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Gotham – Saison 04 : A Dark Knight (Première partie)

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Retour à une première partie de saison constituée de la moitié de son totale, soit 11 épisodes. Cette fois-ci, pas de titre pour cette partie mais pour la saison en entier : A Dark KnightUn Chevalier Noir »). Cela laisse imaginer une volonté de plus en plus forte de dévoiler Batman relativement tôt… Que vaut cette première partie de saison 4 ? Critique.

Le Pingouin distribue des licences « d’autorisation de racket et extorsion » validées par le maire et le commissaire (un inconnu plus haut placé que Bullock). Cet accord spécial — la Pax Penguina — est décrété en remerciement de la ville pour l’aide fournie par le Pingouin de se débarrasser de la Pègre trois mois plus tôt (fin de saison 3 donc). Évidemment, Gordon ne l’entend pas de cette oreille… Quant à Bruce Wayne, il débute des missions de justicier, se sentant responsable de la libération du virus sur Gotham d’une part, et pensant pouvoir faire « la différence » pour rendre la métropole plus sûre d’autre part. Un « proto-Batman » malheureusement guère convaincant pour ses brefs débuts (on y revient plus tard).

Côté histoire, la Pax Penguina sert de fil rouge à cette première salve d’épisodes et permet de proposer la fille de Falcone, Sofia (parfaite Crystal Reed), en nouvelle antagoniste — très réussie, magnétique et maline. Autre venue : le Professeur Pyg en serial killer de flics — une bonne chose également. La recette de la saison 3 est reprise : on se focalise sur un ennemi secondaire et on le développe sur plusieurs épisodes (comme pour le Chapelier Fou la saison précédente donc). Ajoutons un petit retour de Jonathan Crane (le futur Épouvantail) après son passage éclair en première saison (sous l’égide de son paternel surtout) qui s’avère plus convaincant cette fois. La chute de Bullock vers une voie de corruption de plus en plus prononcée et des responsabilités compliquées draine une tension non négligeable. Celle-ci se traduit également avec une rivalité constante face à Gordon, de quoi pimenter leur relation qui était (re)devenue assez simpliste ; appréciable donc. Ce sont là les éléments les plus passionnants de cette nouvelle saison.

Malheureusement, d’autres, plus négatifs, sont à lister… On déplore bien sûr le retour de Barbara, qui était bien décédée mais est revenue d’entre les morts grâce au puits de Lazare de Ra’s Al Ghul, ce dernier voulant en faire sa complice (mais toute son histoire est ratée). C’est donc la troisième façon de revenir à la vie après les expériences de résurrection par des scientifiques (Jerome) ou celles de Strange à Indian Hill (Mooney Fish). Butch est aussi présent ; il n’était pas mort mais bien dans le coma en fin de saison précédente — cette fois c’est un marécage dans lequel étaient déversée des produits toxiques qui le sorte de son sommeil et le transforme en…  Solomon Grundy. Le personnage « zombie » gagne un (tout petit) peu d’intérêt. Sans surprise, le jeu de David Mazouz n’excelle toujours pas, encore moins quand il enfile son masque de proto-Batman — un Dark Knight bien jeune donc, mais cohérent avec ce qu’instaure la série depuis le début. Il y avait pourtant une piste effleurée, quand Bruce Wayne doit jouer le jeune pédant lors d’une vente aux enchères et où l’acteur dévoile davantage d’émotions et d’intérêts. Ce ne fut pas assez creusé pour devenir une norme qualitative, dommage. Sans parler de ses errements en crise d’adolescence avec cuites, sorties en boîte de nuit (sic) — l’occasion de retrouver Tommy Elliott de façon éphémère et énième baston avec Alfred. Le retour de Nygma est également raté. Récupéré par une de ses groupies (!) dans le repaire du Pingouin (peu crédible déjà), le Sphinx se voit dénué… d’intelligence ! Et cherche par tous les moyens à la retrouver, ce qui amène à une collaboration avec Grundy et des retrouvailles, plus ou moins réalistes là aussi, avec Lee Thompkins. Sous un prisme féministe, on peut d’ailleurs également pointer du doigt les nombreux plans sur les décolletés féminins — c’était déjà énormément le cas en saison 3. En arriver là pour susciter une vague notion « sexy » pour le public est risible.

