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La vie après la mort (Life after Death) + Devinette • Batman Universe #5-7

En parallèle du run de Grant Morrison et des séries sur lesquelles il officiait, les aventures autour de Batman (Dick Grayson) se poursuivaient sous la plume et les pinceaux de Tony S. Daniel. Après La lutte pour la cape (Battle for the Cowl), le segment dispensable de Judd Winick (Des ombres envahissantes), place à La vie après la mort (Life after Death), un récit en six chapitres (Batman #692 à #697), ainsi qu’à Devinette (Riddle me this), en deux épisodes (Batman #698-699). Ces deux histoires ont été compilées en version librairie aux US (couverture à gauche ci-dessous) et ont été publiées en France dans le magazine Batman Universe #5 à #7 durant le premier semestre 2011. Urban Comics ne les a pas reproposées jusqu’à présent.

[Début de l’histoire]
Batman (Dick) enquête sur les meurtres des « Faux visages », des hommes de main muets et masqués. Le Chevalier Noir soupçonne Black Mask d’être à leur tête mais pense aussi qu’il peut y avoir un lien avec les Falcone.

Dans l’ombre, Hugo Strange, le Dr Death, Frayeur et, justement, Black Mask montent une organisation, le « Ministère de la Science »…

[Critique]
La vie après la mort reprend ce qu’avait instauré Tony S. Daniel dans La lutte pour la cape et, de façon moins prononcée, Des ombres envahissantes (écrit par son confrère Judd Winick). Le long fil rouge (étalé sur six chapitres) mêle aussi bien les « premiers pas » de Dick en Batman qu’un vaste groupe d’ennemis où se télescopent Black Mask, le Pingouin, Hugo Strange, Dr Death, Le Faucheur, l’énigmatique Frayeur/Linda et les mystérieux « Faux visages » ! En plus de ce groupuscule, des alliés comme Catwoman, Huntress et Jeremiah Arkham semblent connectés à des personnes du clan Falcone (tout Un Long Halloween est d’ailleurs résumé durant plusieurs cases). Oracle, Damian/Robin et Alfred sont aussi de la partie.

Clairement, l’histoire est un peu complexe, l’ensemble assez dense et trop de protagonistes interviennent (sans oublier quelques flash-backs, incluant même… des nazis). Le lecteur sera probablement un peu perdu parfois mais l’ensemble reste assez passionnant avec un bon équilibre des genres et des séquences d’action et d’exposition. Mieux : un rebondissement de situation pas forcément prévisible est assez savoureux. Le scénario est riche et bien construit, Tony S. Daniel livre un récit plutôt original qu’il dessine avec un certain talent, notamment sur des pleines pages ou double planches. On découvre aussi les prémices de Catgirl (Kitrina Falcone) même si elle sera peu exploitée ensuite…

Les traits de Daniel, couplés à l’encrage et la colorisation de Sandu Florea et la colorisation de Ian Hannin ajoutent une dimension aussi sombre que riche en couleurs par moment. La cohérence graphique est une force du titre, lui conférant un plaisir visuel là aussi appréciable. Les deux épisodes de Devinette (critique dans le paragraphe suivant) sont en revanche dessinés par Guillem March (Harley Quinn et les Sirènes de Gotham, Catwoman…). Pas trop éloigné du style de Daniel, March livre un travail tout à fait correct aussi, un brin moins élégant mais globalement satisfaisant et une approche visuelle tout aussi « mainstream », comprendre efficace pour le genre.

Sans surprise, Devinette (Riddle me this) replace le Sphinx au centre de la fiction, en coopération avec Dick/Batman dans une enquête et série de meurtres atypiques. De quoi retrouver le célèbre criminel repenti depuis quelques temps en détective privé (cf. Paul Dini présente Batman) et découvrir un nouvel ennemi, Blackspell (oubliable, malheureusement), ainsi que Firefly en personnage secondaire. Tony Daniel propose une conclusion sur le Riddler qui sème le doute quant à la véracité de son amnésie (comme expliqué dans la critique précitée : Nygma avait découvert l’identité de Batman dans Silence puis avait enchaîné plusieurs évènements importants avant d’être dans le coma et perdre une partie de sa mémoire, cf. le bloc Aftermath de la biographie du Riddler sur Wiki (en anglais)). Le vilain reviendra dans la fin du run de Daniel, Eye of the Beholder, inédit en France (cf. bloc de texte suivant).

