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Batman Infinite – Tome 1 : Lâches par essence

La suite de Joker War est enfin arrivée ! À la fois « nouveau départ » et « continuité », que vaut Lâches par essence, premier tome de Batman Infinite, qui inaugure une pseudo nouvelle ère pour le Chevalier Noir, toujours scénarisée par James Tynion IV et dessinée par Jorge Jimenez ?

[Résumé de l’éditeur]
Après avoir libéré Gotham de l’emprise du Joker et s’être confronté aux nouveaux venus Clownhunter et Ghost Maker, Batman pensait avoir repris les destinées de sa ville en main. Mais le nouveau maire Christopher Nakano, allié à l’industriel Simon Saint, est bien décidé à mettre en place et purger Gotham de ses justiciers masqués qu’il juge être à la source même de la criminalité qui ronge sa ville. Dépossédé de sa fortune, Bruce Wayne parviendra-t-il à mener seul sa croisade contre le crime ?

[Histoire]
Des toxines du Joker sont diffusés dans l’Asile d’Arkham, causant la mort de plusieurs personnes dont Bane (!) et un incendie dans le bâtiment. Cet attentat est nommé « Jour A ». L’Épouvantail, pourtant déclaré mort après cette attaque semble se cacher derrière elle, même si elle est imputée dans un premier temps au Clown Prince du Crime qui a disparu (depuis la fin du tome 2 de Joker War et dont la cavale est à découvrir dans Joker Infinite). Le nouveau maire de Gotham City, Christopher Nakano, ne veut plus que Batman et ses alliés s’occupent de la ville.

Heureusement, le Chevalier Noir peut compter sur l’aide de Ghost Maker, ancien antagoniste qui a rejoint sa croisade (cf. Joker War – Tome 3), Barbara Gordon qui reprend son poste d’Oracle et… Harley Quinn. La nouvelle fidèle alliée est par ailleurs à la recherche de Poison Ivy – dont l’ex petite-amie Bella arpente aussi la ville.

En parallèle, un groupe d’anarchistes nommés le collectif Unsanity et emmenés par l’énigmatique Wyze diffuse des informations pour les citoyens de Gotham. Bruce doit les infiltrer pour comprendre ce qu’ils trament réellement. Il fait la connaissance de Molly

Le mystérieux Simon Saint œuvre avec l’Épouvantail pour accentuer le climat anxiogène dans Gotham. Proche du maire Nakano, il le convainc d’accepter son programme Peacekeeper, milice composée à terme de cinq mercenaires, des hommes puissants et « réparés » avec des technologies avancées, leur conférant une force surhumaine.

[Critique]
Après les bons débuts de Joker War (tomes 1 et 2) puis une certaine déception dans sa « conclusion » (tome 3), ce premier volet de Batman Infinite fait du bien. Les guillemets sont de mises autour du terme « conclusion » car la courte série Joker War n’a jamais été pensée ainsi en VO, elle suivait tout simplement les derniers chapitres de l’ère Rebirth et, surtout, entamait un nouveau cycle. Cycle qu’Urban Comics avait choisi d’appeler Joker War et affublé du terme « série en cours » avant de rétropédaler et de l’achever en « série complète en trois tomes ». En effet, le troisième volume était à la fois une semi-conclusion des deux précédents, une bande dessinée de transition vers un autre arc narratif mais aussi et surtout une introduction multiple à d’autres évènements (avec Ghost Maker par exemple). La suite est à donc à retrouver dans ce premier tome de Batman Infinite.

Lâches par essence s’ouvre sur les quelques pages de Batman puisées dans Infinite Frontier #0. Des planches qui sont clairement le début de l’histoire. Infinite Frontier #0 est un long épisode s’attardant sur douze justiciers ou groupes de super-héros (Superman, Justice League, Green Lantern, Wonder Woman, etc.) inclut dans le récit complet DC Infinite Frontier (qui donne son nom à cette ère « Infinite ») même s’il n’y a absolument aucune obligation de l’avoir lu pour découvrir les séries Infinite (Batman Infinite, Detective Comics Infinite, Joker Infinite, Nightwing Infinite, Robin Infinite… parmi celles de la Bat-Famille). Il s’agit surtout de la continuité des titres qui existaient juste avant (en l’occurrence Batman Rebirth puis Joker War ici).

