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Batman Metal – Tome 01 : La Forge

Article récapitulatif sur l’univers de la série et ses conséquences.

Batman Metal La Forge Tome 1

[Résumé de l’éditeur]
Enquêtant sur l’existence et les propriétés de différents métaux disséminés à travers la planète depuis des millénaires, Batman découvre un portail ouvrant sur un anti-multivers ; des dimensions parallèles où l’Histoire a déraillé et où des Chevaliers Noirs terrifiants ont supprimé les membres de la Ligue de Justice. Aujourd’hui, ces derniers décident d’envahir notre dimension.

Batman Batcave

[Histoire des deux préludes un peu plus détaillée]
Carter Hall, alias Hawkman, se souvient d’une nuit dans le désert égyptien où il a vu l’arrivée d’un mystérieux vaisseau, « un indice pour résoudre le plus grand mystère de l’humanité, forgé dans le métal ». Ce « métal N » lui a conféré la vie éternelle ainsi qu’à son épouse Shiera (Hawkgirl) mais aussi leur ennemi juré Hath-Set et une vie éternelle constituée de cycles de réincarnations infinies. Entre chaque nouvelle vie, Carter Hall visualise un cauchemar dans lequel règne le métal…

De nos jours au triangle des Bermudes, Batman sauve un professeur lors de l’éruption d’un volcan grâce à une armure spéciale et avec l’aide d’Aquaman. De son côté, Hal Jordan est chargé d’une nouvelle mission : enquêter sur une menace imminente qui prendra source… à la Bat-Cave ! Le Green Lantern s’y rend et affronte Duke Thomas, nouvel allié du Chevalier Noir.

Hawkman Hawkgirl

Michael Holt, aka Mister Terrific, est un scientifique émérite qui a passé un certain temps sur un monde parallèle appelé « Terre 2 ». À la demande de Batman, il a enquêté sur un certain mystère lié au « métal N » et revient dans le bon univers pour épauler le Dark Knight.

La menace inconnue et les mystérieuses investigations convergent vers plusieurs métaux particuliers, capable de ramener les morts à la vie, doté d’une grande puissance destructrice. Comme l’artefact, appelé dionésium, sur lequel travaille Batman en secret depuis très longtemps. Le détective a lui-même été en lien avec ce métal par le passé ainsi que deux autres.

« Le règne des Chevaliers Noirs et du véritable père de Batman (!) arrive. »

Dans l’ombre, les Immortels — dont fait partie Ra’s al Ghul — semblent veiller à dissimuler la vérité mais sont aussi prêt à intervenir  pour empêcher une catastrophe d’arriver.

« Déchirant le tissu de la réalité, l’arrivée de l’étrange métal qui va tout changer (et du démon qui s’est élevé des ténèbres et a conquis l’humanité) risque bien de modifier l’univers à tout jamais » et va nécessiter un combat extrême pour être détruit.

Batman Metal Nightmare

[Histoire de la mini-série Batman Metal]
Par le passé, à l’Âge de Pierre, trois tribus d’Hommes avaient la même soif de découverte : la Tribu du Loup, la Tribu de l’Ours et la Tribu de l’Oiseau. Mais la Tribu de la Chauve-Souris est arrivée pour imposer l’Âge de Métal.

Dans le présent, la Justice League — Batman, Superman, Wonder Woman, Flash, Green Lantern, Aquaman et Cyborg — est au milieu d’une arène de combat, en tant que gladiateurs pour Mongul (un ennemi de Superman), sur une lune et doit affronter des robots. Les justiciers n’ont pas le choix, ils sont revêtus de bouts d’armure métalliques qui bloquent certains de leur pouvoir et les ralentissent. Les machines robotiques ont été créés par Toyman (Hiro, aperçu dans les deux tomes de Superman / Batman), qui est l’esclave de Mongul, qui règne donc en maître sur l’étrange planète où s’est mystérieusement retrouvée la Justice League.

Joker Batcave

De retour à Gotham après avoir rapidement triomphé, les super-héros découvrent qu’une montagne est apparue en pleine ville lors d’une tempête d’énergie ! La mystérieuse Kendra Saunders (en réalité ex-Hawkgirl), à la tête des Blackhawks (voir All-Star Batman – Tome 2), est au même endroit et leur explique que certains lieux de la planète échappent à l’ordre normal des choses car ils sont sur une fréquence fantôme. « Des endroits où l’énergie cosmique conduite à travers le noyau métallique de la Terre s’annule, créant une sorte d’électricité statique qui dérange l’espace-temps, une poche cachée. » Elle montre une carte du multivers ; constituée des 52 univers — faits de matière et d’antimatière — connus par la Justice League. Mais le fameux métal N, émanant du mal et perpétuant le mal ne provient pas d’eux. Il viendrait du multivers noir (le recto de la carte). Le Dieu Barbatos, puissant ennemi déjà croisé par Batman (dans le cinquième tome de Grant Morrison présente Batman), est également lié à ce métal N et la venue du mal sur la Terre.

