Page récapitulative de la série Gotham.
Retour à une première partie de saison constituée de la moitié de son totale, soit 11 épisodes. Cette fois-ci, pas de titre pour cette partie mais pour la saison en entier : A Dark Knight (« Un Chevalier Noir »). Cela laisse imaginer une volonté de plus en plus forte de dévoiler Batman relativement tôt… Que vaut cette première partie de saison 4 ? Critique.
Le Pingouin distribue des licences « d’autorisation de racket et extorsion » validées par le maire et le commissaire (un inconnu plus haut placé que Bullock). Cet accord spécial — la Pax Penguina — est décrété en remerciement de la ville pour l’aide fournie par le Pingouin de se débarrasser de la Pègre trois mois plus tôt (fin de saison 3 donc). Évidemment, Gordon ne l’entend pas de cette oreille… Quant à Bruce Wayne, il débute des missions de justicier, se sentant responsable de la libération du virus sur Gotham d’une part, et pensant pouvoir faire « la différence » pour rendre la métropole plus sûre d’autre part. Un « proto-Batman » malheureusement guère convaincant pour ses brefs débuts (on y revient plus tard).
Côté histoire, la Pax Penguina sert de fil rouge à cette première salve d’épisodes et permet de proposer la fille de Falcone, Sofia (parfaite Crystal Reed), en nouvelle antagoniste — très réussie, magnétique et maline. Autre venue : le Professeur Pyg en serial killer de flics — une bonne chose également. La recette de la saison 3 est reprise : on se focalise sur un ennemi secondaire et on le développe sur plusieurs épisodes (comme pour le Chapelier Fou la saison précédente donc). Ajoutons un petit retour de Jonathan Crane (le futur Épouvantail) après son passage éclair en première saison (sous l’égide de son paternel surtout) qui s’avère plus convaincant cette fois. La chute de Bullock vers une voie de corruption de plus en plus prononcée et des responsabilités compliquées draine une tension non négligeable. Celle-ci se traduit également avec une rivalité constante face à Gordon, de quoi pimenter leur relation qui était (re)devenue assez simpliste ; appréciable donc. Ce sont là les éléments les plus passionnants de cette nouvelle saison.
Malheureusement, d’autres, plus négatifs, sont à lister… On déplore bien sûr le retour de Barbara, qui était bien décédée mais est revenue d’entre les morts grâce au puits de Lazare de Ra’s Al Ghul, ce dernier voulant en faire sa complice (mais toute son histoire est ratée). C’est donc la troisième façon de revenir à la vie après les expériences de résurrection par des scientifiques (Jerome) ou celles de Strange à Indian Hill (Mooney Fish). Butch est aussi présent ; il n’était pas mort mais bien dans le coma en fin de saison précédente — cette fois c’est un marécage dans lequel étaient déversée des produits toxiques qui le sorte de son sommeil et le transforme en… Solomon Grundy. Le personnage « zombie » gagne un (tout petit) peu d’intérêt. Sans surprise, le jeu de David Mazouz n’excelle toujours pas, encore moins quand il enfile son masque de proto-Batman — un Dark Knight bien jeune donc, mais cohérent avec ce qu’instaure la série depuis le début. Il y avait pourtant une piste effleurée, quand Bruce Wayne doit jouer le jeune pédant lors d’une vente aux enchères et où l’acteur dévoile davantage d’émotions et d’intérêts. Ce ne fut pas assez creusé pour devenir une norme qualitative, dommage. Sans parler de ses errements en crise d’adolescence avec cuites, sorties en boîte de nuit (sic) — l’occasion de retrouver Tommy Elliott de façon éphémère et énième baston avec Alfred. Le retour de Nygma est également raté. Récupéré par une de ses groupies (!) dans le repaire du Pingouin (peu crédible déjà), le Sphinx se voit dénué… d’intelligence ! Et cherche par tous les moyens à la retrouver, ce qui amène à une collaboration avec Grundy et des retrouvailles, plus ou moins réalistes là aussi, avec Lee Thompkins. Sous un prisme féministe, on peut d’ailleurs également pointer du doigt les nombreux plans sur les décolletés féminins — c’était déjà énormément le cas en saison 3. En arriver là pour susciter une vague notion « sexy » pour le public est risible.
Parmi les bons points, outre ceux de l’histoire vus en début d’article, évoquons un peu la technique avec notamment une musique plus soignée (là où les trois saisons précédentes n’étaient guère mémorables sur ce sujet). On apprécie aussi toujours autant l’esthétisme de la ville de Gotham, à mi-chemin entre ce qu’on connaît dans les films, les comics et les jeux vidéo. Temporellement parlant, on situe difficilement la période d’action puisque la technologie des téléphones portables indiquent plutôt la fin des années 1990 là où les télévisions et les costumes de certains habitants (à commencer par les journalistes) flirtent avec l’élégance des années 50 par exemple. De plus, la ville dévoile le temps de quelques plans de transitions un dirigeable en haut de ses buildings mi-rétro, mi-modernes. Tout cela est vraiment un aspect réussi du show même s’il est dommage de montrer un peu trop d’intérieur : le Manoir Wayne (qui se résume souvent à la cuisine et un bureau dans une bibliothèque), l’Iceberg Lounge, nouveau QG du Pingouin (dont on ne visualise jamais une vue extérieure), le GCPD (avec les places de Gordon et Bullock surplombant les policiers lambdas), et ainsi de suite.
En conclusion, on retrouve les éléments habituels qui fonctionnent bien (Le Pingouin, la ville de Gotham soignée…), des nouveaux qui sont également réussis (le Professeur Pyg, Sofia Falcone, la rupture entamée entre Bullock et Gordon, un Épouvantail plus convaincant qu’en début du show…) et — malheureusement — toutes les problématiques inhérentes de la série. Cela se traduit, comme toujours, par les mêmes personnages qui plombent le récit, comme Tabitha, Barbara et même Selina (formant un drôle de trio, type « Birds of Prey low cost »), Bruce Wayne en proto-Batman qui ne convainc absolument pas (ni par son charisme à cause de l’acteur David Mazouz, ni par son évolution hyper rapide — pas de réel entraînement au combat — donc peu plausible) et aussi par les arcs narratifs novateurs qui sont ratés (Ra’s Al Ghul en tête — le (normalement) charismatique immortel étant réduit à un antagoniste certes puissant mais peu inspiré pour son avenir et pas des masses bien interprété —, un chasseur de primes en cuir pour aider le Pingouin…) ou d’anciens qui se poursuivent mais sont risibles (l’évolution de Nygma, Barbara…).
Bref, des problèmes d’écriture et de casting, comme toujours. À l’instar de la première partie de saison 3, on oscille ici entre de très très bonnes choses et l’extrême inverse avec de très mauvaises. Pénible mais toujours un minimum intéressant (à ne pas regarder bien sûr au premier degré ou en tant qu’adaptation réussie) pour avoir envie de poursuivre — d’autant plus que la fin de ce premier segment annonce des statu quo stimulants.