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Gotham – Saison 03 (Seconde partie : Heroes Rise)

Page récapitulative de la série Gotham.

Suite et fin de la troisième saison, composée de 8 épisodes et intitulée Heroes RiseL’ascension des héros »). La première partie comportait d’excellentes choses mais avait aussi beaucoup de gros défauts ; deux extrêmes qui, paradoxalement, pénalisaient le show tout en le glorifiant. Cette nouvelle salve d’épisodes corrige tout cela et s’avère nettement mieux ! Tour d’horizon.

L’histoire reprend là où elle s’était arrêtée. Le Pingouin veut se venger de Nygma (sans surprise, Copplebot n’était pas mort, on ignore quand même pourquoi — il se prend une balle en pleine poitrine et semble se noyer en fin de première partie) et s’offre une armée avec Mister Freeze, Firefly et Poison Ivy, sa dernière alliée en date, encore peu expérimentée. Cet évènement permet d’assister à la naissance « officielle » du Sphinx, donc de l’Homme-Mystère (« The Riddler » en version originale). Une réussite, clairement, rendant un bel hommage à l’antagoniste de papier, flirtant constamment entre la folie et l’intelligence, le narcisse et la stratégie. On peut juste déplorer un arc s’éternisant un peu trop avec un sentiment de « déjà-vu » entre Nygma et le Pingouin mais ce n’est pas très grave.

La Cour des Hiboux est le vrai-faux fil rouge de cette saison entière. Elle continue de se résumer à une société secrète qui tire quelques ficelles pour contrôler la ville — mais il faut mettre, une fois de plus, les incohérences de côté vu le nombre de meurtre perpétués par les ergots, y compris parmi les propres membres de la Cour qui sont tués sans que cela n’alerte quelqu’un ou soit visible par la société. D’autres personnes se cachent dans l’ombre, dont le « vrai » leader de la Cour, qui en profite pour laver le cerveau à Bruce Wayne via un apprentissage mi-ninja mi-spirituel dans un temple reculé en montage. On flirte avec les débuts de Batman Begins et la figure de Ra’s Al Ghul plane (ce qui est confirmé en toute fin de saison, avec en prime la révélation que la Cour n’était qu’un outil pour la Ligue des Assassins — les Hiboux sont donc déjà mis de côté et définitivement ?). Comme souvent, les passages avec le jeune Bruce ne sont pas les plus intéressants, faute à un acteur (David Mazouz) peu charismatique et convaincant (LA grosse erreur de casting).

Le récit avance surtout au gré du fameux virus de Jarvis Tetch, sombrant ses infectés dans la folie et des pulsions extrêmes liées à leur personnalité. C’est ce qui est arrivé à Barnes, devenu l’Exécuteur, qu’on revoie régulièrement dans ces huit nouveaux épisodes et avec plaisir. La menace de la diffusion du virus sur Gotham maintient un bon rythme tout en proposant des intrigues parallèles plaisantes : Nygma vs Le Pingouin comme évoqué, mais aussi l’évolution du GCPD (une énième fois ravagée puis rétabli, difficile de rester plausible à ce stade sur ce sujet) avec Bullock à sa tête — un rôle qui lui va bien et apporte un certain dynamisme. Alfred pourrait limite intégrer l’équipe tant il s’associe de plus en plus avec Gordon et Bullock et… qu’il n’hésite pas à torturer et violenter n’importe quel suspect responsable du kidnapping de son cher maître Bruce (remplacé un bref temps par son clone). Le majordome hyper « badass » continue de gagner en intérêt.

Si l’écriture des personnages se veut plus appliquée plus certains, elle peine toujours à hisser des protagonistes au rang des indispensables. Comme d’habitude, Barbara, Butch, Fish Mooney et Tabitha forment ces seconds rôles pitoyables qui pénalisent Gotham. Mais… fort heureusement ils apparaissent très peu dans cette deuxième partie de saison trois. Encore mieux : trois d’entre eux sont, a priori, morts ! ENFIN ! C’était la bonne décision à prendre pour gommer ces défauts inhérents à la série depuis son lancement. Attention, dans le monde du show, un mort peut ressusciter aisément, pas impossible donc que Fish Mooney revienne une seconde fois mais comme elle a déjà été ramené à la vie et que le personnage est peu populaire on en doute fortement (et tant mieux). Butch s’est pris une balle dans le front mais est visiblement dans le coma selon un plan qui dévoile sa potentielle évolution pour les fans de comics les plus aguerris. Quant à Barbara, on la voit morte mais la caméra ne s’attarde pas plus que cela, donc on reste sceptique. Reste Tabitha et sa nouvelle alliance à Selina (également en retrait dans ces huit épisodes) qui peut donner de belles choses, la jeune féline usant pour la première fois du fouet de Tabitha (on ne l’avait pas forcément vu venir !) et est enfin proche des chats. Des pas de plus, certes peu subtiles, vers la création de Catwoman.

