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Batman – One Bad Day : Ra’s al Ghul

Avant-dernier volume de la collection One Bad Day, ce septième opus est consacré au célèbre immortel.

[Résumé de l’éditeur]
Depuis des siècles, Ra’s al Ghul a tenté de sauver la Terre de son pire ennemi : la corruption humaine. Sans jamais y parvenir. De nombreux obstacles se sont dressés sur sa route, parmi lesquels le Chevalier Noir. Ra’s a pourtant offert à Batman de se rallier à sa cause, mais en vain. Aussi n’a-t-il d’autre choix que d’éliminer le détective de Gotham de l’équation. S’il faut en passer par là pour remodeler le monde à son image et apporter paix et prospérité à cette Terre en perdition, alors il n’hésitera pas…

Inutile de détailler le début de l’histoire, le résumé officiel de l’éditeur suffit.

[Critique]
C’est probablement l’un des plus beaux One Bad Day ! Graphiquement, cet opus sur Ra’s al Ghul a beau avoir un côté mainstream (s’éloignant des styles plus singuliers et élégants des titres sur Le Sphinx et Mr. Freeze), il demeure une pépite visuelle. Pas étonnant, le dessinateur Ivan Reis est particulièrement inspiré (on lui doit la série Aquaman période Renaissance, plusieurs tomes de Justice League de la même ère et diverses apparitions un peu partout (Geoff Johns présente Green Lantern, Infinite Crisis…) ou chez Batman (Batman Detective Infinite par exemple, Batman/Superman…) – cf. son nom dans la recherche de ce site).

Ivan Reis est bien aidé par deux artistes prolifiques chez DC Comics : l’encreur Danny Miki et le coloriste Brad Anderson. Si vous êtes un connaisseur, il n’y a plus vraiment à les présenter et vous savez probablement ce qu’ils ont signé accompagnés parfois d’autres personnes. L’alliance des trois est donc une valeur sûre ! Il suffit de regarder les différentes illustrations de cette critique pour s’en satisfaire – de sublimes compositions, parfois éclatées sur deux pages restent à découvrir dans la bande dessinée bien sûr.

Alors oui, c’est plutôt agréable à voir, mais est-ce que ça l’est à lire ? C’est une lecture intéressante pour les passionnés de Ra’s al Ghul mais malheureusement, et encore une fois, il s’agit davantage d’un chapitre annual luxueux ou un récit complet « classique » plutôt qu’un titre se référant à ce qu’est censé être cette collection et annoncé comme tel par l’éditeur : la bascule vers le Mal à l ‘état pur lors d’une mauvaise journée. On a donc une narration somme toute stimulante mais en aucun cas réellement originale.

Suivre un énième plan du célèbre immortel assez classique (tuer une trentaine de personnes riches et/ou influentes qui causent le plus de dégâts à la Terre pour les remplacer par de meilleures personnes) avec Batman et Robin (Damian – forcément) en travers son chemin, reste sympathique, notamment pour le travail d’écriture sur le personnage de Ra’s, mais insuffisant pour justifier l’achat éventuel.

Tom Taylor (auteur habitué de l’éditeur, on lui doit les sagas Injustice, DCEASED et quelques opus sur Batman (La dernière sentinelle…), Suicide Squad (Renégats – pas encore chroniqués), etc.) insuffle suffisamment d’empathie envers la Tête de Démon grâce à ses nombreuses pensées subjectives tout en proposant une légère « suite » au tandem Bruce/Damian, qui devrait donc ravir aussi les fans de ce Robin. On pourrait même voir cet opus comme une sorte de léger prolongement du célèbre run de Morrison.

Comme évoqué en début de critique, ce sont davantage les aspects graphiques qui sont la force de l’œuvre, le reste est une aventure disons « habituelle » pour un affrontement entre Batman et Ra’s (Talia est un peu trop en retrait d’ailleurs). C’est d’autant plus dommage pour un One Bad Day de ne pas s’être concentré sur la promesse éditoriale initiale car il y avait beaucoup de choses à explorer pour montrer le basculement dans la folie ou le radicalisme de Ghul ! Décevant aussi de la part de Taylor, souvent plus inspiré et atypique dans ses traitements. La réflexion sur l’évolution « écologique et humaine » est assez simpliste également.

