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Icare

Icare est le nom d’un arc de la série Detective Comics, publié dans Batman Saga #32 à #37 (janvier à juin 2015). Cette mini-série est abordable par tous car les deux auteurs derrière Icare sont de nouveaux venus dans l’univers du Chevalier Noir. En effet, Brian Buccellato et Francis Manapul travaillaient avant sur la série Flash. Le vingt-cinquième chapitre du Coureur Écarlate se déroulait d’ailleurs durant le black-out de L’An Zéro et dévoilait les prémices d’Icare. Explications.

Batman Saga 32 Icare[Histoire]
Une drogue nommée Icare refait surface dans Gotham City : elle tue ses consommateurs d’une combustion spontanée. Elena Aguila en meurt d’overdose sur le perron du Manoir Wayne, peu de temps après que cette dernière ait confirmé être en pourparler Wayne pour financer une entreprise sociale dans les quartiers défavorisés de la ville.

Batman enquête sur cette étrange mort en même temps qu’Harvey Bullock, qui a eu affaire à l’Icare des années auparavant.

Entre les trafics de drogue et d’enfants au sein des gangs de Gotham City, la suspicion de Bruce Wayne dans la mort d’Aguila, et un certain Calmar qui règnerait dans l’ombre, le Chevalier Noir se concentre comme il peut pour découvrir qui est derrière Icare et pourquoi.

Batman Detective Comics Icare Icarus Bullock[Critique]
Icare reprend les principaux axes de base de Batman : une enquête policière à l’ancienne, une ville nocturne corrompue, le Chevalier Noir agissant en solo, etc. Bref on retrouve une veine polar, devenue assez rare depuis l’extension de la Bat-Family et la succession d’auteurs cherchant une originalité à tout prix (même si c’est une bonne chose). On y retrouve un personnage (Le Calmar), créée en 1940 par Gerry Conway et Don Newton dans Detective Comics #497

Le gros point fort de cette mini-série est son aspect graphique, visuellement impeccable et offrant une ambiance atypique. Le duo d’auteurs travaille réellement à quatre mains pour cette partie : Francis Manapul dessine et Brian Buccellato colorie (les deux écrivent en binôme leur histoire). En plus des dessins plutôt réalistes, ce sont les couleurs qui apportent vraiment la signature des artistes : entre les nombreux jeux d’ombre et de lumière, les tons pastels, à l’aquarelle flirtant même avec une impression de crayons de couleur et les ambiances chaudes finement travaillées, le lecteur en prend plein les yeux ! Il suffit de voir les illustrations de cet article pour avoir un aperçu du travail effectué (les deux dessins d’ouverture de chapitres, ne comportent aucun texte dans la version française, ils sont donc plus jolis). Autre qualité : le découpage des planches, parfois s’étalant horizontalement sur deux pages et souvent sous forme de puzzle ou de construction un peu hors-norme.

Batman Detective Comics Icare Icarus ActionIl est suffisamment rare que la partie dessin soit aussi aboutie et prévaut presque sur le scénario pour être signalée en priorité. L’histoire, quant à elle, n’est pas la plus originale en soi, mais elle offre donc à Batman une aventure presque en solitaire, partiellement « épaulé » par Harvey Bullock, policier rarement mis en avant. Peu de gadgets hyper technologiques, beaucoup d’action pure et dure, Icare propose donc un divertissement de très bonne qualité. Cinq chapitres ne permettent pas, hélas, dans le cas présent, de générer plus d’empathie pour Elana Aguila et sa fille, idem pour le gang des motards, apparemment rencontré avant dans la série, ce qui n’empêche pas la compréhension du récit. Celui-ci se situe à priori pendant Batman : Eternal car Gordon est toujours arrêté (et Damian Wayne déjà mort) ; mais là aussi cette temporalité n’est pas un frein pour un lecteur novice. La conclusion, un peu confuse, donne envie de relire Icare en entier, ce qui est finalement une bonne chose.

