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La Lame d’Azrael

Introduction de la longue saga Knightfall (avec La Revanche de Bane), La Lame d’Azrael est étonnamment sortie en même temps que le dernier tome. Il est évidemment conseillé de lire cette histoire avant Knightfall. Ce titre avait déjà été publié en avril 1993 chez Comics USA, simplement intitulé Azrael.

la lame d'azrael[Histoire]
Un étudiant de Gotham City, Jean-Paul Valley, est surpris par la visite inattendue de son père, mourant, chez lui. Ce dernier, affublé d’un costume mi-médiéval mi-robotique, lui apprend qu’il est Azrael et que son fils va devoir reprendre le flambeau de cet alter-ego punisseur.

Le jeune homme se rend alors en Suisse où il découvre que sa famille se succède depuis le XIVe siècle dans la peau d’Azrael et qu’ils font partie de la lignée de l‘Ordre de Saint-Dumas. Il apprend que son père l’avait entraîné sans qu’il le sache, sous hypnose, depuis son enfance.

Bruce Wayne et Alfred sont également à sa poursuite, enquêtant sur le tueur du premier Azrael : un certain LeHah. Tous se retrouvent en Europe : Jean-Paul en apprenti adepte d’une cause qu’il a du mal à définir juste ou non, LeHah bientôt possédé par un autre démon et Bruce et Alfred vite repérés…

[Critique]
Lecture pas forcément indispensable à la compréhension de Knightfall, mais néanmoins conseillé pour mieux comprendre le personnage de Jean-Paul/Azrael. Ses origines ne sont pas spectaculaires. On a du mal à croire en l’Ordre de Saint-Dumas, à priori œuvrant en secret depuis des lustres, avec des épées enflammées et des cyber-armures… Ainsi que l’entraînement sous hypnose (sic). Le récit s’entache même dans le registre purement fantastique avec les discours confus de réincarnation de démons.

En revanche, situer l’action en Suisse, loin de Gotham City, est excellent. On voit d’ailleurs davantage Bruce Wayne que Batman, ce qui n’est pas déplaisant non plus. La complicité entre Alfred et Jean-Paul est très agréable, on perçoit la probabilité d’un éventuel remplaçant de Batman. Le côté presque schizophrénique de Valley est aussi au rendez-vous, sous son armure l’homme est un tueur acharné. Sous le masque, il est très attachant et pose de nombreuses fois des réflexions sur la moralité.

Ces moments-ci sont donc les meilleurs de la bande dessinée comparés aux autres cités au-dessus, auxquels on peut ajouter un dessin et une colorisation qui ont franchement mal vieillis. Si l’aspect old-school de certains épisode de Knightfall possèdent un petit charme nostalgique, ici c’est tout l’inverse, c’est kitch et laid. L’ouvrage se termine sur le chapitre #488, qui montre Robin et Jean-Paul s’entraîner. Un nouveau « mini-prélude » à Knightfall (qui commence officiellement au #489).

Ces origines de l’ange exterminateur sont donc intéressantes mais pas indispensables, toutefois il est toujours agréable de voir la naissance d’un personnage qui deviendra emblématique dans l’univers du Dark Knight.

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 24 janvier 2014.

Titre original : Batman : Sword of Azrael #-4
Scénario : Dennis O’Neil
Dessin : Joe Quesada
Couleur : Lovern Kindzierski
Encrage : Kevin Nowlan

Publication originale en 1992.

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Robin – Année Un

Cet ouvrage est composé de deux histoires qui se suivent. L’Épreuve de Force (Batman Chronicles : The Gauntlet en version originale), déjà publiée dans un hors-série paru chez Semic en août 1999, sous le titre Le Défi ; puis les quatre chapitres de Robin : Année Un (Robin : Year One) qui s’ajustent parfaitement dans la continuité.

Robin Annee Un[Histoire — L’Épreuve de Force]
Batman pense que Robin peut enfin l’accompagner dans ses sorties nocturnes pour combattre le crime. Pour cela, il lui impose un dernier et ultime test : le jeune rouge-gorge doit passer une nuit seul dans Gotham City, face à quelques criminels locaux.

[Histoire — Robin : Année Un]
Les premiers faits d’armes du Dynamique Duo ! Dick Grayson jongle entre son école le jour et son costume la nuit mais Alfred désapprouve la décision d’inclure un adolescent dans la croisade de son maître. Un avis partagé par Gordon qui souhaite protéger un enfant de tous les dangers qu’il s’apprête à affronter.