En synthèse, ce One Bad Day est un peu comme celui de Catwoman : visuellement très réussi mais scénaristiquement assez moyen. Il n’est pas forcément conseillé vu le prix (15 € tout de même, pour une soixantaine de pages – éternel débat du rapport entre le prix et les pages) mais s’en tire avec les honneurs par rapport à d’autres (Le Pingouin et Double Face notamment, cf. le classement de la page récapitulative). C’est toujours aussi banal de dire cela mais si vous êtes évidemment fan de Ra’s al Ghul, il ne faut pas faire l’impasse dessus…

Quelques autres livres pour explorer la célèbre Tête de Démon si jamais (pas encore critiqués sur ce site à part les deux derniers) : La saga de Ra’s al Ghul – avec un segment complémentaire dans DC Anthologie –, Tales of the Demon, La résurrection de Ra’s al Ghul, Justice League – La Tour de Babel et Injustice 2 où il occupe un rôle important et déjà signé Tom Taylor, visiblement appréciant ce célèbre antagoniste. (Rappel « d’actualité » : mon tour d’horizon de l’entièreté des One Bad Day est en ligne sur le site de Bruce Lit.)

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 22 septembre 2023.
Contient : Batman – One Bad Day : Ra’s al Ghul
Nombre de pages : 72 pages

Scénario : Tom Taylor
Dessin : Ivan Reis
Encrage : Danny Miki
Couleur : Brad Anderson

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Studio Myrtille (Christophe Semal)

Acheter sur amazon.frBatman – One Bad Day : Ra’s al Ghul (15 €)

Batman/Superman – The Archive of Worlds (L’Archive des Mondes)

De fin 2019 à fin 2021, la série Batman/Superman s’est étalée, aux États-Unis, sur presque 25 chapitres (incluant deux annuals). En France, les  cinq premiers épisodes ont été compilés dans Le Batman Qui Rit – Les Infectés (c’était d’ailleurs une des réflexions de la critique : le volume aurait du s’appeler Batman & Superman pour être plus « juste »). Le sixième chapitre est dans Justice League – Doom War : Épilogue (pas encore chroniqué) – s’intercalant ainsi dans la grande saga Metal. Les épisodes #7 à #15 n’ont pas été publiés en France – une succession d’histoires sans grand intérêt, The Kandor Compromise (#7-8), Atomic (#9-11), Planet Brainiac (#12-14) et Snow Fight (#15).

En revanche, les épisodes #16 à #22 ainsi que l’annual 2021 sont inclus dans les magazines Batman Infinite Bimestriel #3 et #4 (novembre 2022 et janvier 2023). Ils sont majoritairement écrits par Gene Luen Yang et dessinés par Ivan Reis. Ils ne sont pas sortis en format librairie par la suite mais sont disponibles en anglais dans Batman/Superman – The Archive of Worlds (cf. première couverture ci-dessous et lien pour acheter tout en bas de la critique). Que vaut L’Archive des Mondes, récit complet sur les deux plus célèbres icônes de DC Comics ?

 

[Résumé de l’éditeur]
Le Détective de la Nuit n’a pas le temps de se reposer car, aux côtés du protecteur de Metropolis, il doit faire face à une tempête multiverselle ; Batman s’allie à Superman pour une nouvelle virée dans le Multivers où différentes versions des héros se télescopent !

[Début de l’histoire]
À Metropolis, tandis que Clark Kent, Lois Lane et Jimmy Olsen assistent à la présentation d’une invention révolutionnaire, l’omnibatterie, un mystérieux Sorcier Inconnu débarque sur des robots volants pour réclamer la paternité de cette singulière et inépuisable énergie. Après une rapide intervention de Superman qui a écarté efficacement le danger, Lois Lane interroge Martha Wayne (!), elle aurait volé l’idée de l’omnibatterie à… Lex Luthor !