La vie après la mort n’est pas forcément le titre le plus mémorable de l’artiste mais il n’a pas à rougir de certaines de ses autres production (notamment toute la période Detective Comics de l’ère Renaissance/New 52). En lisant cet arc (après La lutte pour la cape et avant Devinette), cela forme un tout relativement appréciable ! Trois ombres au tableau. Premièrement, le segment entre les deux premiers opus (Des ombres envahissantes) n’est pas inclus dedans (car écrit par Winick) et sa conclusion ouverte (sur l’enquête de Batman sur les Grayson) n’aura jamais de résolution… Deuxièmement, Urban Comics n’a jamais réédité ces titres qui le mériteraient, surtout en comparaison avec certains titres actuels assez moyens voire médiocres.

Troisièmement, le dernier opus, Eye of the Beholder (qu’on pourrait traduire par L’Œil du Spectateur/de l’Observateur ou Question de perception), n’a pas non plus eu droit à une version française, même à l’époque de Panini Comics. Il contient la dernière ligne droite de la série Batman avant le relaunch DC (#704-707, que Daniel écrit et dessine, #710-712, dont il signe uniquement le scénario, les illustrations, moins belles, sont de Steve Scott). En toute logique, tous ces épisodes devraient être dans les derniers volumes Batman Chronicles, des années 2010 et 2011 (la collection s’arrêtera juste avant le relaunch DC de 2011, donc avant la gamme Renaissance/New52) – mais pas avant un paquet d’années vu le rythme de parution de cette série d’intégrales. Néanmoins, Eye of the Beholder (qui met en avant le père de Ra’s al Ghul et Peacock dans sa première partie, Double-Face, le Sphinx et « sa fille » (Enigma), Catgirl… dans sa seconde) n’est pas terrible selon diverses critiques.

Le run de Tony S. Daniel (écriture et dessin) mettant en avant Dick Grayson dans la peau de Batman.
Les deux premiers ont été publiés en France dans les magazines Batman Universe de Panini Comics en 2010 et 2011.
Le troisième et dernier (Eye of the Beholder) est complètement inédit chez nous.

[À propos]
Publié chez Panini Comics dans Batman Universe #5-7 en février, avril et juin 2011.
Contient : Batman #692-699

Scénario : Tony S. Daniel
Dessin : Tony S. Daniel, Guillem March
Encrage : Sandu Florea, Norm Rapmund, Tony S. Daniel
Couleur : Ian Hannin, Tomeu Morey

Traduction : Khaled Tadil
Lettrage : Christophe Semal

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La lutte pour la cape / Battle for the Cowl • Batman Universe #1-2

Battle for the Cowl est le titre (VO) d’un event se déroulant peu après la mort (supposée) de Batman à la fin de Final Crisis et (à peu près) pile entre la première et la deuxième intégrale de Grant Morrison présente Batman (cf. index). C’est aussi le nom de la série principale (en trois chapitres), écrite et dessinée par Tony Daniel, qui montre comment Dick Grayson endosse le costume (et donc la cape) de son ancien mentor pour le remplacer.

Aux États-Unis, il y a eu plusieurs épisodes gravitant autour (on en reparlera) et en France on a pu découvrir ces trois chapitres corrélés à un quatrième (de la série classique de la continuité Batman) – annoncé comme un épilogue – sous le titre La lutte pour la cape. Ils furent publiés dans les deux premiers numéros de Batman Universe, édités par Panini Comics à l’époque (juin et août 2010). Urban Comics ne les a pas reproposés jusqu’à présent.

