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Vie du site (fin 2022-2023)

Bonjour à tous,

C’est l’heure du désormais traditionnel billet qui partage un peu la vie du site pour un bilan des douze mois écoulés (depuis l’été 2022), ce qui devrait arriver, les fiertés et les frustrations, les collaborations et vos questions éventuelles.

On en avait donc parlé les étés précédents (fin juillet 2021 puis mi-août 2022), il est grand temps de revenir de façon un peu plus subjective sur l’évolution du site. En terme d’ergonomie (et design), très peu de changement si ce n’est le déplacement de la catégorie Index carrément sur le bandeau du haut (au lieu de son ancienne place dans la section Guide). Les Index sont devenus nombreux au fil des années, très pratiques pour les lecteurs de s’y retrouver, il était donc normal de les mettre en avant. Ceux sur les crises DC Comics (petite fierté personnelle que de l’avoir conçu et alimenté) et de la saga Injustice m’ont convaincu de la nécessité d’agencer cela autrement.

Côté critiques, j’essaie toujours d’écrire celles sur les nouveaux comics Batman (et Justice League) en même temps que leur sortie (un peu en amont ou durant les jours suivant) afin de pouvoir coller à l’actualité. En parallèle, j’essaie de terminer quelques titres cultes toujours pas chroniqués sur le site (cette année ce fut les grandes sagas Injustice et Infinite Crisis mais aussi, dans une moindre envergure, les séries Batman : Detective et Batman Detective Infinite).

Au total, ce sont presque 70 critiques de comics qui ont été rédigées depuis un peu plus d’un an ! On est donc à plus d’une par semaine. Et cela, sans compter les films (les deux de Tim Burton, Batman et Batman – Le défi, ont enfin été ajoutés sur le site en même temps que The Flash), les index divers (toujours celui de Chronicles important) et le jeu vidéo Gotham Knights. Parmi toutes les chroniques de comics, en dehors de ceux cités juste avant, je suis plutôt satisfait d’avoir réussi à suivre le rythme de la collection One Bad Day (pas très difficile certes vu leur faible nombre de pages) mais cela a permis d’orienter les éventuels acheteurs en temps et en heure ainsi que d’une invitation sur le site de Bruce Lit.

En terme de coups de cœur, l’année a été assez pauvre pour du Batman pur et dur, les curiosités marquantes se situant principalement chez ses alliés ou ennemis : One Bad Day – Le Sphinx, Catwoman – Lonely City, Red Hood – Souriez !, Gotham City – Année un. Seul Batman/Catwoman (novembre 2023) parmi les titres chroniqués ces douze à treize derniers mois nous a semblé sortir du lot avec l’homme chauve-souris un peu plus en avant (et encore, il y a surtout Selina Kyle), ainsi que le chouette Robin & Batman (idem, beaucoup de Dick Grayson, forcément). Aucune aventure réellement « solo » donc, malgré les quelques éléments sympathiques de The Knight et One Dark Night.

L’occasion d’aborder l’agacement du cruel manque de temps et de l’équilibre nécessaire pour ne pas être lassé (des comics et des chroniques) dans ce travail. Ainsi, la saga Metal, le run de Grant Morrison et quelques autres fictions emblématiques (Paul Dini présente Batman, Meurtrier et Fugitif, Final Crisis…) n’ont toujours pas été critiquées sur le site. Ce sera l’objectif de fin 2023/début 2024 ? On espère (l’actualité du Chevalier Noir hors comics risque d’être assez pauvre à part la suite du film JokerFolie à deux – et la série Le Pingouin dérivée du film The Batman)… J’aimerais achever un autre projet en parallèle (pour les 20 ans de la série Lost – ceux qui me connaissent savent de quoi je parle).

Arriveront en critiques prochainement : les deux premiers volets de la série Batman Nocturne, les deux Batman Spawn, la suite de Dark City, le fameux Batman & Joker Deadly Duo, les Nightwing Infinite et peut-être les Poison Ivy Infinite (en plus, évidemment, des quelques récits complets ou séries anciennes). Côté « analyse » ou « dossiers » (pas vraiment le cœur du site), un article sur les lectures obligatoires/primordiales/facultatives par run d’auteur est prévu. Comme toujours, je reste disponible via les commentaires ou mes réseaux sociaux (Thomas Suinot) ou la page Facebook du site 🙂

Bonne fin d’année à tous !

