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Gotham – Saison 02 (Seconde partie : Wrath of the Villains)

Page récapitulative de la série Gotham.

Après une excellente première partie (comportant encore certains défauts côté casting et écriture de personnages tout de même), que vaut cette seconde salve intitulée Wrath of the Villains (« La colère des méchants ») ?

L’histoire reprend peu après la fin de l’épisode précédent : Gordon est blanchi des accusations du meurtre de Theo Galavan et Le Pingouin est activement recherché (et rapidement trouvé puis enfermé à Arkham). La grande nouveauté est l’arrivée de Victor Fries/Mister Freeze (Nathan Darrow — assez moyen). Sans surprise, sa romance tragique avec sa femme malade (brillamment illustrée dans la série d’animation, les jeux vidéo de la saga Arkham et dans les comics) prend place aussi ici. Les effets spéciaux de ses armes et les victimes congelés sont plus réussis que les précédents effets visuels. Dommage d’avoir réellement « tué » Nora si tôt et de dévoiler un ennemi emblématique des années avant la véritable arrivée de Batman.

Cette deuxième partie est un peu plus décousue que la première mais il y a toujours des fils narratifs continus, le principal avec l’asile d’Arkham et son sous-sol des expérimentation du Dr. Hugo Strange (campé par le normalement très bon B.D. Wong, vu dans Oz et Mr. Robot notamment, mais qui n’excelle pas vraiment dans Gotham). On suit donc dans les premiers épisodes l’évolution de Freeze mais aussi la découverte d’un paternel pour le Pingouin (joué par Paul Reubens dans une ambiance mi-Tim Burton à nouveau — ça tombe bien, l’acteur incarnait Pee-Wee — mi-Famille Adams), une parenthèse pas extraordinaire et extrêmement prévisible (mais esthétiquement appréciable). On assiste aussi à la montée en puissance de Nygma, quasiment la naissance du Sphinx avec un plan machiavélique incroyable et puissant qui débouchera sur l’incarcération de Gordon à Black Gate ! Une situation inédite et passionnante, qui permet aussi de se réconcilier un peu avec le jeu d’acteur de son interprète (Benjamin McKenzie).

Du côté de Strange, présent dans quasiment tous les épisodes, c’est un petit peu la porte ouverte « à toutes les folies » puisque ses expériences arrivent, entre autres, à ressusciter des personnes et créer des monstres… Un point dommageable puisque cela permet toutes les possibilités scénaristiques inimaginables avec un risque de perte de crédibilité. Ça ne loupe pas puisque Galavan revient à la vie et devient… Azrael ! Si le traitement du personnage (en costume) est plus ou moins respectueux des comics, l’homme sous l’armure n’est plus crédible mais quand il la porte il est imposant, puissant et magnétique. On espère tout de même un jour l’arrivée de Jean-Paul Valley en successeur (même si, dans le cadre de la série, ce serait une fois de plus trop en amont — cf. paragraphe plus bas). À signaler aussi, le retour (sans surprise) de Barbara Kean dans un double-jeu toujours aussi ridicule. Tout comme le couple improbable Butch/Tabitha… Sans réelle stupeur également, Fish Mooney revient avec en plus un « super-pouvoir » (on apprend quand même qu’elle était réellement morte). Difficile d’adhérer à 100% à ces renaissances et aux fameux « lavages de cerveau », c’est un parti pris facile, peu créatif, pas forcément crédible et plutôt dommage. On déplore aussi l’évolution trop risible de Firefly, pourtant bien amenée dans la première partie.

On retient donc de ces 11 épisodes principalement l’évolution de Nygma, les quelques scènes de combat d’Azrael en armure, le séjour de  Gordon en prison, la découverte du meurtrier des parents de Bruce Wayne et l’avancement de ce dernier dans son combat pour la justice avec les terribles contraintes « légales » (ainsi que son admiration en voyant un costumé en cape, Azrael donc). Son apprentissage continue malgré lui et, là aussi sans grande surprise pour les connaisseurs des comics, la Cour des Hiboux est bel et bien annoncée (et devrait en toute logique être au cœur de la saison suivante). Les bonnes résolutions (et révolutions ?) du show se situent dans le casting de cette seconde saison avec les personnages de Nathaniel Barnes (Michael Chiklis) et Lucius Fox (Chris Chalk). Tout d’abord ils apportent un nouveau souffle de « bien », Gordon (et Wayne) ne sont plus les uniques artisans à œuvrer pour ce qu’ils estiment être la justice (au détriment de la loi). Ensuite, ils sont très justement interprétés, et enfin, les acteurs sont très charismatiques (se référer à cet article pour la liste de tout le casting et les appréciations de chacun).

