Archives de catégorie : Batgirl

Batgirl – Tome 03 : Jeux d’esprit

Suite et fin des « nouvelles » aventures de Batgirl avec un parti pris graphique et narratif étonnant (parfois déroutant). Les deux premiers tomes étaient sympathiques (surtout le premier, le second étant lié à beaucoup d’autres séries en parallèle), que vaut cette conclusion ?

[Résumé de l’éditeur]
Pour se sortir des situations les plus compliquées, Batgirl a toujours utilisé sa meilleure arme : son esprit. Mais alors que Burnside est à nouveau en danger, Barbara Gordon va devoir faire face à un adversaire des plus rusés… puisque celui-ci lui vole ses secrets et ses souvenirs, les retournant contre elle. Avec ses meilleurs amis et alliés, Spoiler, Black Canary et Nightwing, Batgirl va devoir affronter le pire ennemi qui soit pour empêcher de voir sa ville dévastée par les flammes… [1]

[Histoire]
Barbara est confrontée à des pertes de mémoire et à une altération de ses souvenirs. Derrière cette manipulation mentale se cache Fugue, une mystérieuse personne qui apparait dans les cauchemars de la jeune femme.

Pour la combattre et pour continuer de résoudre les délits du quotidien, Batgirl est accompagné de Dinah Lance, alias Black Canary mais aussi Stephanie Brown, aka Spoiler, ou encore Harper Row, la récente justicière nommée Sialia (anciennement Bluebird). Un trio féminin de choc auquel s’ajoute Frankie, colocataire de Barbara qui travaille à distance avec elle.

[1] Malgré ce texte sur le site de l’éditeur et en quatrième de couverture du livre, Nightwing n’apparaît pas du tout dans ce troisième livre. Sialia/Bluebird fait partie de la distribution des alliées, ainsi que Vixen tout à la fin.

[Critique]
Les sept derniers chapitres de la série Batgirl (#46-52) s’enchaînent à une vitesse folle. Les cinq premiers (se terminant au #50 — allongé pour l’occasion) sont très inégaux à tous points de vue. D’un côté le récit se vautre dans l’improbable tout en reconnectant certains anciens épisodes. Ainsi les ennemis croisés depuis le début de l’aventure se retrouvent et affrontent Batgirl et ses alliées, le temps de belles affiches graphiques mais suivi d’un combat expéditif en quelques cases (tout va beaucoup trop vite, c’était déjà le cas auparavant, c’est encore pire ici)…

D’un autre côté, les dessins sont assurés par une myriade d’artistes différents aux styles plus ou moins reconnaissables (Babs Tarr, Eleonora Carlini, Moritat, Horacio Dominguez, Roger Robinson, Ming Doyle, James Harvey, John Timmes et Minkyu Jung se partagent l’encrage et les dessins de l’entièreté du tome !). En résulte une impression mitigée : on a du mal à croire aux implants et autres mémoires transformées à base de lavage de cerveaux express et autres manipulations mentales… On s’était d’ailleurs éloigné de cet aspect un brin SF après le premier volume avant de retomber dedans maladroitement.

Les deux derniers (#51-52) donnent suite au chapitre annual #3 du tome 2 dans lequel on découvrait Gladius et son organisation. Entre temps, Barbara Gordon a eu le temps de monter sa société Gordon Energies (on est bien loin des problèmes d’argent d’étudiante du premier tome) et sa relation avec Luke Fox bat de l’aile (impossible d’y croire tant on les a peu vus ensemble et que leur idylle a été précipitée au détriment des anciennes). Une fois de plus, la série est connectée avec une autre : encore Gotham Academy (Brenden Fletcher scénarise les deux titres — avec Cameron Stewart pour Batgirl, tous deux moins inspirés pour cette ultime salve)… Là aussi cela devient pénible à force, on aurait préféré que la narration se concentre sur Barbara.