Sur les rares autres éléments négatifs (on les évoque par obligation d’objectivité mais ils ne sont pas représentatifs de cet Heroes Rise qui est clairement un des meilleurs segments de Gotham si ce n’est LE meilleur), il faut évoquer la bascule volontaire vers le côté obscur (via le fameux virus) de… Lee Thompkins. Encore un élément qui dénote fortement avec la mythologie du Chevalier Noir (il est, de toute façon, indispensable d’imaginer Gotham comme un elseworld pour l’apprécier à minima). C’est un personnage fondamentalement bon et la transformer « en méchante » le temps de quelques épisodes n’est pas forcément une bonne chose. On note aussi un Hugo Strange particulièrement lâche et toujours un peu ridicule dans son interprétation (un comble vu l’acteur, B. D. Wong, qui le campe). De façon plus anecdotique, les voix de Nygma et Gordon sont étrangement « viriles » quand ils se veulent mauvais mais l’effet tombe parfois à l’eau.

On apprend que trois ans se sont écoulés depuis le meurtre des Wayne, le temps est donc similaire à celui du rythme de diffusion. Un rappel bienvenu qui montre aussi le chemin parcouru depuis les balbutiements du show qui ne cesse de gagner en qualité tout en continuant de préserver une certaine « médiocrité » par des aspects — aspects maintes fois évoqués dans les précédentes critiques et qui semblent enfin être corrigés définitivement avec la mort de plusieurs personnes (Barbara, Fish Mooney, Butch…) et des écritures plus soignées voire très respectueuses des comics (pas sur tout évidemment). D’autres ne pourront plus être modifiés car liés au casting, à moins que David Mazouz (Bruce Wayne), entre autres, gagne en maturité et charisme mais cela semble difficile. Même Ben McKenzie (Jim Gordon) semble meilleur et, de toute façon, il faut « accepter » sa stature et cette vision de Gordon, mi-impulsif, mi-blasé, pour apprécier la série. Notons un épisode particulièrement réussi (le S03E19) et que cette fin de saison pourrait conclure définitivement la série. En bref, un très bon moment à passer avec huit épisodes qui se regardent avec plus d’envie (le show gagne à être binge-watchée plutôt qu’être suivi au rythme de la diffusion hebdomadaire).

Arrivé à ce stade de la série, si on effectue un classement (subjectif évidemment) des préférences de parties de saisons, nous aurions ceci — in fine actualisé avec la quatrième saison.

1. Saison 03 – Seconde partie : Épisodes 15 à 22 (Heroes Rise)
2. Saison 02 – Première partie : Épisodes 01 à 11 (Rise of the Villains)
3. Saison 04 – Deuxième partie : Épisode 12 à 22
4. Saison 03 – Première partie : Épisodes 01 à 14 (Mad City)
5. Saison 04 – Première partie : Épisodes 01 à 11
6. Saison 02 – Seconde partie : Épisodes 12 à 22 (Wrath of the Villains)
7. Saison 01 – Seconde partie : Épisodes 11 à 22
8. Saison 01 – Première partie : Épisodes 01 à 11

Gotham – Saison 03 (Première partie : Mad City)

Page récapitulative de la série Gotham.

Mad CityVille folle ») est le nom du segment formé par les 14 premiers épisodes de la troisième saison. Critique de l’ensemble.

La série débute six mois après les évènements survenus à la fin de la deuxième saison, c’est-à-dire l’évasion des expériences du Docteur Strange, donc majoritairement des humains métamorphosés (des « monstres ») ou dotés de pouvoirs — mais également un clone aux cheveux longs de Bruce Wayne, nommé Five, pour 514A — du complexe souterrain secret situé sous l’Asile d’Arkham : Indian Hill. Certains ont été arrêtés par la police, d’autres par des chasseurs de prime, ce qu’est devenu Jim Gordon. Oswald Copplebot (Le Pingouin) compte bien aider la population de Gotham en offrant 1 million de dollars à qui trouvera Fish Mooney qu’il juge (à raison) à la tête de ces criminels en liberté. Le Pingouin reste lié d’amitié avec Nygma (toujours prisonnier à Arkham). Selina Kyle s’est à nouveau associée à Fish Mooney dont le costume et les acolytes proches sont plutôt ridicules.