Batman s’enfuit de ses amis car il détient l’unique fragment de métal N, donc l’arme la plus puissante de tous les univers. Cela fait des millénaires que le milliardaire est aussi « mentionné / recherché » par des entités inconnus, qu’il a été exposé à plusieurs métaux et qu’il semble bien être la passerelle pouvant libérer le mal… Le Dark Knight peut compter sur sa Bat-Famille pour l’aider et même sur Swamp Thing.

Batman Metal Justice League

[Histoire de la mini-série La Résistance de Gotham]
Batman
, Superman et Wonder Woman ont disparu. Plusieurs alliés et antagonistes vont se mettre à leur recherche.

Un Chevalier Noir de Métal tient en laisse quatre jeunes Robin déformés par le même rictus que celui du Joker et assoiffés de sang. Il libère le Sphinx d’Arkham et lui propose de distribuer les cartes, « forgées grâce à la métallurgie cosmique et possédant donc un pouvoir surpuissant, pour façonner la réalité à Gotham selon ses souhaits et ceux des autres fous de Gotham ».

Damian Wayne (et son équipe des Teen Titans) va tout faire pour protéger la ville, trouvant l’aide inédite de Killer Croc et Harley Quinn (les deux membres de la Suicide Squad connaissant Gotham City) mais aussi de Nightwing et Green Arrow.

Nightwing Suicide Squad Nightwing Arrow Metal

[Critique]
Les résumés sont volontairement longs puisque les deux chapitres introduisant l’histoire s’étalent tout de même sur une soixantaine de pages, soit un tiers du livre. Force est de constater que ce début est très complexe, fascinant et déroutant.

Ce tome 1 de Batman Metal se scinde clairement en deux parties de quatre chapitres. La première propose les deux préludes (La Forge et La Fonte) et les deux chapitres de la série principale éponyme (Batman Metal). La seconde contient un chapitre de quatre séries différentes (Teen Titans, Nightwing, Suicide Squad et Green Arrow) qui se suivent et forment un arc (La Résistance de Gotham). La première partie est très pointue, multipliant les références à diverses publications de DC Comics et aux concepts de multivers — pas forcément abordables par des néophytes — et la seconde est davantage « classique » dans son évolution (une aventure de justiciers qui s’allient avec des antagonistes et combattent des ennemis), néanmoins elle reste plus original que la plupart du marché actuel et là aussi remplie de références à divers autres comics.

Batman Metal

Il y a, par exemple, des allusions à la chute au cœur de la Bat-Cave par le Joker (dans Le Deuil de la Famille) et à la Cour des Hiboux à de maintes reprises. Certaines de ses connexions permettent de porter un nouveau regard sur ces œuvres antérieures, déjà écrites par Scott Snyder à l’époque (avait-il ce plan éditorial sur le long terme ?). Les Blackhawks sont aussi de mise, ils sont apparus dans le deuxième tome d’All-Star Batman, toujours scénarisé par Scott Snyder. Indirectement, la série Detective Comics de l’ère Rebirth est aussi connectée puisque Gueule d’Argile aide Batman. Le Multivers de Morrison est évoquée en avant-propos mais pas disponible en France. Sans surprise, Crisis on Infinite Earths (et Crisis Compagnon) et même DC Anthologie sont mentionnés, ainsi que la fin de la série Justice League de la période Renaissance (où Darkseid, l’Anti-Monitor et le côté cosmique de l’éditeur étaient revenus au premier plan). Enfin, le tome 4 de Green Arrow Rebirth est annoté pour un passage anecdotique alors qu’il ne sortira sans doute qu’en fin d’année 2018. Idem pour Nightwing Rebirth 3 (le tome 1 est aussi indiqué).

En somme, beaucoup de lectures en amont pour idéalement « tout comprendre ». Si le lecteur est globalement familier de l’univers Batman à minima tout devrait être compréhensible (idéalement du monde de DC Comics, même sans avoir lu forcément tout ce qui est mentionné dans ce tome). Par contre, il est indéniable qu’un débutant, un non-connaisseur juste attiré par le prestigieux nom de « Batman Metal » (Urban Comics a vu les choses en grand avec un coffret collector, une présence au festival de musique métal Hellfest…) sera complètement perdu. C’est d’ailleurs le plus gros « défaut » du livre mais qui permet de devenir aussi un de ses plus bels atouts : sa complexité (de prime abord).

