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Opération estivale 2022 – Le meilleur de Batman (à 4,90€)

C’est désormais une tradition : chaque été l’éditeur Urban Comics propose une opération commerciale (*) très alléchante pour un nouveau lectorat avec dix titres à 4,90€. Entamée en 2020, poursuivi l’an dernier, cette troisième vague est entièrement dédiée à Batman ! Les titres proposés sont d’excellentes factures et c’est (presque) un sans faute pour débuter les bandes dessinées sur l’homme chauve-souris avec cette sélection, en vente à partir du 8 juin 2022. Six volumes – voire huit – sont particulièrement accessibles et idéaux si on ne connaît pas Batman en comics. Une page sur les collections à petits prix est désormais en ligne sur ce site.

Au programme :

  • Tome 1 : Batman – The Dark Knight Returns : F. Miller (contient The Dark Knight Returns # 1-4 + The absolute Dark Knight)
  • Tome 2 : Batman – Année Un (+ Batman et les Monstres) : F. Miller et D. Mazzuchelli (contient Batman #404-407 + Batman and the monster men #1-6)
  • Tome 3 : Batman – Arkham Asylum : G. Morrison et D. MC Kean (contient Batman Arkham Asylum TPB)
  • Tome 4 : Batman – Aventures : T.Templeton, D. Slott et R. Burchett (contient Batman Adventures #1-7)
  • Tome 5 : Batman – Le fils de Batman : G. Morrison et A. Kubert (contient Batman #655-658, 664-666)
  • Tome 6 : Batman – Le Cœur de Silence : P. Dini et D. Nguyen (contient Detective Comics #846-852 + Batman #685)
  • Tome 7 : Batman – Terre-Un : G. Johns et G. Frank (contient Batman Earth One Vol.1)
  • Tome 8 : Batman – Sombre Reflet : S. Snyder et Jock (contient Detective comics #871-881)
  • Tome 9 : Batman – Année Zéro : S. Snyder, J. Tynion IV, Capullo, Albuquerque et Clarke (contient Batman #21-27 + Batman #29-33)
  • Tome 10 : Batman – Curse of The White Knight : S. Murphy (contient Batman Curse of the White Knight #1-8 + White Knight : Von Freeze)

The Dark Knight Returns n’est probablement pas le meilleur titre pour commencer Batman mais il reste culte et incontournable. À posséder donc mais à lire plutôt après avoir découvert d’autres récits (de cette sélection) sur le justicier. Œuvre phare de Frank Miller (qu’il écrit et dessine) publiée en 1986, TDKR a révolutionné aussi bien un pan des comics (dans la foulée de Watchmen) que la mythologie de Batman (voir critique sur le site), ouvrant également un univers façonné par Miller aux suites inégales, cf. notre index récapitulatif.

Année Un est sans aucun doute LE récit fondateur de l’ère moderne de Batman. On y retrouve Frank Miller (à l’écriture seulement), un an après son TDKR (1987 donc) pour une histoire courte (quatre chapitres) narrant le parcours croisé de Bruce Wayne et James Gordon, tous deux débarquant à Gotham City et, bien sûr, les premiers pas de Batman dans un univers « réaliste », poisseux et austère. Idéal pour débuter. Indispensable (critique) ! À noter que le recueil contient aussi Batman et les Monstres (pas encore chroniqué sur le site).

Arkham Asylum est un récit atypique, torturé, proche du « roman graphique ». Là aussi il fait partie de la courte liste des comics Batman incontournables. Une plongée malsaine à lire et à relire (critique) !

Batman – Aventures est tout simplement une série de comics inspirée par la série d’animation de Bruce Timm et Paul Dini, aussi bien graphiquement que scénaristiquement. C’est donc à destination « des enfants » en priorité mais passe aisément pour un ado/adulte bien entendu. À noter que cette série a été publiée dans la collection Urban Kids, donc un format plus petit que les standards de comics, assez épais et souple. Elle compte quatre tomes puis diverses extensions : Batman – Les nouvelles aventures (2 tomes), Batman & Robin – Aventures (3 tomes), Gotham Girls (1 tome), Les adaptations animées (1 tome qui reprend les deux films d’animation, l’excellent Batman contre le Fantôme Masqué et Batman & Mr Freeze : Sub-Zero) et enfin Batman Gotham Aventures (5 volumes pour l’instant, série toujours en cours de parution). Aventures est donc un titre qu’on conseille pour un lectorat plus jeune ou par nostalgie pour les amoureux de la série animée (mais, attention, il y a une suite, voire plusieurs, à découvrir dans un autre format).

