Archives de catégorie : Red Hood

Batman & Robin Eternal – Tome 01

Après les quatre tomes de la série Batman Eternal — une semi-réussite, captivant mais s’étant trop éparpillé et nécessitant pas mal de connaissances à cause des nombreuses connexions avec d’autres histoires — la « seconde saison » est cette fois deux fois moins longue (26 chapitres répartis en deux tomes). Attention, la lecture de Batman & Robin Eternal est conseillée uniquement si l’on est à jour dans d’autres séries : la Batman de Snyder et Capullo (au moins jusqu’au tome 8), Grayson (au moins jusqu’à la fin du tome 2) et, moins obligatoire, la « suite » de la série Batman & Robin, c’est à dire l’event We Are Robin (pas encore abordé sur le site).

batman-robin-eternal-tome-1

[Histoire]
Cinq ans auparavant, Batman rentre blessé à la Bat-Cave et lit un fichier audio dans lequel on lui dit que Robin se rapproche de découvrir « la vérité », à savoir : ce qu’a conçu le Chevalier Noir pour privé d’un tout autre destin Dick Grayson…

Aujourd’hui, Dick, alias Agent 37, est de retour à Gotham City (voir Grayson – Tome 02 : Nemesis) auprès de Red Robin (Timothy Drake) et Red Hood (Jason Todd). Bruce Wayne est amnésique et c’est un « Bat-Robot », avec Gordon à l’intérieur, qui remplace Batman (voir Batman – Tome 08 : La Relève). Gordon cherche Harper Row, alias la justicière Sialia (petit oiseau plus connu sous le nom de ses trois espèces « merlebleu », rappelant le nom en VO beaucoup plus approprié Bluebird – une jeune fille aperçu plusieurs fois dans la série Batman et dont l’évolution en super-héroïne s’est confirmée dans Batman Eternal).

Dick enquête à propos « des Orphelins », des enfants qui ont l’air sous emprise d’une certaine « Maman » et qui cherchent tous à tuer Dick. Cette mission est liée à une ancienne qu’il avait suivie avec Batman à ses débuts, face à l’Épouvantail, son premier « vilain ». Les deux justiciers l’avaient traqué durant un an autour du monde entier. Batman a chargé Cassandra Cain de remettre un message à Dick si le Chevalier Noir venait à disparaître… C’est ce qu’a fait cette dernière. Dick va devoir résoudre un mystère du passé lié à son mentor et sa jeunesse, épaulé par ses alliés.

Batman & Robin Eternal Sialia Bluebird Dick Cassandra Cain

[Critique]
Dans la lignée de la précédente série, Batman & Robin Eternal n’est pas vraiment une « suite directe » à proprement parlé. C’est le même « concept » (à savoir un chapitre par semaine durant six mois au lieu de douze) avec plusieurs scénaristes et dessinateurs aux manettes, chapeauté par le duo Snyder/Tynion IV à nouveau. Dick Grayson est au cœur de l’intrigue. Lui qui était absent de Batman Eternal se voit ici offrir le rôle principal. Batman est très peu présent : il y a Gordon/Bat-Robot brièvement en début d’ouvrage et Bruce Wayne apparaît comme un figurant. En revanche, dans les flash-back entre le Chevalier Noir et Robin, Batman tient un rôle majeur, non pas dans le temps d’occupation des cases, mais dans l’énigme générale liée à l’histoire.

Celle-ci est à la fois convenue et originale. Assez basique dans son approche : une « maman » qui recueille des orphelins (voire les rend orphelins) et les façonne ensuite à sa guise avec des traumatismes et une éducation spéciale. Jusqu’ici, rien de très novateur, cela rappelle d’ailleurs fortement Talia As Ghul et le traitement sur Damian Wayne (totalement absent de ce tome par ailleurs).

Batman & Robin Eternal Maman Mother

L’originalité se situe au rapport moral de Batman, l’homme chauve-souris (dans le passé) et ses alliés (dans le présent) s’interrogent sur la façon de faire de Batman : n’est-elle pas plus ou moins la même finalement ? Cela est d’autant plus délicat lorsque les Robin apprennent que Batman a bien eu recours aux services de « Maman » pour trouver un nouveau Robin (mais lequel ?) !