Réédition de mes premiers livres (#autopromo) et vie du site !

Bonjour à tous, voici un billet un peu particulier : la première partie évoque la sortie d’un livre (qui n’a rien à voir avec Batman), la seconde est un état des lieux du site, un bilan avant la rentrée et les annonces des prochaines critiques à venir.

Surprise, avant de chroniquer des comics Batman j’avais écrit des romans ! La mort de l’Amour, Démissionne ou je détruis ta vie et Journal post-rupture d’un geek romantique ont ainsi été publiés chez trois éditeurs différents en 2007, 2011 et 2015. Les deux premiers éditeurs (Les 2 encres et Kirographaires) n’existent plus, j’ai donc récupéré les droits de mes livres et décidé de les compiler pour les rendre à nouveau disponibles mais dans un seul ouvrage. Celui-ci est uniquement disponible sur amazon.fr en auto-édition et coûte 17,99€. Il contient les trois titres évoqués (le troisième était déjà sorti sur amazon à l’époque mais sous anonymat) et quelques textes inédits datant de mon adolescence…

Pour découvrir les résumés et critiques de ces romans, rendez-vous sur mon site personnel dans la rubrique dédiée pour cette réédition ! Je le précise à nouveau : ces fictions n’ont absolument aucun rapport avec le monde des comics ou Batman, ce sont des histoires « noires », d’amour et de jeunesse. Des récits à la forme atypiques (entre le scénario de cinéma, la pièce de théâtre et le journal intime) où se mêlent plusieurs sujets de prédilection de l’époque (romantisme, journalisme…) avec un aspect trash, dans une petite veine – en toute modestie – de Bret Easton Ellis. Je ne vais pas m’attarder davantage ici, referons cette parenthèse auto-promotionnelle, tout ce qu’il y a à savoir est donc sur le site dédié (le choix de l’auto-édition, le travail derrière cet ouvrage…). Revenons au Chevalier Noir !

L’été dernier, dans un autre billet/bilan, j’écrivais ceci :

« Voici ce qui devrait sortir dans les prochains mois niveau chronique de comics : les quatre tomes de New Justice, les deux de Doom War puis les quatre de Death Metal, Joker/Harley : Criminal Sanity, les trois tomes de Batman Beyond, Trois Jokers (déjà lu et globalement apprécié), les séries Batman : Detective (5 tomes) et Batman Detective Comics (7 tomes), DCeased 2, l’intégrale d’Injustice, les six volumes de Justice League Rebirth (la moitié déjà écrite) et peut-être un ou deux tomes des séries Batman Mythology et Batman Arkham. »

Force est de constater que… ça n’a pas été le cas, comme souvent (rires) ! Seuls les comics chroniqués depuis ont été surlignés dans le texte… mais il y a eu beaucoup de nouvelles critiques durant ces douze derniers mois, la plupart encore visibles sur la page d’accueil du site. Batman – The World, Batman – White Knight • Harley Quinn, Batman – Ego, Catwoman – Le Dernier Braquage, deux Batman Arkham (Poison Ivy et Le Sphinx), La Nuit des MonstresBatman Imposter, le troisième et dernier tome de Batman : Terre-Un, les trois volumes de la série All Star Batman, les trois premiers de la série Batman Infinite et les trois de Joker Infinite. Il y a bien sûr eu la parenthèse autour du film The Batman, des sollicitations médiatiques qui en ont découlées et divers articles récapitulatifs, sur ce site ou ailleurs. Quelques titres cultes ont enfin été chroniqués également : Arkham Asylum et Un Deuil dans la Famille en tête, des récits complets anciens comme La malédiction qui s’abattit sur Gotham ou récents comment Robin & Batman. Sans oublier Bill Finger – Dans l’ombre du mythe, ajoutant un nouveau podcast dans la foulée. Enfin, l’intégralité des séries Catwoman (Renaissance), Catwoman Eternal et Nightwing Rebirth ont aussi été ajoutées. Au total, 47 critiques de comics ont été mises en ligne depuis à peu près un an, (même 50 si on compte les trois prochaines dans les brouillons et quasiment terminée !) soit une par semaine environ (même si le rythme de publication est différé), sans compter les articles récapitulatifs, les critiques de films ou les mises à jour des index – dont celui de la collection Batman Chronicles est une des fiertés du site.

