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Batman – Tome 5 : L’An Zéro (2ème partie)

Le cinquième tome de la série Batman sortira courant 2015, certainement au printemps. Il fait suite au tome quatre qui proposait la première partie de L’An Zéro. Pour l’instant, sa composition complète est inconnue mais elle aura au moins la deuxième et troisième partie de la saga, à savoir Cité des Ombres et Cité Sauvage.
Le chapitre #25 se répercutant dans d’autres séries, peut-être que certaines seront publiées également (voir les bonus en bas pour ce détail). Cet article propose dans un premier temps le résumé et la critique de Cité des Ombres puis dans un second temps celui de Cité Sauvage.

Comics Batman 03 L'An Zero 2

Batman – Tome 4 : L’an Zéro (1ère partie)
Contient : Cité Secrète (#21 à #24) + Batman #0
Batman – Tome 5 : L’An Zéro (2ème partie)
Contient : Cité des Ombres (#25-27 + #29) + Cité Sauvage (#30-33)

Zero Year Gordon Wayne Snyder#25 à #27 et #29 • Suite et fin de Cité des Ombres (Dark City)

[Histoire]
Le Sphinx plonge le pays dans un noir total, sans électricité et à l’approche d’une grosse tempête. Pendant ce black-out, à Gotham City, Batman réussit à échapper de la police grâce à sa Batmobile.

Après le meurtre du Dr Kelver, dont Pamela Isley (future Poison Ivy) était l’assistante, une nouvelle menace surgit : le Docteur LaMort. À l’allure squelettique et repoussante, l’homme-monstre souhaite tuer Bruce Wayne. Ce dernier rend visite à Lucius Fox

Zero Year Doctor Death[Critique]
Après d’excellents début (comme toujours chez Snyder), tout retombe immédiatement à plat. La faute à des ennemis improbables, des monstres qui viennent casser la structure réaliste imposée jusqu’ici, et à une sous-exploitation du Sphinx, dont le but est relativement confus. Garder en vie uniquement les citoyens de Gotham intelligents ? Donc en essayant de voir qui arrivera à se sortir de son tsunami ? Bizarre…

Ces quatre chapitres sont trop longs, un peu indigeste. Il y a toujours l’excellent travail de Greg Capullo bien sûr, et surtout du coloriste Fco Plascencia. L’association des deux rend hommage à l’âge d’or du Chevalier Noir (comme dans le chapitre précédent) ainsi qu’aux ouvrages de Frank Miller, comme le prouvent certaines images d’illustration de cet article.

Zero Year Dark KnightLe personnage de Gordon est finalement celui qui s’avère le plus intéressant, ses premières collaborations avec Batman sont ainsi dévoilées. Il y a un côté bancal dans cette structure : une rage insouciante de Bruce Wayne (est-elle vraiment crédible ?) face à un flic pas vraiment corrompu mais pas aussi intègre auquel on est habitué…

Ce milieu de récit fait comprendre que Gotham City aura droit à renaissance, celle-là même qui s’intitulera L’An Zéro. Ainsi, les premières planches de Secret City (avec le Dark Knight revenant dans sa ville à moto) deviennent plus compréhensibles mais hélas, l’ensemble n’est guère passionnant. Moins d’excitations, moins de surprises. Le parallèle avec l’enfance de Bruce Wayne reste bien écrit mais il est trop long et aurait pu être condensé de meilleure façon. Espérons que la suite, et fin, sera de meilleure augure !

Zero Year Gordon

#30 à #33 • Cité Sauvage (Savage City)

[Histoire]
Après le fameux black-out, Edward Nygma, alias Le Sphinx, a plongé Gotham City dans un No Man’s Land. En effet, les voies d’entrée et de sortie de la ville sont toutes contrôlées : les ponts exploseront si quelqu’un s’y approchent, les tunnels souterrains sont inondés, des ballons aériens diffuseront des produits chimiques mortels si des véhicules aériens traversent la zone. En plus de cela, il a utilisé les expériences du Dr Isley (la future Poison Ivy) pour faire pousser la flore sauvage dans la ville, dont il contrôle également les réseaux électrique à distance. Bref Gotham City est son terrain de jeu mortel, au sein duquel il règne en maître, ou plutôt en dictateur.