Ces cinq chapitres auraient gagnés d’être étirés pour aborder plus de détails et de personnages. C’est quasi-chose faite avec l’introduction de la drogue Icare dans Flash #25 (à lire dans Justice League #10 et, sans doute, dans le quatrième tome de la série, quand il sortira) qui est une belle entrée en matière, même si le Dark Knight n’y est pas présent (ce chapitre mériterait d’être dans une éventuelle publication en librairie, voir ci-après). À Central City, Harvey Bullock y cotoyait Barry Allen, alors simple policier scientifique, et tous deux découvraient les premières victimes d’Icare. Pareillement, l’Annual qui clôt l’arc revient sur un ennemi de seconde zone, Julian Day, alias Calendar Man, et la relation entre Annie Aguila et son petit ami, avant la mort d’Elana, quand tous les deux étaient drogués. Ce bon complément souffre d’un manque de cohérence graphique car trois dessinateurs officient dessus au lieu du tandem habituel. Ce n’est pas gênant mais tranche trop avec la beauté des planches précédentes.

Batman Detective Comics Icare Icarus

Icare n’est pas le récit indispensable et inoubliable promis mais il a le mérite de lancer Batman dans un très bel univers visuel et avec une nouvelle approche. Espérons que les auteurs continuent sur cette lancée et trouvent une histoire pouvant rapidement devenir culte, ce qui est à leur portée.

► Vers une publication en librairie ?
Le récit a été salué par la critique et le public, les couvertures attirent immédiatement l’œil, l’histoire change un peu des éternels affrontements entre les ennemis classiques et la mise à feu et à sang de la ville, etc. bref les qualités ne manquent pas pour bénéficier d’une publication en volume unique en librairie. Celle-ci pourrait tout à fait inclure Flash #25, Detective Comics #32-37 et Detective Comics Annual #3 pour avoir l’intégralité d’Icare. Et pourquoi pas lancer carrément la série (donc avec un numéro #1) en librairie puisque le duo d’auteurs continue d’officier dessus ?
La question a été posée sur la page Facebook de l’éditeur. L’article sera actualisé en fonction de leur réponse.

Batman Detective Comics Icare Icarus New StartBatman Detective Comics Icare Icarus Part Three[À propos]
Publié en France dans Batman Saga (Urban Comics) #32 (janvier 2015) à #37 (juin 2015).

Scénario : Francis Manapul et Brian Buccellato
Dessin : Francis Manapul
Couleur : Brian Buccellato
Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat (studio Makma)

Première publication originale dans Detective Comics #30 à #35 (juin à décembre 2014), sous le titre Icarus.

Detective Comics 33 Icare Icarus

Gotham – S01E01 : Pilot

Page récapitulative de la série Gotham.

Gotham City

(Premier plan de la métropole, qui rappelle celle des films de Christopher Nolan.)

Difficile de dresser un premier petit bilan après presque cinquante minutes de Gotham, tant il faut prendre en compte plusieurs choses et avoir un léger recul.

Tout d’abord, garder en tête que la série est une adaptation qui puise ses sources dans l’univers général de Batman mais pas dans un comic en particulier (à part peut-être Gotham Central), donc il ne faut pas espérer voir une mise en scène d’un ouvrage spécifique et avoir à l’esprit que les scénaristes sont totalement libres d’adapter à leur convenance les origines d’un protagoniste par exemple (toutes proportions gardées évidemment), un peu à l’instar de Walking Dead. Il faut aussi réussir à séparer sa critique personnelle en tant que « fan de Batman » mais aussi de « série télévisée ». Pas forcément si simple, aux premiers abords, car sans l’habillage Gothamien la série pourrait ressembler à une quelconque série policière. Il faut donc lui trouver une personnalité, un style propre à elle, ce qu’elle réussit plutôt bien en mélangeant les styles, en plus de soigner ses divers protagonistes originaux.

Gotham Gordon

(Ben McKenzie interprète James Gordon, bien mais pas encore au point.)