Dans ce volume, la galerie de personnages (de tous bords) est très dense ! Le scénariste James Tynion IV utilise ses valeurs sûres (Batman, Harley Quinn, Barbara/Oracle et l’Épouvantail en tête), ses créations récentes (Ghost Maker pour l’instant – Clownhunter devrait suivre sous peu) et ses nouvelles têtes : le maire Nakano, homme intègre menant une politique inédite, la pétillante Miracle Molly d’Unsanity (arborant quasiment le transhumanisme), Bella, l’ex de Poison Ivy qui semble avoir des pouvoirs similaires, le lugubre Simon Saint et son premier Peacekeeper. Des protagonistes qui parsèment le récit – très bien rythmé – avec un bon équilibre entre eux.

Si le titre suit un sentier narratif assez balisé (peu de surprises ou rebondissements), il séduit tout de même par ce renouveau moderne, cette approche encore plus urbaine qu’auparavant (Gotham ressemble à une ville futuriste bardée de néons, lorgnant vers des univers comme Cyberpunk 2077 par exemple, son architecture moins gothique est exploitée habilement de plusieurs façons) et politique. Pas de justiciers mais une milice armée et contrôlée par la mairie ? Ça sonne comme un déjà-vu (Batman – Tome 8 : La Relève notamment) mais ça continue de fonctionner car on sait que l’Épouvantail se cache derrière tout cela et prépare (forcément) quelque chose de plus grand (le fameux État de terreur, qui donne son titre aux tomes 2 et 3 de Batman Infinite et touche d’autres séries (Nightwing) tout en en créant de nouvelle (Fear State et quelques Secret Files sur les nouveaux personnages (Molly, Peacekeeper…)).

À l’instar des trois volumes de Joker War, le comic multiplie les genres avec brio : action, science-fiction, polar, fantastique, etc. La nouvelle dynamique instaurée par l’équipe d’alliés fonctionne plutôt bien : Batman, Ghost Maker et Harley Quinn, épaulés à distance par Oracle. Des nouvelles têtes, on retient surtout Molly, prometteuse sur le papier (une future collaboratrice de la Bat-Team ?) et le Peacekeeper (Sean Mahoney de sa véritable identité – qui peut avoir une évolution particulièrement intéressante si elle est soignée). L’introduction de l’ouvrage évoquait Future State qui montrait un avenir singulier pour Gotham, débouchant sur les conséquences des actes… apparemment narrés ici. Mais, une fois encore, nul besoin de connaître tout ce background et d’autres titres qu’on pourrait pensait liés (DC Infinite Frontier justement), ce Batman Infinite est clairement l’équivalent de Joker War – Tome 4. Difficile de démarrer les aventures de Batman directement avec ce tome, il est recommandé de passer par les trois précédents Joker War

Si Bruce Wayne a été dépossédé de sa fortune, comme cela a été martelé dans les résumés et au détour de quelques bulles, ça ne change pas grand chose à sa situation : il continue d’opérer depuis un repaire, a toujours quelques gadgets et véhicules, etc. Funfact : Molly se déplace avec lui en drone volant, rappelant énormément Watch Dogs : Legion pour les connaisseurs (encore un jeu vidéo !). Néanmoins, le Chevalier Noir ne peut plus compter sur l’aide du GCPD (Montoya succède à Gordon, absent du titre, occupé à courir après le Joker dans Joker Infinite) ni vraiment sur la confiance des citoyens envers lui – même si cela a peu d’impact concret sur le déroulé de la narration.

Outre l’écriture globalement efficace de James Tynion IV, aussi bien dans les dialogues – bien rythmés comme dit plus haut – que les situations (tour à tour sinistres, complexes, palpitantes), tout le titre doit son mérite (en grande partie) aux superbes dessins et colorisation du duo Jorge Jimenez et Tomeu Morey. Une équipe gagnante qui offre une richesse chromatique pour les protagonistes et les lieux avec une certaine élégance. Le nouveau look de l’Épouvantail (rappelant plus ou moins celui d’Arkham Asylum – encore un jeu vidéo, décidément !) est effrayant et singulier. La cybernétique entourant Peacekeeper est réaliste et séduisante (un côté Robocop, carrément cité dans la BD et dont on sent une certaine inspiration pour l’auteur). Le style atypique de Molly rend la jeune femme encore plus attachante. Les combats et apparitions de Batman sont sublimés comme toujours. Bref, c’est encore un sans faute sur la partie graphique, intégralement réalisée par le binôme.

