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Batman Metal – Tome 03 : Matière Hurlante

Article récapitulatif sur l’univers de la série et ses conséquences.

Suite et fin de la « révolution métal » de DC Comics dans ce troisième tome. Après un premier volet original, audacieux mais très indigeste et (inutilement) complexe, puis un second mieux rythmé, singulier et plaisant, que vaut cette ultime salve ?

[Résumés de l’éditeur]
Tome 01
: Enquêtant sur l’existence et les propriétés de différents métaux disséminés à travers la planète depuis des millénaires, Batman découvre un portail ouvrant sur un anti-multivers (le « Multivers Noir », nda) ; des dimensions parallèles où l’Histoire a déraillé et où des Chevaliers Noirs terrifiants ont supprimé les membres de la Ligue de Justice. Aujourd’hui, ces derniers décident d’envahir notre dimension.

Tome 02 : Alors que les plans de Barbatos concernant Batman apparaissent au grand jour, ses agents du Multivers Noir pénètrent notre réalité et confrontent leurs membres référents de la Ligue de Justice. Mais qui sont en réalité le Dévastateur, Red Death, la Noyée ou bien encore le Batman qui Rit, ces Chevaliers Noirs qui tous semblent être une version déformée du plus grand des justiciers, Batman ?

Tome 03 : Les Chevaliers Noirs contre la Ligue de Justice : le Multivers contre le Multivers Noir. Alors que Batman et Superman se retrouvent capturés et prisonniers d’une des tours de Barbatos, les derniers super-héros libres tentent tant bien que mal de réunir les différents métaux capables de leur assurer une victoire décisive et de leur permettre de sauver de l’extinction les nombreuses réalités parallèles.

Ce dernier tome se divise de la façon suivante : De la bouche de l’enfer (quatre chapitres provenant de plusieurs séries (The Flash #33, Justice League #32 et #33 et enfin Hal Jordan and The Green Lantern Corps #32), la série mère Batman Metal (ses trois derniers chapitres), entrecoupés d’épisodes en marge comme Retrouvé (sur Hawkman) et La Traque Sauvage (sur Les Chevaliers Noirs).

[Histoire]
Sept jours après l’apparition du Mont Challenger à Gotham City et des Chevaliers Noirs de Barbatos (menés par le Batman Qui Rit), Superman rejoint Batman dans le Multviers Noir pour le sauver (déjà vu en fin du volume précédent).

Trois équipes de super-héros se rendent à divers endroits afin de récupérer du « Métal N », qui pourrait vaincre les sbires de Barbatos. Wonder Woman, Kendra et le Dr Fate vont au rocher de l’éternité. Green Lantern et Mister Terrific dans l’espace vers l’empire Thanagarien. Aquaman et Deathstroke dans les profondeurs enfouis de l’Atlantide. Mais très vite, tous vont affronter les Chevaliers Noirs maléfiques. Murder Machine et Devastator retrouvent Steel et Flash (qui avaient aidé Superman à rejoindre le Multivers Noir). Soudainement, Cyborg réapparaît aussi…

Très vite, tout le monde est séparé et la Justice League doit compter sur chacun de ses membres, à l’exception de Batman (disparu) et Superman (piégé dans le Multivers Noirs). Ainsi, Wonder Woman, Flash, Green Lantern, Aquaman et Cyborg sont les derniers espoirs de l’humanité et du Multivers. Chacun débarque dans une Batcave bien particulière…

[Critique]
Cette conclusion est une semi-réussite (ou un semi-raté, c’est selon). Les délires de Scott Snyder vont dans trop de sens et plusieurs ne fonctionnent pas, beaucoup éparpillés depuis le début de la série et certains condensés dans sa dernière ligne droite (la deuxième moitié de ce livre) : les vibrations au rythme de la musique (Batman « Metal » si on n’avait toujours pas compris…), l’échappée littéraire de Sandman, la profusion de personnages secondaires pas forcément connus de tous les lecteurs sans qu’ils soient habilement introduits (Raven, les Metal Men, Mr Terrific, Plastic Man…), le (trop grand) rôle étonnant de Hawkman, la puissance des singes (!), une 53ème Terre en deus ex machina (avec foule de Batman : celui du Dark Knight Returns, de Vampire, de Red Son… mais hélas pas du tout exploités), un autre coup magique pour se sortir de tout ce bordel (qu’on ne dévoilera pas ici mais d’une paresse intellectuelle et bêtise confondante presque), un Dragon Joker (si, si !), les tribus préhistoriques, des nouveaux métaux indispensables, la répétition multiple de la phrase « toutes les routes mènent aux ténèbres » et ainsi de suite. Difficile de ne pas être perdu ou de trouver tout ça très cohérent et palpitant.

