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Batman – Europa

Batman et le Joker en Europe (incluant Paris), servie par une équipe talentueuse dont quelques grands noms (entre autres, Brian Azzarello et Jim Lee), voilà qui est alléchant ! Étonnamment, ce court récit (quatre chapitres) n’a été publié qu’en magazine (Batman Récit Complet #8), donc dans un format souple/kiosque et pas en librairie. Il a pourtant bénéficié d’une édition en couverture dure dans la collection Eaglemoss (seul moyen de l’avoir dans ce format). Critique et explications.


(Couvertures du magazine, de la version Eaglemoss et de la VO.)

[Résumé de l’éditeur]
Voir l’Europe et mourir. Épuisé après un combat contre Killer Croc, Batman fait un rapide examen médical à l’issue duquel il apprend qu’il a été empoisonné. Remontant la piste des maigres indices qui lui sont accessibles, il retrouve le Joker. Pensant dans un premier temps que le Clown du Crime est le coupable, il découvre avec effarement que ce dernier est lui aussi atteint du même mal : quelqu’un cherche à éliminer le héros et son adversaire. Ensemble, le Chevalier Noir et son ennemi juré entament une tournée des grandes villes européennes, de Berlin à Prague, de Paris à Rome, à la poursuite de leur assassin.

(Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, cela est déjà largement suffisant.)

[Critique]
Annoncé dès 2005 puis repoussé à 2011 avant d’être enfin publié fin 2015 aux États-Unis (les comics furent datés de janvier à avril 2016 – avant d’arriver deux ans et demi plus tard chez nous), Batman – Europa résulte d’un atypique cheminement éditorial ; comme l’explique Urban Comics en introduction. Projet né de multiples rencontres au milieu des années 2000, Batman – Europa associe les talents d’auteurs venus de différents pays. Le dessinateur Jim Lee et le scénariste Brian Azzarello, tous deux Américains (États-Uniens ndr), sont rejoints par le scénariste italien Matteo Casali et par trois dessinateurs, Giuseppe Camuncoli venu d’Italie, Diego Latorre en provenance d’Espagne et Gérald Parel originaire de France.

Camuncoli est en charge du découpage des quatre chapitres et des dessins du deuxième (Prague), là où Lee officie sur le premier épisode (Berlin) – l’on apprend d’ailleurs que le célèbre dessinateur doit son amitié à Casali et Camuncoli lors d’un long séjour en Italie dans les années 2000, où les premières pierres d’Europa furent posées lors de conversations, avant qu’Azzarello rejoigne le projet des années plus tard. Étonnamment, Latorre signe le troisième chapitre (Paris) et Parel le dernier (Rome). On aurait pu penser que chaque artiste traiterait d’une ville liée à son pays mais ce n’est pas le cas (et ce n’est clairement pas grave). Chacun appose son style singulier (mention spéciale pour Latorre) voire y dresse une passerelle en reprenant les mêmes planches (Lee et Parel) ; mais avant d’évoquer ces élégants dessins, que vaut cet Europa ?

On est clairement dans une histoire assez « simpliste » (et on le répète : ce n’est pas un défaut) avec une enquête bien rythmée bien qu’un peu confuse. Si l’investigation emmène Batman et le Joker en Europe, elle aurait très bien pu se dérouler à Gotham que ça n’aurait pas changé grand chose. C’est un simple prétexte à croquer quelques lieux géographiques cultes. Cela reste plaisant et change malgré tout des habituelles quartiers malfamés de Gotham. Les indices menant d’une ville d’Europe à une autre sont un peu « forcés » mais, une fois de plus, on ferme les yeux sur cela pour profiter du voyage.

En parallèle du dépaysement (géographique et… graphique !), on retrouve un thème récurrent dans la mythologie du Chevalier Noir : la vie de Batman est intrinsèquement connectée à celle de son ennemi juré. Si le Dark Detective a souvent été « accusé » d’être le créateur de ses vilains emblématiques, incluant le célèbre Clown, ici les deux doivent collaborer et former un duo inédit s’ils veulent survivre. C’est l’une des originalités de la fiction, qui replace l’alchimie du binôme au cœur de l’histoire.