Le fils de Batman est un récit peut-être moins accessible car il s’intègre dans une immense saga, regroupée chez Urban Comics dans la série Grant Morrison présente Batman (chroniquée partiellement sur ce site en attendant une relecture complète). Néanmoins, l’auteur ouvrait son run justement avec ce segment sur Damian Wayne (le fils de Batman donc). Le titre reste donc abordable mais se déroule lors d’une chronologie assez avancée (trois Robin se sont déjà succédé à ce moment-là) et appelle à une suite dense et importante dans la mythologie de l’homme chauve-souris. Il s’agit tout de même des premiers pas de Damian Wayne, si vous les avez loupés ou ne voulez pas vous engager sur une longue série/collection, c’est le moment.

Le cœur de Silence est, lui aussi, un titre peut-être moins abordable car il remet en avant le personnage de Silence (Hush en VO) issu du célèbre et incontournable comic éponyme. En France, après une édition par Panini Comics en 2009, Urban Comics avait publié ce récit dans le second tome (sur trois) de la série Paul Dini présente Batman en 2015. Le titre n’a pas encore été chroniqué sur ce site mais est globalement apprécié. Silence faisait partie de la sélection 2020 de l’opération similaire, le remettre deux ans à peine plus tard aurait été délicat.

Terre-Un est le premier titre d’une série se déroulant hors de la chronologie dite « classique » du Chevalier Noir. C’est une réinterprétation des origines sous un prisme autant voire davantage « réaliste » qu’Année Un. Le récit est très accessible et de grande qualité (cf. la critique) mais, encore une fois, il y a deux suites à découvrir : sobrement intitulées tome 2 et tome 3. Normalement, la série est terminée en trois tomes mais vu la conclusion du dernier, on peut imaginer un éventuel tome 4 un jour même si cela n’a jamais été évoqué pour l’instant. D’une manière générale, la gamme Terre-Un (Earth One en VO) revisite les premiers pas de plusieurs super-héros et sont recommandés ; en France, on peut lire les deux tomes sur Superman, les deux sur Wonder Woman, les deux sur Green Lantern et les trois sur Batman bien sûr. Deux sur les Teen Titans existent en anglais.

Sombre Reflet est un récit complet, très conseillé également (cf. critique). Dick Grayson endosse la cape du Chevalier Noir et poursuit le fils de James Gordon. C’est l’un des premiers titres qu’Urban Comics a publié à son arrivée sur le marché en 2012, ouvrant ensuite sur le fameux relaunch New 52 et la série Batman de Scott Snyder. On retrouve une certaine extension à cette histoire dans Le Batman Qui Rit, qui embarque les mêmes protagonistes et est produit par la même équipe artistique (Snyder et Jock).

Année Zéro, déjà publié sous le titre L’An Zéro, correspond aux tomes 4 et 5 de la série Batman de Snyder et Capullo. Une fois de plus, il s’agit d’origines revisitées et parfaitement accessibles (qui se déroulent de toute façon avant les autres aventures du Chevalier Noir de la même ère). Moins acclamé et plus clivant, ce titre fonctionne tout de même par son alléchante proposition graphique et une intéressante structure narrative en trois actes, corrélés à trois ennemis : Red Hood (futur Joker), le Sphinx et le Dr. La Mort. Clairement inégal, Année Zéro fait le travail tout de même si on n’est pas trop exigeant. Et puis, douze chapitres (normalement étalés sur deux volumes) pour 4,90€, il serait dommage de s’en priver.