Sans être révolutionnaire, Batman Infinite – Tome 1 : Lâches par essence est une belle promesse (comme l’était à l’époque Joker War par la même équipe créative/artistique). Des débuts encourageants et passionnants, pas forcément les plus originaux pour le fond de l’histoire mais qui fonctionnent tout de même par sa belle galerie de personnages (bons ou mauvais, anciens ou nouveaux). Une poursuite évidente de ce qu’a instauré Joker War et une bande dessinée particulièrement jolie, complétée par une galerie d’illustrations de couvertures alternatives et crayonnés de bonne facture.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 28 janvier 2022.

Contient Batman #106-111 + pages de Infinite Frontier #0

Scénario : James Tynion IV
Dessin & Encrage : Jorge Jimenez
Couleurs : Tomeu Morey

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Makma (Sarah Grassart, Gaël Legeard, Sabine Maddin et Stephan Boschat)

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Batman : Joker War – Tome 2

Après un excellent premier tome proposant une sorte de nouveau départ pour le Chevalier Noir, que vaut ce deuxième volume de Joker War ?

[Résumé de l’éditeur]
Après avoir affronté le Designer, Batman réalise que son ennemi de toujours, le Joker, tirait en réalité les ficelles des événements récents. Le Clown prince du crime a, de son côté, trouvé une nouvelle compagne, Punchline, qui ne tarde pas à s’opposer à son ancienne conquête, Harley Quinn ! La ville de Gotham sombre dans le chaos tandis que la vie de Bruce Wayne, privé de sa fortune, se trouve à jamais bouleversée !

[Histoire]
Après avoir torturé Lucius Fox, Punchline sait où Batman se rend dans une de ses caves secrètes. Le Chevalier Noir y remarque une nouvelle armure scintillante (il pense que c’est Fox qui l’a construite, ce dernier croyait que c’était Batman). Obligé de fuir, le justicier découvre sa ville à feu et à sang… le Joker a acheté tous les gangs, l’anarchie règne en maître, c’est une catastrophe.

Un nouveau justicier tâche de tuer tous les criminels : Clownhunter.

Dans le civil, rien ne va plus pour Bruce Wayne et sa fortune : les actions de Wayne Enterprises chutent…

Le Joker a aussi récupéré une bobine du film Zorro, le long-métrage qu’a vu Bruce enfant avec ses parents avant que ces derniers se fassent tuer en sortant de la séance. Le Joker souhaite le projeter dans le cinéma de l’époque à des morts-vivants (!) mais aussi et surtout à tous les habitants de Gotham à qui il propose de l’argent en échange.

En parallèle, le Clown Prince du Crime élabore une nouvelle toxine qui rend fou.

[Critique]
Légèrement en dessous du premier tome (passé la surprise forcément), cette incursion dans la guerre du Joker reste quand même particulièrement réjouissante à bien des égards ! Avant même d’aborder la narration et le récit en tant que tel, un constat évident à mentionner d’entrée de jeu : les planches assurées par les dessins de Jorge Jiminez et la colorisation de Tomeu Morey sont somptueuses ! Elles reflètent la majorité de l’ouvrage, c’est à dire les six épisodes #95 à #100. Le comic-book bénéficie également d’une courte introduction sur Punchline et d’un chapitre composé de mini-histoires centrées sur des personnages secondaires durant le conflit qui oppose l’homme chauve-souris au Clown (Joker War Zone #1 en VO).

Le trait fin, précis et élégant de Jiminez épouse à merveille son découpage dynamique, aéré (donc lisible) que ce soit dans l’action ou l’intimisme. Quant aux couleurs de Morey, les quelques exemples d’illustrations de cet article devraient convaincre les plus réfractaires. L’artiste magnifie les registres qui se succèdent : l’horreur, la guerre, le polar, la folie, le merveilleux… en choisissant habilement sa palette chromatique, mention spéciale aux tonalités chaudes prononcées pour les guérillas urbaines — prédominant le livre — et les clartés pourpres et scintillantes de la forêt d’Ivy (en exclusivité sur ce site sans les bulles de textes afin d’admirer correctement le travail commun du binôme, diablement efficace).