Nygma a requalifié d’année zéro le début de sa domination ; aucune règle n’est désormais valable à part : être intelligent ou mourir. C’est ce qu’il propose, littéralement, aux habitants en leur demandant de lui poser une énigme à laquelle il ne trouvera pas de réponses. Les rares participants meurent directement faute d’avoir réussi à piéger le maître incontesté des puzzles.

C’est dans ce nouvel environnement que se réveille Bruce Wayne, recueilli par le jeune Thomas. Évidemment, le milliardaire va renouer avec ses nouvelles habitudes, retrouvant son costume et voulant réveiller les foules en apportant un nouvel espoir et une résistance. Il va défier Nygma, soutenu par Alfred ainsi que ses nouveaux complices : le lieutenant Gordon et Lucius Fox. Mais avant de combattre Le Sphinx, il va falloir le trouver, caché dans l’immense Gotham City…

[Critique]

– CONCLUSION –

Ce tome est bancal : une première partie très moyenne et une seconde qui relève le niveau. Sur l’ensemble de l’œuvre (en incluant donc les tomes 4 et 5), ces nouvelles origines sont très efficaces malgré la faiblesse en milieu de parcours. On pourrait presque la supprimer et ainsi découvrir une récit rythmé et original faisant intervenir le Joker puis le Sphinx sous fond de création d’une icône dans Gotham City.

À l’inverse de ses précédents travaux, Scott Snyder réussit sa fin (même si c’était moins difficile pour le coup) et livre un travail sincèrement passionnant. Son compère Greg Capullo est toujours en grande forme et n’hésite pas à rendre hommage à Frank Miller et le coloriste Fco au Golden Age de Batman.

– BONUS –

Pendant le black-out orchestré par le Sphinx, plusieurs héros d’autres séries DC Comics sont touchés, de près ou de loin, à la situation. Étrangement, seule la série mère, Batman donc, évoque peu cette immense coupure d’électricité qui a lieu avant l’approche d’une tempête géante.

À noter aussi : un back-up du chapitre #25 avec Harper et Cullen, qu’on voit ici enfant, pendant que Gotham est plongé dans le noir. Ces deux personnages sont déjà apparus dans les autres histoires de Batman par le même tandem d’artistes : juste après La Nuit des Hiboux et après Le Deuil de la Famille.

Découvrez ci-dessous des résumés de ce qui se passe pour chaque autre protagoniste de l’univers Batman ou DC Comics.

Zero Year 25– Univers Batman –

Detective Comics #25 – L’An Zéro : Le Blues des lanceurs d’alerte + back-up : Jim Gordon dans : Eaux Troubles (Batman Saga #28)
James Gordon est jeté d’un pont par un de ses collègues corrompus. Flash-back : le policier, loin d’être commissaire, profitait de la coupure d’électricité à Gotham pour infiltrer un repère d’un homme qu’il suspecte d’être à la tête d’un gang : Romain Sionis, alias Black Mask.
Sympathique chapitre montrant toute la détermination de Gordon et les prémices de son associations avec Batman, ainsi que la création du Bat-Signal.
Le back-up met en scène Man-Bat.

Batgirl #25L’An Zéro : Un foyer (Batman Saga #28)
À l’approche de l’ouragan, la folie et la paranoïa gagnent les rues de Gotham : les citoyens pillent les magasins et l’humanité s’éteint petit à petit. Barbara Gordon doit survivre une nuit, avec son frère James Jr, le temps que son père revienne. Seulement leur maison risque d’être inondé, ils doivent donc gagner les hauteurs de la ville…
Un récit relativement prévisible et pas très passionnant, aux dessins plutôt laids qui plus est. C’est largement dispensable.

Nightwing #25 (Tome 5 : Dernier Envol)
Dick Grayson, adolescent et acrobate vedette du cirque Haly est quelque-peu hautain envers ses partenaires du même âge. Il décide d’aller au cinéma en ville et c’est pendant la projection du film que l’électricité sera coupé et qu’il devra faire face à une menace très « monstrueuse ».
Joli écho à sa série maître qui a su rester dans l’esprit de « Nightwing », notamment avec le Cirque Haly et les parents de Dick. À découvrir dans le tome 5 de la série.