En se concentrant sur Batman et le Joker, les deux auteurs (Matteo Casali et Brian Azzarello) délaissent les figures communes habituelles du Caped Crusader (à l’exception de Killer Croc, Alfred et le mystérieux responsable du virus). Là aussi ça fonctionne plutôt bien, Europa restant particulièrement accessible (comprendre : s’affranchissant de l’encombrante continuité et chronologie habituelle) et bénéficiant d’une intrigue menant le lecteur en haleine (malgré sa résolution mitigée). La bande dessinée a beau tenté de soigner son récit, il manque un ou deux chapitres pour prendre un peu le temps de souffler ou d’expliciter différemment la cabale (qui permet, à minima, de sublimer les bâtiments les plus connus et nobles de l’Europe).

C’est finalement avec son parti pris graphique que Batman – Europa sort son épingle du jeu. Les artistes sont tous en très bonne forme et emmènent le Chevalier Noir dans un voyage visuel et chromatique détonnant. On démarre avec Jim Lee qui « s’encre » lui-même, de façon très épurée – c’est le cas de le dire, puisque ses crayonnés sont directement mis en couleur – gommant ainsi l’aspect « comic book » habituel du dessinateur (Batman – Silence…). Ses traits fins et détaillés permettent au coloriste Alex Sinclair de livrer des planches somptueuses, moins « mainstream » qu’à l’accoutumée.

Giuseppe Camuncoli s’occupe ensuite de tout (en plus d’officier les découpages de l’entièreté du livre), imposant une touche graphique également en marge, proche des tons pastels et proposant des séquences nocturnes élégantes mais aussi des batailles diurnes contre des robots assez surréalistes. Place après à Diego Latorre qui vaut le détour à lui seul. Il illustre (dessine, encre, colorise) tout le segment de notre capital en s’inspirant du style de Bill Sienkiewicz et Dave McKean (L’Asile d’Arkham…). Brillant. Magnifique. Cauchemardesque.

Gérald Parel (lui aussi à l’œuvre sur tous les aspects) conclut le titre avec une patte là encore différente – mais ne gâchant jamais la compréhension visuelle globale. Poursuivant l’approche « indépendante » du chapitre précédent, Parel signe des cases sublimes, aux peintures âpres, parfois sensiblement réalistes… Il se réapproprie même le début de la BD (croquée par Jim Lee) avec son aquarelle, sur quelques pages (voir ci-dessous).


Batman – Europa est donc une semi-curiosité, qui vaut le détour par sa belle galerie de planches/dessinateurs et son scénario simple mais efficace. Un brin trop court et à l’exécution trop rapide, c’est pourtant un petit coup de cœur étrangement trop méconnu. Il faut dire que la révélation finale abrupte et étrange laisse un goût amer (et on retient souvent la conclusion d’une œuvre plutôt que tout ce qui l’a précédée). Une lecture conseillée pour ses dessins et le tandem Batman/Joker (rien de nouveau sur les échanges entre les deux et les quelques réflexions habituelles qui en découlent) que pour son enquête et son côté « carte postale »/voyage touristique. Malgré tout, voir Batman en Europe ici est nettement mieux réussi que dans La Dernière Sentinelle (sorti en France en 2022).

Entre les multiples couvertures alternatives (dont celle de Latorre sur Paris, cf. bas de cette critique) pouvant servis de bonus et les critiques globalement positives, il est étrange que Batman – Europa ne soit pas sorti en librairie. Comme dit en début d’article, il a été pourtant inclus dans la collection Eaglemoss, donc avec une couverture en « dur » (cas unique pour les comics Batman en France d’Urban Comics). Il reste heureusement aisément accessible en occasion à prix correct (moins de dix euros – et à ce tarif, il serait dommage de passer à côté !) comme à l’époque de sa mise en vente (5,90 € seulement) ; à moins que l’éditeur ne décide de le proposer dans une luxueuse édition dans un avenir proche ?