Deadman Nightmare

Réduire Batman Metal à un simple « en gros il y a des versions maléfiques de Batman qui débarquent d’un autre univers et le métal est lié au Chevalier Noir depuis pas mal d’histoires » est assez correct mais tellement dommage tant tout est dense. On assiste peut-être au plus beau travail de Scott Snyder, qui semble maîtriser ce nouveau concept et l’étendre à diverses séries avec talent. De la même manière que les références à d’autres comics, de nombreux personnages très très secondaires (dans l’univers DC) parsèment l’ouvrage : Dubbilex, Rêve des Infinis, Vandal, Dr Fate… et côté galerie de vilains, outre Nygma déjà évoqué, Mister Freeze, Poison Ivy, Talia et surtout le Joker ont la part belle. Réjouissant pour les fans.

Côté scénario donc, l’ensemble semble maîtrisé malgré les directions parfois confuses dans lesquelles le récit s’éparpille (surtout dans ses deux préludes). Ça reste fascinant et très original. Parfois déroutant devant tous les protagonistes qui se croisent ; le fil rouge restant Batman et Gotham City, avec bien sûr cette mystérieuse itération autour du « métal N » et ses conséquences. Inutile de rentrer davantage dans les détails pour ne rien révéler mais aussi parce que les longs résumés compensent cela. Le côté solitaire de Bruce est bien mis en avant, l’équipe inédite de la deuxième moitié du livre fonctionne très bien, les nombreuses bulles de texte changent des comics « habituels » qui sont moins avares sur le sujet.

Green Arrow Robin

Sous un prisme entièrement « batmanien », on sait donc que ces métaux sont déjà apparus dans les anciennes aventures du Chevalier Noir (ce qui est rappelé en fin d’ouvrage). Trois d’entre eux correspondent à un arc précis : l’électrum sert à ranimer la garde des Ergots, les assassins de la Cour des Hiboux (tomes 1 et 2 : La Cour des Hiboux et La Nuit des Hiboux), le dionésium utilisé par le Joker afin de guérir de ses blessures et par Bruce pour survivre de leur chute au fond de la Bat-Cave (tome 7 : Mascarade) et enfin le prométhium, qui alimentait la machine qui a ravivé les souvenirs de Bruce Wayne et restauré sa personnalité (tome 9 : La Relève – 2ème partie). Le dionésium était donc « la » réponse aux résurrections de Batman et du Joker » (à la fin de Mascarade). Cela arrive un peu tardivement mais apporte un jugement plus « positif » envers ces anciennes œuvres. Tout devient plus « logique » voire cohérent. On suppose également que ces métaux ont participé aux créations de diverses machines de Batman, notamment celle de clones avec un bout de métal niché dans le cerveau du Chevalier Noir.

On découvre aussi « le Batman qui rit », définit comme une « version perverse et détournée du Chevalier Noir tel que l’on connaît ». Un cauchemar vivant paradoxalement réjouissant pour les fans tant cette face diabolique à l’extrême a sans doute effleuré de nombreux lecteurs. L’extension de ce côté maléfique se traduit via des cartes du fameux métal N distribuées par ce « Batman qui rit » à quelques fous d’Arkham. Comme l’explique Mister Terrific, « le Métal Sombre de ces cartes défie toutes les lois de la science et de la raison », ce qui permet une bascule dans le registre fantastique et onirique d’une franche réussite. Anecdotiquement, les cinéphiles feront le lien entre l’influence évidente de Mad Max – Fury Road (pour certains looks de « méchants » mais aussi de scènes avec la Suicide Squad) et les gamers avec Alice, retour au pays de la folie pour quelques planches finales.