La suite divise les arcs narratifs par groupes de personnages : Bruce et Alfred enquêtent que la Cour des Hiboux, James Gordon la joue solo avant de réintégrer le GCPD, Le Pingouin et Nygma s’associent pour gagner des élections, divers électrons libres (Barbara, Tabitha, Butch, Lee, Ivy…) naviguent ici et là sans réel intérêt. C’est là tout le problème de cette première partie de saison trois : il y a du très très bon et du très très moyen.

Commençons par les aspects négatifs de l’histoire. Le triangle plus ou moins amoureux Barbara/Tabitha/Butch est complètement risible, il faut absolument tuer tous ces personnages pour que la série s’en sorte grandie. Ivy devient une jeune femme par une pirouette scénaristique peu crédible et son parcours est, lui aussi, guère plausible (on a du mal à « croire » en ses pouvoirs, le rendu à l’écran sonne faux ; déjà qu’il ne passe pas très bien dans les comics parfois). La mère de Selina, qui débarque de nul part, est un prétexte ridicule pour ralentir l’intrigue principale (avec la Cour des Hiboux — on y revient plus tard). Autre élément complètement surréaliste : la relation entre Lee (l’ex de Jim) et Mario Calvi. Ce dernier n’est autre que le fils de Carmine Falcone ! Ça ne colle pas entre les deux et on voit tout de suite que le Mario « n’est pas net ». Au rang des improbabilités également : Isabella, le parfait sosie de Kristen Kringle, grand amour de Nygma, qui noue exactement la même relation avec lui… La même actrice incarne les deux rôles avec une couleur de cheveux différente. À la rigueur, l’explication d’une sœur jumelle aurait pu tenir la route mais là pas du tout (toutefois cet élément déclenche un segment du récit qui s’avère nettement plus intéressant — idem, on y revient plus tard). Victor Zsasz, le tueur récurrent, séduit nettement moins qu’au début de ces apparitions. C’est un « banal » criminel usant d’armes à feu. On ne le voit jamais se scarifier (l’essence même de cet antagoniste), il est devenu un simple homme de main (du Pingouin ou de Falcone, dommage). Dernier élément peu convaincant : le clone de Bruce Wayne, campé à nouveau par le même acteur (donc double peine car le jeu est vraiment pauvre).

Sur les aspects du scénario un peu plus « moyen », citons la fameuse Cour des Hiboux et l’enquête de Bruce, pas mal en retrait durant ces 14 épisodes, ce qui n’est pas plus mal. Pour l’instant tout reste assez brumeux sur les véritables enjeux (ce n’est pas très grave) mais à l’exception d’une quelconque « société secrète », la Cour n’apporte (pour l’instant) pas grand chose d’autres — si ce n’est le plaisir de la voir sur écran ainsi que les fameux ergots pour les fans des comics. De façon anecdotique, citons un équivalent de Man-Bat plutôt convaincant mais peu vu à l’écran.

Heureusement, beaucoup d’autres éléments sont réussis, voire très réussis. Tout d’abord Jim Gordon en roue libre en tant que détective privé/chasseur de prime. Cela réconcilie avec l’acteur qui délivre enfin davantage d’expressions faciales et apporte une certaine « coolitude » au personnage (qui en manque cruellement). Il entame une romance avec Valerie Vale, qui est, pour l’anecdote, la tante de Vicky Vale (le show ne l’indique pas). Lucius Fox a rejoint le GCPD en tant qu’expert scientifique car Wayne Enterprises est trop moralement corrompu selon lui, il remplace donc Nygma à ce rôle (et c’est très bien ainsi, Fox amenant un certain magnétisme à chacune de ses apparitions). L’excellent Barnes est toujours à la tête du GCPD justement, son évolution est passionnante et bien écrite. La venue de Jervis Tech, alias le Chapelier Fou, un hypnotiseur amoureux de sa sœur Alice, est aussi une excellente chose. Benedict Samuel (The Walking Dead) livre un charismatique ennemi emblématique de Batman. C’est d’ailleurs ce qu’aurait dû faire Gotham depuis le début : se concentrer sur des vilains peut-être « moins connus » mais les conserver plusieurs épisodes au lieu d’en créer des nouveaux ridicules ou le temps d’un épisode (comme dans la première saison). Tech occupe une place importante dans cette première salve d’épisodes et il est accompagné des frères Tweeds. Tout est respectueux des comics, rappelle bien sûr Alice au Pays des Merveilles mais aussi la saga de films Saw !