Catwoman #25 (inédit — dans le tome 5 de la série)

Batwoman #25 (inédit — sans doute dans le tome 4 ou 5 de la série)

Batman Annual #2 (inédit)

Batwing #25 (inédit)

Birds of Prey #25 (inédit)

Red Hood and the Outlaws #25 (inédit)

– Univers DC –

The Flash #25 – La ligne de départ (Justice League Saga #10)
Barry Allen, tout juste sorti diplômé de l’école de police de Central City répond à l’appel d’urgence de Gotham. Il fait équipe avec Harvey Bullock et Spencer Thompson. Ils traquent des dealers de la nouvelle drogue Icare, prodiguant à ses victimes la sensation d’avoir de super-pouvoirs et les immole dans la foulée. Barry va rencontrer la journaliste Iris West lors de son enquête et découvrir une ville où la corruption règne en maître, ce dont le futur Flash n’a pas du tout l’habitude.
Un excellent chapitre, aussi bien pour les fans du coureur que du Dark Knight. Il s’ancre solidement dans L’An Zéro !

Green Arrow #25 – Fils Prodigue + back-up : Nouveaux Tours (Justice League Saga #10 et Green Arrow – Tome 2 : La Guerre des Outsiders)
Oliver Queen est à peine revenu chez lui, à Seattle, après les années passées sur son île; qu’il apprend que Moira, sa mère, est à Gotham. L’archer endosse pour la première fois sa capuche pour secourir sa génitrice. Il verra pour la première fois Batman, mais aussi Diggle, son futur coéquipier.
Tout comme Flash, le récit de Green Arrow s’intègre parfaitement dans l’histoire originelle tout en conservant son style unique et la continuité avec sa propre série.
La fin du back-up met en scène Roy Harper, futur Arsenal qui fera équipe avec Red Hood et qu’on a pu croiser dans Batman Saga #18 et #19 pendant Le Deuil de La Famille.

Green Lantern Corps #25 (Green Lantern Saga #27)

Action Comics #25 (Superman Saga #8)

[À propos]
Ces quatre chapitres seront normalement publiés dans Batman Saga #27 à #31 (août à décembre 2014).
Publications originales dans Batman #25 à #29 (novembre à mars 2014).

Year Zero Miller

Batman – Tome 4 : L’An Zéro (1ère partie)

Batman 4 L'An Zero 1ere partieBatman – Tome 4 : L’an Zéro (1ère partie)
Contient : Cité Secrète (#21 à #24) + Batman #0
Batman – Tome 5 : L’An Zéro (2ème partie)
Contient : Cité des Ombres (#25-27 + #29) + Cité Sauvage (#30-33)

L’An Zéro (Zero Year en VO) est le nom du nouvel arc du tandem Snyder/Capullo. Après La Nuit des Hiboux et Le Deuil de la Famille, le duo revisite les origines de Batman dans une longue saga en trois parties : Secret City * (#21 à #24), Dark City (#25 à #27 et #29) et Savage City (#30 à #33). Le chapitre #28 ne fait pas partie de cet arc.
En France, la publication a commencé dans Batman Saga #23 et les chapitres sont compilés en deux volumes, les tomes 4 et 5 de la série (voir ci-dessus). De plus, le chapitre #25 se répercute dans d’autres séries consacrées à l’univers du Dark Knight mais aussi dans Flash, Green Arrow, Superman et Green Lantern !

Voici la critique des quatre premiers chapitres de cet arc, qui composent donc le tome 4 de la série Batman, lui même introduit par la chapitre #0, qui était chroniqué ici.

Batman Zero Year Moto#21 à #24 • Secret City (+ début de Dark City *)

[Histoire]
Six ans avant que Gotham City ne connaisse son justicier Batman, ce dernier effectuait ses premiers fait d’armes. Sa principale occupation : infiltrer le gang des Red Hood afin de démasquer leur leader et mettre fin aux diverses opérations terroristes qu’ils commettent.