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 31 août 2018.
Contient : Batman Europa #1-4

Scénario : Matteo Casali et Brian Azzarello
Dessin : Jim Lee, Giuseppe Camuncoli, Diego Latorre et Gérald Parel
Encrage et couleur : les mêmes (sauf Alex Sinclair pour la couleur du premier chapitre)

Traduction : Xavier Hanart
Lettrage : Stphan Boschat (Studio Makma)

Acheter sur amazon.frBatman – Europa (5,90€)


 

Justice League – Tome 9 : La Guerre de Darkseid
(1ère partie)

Dernière ligne droite pour la série Justice League dont la publication française atteindra dix tomes. Les deux derniers couvrent (et s’intitulent) La Guerre de Darkseid : la première partie est disponible depuis le 17 juin (Tome 09 de la série, chroniqué ici) et la seconde débarquera le 21 octobre prochain (Tome 10).
À noter le 26 août : la sortie en kiosque de Justice League Univers Hors-Série #2 qui sera un excellent complément du Tome 10 (six chapitres qui se déroule en même temps et suivent chacun un super-héros) et qui ne sera pas proposé en librairie par la suite.

justice-league-tome-9-guerre-de-darkseid

[Histoire]
Devant la complexité de l’histoire, voici tout d’abord le résumé très synthétisé de l’éditeur.
La bataille qui couvait depuis des années a enfin commencé : Darkseid contre l’Anti-Monitor ! Poursuivi à travers toutes les dimensions par cette entité cosmique, le tyran d’Apokolips dresse ses troupes les plus acharnées afin de le protéger de ses assauts. C’est une fois de plus à la Ligue de Justice de protéger la Terre de ce malfaisant extraterrestre, mais leurs enveloppes humaines suffiront-elles à affronter des Néo-Dieux ?

Voici ensuite un résumé des deux prologues qui ouvrent l’histoire et situent le contexte très précis ainsi que les (nombreux) acteurs de cette guerre à venir.
Metron siège sur l’ancien trône de Mobius (alias l’Anti-Monitor) : il est « le Témoin » de ce qu’il se passe dans l’Histoire, à travers les multiples dimensions et les nombreuses guerres. Il observe en silence et possède tout le savoir et la connaissance de l’univers possible (grâce à son fauteuil notamment).

Metron Darkseid War

« Je suis Metron. Je suis le gardien des connaissances passées et présentes. L’archiviste des idées et des lignes temporelles.
L’observateur de cet univers et de ceux qui sont au-delà de ce dernier. J’ai vu l’horizon des sombres lendemains.
Une guerre est sur le point d’éclater, entre les deux êtres les plus puissants et les plus malfaisants de l’existence.
Et si je n’empêche pas cette guerre, une fois de plus, l’histoire va se désagréger…
mais cette fois, la réalité ne sera peut-être pas assez stable pour y survivre. […]
Je siège sur le trône de Mobius depuis toujours. J’observe et je demeure silencieux.
Car en vérité, la vie ou la mort de ces êtres ne m’affectent que très peu.
Cependant, si je n’ai plus à les surveiller, je n’ai plus rien à faire. Je scrute le néant.
Aussi, bien qu’il me soit interdit de me servir de mon savoir pour interférer, j’ai déjà désobéi quand j’estimais la menace trop grande. »

Il est en effet à l’origine d’un vieux pacte (une manigance de sa part donc) avec Darkseid pour mettre fin à une guerre entre les planètes Neo-Genesis et Apokolips *. Il avait fait échanger un enfant de Darkseid (le tyran d’Apokolips, monde cauchemardesque) avec un fils du Haut-Père (alias Highfather, le bienveillant de Neo-Genesis), vantant que cela arrêterait le « conflit » (qui a bien entendu eu lieu). L’enfant du Haut-Père est Scott, qui deviendra par la suite Mister Miracle (voir le résumé suivant). Metron a aussi assisté aux différentes crises de l’univers (fin du multivers, dans Crisis on Infinite Earth, puis réhabilitation de celui-ci, dans Infinite Crisis, et enfin la renaissance, via Flashpoint).

