Archives par mot-clé : Tom Taylor

Injustice – Année zéro

Que s’est-il passé l’année précédant les évènements d’Injustice (la série de comics, cf. index) ? C’est ce que révèle ce volume Année zéro. Rien d’extraordinaire malheureusement… Explications et critique.

[Résumé de l’éditeur]
« Tout aurait pu être différent s’ils avaient été parmi nous. » Un an avant que Superman ne devienne le dictateur le plus haï de la planète, une Ligue de la Justice encore unie célébrait les héros qui les avaient précédés : la Société de Justice. À leur contact, Batman, Superman et les membres de la Ligue de Justice moderne apprirent comment ces aînés parvinrent secrètement à défaire le tyran nazi durant la seconde guerre mondiale. Mais cette ambiance fraternelle est vite gâchée par les derniers agissements du Joker. Le criminel aurait trouvé le moyen de contrôler mentalement ses adversaires, et s’apprêterait à saboter la Ligue et la Société de Justice de l’intérieur…

Inutile de détailler le début de l’histoire, le résumé officiel de l’éditeur suffit.

[Critique]
Injustice – Année zéro aurait pu être ce prologue palpitant, pièce manquante d’un puzzle narratif et vidéoludique géant mais il n’en est rien, bien au contraire. Des connexions avec la grande saga Injustice, cette Année zéro ne conserve que d’éparses moments, souvent anecdotiques ou prévisibles (Harley Quinn qui réclame un sous-marin, Lois qui apprend qu’elle est enceinte, etc.). L’histoire aurait pu se situer dans un elseworld quelconque ou même dans la chronologie habituelle que cela n’aurait pas changé grand chose.

En effet, le cœur du récit nous ramène… à Hitler (oui oui). Un mystérieux artefact (découvert bien plus tôt) par Hawkgirl et Hawkman permet à quiconque le possède d’obtenir un pouvoir de persuasion mental très puissant. Passé de main en main jusqu’aux nazis, on retrouve sa trace « de nos jours » via un prisonnier de Blackgate, André, échangeant les coordonnées du lieu où a été enfoui ledit objet (par la Société de Justice des années auparavant) contre son évasion. C’est bien sûr le Joker qui se charge d’aider le détenu et, forcément, récupérer l’amulette magique peu après.

Un macguffin puis des confrontations plus ou moins épiques rendant grâce à la Société de Justice (en gros, les premiers super-héros de l’ère DC), globalement absents d’Injustice (en comics – et l’on comprend donc pourquoi ici), nourrissent la fiction. C’est plus agréable à lire que Ground Zero mais ce n’est pas non plus très palpitant, faute à ce scénario (pourtant signé Tom Taylor) semi original, semi déceptif. Effectivement, on s’attendait légitimement à une aventure montrant les destins croisés de tous les héros qui interviendront dans Injustice : les prémices d’une Wonder Woman radicale (comme ce fut le cas de l’annual qui lui était consacré, cf. Injustice 2 – Intégrale 2) et bien entendu quelques sauts d’humeur de Superman… Il n’en est rien ; difficile de savoir si c’est « mieux » comme cela (à minima cela reste cohérent).

Si beaucoup de protagonistes de l’écurie DC Comics gravitent dans Année zéro (avec quelques beaux moments pour certains d’entre eux, les plus « âgés » notamment), il manque cette consistance qui faisait le sel d’Injustice : un rythme endiablé, des retournements de situation, de l’émotion, de l’humour utilisé avec parcimonie, une touche d’humanité qui sonnait très « juste », etc. On repart sur quelque chose d’à la fois convenu et à la fois improbable mais aussi « facile » (le Joker équipé d’un pouvoir magique).

C’est tristement efficace (dans sa narration) sans provoquer d’émerveillement ou d’étincelles qualitatives qui tireraient l’œuvre vers le haut. Point fort et point faible, le récit est auto-suffisant, il peut se lire sans connaître le reste d’Injustice (et donc s’en démarque faute de liens pertinents). Comme toujours avec Taylor et dans cette saga, Harley Quinn est plutôt soigné, ses amoureux devraient donc jeter un œil et apprécier.