Curse of the White Knight est un très bon comic mais il s’agit de la suite directe de White Knight (qui était dans l’opération 2020 – à l’instar de Silence, difficile de le remettre aussi tôt dans cette sélection – même s’il sera en août prochain dans la collection Nomad donc à petit prix également, cf. bas de cette page). Il est donc impératif de connaître le titre initial avant de se plonger dans celui-ci… Si Curse of the White Knight est un poil moins réussi que son prédécesseur (cf. critique), il complète et enrichit brillamment le « MurphyVerse », du nom de son auteur/dessinateur Sean Murphy et s’avère donc indispensable si on a apprécié la première salve (complétée depuis par un brillant récit sur Harley Quinn et en attendant le troisième volet de cette saga, Beyond of the White Knight – fin 2022 ou début 2023 en France, ainsi que sa série dérivée sur Red Hood).

 

En synthèse, si vous n’avez rien sur Batman, vous pouvez prendre les yeux fermés les tomes 1, 2, 3, 7, 8 et 9 et éventuellement les 4 et 5 en fonction de vos affinités (voir leur descriptions). Les 6 et 10 sont clairement des suites (surtout le 10) et seront moins intéressants si vous n’avez pas lu Silence et White Knight (tous deux disponibles dans le même format de l’opération 2020 et le second est également prévu dans la collection Nomad qui sortira fin août, cf. bas de cette page). Pour l’ordre de lecture, vous pouvez commencer par Année Un et ensuite il n’y a pas forcément de chemin parfait. Arkham Asylum semble le plus pertinent puis Année Zéro et Sombre Reflet. Terre-Un est une autre relecture des origines mais n’est complète qu’avec ses deux suites (tomes 2 et 3 de Terre-Un donc). Aventures peut se lire aisément n’importe quand, surtout pour les nostalgiques de la série d’animation de 1992. The Dark Knight Returns peut fermer le bal puisqu’il se déroule dans un futur hypothétique avec un Bruce Wayne âgé.

Bien évidemment, si vous n’êtes pas à deux ou trois tomes près et complétiste pour avoir la fresque aux dos des ouvrages, autant prendre les dix… Un pack à 49€ semble en vente en précommande mais mieux vaut passer par une librairie pour être sûr de les avoir. Les lecteurs habituels feront peut-être l’impasse sur l’ensemble de la collection tant elle propose des titres assez cultes et connus. Ou bien, comme toujours, l’occasion de s’en procurer un ou deux manquants à sa bibliothèque même s’ils feront dépareillés.

(*) À noter que cette sélection était connue depuis plusieurs mois grâce/à cause des listings d’éditeurs indexés automatiquement sur les sites de vente comme amazon ou decitre. Une mise en ligne qui ne peut pas être contrôlée par l’éditeur et qui ne correspond pas forcément au bon timing pour sa communication. Difficile d’en vouloir aux personnes qui relaient ces informations ni à l’éditeur contraint de s’adapter bon gré mal gré. Urban Comics a dévoilé officiellement cette opération fin avril 2022.

L’éditeur Panini Comics est concerné également et propose, lui aussi deux types d’opérations similaires. L’an dernier une sur une dizaine de récits phares Marvel en format comics couvertures dures à 5,99€ puis une en 2022 dédiée à Spider-Man, toujours dans le même format mais à 6,99€. En parallèle, dans les enseignes Carrefour, Panini propose depuis quatre ans des récits Marvel thématiques (les alliances, les antagonistes, etc.) et Star Wars dans une (autre) collection, plus petite et format souple (proche de celle d’Urban) pour 2,99€ (puis 9,90€).

Prélude à Joker War et autres récits complémentaires

En France, la saga Joker War a été publiée en librairie dans trois tomes. Mais aux États-Unis, d’autres épisodes se greffaient avec plus ou moins d’intérêt autour de ce crossover. Pour les lire, il faut se tourner vers d’autres séries, proposées soit en librairie, soit en semi-kiosque via Batman Bimestriel (les numéros #11 à #13 notamment). Récapitulatif, explications et critiques.

Tout d’abord, voici commence se décompose la saga en VO. en violet les tomes sortis en librairies, en bleus ceux en kiosque/magazine.