Il rend visite à l’Anti-Monitor (anciennement nommé Mobius), entité cosmique (créée pour Crisis on Infinite Earth, en 1986, et antagoniste de Green Lantern Corps) qui règne actuellement sur une dimension jadis dirigée par Le Syndicat du Crime (que l’Anti-Monitor a mis en déroute déchirant ainsi le multivers et créant une convergence de lignes temporelles et d’univers, qui est à découvrir dans Earth 2 – Tome 06 : Convergence, qui sortira le 16 septembre 2016). C’est suite à la destruction de cette Terre-3 par l’Anti-Monitor que Le Syndicat du Crime avait investi la Terre de la Justice League (dans Le Règne du Mal). L’Anti-Monitor est maudit : c’est « le destructeur » qui détruit des univers qui peuvent renaître.

Mobius Anti-Monitor Metron

Metron lui propose un pacte : si l’Anti-Monitor cesse ses assauts contre la Terre, il cherchera un moyen de lui rendre son identité de jadis et le sauvera de sa malédiction. Ce dernier refuse, car il a trouvé une solution : en déclarant la guerre à Darkseid, la mort de celui-ci serait la clé de sa libération. Metron l’avertit que s’il se lance dans cette croisade, la réalité ne survivra pas à cette nouvelle crise. L’Anti-Monitor s’en moque et sera même secondé par Graal, la propre fille de Darkseid, dans son combat.

Il y a plusieurs années, sur l’île de Themyscira, le jour de la naissance de Diana, future Wonder Woman, une amazone du nom de Myrina met secrètement au monde Graal, justement, une enfant née d’une union avec Darkseid. Si le bébé survit, « cet univers mourra et l’anti-Dieu renaîtra » clame une prêtresse qui assiste à l’accouchement et est prise de visions futuristes (dans lesquelles elle voit le « destin » des membres de la Ligue de Justice et la guerre entre Darkseid et l’Anti-Monitor). Myrina tue les deux amazones qui ont vu l’enfant naître et qui souhaitaient le tuer afin d’éviter la « mort » de l’univers qu’elles connaissent, puis la mère s’enfuit et jure de protéger sa fille toute sa vie.

Darkseid Antimonithor

Enfin, voici le résumé global de la suite, plus accessible et parlant très certainement davantage aux lecteurs. Il est volontairement assez détaillé (donc avec de potentielles légères révélations).
Deux sbires de Darkseid, Cravachina, une de ses furies et Kanto, l’assassin favori, tuent plusieurs femmes s’appelant Myrina. Ils cherchent évidemment à tuer Miryna Black, la mère de Graal (et dans la foulée ramener la fille maudite amazone à son père, à Darkseid). La Justice League enquête sur un de ces meurtres.

De son côté, Mister Miracle (anciennement Scott Free, qui avait été esclave sur Apokolips avant de s’en évader) retourne sur Apokolips pour vérifier que Darkseid prépare bien une armée et une guerre. Mister Miracle comprend qu’il va devoir demander l’aide de la Justice League afin de sauver la Terre pour combattre Darkseid (qu’elle a fait choir il y a quelques années, cf. le premier tome de la série). Il copie des données de combat sur une « boîte mère » qui fait également office de « tunnel boom » (permettant ainsi de voyager dans l’espace). Mais le tyran d’Apokolips le surprend…

Graal, la fille de Darkseid souhaitant la mort de celui-ci, s’est alliée avec l’Anti-Monitor (également appelé Anti-Dieu), qu’elle cherche à amener sur Terre et vient combattre la Ligue de Justice. Les super-héros, composés de Batman, Wonder Woman, Flash, Green Lantern, Jessica (Power Ring), Cyborg, Shazam et Steve Trevor seront aidés par Metron.