En synthèse, on a perdu en intérêt sur beaucoup de plans : les petits tracas du quotidien de Barbara sont plus ou moins éclipsés, on a déjà oublié le nom de tous ses ennemis et sa nouvelle équipe féminine, séduisante par bien des aspects, est plutôt dissolue en conclusion puisque la jeune femme s’émancipe (forcément) de Burnisde et quitte son appartement (sans qu’on comprenne d’ailleurs ses motivations). Fini les aventures avec Frankie à distance (son amie handicapée en fauteuil roulant répondant au nom banal « d’opératrice » — et rappelant furieusement l’époque Oracle, faible originalité) et son groupe d’amis…

Ce troisième volume est donc sans aucun doute le plus faible de la série, conservant quelques qualités tout de même : un rythme efficace, des protagonistes attachants, une héroïne au capital sympathie évident, une identité graphique et visuelle qui dénote avec le reste des productions, etc. Mais niveau scénario pur et dur, on espérait mieux pour la fin : quelque chose de plus épique ou à l’inverse de plus intime mais pas cette impression mi-figue mi-raisin, sans enjeux particuliers…

C’est dommage car cette nouvelle ère était fraîche, originale (toutes proportions gardées), colorée et plaisante. C’est (nettement) moins le cas ici, on est lassé de voir que l’évolution de l’ensemble est au mieux maladroite, au pire risible. A quand de « vraies » aventures d’un groupe féminin comme celui-ci mais avec des combats s’étalant sur plusieurs planches ? Avec de l’investigation plus longue, des ennemis plus passionnants ? On retiendra donc principalement le premier tome de Batgirl, accessible et singulier — plus osé qu’audacieux — que ce troisième.

[A propos]
Publié le 18 août 2017 cher Urban Comics

Scénario : Cameron Stewart & Brenden Fletcher
Dessin & encrage : collectif (voir article)
Couleur :Serge Lapointe, Lee Loughridge, James Harvey

Traduction : Mathieu Auverdin
Lettrage : Stephan Boschat

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Cinq affiches de combat parsèment le chapitre #50.
Belles et proches d’une séquence d’animation, elles « tombent à l’eau » cinq cases plus loin quand ledit affrontement est terminé…

Batgirl – Tome 02 : Affaires de famille

Après un premier volume séduisant qui prenait un tournant radical avec les précédentes aventures de Barbara et Batgirl, que vaut cette suite ?

[Résumé de l’éditeur]
Un nouveau Batman vient d’arriver en ville, et ce n’est pas vraiment du goût de Barbara Gordon. Son quotidien était déjà suffisamment mouvementé. Sa colocataire, Frankie, fait désormais partie intégrante de sa double vie et se retrouve par conséquent exposée à de nouveau dangers. Difficile de mener une vie normale d’adolescente lorsqu’on est aussi une super-héroïne.

[Histoire]
A Burnisde, Barbara continue de mener sa double vie avec la complicité de sa colocataire Frankie. James Gordon rend visite à sa fille et lui révèle qu’il est le nouveau Batman, celui qui contrôle une armure high-tech et officie avec le GCPD.

Décontenancée, la jeune femme hésite à lui révéler qu’elle est Batgirl

En ville, une antagoniste refait apparition : Electra.

[Critique]
L’ouvrage se décompose ainsi : un prologue (DC Sneak Peak : Batgirl), deux chapitres de la série Batgirl (#41 et #42), le troisième épisode annual, trois autres chapitres (#43 à 45) puis un épisode spécial détaché du reste et assez inutile (Batgirl Endgame #1) — on y reviendra.

Le début de ce deuxième volume est plutôt plaisant, on apprécie retrouver la relation père/fille entre James et Barbara, surtout vu le contexte avec James Gordon devenu le nouveau Chevalier Noir. Mais cela pose aussi certaines limites : cette connexion avec les deux derniers tomes de la série Batman (La Relève) perd probablement en intérêt pour les lecteurs qui n’ont pas suivi l’évolution du célèbre commissaire. Difficile de s’imaginer l’ancien policier rasé de près, svelte et musclé endosser cette armure incroyable… Et on s’interroge toujours : comment diable le paternel ne comprend toujours pas que sa fille est Batgirl ?!

L’épisode annual est lui aussi relié à d’autres comics de l’univers Batman. Tout d’abord à Grayson puisque Batgirl côtoie Dick (censé être mort dans le tome 7 de la série Justice League). Va-t-elle reconnaître son ami qui travaille à ce moment-là pour l’agence Spyral sous l’égide de Huntress ? Ensuite à Catwoman Eternal (complète en deux tomes) suite à sa rencontre avec Spoiler (Stephanie Brown) qui surgit un peu de nulle part. Enfin, après avoir croisé Batwoman, c’est avec la série Gotham Academy (terminée en trois volumes) que se créée une énième passerelle (cette série est d’ailleurs scénarisée par Brenden Fletcher, qui travaille aussi sur Batgirl).