En synthèse, ce fut probablement une des années les plus productives pour ComicsBatman.fr ! Je manque toujours cruellement de temps, ne serait-ce que pour chroniquer toute la suite de Metal que j’avais évoqué l’an dernier (New Justice, Doom War et Death Metal notamment) et quelques grandes sagas cultes comme Grant Morrison présente Batman (lue et découverte à l’époque de Panini Comics – donc pas dans des conditions optimales), Paul Dini présente Batman et Injustice dont j’avais adoré la première moitié mais sans l’écrire à ce moment-là. J’aimerais aussi réécrire des critiques assez anciennes (les débuts de l’ère Snyder/Capullo par exemple). Néanmoins je reste globalement satisfait de la tournure que prend le site, des rencontres et opportunités que cela créé !

Sans surprise, j’ai davantage de facilité à lire et écrire sur des récits complets ou des séries qui m’emportent. Néanmoins, et cette fois par contre c’est sûr, il va y avoir les trois derniers tomes de Justice League Rebirth de chroniqués à court terme (màj : c’est en ligne !), le quatrième et dernier de Batman Infinite (en ligne aussi), les récits complets La Dernière Sentinelle (septembre – mais en ligne également, quelle productivité !) et One Dark Knight (octobre – mais aussi disponible, incroyable !) et probablement Batman/Catwoman (novembre) et Suicide Squad – Get Joker (allez, lui aussi déjà en ligne) – d’une manière générale, j’essaie désormais d’écrire sur les sorties même si le rythme est parfois haletant. Par chance le programme consacré au Chevalier Noir jusqu’à fin décembre n’est pas trop chargé en nouveautés donc ça devrait aller. Ensuite, on verra… souvent je planifie des choses et puis je pars dans une direction toute autre (spoiler : je suis parti sur l’intégralité de la série Batman : Detective du coup, trois tomes sont déjà disponibles, la suite et fin arrive bientôt). J’aimerais tout de même suivre les sorties des Batman Chronicles mais c’est un travail fastidieux

Et pour ceux qui me lisent ailleurs (Facebook, Twitter…) ou qui me connaissent un petit peu « dans la vraie vie », vous savez que mes journées sont chargées entre le travail, la vie personnelle, mes multiples passions (concerts, mangas, jeux vidéo, cinéma, séries…), sans parler de mes autres critiques (pour Star Wars – La Haute République notamment) et mes projets littéraires (après le livre évoqué en début d’article, je m’attaque à achever un ouvrage sur la série Lost). Mais si tout se passe bien, dans un ou deux ans un de mes projets littéraires devrait davantage vous intéresser si vous aimez Batman 😉

Tout ça pour dire que je ne suis pas lassé de ce travail d’indexation et de critiques, c’est toujours un plaisir à construire et élaborer. Je ne lis pas des comics tous les jours, encore moins « que » des comics DC ou sur Batman, impossible sinon de rester accroc ! Je prends le temps de bien faire et je suis content des retours (commentaires, messages privés, conversations…). Ceux qui n’ont pas forcément les actualités d’Urban, n’oubliez pas la collection Nomad à venir fin août afin de se procurer plusieurs titres de DC Comics et Vertigo à bas prix, incluant bien sûr plusieurs Batman. En décembre, trois nouveaux Urban Limited sont également prévus (critiques sur les titres, précommandes sur les prix et images – même si on suggère de passer en librairie pour ces éditions luxueuses et limitées) : Killing Joke (69€), Harleen (59€) et, surtout, Batman – Un Long Halloween (89€) !

   

PS : Il existe plusieurs façons d’être au courant des nouveaux articles sur le site. S’y rendre chaque jour ou de temps en temps et voir sur la page d’accueil les dernières publications. S’abonner au feed Flux RSS (cf. tout en bas du site) afin de recevoir un mail automatique à chaque nouvelle critique en ligne. Suivre la page Facebook ou bien mon compte Twitter personnel (où les actualités de Batman sont noyées parmi mes autres tweets bien sûr).