Prendre quelqu’un qui vient de subir un traumatisme,
et le transformer pour répondre à ses propres désirs…
C’est absolument innommable…
Mais ne suis-je pas moi-même coupable de ce crime ?
[Batman]

Batman & Robin Eternal Harper Row Sialia

De ce point de vue, l’enquête ne s’éparpille pas trop. Dick mène les opérations, secondés par le duo Cassandra Caïn (qui fait son apparition dans les NEW52) et Sialia – deux figures féminines qui fonctionnent très bien, on regrette juste l’apparition trop brève de Batgirl et même de Spoiler, découverte dans Batman Eternal. Un autre binôme n’est pas en reste : Red Robin et Red Hood. Pour ce dernier, l’humour excelle même si deux chapitres leur sont consacrés lors d’un détour à Santa Prisca avec l’alliance inédite de Bane face à… Jean-Paul Valley.

Cette (courte) revisitation des emblématiques protagonistes de la saga Knightfall est l’un des points faibles de ce tome. Ce passage et celui avec un personnage totalement télépathe, donc avec un « super pouvoir » du registre « fantastique » (et arrivant un peu trop facilement) gâche le côté thriller et légèrement de science-fiction qui se dégageait de l’ensemble. Ce sont deux éléments peu importants sur l’ensemble du récit, donc ce n’est pas trop grave.

Batman & Robin Eternal Red Hood Bane

Le tout est brillamment rythmé, sans temps morts et avec une solide intrigue qui tient en haleine. Les échanges entre les multiples héros sont bien écrits, avec une certaine fraîcheur et, comme déjà mentionné, un humour bien placé. Mettre en avant l’entourage du Chevalier Noir au détriment de celui-ci fonctionne très très bien. Seul défaut : les nombreuses connexions à d’autres séries. Le lecteur néophyte risque d’être bien perdu entre tous ses protagonistes et leurs situations de départs (il est quand même possible de comprendre Batman & Robin Eternal sans cela, mais c’est quand même plus ardu).  La double lecture (passé/présent) et les échos lointains d’une époque révolue (un Batman fonctionnant à deux avant d’avoir toute une équipe complète) sont là aussi une bonne idée plaisante.

Dick découvrant Harper Row blessée :
– Un masque… Tu jours les super-héros, toi aussi ?
Y a combien d’ados déguisés qui sévissent à Gotham ces temps-ci ?
Spoiler, sa colocataire surgit :
– Ne touche pas à ma coloc, sinon… Spoiler : tu vas cracher tes dents !
– Mais ils distribuent les costumes dans les boîtes de lessive, ou quoi ?

Batman & Robin Eternal Red Robin Spoiler Dick

Côté graphique, on a globalement une homogénéité (ce qui n’est pas gagné de base avec une armée de dix dessinateurs !) avec du très bon en début d’ouvrage (Tony Daniel et Paul Pelletier) mais quelques chapitres un peu moins réussis (le septième, rattrapé par ses solides doubles planches) et, surtout, le neuf et le dix (toute la partie à Santa Prisca justement). D’une manière général, les planches sont bien découpées, chaque chapitre s’ouvre sur une double avec des dessins horizontaux, et le tout est plutôt élégant.

Du reste, on voyage aussi en Europe, surtout à Prague, l’ombre de l’Épouvantail flotte sur ce nouvelle ennemi qui tend à sourire (« Maman »…). Les couvertures de chaque chapitres sont sublimes, toutes de très haut niveaux, c’est à souligner, et Urban en propose certaines, en bonus, en noir et blanc, crayonnées ou encrées. Un très bon premier tome donc, original et bien dessiné avec un scénario finement écrit. L’un des rares points négatifs est un passage à priori un peu inutile (mais assez drôle et épique), tout le reste s’apparente à une réussite (pas totale certes, mais suffisant pour livrer une bonne bande dessinée).