 

En haut, les couvertures en français des deux numéros qui ont publié La lutte pour la cape
et la version librairie US qui compile la série. En bas, les trois numéros US en single issues.

[Début de l’histoire]
Gotham City est en plein chaos. Les criminels ont pris conscience que Batman avait disparu et sèment la destruction et la violence dans la ville. Le GCPD est dépassé et les alliés du Chevalier Noir peinent à s’en sortir.

Dick Grayson refuse de prendre la cape de son mentor. Tim Drake est hésitant. Alfred, dernière boussole morale, essaie de convaincre les fils de Bruce Wayne de la nécessité de perdurer la croisade du justicier…

Profitant de la catastrophe, Black Mask accroit sa mainmise sur Gotham City, tandis qu’un mystérieux personnage revêt un costume proche de celui de Batman mais aux méthodes bien plus radicales…

[Critique]
Voilà un récit très bien rythmé, avec un départ ultra efficace puis une suite (et conclusion) un peu en dessous mais qui reste globalement très satisfaisante, aussi bien graphiquement que scénaristiquement. Pour cause : Batman est donc mort (en réalité a été propulsé dans le passé, cf. Grant Morrison présente Batman – Intégrale 3) et Dick Grayson/Nightwing ne veut pas reprendre le rôle du justicier. Tim Drake hésite aussi et un usurpateur du Chevalier Noir aux méthodes bien plus violentes s’en accapare. Il s’agit bien sûr de Jason Todd (cela est vite révélé et, de toute façon, une évidence pour quiconque connaît un peu l’univers de Batman).

Il faut dire qu’on n’a pas le temps de se poser (ni le lecteur, ni le citoyen fictif de Gotham) : la ville est à feu et à sang, les criminels ont compris que Batman n’intervenait plus et s’en donnent à cœur joie. Black Mask en profite pour délivrer d’autres fous et les force à travailler pour lui façon Suicide Squad (implant mortel en eux qui explose s’ils désobéissent). Double-Face et le Pingouin augmentent aussi leur différents traffic. De cet état des lieux très « urbain » et, surtout, passionnant débute cette fameuse « lutte pour la cape » interne, au gré des combats et séquences d’action très bien emmenées.

Tony Daniel (la série Detective Comics période Renaissance/New 52, Justice League vs. Suicide Squad…), à l’écriture (et aussi au dessin) maîtrise parfaitement son sujet. Le titre n’est d’ailleurs pas pour les nouveaux venus, compte tenu du contexte et des nombreux protagonistes (incluant Damian). On apprécie le rôle non négligeable d’Alfred dans cette histoire où, effectivement, le quatrième chapitre sert véritablement d’épilogue (les trois principaux auraient laissé un goût d’inachevé). À noter que Judd Winick (Under the Red Hood…) s’occupe du dernier épisode sans dénaturer le style de Daniel.

Quelques défauts toutefois dans la seconde moitié où les malfrats de Gotham passent au second plan voire disparaissent (ils reviendront dans la suite directe, Des ombres envahissantes, au détriment d’enchaînements et combats entre Todd et les différents Robin. Une partie plus faible qui enlève la dimension chaotique globale (géographique) qui prédominait, un peu dommage.

Néanmoins, les fans des trois Robin y trouveront leur compte, Dick en premier mais aussi Tim et bien sûr Jason ; tous trois apparaissent plutôt équitablement avec des moments intéressants. Damian est également présent, ajoutant un peu d’humour dans un contexte assez austère. L’idylle naissante entre Drake et L’Écuyer est également une bonne chose prometteuse mais, malheureusement, vite esquivée par la suite. C’est le point faible de cette lutte pour la cape : les quatre chapitres auraient gagné à être étendus à six pour mieux développer les relations et la montée en puissance du Réseau (nom donné à tous les alliés de Batman) et bien sûr la relève par Dick.

