Archives de catégorie : Robin

Robin Infinite – Tome 2 : Le démon intérieur

Après un premier tome sympathique (mais un brin expéditif), suite de Robin Infinite avec un volume deux inégal et dont la suite se déroule(ra) dans Shadow War avant le troisième et dernier opus !

[Résumé de l’éditeur]
Alors que victoires éclatantes et défaites mortelles s’enchaînent à un rythme effréné, le grand tournoi s’apprête à entrer dans sa phase finale. Entretemps, les secrets de l’île de Lazare se dévoilent un à un, laissant apparaître un plan à l’ampleur insoupçonnée… Damian saura-t-il utiliser tout ce qu’il a appris pendant le tournoi, ou mourra-t-il pour la dernière fois ?

Inutile de détailler le début de l’histoire, le résumé officiel de l’éditeur suffit.

[Critique]
Le premier volume était plutôt séduisant à défaut d’être introspectif ou réflectif (et ce n’est pas un défaut), ce second est malheureusement moins intéressant (même s’il propose une conclusion correcte). En effet, le premiers tiers s’attarde sur les nouveaux personnages introduits dans le tome précédent (à l’exception de Respawn dont on ignore toujours l’identité – elle sera révélée dans la série Deatshtroke Inc., cf. critique de Shadow War), c’est très bien mais arrive un peu tard. Il s’agit du chapitre annual de la série, qui aurait probablement été plus propice de proposer en fin de l’opus précédent. Le second tiers poursuit et termine le fameux tournoi en passant presque directement au duel final (entre Hawke et Damian) !

Le lecteur n’a donc pas pu « savourer » les affrontements ni voir l’évolution de l’ensemble. On n’a pas suivi tous les protagonistes, on n’a pas tremblé avec eux, on n’a pas pu avoir de surprises, c’est extrêmement dommage vu le champs des possibles initial. D’autant plus que lorsqu’un chapitre met quasiment un seul combat en scène, il le réussit avec brio. Le dernier tiers s’attarde sur le relationnel entre les Ghul avec un flash-back pertinent mais qui laisse le tournoi comme vague prétexte, in fine.

L’identité de Mère Soul est révélée dès les premières planches, sans surprise, elle est connectée à la famille Ghul. Attention aux révélations dans les prochaines lignes, passez au paragraphe suivant si besoin. Mère Soul est la mère de Ra’s al Ghul, donc l’arrière grand-mère de Damian. Son objectif est de nourrir l’île de Lazare de morts (grâce au tournoi) afin de réveiller un démon (et purger la Terre tout ça tout ça, comme d’habitude…). S’ensuit une union entre tous les jeunes participants et une conclusion assez convenue…

En deux volumes, Robin Infinite est quasiment terminée, sa suite est à découvrir dans Batman – Shadow War, lui même prolongeant le récit Deathstroke Inc. Infinite (inclus dans Batman Infinite Bimestriel #2). Le troisième et dernier opus de Robin Infinite se déroule après tout cela et ne contient que trois chapitres de la série et un bonus avec Superman. Difficile de blâmer le travail de l’éditeur de vouloir coller au plus près de la sortie aux États-Unis mais autant proposer une intégrale en un tome pour faire moins mal au portefeuille quand une série est si courte (durée que ne peut anticiper Urban) !

Le démon intérieur (titre qui dévoile un peu la réelle menace du volume donc) se lit d’une traite (le rythme reste le point fort de la fiction) avec un Damian un peu plus attachant qu’à l’accoutumée. La fin tend vers une situation un peu généralisée dans le milieu des comics depuis quelques temps : les ennemis se sont assagis avec le temps à de rares exceptions. Même si Ra’s al Ghul a souvent fait figure d’antagoniste à cheval entre deux mondes, il apparait un peu comme le papy pépère et a perdu de sa superbe…

Reste les graphismes efficaces de Gleb Melnikov (accompagné de Max Dunbar cette fois) pour la majorité du volume, à nouveau couplés à la colorisation de Guerrero livrant un travail visuel correct malgré des fonds de cases parfois pauvres. À noter, les chouettes couvertures des chapitres de Simone Di Meo et son style si épuré et atypique. Ce tome est donc une semi déception (ou semi réussite c’est selon), reste une aventure graphique sympathique avec des personnages charismatiques malgré le traitement superficiel de certains.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 17 juin 2022.
Contient : Robin (Infinite) #7-12 + Robin 2021 Annual #1
Nombre de pages : 200

Scénario : Joshua Williamson
Dessin & encrage : Gleb Melnikov, Roger Cruz, Max Dunbar
Encrage additionnel : Norm Rapmund, Victor Olazaba
Couleur : Luis Guerrero, Hi-Fi

Traduction : Julien Di Giacomo
Lettrage : MAKMA (Sabine Maddin & Gaël Legeard)

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Robin Infinite – Tome 1 : Contre le monde !