Cet épisode pilote est pour l’instant très convaincant. Il s’ouvre sur le meurtre des parents de Bruce Wayne (David Mazouz – correct mais sans plus), une scène techniquement ratée, peu émouvante, c’est dommage. Puis l’enquête pour découvrir l’assassin débute. Une investigation menée par le jeune James Gordon (Ben McKenzie – agréablement convaincant mais doit développer une plus grosse palette d’émotions), fraîchement débarqué dans Gotham, et son partenaire Harvey Bullock (Donal Logue – bien à l’aise dans le rôle). Ce dernier est un flic ripoux, corrompu et lâche.

Après une enquête rapidement menée et plutôt convenue, tout s’emballe suite à des déclarations du Pingouin (Robin Taylor – génial dans le rôle) à Renée Montoya (Victoria Cartagena), elle aussi policière mais dans un autre service. Gordon, qui a promis au jeune Bruce d’arrêter l’assassin de ses parents, doit affronter la face cachée de Gotham, les terribles Fish Mooney (Jada Pinkett Smith) et Carmine Falcone (John Doman), et tenter de rester loyal envers ses idéaux et ses convictions, ce qui ne sera pas si simple…

Gotham Fish Bullock

(Bullock et Fish Mooney (Jada Pinkett Smith), personnage conçu pour la série.)

Premier point positif : la corruption, le côté mafieux et les trafics en tout genre sont une réussite. C’est d’ailleurs une tendance dont la ville rend bien écho. La métropole est rongée par le mal, relativement sombre (très peu de scènes ont lieu en journée), son rendu esthétique est proche des films de Nolan, c’est à dire un New-York ténébreux et intemporel.

« En plus des milliers de scènes tournées dans la ville même, j’ai demandé au département des effets spéciaux de créer tout un ensemble d’immeubles dans le style de Dickens et du Londres de l’époque victorienne, explique dans une interview David Cannon. Nous avons donc New York tel que nous la connaissons, mais stylisée, à la fois fantômatique et fantasmagorique, où tout peut arriver». Et le créateur Bruno Heller d’ajouter: « Nous devions nous démarquer des grands films de cinémas et des héros costumés dont on a déjà vu mille interprétations différentes. Sur quoi pouvions-nous alors nous reposer pour construire notre série : la ville ». [Source : Le Figaro]

Gotham Crime Alley

(Scène fondamentale dans la mythologie de Batman. Hélas plutôt ratée.)

Autres bons points : le binôme de flics, fonctionnant sur le schéma classique du jeune idéaliste et du vieux corrompu, fait mouche et l’évolution du duo risque d’être intéressante. Techniquement, au-delà d’une direction photographique bien menée pour une série du genre (et production de ce calibre), la mise en scène est relativement classique mais efficace, avec quelques plans originaux lors d’une course-poursuite. Gotham se doit de séduire un large public, l’équipe ne prend donc pas de risque à tenter des plans plus travaillés ou à tomber dans un scénario plus noir. Quelque part c’est dommage mais l’épisode est tout de même très prometteur ; la série a du potentiel, espérons qu’elle l’utilise intelligemment. La relation entre Bruce et Alfred (Sean Pertwee) est inattendue, plutôt autoritaire l’un envers l’autre. Un aspect inédit également plaisant.

Le casting est efficace dans l’ensemble, quelques doutes tout de même à propos du jeu du jeune Bruce (David Mazouz) et de Barbara (Erin Richards), la compagne de Gordon. Côté déceptions on ajoutera d’éventuelles incohérences (Gordon à priori nouveau venu dans la ville mais son père y était procureur…). L’épisode souffre aussi d’un enchaînement trop rapide de plusieurs éléments : beaucoup d’ennemis, présents ou futurs, sont dévoilés (voir ci-après), ce qui peut en agacer certains, Le Pingouin est déjà affublé de ce surnom sans savoir pourquoi, et la thématique de la peur à surmonter déjà présente chez Bruce. Il y a presque une impasse sur son deuil et la tristesse. Tout s’enchaîne donc un peu trop rapidement en un seul épisode.