Joker Batman Metal

Où se situent donc les points négatifs de Batman Metal ? Est-ce qu’il y en a ? On l’a vu, la complexité de lecture, surtout pour les nouveaux lecteurs, apparaît comme l’unique gros point noir de ce premier tome (sur trois). Tout est extrêmement fascinant, habilement écrit et, on le répète à nouveau, très original. Reste donc la partie graphique, où bon nombre d’artistes se chevauchent pour le meilleur et… pour le très correct. Les deux préludes sont assurés par Jim Lee, Andy Kubert et John Romita Jr. On perçoit évidemment la différence de style entre chacun — avec une nette préférence pour Jim Lee, un petit bémol pour les traits d’Andy Kubert qui semble conserver une certaine approche du style de Frank Miller qu’il avait déjà opéré sur Dark Knight III et un côté mitigé pour John Romita Jr. qui se marie moins bien avec les deux autres. Néanmoins, le mix des trois reste graphiquement cohérent et plaisant. On retrouve ensuite Greg Capullo pour deux chapitres avec son style inimitable et la même équipe à l’encrage et la colorisation que celle de son ancienne série Batman. Rien à redire, tout est très propre et élégant. Les quatre derniers chapitres sont, forcément, tous dessinés par différents artistes et si, là aussi, les styles se suivent et ne se ressemblent pas vraiment, chacun a sa propre patte qui assure une jolie évolution et aucun ne fait tâche en lecture continue.

Suicide Squad

Une petite quinzaine de couvertures alternatives complètent le tome ainsi qu’une double-page qui revient sur les concepts et personnages intervenants dans Batman Metal. Cette note éditoriale aide clairement à mieux comprendre l’histoire (et sa suite) en évoquant les Blackhawks, les Challengers de l’Inconnu, les Tours des Monitors, Starman, etc.

Un œuvre forte, intéressante, qui fera date dans l’univers de Batman ET de DC Comics, pas à la portée de tout le monde mais déjà culte par ce début très prometteur. À découvrir d’urgence pour les fans du Chevalier Noir ou de l’Univers DC en général.

Robin Joker

[À propos]

Publié en France chez Urban Comics le 25 mai 2018.

Contient : Titres VF [VO]

01. Prélude : La Forge [Dark Days : The Forge #1]
02. Prélude : La Fonte [Dark Days : The Casting #1]
03. Batman Metal – Chapitre 1 [Dark Nights : Metal #1]
04. Batman Metal – Chapitre 2 [Dark Nights : Metal #2]
05. La Résistance de Gotham – Chapitre 1 [Teen Titans #12]
06. La Résistance de Gotham – Chapitre 2 [Nightwing #29]
07. La Résistance de Gotham – Chapitre 3 [Suicide Squad #26]
08. La Résistance de Gotham – Conclusion [Green Arrow #32]

Batman Metal Team

Scénario : Scott Snyder (01-02-03-04), James Tynion IV (01-02), Ben Percy (05), Tim Seeley (06), Rob Williams (07) et Ben Percy & Josh Williamson (08).
Dessin : Jim Lee (01-02), Andy Kubert (01-02), John Romita Jr. (01-02), Greg Capullo (03-04), Mirka Andolfo (05), Paul Pelletier (06), Stjepan Sejic (07) et Juan Ferreyra (09).
Encrage : Scott Williams (01-02), Klaus Johnson (01-02), Danny Miki (01-02), Jonathan Glapion (03-04), Mirka Andolfo (05), Andrew Hennessy (06), Stjepan Sejic (07) et Juan Ferreyra (09).
Couleur : Alex Sinclair (01-02), Jeremiah Skipper (01-02), Fco Plascencia (03-04), Romulo Fajardo Jr. (05), Adriano Lucas (06), Stjepan Sejic (07) et Juan Ferreyra (09).

Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

Batman Fight Capullo

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Batman Metal

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Mis à jour septembre 2020 : la série en trois tomes Batman Metal est devenu une véritable « saga » avec plusieurs suites et séries annexes. Guide de lecture des différents comics qui sont reliés à tout ça.

Cliquez sur les couvertures accéder aux critiques.

Partie I – Batman Metal : « là où tout commence »
(3 tomes)

Batman Metal La Forge Tome 1  Batman Metal Les Chevaliers Noirs Tome 2  

[Résumé de l’éditeur]
Enquêtant sur l’existence et les propriétés de différents métaux disséminés à travers la planète depuis des millénaires, Batman découvre un portail ouvrant sur un anti-multivers ; des dimensions parallèles où l’Histoire a déraillé et où des Chevaliers Noirs terrifiants ont supprimé les membres de la Ligue de Justice. Aujourd’hui, ces derniers décident d’envahir notre dimension.

La série initiale est étalée sur trois volumes qui comprennent différentes mini-séries ou chapitres annexes indépendants. On y découvre le « métal N », le « multivers Noir » (Dark Multiverse en VO) et le fameux « Batman Qui Rit » (un mix de l’homme chauve-souris et du Joker). Des concepts complexes et un ensemble parfois indigeste malgré une certaine originalité. On retient surtout le second tome, présentant « les chevaliers noirs » (les Dark Nights), créatures cauchemardesques nées de fusions chaque fois entre un Batman et un autre super-héros ou antagonistes (Flash, Doomsday, Aquaman…), tous œuvrant pour « le Mal ».