Si Gotham a plusieurs défauts (déjà listés plus haut et dans les anciennes critiques) et que cette seconde partie de saison 2 s’essouffle un peu (il y a de bons moments tout de même, comme ceux évoqués plus haut), il faut reconnaître au show une certaine qualité sur le rythme (il n’y a jamais de temps mort), sur la photographie qui est toujours très soignée et sur la direction artistique plutôt correcte pour une série de ce calibre. On apprécie par exemple l’extérieur d’Arkham qui rend un bel hommage aux versions déjà connues. Les plus cinéphiles ou serievores aimeraient certainement un côté plus travaillé et original sur la mise en scène mais ce n’est pas très grave. Idéalement, à l’instar de la première saison, le nombre d’épisodes devrait être diminuer (16 ou 18) pour gagner encore plus en efficacité.

En prenant un recul nécessaire et avec un prisme de lecture axé « fan de Batman », on se doit de souligner une certaine inquiétude vis-à-vis de l’anticipation extrême de Gotham. Si l’on se fit à la chronologie plus ou moins officielle, les premiers pas du Chevalier Noir dans son costume ne doivent arriver que dans une dizaine d’années au minimum (quand Bruce a 21/22 ans). Bien sûr dans le cadre de la série télévisée — qui reste une adaptation avec donc des auteurs libres de s’inspirer des comics mais ne pas suivre à la lettre ce qu’ils estiment ou non, évidemment — il se peut que Bruce Wayne enfile sa cape plus tôt. Mais tout de même… plusieurs de ses ennemis emblématiques sont déjà présents (certains étant de base plus âgés que lui, cela fait bien sûr sens de les croiser déjà). Quelques uns ne sont pas encore affublés de leur véritable alias, d’autres ne sont même pas encore clairement des « méchants » mais beaucoup existent (ennemis mineurs ou majeurs) une décennie avant l’arrivée de Batman.

Le Pingouin, le Sphinx (Edward Nygma), Hugo Strange, Gueule d’Argile (apparu en fin de saison 2), Mr Freeze, Victor Zsasz, l’Électrocuteur (qui était risible en saison 1), Flamingo sont déjà là. Il y aussi la mafia et la police corrompue avec Loeb, Falcone et Maroni par exemple. Certains sont également montrés en tant qu’enfants ou adolescents comme Poison Ivy, L’Épouvantail, Firefly, Silence (Tommy Elliot) et d’autres évoqués par leur père comme Romain Sionis (donc Black Mask) et à nouveau Jonathan Crane (l’Épouvantail). On peut citer également Harvey Dent (Double-Face) qui est déjà présent et bien sûr Selina Kyle (Catwoman) même si ces derniers sont plutôt des « gentils » ou, au pire, des antagonistes (tout comme Azrael dans sa version définitive si elle vient un jour). Reste le Joker, qu’on a vu dans sa version « proto » et éventuellement Killer Croc, aperçu au détour d’un plan en fin de saison 2 (mais aucune confirmation que c’était bien lui). Et tout cela en moins de 45 épisodes ! C’est vraiment… énorme. Même si certains ne sont pas encore des ennemis ou ont encore un long chemin à suivre pour s’émanciper pleinement, nul doute que la série en montre « trop » et « trop vite ». Parmi les têtes connues les plus représentatives de la galerie de vilains de Batman, il ne reste (déjà) plus que Bane, le Chapelier Fou, Harley Quinn, Ra’s al Ghul et éventuellement Man-Bat et le Ventriloque. Soit à peine six (dont trois/quatre qui interviendront dans les saisons 3 et 4 si on a été attentif aux bandes-annonces et teasers), outch… La série doit prendre son temps, comme elle le fait brillamment avec le Pingouin et Nygma ; elle a à sa disposition une forte liste d’ennemis potentiels à utiliser, il faut piocher dedans avec parcimonie plutôt que de vouloir tous les montrer absolument ou d’en créer des ridicules.

C’est en cela que Gotham peine aussi toujours à convaincre réellement, par ce côté « fan-service » pas forcément utile. Il y a des aspects négatifs qui ont été très bien corrigés (le rythme et l’écriture), d’autres qui sont délicats à améliorer (le jeu d’acteurs de quelques-uns) et certains qui se doivent d’être gommés et remplacés par de meilleurs éléments, comme ce fut le cas, avec parcimonie, dans cette deuxième saison (suppression de personnages, focalisation sur les évolutions…).