Parmi les bons points, outre ceux de l’histoire vus en début d’article, évoquons un peu la technique avec notamment une musique plus soignée (là où les trois saisons précédentes n’étaient guère mémorables sur ce sujet). On apprécie aussi toujours autant l’esthétisme de la ville de Gotham, à mi-chemin entre ce qu’on connaît dans les films, les comics et les jeux vidéo. Temporellement parlant, on situe difficilement la période d’action puisque la technologie des téléphones portables indiquent plutôt la fin des années 1990 là où les télévisions et les costumes de certains habitants (à commencer par les journalistes) flirtent avec l’élégance des années 50 par exemple. De plus, la ville dévoile le temps de quelques plans de transitions un dirigeable en haut de ses buildings mi-rétro, mi-modernes. Tout cela est vraiment un aspect réussi du show même s’il est dommage de montrer un peu trop d’intérieur : le Manoir Wayne (qui se résume souvent à la cuisine et un bureau dans une bibliothèque), l’Iceberg Lounge, nouveau QG du Pingouin (dont on ne visualise jamais une vue extérieure), le GCPD (avec les places de Gordon et Bullock surplombant les policiers lambdas), et ainsi de suite.

En conclusion, on retrouve les éléments habituels qui fonctionnent bien (Le Pingouin, la ville  de Gotham soignée…), des nouveaux qui sont également réussis (le Professeur Pyg, Sofia Falcone, la rupture entamée entre Bullock et Gordon, un Épouvantail plus convaincant qu’en début du show…) et — malheureusement — toutes les problématiques inhérentes de la série. Cela se traduit, comme toujours, par les mêmes personnages qui plombent le récit, comme Tabitha, Barbara et même Selina (formant un drôle de trio, type « Birds of Prey low cost »), Bruce Wayne en proto-Batman qui ne convainc absolument pas (ni par son charisme à cause de l’acteur David Mazouz, ni par son évolution hyper rapide — pas de réel entraînement au combat — donc peu plausible) et aussi par les arcs narratifs novateurs qui sont ratés (Ra’s Al Ghul en tête — le (normalement) charismatique immortel étant réduit à un antagoniste certes puissant mais peu inspiré pour son avenir et pas des masses bien interprété —, un chasseur de primes en cuir pour aider le Pingouin…) ou d’anciens qui se poursuivent mais sont risibles (l’évolution de Nygma, Barbara…).

Bref, des problèmes d’écriture et de casting, comme toujours. À l’instar de la première partie de saison 3, on oscille ici entre de très très bonnes choses et l’extrême inverse avec de très mauvaises. Pénible mais toujours un minimum intéressant (à ne pas regarder bien sûr au premier degré ou en tant qu’adaptation réussie) pour avoir envie de poursuivre — d’autant plus que la fin de ce premier segment annonce des statu quo stimulants.

Gotham – Saison 01 (Première partie)

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La première partie de la première saison de Gotham est composée de dix épisodes. Tous ont été chroniqués un à un à l’époque de leur diffusion (voir ci-dessous). Cela prenait énormément de temps et le show étant de faible qualité à ce moment-là, les autres critiques se sont effectuées par arc d’épisodes.

Les dix premiers épisodes peuvent être résumés ainsi ;  pour les points positifs, citons le binôme efficace Gordon/Bullock, le personnage du Pingouin, un Alfred très autoritaire et pas forcément au « bon » code moral, quelques originalités (Nygma qui travaile au GCPD, Selina Kyle témoin oculaire du meurtre des Wayne, etc.) et… c’est à un peu près tout. Il y a beaucoup trop de défauts : pas de fil rouge narratif mais « un méchant par épisode », des sous-intrigues totalement inintéressantes ou mal jouées, un peu de « fan-service » mal amené ou incohérent, aucune subtilité dans les références à la mythologie de Batman, quelques effets spéciaux un peu « cheap », une violence volontairement atténuée, etc. En somme l’ensemble de ces épisodes est moyen, le résultat mitigé avec un constat évident : Gotham ne sait pas se situer entre le ton adulte « très sombre et violent » et le ton plus léger, disons « plus grand public ».