En ville, plusieurs jeunes filles sont enlevées par Le Chevalier Fou. Les raisons semblent impliquer un homme politique, connaissance de Bruce Wayne. Par ailleurs, Double Face comprend que le nouvel allié de Batman peut également être son talon d’Achille…

Robin Annee Un Epreuve de Force[Critique]
En voilà une bonne surprise ! Un récit presque indispensable en termes « d’origines » de l’univers du Dark Knight. En effet, il y avait d’abord Batman – Année Un, qui avait imposé une nouvelle mythologie, un côté sombre et torturé dans une ambiance polar. Les auteurs de Robin – Année Un ont repris cette idée. Le premier récit, L’Épreuve de Force (voir tout en bas la couverture originale avec un léger changement), plonge en effet le lecteur dans un univers très proche de l’œuvre de Miller, aussi bien graphiquement que scénaristiquement. Évidemment, Robin en slip prête à sourire, une photo de femme nue définie comme étant de la pornographie aussi, mais tout ceci donne l’illusion (volontaire ?) que la bande dessinée est sortie dans la foulée de Batman – Année Un, soit en 1987. Hors, elle a été publiée dix ans après : en 1997 !

La suite de l’ouvrage qui compose le plus gros du volume, à savoir les quatre chapitres de Robin : Year One, sont dessinées de façon plus « cartoon », ce qui peut clairement rebuter un lecteur. N’hésitez pas à feuilleter l’ouvrage avant pour vous donner une idée. Ce style rappelle un peu celui de Darwyn Cooke (Before Watchmen : Minutemen). Mais pour autant, l’écriture n’en est pas moins sombre : enlèvement de jeunes filles, meurtres, scènes « parfois insoutenables »… le contraste est saisissant et le rendu global original. Léger reproche : Urban Comics a choisi une police de caractère pas forcément lisible pour les textes du narrateur (Batman puis Alfred), notamment pour la lettre E, voir ci-dessous (cliquez pour agrandir).

Robin Anne Un BatmanSelon l’introduction, l’affrontement entre Robin et Double-Face est un souvenir qui hantera longtemps le jeune sidekick, notamment dans Le Fils Prodigue, quand Dick endossera le costume de Batman. Raison de plus pour découvrir ce comic. Néanmoins il n’est pas sans quelques légers défauts : outre l’aspect graphique évoqué qui peut décontenancer, on peut trouver dommage l’utilisation du Chapelier Fou et de Mister Freeze. L’un est dans son éternel délire d’Alice au Pays des Merveilles, en transformant les jeunes filles enlevées pour lesquelles il touche de l’argent, et l’autre réclame une rançon contre des poches de sang. Bref, on sent une sous-exploitation des personnages, un peu trop cliché et œuvrant uniquement dans un but vénal, c’est dommage. À l’inverse, Double-Face est effrayant tout le long de l’histoire. C’est sans doute un des meilleurs ouvrages qui lui rend hommage. Toute sa folie explose et c’est… glaçant.

Autre bon point : la narration omni-présente d’Alfred. Le célèbre majordome tient en effet un journal dans lequel il fait part de ses doutes et inquiétudes. On y découvre de jolies tournures : « Monsieur Richard porte un bien lourd fardeau sur ses jeunes épaules : les soucis de l’adolescence associés à ceux de la croisade de Monsieur Bruce. Je me demande s’il se rend compte de la nonchalance avec laquelle il abandonne sa jeunesse. Et si, au bout du compte, il estimera que ça en valait la peine. » La relation entre Alfred et ses deux « enfants » et le rapport entre Bruce et Dick sont très émouvants, chose rare dans les comics consacrés à Batman ! Le récit revient souvent sur l’optimisme du rouge-gorge et ce que cela implique : Bruce Wayne qui sourit, un côté plus « léger » (en apparence) et cela fait vraiment du bien, cette fraîcheur naïve est la bienvenue dans le monde toujours très sombre de l’homme chauve-souris.

Robin Annee  Un Two FaceLes histoires ne mettent pas en scène l’accident qui tua les parents de Dick, elles commencent quand Bruce l’a déjà adopté. Ce n’est pas plus mal, ça permet d’enchaîner rapidement avec du concret – malgré la confusion des noms des truands et leurs buts qui parsème le comic. On retrouve, entre autre, Chuck Dixon au scénario, qui avait participé à la saga Knightfall. Certes son récit est moins percutant que le Batman – Année Un, sans doute aussi à cause du style de dessin choisi, mais cette histoire du Jeune Prodige n’en demeure pas moins des plus intéressantes.

La colorisation accentue les tons pastels, proches d’un dessin animé, pour Robin : Year One. Le premier récit est plus dans le traditionnel old-school avec des couleurs moins vives mais tout aussi efficaces pour représenter une ambiance. Les nombreuses scènes de nuit ou d’intérieur sont ainsi extrêmement bien rendues, notamment dans la Bat-Cave ou lors d’un cambriolage. Il y a par ailleurs quelques jeux d’ombres et des planches successives sans texte, qui permettent d’admirer le dynamisme réalisé. Peu de bonus pour clore le livre : deux pages de croquis. Un grand format agréable à prendre en main, une lecture passionnante et le début du fameux duo, que demander de plus ?

