Archives de catégorie : Review

Gotham – S01E09 : Harvey Dent

Page récapitulative de la série Gotham.

Gotham Boxe(Combat de virilité au Manoir.)

[Histoire]
Jim Gordon confie Selina Kyle, seule témoin de la scène du meurtre des Wayne, à Alfred, malgré ses réticences, et à son jeune maître Bruce, avec qui elle se lie d’amitié. La fille a dressé un portrait robot du tueur et est donc ainsi en sécurité en attendant la suite des investigations.

Jim rencontre ensuite Harvey Dent, procureur intègre et ambitieux. Ce dernier veut faire tomber, Lovecraft, un milliardaire de Gotham corrompu, et va répandre une rumeur : il y a un témoin de l’assassinat des Wayne qui peut relier Lovecraft avec les coupables.

Enfin, un fabricant de bombes se fait libérer par un groupuscule russe lors de son transfert depuis le pénitencier BlackGate. Gordon et Bullock se chargent de l’enquête.

Gotham Dent(Il joue avec une pièce et la moitié de son visage est dans l’ombre, devinez qui est-ce ?)

[Critique]
À l’instar du deuxième épisode (intitulé Selina Kyle) celui-ci n’est absolument pas centré sur le personnage de son titre, à savoir Harvey Dent. C’est bien dommage car le futur Double-Face est finalement assez secondaire et son arrivée plutôt mal amenée. Il débarque de nulle part, a déjà bonne réputation (alors qu’on n’a pas entendu parlé de lui avant), et puis, hélas, l’acteur Nicholas D’Agosto force beaucoup trop son jeu pré-schizophrénique. En plus de lancer sa célèbre pièce à plusieurs reprises, l’homme se montre colérique dans une séquence d’intimidation peu crédible. Toutes les scènes dans le bureau de Dent masquent une partie de son visage grâce à des pans d’ombre intérieurs. Ce phénomène, trop appuyé, en devient presque risible, sauf pour la rage éphémère avec la bouche contorsionnée. Les scénaristes ont donc choisi un Dent qui n’est pas forcément très « stable » avant sa métamorphose (qui ne devrait pas arriver de sitôt de toute façon). Une décision intéressante pour un personnage qui sera, espérons, mieux exploité par la suite.

Gotham Hodor(C’est en fait Hodor le tueur.)

L’excursion enfantine au Manoir Wayne risque de déplaire : beaucoup de scènes s’y déroulent et Bruce et Selina sont mis à l’honneur. Le début de relation plus qu’amicale est suggérée. CatGirl peut irriter par son côté mi-hautaine et mi-aguicheuse pour une très jeune fille, ainsi que par son interprétation mitigée par Camren Bicondova. En revanche, et à l’inverse, le jeu de David Mazouz (Bruce) se bonifie ; ses séances d’entraînement et la relation particulière avec Alfred (excellent Sean Pertwee) sont efficaces (même si sans doute trop rapides, il est encore long le chemin à parcourir pour lui avant de devenir Batman). Incompréhension totale lors d’une scène d’apnée volontaire… en restant habillé.

Le reste est très sommaire : un vilain pas vraiment méchant dans le fond, du Nygma sympathique (qui parle de jeux vidéo !), Bullock très en retrait, Barbara et sa scène finale relativement prévisible (et ridicule), Mooney Fish fidèle à elle-même (et donc un poil agaçante aussi), des effets spéciaux pas terribles, etc. Seuls les moments avec le Pingouin sauvent, comme toujours, l’épisode (ici il continue ses manipulations au sein des mafias) et, surtout, forcent à continuer de suivre une série qui est victime de hauts et de bas. Pas assez sombre, trop grand public, maladroitement ancrée dans l’univers de Batman, cherchant l’audience et donc rallongeant inutilement cette première saison avec des épisodes poussifs. L’ensemble reste moyen, la série a eu le temps de prouver son potentiel et on espère surtout revoir des exceptions de qualité comme Penguin’s Umbrella.

Gotham Harvey Dent  (Et là c’est quand il s’énerve.)

Les Tourments de Double-Face

Publié sous le titre originel Jekill & Hyde dans le magazine Batman de Panini Comics en 2006 (numéros #13 à #18), cette histoire sur le célèbre ennemi du Dark Knight a été rééditée en juin 2014 avec une appellation plus accrocheuse : Les Tourments de Double-Face.

tourments-double-face

[Histoire]
Des meurtres extrêmement violents ont lieu dans Gotham : actes de cannibalisme, tueries familiales par des personnes douces et sans histoires. Du jamais-vu en si peu de jours pour Gordon, dépassé par les évènements.

Batman enquête et pense que Double-Face est dans le coup. Ce dernier est enfermé à Arkham mais ne tardera pas à s’échapper, plus en proie avec ses démons intérieurs que jamais. Se remémorant son enfance avec son frère et son incessant combat cérébral schizophrénique.

Bruce Wayne, de son côté, rencontre un médecin persuadé que l’Homme se bat avec son moi intérieur sans arrêt, au lieu de le laisser s’exprimer pleinement.

[Critique]
Noir. C’est le premier qualificatif auquel on pense quand on lit ce récit. Noir par son ambiance tout d’abord : des scènes de crimes assez insoutenables et une folie extrême de Double-Face. Noir par son ambiance graphique ensuite : des planches très sombres, magnifiées par Jae Lee dans les trois premiers chapitres (l’artiste au style épuré s’est nettement amélioré depuis, sur Before Watchmen – Ozymandias notamment, et œuvre actuellement sur la série Batman/Superman, publiée dans Superman Saga) puis beaucoup moins jolies ensuite. C’est en effet Sean Phillips qui termine l’ouvrage, les traits sont moins alléchants que ceux de Lee, mais la colorisation de June Chung, sombre elle aussi, permet de garder une petite cohérence graphique.