Ce deuxième segment de Joker War s’ouvre sur un interlude consacré à Punchline (The Joker 80th Anniversary 100-page Super Spectacular #1). C’était clairement ce qu’il manquait au volume précédent (erreur réparée donc), probablement car ces origines sur la nouvelle compagne du Joker furent publiés à peu près en même temps (en France) dans la chouette compilation Joker 80 ans. On les découvre donc enfin si on ne l’avait pas acheté (un recueil qui contient de multiples récits autour du célèbre Clown pour ses 80 printemps d’existence, incluant lesdites 100 pages « spectaculaires »). James Tynion IV a bien sûr rédigé ces premiers pas (il a créé le personnage) accompagné de Mikel Janin aux pinceaux, artiste qui avait fait la part belle à la série Batman Rebirth. Comment bien conclure une blague ? (le titre de cet épisode particulier) n’est malheureusement pas exceptionnel, pour pas dire franchement décevant.

La jeune étudiante Alexis dans le civil est simplement « une fan » du Joker. L’ironie est que face à ce dernier elle clame : « T’as demandé que je te prouve que j’étais sérieuse avant de me recruter pour ton grand projet. Tu voulais être sûr que je n’étais pas une autre groupie zarb’. La voilà, ta preuve. » Une groupie bizarre… C’est pourtant ce que Punchline semble être du peu qu’on la voit. Le personnage n’est pas bien fouillé, en quelques lignes l’on connaît ses motivations (pas envie d’être gentille — sic, avoir son propre monde — sic (bis), etc.). Des « origines » relativement pauvres et banales. « Ce monde que vous avez bâti est une blague et j’en suis la punchline » clame-t-elle… Heureusement, passé cette introduction peu brillante (qui ne représente que 10 pages sur 228 de BD environ, soit moins de 5% de l’ensemble) , tout le reste est beaucoup plus palpitant !

On retrouve donc le Chevalier Noir presque seul face au Joker et ses sbires. Même si on ne comprend pas tout des transactions financières qui ont causé la chute de l’empire Wayne (pour l’instant assez relégué en second plan), on prend plaisir à le voir en mauvaise posture. Entre l’anarchie provoquée par le Clown (qui n’est pas sans rappelé l’excellent film Joker de 2019), le difficile et douloureux deuil d’Alfred (nettement plus évoqué ici que dans le tome précédent), l’arrivée d’un nouveau protagoniste plutôt réussi (le fameux Clownhunter — qui sera davantage exploré dans le troisième volume), le retour de la Bat-Family… il y a de quoi se réjouir ! L’équilibre entre tous ces éléments est bien dosé, on regrette juste le traitement de Punchline, assez décevant (à l’instar de ses origines donc) et le manque de surprises (on n’aurait pas été contre un retournement de situation, une traîtrise par une tête connue par exemple, de l’imprévu dans l’évolution de certaines phases narratives…). Mais ça fonctionne, c’est le principal. Le Diable se cache dans les détails tout au long de l’œuvre : les allusions morbides à Alfred, la barbe de trois jours de Bruce sous son masque de Batman… Le texte et les dessins se rendent la pareille et se servent mutuellement. Les fans de Nightwing apprécieront aussi son retour en grâce.

Arrivé à la moitié du tome on enchaîne plein de courts chapitres se déroulant durant le siège de Gotham par le Joker et ses hommes de main. Chaque épisode (écrit et dessiné par différents artistes) se concentre sur un ou plusieurs alliés du Chevalier Noir, ou certains de ses antagonistes. Ainsi on découvre ce qu’il est advenu de Bane depuis la fin de Batman Rebirth et on peut voir également le fils de Lucius Fox ainsi que Spoiler et Orphan. Comme souvent dans ce genre d’entreprise, l’ensemble est inégal (aussi bien narrativement que graphiquement) mais il y a peu à redire : là aussi on est sur un pan de lecture assez rapide et court, on ferme donc aisément les yeux sur les quelques passages un peu moins palpitants. Le centième chapitre (le dernier du comic-book) offre une conclusion épique malgré quelques légers loupés. Il laisse un statu quo intéressant (dont un Joker… borgne !). On apprécie aussi la relation amicale entre Batman et Harley, rappelant celle, plus ambigüe, de Curse of the White Knight.

Comme toujours, le recueil se termine par une grande galerie de couvertures et si on a tendance à saluer le travail d’Urban Comics au global (prix, qualité d’édition, notes éditoriales…) on est parfois surpris par quelques erreurs de traduction (dont des flagrantes relayées ici et par exemple — avec une certaine ampleur début décembre 2020 qu’on peut déplorer sur la forme (à la limite du lynchage public comme trop souvent)). Dans le présent tome, c’est le célèbre « Home Sweet Home » qui a été littéralement traduit « Foyer, doux foyer », étonnant de proposer ceci en 2021 (personne ne dit ça en français, autant conserver le terme anglais). Rien de grave au demeurant, c’est du détail anecdotique…

En synthèse, malgré quelques défauts d’écriture ici ou là (caractérisation de personnages, prévisibilité de certaines choses…) Joker War – Tome 2 vaut complètement le détour. Assurément pour sa partie graphique et globalement pour son traitement narratif. Dans la droite lignée du premier, on ne peut que conseiller de le lire, aussi bien par les fans de longue date que les nouveaux venus.