À Gotham City, Batman et Robin poursuivent un camion infiltré à Arkham : le Joker, le Pingouin et Waylon Jones (Killer Croc) sont dirigés par L’Araignée, mystérieuse femme fatale criminelle. Le duo dynamique enquête ensuite sur l’étrange directeur de l’asile…

Quand ces étranges mondes convergent, trois super-héros se retrouvent pour former une équipe atypique !

[Critique]
Voilà un récit très singulier, complètement « méta » et une curiosité absolue qui mériterait une seconde publication en librairie ! Tout commence de façon à la fois classique et inédite : deux histoires se déroulent en même temps, une en haut de page centrée sur Superman, une seconde en bas suit Batman et un Robin encore jeune – Dick Grayson (il s’agit des versions « classiques » des célèbres super-héros, donc de l’Âge d’or de DC Comics, reprenant leurs codes des années phare de leur popularité). Le lecteur peut à sa guise lire les deux récits en même temps ou bien d’abord l’un puis l’autre. Évidemment, les deux se rejoignent à la fin et les chapitres suivants sont de forme plus convenue.

Cette introduction atypique séduit d’emblée mais, surtout, propose d’étranges variations des éléments habituels des deux justiciers. Ainsi, dans la fiction sur Superman, l’on apprend que Martha Wayne est en vie, est une criminelle, entretient une liaison avec un Alfred se transformant littéralement comme Bane et que Bruce Wayne est plutôt chétif et peureux ! Côté Batman, ses célèbres ennemis se transforment en monstre et une femme fatale, L’Araignée, semble tirer les ficelles d’une machination. Cette nouvelle antagoniste ressemble furieusement à… Lois Lane.

Sans surprise, l’on plonge dans un multiple elseworld d’une fluidité narrative exemplaire (aucun pré-requis) et amusante. En effet, l’ennemi qui a créé ces chamboulements (ou carrément ces univers – depuis Terre-Zéro, La Thermosphère) est L’Archiviste, qui se voit comme un réalisateur de cinéma ! La plupart des cases sont d’ailleurs entourées de pellicule, visant un montage ou une connexion entre deux morceaux de bobine pour concevoir de nouvelles choses. La bande dessinée ira encore plus loin dans cette approche « méta » lors de sa conclusion.

Entre-temps, elle fait intervenir, au-delà des célèbres justiciers, une poignée de têtes connues qu’elles réinventent de façon inédite, au risque – peut-être – de heurter un lectorat fidèle… Parmi les protagonistes, citons Etrigon, El Diablo… et gravitant autour de(s) Lex Luthor (dont l’un ressemble furieusement à Walter White de Breaking Bad !), Jimmy Olsen et autres Gordon habituels. Le spectacle est réjouissant, un divertissement de qualité sans prétention et plutôt original dans le genre. On apprécie également retrouver l’enthousiasme d’un Robin dans ses premiers pas en costumes et une époque qui semble désormais très lointaine.

L’Archive des Mondes ne vise pas à (re)chambouler l’univers DC ou concevoir une énième crise (cf. index des « crisis ») mais impossible de ne pas songer à certains titres fondateurs, saupoudrés du célèbre run de Grant Morrison. Le rythme est emmené, les dialogues percutants, l’humour fonctionne, la vague investigation fait mouche, il n’y a pas grand chose à dire si l’on fait partie du public qui adhère complètement au rocambolesque de ce genre de narration. Le parti-pris d’emblée ne trompe d’ailleurs jamais son lecteur puisqu’on découvre rapidement de quoi il en retourne avant d’entamer un voyage périphérique aux multiples registres littéraires : action, science-fiction, aventure, enquête, fantastique, etc. C’est souvent difficile d’obtenir un bon résultat équilibré dans ce genre de cas, ici le pari est remporté haut la main.