Pour plus de détails, se référer aux critiques par épisode :

01. Pilot | Bruce Wayne
02. Selina Kyle | Selina Kyle
03. The Balloonman | L’Homme aux ballons
04. Arkham | Projet Arkham
05. Viper | Viper
06. Spirit of the Goat | Sous le masque du mal
07. Penguin’s Umbrella | Le Pingouin
08. The Mask | L’homme au masque
09. Harvey Dent | Harvey Dent
10. Lovecraft | Jeunes fugitifs

La suite de la saison est meilleure mais encore loin d’être optimale, à découvrir sur cet article.

Gotham – Saison 03 (Seconde partie : Heroes Rise)

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Suite et fin de la troisième saison, composée de 8 épisodes et intitulée Heroes RiseL’ascension des héros »). La première partie comportait d’excellentes choses mais avait aussi beaucoup de gros défauts ; deux extrêmes qui, paradoxalement, pénalisaient le show tout en le glorifiant. Cette nouvelle salve d’épisodes corrige tout cela et s’avère nettement mieux ! Tour d’horizon.

L’histoire reprend là où elle s’était arrêtée. Le Pingouin veut se venger de Nygma (sans surprise, Copplebot n’était pas mort, on ignore quand même pourquoi — il se prend une balle en pleine poitrine et semble se noyer en fin de première partie) et s’offre une armée avec Mister Freeze, Firefly et Poison Ivy, sa dernière alliée en date, encore peu expérimentée. Cet évènement permet d’assister à la naissance « officielle » du Sphinx, donc de l’Homme-Mystère (« The Riddler » en version originale). Une réussite, clairement, rendant un bel hommage à l’antagoniste de papier, flirtant constamment entre la folie et l’intelligence, le narcisse et la stratégie. On peut juste déplorer un arc s’éternisant un peu trop avec un sentiment de « déjà-vu » entre Nygma et le Pingouin mais ce n’est pas très grave.

La Cour des Hiboux est le vrai-faux fil rouge de cette saison entière. Elle continue de se résumer à une société secrète qui tire quelques ficelles pour contrôler la ville — mais il faut mettre, une fois de plus, les incohérences de côté vu le nombre de meurtre perpétués par les ergots, y compris parmi les propres membres de la Cour qui sont tués sans que cela n’alerte quelqu’un ou soit visible par la société. D’autres personnes se cachent dans l’ombre, dont le « vrai » leader de la Cour, qui en profite pour laver le cerveau à Bruce Wayne via un apprentissage mi-ninja mi-spirituel dans un temple reculé en montage. On flirte avec les débuts de Batman Begins et la figure de Ra’s Al Ghul plane (ce qui est confirmé en toute fin de saison, avec en prime la révélation que la Cour n’était qu’un outil pour la Ligue des Assassins — les Hiboux sont donc déjà mis de côté et définitivement ?). Comme souvent, les passages avec le jeune Bruce ne sont pas les plus intéressants, faute à un acteur (David Mazouz) peu charismatique et convaincant (LA grosse erreur de casting).

Le récit avance surtout au gré du fameux virus de Jarvis Tetch, sombrant ses infectés dans la folie et des pulsions extrêmes liées à leur personnalité. C’est ce qui est arrivé à Barnes, devenu l’Exécuteur, qu’on revoie régulièrement dans ces huit nouveaux épisodes et avec plaisir. La menace de la diffusion du virus sur Gotham maintient un bon rythme tout en proposant des intrigues parallèles plaisantes : Nygma vs Le Pingouin comme évoqué, mais aussi l’évolution du GCPD (une énième fois ravagée puis rétabli, difficile de rester plausible à ce stade sur ce sujet) avec Bullock à sa tête — un rôle qui lui va bien et apporte un certain dynamisme. Alfred pourrait limite intégrer l’équipe tant il s’associe de plus en plus avec Gordon et Bullock et… qu’il n’hésite pas à torturer et violenter n’importe quel suspect responsable du kidnapping de son cher maître Bruce (remplacé un bref temps par son clone). Le majordome hyper « badass » continue de gagner en intérêt.