Rendez-vous le 16 avril prochain pour le troisième tome qui contiendra les épisodes Batman #101 à #105, Batman Annual #5 et Punchline #1, soit sept chapitres au total. On y découvrira le mystérieux Ghost-Maker et probablement qui a conçu la nouvelle armure spéciale de Batman (qu’il n’a pas encore endossée, à moins que ce soit pour Justice League – Endless Winter, prévu en rayon au même moment ?). Pour avoir parcouru en VO ce troisième opus, on va perdre un peu en maestria graphique et en intérêt (MàJ 2021 : mais ça reste encore globalement bon — cf. critique en ligne).

Dans tous les cas, la « mini-histoire » auto-contenue dans les deux premiers tomes est (largement) suffisante pour avoir un récit de qualité avec un début, un milieu et une fin. On conseille donc les deux premiers volets de Joker War quoiqu’il arrive (sans obligation d’acheter la suite) !

[A propos]
Publié le 26 février 2021 chez Urban Comics.
Contenu : Batman #95-100, Joker War Zone #1, Joker 100 pages Spectacular également publié dans Batman Bimestriel #13 et 14 fin 2021 puis début 2022 (un an plus tard que la version librairie donc…).

Scénario : James Tynion IV (+ collectif additionnel)
Dessin : Jorge Jimenez, Guillem March, Mikel Janin (+ collectif additionnel)
Encrage additionnel : Danny Miki
Couleur : Tomeu Morey, Jordie Bellaire, Fco Plascencia (+ collectif additionnel)

Traduction : Jérôme Wicky (et Xavier Hanart)
Lettrage : MAKMA (Sarah Grassart et Stephan Boschat)

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Batman – Joker War : Tome 01

 

Detective Comics #01 à #07 (publiés dans Batman Saga)

À l’époque de la publication de Batman Saga (dès 2012) une brève critique avait été publiée sur les six premiers chapitres de la série Detective Comics. Cette dernière est désormais terminée (après 52 épisodes) et a fait l’objet d’un référencement plus clair.

Cet article s’actualise donc sur ce site (à l’époque les critiques n’étaient pas aussi détaillées que ces dernières années) pour être en phase avec la composition du premier tome (pas disponible en France en librairie), correspondant aux sept premiers chapitres de la série et tous publiés dans les sept premiers numéros de Batman Saga (en kiosque donc). Aux États-Unis, le titre de ce volume est Faces of Death, c’est à dire « les visages de la mort ».

[Histoire]
Batman
poursuit le Joker et arrive enfin à l’arrêter. Placé à l’asile d’Arkham, ce dernier ne tarde pas à s’évader en laissant… son propre visage en peau sur le mur (cf. image en fin d’article) ! Le TaxidermisteThe Dollmaker » en VO) a en effet découpé le contour du visage du Clown du Crime pour le lui ôter (à la demande de celui-ci). Ce nouvel ennemi est un spécialiste de la défiguration.

Le Joker est donc méconnaissable (même si, paradoxalement, on devrait davantage le reconnaître vu les « restes » de son visage…). Quant au taxidermiste, il a kidnappé une petite fille puis il a capturé Gordon pour le mutiler. Il vend ensuite aux enchères ses « œuvres » et il semble que Le Pingouin s’y intéresse de près…

Dans le civil, Bruce Wayne gère son empire tant bien que mal, entre investissements notables et re ndez-vous professionnels. Il entretient une relation ambigüe avec Charlotte Rivers, une journaliste qui enquête sur un trafic d’armes. Celle-ci a une sœur, Jill, alliée à un nouvel ennemi, Peau-de-Serpent, capable de changer de visage. Tous convergent vers le nouveau QG du Pingouin : le Casino de l’Iceberg. Dans ce lieu de jeux d’argent, le bandit manchot s’est entouré de plusieurs méta-humains pour qui il garde leur argent : l’homme-gaz, Hypnotiste, M. Combustible…