C’est parti pour la courte série Robin Infinite (17 chapitres compilés en trois tomes – avec un épisode bonus dans le dernier) qui place Damian Wayne au premier plan après les évènements de la série Batman Rebirth (et vaguement Teen Titans Rebirth). Il n’est pas forcément pré-requis de tout connaître, juste savoir que Robin s’éloigne de Gotham et de son mentor Batman, en deuil (suite à la mort d’Alfred – dont il se sent responsable) et énervé (comme toujours).

[Résumé de l’éditeur]
Damian a disparu ! Malgré les recherches intensives lancées par sa famille, plus une trace du rejeton démoniaque de Bruce Wayne… Sur les traces de l’obscure Ligue de Lazare, une faction dissidente de la Ligue des Ombres de son grand-père Ra’s al Ghul, Damian accède à un tournoi d’arts martiaux établi sur une île secrète. En parallèle, Batman redoute ce que son fils prépare et se demande s’ils pourront un jour se réconcilier après leurs récents différends. Tandis que Damian s’enfonce dans les machinations de la Ligue de Lazare, le fils de la chauve-souris découvre qu’il a peut-être trouvé la seule épreuve qu’il ne pourra surmonter seul…

Inutile de détailler le début de l’histoire, le résumé officiel de l’éditeur suffit.

[Critique]
Impossible de ne pas penser au célèbre Mortal Kombat en lisant ce premier volet ! En effet, plusieurs combattants hors-pair sont rassemblés sur une île et doivent s’affronter (à la clef : l’immortalité). Les similitudes avec la célèbre franchise de jeux vidéo (déclinée en films, séries et – le saviez-vous ? – même en bande dessinée avec, entre autres, un tome centré sur Scorpion publié par… Urban Comics !) sont d’ailleurs complètement assumées (on voit un ersatz de Johnny Cage par exemple). Mais outre cela, que vaut en soi ce récit ? Comme toujours, les fans de Damian Wayne devraient être conquis, il est bel et bien au centre de toute la fiction, toujours aussi insupportable et arrogant. On apprécie d’ailleurs qu’il se fasse vite battre (d’une façon très… singulière !) et remis un peu en place par plus fort que lui.

Ce premier tome enrichit également un brin la mythologie de Batman au sens large puisqu’il est question d’une Ligue de Lazare, apparemment reliée aux fameuses Ligue des Ombres et Ligue des Assassins (elles-mêmes étant sensiblement différentes mais toutes avec Ra’s al Ghul à leur tête – ce dernier apparaît brièvement durant l’aventure). À ce stade, quelques détails demeurent obscurs (mais seront dévoilés dans le tome suivant) comme la mystérieuse mère Soul. L’enjeu du tournoi est important : la possibilité de devenir immortel (d’où le nom de la Ligue) et une sorte de puits de résurrection à disposition des joueurs (axant donc réellement le combat « à mort ») même si limité dans son utilisation à deux fois.

Avec tous ces éléments, le point fort du volume est son rythme effréné malgré des combats un peu expéditifs. C’est d’ailleurs une certaine frustration, le tournoi ne débute pas vraiment dans ce premier opus et l’on survole un peu les rares affrontements. Si Damian est au cœur du récit et demeure attachant (en fonction de son affinité avec le personnage bien entendu – dont l’ADN n’a pas vraiment évolué ces dernières années), d’autres protagonistes peuplent l’histoire.

Il y a tout d’abord la figure (plus ou moins fantomatique) d’Alfred qui intervient régulièrement pour recadrer ou conseiller Damian. Une approche assez classique du genre mais toujours efficace, observée chez Batman également de temps à autre durant l’ère Infinite, à défaut d’avoir un titre faisant réellement écho à la mort du célèbre majordome et l’immense vide qu’il laisse derrière lui. Ensuite, la Bat-Famille est présente le temps de quelques planches dont un échange savoureux avec Nightwing remarquablement bien écrit et plutôt « juste » côté émotion.

Enfin, les nouveaux acolytes de Robin vont et viennent durant les six épisodes (précédés de deux backs-ups formant une sorte de gros chapitre introductif) de la série : Ravager, aka Rose, la fille de Deathstroke et principale alliée de Damian, Flatline, une antagoniste puissante qui joue sur les deux tableaux, Hawke, le fils de Green Arrow et visiblement adversaire le plus coriace du tournoi, Respawn, mix entre Deathstroke (encore) et Deadpool (!) dont l’identité demeure mystérieuse et quelques autres (XXL, Black Swan…) – tous très jeunes et peu connus ou nouvellement conçus pour la série mais faiblement caractérisés, dommage.