Parallèlement, Bruce Wayne, 25 ans, refuse de se montrer au grand jour (il est censé être mort depuis des années). Seul son majordome, Alfred, sait qu’il est vivant et l’épaule dans sa nouvelle quête comme il le peut. Le frère de sa mère, Philip Kane, le retrouve aussi et lui propose de revenir à la tête des entreprises Wayne mais Bruce refuse.

Kane s’octroie alors les services d’un conseiller très particulier, un certain Edward Nygma. Ce dernier croisera le chemin de Bruce Wayne
En plus de ces problèmes familiaux et économiques, les Red Hood, dont l’homme masqué à leur tête rappelle étrangement le Joker, s’en prennent directement au jeune homme…

Batman Joker Zero Year[Critique]
C’est sans aucun doute le meilleur travail de Scott Snyder jusqu’à présent. Nettement supérieur à ses productions précédentes. Il y a un réel plaisir à découvrir ces nouvelles origines : le fan y voit de nombreux clins d’œil à la mythologie du Dark Knight tandis que le novice fait ses premiers pas dans un univers qui lui deviendra familier.

« Les cases de Greg Capullo sont toujours très soignées et élégantes. »

Il y a avant tout le personnage de Bruce Wayne, le jeune milliardaire, censé être mort, n’est pas encore prêt à se montrer aux médias et à la population. Ce sont d’amères expériences qui le guideront à afficher publiquement son statut de chef d’entreprise, dont des dialogues très corsés avec son fidèle Alfred. Les échanges très tendus entre les deux surprennent et dévoilent une relation totalement différente de celle qu’on connaîtra par la suite. Par ailleurs, le majordome déplore totalement la façon d’agir de son maître, et n’hésite pas à évoquer purement une lâcheté vis-à-vis de ses parents.

Ensuite, il y a Batman, ses premiers gadgets et costume. Il n’est pas encore au point (sa véritable « naissance » s’opère dans le dernier chapitre et son mythe commencera dans le suivant (#25)), il prend conscience de diverses tactiques à adopter. C’est un nouveau commencement qui s’opère dans les cases, toujours très soignées et élégantes, de Greg Capullo.

Batman Sphynx Zero YearEnfin, il y a de nombreuses références aux personnages d’anthologie qui apparaissent subtilement ou sont évoqués rapidement : Le Pingouin, Vicky Vale, Harvey Dent, Carmine Falcone, etc. Évidemment il y aussi Edward Nygma, alias le Sphynx, qui prendra plus d’ampleur dans la suite de cet arc. On le voit ici en civil, il n’est pas encore costumé mais son esprit énigmatique est déjà très puissant. Le découpage original de la planche qui sert de jeu de piste entre lui et Bruce Wayne est excellent.

« Le même look du culte Killing Joke, bel hommage. »

Le Joker est également présent et vole la vedette au Chevalier Noir lors du dernier chapitre. Le gang des Red Hood, déjà mentionné dans Batman #0 (qui se greffe parfaitement à cette histoire), est un véritable mystère : plus de trois cent personnes en font partie mais sont visiblement victimes de chantage et agissent sous la peur. Ils portent tous une cagoule rouge, la même qu’aura Jason Todd des années après. Seul Red Hood One, le diabolique leader, utilise un casque, le même look qui était dans le culte Killing Joke, bel hommage. Mais la comparaison s’arrête là puisque la plongée dans le bain d’acide diffère dans cette version. De même l’identité de ce Red Hood One demeure un mystère, il y a peu de doutes qu’il s’agisse du futur Joker, mais on ne sait pas depuis quand il était présent au sein de gang (et donc s’il avait une volonté machiavélique dès le départ).

Batman An ZeroC’est pendant le long chapitre #24 que l’excitation est à son comble, tout s’enchaîne très bien, comme devant un bon film, on se délecte des échanges verbaux et musclés des protagonistes et cette première petite conclusion est superbe, il n’y a rien à redire dessus.

Les trois premiers back-up révèlent Bruce Wayne, âgé respectivement de 19, 21 et 24 ans, pendant son exil de Gotham City. Ces petites histoires permettent de découvrir l’apprentissage et les diverses actions qu’a mené le futur Chevalier Noir dans différents pays. Le dernier back-up est l’épilogue du chapitre #24, revenant notamment sur le fameux Red Hood One.