En résulte une histoire très inégale, à la conclusion facile et rapide. On apprécie certains passages, plutôt épiques ou singuliers, on en oublie d’autres (les « explications » confuses et improbables par exemple).

Batman Metal s’achève plus ou moins sur un nouveau statu quo qui a permis de relancer des séries (Justice League – New Justice et Justice League Dark entre autres) et d’en créer de nouvelles (Le Batman Qui Rit et une foule d’épisodes indépendants qui forment en VO Year of the Villain — proposés en VF dans différents volumes pour plus de clarté, cf. plus bas).

Les fans de Batman uniquement peuvent s’attarder sur le deuxième tome pour l’originalité de ces nouveaux antagonistes.

Partie II – Les suites et séries dérivées
(3 volumes uniques et 1 série de 4 tomes)

   

Justice League – No Justice sert à la fois de seconde « conclusion » à Batman Metal, tout en ouvrant une nouvelle ère de séries dont la plus importante (dans le sens reliée à Metal) est New Justice (voir un peu plus loin). Si le comic est de bonne facture, très mainstream tant sur le fond que la forme, il reste un brin court, manque (lui aussi) d’une véritable fin épique et s’avère, in fine, plutôt dispensable. Néanmoins son accessibilité, sa légèreté et son humour tranchent radicalement avec la lourdeur observée dans Metal. Pour les fans et complétistes uniquement donc.

Le personnage du Batman Qui Rit bénéficie de deux tomes qui ne comportent pas de numéros tant ils sont plutôt indépendants l’un et l’autre. Le premier, sobrement intitulé Le Batman Qui Rit (sans autre titre donc que le nom de son anti-héros) montre ce qu’il advient de la créature cauchemardesque après la fin de Metal tout en offrant un nouveau terrain de jeu au vrai Batman. L’affrontement entre les deux voit l’apparition du Grim Knight, un Batman à nouveau issu du multivers Noir hyper violent et utilisant des armes à feu. On y retrouve aussi le fils de James Gordon dans ce qui peut s’apparenter à une sorte de suite à Sombre Reflet (les deux œuvres sont signés par le même binôme d’artistes : Scott Snyder à l’écriture et Jock aux dessins — en moyenne forme dans le cas présent cela dit).

Le Batman Qui Rit – Les Infectés se démarque de son prédécesseur : il s’agit avant tout d’une grande aventure de Batman et Superman, face à six héros infectés par le Batman Qui Rit (Shazam, Gordon…). La première partie est plaisante, la seconde un peu moins mais l’ensemble reste original dans l’exécution d’une trame narrative classique. Ce second volume peut se lire après les quatre tomes de New Justice.

On conseille donc plutôt les deux volumes du Batman Qui Rit, aussi bien pour les fans de Batman qui seront servis, que pour les lecteurs de l’évènement.

New Justice se situe également après la fin de Batman Metal et de No Justice. La série se déroule aussi en parallèle des Batman Qui Rit (surtout des Infectés).

Résumés et critiques à venir.

Partie III – Les conséquences et les events
(1 « mini-série » en 2 tomes et 1 série en 4 tomes)

Justice League – Doom War est la suite directe de New Justice. Pour plus de précision : les chapitres de cette série (nommée en réalité en VO Justice League (2018)) se situent dans ce volume (les #26 à #39) — on ignore où seront publiés les suivants (du #40 au #51 à date (août 2020)), sachant que la publication est toujours en cours aux États-Unis et que les chapitres #53 à #57 sont inclus dans l’évènement Death Metal (cf. bas de cette partie). On peut supposer que ces autres épisodes seront probablement dans New Justice – Tome 5, Batman – Death Metal ou une nouvelle série avec un titre différent. Doom War contient également différents épisodes de Year of the Villain.

Les évènements précédents ont convergé vers la supériorité absolue de Lex Luthor, dirigeant une Légion Fatale particulièrement dangereuse et déclarant une « année du crime » (Year of the Villain donc).

Le volume va bénéficier d’une seconde et dernière partie sous le titre Justice League – Doom War : L’épilogue qui, comme son nom l’indique, terminera cet event. Elle contiendra les quatre épisodes de Year of the villains : Hell Arisen et le sixième chapitre de Batman/Superman (les cinq premiers sont dans Le Batman Qui Rit – Les Infectés — là aussi on ignore où seront publiés les suivants, il y en a 11 actuellement mais n’ont plus de lien avec tout ça). Sortie prévue le 23 octobre.