Si Mortal Kombat résonne forcément dans la tête en lisant Contre le monde !, difficile de ne pas penser, aussi, au roman et au film Battle Royale ou sa variante légère de chez Marvel, Avengers Arena. Mais – on le répète – à ce stade il n’y a pas encore de combats à mort (et vu qu’il s’agit d’êtres pouvant revenir à la vie ou extrêmement tertiaires, l’impact de l’ensemble devrait être sans gravité mais il se murmure qu’on se trompe peut-être – Robin Infinite se poursuivant effectivement dans Deathstroke Inc Infinite (disponible dans Batman Infinite Bimestriel #3 puis dans Batman – Shadow War et, enfin, dans Planète Lazarus, tous juste en vente depuis juin 2023, eux-mêmes connectés à Batman / Superman World’s Finest – outch !).

Les amateurs de mangas (et particulièrement friand du genre shônen (parfois seinen) et de leurs tournois type Dragon Ball, Hunter X Hunter, Naruto, Gunnm Last Order…) y trouveront aussi leur compte – un manga en noir et blanc est carrément lu (et dessiné/visible) dans la BD ! Un aspect qui rappelle aussi les jeux vidéo (et donc… Mortal Kombat, on y revient).

L’auteur Joshua Williamson, habituellement sur les séries Flash (Rebirth et Infinite) mais prolifiques sur quelques segments où le Chevalier Noir cohabite avec le Bolide écarlate (Le Prix, Le Badge…), Superman (Le Batman Qui Rit – Les Infectés), la Justice League (Justice League vs. Suicide Squad) ou de façon indépendante (Batman Infinite – Tome 04 : Abyss, One Bad Day – Bane…) livre une aventure entraînante, globalement sympathique avec des fondations stimulantes. Williamson étant aussi à la tête du relaunch Infinite (DC Frontier), on espère qu’il sait où il va.

Graphiquement, Gleb Melnikov emmène ses (anti)héros dans un endroit semi paradisiaque plutôt plaisant. Il dessine, encre et colorie quasiment l’intégralité de l’ouvrage (à l’exception d’un chapitre signé Jorge Corona et de quelques uns colorisés par Luis Guerrero). Son découpage est hyper dynamique bien que l’action demeure étrangement statique dans les combats expéditifs (mais excelle dans les poursuites ou les affrontements plus longs), les traits oscillent entre les genres, incluent un aspect cartoony connotant avec la (fausse) cruauté visuelle.

Robin Infinite propose donc une excursion plutôt audacieuse (sur le papier), à voir si cela tient la route – cela rappelle aussi les bons débuts de Joker Infinite. Le titre interpelle aussi bien les fans de mangas que de comics (peut-être dans l’idée d’attirer un nouveau lectorat ?). Si la dimension symbolique du deuil est esquissée, l’ensemble garde un esprit assez « léger » (pas désagréable au demeurant), idem avec les « morts » du tournoi qui sont, in fine et pour l’instant anecdotiques. À défaut d’avoir un réel et cruel tournoi mortel, on a un divertissement qui fonctionne à peu près, c’est toujours ça de pris.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 25 mars 2022.
Contient : Back-ups Batman #106 + Detective Comics #1034 puis Robin (Infinite) #1-6
Nombre de pages : 176

Scénario : Joshua Williamson
Dessin et encrage : Gleb Melnikov, Jorge Corona
Couleur : Gleb Melnikov, Luis Guerrero

Traduction : Benjamin Rivière
Lettrage : Moscow Eye

Acheter sur amazon.frRobin Infinite – Tome 1 : Contre le monde ! (19 €)

   

Robin & Batman

Robin & Batman est un one-shot sur les débuts de Dick Grayson. Accessible, bien écrit et bien dessiné, on le conseille grandement ! Critique.

[Résumé de l’éditeur]
À la mort de ses parents, Dick Grayson a été recueilli par le milliardaire Bruce Wayne, ignorant la double-identité de son bienfaiteur. À force d’exercices et d’entraînements intensifs, le garçon gagnera sa place et prendra part à la croisade du Chevalier Noir. Mais leur relation n’a pas toujours été simple. Dick reste avant tout un jeune orphelin, un être brisé, victime d’un mal-être profond et perclus de doutes. Au cœur d’une ville sinistrée par la criminalité, l’adolescent devra traverser bien des obstacles avant de devenir le tout premier Robin.

[Début de l’histoire]
Tandis que Dick accompagne Batman dans ses premières missions (sans revêtir dans l’immédiat son costume de Robin), le jeune garçon se montre impulsif et irresponsable. Le Chevalier Noir le stoppe alors dans son début de croisade, le considérant immature.