Graphiquement, Rogê Antônio et Cian Tormey se relayent avec deux styles à peu près homogènes et plutôt agréables, colorisés par Aine Beredo. Cela fait du bien d’avoir peu de dessinateurs, encreurs et coloristes différents dans un segment d’Injustice ! Le travail est tout à fait correct, à l’image du scénario, ce n’est pas forcément exceptionnel mais ce n’est pas désagréable pour autant. Comme les autres séries Injustice, cette dernière a d’abord été publiée numériquement et en moitié de planches.

À l’instar de Ground Zero, Année zéro est complètement dispensable et n’apporte pas grand chose à la chouette saga que constituait Injustice, à défaut d’avoir ses conclusions de jeux vidéo en comics purs et durs, il y a donc ce prologue bancal et inégal qui vient ajouter une petite touche de complémentaire d’utilisation de tout le bestiaire DC. Ne reste que Injustice vs. Les maîtres de l’univers pour avoir LA dernière fiction corrélée à la saga et tout sera bel et bien terminé, sauf si Taylor se plaît à proposer un troisième opus même s’il n’existera(it) pas en jeu vidéo.

Il faut dire qu’Année zéro a été proposer en 2020 soit trois ans après le dernier jeu vidéo, donc pourquoi pas ! Urban annonce d’ailleurs 270.000 exemplaires vendus des comics (en recoupant les chiffres, nous aurions apparemment 200.000 pour la première série Injustice – incluant probablement les nombreuses éditions diverses de la première année – et 500.000 pour le jeu vidéo (en France uniquement)), preuve qu’il existe toujours un engouement pour l’univers. Ce n’est pas pour rien que les intégrales sont sorties également.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 04juin 2021.
Contient : Injustice Year Zero #1-14
Nombre de pages : 176

Scénario : Tom Taylor
Dessin & encrage : Rogê Antônio et Cian Tormey
Couleur : Aine Beredo

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Calix Ltd, Île Maurice

Acheter sur amazon.fr : Injustice – Année zéro (17 €)



Injustice 2 – Intégrale 3

Dernier tome d’Injustice 2 qui poursuit le très bon travail des deux intégrales précédentes (volume 1 et volume 2) et achève la grande saga Injustice (à l’exception de la suite de l’histoire dans le jeu vidéo bien sûr et deux volumes un peu à part – cf. index).

[Résumé de l’éditeur]
Condamné sur une planète prison par les Gardiens d’Oa, Hal Jordan finit par accepter sa part de responsabilité dans le régime du tyran Superman. Alors qu’il est hanté par des visions du passé et malmené par sa gardienne, Soranik, l’ancien Green Lantern se voit assigné son éternel ennemi – Sinestro – comme compagnon de cellule. Mais la prison est la cible d’Atrocitus et de son redouté Corps des Red Lantern

[Début de l’histoire]
Supergirl et Blue Beetle se retrouvent sur la Lune tandis que le camp de Batman et celui (partiel) de Wonder Woman et Black Adam sont en Inde suite à l’attaque d’Amazo (cf. tome précédent). Les deux groupes mettent leur différends de côté afin de sauver le plus de monde possible.

Du côté de Ra’s al Ghul, sa fille Talia vient à la rescousse de ses deux enfants : Athanasia et Damian, ce dernier emprisonné pour trahison.

Au Manoir Wayne, Alfred et Selina reçoivent une visite inattendue…

[Critique]
Dernier volume pour Injustice 2 qui, comme pour la dernière intégrale de la première série d’Injustice laisse un peu sur sa faim… Forcément, ce qu’il se déroule ensuite est à découvrir dans le jeu vidéo éponyme et non en bandes dessinées. De quoi être frustré de ne pas avoir la suite et conclusion de cet univers. C’est aussi le tome le plus paradoxal : il offre d’excellents moments d’intimité et de justesse (les dialogues entre Blue Beetle et Booster Gold, Clark et Bruce, Alfred et Athanasia – on y reviendra – ainsi qu’avec Bruce, les parents de Clark Kent à plusieurs reprises avec différents personnages : Jon, Clark, Bruce…) mais aussi des pans cosmiques, démesurés voire ubuesques qui font perdre un temps précieux.