Résumés et critiques à venir.


Depuis fin 2020, la série Batman – Death Metal prolonge (encore) la saga ! Constitué initialement de sept chapitres, de nombreux épisodes de séries annexes ont enrichit Death Metal, gonflant le nombre de volumes à quatre afin d’offrir enfin une « vraie » conclusion. Chaque tome est sorti dans une édition limitée variante.

Urban Comics a également proposé les sept chapitres de Death Metal dans un format inédit avec une couverture d’un groupe de métal pour un chapitre ! Un objet pour collectionneurs et fans qui a peu d’intérêt pour les lecteurs occasionnels (peu accessible et incomplète). On y retrouve des illustrations signées pour l’occasion autour Megadeth, Ghost, Lacuna Coil, Opeth, Sepultura, Dream Theater et Ozzy Osbourne.


 

Partie IV – L’exploration du multivers noir
(2 tomes « what if »)

 

Le Multivers Noir (d’où provient le Batman Qui Rit) est exploré dans ces volumes avec plein de « what if », c’est-à-dire « que se serait-il passé si ? ». Une façon inédite de revisiter certains pans mythiques de DC (les fameuses « crisis » notamment) tout en continuant d’enrichir la saga Metal — sans pour autant avoir un impact majeur sur celle-ci (comprendre sur les autres séries comme Death Metal) à priori.

Résumé du premier tome :
Et si Azrael avait refusé de rendre la cape du Chevalier Noir à Bruce Wayne ? Et si, après la mort de son mari, Lois Lane avait hérité de Superman ses pouvoirs pour faire régner la justice à sa place ? Et si les Black Lanterns avaient consommé la quasi-totalité de l’Univers lors de la Crise Blackest Night ? Et si, les plus grands événements de DC avaient eu une tournure différente dans un autre monde ? Bienvenue dans les univers dystopiques du Batman qui Rit.

Résumé du second tome :
Tempus Fuginaut, le voyageur des mondes, qui a la faculté d’être témoin des événements qui se déroulent sur toutes les planètes du Multivers, continue son observation des moments les plus sombres de la dimension du Batman Qui Rit. Ce Multivers Noir, où des instants fondateurs des autres réalités, comme le Flashpoint, la confrontation entre Batman et Silence ou encore la Crise des Terres Infinies, ont aussi pris des tournures plus tragiques les unes que les autres.

Partie V – Nouveau départ
(1 récit complet et d’autres optionnels)

DC Infinite Frontier explose les codes du multivers, connectant tout l’historique de DC Comics et ses fameuses crises. Le titre poursuit ainsi le travail de Grant Morrison sur Multiversity mais reprend également des éléments propres à Doomsday Clock par exemple et, bien sûr, à Batman Metal et Death Metal !

 

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Batman Rebirth – Tome 04 : La Guerre des Rires et des Énigmes

batman-rebirth-tome-4

[Histoire]
Bruce échange avec Selina * : avant de s’engager plus « sérieusement » dans leur relation, il tient à lui confier un lourd secret. Un secret qui pourrait bien remettre ses valeurs en question et modifier le sort de la relation entre Batman et Catwoman

Ainsi, le milliardaire raconte qu’à ses débuts (quelques temps après L’An Zéro), il fut au centre d’une guerre entre le Sphinx et le Joker, un conflit meurtrier qui rassemble plusieurs ennemis de Batman. Certains se sont alliés à l’Hommes-Mystère, d’autres au Clown du Crime.

Entre les rires et les énigmes, qui sortira vainqueur de cette guerre ? Comment Batman a pu l’arrêter ?

* Il n’est pas du tout obligatoire d’avoir lu les trois premiers tomes de Batman Rebirth pour découvrir celui-ci mais attention, comme l’histoire principale est sous forme de flash-back, on découvre assez rapidement la « fin » du volume trois avec notamment [attention à la révélation pour ceux qui n’ont pas lus] : la demande en mariage de Bruce à Selina !

Batman vs Sphinx vs Joker

[Critique]
De beaux dessins et une idée originale ne donnent pas forcément un « bon comic ». C’est le constat amer après lecture de ce quatrième tome de Batman Rebirth. Cette fameuse « guerre des rires et des énigmes » était évoquée discrètement dans les précédents volumes, annonçant un évènement meurtrier de grande ampleur et ayant profondément marqué le Chevalier Noir. Malgré quelques éléments intéressants, l’ensemble a du mal à convaincre, principalement à cause d’énormes improbabilités. Explications.