Visuellement, tout est superbe, Tony Daniel livre des planches aérées, dynamiques et iconiques. On identifie sans mal les protagonistes (bien aidés par les costumes), les traits sont fins, élégants, les héroïnes parfois sexualisées mais sans tomber dans la vulgarité. Ed Benes gère le dernier chapitre dans un style proche de celui de Daniel, conservant ainsi une homogénéité bienvenu. Bref c’est un joli voyage graphique et très divertissant. On le conseille donc aisément si vous arrivez à le trouver d’occasion !

En France, La lutte pour la cape a été disponible dans les deux premiers opus du magazine Batman Universe (juin et août 2010).  Étonnamment, Urban Comics ne l’a jamais reproposé, soit en marge du run de Grant Morrison, soit en épilogue de Final Crisis, soit – tout simplement – en récit complet sur Nightwing ou sur « les Robin ». Aucun doute que cela fonctionnerait ! Peut-être que ce titre sera dans le (potentiel) Batman Chronicles 2009 (année de publication du chapitre #687 de la série Batman qui aurait peu d’intérêt sans les trois précédents connectés) ?

Aux États-Unis, Battle for the Cowl s’est poursuivi dans d’autres one-shots ou mini-séries créés pour l’occasion : Gotham Gazette (Batman Dead ? #1 et Batman Alive ? #1) – la version US contient d’ailleurs ces deux épisodes spéciaux –, Man-Bat, Arkham Asylum, Commissioner Gordon, The Network, Oracle : The Cure, Azrael : Death’s Dark Knight… Tous ces autres récits n’ont pas été publiés chez nous, mais celui qu’on a eu et chroniqué dans ici se suffit à lui-même (couplé à sa suite assez directe, à découvrir dans cet autre article).

[À propos]
Publié chez Panini Comics dans Batman Universe #1-2 en juin et août 2010.
Contient : Batman – Battle for the Cowl #1-3 + Batman #687

Scénario : Tony S. Daniel, Judd Winick
Dessin : Tony S. Daniel, Ed Benes
Encrage : Sandu Florea, Rob Hunter
Couleur : Ian Hannin, Jo Smith

Traduction : Khaled Tadil
Lettrage : Christophe Semal

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Justice League Rebirth – Tomes 01 à 03

La série Justice League Rebirth (JLR) s’étale sur six tomes et fait suite au relaunch Rebirth (à lire dans DC Universe Rebirth) effectué après la fin de la série Justice League de la période New 52 (Renaissance en VF). Les critiques sont regroupées en deux articles reprenant chacun trois volumes (soit une vingtaine de chapitres au total par critique/lot de comics).

Ainsi, pour cette chronique, on retrouve :
Tome 01 : Les Machines du Chaos [JL Rebirth #1 puis JLR #1-5]
Tome 02 : État de Terreur [JLR #6-11]
Tome 03 : Intemporel [JLR #14-19]

(Les chapitres #12-13 sont dans le sympathique one-shot Justice League vs. Suicide Squad.)

Tome 01 : Les Machines du Chaos [JL Rebirth #1 puis JLR #1-5]
(G. : Couverture inédite pour le réseau GLBD (Groupement des Libraires de Bandes Dessinées))

[Résumé de l’éditeur]
À l’aube d’une nouvelle ère, les plus grands héros de la Terre restent unis contre l’adversité. Endeuillés par la perte de l’Homme d’Acier, ils continuent de défendre leur planète de ses pires dangers. Et pour ce faire, la Justice League accueille trois nouveaux membres dans son équipe, incluant un certain… Superman !

Qui est cet être venu d’un monde mort et peut-on seulement lui faire confiance ?

[Histoire]
En préambule : suite à ses nombreux combats et notamment récents affrontements contre Vandal Savage ainsi que ses contacts répétés avec la kryptonite, Superman a rendu l’âme (Superman – Requiem). Heureusement le Superman originel, plus expérimenté et aguerri que celui de la continuité Renaissance a trouvé refuge sur… la Terre de de cette continuité (à découvrir dans Superman – Lois & Clark). Simon Baz et Jessica Cruz sont deux nouveaux Green Lantern qui remplacent Hal Jordan au sein de la ligue.