Entre hommages multiples et ambition modeste, l’auteur Gene Luen Yang tire son épingle du jeu grâce à la fluidité de son écriture, bien aidée par une mise en page parfois détonante et, surtout, les beaux dessins d’Ivan Reis en plutôt bonne forme (remplacé éphémèrement le temps d’un chapitre et cédant sa place au double récit conclusif à Paul Pelletier et Francesco Francavilla). Yang est un auteur plusieurs fois récompensé (pour American Born Chinese notamment, en 2007, qu’il avait dessiné, mais aussi pour Avatar : The Last Airbender). Soucieux des images des asiatiques aux États-Unis, on l’a retrouvé, entre autres, sur Shang-Chi pour Marvel de 2020 à 2022). On le retrouvera sur Planète Lazarus, achèvement de la série Robin Infinite et « suite » du crossover Shadow War, tous récemment chroniqués.

Ivan Reis signe des planches ultra dynamiques et lisibles. Le dessinateur très prolifique chez DC Comics (la série Aquaman période Renaissance, plusieurs tomes de Justice League de la même ère et diverses apparitions un peu partout (Geoff Johns présente Green Lantern, Infinite Crisis…) ou chez Batman (Batman Detective Infinite par exemple) – cf. son nom dans la recherche de ce site) est une valeur sûre pour un titre du genre orienté à la fois grand public et passionnés. Son découpage est fluide, ses personnages et visages reconnaissables et « vivants », bref il n’y a pas grand chose à reprocher à la partie graphique de la BD.

En synthèse, L’Archive des Mondes est une agréable proposition qui ravira autant les amateurs que les aficionados de longue date. Bien sûr, rien de révolutionnaire ici mais on salue la semi-originalité de l’ensemble et ses qualités visuelles. Malheureusement, faute de réédition en librairie, il faut débourser 25,80 € pour lire tout ça, ce qui est évidemment trop onéreux (sauf si les autres récits inclus dans les deux numéros de Batman Infinite Bimestriel intéressent, évidemment – se référer à l’index pour les détails). Comme évoqué en début de critique, l’achat de la version en langue anglaise peut compenser pour avoir un bel objet complet (à découvrir ici en vidéo) mais… cela reviendrait à 29 € environ. On vous laisse trancher ce qui vaut le coup/coût, sachant qu’il y a une forte probabilité d’arriver à trouver en occasion les deux magazines à prix moindre.

[À propos]
Publié chez Urban Comics dans Batman Infinite Bimestriel #3 et #4 (novembre 2022 et janvier 2023)
Contient : Batman / Superman #16-22 + Annual 2021

Scénario : Gene Luen Yang
Dessin : Ivan Reis + Paul Pelletier, Francesco Francavilla + collectif (José Luis, Emanuela Lupacchino, Steve Lieber, Darick Roberton, Kyle Hote
Encrage : Danny Miki, Jonas Trindade, Mick Gray, Francesco Francavilla, Keith Champagne
Couleur : Sabine Rich, Hi-Fi, Francesco Francavilla

Traduction : Benjamin Viette
Lettrage : Gaël Legeard (Studio Makma)

Acheter sur amazon.fr :
Batman Infinite Bimestriel #3 (12,90 €)
Batman Infinite Bimestriel #4 (12,90 €)
Batman/Superman – The Archive of Worlds (28,99 €)




 


(Cliquez pour ouvrir et agrandir dans un nouvel onglet cette dernière image/planche double horizontale.)

Batman Detective Infinite – Tome 04 : La Tour d’Arkham | 2ème partie

Suite et fin de La Tour d’Arkham (cf. tome 3) mais aussi de l’entièreté de la série Batman Detective Infinite ; critique et bilan.

[Résumé de l’éditeur]
La tour d’Arkham a tenu ses promesses… pendant quelques jours seulement. Le Dr Wear et le mystérieux Dr Ocean commencent à perdre le contrôle de leurs patients – qui se trouvent être les plus violents meurtriers de Gotham – et des irruptions de violence spontanées éclatent. Qu’ils soient infiltrés à l’intérieur de la tour ou essayant de circonscrire le danger qu’elle représente à l’extérieur, la Bat-Famille a fort à faire pour tenter de percer les secrets de la tour, et d’éviter que sa folie ne se déverse sur la ville.