Batman & Robin Eternal 01

[À propos]
Histoire : Scott Snyder, James Tynion IV
Scénario : James Tynion IV (prologue, chap. 1-5), Tim Seeley (chap. 2-3), Steve Orlando (chap. 4-5), Geneviève Valentine (chap. 7-8), Jackson Lanzing (chap. 9-10), Collin Kelly (chap. 9-10), Ed Brisson (chap. 11-12)
Dessin : Tony Daniel (prologue, chap. 1-5), Paul Pelletier (chap. 2-3-4), Scott Eaton (chap. 3-4-5-8), Ronan Cliquet (chap. 5), Steve Pugh (chap. 5), Alvaro Martinez (chap. 7-8), Roge Antonio (chap. 9-10), Geraldo Borges (chap. 10), Fernando Blanco (chap. 11-12), Christian Duce (chap. 11-12)
Encrage : Sandu Florea (prologue, chap. 1-5), Tony Kordos (chap. 2-3), Marc Deering (chap. 3), Mark Moralas (chap. 5), Wayne Faucher (chap. 3-4-5-8), Raul Fernandez (chap. 7-8)
Couleur : Tomeu Morey (prologue, chap. 1-5), Rain Beredo (chap. 2-3), Gabe Eltaeb (chap. 4-5), Sandra Molina (chap. 7-8), Allen Pasalaqua (chap. 9-10), John Rauch (chap. 11-12)

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Stephen Boschat (Studio MAKMA)

Contient : Batman Endgame Special Edition #1 (prologue), Batman & Robin Eternal #1-12

Batman & Robin Eternal Harper Row Cassandra Cain

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Batman & Robin Eternal – Tome 02

Batman & Robin Eternal Cassandra Cain

Critique de Batman & Robin Eternal – Tome 02

Batman & Robin Eternal Nightmare

Bonus : la critique des deux volumes en une seule fois sur UMAC
(Reprise de mes deux articles sur ce site et ajouts des points positifs et négatifs)

Batman & Robin Eternal – Tome 02

Suite directe du premier tome de Batman & Robin Eternal qui conclut la série.

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[Histoire]
Cassandra Cain
retourne à La Nurserie, lieu secret où « Maman » élevait et façonnait ses orphelins à sa guise. Elle y affronte David, son père (aka « L’Orphelin »), le soldat d’élite très puissant qui seconde « Maman ». Grayson et Harper Row, alias Agent 37 (ex-Nightwing) et Sialia (Bluebird en VO) la rejoignent.

De leur côté, Red Robin et Red Hood sont à Gnose, la cité secrète de l’ordre de Saint Dumas. Red Robin décrète vouloir les rejoindre et a capturé Red Hood en guise de bonne foi. Azrael est méfiant mais son supérieur, se disant héritier de Saint Dumas l’accepte. L’occasion de découvrir le projet Ichtys, qui permettait d’améliorer le processus de « Maman » : une toxine de l’Épouvantail faisant vivre un trauma à un enfant orphelin, et Ichtys l’accentuant et le rendant plus fort encore. Un baptême violent que va inaugurer Jason Todd malgré lui, retrouvant le Joker peu avant la scène de sa mort.

Enfin, dans le passé, Batman et Robin continuent de traquer l’Épouvantail et Bruce Wayne semble avoir demander un terrible service à « Maman »…

Batman & Robin Eternal Mother Maman

[Critique]
Comme dans le tome précédent, autant le duo Red Robin/Red Hood fonctionne bien en terme d’alchimie et d’humour, autant leur arc avec Jean-Paul Valley/Azraël n’apporte pas grand chose, il apparaît même inutile (juste « sauvé » de justesse sur la toute fin avec le retour d’Azraël mais c’est un peu maigre).

La capture de Cain amènera à un premier retournement de situation, plutôt bien vu (peut-être anticipé par Scott Snyder dès la création du personnage de Harper Row). Les parents de celle-ci ont été attaqués par Cassandra, qui a tué sa mère, et Batman le savait et devait la prendre sous son aile… Difficile de savoir si le scénariste savait où il est allait dès les prémices du personnage de Harper dans sa série Batman, mais ça fonctionne bien et offre un bon enrichissement à la jeune femme ainsi qu’une évolution importante et complète.