En conclusion cette nouvelle salve d’onze épisodes est en-dessous des onze premiers mais comporte de sacrés bons moments de fulgurance. Globalement, cette deuxième saison s’en tire plus que bien et balaye sans problème la première qui cumulait trop de défauts. On est donc toujours en très bonne voie, le show a trouvé ses marques et s’améliore. En espérant que des ajustements qualitatifs arrivent en saison 3 mais on est clairement sur une série qui pourra passer plus facilement la postérité si les auteurs conservent le ton de cette saison 2 et, surtout, s’ils peaufinent les quelques défauts inhérents toujours présents.

Gotham – Saison 02 (Première partie : Rise of the Villains)

Page récapitulative de la série Gotham.

Après une première saison en demi-teinte mais qui s’améliorait sur la fin, que vaut cette première partie de la saison 2 (soit 11 épisodes), intitulée Rise of the VillainsLa montée des méchants ») ? Globalement c’est nettement mieux, clairement ! Toujours de petits défauts inhérents au genre mais tout est déjà (largement) plus appréciable qu’auparavant. Explications

gotham season 2

Quelle est la situation en début de saison deux ? Le show s’ouvre sur la suite de la scène finale de la précédente, à savoir la découverte d’une pièce souterraine sous le bureau de Thomas Wayne (prémices de la Batcave ?). Celle-ci fera l’objet d’investigation de la part de Bruce et d’Alfred, avec la complicité de Lucius Fox, brièvement introduit en fin de saison 1. Côté GCPD, Gordon et Bullock (qui a raccroché un bref temps) continuent leur combat. Le plus intéressant se situe du côté de Jim Gordon, qui a du « faire quelque chose de mal », donc mettre sa moralité de côté, pour réintégrer pleinement le service de police. Cet aspect est parfois relaté dans les comics et enlève la patte un peu manichéenne qui guide le futur commissaire. C’est une évolution importante à suivre de très près. L’arrivée d’un nouveau chef de police intègre, Nathaniel Barnes (impeccable roc Michael Chiklis), relance efficacement l’histoire de ces fameux  protecteurs de Gotham. La petite équipe de jeunes recrues (toujours au GCPD) est, en revanche, assez anecdotique : pas le temps de s’attacher à eux et certains meurent rapidement.

Chez les « méchants », le Pingouin assouvit son règne avec la complicité de Victor Zsasz (qui était une des réussites de la saison 1). Pour rappel : Falcone s’est rangé, Maroni est mort, tuée par Mooney Fish et cette dernière disparue pour l’instant (Copplebot l’avait poussée d’une tour et Fish avait atterrie, blessée, dans l’eau) — nul doute qu’elle reviendra (et c’est dommage, le show gagne en qualité sans elle).  Edward Nygma poursuit sa métamorphose en futur Sphinx lentement mais sûrement. L’homme, qui travaille pour le GCPD et est collègue de Gordon, est quasiment schizophrène (ou plutôt a un trouble de la personnalité multiple). Une approche assez étonnante (car éloignée des comics et plutôt orientée pour Double-Face normalement) mais qui fonctionne bien.

La nouveauté se situe dans deux nouveaux personnages inédits : Théo Galavan (très réussi) et sa sœur Tabitha (nettement moins). Tous deux libèrent six prisonniers d’Arkham et ont un plan pour faire régner la terreur dans Gotham avec un autre but caché. Parmi les criminels qui les rejoignent, le fameux Jérôme, aperçu le temps d’un épisode en première saison, qui est clairement un Joker en devenir. C’est l’électron libre qui insuffle une certaine originalité et fascine par sa folie (et ne fait pas semblant d’être « méchant »). Barbara Kean fait aussi partie de cette étrange équipe ! Une grosse surprise puisque l’ex-compagne de Gordon est soudainement devenue une folle meurtrière (à priori elle a tué ses parents mais on n’a jamais su si c’était vraiment elle) et s’en réjouit. C’est clairement le personnage le moins réussi pour l’instant et en terme de cohérence et plausibilité on repassera (pour elle et quelques autres scènes de la série parfois peu crédibles — un aspect à mettre volontairement de côté pour ne pas s’attarder sur les défauts de Gotham, cf. paragraphe plus loin).