L’opus se divise en trois parties. La première se déroule surtout au Manoir Wayne avec différents évènements qu’on ne dévoilera pas et qui auront une suite en fin de tome (avec une nouvelle frustration : quid d’Alfred ? Où peut-on lire ce qu’il va faire ensuite ? On ne le saura probablement jamais…). On en apprend en revanche davantage sur Athanasia, l’autre fille de Bruce (et donc la sœur de Damian) ! Apparue de façon soudaine (voire inexpliquée), elle prend un peu plus d’importance ici. L’on perçoit que c’est Ghul qui l’a prise sous son aile mais sans trop savoir pourquoi ni comment (et malheureusement elle sera absente du jeu vidéo, cela fait donc un second « pétard mouillé », pourquoi ne pas sortir une série sur Alfred et Athanasia vu leur destin commun dans l’ouvrage ?!).

La deuxième partie du livre (la plus grande, environ huit chapitres sur douze, hors annual) se concentre presque exclusivement au parcours d’Hal Jordan. Un chemin de rédemption très intéressant pour un des grands absents de cette seconde saga (le précédent volume ramenait Wonder Woman, au tour de Green Lantern et Sinestro) ! L’occasion pour Tom Taylor de convoquer quelques têtes inédites dont Starro le conquérant, Brainiac (le grand ennemi du jeu vidéo Injustice 2, parfaitement amené ici) et quelques retours amusants (Lobo notamment) ainsi que les Teen Titans. L’auteur continue d’explorer les filiations, après les Ghul, c’est Soranik, fille de Sinestro, qui a aussi une part importante du récit. Si l’ensemble est passionnant bien qu’un peu balisé, il s’étale malheureusement inutilement au détriment des actions et de l’évolution sur la Terre (Unie).

Justement, la troisième et dernière partie se recentre sur cette Terre et montre la dominance croissante de Gorilla Grood à la cité des singes en parallèle des évènements divers liés à Ra’s al Ghul. De quoi être préparé pile pour le jeu vidéo. C’est à la fois le point fort et le point faible de l’œuvre, elle introduit merveilleusement bien le jeu (et accentue le plaisir quand on y joue après avoir lu tout ceci) mais peine à s’auto-contenir, au risque de frustrer et décevoir. Par ailleurs, Injustice 2 en comics est une lecture presque indispensable tant l’histoire du jeu n’expliquait pas plusieurs éléments cruciaux (l’ascension de Grood notamment, le retour de Black Canary et Green Arrow – pourtant décédés –, Wonder Woman, Hal Jordan, Supergirl avec Black Adam, etc.).

Pour information/rappel : le jeu s’ouvre sur la destruction de Krypton et le sauvetage de Kara (comme dans le premier tome) mais ensuite on ne sait pas pourquoi elle se retrouve avec Black Adam et Wonder Woman (ce qui était montré et expliqué dans la seconde intégrale), faisant donc d’Injustice 2 (la série de comics), un complément majeur du jeu. Il s’avère évidemment très plaisant d’y jouer après après avoir tout lu. Le jeu vidéo se poursuit avec un autre flash-back, inédit cette fois, se déroulant dans les débuts d’Injustice du point de vue de Batman et Damian avant de « réellement » revenir à la transition entre fin de cette troisième intégrale et sa suite directe (inédite en comics et uniquement dans le jeu donc – à découvrir dans cet article si jamais).

Mais revenons à ce dernier opus. Autre point dommageable : quelques personnages cultes sont absents de toute la série. Pas une seule fois Cyborg n’est mentionné ! On ne sait pas du tout où il est (en prison en toute logique) ni ce qui lui arrive. Idem pour Batwoman. Les deux furent pourtant très présents lors de la première saga. Aquaman survient juste à la fin dans un rôle très mineur alors que sa perception des choses aurait probablement été intéressante, dans sa gestion géopolitique et marine. De la même manière, Firestorm n’apparaît pas du tout alors qu’il occupera tout un chapitre dans le jeu.