Batman & Robin Eternal Red Robin Red Hood Azrael

Les dessins sont une fois de plus assurés par tout un bataillon d’artistes, peu ou prou les mêmes qui sont intervenus dans le premier tome, avec globalement une bonne cohérence et de jolis traits (pas partout mais l’ensemble, comme le précédent volume, tient bien la route, sauf lors de la « grande bataille finale »).

Justement, la dernière moitié de l’ouvrage est une suite d’invraisemblances dans cet affrontement : des enfants du monde entier se mettent à scander « Maman » et à s’en prendre à un membre de la Bat-Family (grâce à l’hypnose/lavage de cerveau — sic). Ainsi « Batman » (Gordon et son Bat-Robot) et « Robin » (le jeune Duke) sont à Gotham, Damian (qui est soudainement revenu sans explications ou note éditoriale — il faut se référer, une fois de plus, à un autre ouvrage, à savoir Batman & Robin : Tome 07 – Le Retour de Robin — qui chevauche Goliath, une chauve-souris géante — re-sic) est à Londres, Red Hood à Toronto, la Matrone (Héléna Bertinelli) à Bologne, Black Canary à Mexico, Katana à Kuala Lumpur, Red Robin à Moscou, Batwoman à Dubaï, Batgirl à Paris (à la Tour Eiffel, forcément…), l’ergot (des Hiboux) à Shangai, Catwoman à Sydney et des agents de Spyral à Tokyo.

Batman & Robin Eternal Spoiler

C’est le Midnighter (déjà intervenu dans le premier tome de Grayson) antagoniste charismatique et drôle, qui coordonne les combats à distance pour aider toute la Bat-Army. Problème : la plupart durent une case ou deux pour les héros les moins notables, les autres s’en sortent grâce à une « porte magique », c’est à la fois confus, facile et dommage. Plus tôt dans l’ouvrage, c’était une situation similaire qui avait lieu au pensionnat St Hadrian, bien connu des lecteurs de Grayson (les autres ne vont pas trop comprendre).

Bruce à Damian Wayne :
« Dick est une vision plus claire de ce que Batman était censé être.
Jason est prêt à faire ce que Batman refuse, quand le monde le réclame.
J’envie à Tim son esprit de stratège. Il n’agit jamais trop tôt.
Toi, si, parfois. Mais il se peut que ça te sauve, un jour.
Je veux que vous décidiez par vous-mêmes de vos destins… de vos vies. »

Batman & Robin Eternal Bruce Damian

Toute cette fin, hyper prévisible (de même que celle du passé avec Batman) n’apporte finalement pas de nouvelles choses surprenantes. Seule la relation entre Harper Row et Cassandra évolue d’une tournure intéressante, ce sont deux protagonistes qui ont davantage été au cœur du récit que d’autres, plus connus de prime abord. Grayson est par exemple plus en retrait dans celui-ci. Pas un défaut en soi, au contraire, un des bons points du livre.

Dans le lot des incohérences (ou invraisemblances, c’est selon) : difficile d’imaginer que Batman n’avait pas réussi à venir à bout de « Maman », encore plus de voir que les Robin abandonnent et pensent ne pas être de taille non plus… Le pire étant, comme évoqué brièvement, cette facilité scénaristique du lavage de cerveaux sur des gamins un peu partout dans le monde (avec des antennes sur des bâtiments en hauteur pour les activer). Ce n’est absolument pas crédible.

Batman & Robin Eternal Red Robin Dick

L’hypnose et l’endoctrinement sont deux éléments très difficile à rendre plausible par le biais d’une œuvre. Sur un petit nombre de personnages, cela peut fonctionner, lorsque c’est sur une multitude de sujets, comme ici, dans ce contexte si particulier, de façon internationale et sur des orphelins, c’est très risqué voire ridicule. Ça ne prend pas vraiment.

De même, le terrible Épouvantail est relégué à un ennemi craintif qui ne fait pas honneur à ce qui était annoncé avant. Le nouveau vilain, « Maman » donc, arbore un nom ridicule mais a un véritable but et sert un dessein auquel elle croit fermement (même si celui-ci n’a rien d’original : créer un nouveau monde plus fort avec des gens qui n’auraient aucune peur).