La mère de Graal, Myrina Black, se consacre également à tenter de tuer Darkseid. Son chemin croise celui de Mister Miracle.

De leur côté, Superman et Lex Luthor tentent de guérir des survivants du virus Amazo. Mais les deux vont se retrouver sur Apokolyps, où Steppenwolf, fidèle élite de Darkseid jure d’anéantir le kryptonien. Il est chargé de préparer les troupes de Darkseid, avec notamment Kalibak, frère de Graal (et donc fils de Darkseid), afin de combattre l’Anti-Monitor sur… la Terre.

Justice League Darkseid War

[Critique]
Attention, ce tome de Justice League est réservé aux fin connaisseurs de l’univers DC (ce qui n’est pas spécialement le cas de l’auteur de ces lignes, contrairement à ce qu’on pourrait croire). Les chapitres introductifs évoquent les multiples crises opérées ces dernières années (Crisis on Infinite Earth, Identity Crisis, Flashpoint — un article est en cours d’écriture pour expliciter tout cela) et bon nombres de personnages oscillent dans ces nouvelles aventures, mettant presque toute la Ligue de Justice en retrait, à l’exception notable de Wonder Woman. C’est en effet la Reine des Amazones qui est ici une des narratrices principales (avec Metron et Mister Miracle). Cela change des précédentes aventures et ce n’est pas plus mal.

Après un début rempli d’informations pas forcément évidentes à saisir aux premiers abords (une seconde lecture une fois le tome lu est conseillée), les chapitres reprennent un rythme plus agréable. Outre le grand aspect introductif, avec chaque protagoniste avançant tel un pion sur un échiquier, de nombreux changements de lieux se produisent, entrecoupé par plusieurs combats. Le point d’orgue sera l’alliance forcée entre Superman et Lex Luthor sur Apokolypse, Batman sur le fauteuil de Metron devenant ainsi un être rempli de savoirs et connaissances (le Chevalier Noir en profite pour avoir confirmation que le tueur de ses parents est bien Joe Chill et demande l’identité du Joker — non dévoilée aux lecteurs (pour l’instant) mais Batman a l’air très surpris en l’apprenant). L’homme chauve-souris explore l’endroit de création de l’Anti-Monitor, accompagné par Green Lantern. Le reste de la ligue (Cyborg, Shazam, Flash, Wonder Woman) prend part au combat entre l’Anti-Dieu et Darkseid, plus ou moins au centre de cet immense champ de bataille. Évidemment, tous ces éléments surviennent principalement en fin d’ouvrage après une efficace montée de tension (et de suspense).

Darkseid War Antomonithor

Clairement, le scénariste Geoff Johns atteint un point de non-retour, à la fois destiné « au grand public » (avec toujours ce côté mainstream ou blockbuster qui n’est absolument pas un défaut, bien au contraire dans le cas présent) mais paradoxalement très dense, en terme d’informations et références, pour un lecteur peu ou prou calé sur le sujet. Si l’artiste sait indéniablement où il se dirige, il prend le temps d’écrire avec élégance les enjeux et aboutissements de quasiment tout le monde. Complexe, oui, mais pas inaccessible pour autant, et permettant une plongée plus intrigante et fouillée que certains volumes précédents (les deux premiers notamment, dont la « légèreté » semble fort lointaine).

Côté écriture toujours, il y a à nouveau le bon binôme Shazam/Cyborg, magie et science, jeunesse inconsciente d’un côté et profondément mature de l’autre. Même si on les voit peu, ils sont efficaces (ils mériteraient une série à part). Comme dit plus haut, le duo Superman et Lex Luthor fonctionne bien aussi, surtout pour les passionnés de l’Homme d’Acier, à qui on offre une situation très inédite de ces deux personnages.