Robin Annee Un Alfie[À propos]
Publiée en France chez Urban Comics le 5 septembre 2014.
Titre original : Batman Chronicles : The Gauntlet et Robin : Year One
Scénario : Bruce Canwall (L’Épreuve de Force), Scott Beatty et Chuck Dixon (Robin : Année Un #1)
Dessin : Lee Weeks (L’Épreuve de Force), Javier Pulido (Robin : Année Un #1-4), Marcos Martin (Robin : Année Un #4)
Couleur : Matt Hollingsworth (L’Épreuve de Force), Lee Loughridge (Robin : Année Un #1-4)
Encrage : Robert Campanella (Robin : Année Un #1-4)
Lettrage : Calix-Ltée
Traduction : Mathieu Auverdin

L’Épreuve de Force avait déjà été édité par Semic, dans le dixième hors-série du magazine Batman en août 1999, sous le titre Batman – The Gauntlet – Le Défi.

Première publication originale : Batman Chronicles : The Gauntlet (1997) et Batgirl/Robin Year One (Robin : Year One #1-4 — 2000-01).

Robin Annee Un Gauntlet DefiDe gauche à droite : la couverture originale, celle de Semic et enfin celle d’Urban Comics. On remarquera que les yeux de Batman ont été supprimés pour faire une immense ombre du Dark Knight ( et ainsi enlever, peut-être, le côté trop menaçant que cela imposait ?).

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Gotham – S01E04 : Arkham

Page récapitulative de la série Gotham.

Gotham Pinguin Pingouin (Coucou, devine qui c’est ?)

[Histoire]
Oswald Copplebot rend visite à James Gordon. Le policier est furieux, il l’avait sommé de quitter la ville après avoir fait semblant de le tuer. Le futur Pingouin décide d’apporter son aide en tant qu’indic à Gordon, en gage de bonne foi de son retour.

Par ailleurs, un sénateur est assassiné. L’enquête, confiée à Bullock et Gordon, mène sur la piste d’un tueur à gages qui travaillerait pour le compte de Falcone. Ou de Maroni. Ou les deux ?

Parallèlement, le maire de Gotham décide de reprendre un projet de Thomas et Martha Wayne : la destruction de l’Asile d’Arkham pour y placer des logements sociaux et une structure médicale pour aliénés beaucoup plus moderne.

Enfin, Mooney Fish recrute une nouvelle alliée et Copplebot prend du galon dans le camp de Maroni.

Gotham Arkham Asylum(Le célèbre portail de l’asile, gothique et lugubre, une réussite.)

[Critique]
L’épisode débute sur la surprenante scène de fin de la semaine passée. Ce qui aboutira à une future « collaboration » entre Gordon et Copplebot, une excellente idée, et à un énième problème de couple entre Gordon et Barbara. Clairement l’un des points faibles de la série. Manque de rythme, d’originalité, de suspens… cette relation amoureuse n’est pas le fort de Gotham.

Le « méchant de la semaine » n’apporte rien du tout, peu charismatique et inexistant dans les comics, il n’a aucun intérêt (et le nombre d’épisodes avec de simples petits bad guys risque d’augmenter puisque la première saison vient officiellement de passer à vingt-deux épisodes au lieu des seize initiaux). Ce problème récurrent est sans aucun doute le plus gros défaut de la série.

Gotham Arkham Map Plan(Le plan du maire de Gotham à propos d’Arkham.)

Les scènes avec Fish ne sont pas très passionnantes, celles avec Bruce Wayne aussi (notons qu’il est un peu plus mis en retrait, ce n’est pas plus mal), la courte apparition de Nygma/futur Sphinx est ridicule, Bullock est moins bon qu’à l’accoutumée… bref beaucoup trop de choses moyennes pour cet épisode.

Le positif à retenir est comme toujours le personnage du Pingouin, magistralement campé par Robin Lord Taylor. Manipulateur hors-pair, Oswald séduit et fascine. Ses apparitions sont les scènes les plus excitantes. Autres éléments plutôt intéressants : la mini « guerre » des gangs Maroni/Falcone et l’asile d’Arkham, qui a l’air convaincant esthétiquement parlant même si finalement abordé qu’en surface (le titre de l’épisode est, comme celui de Selina Kyle, trompeur). Malgré ces quelques bons moments, c’est sans aucun doute l’épisode le moins réussi jusqu’à maintenant.

Gotham Police(À l’étage du commissariat, vide, de Gotham : James et Barbara se disputent…)