Autre bonne trouvaille de la série : Le Pingouin candidat à la mairie et Edward Nygma en chef de cabinet. Mais le futur Sphinx n’est pas dupe et complote en amont pour faire cavalier seul. Sa vraie-fausse amitié dévoile même son extrême ingéniosité (donc intelligence) et le pathos touchant de Copplebot. Celui-ci allant même jusqu’à lui déclarer… son amour ! Une approche audacieuse, révélant une bisexualité ou homosexualité du Pingouin très crédible car très bien écrite. Il est évident que ça ne plaira pas à tout le monde, cette originalité étant totalement inédite mais scie à merveille à Copplebot, toujours brillamment interprété par Robin Lord Taylor. Le tournant de la relation ambigüe entre les deux (le meurtre du fameux sosie de Miss Kringle) permet d’admirer le jeu de Cory Michael Smith (Nygma), sombrant à nouveau dans cette étrange folie. Le duo devient l’une des forces du show, clairement. Il est d’ailleurs important de relever la fragile frontière qui sépare les fous (d’Arkham) des criminels (enfermés à Blackgate). Il est bien difficile de retranscrire cela dans les comics parfois (à commencer par le personnage du Joker par exemple). Ici, Gotham traite avec un bon équilibre cet aspect. De la même manière, il y a de bonnes notions (entamées la saison précédente), de justice et de vengeance. Avec des poncifs parfois un peu cliché mais qui restent efficace.

On apprécie également le rendu de la ville, jonglant entre la burlesque métropole gothique des films de Tim Burton et la folle inspiration « réelle » héritée de la trilogie de Nolan. Gotham étant un lieu où converge les pires des ordures dans des lieux sales et malfamés mais où vivent également le gratin de la ville, fortunés et influenceurs.

Mais le grand atout de ces nouveaux épisodes est le retour de Jérôme, le fameux « proto Joker » charismatique et passionant. La résurrection dudit Jérôme, parfaitement incarnée par Cameron Monaghan, est certes « facile » (la série ne s’embête pas à jongler entre les invraisemblances du registre thriller, fantastique et science-fiction pour que ça l’arrange) mais apporte un regain d’intérêt. Si les prestations des quelques épisodes où il était aperçu ne convainquaient qu’à moitié, cette fois c’est la bonne : toute la folie et l’intelligence du (futur) Clown du Crime est délicieusement fascinante. Les auteurs (incluant le showrunner et créateur de la série Bruno Heller, connu pour The Mentalist et Rome) ont même scrupuleusement respecté certains comics récents, où le Joker avait son visage complètement enlevé. Un régal ! La suite de ses aventures stimule nettement plus que celles de Bruce et Jim. Gotham a toujours davantage passionné par son écurie d’ennemis que ses héros.

Les nombreux points positifs gomment les autres (nombreux également) négatifs. Il est toujours dommage, arrivé à plus de deux saisons et demi, de constater que la série continue de se chercher sur quelques aspects, toujours dans cette volonté de séduire un « large public » ou des « spectateurs non connaisseurs de Batman ». Les audiences baissent, on ignore la corrélation avec l’écriture du show qui gagne en maturité et en qualité tout en étant plombé par des sous-intrigues et personnages secondaires dénués d’intérêt. Heureusement, le Chapelier Fou, le Pingouin, Nygma et Jérôme permettent d’y trouver un plaisir non négligeable et une certaine tension qui continue de donner envie de voir la suite !

Gotham – Saison 02 (Seconde partie : Wrath of the Villains)

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Après une excellente première partie (comportant encore certains défauts côté casting et écriture de personnages tout de même), que vaut cette seconde salve intitulée Wrath of the Villains (« La colère des méchants ») ?

L’histoire reprend peu après la fin de l’épisode précédent : Gordon est blanchi des accusations du meurtre de Theo Galavan et Le Pingouin est activement recherché (et rapidement trouvé puis enfermé à Arkham). La grande nouveauté est l’arrivée de Victor Fries/Mister Freeze (Nathan Darrow — assez moyen). Sans surprise, sa romance tragique avec sa femme malade (brillamment illustrée dans la série d’animation, les jeux vidéo de la saga Arkham et dans les comics) prend place aussi ici. Les effets spéciaux de ses armes et les victimes congelés sont plus réussis que les précédents effets visuels. Dommage d’avoir réellement « tué » Nora si tôt et de dévoiler un ennemi emblématique des années avant la véritable arrivée de Batman.

