Woods, Juan Albarran et… Xermanico (Flashpoint Beyond). En somme, visuellement c’est quand même mieux mais il subsiste des visage hideux de temps à autres.

Néanmoins, le scénario prévaut sur le dessin (comme depuis le début). Les combats sont encore plus démesurés grâce à la présence d’entités démoniaques assez dingues. En plus de Constantine, c’est Billy Batson, alias Shazam, qui est un petit peu plus mis en avant.

À noter que cette première intégrale regroupe donc les tomes simples 5 et 6 de la précédente édition (quelques couvertures alternatives ne sont pas reprises dans l’intégrale). Retrouvez l’index de toute la saga Injustice sur cette page.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 5 mars 2021
Contient : Injustice: Year Three #1-12 + Annual #1
Nombre de pages : 320

Scénario : Tom Taylor, Brian Buccellato, Ray Fawkes
Dessin : Collectif (voir article)
Encrage : Juan Albarran, Vicente Cifuentes, Alejandro Gonzalez
Couleur : Rex Lokus, J. Nanjan, Alejandro Gonzales

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Cromatik Ltée – Île Maurice

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Intégrale Tome 1/5 (35 €)
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