Darkseid War Superman Lex Luthor

Diana/Wonder Woman est (très bien) mise en avant, mais Green Lantern, Jessica (Power Ring), Flash et même Batman sont plutôt relégués au second plan, sans parler de Steve Trevor, presque figurant. Difficile avec tant de justiciers et autres antagonistes de trouver un bon équilibre de toute façon, c’est mieux construit sur la fin du volume et globalement réussi tout de même. On peut déplorer la non « suite » des humains victimes du virus Amazo et qui s’étaient vus agencés de super-pouvoirs, de même que Captain Cold, personnage très important dans La Ligue d’Injustice relégué ici en fond de quelques cases pour sortir une ou deux vannes.

« Je suis Diana, fille des Amazones. En tant que Wonder Woman, je protège l’humanité des Dieux et des Monstres qui cherchent à la détruire.
Quand il est possible d’empêcher une guerre. Je le fais. Mais celle-ci est déjà déclarée. […] Je suis parée au combat. Puis, un Dieu touche Terre.

– Qui es tu ?
– Je suis… désespéré. »
(Wonder Woman à l’Anti-Monitor, alias l’Anti-Dieu, anciennement Mobius)

Les dessins sont assurés par Jason Fabok, d’une exceptionnelle beauté à nouveau (il avait œuvré sur la seconde partie du tome précédent). Des traits précis et fins, un style élégant et sublime, avec une colorisation de Brad Anderson. Chaque personnage est reconnaissable, les scènes d’action sont d’une parfaite fluidité, l’esthétisme de l’ensemble est une véritable claque visuelle.

Darkseid War

L’artiste illustre quasiment tout le tome, à l’exception du premier prologue (le chapitre #40 de la série Justice League), où il est épaulé par six dessinateurs différents (dont Jim Lee pour le plus connu et apprécié d’entre eux), sans que cela gène la cohérence graphique. D’ailleurs la couverture cite Jim Lee et Kevin McGuire parmi les artistes principaux de l’album, mais c’est un poil « mensonger », ces deux là n’ayant participé qu’à quelques planches d’un seul chapitre. Il aurait été plus logique de citer uniquement Johns et Fabok, ou bien, par soucis d’équité, d’ajouter Anderson.

La Guerre de Darkseid est composé de Justice League #40, faisant donc office du premier prologue, puis de New 52 Divergence FCBD Special Edition #1, constituant le second (et plus court) prologue. Les chapitres #41 à #44 complètent l’histoire qui se terminera dans un dixième et dernier tome, très attendu, qui contiendra les chapitres #45 à #50 (sortie prévue le 21 octobre).

Graal Darkseid War

En attendant, cette avant-dernière salve de la Ligue de Justice façon New52 est totalement réussite. Elle nécessite des connaissance en amont mais livre avec brio des scènes remarquables, aussi bien les affrontements « simples » que les épiques. Chaque planche est un régal pour les rétines et les dialogues, ainsi que les discours narratifs, sont loin d’être enfantins ou « superficiels », d’excellents atouts qui font de cette Guerre de Darkseid l’une des meilleures production du Relaunch opéré en 2011 et indéniablement un « coup de cœur » du site.

Quelques couvertures alternatives complètent  le livre ; celui-ci propose également la traditionnelle « Présentation des personnages » en ouverture, en l’occurrence celle des membres de la Ligue de Justice, et non de l’Anti-Monitor, Darkseid ou Mister Miracle par exemple, c’est tout de même dommageable. L’introduction à l’histoire de manière générale est davantage un résumé (bien rédigé) des principaux arcs narratifs précédents. Pour la galerie des nombreux personnages relatés dans les prologues, un simple renvoi vers les ouvrages des « trois crises » (Crisis on Infinite Earth, Infinite Crisis et Flashpoint — Johns a scénarisé ou participé à l’écriture des deux dernières) est précisé, un peu trop faible. Entre ceci et les deux noms racoleurs sur la couverture, c’est un défaut sur lequel l’on peut pinailler.