Cette deuxième partie est un peu plus décousue que la première mais il y a toujours des fils narratifs continus, le principal avec l’asile d’Arkham et son sous-sol des expérimentation du Dr. Hugo Strange (campé par le normalement très bon B.D. Wong, vu dans Oz et Mr. Robot notamment, mais qui n’excelle pas vraiment dans Gotham). On suit donc dans les premiers épisodes l’évolution de Freeze mais aussi la découverte d’un paternel pour le Pingouin (joué par Paul Reubens dans une ambiance mi-Tim Burton à nouveau — ça tombe bien, l’acteur incarnait Pee-Wee — mi-Famille Adams), une parenthèse pas extraordinaire et extrêmement prévisible (mais esthétiquement appréciable). On assiste aussi à la montée en puissance de Nygma, quasiment la naissance du Sphinx avec un plan machiavélique incroyable et puissant qui débouchera sur l’incarcération de Gordon à Black Gate ! Une situation inédite et passionnante, qui permet aussi de se réconcilier un peu avec le jeu d’acteur de son interprète (Benjamin McKenzie).

Du côté de Strange, présent dans quasiment tous les épisodes, c’est un petit peu la porte ouverte « à toutes les folies » puisque ses expériences arrivent, entre autres, à ressusciter des personnes et créer des monstres… Un point dommageable puisque cela permet toutes les possibilités scénaristiques inimaginables avec un risque de perte de crédibilité. Ça ne loupe pas puisque Galavan revient à la vie et devient… Azrael ! Si le traitement du personnage (en costume) est plus ou moins respectueux des comics, l’homme sous l’armure n’est plus crédible mais quand il la porte il est imposant, puissant et magnétique. On espère tout de même un jour l’arrivée de Jean-Paul Valley en successeur (même si, dans le cadre de la série, ce serait une fois de plus trop en amont — cf. paragraphe plus bas). À signaler aussi, le retour (sans surprise) de Barbara Kean dans un double-jeu toujours aussi ridicule. Tout comme le couple improbable Butch/Tabitha… Sans réelle stupeur également, Fish Mooney revient avec en plus un « super-pouvoir » (on apprend quand même qu’elle était réellement morte). Difficile d’adhérer à 100% à ces renaissances et aux fameux « lavages de cerveau », c’est un parti pris facile, peu créatif, pas forcément crédible et plutôt dommage. On déplore aussi l’évolution trop risible de Firefly, pourtant bien amenée dans la première partie.

On retient donc de ces 11 épisodes principalement l’évolution de Nygma, les quelques scènes de combat d’Azrael en armure, le séjour de  Gordon en prison, la découverte du meurtrier des parents de Bruce Wayne et l’avancement de ce dernier dans son combat pour la justice avec les terribles contraintes « légales » (ainsi que son admiration en voyant un costumé en cape, Azrael donc). Son apprentissage continue malgré lui et, là aussi sans grande surprise pour les connaisseurs des comics, la Cour des Hiboux est bel et bien annoncée (et devrait en toute logique être au cœur de la saison suivante). Les bonnes résolutions (et révolutions ?) du show se situent dans le casting de cette seconde saison avec les personnages de Nathaniel Barnes (Michael Chiklis) et Lucius Fox (Chris Chalk). Tout d’abord ils apportent un nouveau souffle de « bien », Gordon (et Wayne) ne sont plus les uniques artisans à œuvrer pour ce qu’ils estiment être la justice (au détriment de la loi). Ensuite, ils sont très justement interprétés, et enfin, les acteurs sont très charismatiques (se référer à cet article pour la liste de tout le casting et les appréciations de chacun).

Si Gotham a plusieurs défauts (déjà listés plus haut et dans les anciennes critiques) et que cette seconde partie de saison 2 s’essouffle un peu (il y a de bons moments tout de même, comme ceux évoqués plus haut), il faut reconnaître au show une certaine qualité sur le rythme (il n’y a jamais de temps mort), sur la photographie qui est toujours très soignée et sur la direction artistique plutôt correcte pour une série de ce calibre. On apprécie par exemple l’extérieur d’Arkham qui rend un bel hommage aux versions déjà connues. Les plus cinéphiles ou serievores aimeraient certainement un côté plus travaillé et original sur la mise en scène mais ce n’est pas très grave. Idéalement, à l’instar de la première saison, le nombre d’épisodes devrait être diminuer (16 ou 18) pour gagner encore plus en efficacité.