Néanmoins, d’autres éléments, plus positifs, sont à retenir. À commencer par toute la première moitié du livre qui fonctionne très bien avec les recherches et aventures des membres restants de la Justice League (sans Batman et Superman donc). La résolution du combat entre le Batman Qui Rit face à deux adversaires inédits (et, in fine, logique) est plutôt jouissive et limite culte. Le spectacle visuel et épique de l’acte final, malgré sa bouillie narrative et complexe, vaut aussi le détour.

Comme souvent chez Snyder (tout comme J. J. Abrams au cinéma et à la télévision), on sait débuter ses récits par des concepts soignés, originaux et intrigants mais on ne sait plus trop comment les résoudre en cours de route. C’est évoqué en conclusion : toute cette guerre n’est finalement qu’un commencement (voir fin d’article pour les conséquences). À l’instar des deux volets précédents, l’auteur pioche dans quelques épisodes de DC Comics des avatars plus ou moins populaires. Hawkman et ses réincarnations (un support matériel artistique peu publié en France), le démon Onimar Synn (vu dans Infinite Crisis), l’étoile de mer maléfique Starro (Justice League Anthologie, DC Comics Anthologie) ou encore le vaisseau Ultima Thule (Final Crisis). Ce travail rappelle évidemment celui de Grant Morrison (qui a aussi contribué au dernier chapitre Batman Metal) et ravira les fidèles de longue date. Chez les autres, cela passera sans doute moins bien (tout comme la lecture du run de Morrison par des non-initiés).

Niveau protagonistes, une certaine diversité équilibrée se dégage. Flash, Green Lantern et Cyborg occupent une place importante durant le premier tiers du livre. Une aubaine pour Cyborg, souvent relégué à un rôle très secondaire au sein de la Ligue. Hawkman/Carter est au premier plan à la moitié de l’ouvrage lors du chapitre qui lui est consacré. S’il est moins plombant que d’autres, il reste expéditif, offrant un aparté au moment où Superman et Batman le rejoignent, à la Forge. On retrouve ensuite le singe Bobo/Detective Chimp et (brièvement) les Metal Men puis le fameux Batman Qui Rit et ses Chevaliers Noirs. Wonder Woman est à nouveau la super-héroïne de choc pour la confrontation finale (un peu comme dans La Guerre de Darkseid). Étrangement, on aurait aimé suivre Lex Luthor aussi dans ce gros bazar (on apprend d’ailleurs qu’un Bruce Wayne a fusionné avec Luthor dans une des dimensions du Multivers Noir — on veut le découvrir !) et visiblement les quelques morts semés sont vite oubliés (comme Mera, qui ne réapparaît pourtant pas malgré un Aquaman qui continue d’être tout sourire à la fin…).

Une fois de plus, c’est la folie concernant les équipes artistiques. Outre Scott Snyder et James Tynion IV à l’écriture, d’autres auteurs se succèdent : Josh Williamson, Robert Venditti, Jeff Lemire et, comme déjà évoqué, Grant Morrison. Aux dessins, sur la série principale, Greg Capullo est en moyenne forme : ses différents visages sont trop ressemblants, ses figurants sont dans un style graphique proche d’un brouillon de Miller… Toutefois, son ultime chapitre est dantesque par ses batailles et combats homérique. Une dizaine d’autres artistes alternent les planches du volume : Liam Sharp, Doug Mahnke, Howard Porter, Jorge Jimenez, Ethan Van Sciver, Tyler Kirkham, Mikel Janin, Byan Hitch et Alvaro Martinez. Et autant aux couleurs bien sûr.

Toute cette épopée (l’entièreté de Batman Metal) est donc parfois lourdingue, parfois plaisante, certes audacieuse et assez originale mais plombée par une lecture pénible et des enjeux incompréhensibles avec des explications confuses ; à l’image de ce troisième tome, épuisant. On retient donc surtout le deuxième, centré sur les Chevaliers Noirs fous, comme pépite singulière et passionnante. D’une manière générale, ce sont d’ailleurs les chapitres des séries connectées et non de la principale qui sont les plus réussis, un comble ! Le Batman Qui Rit reste sans nul doute la meilleure création de l’ensemble, un nouvel antagoniste charismatique, effrayant et paradoxalement séduisant.