Batman & Robin Eternal Azrael

C’est donc clairement une déception… Si le premier tome était parfois un chouilla bancal côté scénario, l’ensemble restait sympathique et très prenant. Hélas, ce second tome —qui fonctionne bien sur un bon tiers (avec toujours un bon rythme et de l’humour)— accumule les maladresses et un final certes explosif côté forme mais hyper convenu côté fond. L’achat des deux tomes est surtout conseillé pour les amoureux de Grayson et de Harper Row. Il y a de bonnes choses attention, de très bonnes même, mais la fin manque cruellement de surprise, de finesse et d’enjeux. Faute à une faible originalité et des situations assez ubuesques.

Autant relire Batman & Robin Eternal, qui était très long et s’éparpillait un peu trop dans différentes situations mais avait le mérite d’être davantage épique, en faisait intervenir toute une galerie de personnages avec de bonnes trouvailles scénaristiques.

Batman & Robin Eternal Cassandra Cain Sialia Bluebird Spoiler

[À propos]
Histoire : Scott Snyder, James Tynion IV
Scénario : James Tynion IV (chap. 13-14-21-conclusion), Jackson Lanzing (chap. 15-16), Collin Kelly (chap. 15-16), Ed Brisson (chap. 17-18), Tim Seeley (chap. 19-20), Geneviève Valentine (chap. 22-23), Steve Orlando (chap. 24-25).
Dessin : Marcio Takara (chap. 13), Fernando Blanco (chap. 14-22), Roge Antonio (chap. 14-20), Christian Duce (chap. 15-23), Andrea Mutti (chap. 16), Roger Robinson (chap. 16), Goran Sudzuka (chap. 16-25), Scott Eaton (chap. 17-18-conclusion), Paul Pelletier (chap. 19), Geraldo Borges (chap. 20-conclusion), Tony Daniel (chap. 21), Alvaro Martinez (chap. 24), Javi Pina (chap. 25), Carlo Pergulayan (conclusion), Igor Vitorino (conclusion).
Encrage : Wayne Faucher (chap. 17-conclusion), Tony Kordos (chap. 19), Sandy Florea (chap. 21), Raul Fernandez (chap. 24), Jason Paz (conclusion), Marc Deering (conclusion), Gerlado Borges (conclusion).
Couleur : Dean White (chap. 13-14), Gabe Eltaeb (chap. 15-16-18-23-conclusion), Allen Pasalaqua (chap. 17-18-20-conclusion), Rain Beredo (chap. 19), Tomeu Morey (chap. 21), John Rauch (chap. 22), Chris Sotomayor (chap. 25).

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Stephen Boschat (Studio MAKMA)

Contient : Batman & Robin Eternal #13-26

Batman & Robin Eternal Robins
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Batman & Robin Eternal – Tome 01

Batman & Robin Eternal Cain

Bonus : la critique des deux volumes en une seule fois sur UMAC
(Reprise de mes deux articles sur ce site et ajouts des points positifs et négatifs)

Sous le masque & Réunion de famille

Article récapitulatif de cette saga (sans spoilers)
/!\ Si vous n’êtes pas du tout familier avec l’univers de Batman,
il est conseillé de ne pas lire la critique mais juste le premier résumé /!\

Sous le masque, et sa suite directe Réunion de Famille, sont deux histoires rapidement devenues « cultes », aussi bien pour leur « qualité » (discutable, évidemment) mais surtout pour leur importance dans la mythologie de Batman. Retour sur cet évènement dix ans après sa publication (en France, dans les magazines Batman #11 à #17 de Panini Comics, d’avril à octobre 2006).

Red Hood Batman[Histoire — Sous le masque]
Batman
affronte un homme portant un masque rouge : ce dernier connaît les techniques de combat qu’utilise le Dark Knight et l’attaque même avec une lame capable de le blesser. Ce Red Hood (littéralement capuche rouge) prend le dessus et enlève le masque du Chevalier Noir ! Le mystérieux homme retire aussi le sien pour dévoiler son identité à Bruce…

Flash-back, cinq semaines plus tôt : Lucius Fox annonce à Bruce Wayne qu’il ne fait plus partie du conseil d’administration de la branche de Recherche & Développement (R&D) de Wayne Industries, suite à un rachat par une holding allemande. Bruce, déjà meurtri par les évènements survenus plus tôt (dans Jeux de Guerre), est encore plus pessimiste qu’à l’accoutumée.