En prenant un recul nécessaire et avec un prisme de lecture axé « fan de Batman », on se doit de souligner une certaine inquiétude vis-à-vis de l’anticipation extrême de Gotham. Si l’on se fit à la chronologie plus ou moins officielle, les premiers pas du Chevalier Noir dans son costume ne doivent arriver que dans une dizaine d’années au minimum (quand Bruce a 21/22 ans). Bien sûr dans le cadre de la série télévisée — qui reste une adaptation avec donc des auteurs libres de s’inspirer des comics mais ne pas suivre à la lettre ce qu’ils estiment ou non, évidemment — il se peut que Bruce Wayne enfile sa cape plus tôt. Mais tout de même… plusieurs de ses ennemis emblématiques sont déjà présents (certains étant de base plus âgés que lui, cela fait bien sûr sens de les croiser déjà). Quelques uns ne sont pas encore affublés de leur véritable alias, d’autres ne sont même pas encore clairement des « méchants » mais beaucoup existent (ennemis mineurs ou majeurs) une décennie avant l’arrivée de Batman.

Le Pingouin, le Sphinx (Edward Nygma), Hugo Strange, Gueule d’Argile (apparu en fin de saison 2), Mr Freeze, Victor Zsasz, l’Électrocuteur (qui était risible en saison 1), Flamingo sont déjà là. Il y aussi la mafia et la police corrompue avec Loeb, Falcone et Maroni par exemple. Certains sont également montrés en tant qu’enfants ou adolescents comme Poison Ivy, L’Épouvantail, Firefly, Silence (Tommy Elliot) et d’autres évoqués par leur père comme Romain Sionis (donc Black Mask) et à nouveau Jonathan Crane (l’Épouvantail). On peut citer également Harvey Dent (Double-Face) qui est déjà présent et bien sûr Selina Kyle (Catwoman) même si ces derniers sont plutôt des « gentils » ou, au pire, des antagonistes (tout comme Azrael dans sa version définitive si elle vient un jour). Reste le Joker, qu’on a vu dans sa version « proto » et éventuellement Killer Croc, aperçu au détour d’un plan en fin de saison 2 (mais aucune confirmation que c’était bien lui). Et tout cela en moins de 45 épisodes ! C’est vraiment… énorme. Même si certains ne sont pas encore des ennemis ou ont encore un long chemin à suivre pour s’émanciper pleinement, nul doute que la série en montre « trop » et « trop vite ». Parmi les têtes connues les plus représentatives de la galerie de vilains de Batman, il ne reste (déjà) plus que Bane, le Chapelier Fou, Harley Quinn, Ra’s al Ghul et éventuellement Man-Bat et le Ventriloque. Soit à peine six (dont trois/quatre qui interviendront dans les saisons 3 et 4 si on a été attentif aux bandes-annonces et teasers), outch… La série doit prendre son temps, comme elle le fait brillamment avec le Pingouin et Nygma ; elle a à sa disposition une forte liste d’ennemis potentiels à utiliser, il faut piocher dedans avec parcimonie plutôt que de vouloir tous les montrer absolument ou d’en créer des ridicules.

C’est en cela que Gotham peine aussi toujours à convaincre réellement, par ce côté « fan-service » pas forcément utile. Il y a des aspects négatifs qui ont été très bien corrigés (le rythme et l’écriture), d’autres qui sont délicats à améliorer (le jeu d’acteurs de quelques-uns) et certains qui se doivent d’être gommés et remplacés par de meilleurs éléments, comme ce fut le cas, avec parcimonie, dans cette deuxième saison (suppression de personnages, focalisation sur les évolutions…).

En conclusion cette nouvelle salve d’onze épisodes est en-dessous des onze premiers mais comporte de sacrés bons moments de fulgurance. Globalement, cette deuxième saison s’en tire plus que bien et balaye sans problème la première qui cumulait trop de défauts. On est donc toujours en très bonne voie, le show a trouvé ses marques et s’améliore. En espérant que des ajustements qualitatifs arrivent en saison 3 mais on est clairement sur une série qui pourra passer plus facilement la postérité si les auteurs conservent le ton de cette saison 2 et, surtout, s’ils peaufinent les quelques défauts inhérents toujours présents.