ROAD TO JOKER WAR (Prélude à Joker War)

  • Batman #90-94 : publié dans Joker War – Tome 1 et dans Batman Bimestriel #12 (renommé Le Plan D.)
  • Detective Comics #1022-1024 : publié dans Batman : Detective – Tome 04 : Un cœur hideux et dans Batman Bimestriel #13
  • Nightwing #70-73 : publié dans Batman Bimestriel #12

MAIN STORY (histoire principale)

  • Batman #95–100 : publié dans Joker War – Tome 2 et dans Batman Bimestriel #13 et #14

TIE-INS (récits annexes : pas obligatoires de les lire mais compléments parfois utiles)

  • Batgirl #47–50 : publié dans Batman Bimestriel #13 (sauf le chapitre 50)
  • Catwoman #25–26 : publié dans Batman Bimestriel #13
  • Detective Comics #1025–1027 : publié dans Batman : Detective – Tome 04 : Un cœur hideux (et le chapitre 1027 dans Tome 05 : Briser le miroir) et dans Batman Bimestriel #13
  • Nightwing #74–75 : publié dans Batman Bimestriel #12 (sauf le chapitre 75)
  • Red Hood Outlaws #48 : publié dans Batman Bimestriel #12
  • Batman: The Joker Warzone #1 : publié dans Joker War – Tome 2
  • Harley Quinn #75 publié dans Batman Bimestriel #12

Comme on peut le constater, il reste deux chapitres encore non publiés en France, la plupart des autres se trouvant dans les Batman Bimestriel #12 et #13. Tous ces chapitres n’ont pas encore fait l’objet d’une critique sur le site, difficile donc de savoir si on peut les qualifier d’indispensables ou non dans l’immédiat. Pour les plus complétistes, on peut noter que le prologue de trois pages de Joker War n’est pas inclut dans ce listing (Batman #85 (back-up)), il était proposé en guise d’épilogue dans le douzième et dernier volume de Batman Rebirth (on le trouve également en ouverture dans Batman Bimestriel #11).


Tome 1 : Batman #86-92 + Batman Secret Files #3
Tome 2Batman #95-100, Joker War Zone #1, Joker 100 pages Spectacular
Tome 3 : Batman #101-105, Batman Annual #5, Punchline Special #1

Par contre, on peut se tourner vers les trois tomes actuellement disponibles en librairie afin de découvrir Joker War (incluant une bonne partie de son prélude) et tous chroniqués sur ce site (cliquez sur les couvertures ci-dessus). On rappelle que les deux premiers tomes – qui se suffissent largement à eux-mêmes et forment un récit quasiment complet – remportent l’adhésion et sont un véritable coup de cœur (bien aidés par leur proposition graphique). Le troisième volume se compose de Batman #101-105, Batman Annual #5 et Punchline Special #1, des récits qui n’ont plus grand chose de liés à Joker War

Il est vrai que le choix éditorial d’Urban Comics est un peu étrange, cf. composition ci-dessus. Avoir nommé Joker War cette saga en pensant l’étaler sur plusieurs tomes était risqué puisqu’on savait qu’il s’agissait d’une histoire à peu près terminée avant sa publication. Le premier tome propose ainsi des chapitres introductifs (quatre Batman Secret Files #3 et les épisodes #86 à #89 de la série Batman, qu’on trouve également dans Batman Bimestriel #11) et en quatrième de couverture du troisième tome, il est spécifié « série en cours » (on attend donc légitimement un tome 4). Hors, l’éditeur a depuis précisé en réponse à un commentaire sur Facebook que Joker War était bel et bien terminée en trois volumes… La « suite » (les guillemets sont de mises car il s’agit bien de la continuité de la série Batman mais qui n’a plus du tout de lien avec la fameuse guerre du Joker) sera dans Batman Infinite (tome 1 prévu en janvier 2022), qui proposera donc les épisodes #106 à #111 de la série Batman. Tout le monde arrive à suivre ?

Le lecteur français a de quoi être davantage perdu car, plusieurs mois après la publication des tomes en librairies de Joker War, on peut découvrir dans Batman Bimestriel d’autres récits s’y connectant. Certains étaient déjà connus si on lisait la série Batman : Detective, d’autres sont complètement inédits et leur critique sera disponible sur cet article prochainement. Difficile de savoir s’ils vont être publiés ensuite en librairie, il y aurait moyen de constituer un tome 0 ou un 4 avec ce matériel…

Ce qu’il faut lire avant Doomsday Clock

Doomsday Clock est officieusement la suite de Watchmen, monument du comic-book qui a révolutionné le genre lors de sa publication en 1986-87. S’il est évident qu’il faut connaître cette bande dessinée culte avant d’entamer Doomsday Clock, en vente depuis le 23 octobre 2020, d’autres pré-requis sont plus ou moins nécessaires (mais aucun réellement « obligatoire », in fine). Explications.