« De nouvelles origines qui ne trahissent pas
la mythologie instaurée jusqu’ici par différents auteurs. »

En plus des personnages, c’est une fois encore la ville qui prend une place décisive dans le récit de Snyder, exactement comme il l’avait fait dans Les Portes de Gotham et La Nuit des Hiboux. Il continuera d’explorer cette thématique dans la suite de l’An Zéro, puisqu’à la fin de ce chapitre, Gotham est plongé dans le noir par le Sphynx. Le scénariste n’hésite pas non plus à placer des souvenirs d’enfance de Bruce Wayne avec son père, brillamment découpés par son collègue Greg Capullo dans des planches qui donnent un écho aux actions se déroulant dans le présent.

C’est donc un « coup de maître » que ce début d’arc qui ravira tout le monde. Un solide scénario, de nouvelles origines qui ne trahissent pas la mythologie instaurée jusqu’ici par différents auteurs, dont Frank Miller et son excellent Année Un (auquel Snyder voulait à la base se référencer pour ne pas dénaturer les débuts de Batman, avant de s’apercevoir que ça ne fonctionnait pas). Graphiquement c’est encore une fois de superbes planches aux traits fins et précis que nous offre Capullo. On pourrait lui reprocher le non-vieillissement de son héros (si l’on compare cet arc aux précédents, qui se déroulent donc plusieurs années après). Quatre chapitres qui se lisent d’une traite. Un régal.

Batman Red Hood Zero Year

* L’An Zéro se divise en trois parties mais qui, étrangement, ne correspondent pas aux mini-arcs narratifs. En effet tout un pan de l’histoire se suit du chapitre #21 au #24, puis, du #25 au #27 et #29, c’est un autre récit qui prend place. Il s’agit donc de Cité Secrète et de Cité des Ombres. Mais dans la version originale, le chapitre #24 est considéré comme le début de la Cité des Ombres (et non la fin de Cité Secrète). Urban l’a appelé « Conclusion de Cité Secrète », ce qui est beaucoup plus logique et cohérent.

[À propos]
Ces quatre chapitres seront normalement publiés dans Batman Saga #23 à #26 (avril à juillet 2014).
Publications originales dans Batman #21 à #24 (juin à septembre 2013).
Le premier chapitre a été publié dans l’Anthologie Batman d’Urban Comics.

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• Tome 4 : L’An Zéro – 1ère partie
• Tome 3 : Le Deuil de la Famille
• Tome 2 : La Nuit des Hiboux
• Tome 1 : La Cour des Hiboux

Batman – Tome 03 : Le Deuil de la Famille

Batman le deuil de la famille[Histoire]
Le Joker est de retour à Gotham City après un an d’absence. Il s’était fait enlever le visage par le Taxidermiste (cf. Detective Comics #01) avant de quitter la ville du Chevalier Noir pour élaborer son plan. Ce dernier consiste à briser la famille de Batman, c’est à dire la plupart de ses alliés : Nightwing, Batgirl, Red Robin, etc.

Selon le Clown du Crime, c’est l’attachement de Batman à cette famille qui l’affaiblit et le rend par conséquent plus vulnérable et c’est cela qu’il déplore, il souhaite (re)trouver un adversaire digne de lui. Afin de tuer « psychologiquement » cette famille, le Joker va préparer un dîner particulier où les convives seront les alliés du Dark Knight. Il commence donc par capturer un majordome habitué des soirées mondaines : Alfred Pennyworth.

Est-ce le hasard ou bien un choix délibéré de choisir le domestique de Bruce Wayne ? De plus, lorsque le Joker avoue connaître l’identité de chaque allié, s’agit-il d’un coup de bluff ou d’un réel chantage ? Pourquoi sa carte s’est retrouvée dans la BatCave et personne n’a été mis au courant alors que Batman le savait pertinemment ?
C’est en semant le trouble et en s’en prenant violemment ou avec de la torture psychique sur l’entourage de Batman que le Joker va mener à bien ses objectifs.