D’autres titres se déroulent après Batman Metal (l’épilogue laisse peu de places au doute de certaines conséquences de toute façon) ; à commencer par le one-shot No Justice, qui débouche ensuite sur la série New Justice (équivalent de relaunch de la Justice League). La série dérivée Le Batman Qui Rit se suit en un tome éponyme (plus ou moins indépendant) puis un second (idem), intitulé Les Infectés, qui se situe en marge de  Justice League : Doom War. Enfin tout cela converge vers Death Metal, prévu en France d’ici la fin de l’année.

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 2 novembre 2018.

Scénario : collectif (voir article)
Dessin : collectif (voir article)
Encrage additionnel : collectif
Couleurs : collectif

Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Batman Metal | Tome 01 : La Forge
Batman Metal | Tome 02 : Les Chevaliers Noirs
Batman Metal | Tome 03 : Matière Hurlante

Le Batman Qui Rit

Article récapitulatif sur l’univers de la série et ses conséquences.

Apparu dans Batman Metal, le personnage charismatique du Batman Qui Rit poursuit sa croisade contre Batman/Bruce Wayne dans un volume indépendant qui se déroule après la fin de la série mère (le volume trois de Metal donc). Toujours écrit par Scott Snyder, que vaut cette incursion ?

 

(À gauche, la couverture classique, dessinée par Ben Oliver,
à droite la version croquée par Jock pour l’édition limitée en vente au Comic Con 2019 de Paris.)

[Histoire]
Le Batman Qui Rit a survécu à son combat contre Batman et le Joker. Il débarque à Gotham City avec un nouveau Bruce Wayne maléfique : le Grim Knight. Dans le monde initial de ce Chevalier Noir, ce Bruce/Batman utilise des armes à feu et tue de sang-froid tous les criminels (il avait abattu Joe Chill avec sa propre arme juste après le meurtre de ses parents).

Le Batman Qui Rit et Grim Knight ont un double plan. D’un côté faire de Bruce Wayne un nouveau Batman Qui Rit en le fusionnant avec une toxine du Joker qui se libère une fois qu’il meurt. D’un autre évidemment détruire la ville…

Plusieurs cadavres sont retrouvés par Batman : tous ont son ADN et sont donc des Bruce Wayne provenant d’autres mondes. Qui sont-ils exactement et pourquoi sont-ils arrivés ici ?

[Critique]
Un des rares éléments les plus réussis de Batman Metal était le fameux Batman Qui Rit (et ses fameux Chevaliers Noirs). On se plaît donc à le revoir ici au premier plan, face à « notre » Batman. Les huit chapitres qui forment ce volume unique (qui appelle à une suite mais peut effectivement être lu de façon indépendante) sont une plongée violente et passionnante dans une course contre-la-montre, certes tirée par les cheveux (comme souvent chez le même auteur, Scott Snyder), mais dotée de bons ingrédients.

On retrouve en premier lieu un triptyque efficace contre le Mal : Batman, Alfred et Gordon. Ce côté « à l’ancienne » est accentué par la présence quasi mystique du Joker et du Grim Knight. Cela forme une approche très terre-à-terre et brutal, très efficace puis paradoxalement rejointe par l’aspect horrifique, fantastique et presque science-fiction du Batman Qui Rit. Un mélange des genres plutôt bien géré.

Malgré certaines qualités narratives (l’originalité du début — sincèrement réussi —, l’empathie envers les personnages…), d’autres séquences d’écrituer viennent plomber un peu le récit. Le dernier tiers du livre est interminable et confus. Snyder retombe dans ses explications alambiquées et vers un statu quo somme toute classique (comme trop souvent avec lui, hélas). Le scénariste continue aussi d’explorer son propre BatVerse avec cette « incompréhensible » Cour des Hiboux (vite mise hors-jeu pourtant, donc presque figurante) et Gotham elle-même dans un rôle majeur.

On trouve (avec malice) dans cette histoire une suite plus ou moins officielle à l’excellent Sombre Reflet, première histoire du Chevalier Noir écrite par Snyder et dessinée également par Jock. En effet, James Gordon Jr. tient un rôle important ici, permettant de voir ce qu’il était devenu. Bouclant ainsi la boucle, comme le laisse entendre l’auteur en avant-propos. Il explique aussi que Le Batman Qui Rit se déroule en parrallèle de son autre série qu’il scénarise : New Justice. Nul besoin de la connaître pour comprendre les éventuelles connexions (à chaud on en voit même aucune si on est vierge d’informations sur New Justice).