WATCHMEN

Lecture obligatoire sur laquelle on ne va pas s’éterniser ici tant une critique et un résumé seraient denses. Sachez que si vous avez vu l’adaptation en film réalisée par Zack Snyder (idéalement dans sa version Director’s Cut — pas forcément la Ultimate), vous connaissez déjà l’essentiel. Une unique différence notable à préciser se situe dans l’exécution du plan d’Ozymandias. Dans la bande dessinée, il fait appel à un corpus d’humains talentueux (ingénieurs, artistes… qu’il tuera ensuite) pour concevoir une créature extraterrestre, menace ultime qui permet aux pays de la Terre de s’unir pour faire front et aboutir sur une paix universelle, basée donc sur un mensonge et une manipulation. Les rares personnes au courant sont le Hibou et le Spectre Soyeux qui décident de garder le secret, le Dr. Manhattan qui, s’il n’approuve pas ce plan mais concède l’intérêt commun de sa finalité, part s’exiler sur Mars et, enfin, Rorschach qui se fait assassiner par Manhattan car il voulait révéler la vérité au monde entier, n’acceptant aucun compromis. Son carnet intime qui relatait tous ces faits a été envoyé à un journal sans qu’on sache (à la fin de Watchmen) ce qu’il en sera fait.

Dans le long-métrage sorti au cinéma en 2009, c’est le Dr. Manhattan lui-même qui fait office de menace (nucléaire) — un choix parfois controversé puisque cela cassait la notion d’imaginaire infusée par Alan Moore dans le médium (mais apportait une meilleure plausibilité) et, surtout, se basait sur un problème né aux États-Unis et non d’une autre planète (difficile donc de s’unir dans un second temps avec le pays)… L’excellente série télévisée du même titre diffusée sur HBO en 2019 proposait également une suite au comic-book tout en s’en démarquant habilement. Le showrunner Damon Lindelof a, lui, bien pris en compte la fin de Watchmen issue de la bande dessinée et non du film. Pour les fans, on conseille quelques titres de Before Watchmen, qui remontent aux origines des protagonistes, dont Minutemen (cf. mon autre site beforewatchmen.com).

 

FLASHPOINT

Point de départ d’une nouvelle ère dans les comics DC, l’univers créé dans Flashpoint rabat quelques cartes notables dans la mythologie des super-héros. Ainsi, Bruce Wayne a été tué enfant et c’est son père Thomas Wayne qui a endossé la cape de Batman par exemple (qu’on retrouvera dans Le Badge, dont on parle plus bas, et dans la série Batman Rebirth). Aquaman et Wonder Woman se livrent une guerre sans merci et imposent leur suprématie aux humains. La mère de Barry Allen est toujours en vie et Flash n’a pas ses pouvoirs (dans un premier temps en tout cas). En quelques chapitres (cinq officiellement, six officieusement en comptant l’introduction sur Nega-Flash (Eobard Thawne), l’ennemi du bolide écarlate responsable de cette situation inédite), Geoff Johns mêle habilement des personnages familiers dans une itération singulière et passionnante.

En découle non pas une Terre parallèle mais une étrange « remise à zéro » (relaunch donc) qui efface la continuité dite Classique (1985-2011) et lance un nouveau départ pour tous les justiciers (les fameux titres de la collection Renaissance, alias New 52). Mais ce « Flashpoint Univers » fait partie intégrante de l’univers dans lequel gravite Flash et reviendra par la suite se greffer à quelques histoires. Impossible de savoir si cela était anticipé dès le départ par le scénariste lors de publication en 2011 — encore moins si des connexions à Watchmen étaient prévues par la suite à ce stade (il n’y en aucune dans Flashpoint). Indispensable pour avoir en tête les éléments importants qui déboucheront sur Doomsday Clock.