Pendant ce temps dans Gotham, Red Hood propose aux dealers de les protéger contre Black Mask et Batman en échange de 40% de leur chiffre d’affaires, c’est à dire moins que ce que prenait Black Mask. Il ordonne également de ne pas vendre de drogue aux enfants et près des écoles sinon il les tuera. Pour prouver sa bonne foi il montre un sac contenant les têtes décapitées des anciens lieutenants de ces dealers. Black Mask, l’actuel caïd de Gotham City, recrute alors Mr. Freeze

Batman vs Red Hood[Histoire — Réunion de famille]
Batman
échange avec Zatanna sur un puits de Lazare pour savoir si celui-ci peut ressusciter un individu ou juste le régénérer. Il consulte aussi Jason Blood, spécialiste des sciences occultes, Green Arrow, qui est revenu d’entre les morts, et même Superman, ayant connu lui aussi un destin funeste avant de réapparaître. Le Chevalier Noir s’interroge sur la possibilité de renaître après la mort, tout en reconnaissant ne pas trop savoir ce qu’il se passe.

À Gotham City, Onyx (une jeune héroïne, tueuse à gages repentie, qui travaillait avec Batman durant Jeux de Guerre) rencontre Red Hood et combat avec lui des malfrats.

Batman Red Hood Superman[Critique]
Lors de sa publication, en 2005, cela fait plus un peu plus de quinze ans que Jason Todd est mort (dans Un Deuil dans la Famille, en 1989) et il n’était pas forcément aisé d’anticiper l’identité de ce mystérieux Red Hood : d’autant plus que Red Hood était devenu l’alias des premiers fait d’armes du Joker (en 1988, dans Killing Joke). Aujourd’hui, entre la suite des aventures du personnage, puis son retour en 2011 parmi les « alliés » (et non en tant qu’antagoniste) à partir du relaunch DC Comics (les New 52) fait qu’il est bien difficile de découvrir Sous le masque avec un œil surpris. Red Hood s’est inscrit très rapidement dans la mythologie de Batman, voire de la culture populaire, si bien que ces sept chapitres n’offrent pas un suspense insoutenable certes, mais ils restent tout de même très plaisants.

En effet, outre les dessins de bonne facture, l’œuvre fait la part belle à un univers à la fois sombre (classique chez Batman) mais aussi « coloré », au sens littéral et figuré. Les planches usent de couleurs vives régulièrement, les visites externes à Gotham permettent de voir Green Arrow et Superman par exemple (la kryptonite occupe une place importante dans le récit) et par conséquent de retrouver des panels plus colorés et sortir un peu du côté « dark ». Les traits parfois gras et certains fonds vides gâchent parfois la possibilité d’avoir un rendu artistique amélioré.

Batman Red Hood NightwingEn complément du style visuel, l’histoire laisse une place très importante à l’humour, il y a les habituels dialogues entre Batman et Nightwing (éternel vent de fraîcheur), mais surtout les confrontations verbales entre Black Mask et Red Hood, et même avec Mr. Freeze (qui passe ici pour un abruti).

L’ensemble est donc de grande qualité et n’a pas perdu de son charme, la dernière case est particulièrement annonciatrice et percutante. On pourrait déplore, en lisant tout cela « hors-contexte », la nécessité de connaître, au moins dans les grandes lignes, la saga Jeux de Guerre (pour bien assimiler certains détails), éventuellement le récit Un deuil dans la famille, ainsi que « l’extension » au DC Universe au lieu de se cantonner à celui Batman et Gotham (ce qui peut apparaître plaisant ou non, selon l’exigence du lecteur).