Toute la première moitié du livre est globalement efficace mais parsemée d’allusions à d’autres séries ; difficile donc de tout comprendre si l’on n’est pas familier avec l’univers. Pas de quoi être perdu complètement non plus mais il est dommage de ne pas bénéficier d’une indépendance totale dans ce genre de récit. Quid à ce moment précis des relations amoureuses de Barbara ? Il n’a toujours pas été fait mention de ses flirts et son ancien (ou actuel ?) petit ami vu dans le premier tome. Un peu dommage, surtout quand on lit tout à la suite… C’est désormais Luke Fox, fils de Lucius, qui est la nouvelle caution romance de Barbara, principalement dans le dernier tiers de la bande dessinée.

Le reste du titre montre les préparatifs du mariage d’Alysia, l’ancienne colocataire de Barbara (vu dans les chapitres publiés en kiosque et non en librairie), avec sa copine Jo. Barbara aide son amie à s’organiser tout en enquêtant sur une attaque de tigre (!) chez Lux Tech, filiale technologique de Lucius Fox. L’avant-dernier chapitre montre ce fameux mariage et commence dans une veine hyper « girly » avant d’être nettement plus émouvant grâce au retour de Dick et ses retrouvailles avec Barbara. On aime aussi voir une romance et un baiser entre deux personnes du même sexe dans une bande dessinée « mainstream », un point fort de la série, indéniablement.

Comme brièvement évoqué, l’ultime épisode est (encore) connecté à la série Batman, mais cette fois à une tranche d’histoire qui se déroulait plus tôt, à savoir Mascarade. Le Joker ayant libéré ses toxines dans la ville, Batgirl sauve une citoyenne en proie à la folie des habitants de Gotham, le tout dans une aventure entièrement muette (déjà chroniquée ici). Complètement anecdotique et non reliée au reste de la série… On peut approuver le choix de l’éditeur de proposer une forme d’intégralité de Batgirl en librairie tout en déplorant l’aspect « pot pourri » de regrouper des arcs narratifs trop décousus du reste.

Si le premier tome manquait cruellement d’action, c’est l’inverse ici : on suit davantage Batgirl que le quotidien de Barbara. Espérons que le troisième et dernier opus de la série trouvera le bon équilibre entre les deux. Au global, Affaires de famille n’est ni meilleur ni moins bon que Bienvenue à Burnside, il est dans la droite lignée de ce dernier, compilant des chapitres éparses et parfois moins passionnants à cause de leurs allusions à d’autres séries. Un léger manque d’unité narrative à l’inverse du précédent volume donc. En revanche, et à l’instar cette fois du premier opus : on retrouve toujours des ennemis vite survolés, vite oubliés, c’est aussi dommageable (mais c’est un parti pris). L’objectif est (encore et toujours) de se démarquer de l’image un peu plus sombre de l’époque d’Oracle puis des évènements sanglants de la première ère Renaissance. Le lectorat ciblé est bien sûr « jeune », idéalement féminin voire un peu geek, mais ça passe quand même pour les autres s’ils sont moins exigeants ou adeptes de ce ton radicalement différent (une fois de plus : ne pas s’attendre à de la grande violence ou dramaturgie, ce n’est clairement pas le but ici).

Plusieurs dessinateurs se succèdent mais sans gâcher une homogénéité graphique (voir ci-après) donc on retrouve l’esprit pop, aérien, très coloré et « frais » qui contribue à l’identité visuelle de Batgirl et cet aspect peu commun à une série du genre. L’équipe créative est la même à l’écriture (le duo Cameron Stewart et Brenden Fletcher) et côté dessin quelques changements : on retrouve bien Babs Tarr la majeure partie du comic, aidée de Joel Gomez parfois et quatre autres artistes sur l’annual : Bengal, David Lafuente, Ming Doyle et Mingjue Helen Chen. Bengal est seul sur le chapitre #44 et le Endgame, il s’agit d’un dessinateur français ! Il contribue aussi à amener sa patte dans cette étonnante relecture acidulée et dynamique de la jeune justicière.

[A propos]
Publié chez Urban Comics le 29 avril 2016. Précédemment publié dans Batman Univers #1 à #7 (mars à août 2016).