[Critique]
Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, c’est amplement suffisant. Ce quatrième et dernier opus compile d’ailleurs trois récits : la suite et fin de La Tour d’Arkham (six chapitres), Les Sept (trois épisodes) et House of Gotham (les back-ups poursuivant cet excellent récit entamé dans le tome précédent). La Tour d’Arkham occupe donc une place importante (aussi bien la fiction que le lieu en lui-même dans le livre) et permet de conclure plus ou moins correctement ce qui était annoncé depuis le deuxième opus. En synthèse : la machination orchestrée par Wear et son complice, le fameux Psycho Pirate, est déjouée par les alliés du Chevalier Noir.

On retrouve une narration assez convenue bien qu’elle continue de ne pas être chronologique avec une mise en avant agréable de la Bat-Famille infiltrée de différentes façons dans le fameux bâtiment. Quelques surprises sont au rendez-vous (difficile d’en dire davantage sans gâcher un peu l’immersion) mais la finalité revient toujours à l’éternel statu quo habituel, malgré l’absence de lieux emblématiques (le Manoir Wayne et l’Asile d’Arkham donc) ainsi que ce qui est plus ou moins bien exploré dans les séries Batman Infinite et Batman Detective Infinite depuis quelques temps : Wayne n’est plus milliardaire (mais ça ne change quasiment rien à ses aventures), Gotham tente toujours de se rétablir des milliers de problèmes inhérents à la ville (ses fous, ses meurtriers, ses attentats…). En soit c’est donc mi-figue, mi-raisin.

Mariko Tamari renoue avec ses bons éléments de l’opus précédent : une dimension chaotique et une place importante aux alliés de Batman. Les dialogues fonctionnent bien à défaut de l’intrigue globale toujours plus ou moins « classique » même si on apprécie, par exemple, le retour de l’Épouvantail et son fameux look si singulier de l’ère Infinite. Harley Quinn (on n’a toujours pas compris si c’était la vraie ou non) est présente aussi et ajoute une certaine légèreté bienvenue. Sur les quatre volumes, on conseillerait donc uniquement les deux derniers, formant un tout complet et globalement agréable (malgré la perception peut-être sévère de prime abord de la critique du volet précédent et de celui-ci ; tout n’est pas parfait mais en lecture « à la suite » c’est quand même pas trop mal avec un rythme prenant – mais attention, il faudra débourser 45 € mine de rien !).

Côté dessin, les premiers chapitres sont à nouveau de Max Raynor (deux épisodes) puis Amancay Nahuelpan (cinq chapitres). Ivan Reis s’occupe de la suite (cf. ci-après). L’ensemble est homogène visuellement même si moins soigné que le précédent volume (Reis y occupait une plus grande place) mais Nahuelpan n’a pas à rougir. La partie brutale et (souvent) épique fonctionne bien, que ce soit dans les combats, les chutes ou les poursuites. Quelques poses iconiques font mouche et la colorisation (Luis Gerrero puis Jordie Bellaire) apporte l’aspect « comic book » idéal.

Le titre Les Sept (co-écrit avec Nadia Shammas) place Le Sphinx comme nouvel antagoniste de cette enquête en trois chapitres plutôt intrigante et « indépendante » avant d’être connectée au récit sur la Tour d’Arkham. Une sorte de « seconde conclusion » pas inintéressante mais pas non plus flamboyante ou passionnante. On apprécie en revanche le côté détective de Batman et la présence de Bruce en civil plus prononcé même si l’ensemble est un peu rapide. Comme souvent, il subsiste aussi cette sensation de rester sur notre faim/fin : la fiction devrait amener à une suite (peut-être développée dans Batman Nocturne – premier tome prévu en juillet – mais il s’agira d’un tout autre run d’un nouvel auteur, Ram V, alors cela étonnerait). Quid des conséquences ? Quid de Nakano ? Quid du parasite et de quelques éléments soulevés au début de la série (le fameux parasite) ?