Le Superman originel rejoint la Justice League de la continuité Renaissance. La ligue était en difficulté face à une menace extra-terrestre et cette arrivée est bienvenue. Plus tard, de nombreux séismes ont lieu partout dans le monde. Ces catastrophes à priori naturelles sont compliquées à gérer pour les justiciers. Pire : certains d’entre eux perdent leurs super-pouvoirs ! Des citoyens deviennent étrangement agressifs envers eux et… des monstres extra-terrestres envahissent la Terre.

[Critique]
Après un premier chapitre introductif très fade et convenu (sans surprise, l’équipe se reforme avec le « nouveau » Superman — pirouette scénaristique facile et d’une grande paresse intellectuelle), les cinq épisodes de la série ne relèvent pas plus que ça le niveau (d’écriture). La ligue affronte une nouvelle menace et, là aussi sans réelle surprise, s’en sort gagnante.

Tout s’enchaîne de façon fluide, le rythme est très bon (à l’exception de la conclusion abrupte), pas de temps mort, mais rien de non plus trop palpitant (en plus d’éléments parfois confus) car il manque une certaine alchimie motrice qui passionnerait davantage pour se prendre au jeu. Il y a un côté « déjà vu » dans cette aventure : aucune innovation, rien d’inédit. Il y avait pourtant le deuil de Superman à exploiter et, surtout, l’intégration de son remplaçant dans la ligue mais cela est juste survolé. Dommage.

Niveau dessins, Bryan Hitch est en petite forme sur son chapitre introductif mais heureusement Tony S. Daniel fait certaines merveilles sur les suivants (mais pas au mieux non plus par rapport à son talent). Traits fins, cadrages iconiques, découpages rythmés… on apprécie clairement ses planches, vivement colorées (par Tomeu Morey) et flashy. Le sens de la démesure explose tout le temps entre les catastrophes naturelles, les dimensions et espaces exploitées (sous l’eau, au cœur de la Terre, dans le ciel, en zone urbaine, rurale, et ainsi de suite).

L’ensemble s’étend souvent sur de superbes doubles-pages. Une sorte de « destruction porn » comparable à un film de Michael Bay ou Roland Emmerich (donc synonyme de « plaisir coupable » pour certains). Jesus Merino prend le relai aux pinceaux le temps un chapitre, lui aussi de bonne facture, dans un style proche de celui de Daniel (moins précis néanmoins), concevant une homogénéité correcte. Cette partie graphique est assurément la réussite du livre (mais cela n’est, hélas, pas suffisant à ce stade, même si on est peu exigeant).

Pas mal de bonus concluent l’ouvrage : de jolies couvertures alternatives, des sketchbooks (crayonnés en noir et blanc des planches) et même les design des personnages et leurs costumes.

Les Machines du Chaos forme donc une sorte d’introduction globale à la série à l’intérêt pour l’instant assez limité : l’arrivée du « nouveau » Superman (sans réel travail d’écriture poussé), les débuts prometteurs des deux nouveaux Green Lantern (les fans du Green Lantern Corps devraient apprécier, tant ce duo est mis en avant) et, peut-être, l’annonce d’un évènement dans lequel Wonder Woman aurait un rôle spécifique à jouer. Très accessible mais manquant cruellement d’originalité, bourrin et basé sur de l’action grandiloquente, ce premier tome peine à convaincre, sauf par par son esthétisme. Espérons du mieux pour la suite.

Tome 02 : État de Terreur [JLR #6-11]

[Résumé de l’éditeur]
Il existe des forces capables de manipuler l’esprit et de nous confronter à nos pires angoisses. Et quand celles-ci s’attaquent à la plus grande équipe de super-héros, c’est la Terre entière qui est en danger, poussant les membres de la Ligue de Justice à s’en prendre les uns aux autres.