Scénario : Cameron Stewart & Brenden Fletcher
Storyboard : Cameron Stewart
Dessin : Babs Tarr
Encrage : Babs Tarr
Couleur : Maris Wicks

Traduction : Mathieu Auverdin
Lettrage : Stephan Boschat

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Batgirl – Tome 01 : Bienvenue à Burnside

Après les critiques des chapitres #01 à #34 (et quelques compléments) de la série Batgirl sous l’ère New 52 — qui ont tous été publiés dans le magazine Batman Saga en France (mais pas en recueil en librairie) — place à la « suite » (qui est surtout un nouveau départ) avec les chapitres #35 à #40 (et Secret Origins #10) qui composent ce premier tome (sur trois) de la série sobrement intitulée en France chez Urban Comics Batgirl, point d’entrée idéal avec Batgirl – Année Un pour découvrir un récit entièrement centrée sur l’héroïne. Mais attention, le personnage et son univers changent radicalement dans cette aventure… Explications.

[Résumé de l’éditeur]
Lorsque les ennuis pointent le bout de leur nez, Barbara Gordon n’est pas du genre à abandonner ses vieilles habitudes. Alors, quand un terrible incendie la prive de tout ce qu’elle possédait, la jeune femme saisie l’opportunité de repartir à zéro. Tout comme le reste de la jeunesse branchée de Gotham, elle s’installe dans le quartier chic de Burnside et profite de ce renouveau pour redéfinir le style et les méthodes utilisées par son alter ego Batgirl. Mais changer d’environnement ne réduit pas pour autant les menaces et dangers quotidiens de l’héroïne.

[Histoire]
Le lendemain du déménagement de Barbara à Burnside (quartier branché de Gotham), la jeune femme se réveille avec une sacrée gueule de bois. Sa nouvelle colocataire Frankie lui rappelle qu’elle a flirté avec un homme qui a passé la nuit chez elles (mais qui a dormi sur le canapé !). Après avoir été cherchée des cafés et arrêtée un voleur au passage, Barbara Gordon croise Dinah Lance (Black Canary), dont l’appartement a été brûlé (ainsi que tout le quartier où elle résidait). Double problème : Barbara avait stocké des affaires et son équipement chez Dinah et en plus son propre ordinateur personnel a été volé durant la crémaillère. Le précieux travail de sa thèse, un algorithme pouvant anticiper certains crimes avant d’avoir lieu, se trouvait dans son disque dur.

La justicière doit faire appel à sa mémoire photographique pour se rappeler ce qu’il s’est passé. Un certain Black Riot récupère justement les données virtuelles de personnes pour détruire leur vie en les dévoilant ensuite…

Dans Burnside, il semblerait qu’une personne se fasse pour Batgirl ! Elle aurait même démasqué Barbara.

[Critique]
Après un run plus ou moins dispensable (cf. cet article), que vaut ce nouveau départ de Barbara sous l’égide des scénaristes Cameron Stewart et Brenden Fletcher (Gotham Academy) ? Et bien… c’est plutôt sympathique, à défaut d’être épique, révolutionnaire ou mémorable. Le ton est relativement « léger », l’ensemble frais et coloré, parfois improbable (on y reviendra) mais l’héroïne est particulièrement attachante, comme son entourage. Attention : ce renouveau de Batgirl risque d’être clivant, tant on s’éloigne (un peu) d’une personnalité et (beaucoup) d’un univers normalement plus « sombre et sérieux » !

Problèmes d’argent, travail scolaire, thèse, soirées alcoolisées, relations amicales et amoureuses compliquées, ordinateurs, smartphones, image virtuelle, réseaux sociaux et sites de rencontres, pas de doute, nous écumons les thématiques de la « jeunesse » post-adolescence/pré-adulte ! Si certaines véhiculent quelques clichés (ou sonnent trop « girly » selon son degré d’acceptation), l’ensemble n’a pas à rougir tant il propose une approche singulière dans l’univers habituellement sombre de Batman. L’homme chauve-souris est d’ailleurs absent ici, de même que James Gordon (à quelques rares cases près mais sans intérêt). A l’exception de Dinah Lance, il n’y a d’ailleurs aucune connexion à la mythologie connue du Chevalier Noir. Les ennemis sont nouveaux et on a presque l’impression de suivre une justicière qui pourrait être « n’importe qui » tant l’accent du tome est mis sur le quotidien de la jeune femme. C’est clairement la partie la plus réussie de l’ouvrage, impossible de ne pas apprécier cette Barbara et ses soucis journaliers très communs !