Arrivé au onzième épisode (le dernier de Rise of the Villains), on a clairement vu un véritable feuilleton, c’est-à-dire des épisodes qui se suivent et se regardent d’une traite à la suite. Fini les épisodes stand-alone avec un ennemi un peu ridicule (il en demeure encore un ou deux), il y a désormais un véritable fil rouge narratif qui se situe principalement avec l’ascension du futur maire Galavan et ses connexions avec d’autres ennemis qui en découlent (avec, bien sûr, les à côté déjà listés : Nygma meurtrier, Wayne et Alfred…). Les fondations et origines de la ville de Gotham sont très souvent évoquées (rappelant brièvement, avec les notions de cinq familles puissantes et influentes, Les Portes de Gotham) et amèneront sans doute à la Cour des Hiboux (dont la création est relativement récente sur papier). Pour l’instant, contre toute attente, ce sont les moines de l’Ordre de Saint-Dumas (!) qui s’y collent. L’ombre d’Azrael n’est pas loin… Mais les rituels archaïques gravitant autour sont un peu « too much » et, hélas, le grand final autour d’un combat normalement épique est clairement raté. Dommage car l’équipe atypique de Gordon était excellente ! Dommage donc, mais pas grave (ça ne représente même pas 1% de la durée des 11 épisodes).

Parmi les petits rôles emblématiques, citons une version féminine de Firefly plutôt convaincante, quelques apparitions modestes de Harvey Dent, qui poursuit discrètement sa route en tant que procureur et allié de Gordon, une jeune Silver St. Cloud étonnamment rivale avec Bruce (et non amie comme dans les comics mais cela pourra arriver par la suite) et l’ennemi cannibale Flamingo (créé par Grant Morrisson mais un peu raté dans sa version télévisuelle).  Cette première partie de saison montre aussi davantage de violence et scènes « gore », ce qui n’est pas plus mal. Non pas qu’il faille absolument en dévoiler pour être un gage de qualité (au contraire), mais un minimum pour cadrer le récit dans un contexte « sombre et violent » (et non plus ou moins « grand public » comme l’était la première saison qui avait du mal à trouver un équilibre adéquat et situer le genre de son récit de façon tranchée).

Les points négatifs sont nettement moins nombreux qu’en première saison. Il est dommage d’avoir sacrifier Jérôme, le « proto Joker » si rapidement (même si l’acteur, plutôt bon au demeurant, en faisait des tonnes) avec une mort étrange en terme de répercussions puisque son « rire » et son « aura maléfique » semblent se propager. Cette espèce d’attribut appartenant au registre fantastique (et non science-fiction) détonne un peu mais la série l’a déjà plus ou moins utilisé également en début de saison (avec un improbable « souffle violet magique » qui aboutissait sur la libération des prisonniers d’Arkham). Il serait bien que Gotham statut d’ailleurs définitivement si elle bascule dans le thriller voire un peu la science-fiction ou si elle embrase carrément le fantastique (donc la magie principalement). À l’instar des comics, c’est une voie extrêmement fragile à exploiter dans l’univers de Batman tout en essayant de rester plausible avec le côté très « réel, brut et urbain » de la série (encore plus dans sa version TV).

Au rayon des improbabilités, justement, mieux vaut fermer volontairement les yeux sur plusieurs autres séquences : l’attaque du commissariat, son « rétablissement » rapide, Nygma qui s’y ballade jour et nuit sans attirer les soupçons et en y découpant et posant des cadavres, la nomination du maire (Galavan) en deux jours… C’est un peu dommage mais ce sont réellement les « seuls défauts » importants de cette première moitié de saison. Les autres relèvent du casting et sont déjà connus depuis le début de la série. Les deux acteurs principaux, Ben McKenzie (Jim Gordon) et David Mazouz (Bruce Wayne), manquent toujours d’un certain charisme et restent très « clichés ». On ne croit pas une seule seconde au jeu d’Erin Richards (Barbara Kean), pas aidée avec l’évolution rocambolesque de son rôle. La nouvelle venue Jessica Lucas (Tabitha Galavan) peine aussi à convaincre (là aussi c’est moins évident tant son rôle étant assez réducteur et ridicule). Tout le reste de la distribution continue d’assurer : Robin Lord Taylor en Pingouin, Donal Logue en Bullock, Sean Pertwee en Alfred, Cory Michael Smith en Nygma (pour peu qu’on accepte la trajectoire donnée à ce personnage particulier), Morena Baccarin en Leslie Thompkins (la bonne trouvaille du show en plus de donner une vraie consistance sur ce docteur future alliée de Batman), Drew Powell en Butch, le second couteau du Pingouin, James Frain, le convaincant et charismatique Theo Galavan (grand atout de cette seconde saison), Chris Chalk en pragmatique Lucius Fox, Natalie Alyn Lind en jeune Silver St. Cloud, Anthony Carrigan en effrayant Victor Zsasz (bien qu’un peu différent aussi de sa version papier) et, enfin, Michael Chiklis, déjà cité, en nouveau chef de police Barnes. Seuls Nicholas D’Agosto (Harvey Dent) et Camren Bicondova (Selina Kyle) sont toujours en demi-teinte, parfois convaincants, parfois pas du tout. Jada Pinkett Smith (Fish Mooney) et Clare Foley (Ivy) sont absentes et ce n’est pas plus mal car elles étaient une des faiblesses de la saison précédente.