Reste une histoire joliment dessinée (par Ivan Reis, en grande forme – cf. image ci-dessous et, surtout, celles en seconde partie de la sélection sous la critique, les quatres avec Batman) qui devrait satisfaire les fans du Riddler et de Talia al Ghul, revenant éphémèrement aux côtés de Batman pour l’occasion qui, lui, tient à nouveau le premier rôle dans ce segment. On retrouve aussi Deb Donovan, la journaliste assez présente au début de la série. C’est un complément important qui a toute sa légitimité dans le volume même si la position atypique du Sphinx pourrait être tenue par quelqu’un d’autre. Lui aussi bénéficie d’un nouveau look pour le moins amusant.

À l’instar du volume précédent, c’est plutôt la suite (et fin) des back-ups (House of Gotham) qui est pertinente. On retrouve donc le jeune garçon (toujours sans prénom) dont les parents avaient été tués par le Joker « grandir » dans Gotham City. Cette fois, il croise Bane (durant la saga Knightfall) et doit survivre et s’émanciper à sa façon quand la ville est coupée de tous (durant No Man’s Land, évidemment) ; de quoi revisiter les temps forts de la chronologie de Batman en ajoutant d’autres ennemis plus ou moins secondaires (Killer Croc en tête mais d’autres apparaissent) et bien sûr certains alliés ou antagonistes mythique (Jean-Paul Valley, Huntress…). L’adolescent inconnu poursuit sa survie en comprenant mieux les méandres de la ville et son fol espoir d’être à l’équilibre entre le Bien et le Mal (bien sûr, c’est plus complexe que cela).

Les trois Robin (Dick, Jason et Tim) sont également présents, les échanges entre tout ce beau monde sont percutants, la fiction se permet même quelques retournements de situations pas trop prévisibles et seule sa fin un brin abrupte (mais également « forte ») peut décevoir. Comme on le soulignait dans la critique de la première partie, c’est un titre qui mériterait totalement une publication à part ; ce n’est peut-être pas assez « vendeur » pour de la librairie mais en terme de contenant on y retrouve un peu plus de 120 pages (soit… deux One Bad Day !) alors ce n’est pas inenvisageable (et rejoindrait instantanément les coups de cœur du site). À défaut d’être accessible dans un seul livre relié et non en complément d’une autre histoire, délicat de conseiller l’achat de deux volumes (soit 45 € tout de même) pour savourer « principalement » cette histoire connexe si le reste ne vous séduit pas…

Une fois de plus on apprécie fortement les sublimes couvertures des chapitres d’Irvin Rodriguez et cette folle impression de photo-réalisme (cf. première ligne ci-après). Malheureusement Urban en propose moins en fin d’ouvrage dans les traditionnels bonus, il y en a qu’une seule de Lee Bermejo par exemple (non proposée ci-dessous, il s’agit donc de trois VO inédites) – cliquez pour agrandir et sauvegarder si vous le souhaitez 😉
Ce curieux choix provient peut-être du coût de fabrication (et donc de vente) du livre qui aurait passé un palier de nombre de pages additionnelles et, de facto, un prix encore plus élevé…


[À propos]
Publié chez Urban Comics le 3 février 2024.
Contient : Detective Comics 1053-1061 + back-ups

Scénario : Mariko Tamaki, Nadia Shammas, Matthew Rosenberg
Dessin & encrage : Max Raynor, Amancay Nahuelpan, Ivan Reis, Fernando Blanco
Encrage additionnel : Danny Miki
Couleur : Luis Gerrero, Jordie Bellaire, Brad Anderson

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : MAKMA (Gaël Legeard, Michaël et Stephen Boschat)

Acheter sur amazon.frBatman Detective Infinite – Tome 04 : La Tour d’Arkham | 2ème partie (24 €)





(À noter que dessin a été repris pour la couverture de ce quatrième tome
(tout comme celle du troisième était déjà une image provenant de la série – et issue du deuxième volume).)