 

JUSTICE LEAGUE – LA GUERRE DE DARKSEID (facultatif)

Après Flashpoint, la série Justice League est repartie à zéro. Ses membres se connaissent à peine dans le tome un de la série du même titre (époque Renaissance / New 52 toujours) et s’unissent pour la première fois. Au cours d’une dizaine de volumes (puis quatre intégrales rééditées), l’équipe affronte Darkseid et l’Anti-Monitor. De cette guerre (compilée et disponible dans le quatrième et dernier tome de la réédition en intégrale donc — cf. couverture à gauche), on constate de brèves allusions à de nouvelles menaces, un nouveau statu quo pour quelques personnages et des éléments qui convergent vers une « suite » qui semble importante (en complément de deux pages d’épilogue qui — désormais — font sens quant à la connexion avec Watchmen/Doomsday Clock). La fin globale du comic-book est d’ailleurs beaucoup trop ouverte pour livrer une conclusion satisfaisante d’un point de vue narratif. Superman semble vouer à mourir, Batman apprend qu’il y a trois Joker et non un, Wonder Woman découvre un secret de famille, Lex Luthor tient un nouveau rôle crucial, etc.

Pas forcément de gros liens directs avec les autres histoires (passées ou futures) listées sur cette pages mais quelques subtilités à droite à gauche et surtout une mise à jour intéressante pour mieux savoir « qui est qui » avant d’aborder la suite. Rien d’obligatoire avant d’entamer Doomsday Clock donc mais si vous possédez ces comics, autant relire rapidement sa conclusion et, surtout, son épilogue (probablement à ce moment là que Geoff Johns savait vers quoi il se dirigeait concrètement).

 

DC UNIVERS REBIRTH #1

Cette fois c’est la bonne, le chapitre one-shot de DC Univers Rebirth confirme une nouvelle relance des titres mais amorce un virage bien mystérieux relié à Flashpoint. C’est Wally West qui est désormais au centre du récit (il avait disparu depuis Infinite Crisis) et tâche de revenir dans l’univers des super-héros, alertant d’une menace plus grande que Darkseid (rétroactivement il s’agit bien sûr du Dr. Manhattan).

Plusieurs indices prouvent les connexions aux Gardiens (Watchmen) : le découpage en neuf cases de la première planche qui reprend le fameux gaufrier de l’œuvre culte (en plus de montrer les rouages d’une montre comme Jon Osterman en son temps), la mort de Pandora (apparue dans la série Justice League justement) qui est similaire à celle de Rorschach (et à celle de Metron vue en épilogue de La Guerre de Darkseid), la découverte du fameux badge du Comédien dans la Batcave et la conversation finale entre Ozymandias et Manhattan reprise à la fin avec les aiguilles de la fameuse montre de ce dernier puis de l’horloge de l’apocalypse (traduction française du terme « Doomsday Clock »).

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Audacieuse et ambitieuse, l’histoire (toujours signée Geoff Johns) amorce bien sûr la fusion des deux univers phares de l’éditeur américain (celui de Watchmen donc, croisé avec celui des super-héros de DC Comics). Première « introduction » à Doomsday Clock, ce récit intitulé DC Univers Rebirth place aussi quelques pions : mort de Superman (à lire dans Superman Requiem) mais retour de celui de la continuité Classique, présence d’un certain Johnny Thunder en vieil homme fou et d’une mystérieuse femme blonde lunaire, retour du professeur Palmer (Atom — qui n’aura finalement pas de présence dans Doomsday Clock) et de nombreuses apparitions de personnages iconiques de DC (incluant certains découverts dans La Guerre de Darkseid)… Frustrant dans un premier temps autant qu’excitant (on veut la suite !) voire agaçant (toucher à l’intouchable Watchmen qui se suffisait à lui-même est risqué) mais ô combien passionnant !

On peut lire DC Univers Rerbith dans le gros pavé du même nom qui compile ce chapitre (indispensable) d’une soixantaine de pages ainsi que tous ceux consacrés aux héros et antagonistes de DC qui montrent leur nouveau statu quo. Ceux-ci sont en revanche pas du tout obligatoires (en plus d’être inégaux), on préfère conseiller l’achat de la version kiosque de l’époque (mai 2017), c’est-à-dire le magazine Récit Complet Justice League Hors-Série #1 : DC Univers Rebirth (voir couverture à gauche). Vendu 4€50 initialement, on continue de le trouver aisément aux alentours de 5€ en occasion, ce qui évite de débourser 35€ pour la version librairie.