Le dessinateur Jock livre des dessins de bonnes factures avec son style inimitable : ses traits anguleux, droits et sa violence graphique. Malheureusement, il n’est pas au sommet de son art (cf. certaines illustrations de cet article, avec une petite galerie à la fin — même si les plus « belles» ont été sélectionnées —, et à l’exception de l’image ci-après et d’une autre, facilement identifiables, signées Eduardo Risso). La faute aussi à des décors parfois pauvres ou des fonds vides et à peine colorisés. Il manque quelques dessins en pleine planche ou double-pages où Jock aurait laissé son talent casser les rétines des lecteurs. Attention, ce n’est pas raté, loin de là (à nouveau se référer aux images de ce papier), mais quand on connaît le travail de l’artiste, on est un petit peu déçu de ne pas le voir déployer plus grandement son art.

Néanmoins l’ambiance sombre de l’ensemble est un des points forts du comic-book. Par contre le lettrage et la colorisation de celle-ci sont un point faible, car cela donne parfois du texte rouge sur fond noir ou gris plutôt illisible. À l’image de l’antagoniste croqué de façon brouillonne en fin de volume (un effet volontaire mais qui tombe à plat). Eduardo Risso (Cité Brisée, Dark Night…) assure le chapitre consacré au Grim Knight, dans deux styles nettement différents et bienvenus.

Le Batman Qui Rit mérite le détour pour ceux qui veulent connaître ce personnage en évitant la lecture indigeste (et coûteuse d’une certaine façon) des trois volets de Batman Metal — on peut tout de même en lire le second tome puis celui-ci. Étonnamment accessible, sa première partie est franchement plaisante, rappelant et offrant une suite à Sombre Reflet, comme un polar efficace. Sa seconde partie, hélas, est interminable, inutilement compliquée et parfois bâclée. L’ensemble reste prenant tout de même avec beaucoup d’action, un rythme en demi-teinte et une certaine approche de l’horreur, tranchant radicalement avec les aventures « classiques » du Chevalier Noir.

Le Batman Qui Rit reviendra en 2020 nous informe la dernière page, il s’agit du « tome 2 » : Les Infectés, prévu en avril prochain (même si aucun numéro n’est écrit sur le livre, de même que sur celui-ci).

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 15 novembre 2019.

Scénario : Scott Snyder (avec James Tynion IV pour The Grim Knight)
Dessin : Jock (Eduardo Rysso pour The Grim Knight)
Couleurs : David Baron et Dave Stewart

Traduction : Edmond Tourriol
Lettrage : MAKMA (Stephan Boschat, Sabine Maddin)

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Le Batman Qui Rit

Batman Metal – Tome 02 : Les Chevaliers Noirs

Article récapitulatif sur l’univers de la série et ses conséquences.

Batman Metal Les Chevaliers Noirs Tome 2

[Résumés de l’éditeur]
Tome 01
: Enquêtant sur l’existence et les propriétés de différents métaux disséminés à travers la planète depuis des millénaires, Batman découvre un portail ouvrant sur un anti-multivers (le « Multivers Noir », nda) ; des dimensions parallèles où l’Histoire a déraillé et où des Chevaliers Noirs terrifiants ont supprimé les membres de la Ligue de Justice. Aujourd’hui, ces derniers décident d’envahir notre dimension.

Tome 02 : Alors que les plans de Barbatos concernant Batman apparaissent au grand jour, ses agents du Multivers Noir pénètrent notre réalité et confrontent leurs membres référents de la Ligue de Justice. Mais qui sont en réalité le Dévastateur, Red Death, la Noyée ou bien encore le Batman qui Rit, ces Chevaliers Noirs qui tous semblent être une version déformée du plus grand des justiciers, Batman ?

[Résumé]
Sous l’égide de Barbatos, dieu chauve-souris du Mal qui poursuit Wayne depuis l’aube de l’humanité, le Batman Qui Rit, fusion de la personnalité de Bruce Wayne et du Joker, amène sur Terre 0 (où se déroulent les aventures des super-héros) ses « Chevaliers Noirs », issus du Multivers Noir (donc d’une des 52 Terre existantes mais « négatives » : -52, -44, -32, etc.). Chacun étant une version maléfique de Batman, qui a renié son code moral et usurpé ou bénéficié des pouvoirs d’un super-héros existant (Flash, Cyborg, Green Lantern, etc.). On découvre l’histoire de ces Dark Nights Metal, les motivations qui les ont basculées vers la folie et leur arrivée sur Terre .