Pour ceux qui me demandent et en toute transparence, ça fait quelques mois que les ventes de comics via amazon ne me rapportent plus grand chose, à peine 20 ou 30€ par mois, de quoi financer tout juste le site mais ce n’est pas grave (mais si vous voulez me faire un don Paypal je vous laisse mon mail haha). Sur Twitter je dresse un petit bilan chaque trimestre de ce qui se vend le mieux depuis le site, c’est souvent les mêmes titres qui reviennent, la dizaine d’incontournables habituellees avec White Knight au-dessus d’Année Un désormais !

Belle fin d’été à tous, merci pour votre fidélité et bonne lecture 🙂

Interview François Hercouët (Urban Comics) et Siegfried Würtz (« Qui est le Chevalier Noir ? »)

Pour la rédaction de l’article Pourquoi, 80 ans après sa création, Batman fascine toujours autant (pour le journal l’actu), je me suis entretenu avec François Hercouët, le directeur éditorial d’Urban Comics, et Siegfried Würtz, auteur du très bon livre Qui est le Chevalier Noir ? Batman à travers les âges (chez Third Éditions, cf. essais et encyclopédies sur Batman). Ces échanges ont eu lieu avant la sortie du film The Batman.

L’interview de François s’est déroulée par téléphone, permettant de rebondir sur ses réponses et amenant à suffisamment de matière pour la constitution du papier. Celle de Siegfried a été effectuée par échange mails, proposant là aussi beaucoup de texte. Étant limité au nombre de caractères dans le journal, les propos de Siegfried ont (malheureusement) été considérablement réduits, c’est pour cela qu’ils sont restitués ici. Ceux de François ont davantage été injectés dans l’article mais quelques passages m’ont semblé pertinents pour être également reproduits sur ce site – avec son aimable autorisation – mais sous une autre forme. Seuls les morceaux « inédits » sont donc présents ici (les autres, axés sur les éléments qui caractérisent Batman et le travail des auteurs de comics, ont été synthétisés dans l’article de l’actu).

Part. I • François Hercouët, le directeur éditorial d’Urban Comics

Durant la conversation, François a expliqué sa fonction et son rôle au sein d’Urban Comics, directeur éditorial mais aussi interlocuteur pour la communication, animateur d’une équipe éditoriale et évidemment lecteur assidu pour choisir ce qui va être publié en France. Il suit aussi attentivement la chaîne du livre (traduction, maquette, lettrage…). Il a lui-même détaillé tout ce travail dans sa première newsletter – qu’on recommande activement !

Quand on lui demande si DC Comics « impose » de publier certains titres en France, le passionné répond par la négative. « On travaille en bonne intelligence, on ne nous impose rien à part quelques impératifs sur des dates de sortie pour des lancements internationaux, comme pour Batman – The World [mis en vente en septembre 2021 simultanément partout dans le monde] ou Batman Imposter [sortie en relié fin février 2022, au plus proche des États-Unis et juste avant le film The Batman] ; des titres que nous comptions publier de toute façon. »

« On ne se justifie plus trop après dix ans, poursuit le passionné. On met en avant des noms d’auteurs aussi gros que celui de Batman [Grant Morrison présente Batman, Paul Dini présente Batman, etc.]. Au début, nous avions plusieurs discussions avec DC Comics pour justifier ce choix : l’importance dans la culture française des noms des artistes, surtout dans un milieu où les bandes dessinées franco-belges sont prédominantes sur le marché. »

Le saviez-vous ? Batman représente « seulement » 15% de la production d’Urban Comics ! « Je me suis amusé à faire le calcul, détaille François Hercouët, nous avons publié 173 albums différents de Batman depuis 2012, soit 1,5 Batman par mois. On nous reproche souvent de ne sortir QUE du Batman, alors qu’il ne constitue que 15% de nos titres en fait ! » Les meilleures ventes ? Les neuf albums de la série Batman de Scott Snyder et Greg Capullo. « On en a vendu plus de 500.000, dont 100.000 pour le premier tome », ajoute le directeur éditorial. Et cela ne concerne que les tirages classiques, pas les éditions spéciales ou opérations commerciales. Un exploit dans le milieu.