Quand elle enfile son costume, c’est pour se battre contre des personnages un peu ridicules et vite oubliés. Mais — heureusement — l’œuvre va plus loin, cherchant à conjuguer la vie numérique moderne et les conséquences des images et vidéos sur les réseaux sociaux (le fameux Hooq, mélange de Facebook et Tinder, très présent tout au long de la bande dessinée). Que va-t-on dire sur le hashtag #Batgirl après ses derniers exploits ? C’est une approche assez minimaliste mais tout de même plaisante. On peut pousser la réflexion plus loin et y voir une critique acerbe non seulement de la vie ultra-connectée de certains jeunes, mais aussi de l’art contemporain dans son arnaque la plus pure, la télé-réalité, les applications de rencontre et ainsi de suite. Est-ce vraiment la volonté des auteurs ? Difficile de le savoir mais dans les deux cas ça passe.

Autour de Barbara gravitent plusieurs hommes et femmes, certaines homosexuelles ou musulmanes, sans que cette orientation sexuelles ou religion soit mise en avant ou devienne une caractéristique primaire de leur personnalité. Une écriture accessible, presque évidente et une forme de progressisme quelque part. Appréciable. Les traits simplistes et la mise en couleur, très variée et riche, avec un côté « pop-art » assumé (parfois presque cartoony), contribuent à cette impression de « légèreté » évoquée plus haut, de bonne humeur même ! Babs Tarr (dessin et encrage) et Maris Wicks (couleur) proposent leur style atypique pour servir la fiction et, une fois de plus, sans révolutionner le genre, ça fonctionne plutôt bien. Les tons pourpres (rappelant le costume) et orangées (la chevelure rousse) agrémentent les cases. La fameuse « mémoire photographique » de Barbara est particulièrement bien illustrée dans le premier chapitre, dommage qu’on ne retrouve pas le procédé (sorte d’arrêt sur image bleuté avec indices en surbrillance) plus tard ou qu’on n’emmène pas le lecteur dans des énigmes possibles si on est attentif. On note un épisode particulier (Secret Origins #10) où Irene Koh officie aux dessins et à l’encrage, accompagné de Hi-Fi pour la colorisation : les planches sont un brin plus élégantes tout en restant proche du travail du binôme créatif graphique de la série principale.

Tout n’est pas pour autant acceptable dans Bienvenue à Burnside. On flirte avec la science-fiction un peu trop improbable pour être réaliste (que ce soit dans une technologie évoquée dans les premiers chapitres ou de l’identité d’une intelligence artificielle dans les derniers). Pas très grave en soi mais ça gâche une certaine immersion… De même, on se demande comment certains protagonistes n’arrivent pas à devenir l’identité de Batgirl quand ils la côtoient sous son costume mais aussi sous son alias civil. Là aussi on peut fermer les yeux dessus aisément.

Ce premier tome de Batgirl ne propose pas une longue aventure épique et palpitante (et manque cruellement d’action) mais permet d’ouvrir une parenthèse sympathique se concentrant sur une « nouvelle » Barbara Gordon, accroc aux réseaux sociaux et dans un univers bien trop acidulé. En se concentrant sur des tranches de quotidiens mêlées à quelques affrontements peu palpitants, le comic séduit un lectorat bien particulier tout en repoussant légitimement un autre, attendant probablement quelque chose de foncièrement différent dans le traitement d’une justicière emblématique. A ceux-là, on les dirigera plutôt vers d’autres sagas où Barbara est en retrait, reflétant peut-être une autre image, plus guerrière et davantage ancrée dans l’univers de Batman.

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 11 septembre 2015
Précédemment publié dans Batman Saga #37 à #43

Scénario : Cameron Stewart & Brenden Fletcher
Storyboard : Cameron Stewart
Dessin : Babs Tarr
Encrage : Babs Tarr
Couleur : Maris Wicks

Traduction : Mathieu Auverdin
Lettrage : Stephan Boschat

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Ci-dessous, la superbe couverture du chapitre #40 sans les textes et titres.