[Histoire détaillée par personnage]

Red Death

Sur la Terre -52, Batman arrive à fusionner avec Flash pour récupérer sa Force Véloce. Devenu Red Death, ce Chevalier Noir ne recule devant rien pour sauver le monde qui est pourtant en train de s’effondrer. Barry Allen tente d’être sa voix de conscience… Le Batman Qui Rit, envoyé par Barbatos, projette Red Death sur la Terre 0, premier monde du Multivers (où se déroulent les évènements vus dans le premier tome), à Central City…

Murder Machine

Le Batman de la Terre -44 retrouve Cyborg dans la Tour de Garde (de la Terre 0) où il s’était isolé pour étudier ce qu’il se passait à Gotham City et Central City. Ce Batman est doté d’une intelligence artificielle conçu par Cyborg dans son monde. Cette IA, basé sur les connaissances d’Alfred — véritable père pour Bruce qui a été tué par ses ennemis — a dépourvu le Chevalier Noir de la peur et la tristesse. Ce Murder Machine affronte Cyborg…

Dawnbreaker


À Gotham City, sur la Terre -32, Bruce Wayne est choisi juste après la mort de ses parents pour intégrer les Green Lantern. Avide de vengeance, le jeune homme se sert de l’anneau pour tuer l’assassin des Wayne. Il montre une telle volonté que la célèbre bague émeraude n’arrive pas à ne pas lui obéir (la force létale est normalement interdite dans le Corps des Green Lantern). Tuant son merci, ce Green Lantern se laisse envahir peu à peu par les ténèbres. Recruté lui aussi par le Batman Qui Rit, le Dawnbreaker se rend à Coast City pour en découdre avec Hal Jordan…

La Noyée

Bryce Wayne débarque sur Terre 0. Cette femme provient de Terre -11 où elle était en croisade contre Aquawoman (les sexes sont « inversés » dans son monde). En arrivant dans les océans de Terre 0, la Noyée croise le fer avec Aquaman et Mera

L’Impitoyable

Sur Terre -12, après un combat contre Mars, Wonder Woman rend l’âme et Batman hérite de ses pouvoirs (grâce à un heaume magique) et devient un véritable Dieu, surpuissant. Quand il se rend, inéluctablement, sur Terre 0, c’est pour interrompre une réunion chez les élites de l’armée : Steve Trevor, Amanda Waller, le père de Lois Lane, etc. Ils débattaient des marches à suivre en l’absence d’efficacité des super-héros. L’Impitoyable compte bien faire les choses à sa manière…

Devastator


À Metropolis de Terre -1, Batman est contraint de fusionner avec une souche de Doomsday pour combattre Superman. Des années plus tard, ce Devastator déboule à Metropolis de Terre 0 pour regagner le cœur de… Lois Lane ! Il diffuse en plus un puissant virus qui « zombifie » les citoyens. Mais Supergirl se dresse sur son chemin…

Le Batman Qui Rit

Sur Terre-22, après un énième combat entre le Chevalier Noir et le Joker, ce dernier succombe sous les coups du justicier. On apprend qu’il était mourant de toute façon à cause des produits chimiques qui l’avaient transformé et le rongeaient de l’intérieur. Mais dès que le cœur du Joker s’est arrêté de battre, il a libéré une nanotoxine qui a contaminé Bruce Wayne… La dernière volonté du Clown du Crime va s’exaucer : son meurtrier va devenir comme lui. Une fusion entre l’esprit organisé de Batman et le code d’honneur maléfique du Joker : le Batman Qui Rit.

En parrallèle, Superman est à Metropolis (sur Terre 0 donc, faisant suite aux évènements du tome précédent). Le Dr Fate l’extirpe in extremis (après un combat contre les fameux Chevaliers Noirs) dans une dimension de poche, au bar de l’oubli, où il retrouve Kendra (provenant de l’île des Blackhawks). Un portail conçu par le Dr Fate, Steel et Mr Terrific où l’on retrouve d’autres héros sauvés de justesse… Que font-ils faire ? Affronter les Chevaliers Noirs ou rejoindre « leur » Batman, prisonnier de Barbatos ?