Le principal problème de l’histoire, au-delà de sa crédibilité fragile, est qu’elle ne semble pas « complète ». On a l’impression d’effleurer le conflit, à travers le prisme de trois ou quatre personnages (pas forcément une mauvaise idée en soi), au lieu de suivre le point de vue de tout le monde (ça aurait été nettement plus efficace ici). C’est justement ce point précis qui est un gros souci. Du jour au lendemain, naissent deux équipes : celle du Joker, composée donc du Clown du Crime avec le Chapelier Fou, Man-Bat, Mister Freeze, le Pingouin, Deathstroke, le Ventriloque… et celle du Sphinx, où l’Homme-Mystère est accompagnée de Poison Ivy, Double-Face, Gueule d’Argile, Killer Croc, Deadshot, L’Épouvantail… On ne sait pas comment ni pourquoi. Notons qu’ils sont tous « en liberté » (!) et toute cette incroyable galerie est malheureusement reléguée à de la figuration (à l’exception de quelques planches s’attardant brièvement sur Poison Ivy — un début d’idylle avec le Sphinx est vaguement amorcé). C’est assez surréaliste et vraiment mal amené (et dommage). Idéalement, il aurait fallu un chapitre spécial sur chacun de ces antagonistes pour expliquer leur motivation et leur ralliement. Cela rappelle vaguement Le Règne du Mal mais le contexte était mieux justifié et se prêtait davantage à l’histoire.

Bruce Selina

Par conséquent, il y a des affrontements totalement risibles, par exemple le duel Deadshot vs Deathstroke qui n’en finit plus et Batman qui arrive et tape les deux et voilà… Si on peut ne pas forcément s’attarder sur ce « détail », force est de constater que c’est une succession de « petits problèmes » plus ou moins similaires qui entachent fortement le récit. Toutes les blagues et les énigmes qui parsèment l’histoire ne sont pas vraiment drôles et surprenantes. La dualité entre le Joker et le Sphinx semble décousue, on peine à y croire… Un point intéressant cependant est d’avoir rendu le Joker complètement antipathique : il ne sourit et rit jamais. Son but est justement de retrouver sa folie, corrélée avec Batman, mais cela arrive trop tard et se révèle mal exploitée in fine.

Qui dit guerre, dit morts, c’est inéluctable. À écouter le Chevalier Noir (pas tellement au premier plan du récit), il y a un nombre incroyable de victimes. Problème : on ne les voit jamais. Enfin plus ou moins… Deux ou trois au détour d’une planche (et encore, on a plus l’impression qu’ils sont blessés) et, surtout, des portraits en noir et blanc de toutes ces personnes tuées mis côte à côte pour se rappeler et honorer les morts. Là aussi « ça ne prend pas », il fallait montrer la violence du conflit, il fallait montrer ces citoyens en train de mourir, il fallait montrer ces cadavres s’empiler, impossible de trouver tout cela plausible sinon…

Deadshot Deathstroke

Notons tout de même la mort d’un enfant (un « tabou » parfois abordé dans des comics, dont le très bon La Cible de Deadshot), mise en avant (mais pas dessinée) pour justifier l’évolution d’un personnage secondaire (Kite Man) dont on entendait un peu parler dans les précédents volumes. C’est un des rares autres points intéressants, qui permet une certaine pirouette scénaristique en conclusion de l’œuvre mais malgré tout ça reste bien maigre (les interludes qui lui sont consacrés cassent totalement le rythme et l’immersion — il aurait fallu, comme évoqué plus haut, peut-être tout un volume consacrant un à deux chapitres sur chaque antagoniste pour comprendre leurs motivations avant de revenir au cœur de la guerre dans un autre volume).

Parmi les autres choses surréalistes, ou auxquelles il est difficile de « croire » : un dîner interminable au Manoir Wayne avec donc Bruce et Alfred qui accueillent… les deux clans ! Le Joker et le Sphinx, ainsi que six autres ennemis venus prêter main forte à leur leader au cas où ça tournerait mal. On se retrouve donc avec quasiment tous les ennemis de Batman au même endroit dans le manoir Wayne pour un repas mondain organisé on ne sait pas comment et durant lequel le milliardaire appelle à la paix entre les deux rivaux. C’est tellement grotesque qu’on a la désagréable sensation d’assister à une parodie !