Si l’écriture des personnages se veut plus appliquée plus certains, elle peine toujours à hisser des protagonistes au rang des indispensables. Comme d’habitude, Barbara, Butch, Fish Mooney et Tabitha forment ces seconds rôles pitoyables qui pénalisent Gotham. Mais… fort heureusement ils apparaissent très peu dans cette deuxième partie de saison trois. Encore mieux : trois d’entre eux sont, a priori, morts ! ENFIN ! C’était la bonne décision à prendre pour gommer ces défauts inhérents à la série depuis son lancement. Attention, dans le monde du show, un mort peut ressusciter aisément, pas impossible donc que Fish Mooney revienne une seconde fois mais comme elle a déjà été ramené à la vie et que le personnage est peu populaire on en doute fortement (et tant mieux). Butch s’est pris une balle dans le front mais est visiblement dans le coma selon un plan qui dévoile sa potentielle évolution pour les fans de comics les plus aguerris. Quant à Barbara, on la voit morte mais la caméra ne s’attarde pas plus que cela, donc on reste sceptique. Reste Tabitha et sa nouvelle alliance à Selina (également en retrait dans ces huit épisodes) qui peut donner de belles choses, la jeune féline usant pour la première fois du fouet de Tabitha (on ne l’avait pas forcément vu venir !) et est enfin proche des chats. Des pas de plus, certes peu subtiles, vers la création de Catwoman.

Sur les rares autres éléments négatifs (on les évoque par obligation d’objectivité mais ils ne sont pas représentatifs de cet Heroes Rise qui est clairement un des meilleurs segments de Gotham si ce n’est LE meilleur), il faut évoquer la bascule volontaire vers le côté obscur (via le fameux virus) de… Lee Thompkins. Encore un élément qui dénote fortement avec la mythologie du Chevalier Noir (il est, de toute façon, indispensable d’imaginer Gotham comme un elseworld pour l’apprécier à minima). C’est un personnage fondamentalement bon et la transformer « en méchante » le temps de quelques épisodes n’est pas forcément une bonne chose. On note aussi un Hugo Strange particulièrement lâche et toujours un peu ridicule dans son interprétation (un comble vu l’acteur, B. D. Wong, qui le campe). De façon plus anecdotique, les voix de Nygma et Gordon sont étrangement « viriles » quand ils se veulent mauvais mais l’effet tombe parfois à l’eau.

On apprend que trois ans se sont écoulés depuis le meurtre des Wayne, le temps est donc similaire à celui du rythme de diffusion. Un rappel bienvenu qui montre aussi le chemin parcouru depuis les balbutiements du show qui ne cesse de gagner en qualité tout en continuant de préserver une certaine « médiocrité » par des aspects — aspects maintes fois évoqués dans les précédentes critiques et qui semblent enfin être corrigés définitivement avec la mort de plusieurs personnes (Barbara, Fish Mooney, Butch…) et des écritures plus soignées voire très respectueuses des comics (pas sur tout évidemment). D’autres ne pourront plus être modifiés car liés au casting, à moins que David Mazouz (Bruce Wayne), entre autres, gagne en maturité et charisme mais cela semble difficile. Même Ben McKenzie (Jim Gordon) semble meilleur et, de toute façon, il faut « accepter » sa stature et cette vision de Gordon, mi-impulsif, mi-blasé, pour apprécier la série. Notons un épisode particulièrement réussi (le S03E19) et que cette fin de saison pourrait conclure définitivement la série. En bref, un très bon moment à passer avec huit épisodes qui se regardent avec plus d’envie (le show gagne à être binge-watchée plutôt qu’être suivi au rythme de la diffusion hebdomadaire).

Arrivé à ce stade de la série, si on effectue un classement (subjectif évidemment) des préférences de parties de saisons, nous aurions ceci — in fine actualisé avec la quatrième saison.

1. Saison 03 – Seconde partie : Épisodes 15 à 22 (Heroes Rise)
2. Saison 02 – Première partie : Épisodes 01 à 11 (Rise of the Villains)
3. Saison 04 – Deuxième partie : Épisode 12 à 22
4. Saison 03 – Première partie : Épisodes 01 à 14 (Mad City)
5. Saison 04 – Première partie : Épisodes 01 à 11
6. Saison 02 – Seconde partie : Épisodes 12 à 22 (Wrath of the Villains)
7. Saison 01 – Seconde partie : Épisodes 11 à 22
8. Saison 01 – Première partie : Épisodes 01 à 11