C’est donc Double-Face et Batman qui sont au cœur de cette étrange histoire. Elle rappelle indéniablement Killing Joke. La dualité entre les deux protagonistes, l’envie de restreindre l’homme chauve-souris à succomber aux ténèbres pour se laisser aller définitivement dans la violence voire la mort, la question récurrente du moi intérieur, etc.

Le côté psychologique du récit permet d’avoir un aspect plus contemplatif (surtout avec les dessins de Jae Lee) que basé sur l’action (qui reviendra sur la fin). La conclusion offre d’ailleurs de nouvelles origines très intéressantes pour Harvey Dent. La mini-série tend à penser que l’homme était déjà schizophrène avant sa transformation physique (une théorie déjà mise en scène, plus ou moins, subtilement dans le film The Dark Knight). Ce sujet est passionnant et cette interrogation fait écho à celle de Bruce Wayne/Batman.

Une atmosphère très pesante, aussi bien esthétiquement que scénaristiquement, qui offre un bel « hommage » part à Harvey Dent/Double Face et qui peut même s’intercaler dans ses origines officielles. On aurait aimé que Jae Lee dessine tous les chapitres, cela aurait sans doute donné un statut de culte aux Tourments de Double-Face, assurément la représentation la plus efficace du Dr Jekyll and Mr Hyde moderne.

Gotham – S01E08 : The Mask

Page récapitulative de la série Gotham.

Gotham Mask Mooney Pinguin  (Retrouvailles entre Mooney et Oswald.)

[Histoire]
Gordon et Bullock enquêtent sur la mort d’une personne dont un pouce est retrouvé dans la bouche. Un homme d’affaire important, Richard Sionis, est immédiatement suspecté…

De son côté, le Pingouin souhaite renouer une amitié avec Mooney Fish. Celle-ci ordonne à Liza, sa taupe chez Falcone, de récupérer une information secrète.  Alfred emmène Bruce Wayne à l’école pour le sociabiliser. Mais très vite, le garçon subit des moqueries de la part de Tommy Elliot.

Jim Gordon gère une nouvelle crise dans son couple et s’est mis à dos une bonne partie de la GCPD mais il peut désormais définitivement compter sur Bullock comme pilier de soutien.

Gotham Bruce Tommy Elliot Silence (Ça va chauffer sur les bancs de l’école.)

[Critique]
Un épisode en demi-teinte. Difficile de faire mieux que la semaine passée. Un bon élément tout d’abord : la croisade de Jim, ses convictions, sa force, sa loyauté. Le policier devient de plus en plus un « héros » au sens noble du terme. Bullock s’allie et pousse les autres à faire de même, c’est une bonne évolution (mais attention à ne pas aller trop vite).

Le côté Fight Club est trop poussif, et l’ennemi n’est pas très charismatique, affublé d’un masque pour amener à Black Mask plus tard (via son fils ? quelqu’un d’autre ?), ça manque de subtilité. La courte scène avec Selina en souffre également : elle sort d’une plaque du sol en balançant des vêtements volés devant des agents… À voir si la justification de cet acte ridicule sera pertinente avec les retrouvailles entre elle et Gordon (dans le cas où ce serait volontaire, alors qu’il y avait d’autres façon d’approcher le flic).

Gotham Barbara

(Barbara Gordon, un temps soudé à Jim, va soudainement s’en éloigner.)

Nygma est assez présent, on voit que l’homme est intelligent, un peu dérangé, mais surtout frustré que son talent ne soit pas plus mis en avant au sein de la police. L’avoir intégré au GCPD est vraiment une excellente chose. Autre élément intéressant : la relation entre Bruce et Alfred qui prend une tournure inattendue. Le majordome encourage carrément le garçon à frapper son « camarade » Tommy Elliot (qui deviendra Silence/Hush dans les comics, après avoir été un ami d’enfance de Bruce). Il assistera même à la scène et conclura : « souvenez-vous qu’il a failli vous tuer et que je ne l’ai pas retenu ». Quelle audace ! Cette tournure plutôt radicale (qui découlera sur des entraînements physiques de Bruce) est très agréable. Ce côté immoral et surprenant ajoute une nouvelle touche inédite dans les relectures des origines du Chevalier Noir. De plus, David Mazouz s’améliore dans son jeu, il est plus convaincant qu’aux débuts de la série.

Gotham Bullock Gordon(Jim et Harvey cherchent des indices du côté d’un chirurgien clandestin.)

Malgré d’énormes incohérences (Barbara, Sionis…) et une apparition ridicule de CatGirl, Mask continue le cheminement classique de Gotham : Gordon contre la corruption, Bruce Wayne en (légère) transformation, les pions classiques de la mafia qui continuent d’avancer à travers Le Pingouin et Mooney Fish. Le prochain épisode mettra en scène le procureur Harvey Dent (bien avant qu’il soit Double Face), l’occasion de voir si les scénaristes ont penché pour un homme moralement bon dès le départ ou déjà secrètement schizophrène (à l’instar de l’approche de Nolan dans The Dark Knight).

Gotham Nygma(Nygma s’occupe de l’autopsie et se prend d’affection pour cette scie.)