Rêvons un peu : l’éditeur pourrait sortir une version « de luxe » en compilant ce tome avec le prochain, et en incorporant les chapitres qui seront dans un hors-série du magazine Justice League Univers (qui sortira le 26 août prochain) et qui reviendra sur six super-héros devenus des Dieux cosmiques (comme le montre déjà une partie de la fin du récit). Un livre qui ne contiendrait pas de numérotation et qui bénéficierait d’un agrandissement de format, voilà qui serait un beau cadeau pour les lecteurs, pour fêter dignement la fin des New52.

Darkseid Miracle Man(Mister Miracle face à Miryna Black, la mère de Graal.)

* Création de Jack Kirby dans les années 70 avec « Le Quatrième Monde », qui dévoilait des Néo-dieux (New Gods) et notamment Darkseid et le Haut-Père (Highfather), sur leurs planètes utopiques respectives : Apokolips et Neo-Genesis. Leurs affrontements se répercuteront sur la Terre et par conséquent sur l’univers et les super-héros de DC Comics. Inspirés par les religions juives et chrétiennes, ces mythes fondateurs —longtemps inédits en France— sont disponibles en deux tomes chez Urban Comics. On y découvrait également Mister Miracle, pour la première fois, qui fait donc son apparition « New52 » dans ce neuvième tome de la Justice League.

NB : Si un-e lecteure-rice sait s’il y avait des séries plus spécifiques à celle de Justice League à lire en amont de ce neuvième tome, qu’il/elle n’hésite pas à se manifester par commentaire ou sur la page Facebook. Il semble assez étrange qu’Urban n’en fasse pas mention (les séries Wonder Woman ou Green Lantern peut-être ?). Idem si certaines des informations sont fausses ou incomplètes, selon les recherches effectuées non, mais on ne sait jamais. Merci d’avance ! 🙂

Darkseid Wonder Woman

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 17 juin 2016

Scénario : Geoff Johns
Dessin : Jason Fabok | (ainsi que Kevin Maguire, Jim Lee, Phil Jimenez, Dan Jurgens, Jerry Ordway, Scott Kolins pour le JL#40)
Encrage additionnel pour le JL#40 : Scott Williams
Couleur : Brad Anderson pour tout | Alex Sinclair, Rob Leigh (en plus de Brad Anderson) uniquement pour le JL#40
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Edmond Tourriol — Studio Makma

(Contient : JL #40-44 + New 52 Divergence FCBD Special Edition #1)

Acheter sur amazon.fr : Justice League – Tome 9 : La Guerre de Darkseid (1ère partie)

Batman God

Cinq tomes en édition limitée pour les 75 ans de Batman

BATMANPour les 75 ans du Dark Knight, Urban Comics a la très bonne idée de publier cinq histoires emblématiques de l’homme chauve-souris entièrement en noir et blanc, dans un format agrandi et en édition limitée à 3.000 exemplaires.

Inutile de préciser que ces éditions seront vite introuvables. On peut déjà les précommander sur amazon pour l’instant. Il y aura peut-être une distribution en librairie, pas d’autre informations pour le moment. On peut s’interroger sur le choix d’Amère Victoire, Un Long Halloween aurait été plus judicieux, à moins que ce dernier soit prévu plus tard.

Année Un – Frank Miller – 19€ | preview
The Dark Knight Rises – Frank Miller – 29€ | preview
Amère Victoire – Jeph Loeb & Time Sale – 39€ | preview
La Cour & La Nuit des Hiboux – Scott Snyder & Greg Capullo – 39€ | preview | critique
Batman Silence – Jeph Loeb & Jim Lee – 39€ | previewcritique

NB : Un internaute confirme que ces éditions collector seront disponibles dans les librairies généralistes et spécialisées BD, il suffit simplement d’en parler à votre libraire pour réaliser une propre pré-réservation.