Gotham Penguin Pingouin

(Le Pingouin (Robin Taylor – excellent) est l’atout incontestable de cet épisode.)

Vingt-quatre heures après la diffusion du pilote (qui a réuni presque huit millions de téléspectateurs outre-Atlantique, un démarrage correct), beaucoup de critiques saluaient l’ambiance convaincante de la ville, les jeux d’acteurs de Logue et Taylor (Bullock et Le Pingouin) mais dénonçaient un afflux de « fan-service », ces courtes scènes desservant l’intrigue générale de l’épisode uniquement pour faire plaisir aux fans de Batman. Revenons sur les trois séquences concernées.
• La jeune Selina Kyle (Camren Bicondova), déjà voleuse et féline, est témoin du meurtre des parents de Bruce. Elle apparaît en début et fin d’épisode, plutôt en retrait, observant discrètement. Premier changement dans la mythologie du Dark Knight : un témoin oculaire lors de l’assassinat de Thomas et Martha Wayne ! Et pas des moindres puisqu’il s’agit de la future Catwoman. Cela laisse présager un futur intéressant, elle pourrait être capable d’identifier le tueur, d’aider Gordon ou Bruce. Une romance entre elle et le jeune Bruce ne serait en revanche pas forcément pertinente ou alors à très bien construire, ce qui est délicat.
• Seconde scène : l’apparition furtive d’Edward Nygma (Cory Michael Smith), le futur Sphinx/homme-mystère, déjà porté sur les devinettes. L’intérêt ici n’est pas « que d’assurer le fan-service » mais de montrer que Nygma travaille pour la police de Gotham ! Là aussi c’est un aspect du personnage qui est remanié et pourra être intéressant (on pressent un début de haine contre Gordon). Par ailleurs, Nygma sera donc beaucoup plus âgé que Batman, chose aussi inédite jusqu’ici, mais cela n’est pas un problème si la suite est bien écrite.
• Enfin, dernière apparition à priori sans intérêt : Ivy Pepper, nouvelle identité pour une petite fille arrosant les plantes (Poison Ivy donc). Là aussi on pourrait trouver un côté trop facile à cette façon de faire, hors on sait grâce à cela les conditions d’enfance de la future biologiste (si elle le devient) : un père violent, des policiers qui le tuent alors qu’il était innocent, etc. Ce sont des éléments qui sont à prendre en compte et qui devront confirmer leur statut par la suite. Il est évident que si à chaque épisode il y a une apparition ou deux comme celles-ci, et qu’elle tarderaient trop à servir l’intrigue générale de la saison et de la série, il y aurait une petite frustration.

Mais globalement, ces scènes de « fan-service » occupent seulement deux à trois minutes de la durée totale de l’épisode (qui en contient une cinquantaine). Certes il est dommage de ne pas les introduire plus subtilement et lentement, mais n’oublions pas qu’un épisode pilote se doit de séduire en premier la chaîne et les producteurs, avant d’avoir le feu vert pour continuer. Gageons donc que la suite ait une approche plus délicate quant à ces vilains.

Gotham Nygma

(Edward Nygma, futur Sphinx/Homme-mystère, travaille pour la police.)

Autre élément destiné aux fans : un potentiel candidat dans le rôle du Joker (ici, un comique passant une audition chez Fish). Les scénaristes diffuseront dans chaque épisode une référence au Joker, de quoi se creuser les méninges.

Premier bilan plutôt positif donc, beaucoup de bon et un peu de moins bon, mais surtout énormément de potentiel à exploiter. Il est toujours excitant de découvrir sur un nouveau support artistique une de ses passions en bande dessinée, ici c’est bien le cas !

NB : Les prochains articles seront moins longs et rédigés davantage avec le schéma classique du site : Histoire/Résumé sans spoilers puis critique détaillée.

Retrouvez la page consacrée à la série ici : Gotham.

Avez-vous aimé cet épisode ? Plutôt déçu, convaincu ? N’hésitez pas à commenter !

Gotham City Water