En conclusion, Rise of the Villains est une franche réussite — non dénuée de petits défauts certes mais le show trouve enfin sa (bonne) voie — qu’on prend plaisir à suivre (à l’inverse de la saison 1). On retient beaucoup de séquences marquantes : les trois premiers épisodes avec Jérôme, le plan de Galavan, la « chute » du Pingouin, le tournant radical de Nygma (et son couple éphémère très touchant), le GCPD moins corrompu, des associations excitantes entre protagonistes (Gordon et Le Pingouin, Gordon et Alfred, Firefly et Selina, Nygma et Le Pingouin, Lucius et Bullock…),  etc. Techniquement parlant, quelques plans se détachent même du lot, un focus sur le visage Gordon lors d’une course-poursuite, une symétrie soignée dans la composition de l’image, le travail de lumière (verte pour Nygma par exemple) et ainsi de suite. On retrouve aussi un peu le côté « burlesque » (par sa musique et le rôle à l’écran) cher à Tim Burton dans ses deux films. Bref, les déçus de la première saison (dont l’auteur de ces lignes) doivent sans hésiter attaquer cette seconde salve pour « enfin » trouver une série plus passionnante et réussie !

La fin de l’épisode 11 annonce quelques éléments importants à venir : Hugo Strange qui œuvre dans l’ombre, Fish Mooney brièvement aperçue, l’arrivée de Mr. Freeze (déjà amenée avec le givre sur le logo de Gotham). La suite, Wrath of the VillainsLa colère des méchants »), est constituée des onze épisodes suivants (11 à 22) et est chroniquée sur cet article.

Gotham – Saison 01 (Seconde partie)

Page récapitulative de la série Gotham.

Gotham TV Serie

La première partie de la saison une (10 épisodes — qui ont tous été chroniqué un par un, cf. l’index de la page récapitulative) comportait quelques points forts : le binôme efficace Gordon/Bullock, le personnage du Pingouin, un Alfred très autoritaire et pas forcément au « bon » code moral, quelques originalités (Nygma qui travaile au GCPD, Selina Kyle témoin oculaire du meurtre des Wayne, etc.) et… c’est à un peu près tout. La série cumulait beaucoup trop de défauts : pas de fil rouge narratif mais « un méchant par épisode », des sous-intrigues totalement inintéressantes ou mal jouées, un peu de « fan-service » mal amené ou incohérent, aucune subtilité dans les références à la mythologie de Batman, quelques effets spéciaux un peu « cheap », une violence volontairement atténuée, etc. En somme l’ensemble de ces épisode était moyen, le résultat mitigé avec un constat évident : Gotham ne savait pas se situer entre le ton adulte « très sombre et violent » et le ton plus léger, disons « plus grand public ».

La seconde partie (12 épisodes) gagne en intensité et en écriture. Il y a toujours les mêmes soucis mais les scénaristes se sont davantage concentrés sur un ensemble « qui se suit » même si on est encore loin d’avoir un côté feuilleton plus prononcé (et réussi). Côté histoire, outre les quelques ennemis éphémères ridicules (le gang Red Hood qui fait honte à ses inspirations comics), on peine toujours autant à s’attacher à Fish Mooney ; sa trajectoire est d’ailleurs peu cohérente et casse le rythme de la série (par ailleurs plutôt bien équilibré — la quarantaine de minutes passe toujours relativement vite sans temps mort). L’arc sur Barbara Kean (la compagne de Jim Gordon), voire carrément le personnage, est toujours aussi horripilant et guère passionnant ; mention spéciale quand elle est avec ses jeunes copines Ivy et Selina.