[Critique]
Encore un tome très bavard, ambitieux et original mais cette fois plus digeste que son prédécesseur ! Moins d’explications complexes et confuses, ici on passe surtout à l’action avec de nouveaux personnages. Une audace aussi bien graphique (les looks des différents Chevaliers Noirs) que scénaristique (leurs histoires et l’évolution globale de l’ensemble). On y trouve un plaisir non-dissimulé, entre la singularité de l’ensemble — inédite dans l’univers DC — et la fluidité narrative efficace (qui manquait cruellement au premier tome). On pourrait même presque lire ce volume comme un one-shot… En se concentrant sur les origines de ces maléfiques Chevaliers Noirs, le récit offre une petite « pause » bienvenue dans l’intrigue principale (certains le déploreront mais après toutes les lourdeurs du premier tome, cela fait un bien fou !).

Toutefois, après les premières plongées dans les méandres ténébreuses de ces Bruce Wayne en proie à la folie, on devine aisément ce qu’il va se dérouler pour chacun d’eux : perte de repères, soif de puissance, fusion ou appropriation des pouvoirs d’un membre de la Justice League, sauvetage de dernière minute par le Dr Fate pour ce dernier, continuation des meurtres sur sa Terre et ou accroissement de sa posture puis recrutement par le Batman Qui Rit et arrivée sur Terre 0. Cette recette répétée reste néanmoins captivante, le tout dans un acharnement de violence et de chaos.

Un chapitre de la série mère Batman Metal se déroule entre La Noyée et L’Impitoyable et un dernier en marge de celle-ci (Batman : Lost) conclut l’ouvrage (suivi de quelques bonus éditoriaux). Il parcourt la psyché de l’homme chauve-souris, prisonnier du Multivers Noir, et revient sur l’Histoire de Batman avec divers éléments plus ou moins « cultes » dont certains connectés  aux travaux de Morrison et Snyder.

Il est ainsi fait mention de la classique Affaire du Syndicat de la Chimie (Detective Comics #27, à lire dans Batman Anthologie), du sacrifice d’une jeune femme en 1794 pour réveiller Barbatos (Batman 452-454, inclus dans le quatrième tome de Grant Morrison présente Batman), d’Alan Wayne, architecte de Gotham et ancêtre de Bruce (Batman #3, à lire dans La Cour des Hiboux) et de la tribu sauvage (quasi préhistorique) la Horde de sang (Batman : The Return of Bruce Wayne #1, à découvrir dans le cinquième volume de Grant Morrison présente Batman). Bel hommage qui ravira les connaisseurs acharnés du Caped Crusader.

Au scénario, tout est supervisé par Scott Snyder et James Tynion IV, complices de longue date pour bâtir une nouvelle mythologie autour du Chevalier Noir depuis le début des années 2010. Plusieurs plumes se prêtent au jeu pour donner vie aux Batmen Maléfiques : Josh Williamson, Frank Tieri, Sam Humphries, Dan Abnett et Peter J. Tomasi. Aux pinceau c’est un véritable festival ! En plus de Greg Capullo, une armée se succède : Doug Mahnke, Yanick Paquette, Jorge Jimenez, Carmine Di Giandomenico, Riccardo Federici, Ethan Van Sciver, Philip Tan, Tyler Kirkham, Francis Manapul, Tony S. Daniel et Riley Rossmo, ouf ! Sans oublier les encreurs additionnel et coloristes, eux aussi en nombre conséquent. On aurait pu craindre pléthore de styles graphiques différents qui donneraient lieu à un ensemble décousu, hétérogène et avec du moins bon, il n’en est rien. Bien sûr, on les distingue tous mais ils sont chacun élégants, précis et vifs pour qu’on les apprécie au fil des pages. Ce panel offre une diversité de planches (aussi bien dans leurs découpages que leurs genres) très agréable.

Ce second tome gomme les défauts du premier (écriture poussive, rythme parfois pénible, confusion de l’ensemble…) en vulgarisant son propos — la lecture est plus aisée — et en offrant de nombreuses scènes d’action imposantes ainsi qu’une galerie de nouveaux protagonistes plutôt charismatiques. Les fans de Batman devraient être aux anges tant tout se concentre autour des itérations de Bruce Wayne et moins sur l’univers DC en particulier.

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 6 juillet 2018.

Scénario : collectif (voir article)
Dessin : collectif (voir article)
Encrage additionnel : Danny Miki, Jaime Mendoza
Couleurs : collectif

Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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