Si Injustice et Injustice 2 ont toujours su savamment doser l’humour, l’étonnante relation entre Killer Croc et Orca (Grace Belin), une femme orque, prend un peu trop de place également (carrément un épisode dédié à leur mariage !). Si cela détonne et amuse, c’est étrangement touchant. Hélas, là aussi on peut déplorer une précieuse utilisation des planches au détriment d’autres protagonistes : Cyborg ou Batwoman comme déjà cités, ou encore Flash et sa culpabilité (évoquée rapidement mais si brillamment dans le volet précédent).

On aurait aussi aimé voir davantage Jefferson Pierce (Black Lightning) en Président des États-Unis (absent du jeu en civil (dans les cinématiques) ou en héros (jouable au combat) – sauf en skin optionnel d’un personnage lui-même optionnel/payant, Raiden de Mortal Kombatsic !). La dimension politique états-unienne ou à échelle terrestre aurait été palpitante après ses prémices en début d’Injustice 2 (on ne revoit d’ailleurs pas du tout Aqualad, un comble !). Idem, le point de vue de quelques antagonistes venant d’Arkham, par exemple, aurait probablement été pertinente. On pense à Poison Ivy, Bane et L’Épouvantail notamment, car tous trois sont jouables dans le jeu. Pour Ivy, son arc est cohérent car il poursuit ce qu’on voit s’instaurer dans les comics d’Injustice 2. En revanche, les deux autres étaient quasiment inexistants dans la bande dessinée mais s’intègrent efficacement dans l’histoire du jeu complet.

En somme, cette troisième et dernière intégrale n’est pas inintéressante ni déplaisante mais un peu décevante. Faute de s’attarder sur des éléments moins importants que d’autres qu’on jugé plus pertinents dans le cadre de l’entièreté de la saga et, donc, du jeu vidéo qui poursuit et conclut (moyennement bien – cf. le résumé complet) cette seconde histoire. Cadenassée à cet autre médium, il est peut-être délicat pour les gamers non connaisseurs des comics de mieux comprendre ce qui se déroule durant le jeu (mais ceci n’est pas une critique négative de la bande dessinée pour autant, au contraire). La conclusion, même ouverte, est un très beau moment d’écriture et de « justesse », émouvant et parfait.

Côté dessins, tout l’album est plutôt solide, bien aidé par « seulement » trois artistes (et non une dizaine comme le volet précédent), à savoir Daniel Sempere, Bruno Redondo et Xermanico. S’il y a toujours quelques fonds de case assez pauvre et une colorisation certes éclatante mais parfois un peu lisse, la presque homogénéité graphique (de ce tome mais aussi des deux d’avant) nourrit la saga en lui apportant cette identité reconnaissable, pas forcément épique ou élégante, mais correcte et suffisante. On rappelle qu’avec une publication originelle en support numérique, les planches étaient divisées de moitié, formant presque des carrés (remis l’un en dessous de l’autre pour les versions librairies), empêchant des illustrations pleines pages.

Tom Taylor a su conserver tout au long d’Injustice 2 un équilibre entre personnages secondaires mis en avant, notamment un bestiaire plus jeune (Supergirl, Damian, les Teen Titans, Blue Beetle…) et protagonistes iconiques mis de côté (Batman, Superman…) ou inédits (Ra’s al Ghul, la Suicide Squad…) sans les dénaturer ou se faire voler la vedette par les premiers. Si l’auteur maîtrise sa narration (la richesse de son récit, ses rebondissements, son travail de caractérisation et son rythme haletant restent les qualités du titre), il fait l’impasse sur quelques têtes familières et se voit obliger de conclure presque abruptement son titre, à suivre dans le jeu vidéo éponyme ou bien… nulle part (Alfred, Jefferson, Athanasia, Aqualad, etc.).