 

DC UNIVERS REBIRTH – LE  BADGE (BATMAN & FLASH)

Dernière ligne droite et seconde véritable « introduction » à la rencontre de Watchmen et des super-héros de DC, Le Badge tient en quatre chapitres et met en avant Flash et Batman. Tous deux enquêtent sur ledit badge, étrange artefact trouvé dans la Bat-Cave lors de la réapparition de Wally West. On retrouve l’emblématique découpage en gaufrier neuf cases dans le premier épisode qui marque aussi le retour de Néga-Flash, à l’origine de l’univers Flashpoint. Le bolide écarlate et le Chevalier Noir vont justement à nouveau dans cet univers et rencontrent Thomas Wayne. Un ancien Flash, Jay Garrick, est également de la partie, faisant la part belle (à travers toutes ces publications différentes depuis Flashpoint) aux différents justiciers doué de super vitesse. On aperçoit encore le vieil homme fou (Johnny Thunder) et la mystérieuse femme blonde enfermée cette fois à Arkham. L’épilogue montre désormais clairement la main du Dr. Manhattan, tous est prêt pour la confrontation entre cette entité bleutée mi-humaine mi-divine et… Superman !

Là aussi Le Badge s’avère fascinant mais bien trop frustrant tant l’ensemble n’avance pas trop. Intrinsèquement, il a peu d’intérêt d’ailleurs. Néanmoins en relisant tout à la suite, entre cohérence narrative et superbes graphismes, difficile de bouder son plaisir. Attention à ne pas décevoir dans la conclusion, donc dans Doomsday Clock, car la première partir de ce dernier prend trop son temps pour avancer l’histoire qu’on avait déjà eu sporadiquement ici et là…

 

DOOMSDAY CLOCK

Aboutissement de longue haleine, rencontre extraordinaire de l’univers de Watchmen et des (nombreux) personnages de DC Comics au sens large (justiciers et antagonistes), Doomsday Clock séduit et déçoit (forcément) à la fois. Œuvre importante, dense et (inutilement) complexe, le livre ne marquera pas autant l’industrie qu’une des nombreuses « crisis » de l’éditeur même s’il tend à s’y prétendre fièrement (à raison). D’une qualité graphique exceptionnelle sous les traits de Gary Frank, l’héritage de Dave Gibbons est préservé, la pastille « nostalgique » en moins au niveau de la colorisation notamment (de Brad Anderson, qui excelle dans son style, un peu éloigné de celle de John Higgins en son temps). On émet quelques réserves sur le scénario et, in fine, la succession d’Alan Moore tant Geoff Johns rate des évidences mais réussit d’autres éléments, tout en soignant son ensemble, remarquable de cohérence (même s’il faut accepter quelques ficelles narratives grossières). C’est l’avant-propos de l’éditeur qui résume le mieux Doomsday Clock : le cynisme et les désillusions issus de Watchmen ont rendez-vous avec le (monde) merveilleux des super-héros. En ce point, la bande dessinée est immanquable pour les fans des deux univers.

Critique et analyse complète sur le site.

 

On récapitule. Les bases « essentielles » sont donc (en plus de Watchmen bien sûr) : Flashpoint, DC Univers Rebirth #1 (idéalement en version kiosque) et Le Badge. L’investissement de ces trois livres n’est pas excessif (à l’exception de la version librairie de DC Univers Rebirth) et la lecture très rapide : une grosse dizaine de chapitres. Certains évoquent la lecture facultative de DC Univers Rebirth – Superman, il n’en est rien, cela n’a aucun intérêt. Doomsday Clock pourrait se lire juste en suite de Watchmen mais il serait dommage de passer à côté des trois œuvres pré-citées pour mieux le savourer. Néanmoins, si vraiment vous n’avez pas le temps, l’argent ou l’envie de plonger dans les DC, la seule lecture de Watchmen suffit amplement.