[Critique]
Les quatre premiers chapitres sont tournés vers le Joker dans un premier temps (très rapidement absent) et, surtout, le Taxidermiste dans un second temps. Un ennemi novateur et plutôt intéressant, même s’il semble peu exploité pour l’instant. Son côté « fou » tranche avec le côté « diplomate/vendeur » sur lequel il s’engage et son entourage (sa fameuse famille) est un peu trop cliché mais ça passe quand même. Si ces nouveaux antagonistes ne reviennent pas par la suite alors il n’y aura eu aucun intérêt à les introduire ici. En revanche, on reste dubitatif sur le plan du Joker. Se faire enlever le visage, pourquoi pas, mais il faut se le faire remplacer par un autre, ce qui n’est pas mentionné ici. Là aussi, on reste un peu sur notre faim sans savoir si tout ceci sera exploité à l’avenir (à priori « non » selon les autres séries sur Batman mais l’article sera réactualisé une fois Detective Comics terminé).

Néanmoins il y a de bonnes choses dans le récit : le rythme est parfait, aucun temps mort, la face plutôt sombre et brutale de Batman est relativement plaisante à lire. Son alter-ego n’est, pour une fois, pas trop mis de côté (au contraire). L’ambiance de l’ensemble, assez sale et poisseuse, rappelle quelques aventures orientées polar (Année Un, Un Homme à Terre…). Le tout est servi par Tony S. Daniel (aussi bien au scénario qu’aux dessins). Un vrai régal, son style est précis, détaillé, élégant, il signe de belles compositions malgré quelques faiblesses de colorisations (de visages notamment) de temps en temps mais assez rare pour vraiment le souligner. Entre les courses-poursuite et les scènes d’action, pas grand chose à redire du point de vue graphique.

Les trois derniers chapitres mettent en avant le Pingouin et son nouveau casino avec plusieurs protagonistes, plus ou moins importants, qui exécutent diverses missions dans ce lieu. De bonnes surprises et quelques étrangetés, notamment dans une petite galerie de méta-humains peu connus. Une étrange parenthèse consacrée à Catwoman et Hugo Strange est incluse, croquée par Szymon Kudranski, dont le style très épuré et glauque tranche radicalement avec celui de Tony S. Daniel. On suppose qu’elle aura son importance pour la suite.

Enfin, une brève connexion avec la série I, Vampire, totalement inédite en France (3 tomes la composent) est évoquée sans que cela gêne la compréhension. En synthèse, ce premier tome est particulièrement efficace, il lance plein de pistes diverses, de tous côtés (ennemis et alliés), présente de nouveaux personnages (antagonistes ou entourage proche de Bruce Wayne), de nouveaux lieux, de nouveaux enjeux (le Joker sans visage), bref il n’y a pas grand chose à redire si ce n’est espérer que la suite tienne la route. On notera également un petit aspect « politique » bienvenu et quelques cases un peu trop sexistes (deux figures féminines, toutes les deux jolies, en tenue hyper sexy avec lingerie, etc.).

La suite est à découvrir dans les chapitres publiés dans Batman Saga à l’époque mais non réédités en librairie ensuite. cf ce sommaire. Critique bien sur le site.

[À propos]
Publié en France dans Batman Saga #01 à #07 chez Urban Comics de mai 2012 à novembre 2012.
Scénario : Tony Daniel
Dessin : Tony Daniel / Szymon Kudranski (ch. 5-b)
Couleur : Tomeu Morey / Szymon Kudranski (ch. 5-b)
Encrage : Ryan Winn (ch.1 à 3) / Sandu Florea (ch. 2 à 5-a) / Rob Hunter (ch. 5-a)
Lettrage : Laurence Hingray & Christophe Semal
Traduction : Thomas Davier

Titres des chapitres :
01 – Le Taxidermiste (Detective Comics)
02 – La Fête est finie (Playtime’s Over)
03 – Sang Froid (Cold Blood)
04 – Le Phénomène (The Main Event)
05 – La Roue de l’Infortune + Roulette Russe (Wheel of Misfortune + Russian Roulette)
06 – Un Jeu Mortel (Kill Game)
07 – Le Serpent et le Faucon (The Snake and the Hawk)

Première publication originale dans Detective Comics #01 à #07 (septembre 2011 à mars 2012) et compilé dans Detective Comics #1 : Faces of Death en juin 2012.

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Detective Comics – Vol. 1 : Faces of Death (en anglais)