Sans bouder son plaisir tout au long de cette incroyable saga (cf. index), Injustice aura réussi l’étrange pari d’être autant si ce n’est plus passionnant que les séries habituelles de DC Comics publiées en parallèle et se déroulant dans la chronologie dite « officielle ». Une aubaine pour le scénariste Tom Taylor qui s’est rapidement imposé chez l’éditeur et a signé d’autres comics inégalement qualitatifs : la saga DCEASED, Suicide Squad Renégats, Batman – La Dernière Sentinelle, Earth 2

À noter que cette intégrale regroupe donc les deux derniers tomes simples de la précédente édition (cinq et six). En plus du jeu vidéo Injustice 2, un ultime ouvrage un peu à part existe : Injustice vs. Les maîtres de l’univers ainsi qu’un film d’animation assez moyen. Année Zéro peut aussi se lire avant toute la saga, après la première série ou cette seconde (mais il est complètement dispensable). Retrouvez l’index de toute la saga Injustice sur cette page.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 27 octobre 2023.
Contient : Injustice 2 #25 à 36 + Annual #2
Nombre de pages : 320

Scénario : Tom Taylor
Dessin : Daniel Sempere, Bruno Redondo, Xermanico
Encrage : Bruno Redondo, Xermanico, Juan Alabarran
Couleur : Rex Lokus, J. Nanjan, Gabe Eltaeb, John Kalisz

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Calix Ltd – Île Maurice

Acheter sur amazon.fr :
Injustice 2 – Intégrale : volume 1/3 (30 €)
Injustice 2 – Intégrale : volume 2/3 (30 €)
Injustice 2 – Intégrale : volume 3/3 (30 €)




Injustice 2 – Intégrale 2

Après un excellent premier volume, Injustice 2 se poursuit en remettant au premier plan Wonder Woman et… Supergirl ! Découverte.

[Résumé de l’éditeur]
Dépassé par un conflit opposant Batman et Ra’s al Ghul de plus en plus intense, Damian Wayne demande à Black Adam de l’aider à libérer Wonder Woman de sa prison themyscirienne. Mais au cours de ce sauvetage, ils ne s’attendaient pas à se faire une alliée supplémentaire : Kara Zor-El, la cousine de Superman. La jeune femme maîtrise encore à peine toute l’étendue de ses pouvoirs, mais elle est probablement la seule à pouvoir changer le destin de la Terre.

Inutile de détailler le début de l’histoire, le résumé officiel de l’éditeur suffit.

[Critique]
Encore un nouveau segment qui compile les meilleures choses qui se déroulent dans l’univers d’Injustice 2 ! Au cœur du récit : un double sauvetage, une double menace et une double entraide. En effet, Kara, orientée par Ra’s al Ghul et Damian Wayne, se rend sur l’île des Amazones afin de libérer Wonder Woman, retenue prisonnière par ses sœurs guerrières suite à sa participation au conflit aux côtés de Superman (impossible de ne pas penser à la version Loeb/Turner, disponible dans le premier tome de Batman/Superman, publié aux débuts des années 2000).

Du côté de l’équipe de Batman (et toujours ses alliés : Batgirl, Green Arrow, Black Canary, Harley Quinn…), il est temps de sauver les Teen Titans de la Zone fantôme ! L’équipe de jeune super-héros y avait été enfermée par l’homme d’acier durant la première série Injustice (fin d’Année trois) avec un Superboy bien mal en point… L’aide des Plastic Man ne sera pas de trop. L’occasion aussi pour Bruce de renouer avec Tim Drake, tristement écarté durant tout l’ère d’Injustice avec ses camarades (Starfire, Cassie/Wonder Girl…).