Quand on lui demande les trois titres qui représentent, selon lui, la quintessence” de Batman, François Hercouët n’hésite pas. « D’abord Année Un, forcément, indémodable. Ce n’est peut-être pas très original comme choix mais c’est un titre incontournable que j’affectionne beaucoup. Ensuite je dirais… White Knight. Même le “MurphyVerse” d’une manière générale. Il y a une sorte “d’adultisation” de Batman, la série animée, un univers riche et accessible. D’ailleurs, White Knight est devenu la nouvelle porte d’entrée pour découvrir Batman, il se vend mieux qu’Année Un ! Enfin, je ne dis pas ça pour faire de la promo, mais Batman Imposter rejoint cette sélection. Il y a une dimension psychologique forte, une certaine modernité et un art des dialogues très travaillé, j’ai adoré ! » On ne peut que le rejoindre sur cette sélection qui contient trois des neuf comics qu’on juge indispensables.

Si le marché des comics est en progression d’une manière générale (+ 20% visiblement), il reste un marché de niche. « Batman reste un point d’entrée de référence (avec Spider-Man), détaille Hercouët, et on en vend beaucoup, surtout quand il y a un film MAIS il ne faut pas penser que chaque spectateur devient lecteur de comics. Ce serait déjà bien si chaque spectateur devenait lecteur (rires) ! » Il est en effet illusoire de croire qu’à chaque film de super-héros, cela va augmenter considérablement les nouveaux lecteurs (qui se renouvellent, certes, mais pas forcément grâce aux films) et les pérenniser. « Toutefois, il faut nuancer : c’est le lecteur de BD franco-belge classiques qu’il faut amener à se tourner vers les comics, c’est pour cela que nous effectuons des promotions [les opérations estivales à 4,90€ par exemple mais aussi la future collection Nomad – non dévoilée au moment de l’interview]. » Un vieux débat qui permet de mieux comprendre la stratégie de l’éditeur, lucide sur la situation et motivé pour rendre accessible ses livres à un lectorat déjà existant (celui du franco-belge).

François a également eu la gentillesse de répondre à deux questions spécialement pour le site, notamment à propos de deux séries de comics Batman dont le statut était inconnu. Ainsi, Batman – The Dailies bénéficiera bien d’un troisième et dernier tome en 2023. « Le premier a très bien fonctionné, explique Hercouët, à la fois Madeleine de Proust et à la fois un objet singulier, proche d’un documentaire. Le second s’est vendu plus faiblement, on avait prévu le troisième et dernier dans la foulée mais ce sera finalement pour l’année prochaine. »

La série Batman – Arkham Knight est (sans surprise) définitivement abandonnée. « On a publié le premier tome au moment de la sortie du jeu vidéo [décembre 2015], ensuite on a eu un encombrement de planning, ça a été compliqué. Nous voulions proposé la suite avec un code de téléchargement du jeu mais ça n’a pas pu se faire et finalement on a abandonné. C’est l’un de nos rares loupés, j’en ai conscience, j’espère qu’on ne nous en voudra pas trop… ».

Immense merci aux équipes d’Urban Comics pour la mise en relation et bien sûr à François Hercouët pour son temps, sa disponibilité, sa réactivité et sa gentillesse !

(Dessin représentant François, signé par le célèbre Dustin Nguyen !)

Part. II • Siegfried Würtz, auteur de Qui est le Chevalier Noir ? (Third Éditions)

Pourquoi Batman continue de fasciner plus de 80 ans après sa naissance ?
Plusieurs facteurs expliquent cette fascination intacte (malgré des hauts et des bas). Déjà, Batman est l’un des premiers super-héros et a donc frappé les esprits avant l’explosion de la concurrence. En outre, il se fonde sur des archétypes fictionnels très populaires et efficaces. Mais surtout, Batman représente une forme d’idéal physique, mental et moral, au point que cet homme dénué de pouvoirs peut présider à la table des dieux, et se faire craindre et admirer par des êtres infiniment plus puissants que lui. Enfin, son histoire fait écho à notre peur la plus profonde, celle de la solitude, et montre comment une personne ayant traversé le pire peut convertir ses malheurs en force pour le monde entier. Son obscurité est ainsi aussi moderne que sa vocation est lumineuse. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que personne n’a retouché son origin story après 80 ans, parce que malgré le passage du temps et l’évolution du medium super-héroïque, elle continue de nous toucher.

Que peut apporter un nouveau film à l’icône ?
Toute réappropriation de Batman est intéressante parce que ceux qui tiennent à l’exploiter expriment souvent une résonance personnelle entre son parcours et leur monde intérieur. C’est aussi ce qui fait qu’après des milliers de comics et une dizaine de films, on est toujours aussi curieux d’une nouvelle incursion par un auteur doté d’une personnalité forte : on fait confiance à Matt Reeves et à son équipe pour donner forme à leur vision particulière de façon au moins authentique et originale.