Seuls des héros entraînés à contrôler leur peur pourront en venir à bout… Jessica Cruz et Simon Baz, les deux novices de l’équipe, parviendront-ils à repousser cette nouvelle menace ?

[Histoire]
Les missions et combats de la Ligue se poursuivent. En marge, Barry (Flash) et Jessica se rapprochent, Victor (Cyborg) et Simon deviennent amis, Clark (Superman) jongle avec sa vie de couple et ses nouvelles obligations.

Mais les justiciers ont un comportement bizarre, entre des peurs irrationnelles et de l’agressivité constante, plus personne ne semble être soi-même. Aquaman et Wonder Woman se dressent carrément contre les humains et leur gouvernement.

[Critique]
Ce deuxième tome se scinde en deux histoires : État de Terreur (deux chapitres) et Virus (quatre épisodes). La première est totalement ratée et expéditive. On ne sait pas pourquoi les justiciers tombent dans ce fameux état de terreur, on ne sait pas non plus comment ils en sortent. L’ensemble est d’une banalité confondante et vraiment moyenne. La seconde montre un virus (sic) qui prend possession des outils technologiques de Batman entre autres, et de l’anneau de Simon (Jessica s’est retirée rapidement de la Ligue). On y suit aussi la famille de Diane Palmer, unique femme qui trouva la mort suite aux évènements du volume précédent (étonnant de savoir qu’il n’y a eu qu’une seule victime !).

L’explication « rationnelle » est peu convaincante mais a le mérite de montrer une scène entre les justiciers et une famille ordinaire, presque le temps d’un chapitre rempli principalement de dialogues entre ces « petites gens » et les icônes héroïques. Malheureusement, l’écriture est toujours aussi faiblarde et les scènes d’action ou de démonstration se succèdent sans réel intérêt, à l’instar du premier volume.

Aux dessins, on retrouve Neil Edwards en majorité mais aussi Jesus Merino, Matthew Clark et Tom Derenick. L’ensemble est tout à fait correct, sans faire de merveilles non plus (faute parfois à un encrage trop prononcé et un manque de détails). On retrouve à nouveau un certain sens de la démesure. Le débat publique autour de la Ligue de Justice est de plus en plus présent et devrait, en toute logique, déboucher sur quelque chose mais à ce stade on ne sait toujours pas.

Ce deuxième tome ne fait toujours pas avancer l’histoire générale (ni l’intégration de Superman, quasiment absent tout le long mais un peu l’évolution des deux nouveaux Green Lantern) : on stagne plus ou moins, reste certes des dessins sympathiques mais il manque toujours un élément narratif palpitant pour s’y plonger plus efficacement. Le premier volume, déjà moyen, était quand même mieux (grâce à sa partie graphique). À noter que les deux chapitres suivant de la série sont complètement déconnectés et se déroule dans le sympathique titre Justice League vs. Suicide Squad, vendu (à raison) comme un one-shot.

Tome 03 : Intemporel [JLR #14-19]

[Résumé de l’éditeur]
Une armée d’extraterrestres vient d’attaquer la Terre. Seule la Ligue de Justice, dernier rempart de l’humanité, semble être en mesure de les arrêter, mais ses membres ont été disséminés dans le temps, à des moments clés de leur histoire.

Ainsi, Wonder Woman est transportée lors de la naissance des dieux de l’Olympe, tandis que Cyborg est envoyé au XXXIe siècle, et tous ont un âpre combat à livrer, car s’ils échouent, les super-héros pourraient bien n’avoir jamais existé…

[Histoire]
Après avoir été coincé sous terre quelques temps, la Ligue repart plus soudée que jamais. Mais quand les membres sont séparés dans le temps à divers moments clefs de l’Histoire, chacun doit découvrir comment se sortir de cette situation…

Superman est le premier affecté. Sa femme Lois et son fils Jon disparaissent mystérieusement alors qu’ils mettaient de l’essence dans leur voiture. Au moment où l’Homme d’Acier perçoit que quelque chose se trame, Batman le supplie de ne pas intervenir et lui faire confiance ! L’étrange jeune femme Molly (qui semble observer la race humaine depuis longtemps et se nomme « la gardienne ») permet de communiquer avec tous les héros entre toutes les époques et leur donne des consignes…