Au niveau des menaces, on abandonne (un peu) la politique « humaine » pour avoir droit à la fois à la continuité du plan de Ra’s al Ghul, donc l’extermination des villes peuplées, mais aussi son allié surpuissant, Amazo – un ennemi de la Justice League combinant tous leurs pouvoirs. C’est aussi le retour de Zod, célèbre antagoniste de Superman. Ghul est allié à Gorilla Grodd et Solovar, deux singes puissants (habituellement vilains dans l’univers de Flash – le bolide écarlate revient également éphémèrement). Quand tout ce monde s’affronte ou combat une menace commune, certains doivent s’allier…

Encore une fois, Tom Taylor pioche dans les quelques héros et antagonistes non utilisés ou peu aperçus dans la première série Injustice pour le plus grand bonheur des lecteurs et fans de DC Comics. L’auteur continue de parsemer son récit haletant de surprises non prévisibles (le sort funeste de certains, les identités révélées d’autres – le fameux « faux Batman » –, la voie de rédemption – un peu facile parfois, etc.) avec toujours ce qu’il faut de justesse, humour et émotion. Niveau écriture, il n’y a (encore une fois) pas grand chose à reprocher à cet Injustice 2… On apprécie aussi l’arrivée du satellite espion L’Œil, rappelant les débuts de la grande sage Infinite Crisis !

Tout se lit d’une traite, comme toujours, jonglant brillamment entre les protagonistes avec un parfait équilibre de styles, le tout emmené par des dessins globalement de qualité (voir paragraphe suivant). Surtout (et c’est aussi un retour aux sources), l’on retrouve les nuances dans tous les camps, chacun pétrit de doutes et pas forcément à l’aise avec les méthodes employées pour apporter une paix durable. Une profondeur ajoutée par petites touches à Kara, Damian, Barry et un ou deux autres, parfois le temps de quelques planches, parfois une seule case, mais c’est suffisant pour être touchant.

L’équipe artistique graphique se compose (dessin et encrage) d’un peu trop de monde : Mike S. Miller, Bruno Redondo, Marco Santucci, Tom Derenick, Juan Albarran, Jamal Campbell, David Yardin, Pop Mhan et Xermanico. En résulte, à l’inverse de l’opus précédent, une cohérence visuelle un peu brouillonne, quelques segments qui se démarquent (Campbell entre autres) mais malheureusement trop de visages grossiers tout du long, quelques décors assez pauvres et ainsi de suite. Rien de catastrophique au demeurant (on a connu bien pire, notamment sur la première série Injustice) mais rien d’extraordinaire non plus… On apprécie en revanche la richesse de la colorisation, de belles palettes chromatiques propres au côté industriel de ce genre de productions.

On pourrait chipoter sur le placement de deux récits annuals, l’un consacré à Wonder Woman et se déroulant avant l’entièreté de la saga Injustice, de quoi comprendre pourquoi, dans cet univers alternatif, la célèbre amazone est plus radicale (croquée élégamment par Jamal Campbell). Le second revient sur les hommes de main d’Harley, très présents dans Ground Zero, il leur offre une conclusion qui aurait pu être placée dans la réédition intégrale de ce dernier ou bien en introduction de celle d’Injustice 2. Pas très grave au mais les laisser en plein milieu de ce second volume intégrale casse un peu la dynamique entamée.

En somme, ce second opus poursuit brillamment ce qu’a entamé Taylor et se savoure d’une traite. Les amoureux de Kara/Supergirl et Damian/Robin seront probablement les plus ravis tant les deux personnages sont attachants et bénéficient d’une évolution particulière. Quant aux fans du jeu vidéo, nul doute que ce complément indispensable viendra combler les (nombreux) trous de l’histoire qui occultaient des évènements et ne les expliciter pas (cf. histoire complète dans cet article). À noter que cette intégrale regroupe donc les tomes simples trois et quatre de la précédente édition. Retrouvez l’index de toute la saga Injustice sur cette page.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 10 février 2023
Contient : Injustice 2 #13 + #15-24 + Annual #1
Nombre de pages : 304

Scénario : Tom Taylor, K. Perkins, Brian Buccellato
Dessin et encrage : Collectif (voir article)
Couleur : J. Nanjan, Rex Lokus,Jamal Campbell, David Yardin

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Cromatik Ltée, Île Maurice

Acheter sur amazon.fr :
Injustice 2 – Intégrale : volume 1/3 (30 €)
Injustice 2 – Intégrale : volume 2/3 (30 €)
Injustice 2 – Intégrale : volume 3/3 (30 €)