Sphinx vs Joker

Et malheureusement, les huit chapitres (dont deux entièrement alloués à Kite Man) qui composent ce tome sont du même acabit, oscillant entre une « fausse » violence, des combats ridicules, des situations totalement improbables, des incompréhensions et incohérences majeures, des conséquences risibles, etc. Difficile d’être totalement empathique avec un protagoniste ou de plonger et adhérer complètement à cette guerre des rires et des énigmes. Cela rappelle Le Deuil de la Famille, qui avait deux niveaux de lecture : soit l’histoire principale (donc le tome 3 de la série Batman période Renaissance/New 52), soit l’intégralité avec les petits chapitres annexes (publiés dans Batman Saga) qui permettaient d’avoir le point de vue de toute la Bat-Family. On l’a déjà écrit deux fois : ce second choix ne peut être appliqué ici, reste donc l’impression d’effleurer quelque-chose qui se voulait « gravissime » et qui ne l’est pas plus que ça en fin de compte.

Le côté « pétard mouillé » est aussi de mise (à l’instar du Deuil de la Famille une fois de plus) puisque Batman annonce que la conclusion de son histoire sera décisive pour la suite de sa relation avec Selina. Un secret qu’il n’assume pas et qui remet en cause sa morale et sa personnalité. Rien que ça ? Oui en effet… C’est correct : Batman a voulu tuer une personne. Évidemment il ne l’a pas fait, mais pas parce qu’il s’est arrêté, parce que quelqu’un d’autre l’a stoppé. Et comme ce quelqu’un n’est pas n’importe qui, cela permet d’avoir une nouvelle relation pimentée entre elle et le Dark Knight. Une fois de plus : il faudra constater par la suite si ce micro-évènement aura des conséquences pour la suite (à priori non), mais saluons la petite audace d’avoir narré cela (même si ce n’est pas non plus si extraordinaire que cela puisque ça ne change en rien les bases du Chevalier Noir, éventuellement certaines fondations philosophiques mais pas plus).

Catwoman Guerre énigmes

Heureusement, restent les sublimes dessins, planches et découpages opérés par Mikel Janin (qui alterne un volume sur deux avec David Finch et qui avait donc signé le second, Mon nom est Suicide, particulièrement réussi) et son style élégant, réaliste, bien aidé grâce à la colorisation de June Chong. Quelques jeux de couleur sont sympathiques aussi, avec une dominance de vert/marron/rouge pour la team du Sphinx et une de noir/violet/bleu pour celle du Joker. Certaines séquences sont superbes — cf. les images d’illustration de cet article et celles en tout en bas — et on reconnaît humblement que toute la partie graphique est finalement le point fort de l’œuvre (ce qui ne suffit évidemment pas à en faire une bonne histoire).

Les deux chapitres « interludes » — Kite Man Begins & Kite Man Returns, qui sont titrés La Ballade du Cerf-Volant dans leur publication dans les magazines Batman Rebirth — sont signés Clay Mann qui propose là aussi de jolies choses, un peu plus classique (donc moins bien) que celles de son confrère mais gardant une certaine homogénéité des couleurs et ressemblances. On appréciera ou non les looks du Joker (qui ne sourit donc jamais, et ne donne pas l’impression d’être « le Joker ») et du Sphinx (avec sa chemise ouverte en permanence — sic — un attribut sexué totalement injustifié et ridicule).

La Guerre des Rires et des Énigmes est donc un (gros) ratage sur de multiples points, à commencer par des éléments fondamentaux pour une bande dessinée (et une histoire au sens large du terme) : pas du tout crédible, guère d’empathie, narration bâclée, faux enjeux, etc. Pour l’anecdote, il peut se lire en one-shot, comme un volume indépendant du reste de la mythologie de Batman. Mais on le déconseille fortement et c’est le premier réel « loupé » de Tom King depuis qu’il est à la tête de la série Batman Rebirth. Le cinquième volume, prévu pour septembre 2018, reviendra « au présent » pour proposer la suite de la conclusion du troisième tome : le mariage entre Bruce et Selina. On peut donc faire l’impasse sur celui-ci sans problème.

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[À propos]

Publié en France chez Urban Comics le 18 mai 2018. Précédemment publié dans les magazines Batman Rebirth #13 à #17 (juin à septembre 2018).

Contient Batman #25-32

Poisin Ivy Sphinx

Scénario : Tom King
Dessins : Mikel Janin, Clay Mann (#27 et #30)
Encrage : Hugo Petrus, Danny Miki, John Livesay, Clay Mann (#27 et #30)
Couleur : June Chung, Gabe Eltaeb (#27), Jordie Bellaire (#30)

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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Joker

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