[Critique]
Clairement le meilleur tome jusqu’à présent. Très dense et confus mais tout de même assez passionnant. Passons sur le premier épisode, très bien écrit mais décevant dans sa conclusion. On apprécie les échanges entre Batman « contre » la Justice League et la crise d’identité de Superman (qui arrive bien tardivement). Assez référencée (Superman – Requiem, Justice League International – Tome 5 (La Tour de Babel), Justice League vs. Suicide Squad…) mais sans être compliquée, cette introduction intitulée Rassemblement, permet quasiment de repartir sur une base « vierge » des récits passés, comprendre qu’on pourrait donc lire ce troisième volet comme si… c’était le premier.

Les cinq chapitres suivants donnent leur titre à la bande dessinée. Dans Intemporel, la Justice League doit donc contrer des agents « intemporels » dirigés par une entité mystérieuse du nom de Tempus. La force du récit réside dans son éclatement géographique et temporel des membres de la Ligue. En plus de Wonder Woman et Cyborg décrits dans le résumé de l’éditeur, ajoutons Aquaman dans l’Atlantide antique, les deux Green Lantern dans un futur lointain (XXVIème siècle) avec d’autres Green Lantern, Flash à Central City juste avant son accident et la création de la force véloce.

Enfin, Batman et Superman font front commun dans le présent, aidés par trois énigmatiques personnes (Alexis, Jane et Vincent) croisées lors d’un affrontement face à Rao. Une histoire publiée dans la série Justice League of America – de Bryan Hitch également – publiée dans le magazine Justice League Univers #2 à #9 et poursuivi dans Justice Ligue Hors-Série #2 – Récit Complet (Ascension – contenant un arc principal publié à l’époque chez un autre éditeur puis dans le sixième et dernier tome de Justice League of America en librairie).

Il est question de pierres magiques, de flux temporels, de fin du monde… Comme dans les tomes précédents : c’est assez bordélique voire peu compréhensible par aspect mais on se plaît à découvrir cette situation pour une fois plutôt originale et atypique. Si la résolution manque cruellement de séquences épiques ou tragiques – avec une promesse pour la suite – l’ensemble tient la route grâce à son rythme assez haletant et les dessins de Fernando Pasarin. Les visages sont parfois grossiers mais, encore une fois, le sens de la démesure de certaines scènes et un découpage assez fluide rendent le tout bien agréable, avec une colorisation très riche et variée.

[Conclusion de l’ensemble]
Cette série Justice League Rebirth n’est donc pas terrible du tout (à l’exception de son troisième tome qui relève un peu le niveau). Si la partie graphique de l’ensemble est plutôt correcte, que l’alchimie au sein de la Ligue fonctionne (à partir du second opus) et que les intrigues sont bien rythmées, il manque une histoire consistante et passionnante. C’est assez mal écrit, tout s’enchaîne sans qu’on comprenne réellement grand chose, rien est développé de façon intelligible et intelligente. Cette impression de survol narratif et de fausse complexité génèrent une lecture paradoxalement simpliste et pénible. Dans l’immédiat on déconseille donc les deux premiers volumes et on laisse une option sur le troisième si la suite tient ses promesses… Pour rappel, l’entièreté de la série a été publiée en six tomes, rendez-vous prochainement pour la critique commune des tomes quatre, cinq et six !

[À propos]
Sortie en France chez Urban Comics respectivement le 9 juin et 10 novembre 2017, puis le 9 mars 2018.

Scénario : Bryan Hitch
Dessin : Bryan Hitch (t.1 et 3), Tony S. Daniel (t. 1), Jesus Merino (t. 1 et 2), Neils Edwards (t.2), Fernando Pasarin (t.3), collectif (t.2)
Encrage : collectif
Couleur : collectif

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