Vexé, Grayson a du mal à accepter et poursuit tout de même son périple sans se préoccuper de Batman. Il suit d’ailleurs ce dernier dans les égouts de Gotham, au risque de croiser Killer Croc

[Critique]
Voici une œuvre touchante, très accessible, un récit complet et court (trois chapitres d’une quarantaine de pages) qui complémente efficacement Robin – Année Un. Les fans de Dick Grayson seront donc aux anges mais les férus de Batman ne sont pas oubliés pour autant. Dans Robin & Batman (qu’est-ce que ça fait bizarre de le lire/dire dans cet ordre !), on suit évidemment le jeune Dick dans ses premiers pas de justicier, sous l’ombre grandissante de son nouveau tuteur à la sévérité implacable.

C’est là l’un des points forts du titre, au-delà du taciturne Batman (Bruce apparaît moins), c’est avant tout Alfred qui officie comme figure paternelle bienveillante, n’hésite pas à se rendre à l’école de Dick – la Gotham Academy –, à le tirer vers le haut et tenter de le protéger, en vain, face à son maître, quitte à insulter ce dernier ! Cette filiation entre les trois hommes procure une certaine émotion, vers la conclusion du récit notamment. L’aventure, bien que rapide, est assez marquante, découpée grosso modo en trois actes, comme les trois épisodes qui la composent.

Le premier reste assez classique pour exposer ses enjeux et croquer ses protagonistes : Dick est un brin arrogant et impulsif, rappelant ses futurs « frères » Jason et bien sûr Damian. C’est dans son discours subjectif que l’ADN de Grayson ressort : sa soif de vie, son côté lumineux, sa rencontre avec Superman et les Titans en devenir. Ce qui est le cadre du second chapitre, extrêmement coloré (on y reviendra) durant lequel Dick fait connaissance avec la Ligue de Justice et leurs jeunes équipiers, avec qui il sympathise aisément puis partent en missions secrètes.

Cette parenthèse solaire cache pourtant un second enjeu lors des douze ans du garçon, qui reste au service de Batman avant tout ; difficile d’en dire davantage sans divulgâcher. En filigrane, Killer Croc cherche à retrouver Robin dont il connaît le costume, ayant été dans le même cirque mais comme une bête de foire. Une idée originale permettant de mettre en avant un antagoniste souvent très secondaire – on aurait aimé une exploration plus « empathique » envers lui mais ce n’est pas bien grave. C’est (aussi) autour de Croc que graviteront d’autres enjeux narratifs. De quoi mettre à l’épreuve la confiance dans le récent dynamique duo et consolider leur relation.

Pas grand chose à reprocher au scénario, jonglant habilement entre quelques surprises non prévisibles et des dialogues très efficaces dans le trio relationnel que forment Dick, Bruce et Alfred. L’auteur Jeff Lemire est capable chez Batman et la Justice League de bonnes choses (Justice League – Tome 5 : La Guerre des Ligues) comme de moins bonnes (Joker – Killer Smile). On conseille  surtout ses aventures de Green Arrow dans l’excellent run de la période New 52 (disponible en deux tomes intégrales) et, chez Marvel, on le retrouvait sur Wolverine dans la très bonne série Old Man Logan période post Secret Wars. Des titres qu’on recommande donc, en complément de Gideon Falls, création indépendante (disponible chez Urban Comics). Bref, pour Robin & Batman, Lemire livre ici un excellent travail.

Côté dessin et colorisation, on retrouve le style atypique de Danny Nguyen. Déjà connu pour son sympathique Little Gotham puis Les Contes de Gotham notamment mais aussi Le cœur de Silence puis Streets of Gotham (troisième volet de la série Paul Dini présente Batman). Il signe aussi avec Jeff Lemire la passionnante série Descender et sa suite Ascender. Son approche « douce », épurée et parfois distillée, à peine encrée, couplée à une colorisation aquarelle tantôt volontairement inachevée (au détriment des fonds de cases et décors), tantôt fortement détaillée offre une patte visuelle alléchante, presque comme un conte pour enfants. Ce décalage graphique inscrit Robin & Batman dans la liste des coups de cœur du site ! On apprécie également de nombreuses et belles cases « iconiques », cf. quelques exemples illustrant cette critique, et l’habituelle galerie de couvertures alternatives qui ferme l’ouvrage.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 10 juin 2022.
Contient : Robin & Batman #1-3

Scénario : Jeff Lemire
Dessin & couleur : Dustin Nguyen
Traduction : Benjamin Rivière
Lettrage : Moscow Eye

Acheter sur amazon.fr : Robin & Batman (16€)