Perdant peu à peu la confiance de ses alliés, le Chevalier Noir va se confronter à son pire ennemi dans un lieu emblématique : l’asile d’Arkham.

Batman Deuil Joker[Critique]
Cette critique porte sur le recueil publié en librairie (qui contient uniquement la série Batman et ses back-up) mais aussi sur les publications dans Batman Saga (avec l’intégrale des histoires annexes). Attention donc à bien différencier les deux.

« Revenir sur l’histoire globale a un goût amer,
on se sent tellement dupé par le jeu de Snyder. »

Difficile parfois de juger une œuvre tant la fin de celle-ci est importante, c’est le cas ici. Si la conclusion est loin d’être réussie, est-ce que tous les éléments précédemment mis en place, avec brio, permettent de trouver l’ensemble finalement intéressant ? Vaste débat (qui est valable également pour le cinéma).
Quoiqu’il en soit, il est indéniable que le dernier chapitre (voire les deux derniers) sont très décevants. Revenir sur l’histoire globale a un goût amer, tellement on se sent dupé par le jeu de Scott Snyder.

Joker Batman Deuil de la FamilleReprenons depuis le début.
Dès la dernière planche du premier chapitre de la série Batman, le lecteur est pris par l’histoire et voudra connaître la fin. Mais avant d’en arriver au bout, ce qui est possible très rapidement en ne lisant « que » les cinq chapitres de la série mère (et qui donne clairement un récit sans intérêt, incomplet et ridicule — c’est hélas ce qui est publié dans le recueil sorti en librairie), il est nécessaire de lire tous les petits bouts de vie des séries-sœurs (ne serait-ce que pour comprendre comment le Joker a réuni autour de sa table les alliés de Batman). À savoir : Batgirl, Nightwing, Catwoman, Red Robin (via Teen Titans), Robin (via Batman & Robin) et enfin Jason Todd (via Red Hood & the Outlaws). Chaque personnage se verra en effet confronté au Joker et finira capturé par ce dernier et ligoté au fameux dîner préparé par le Clown du Crime.

« Il est conseillé de découvrir cet arc avec
les cinq numéros de Batman Saga au lieu du recueil en libraire. »

Si les deux chapitres consacrés à Catwoman sont plutôt confus et sans réel intérêt, ceux sur Batgirl sont à l’inverse indispensables et très intéressants. La belle héroïne voit sa mère capturée par le Joker, on suppose donc qu’il connaît son identité, avant de comprendre qu’il s’agit de son frère psychopathe qui a agit en tant que bras droit du Joker (vu dans l’excellent Sombre Reflet). Le Clown ira même demander en mariage la belle…
Dans la série Detective Comics, seules quelques cases donnent un écho à la trame principale, c’est donc totalement passables (exceptés le seizième chapitre, un peu plus ancré dans l’arc). Les chapitres sur Damian Wayne (Robin) n’est pas non le plus fouillé.
En revanche, Nightwing reste une valeur sûre et, surprise, les chassés-croisés et dialogues entre Red Robin et Red Hood, sonnent justes et sont pertinents, notamment dans la série Teen Titans :

« Voilà ce qu’il pense : on affaiblit Batman. On affaiblit son efficacité. Nous tuer rendra Batman plus fort, ce qui rendra la partie plus intéressante pour le Joker. Je déteste le reconnaitre, mais il raison. Alors comment faire ? » (Teen Titans #15 Cri d’adolescent)

« Quelque part à Gotham City, des gens crient. Je les entends malgré le brouillard des drogues. Je ne peux pas ouvrir les yeux, j’ai les lèvres enflées. C’est le Jooker. Il est responsable de tout ça. Il essaie d’endurcir Batman en brisant sa famille. Nightwing, Batgirl, Catwoman, Alfred, Bruce Wayne et moi, Red Robin… Il cherche à nous tuer. Mais plus déconcertant que les cris, c’est la respiration étouffée dix centimètres devant moi. Il y a un très léger écho. Pas une cagoule. Pas un capuchon. L’odeur de la cordite et du cirage sur un pistolet Red Hood. Jason Todd. Peut-être la personne qui a été le plus pèrs d’être un vrai frère de toute ma vie. Deux outsiders dans le club de garçons le plus fermé du monde : les Robins. Rouges ou non. Anciens  »acolytes » de Batman. Jason et moi n’avons pas parlé beaucoup depuis qu’il est revenu d’entre les morts et s’est lancé dans une grande vengeance. Mais je peux vous dire ceci. Si je dois affronter le Joker… je ne veux personne d’autre à mes côtés. » (Teen Titans #16 Gotham vire au rouge)