Batman Red Hood Black MaskLa fin de Sous le masque se conclut par le tabassage du Joker avec une barre à mine (de la même façon que le Clown du Crime avait tué Robin des années avant) et la révélation de l’identité de Red Hood. Cette scène se déroule peu après Vengeance : le Joker s’est exilé, après sa défaite contre Silence, dans un parc d’attractions abandonné (il signera son « vrai » retour dans La Revanche). Dans Réunion de Famille, on apprend que lors d’un premier combat dans un cimetière Batman s’est bien battu contre Jason Todd/Red Hood avant que Gueule d’Argile ne prenne sa place (durant Silence). Ce premier « indice » s’ajoute à ceux survenus, plus rapprochés, dans les petites histoires précédents Sous le masque qui étaient annonciateurs du retour du personnage : Le Vol du Corbeau (Batman voit Todd sous forme d’hallucination mais le doute plane), Enfers Artificiels (Batman et Batgirl vont se recueillir sur la tombe de Todd pour son dix-huitième anniversaire), etc.

Sous le masque et Réunion de famille (à lire à la suite) se (re)découvre toujours aussi bien, l’ensemble n’a pas trop vieilli, joliment dessiné et encré. On apprécie aussi des combats longs (Batman et Nightwing contre un robot notamment), qui ne sont pas expéditifs comme c’est trop souvent le cas dans les comics. Cette première partie du retour de Jason Todd est donc devenue culte et indispensable à l’univers de Batman, sa suite directe est à découvrir dans cet article.

Batman Under the Red Hood FilmEn 2010, le film d’animation Batman : Under the Red Hood reprend cette histoire avec des éléments d’Un Deuil dans la Famille. Le titre français devient Batman et Red Hood : Sous le masque rouge, ce qui gâche un peu le suspense pour peu qu’on ne soit pas forcément au courant de l’identité de Red Hood (l’adaptation montre un peu trop rapidement qui peut bien être Red Hood puisqu’elle évoque rapidement Jason Todd et sa mort). Néanmoins le film est de bonne facture, le DVD collector offre même le premier chapitre de Sous le masque en mini-comic et c’est, à ce jour, la seule façon de le (re)découvrir sans passer par le marché de l’occasion en attendant une éventuelle réédition par Urban Comics (la question a été posée sur leur mur Facebook). Voir les liens en fin d’article pour se le procurer.

Red Hood DVD

À noter également l’ouvrage américain Batman : Under the Red Hood reprenant Sous le masque, Réunion de Famille ainsi que les chapitres suivants qui complètent l’histoire (à découvrir dans cet article). Un excellent album complet qui, espérons-le, verra le jour en France dans les prochains mois (toujours voir les liens en fin d’article pour se le procurer). Enfin, dernier complément, un article-synthèse sur le site d’Urban Comics qui revient sur le personnage : à découvrir ici.

Batman Under The Red Hood[À propos]
Publiée en France dans le magazine Batman #11 en avril 2006 chez Panini Comics, jusqu’au Batman #17 en octobre 2006

Sous le masque
Titre original : Under the Hood
Scénario : Judd Winick
Dessin : Doug Mahnke
Encrage : Tom Nguyen
Couleurs : Alex Sinclair
Traduction : Sophie Viévard

Titres des chapitres :
1 – O.P.A. Hostile (New Business)
2 – Nostalgie (First Strike)
3 – Livraison Spéciale (Overnight Deliveries)
4 – Déclaration de guerre (Bidding War)

Première publication originale dans Batman #635 à #638, de février à mai 2005

Réunion de famille
Titre original : Family Reunion
Scénario : Judd Winick
Dessin : Doug Mahnke (ch. 1 et 3) – Paul Lee (ch. 2)
Encrage : Tom Nguyen (ch. 1 et 3) – Cam Smith (ch. 2)
Couleurs : Alex Sinclair
Traduction : Sophie Viévard

Titres des chapitres :
1 – Occultismes (The Word on the Street)
2 – Quand le chat n’est pas là… (While the Cat’s away)
3 – Face à face (Face to Face)

Première publication originale dans Batman #639 à #641, de juin à août 2005

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Coffret 7 films DC Anthologie (incluant celui sur Red Hood)

Batman Robin Jason Todd