Il y a énormément d’adaptations de Batman (cinéma, jeux vidéo, séries…) comment se démarquer du lot ?
Chaque medium vient avec ses propres contraintes mais aussi sa propre diversité formelle, et plus pragmatiquement, sa nécessité de se distinguer du reste pour éviter toute accusation de plagiat. Je pense donc que, spontanément, les autrices et auteurs de Batman dans ces différents arts ont conscience des écueils à éviter, de la nécessité de proposer quelque chose de neuf, et idéalement de personnel, parce que personne n’a tout à fait la même vision de Batman, les mêmes lectures, les mêmes sentiments vis-à-vis de lui, de ses aventures, de son combat et de sa vocation.

Quels comics représentent pour toi “la quintessence” de ce qu’est Batman ?
Ce que j’aime le mieux chez Batman, c’est qu’il soit un “signifiant mobile”, plus peut-être que n’importe quel autre super-héros ; dans le sens où on peut lui prêter de multiples significations sans trahir le personnage. Je défends donc l’idée qu’il n’a pas réellement de “quintessence”, ou alors dans des récits si classiques que je trouverais dommage de les recommander particulièrement. Cependant, je peux conseiller trois comics permettant de saisir synthétiquement une grande partie de la richesse du chevalier noir. The Dark Knight Returns de Frank Miller, Batman – Ego de Darwyn Cooke et, pour tricher un peu, les formidables anthologies Black and White. Chaque histoire courte est écrite par une équipe différente avec une liberté relativement absolue de trait et de ton, de sorte qu’en cent pages, on a pu appréhender Batman sous une dizaine de formes différentes, qui sont toutes Batman et n’ont pourtant rien à voir les unes avec les autres. [Le troisième et dernier tome des anthologies en noir et blanc est prévu en 2022.]

Est-ce que les comics Batman reflètent une part de notre société en puisant dans notre actualité/politique afin de raviver continuellement une flamme chez des lecteurs ? Ou, au contraire, la fiction s’en démarque pour être davantage dans la fantaisie” et rester intemporel ?
Cela dépend. Certains comics puisent dans notre actualité sociale et politique quand la force d’autres est de nous livrer une puissante fiction escapiste. Le pire, ce sont sans doute les comics exploitant mal l’une de ces deux ambitions, par exemple prétendant livrer un message politique fort si didactique et naïf, ou si noyé dans un event polycéphale, qu’ils auraient mieux fait de s’abstenir de se croire plus adultes et plus mûrs qu’ils ne le sont. On a ainsi eu bien des exemples dernièrement au cinéma de la promesse aguicheuse d’une méditation sociale et politique, plutôt bien menée d’abord, et finalement évincée pour rentrer dans le moule d’une formule hollywoodienne ne disant plus grand chose du monde réel, avec (à des degrés divers) The Batman, Captain America : Civil War, The Dark Knight Rises, Black Panther, Joker Pour revenir aux bandes dessinées, les meilleures fictions super-héroïques sont ainsi pour moi celles qui parviennent à assumer complètement la dimension indéniablement politique du super-héros tout en livrant (et même : pour livrer) une fiction forte.

Comment renouvelle-t-on Batman sans lasser son lectorat ?
En le confiant à des autrices et auteurs qui ont quelque chose à dire et/ou à raconter. Attention, ce n’est pas une recette pour vendre plus de Batman : on sait bien que le public n’est pas toujours friand de réinventions et préfèrera souvent un millième combat contre le Joker à quoi que ce soit d’un peu différent. Mais même ce marché peut être revitalisé par une réinvention piquante. C’est sans doute en partie ce qui explique la popularité du Black Label (dont je suis très friand) : donner carte blanche à des équipes pour travailler sur Batman dans un one-shot et hors continuité est sans doute l’un des plus beaux cadeaux que l’on puisse faire à Batman pour lui éviter l’arthrite à laquelle la continuité paraît parfois le condamner.

Merci à Siegfried Würtz pour sa grande réactivité et sa sympathie également ! On recommande son ouvrage, très complet et sourcé, qui balaye l’évolution de Batman à travers les âges (351 pages, 29,90€).