Batman Teen Titans Red Robin Red Hood Jason Todd Deuil de la familleBref, même si les chapitres de la Bat-Family sont de qualité inégale, la majorité est tout de même intéressante, indispensable et agréable à lire. Il est donc conseillé de découvrir cet arc via les cinq numéros de Batman Saga (cf. infographie après l’article) au lieu du recueil sorti en libraire. Celui-ci ne suit que le Dark Knight et malgré un excellent début, dès l’arrivée à Arkham ce qui suit devient loufoque : les chevaux, les combats ridicules et éphémères contre des ennemis emblématiques démolis en deux cases… Une fois au bout, Batman découvre tous ses alliés prisonniers, impossible de savoir comment ils sont arrivés là sans avoir lu les histoires annexes du coup.

« Deux dessinateurs (Greg Capullo et Jock) au sommet de leur art
mais qui sont malheureusement  desservis par leur collègue scénariste Scott Snyder. »

Malgré tout, la conclusion, tant attendue survient après d’épiques moments (sauf dans le recueil) et la tension est à son comble.
Mais celle-ci s’essouffle dès l’instant où les visages de chaque allié apparaissent sans être défiguré. Snyder (ou les hauts bureaux de DC ?) n’ont pas eu le courage d’aller au bout des choses. Ce n’est pas le plus grave, c’est surtout que le Joker ignorait bel et bien les identités de chacun ! Sacré pétard mouillé !
Certes, la famille se retrouve séparée et en conflits intérieurs. Les dernières planches sont, sur ce point prévis, particulièrement réussies. Tout cela ne servirait donc que pour « la suite » des aventures de la Bat-Family. Sauf qu’il y a fort à parier qu’il n’y aura quasiment pas de réelles répercussions, et quand bien même, cet arc narratif forme « un tout » avec donc une fin peu satisfaisante. L’après Deuil de la Famille sera surtout axé sur un autre évènement (la mort d’un personnage dans une autre série — qui aurait paradoxalement mieux été baptisée avec le nom de cet arc du coup) et cette histoire vite oubliée…

batman deuil de la familleEt c’est vraiment, vraiment dommage. Car tous les ingrédients étaient là, tout était quasi-parfait avant les derniers chapitres totalement à côté de la plaque.
De plus, côté graphisme Greg Capullo excelle à nouveau, sa version défigurée du Joker est superbe (même si scénaristiquement l’intérêt reste flou) ; Jock est aux commandes des back-up, consacrés respectivement au Pingouin, au Riddler (L’Homme Mystère) et à Double Face. Son style unique tranche avec celui de Capullo, mais les deux se complètent parfaitement : deux artistes au sommet de leur art mais qui sont malheureusement desservis par leur collègue scénariste Scott Snyder.

Critique peut-être trop sévère, mais à chaud et après une seconde relecture l’avis n’a pas trop changé. L’intégrale de ce Deuil de la Famille est bon, sa fin est (très) mauvaise. La déception l’emporte donc. À relire dans quelques mois, peut-être après le nouvel arc, L’An Zéro, qui apportera un nouveau regard.

Joker Joke[À propos]
Publié en France dans Batman Saga  #15 à #19 (août à décembre 2013) et en recueil chez Urban Comics le 14 février 2014.
Titres des chapitres : voir infographie ci-dessous.
Ce qui suit concerne uniquement le recueil.
Scénario : Scott Snyder
Dessin : Greg Capullo / Jock (pour les back-up)
Couleur : Fco Plascencia
Encrage : Jonathan Glapion
Lettrage : Christophe Semal et Laurence Hingray (studio Myrtille)
Traduction : Jérôme Wicky
Publication originale dans Batman vol. 3 : Death of the Family (Batman #13-17)

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Deuil de la Famille