Le traitement d’écriture des enfants reste, justement, un des points faibles du show. Plusieurs raisons à cela : il apparaît évident que les rôles des enfants sont écrit comme s’ils étaient (déjà) des adultes. C’est la première erreur de travail des scénaristes. Il est difficile d’accorder une certaine crédibilité à ces jeunes rôles tant on veut montrer aux spectateurs que les personnages qu’ils incarnent sont déjà ceux que l’ont connait d’eux « par la suite ». Ainsi, Bruce Wayne est un Batman en devenir, même chose pour Selina en Catwoman. Gotham a l’immense privilège de pouvoir prendre son temps pour développer ces enfants et montrer leur évolution mais ne joue pas vraiment là-dessus (surtout dans sa première moitié de saison, le tir étant un peu corrigé dans sa seconde).

Autre aspect pénible : beaucoup de futurs ennemis du Dark Knight existent déjà alors qu’ils pourraient rester dans l’ombre (c’est encore le cas de quelques uns bien sûr), ou bien leurs pères sont déjà « des méchants » et ce sont leur fils qui seront, dans un futur proche, les fameux vilains emblématiques qu’on connait (Romain Sionis/Black Mask, Jonathan Crane/L’Épouvantail…). Le double épisode consacré à L’Épouvantail comportait de très bons moments et d’autres complètement ratés…

Heureusement, les points forts de la première partie de la série sont toujours présents et sont même amplifiés, avec quelques ajouts bienvenus. C’est ainsi que le personnage de Leslie Thompkins s’invite rapidement et génère une empathie naturelle. De plus, son histoire d’amour avec Jim Gordon est bien plus plausible et intéressante que celle avec Barbara. Le petit monde mafieux (Maroni et Falcone) s’éloigne un peu plus pour se (re)concentrer sur le Pingouin qui livre, une fois de plus, les épisodes les plus passionnants du show. L’homme étant toujours aussi habile manipulateur et jonglant entre les camps, tout en étant proche de Gordon. Ce dernier gagne aussi en intérêt malgré son interprète peu charismatique. Il évolue toujours dans cette Gotham (très réussie esthétiquement) corrompue et poisseuse. À ses côtés : Edward Bullock, toujours impeccable et indispensable, Edward Nygma, sombrant lentement mais sûrement vers une folie certaine, et Harvey Dent de temps en temps, pas spécialement bien campé mais ajoutant un allié de choc. Montoya et Allen, deux agents de confiance du GCPD (inspirés de New Gotham et Gotham Central) sont malheureusement devenus des figurants. Bien évidemment cela peut (et doit) changer par la suite.

Du reste, on continue d’apprécier la figure morale d’Alfred, bienveillante mais mystérieuse et autoritaire (rappelant la version du majordome dans Terre-Un) et la petite évolution de Bruce (l’acteur est toujours un peu agaçant quand même) au sein des entreprises Wayne. L’épisode 16 est également une petite réussite puisqu’il met en scène les futurs parents de Dick Grayson (le premier Robin) qui travaillent avec un certain Jérôme, clairement le Joker en devenir. Autre personnage récurrent dans la mythologie de Batman : Lucius Fox, qui effectue ses timides premiers pas dans l’épisode 21 mais qui, lui aussi, plutôt convaincant et inaugure idéalement un fort allié potentiel pour la suite. D’un point de vue technique, la série soigne sa photographie, ses décors et ses costumes. La mise en scène reste globalement très convenue et on sort rarement des classicismes inhérents au genre télévisuel (n’est pas une production HBO qui veut).

En conclusion, la seconde partie de la saison un se poursuit vers une meilleure direction que la première. Les éléments négatifs sont gommés petit à petit (mais encore trop présents) et la série prend une tournure plus « violente et sanglante » (et montrée à l’écran, il faut le souligner), donc un ton plus adulte clairement bienvenue. De même, on se dirige vers des épisodes davantage reliés entre eux plutôt qu’indépendants, ce qui est une très bonne chose. L’ensemble de l’intégralité de la saison est donc moyen mais pas spécialement « fascinant » à tout prix. Toutefois, la dernière partie étant plus réussie que la première, il y a de bons espoirs pour que la deuxième saison gagne en qualité après ces débuts bancals mais prometteurs (même si cela a pris trop de temps — 22 épisodes !). À ce titre, Gotham gagnerait sans aucun doute à être réduit à 13 ou 16 épisodes (comme prévu initialement) plutôt que cette grosse vingtaine (cet aspect sera plus ou moins respecté par la suite puisque les futures saisons seront scindées en deux parties bien distinctes d’une douzaine d’épisodes).