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No Man’s Land – Tome 05

No Man’s Land est une longue saga constituée de plusieurs tomes : le volume unique Cataclysme, qui en était l’introduction, puis le récit « principal » de No Man’s Land en six tomes et, enfin, New Gotham en trois volumes. Voir la page récapitulative si besoin.
Afin d’établir des résumés et critiques plus visibles qu’un gros bloc reprenant l’ensemble de l’ouvrage, celles-ci sont divisées par les différentes (petites) histoires qui composent le tome. Le résumé est en italique sous le titre et la critique est précédée d’une petite flèche.

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Chemin de fer souterrain
scénario : Steven Barnes | dessin : Paul Ryan
Batman : Legends of the Dark Knight #123 | Batman : Shadow of the Bat #91

Un certain « pavé » tente de consolider une zone en assurant protection et sécurité à ses habitants. Affublé d’un brassard du logo du Chevalier Noir, cet ancien agent de police (Bock) agit en effet avec l’aval de Batman ; ce dernier lui donne un coup de main de temps en temps. Bock s’engage dans un combat dans l’arène du Pingouin pour marchander avec lui…

no mans land pavé

► Deux chapitres composent cette histoire qu’on peut qualifier « d’introductive » à ce cinquième volume. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, la situation à Gotham reste « la même » (comprendre : « stagne ») et on continue de suivre les (petites) évolutions de différents protagonistes. Ici, c’est donc un ancien policier, rapidement attachant, et le Pingouin qui sont mis en avant. Les apparitions de Batman, le Joker et Robin sont les bienvenues et permettent de resituer leur état des lieux à chacun (pas « en quête » particulière, etc.). Après un premier chapitre d’exposition, le second est résolument tourné vers l’action et fonctionne bien, avec une certaine touche d’humanité (y compris chez Copplebot !) et de noirceur. Une scène finale s’attarde sur des soldats étant à l’extérieur de Gotham (ils gardent les entrées/sorties possibles) et reconnaissent l’injustice que subissent les citoyens. Un point de vue qui manquait clairement jusqu’ici et qui mériterait d’être exploré par la suite, ne serait-ce que pour montrer une multitude de réflexions bien loin d’un manichéisme primaire. En somme, ce « chemin de fer souterrain » est une bonne entrée en matière.

« Il m’a appris qu’on n’attaque pas le corps de son adversaire, mais son cœur et son âme. On frappe pour ternir sa lumière, afin que son ombre intérieure enfle et vienne le consumer. »

Soirée en ville
scénario : Chuck Dixon | dessin : Mat Broome
Batman #571 | Detective Comics #738

Dans les souterrains de Gotham, Bane contraint une jeune femme à s’allier à lui. Il lui confie qu’il a préparé un plan en secret car il travaille pour quelqu’un, dont il ignore le nom, et qui a des ambitions pour les lendemains de Gotham. De leur côté Batman et Robin ont aussi le sentiment qu’une personne venue de l’extérieur manipule les évènements de la ville.

Bane répand la terreur en ville et signe ses assassinats par des cartes de deux de pique, pour « faire croire » que Double-Face sont derrière tout cela. Un jeu qui ne dupe pas Le Pingouin qui convie carrément le Chevalier Noir et son acolyte pour aider Harvey Dent…

Bane No Mans Land

► Le Caveau et Le Vandale sont les noms des deux chapitres de ce qui est peut-être le premier réel gros tournant dans la saga depuis des lustres. On insiste, un peu trop souvent, sur l’idée d’un homme de l’ombre (qu’on peut déjà imaginer si l’on connaît modestement la mythologie de Batman ou de DC Comics). Même si c’est assez soudain, c’est clairement une étape bienvenue pour No Man’s Land (dont le côté stagnant n’est plus à prouver). Cette transition est tout de même écrite avec une certaine habilité. Employer Bane est une bonne chose, c’est un ennemi intelligent, il le prouve en expliquant qu’il conserve l’illusion que la personne pour qui il travaille est son patron mais in fine ce sont ses intérêts qu’il sert. De la même manière, en refusant d’agir sur certains points, Batman prouve, lui aussi, son intelligence, pour recueillir certains indices importants. Globalement, l’histoire se tient (malgré le personnage féminin débarquée de nulle part) mais aurait dû être avancée plus tôt pour gagner en fluidité sur l’ensemble des tomes (même si cette piste d’une personne de l’ombre avait déjà été évoquée discrètement par le passé). On retrouve Chuck Dixon derrière le scénario, c’est un habitué de Bane puisqu’il a créé le personnage et l’a émancipé lors de la saga Knightfall (des allusions y sont faites). Aux pinceaux, Mat Broome se démarque en proposant un découpage très rythmé, des traits modernes et un ensemble plutôt élégant et agréable. Du tout bon donc.

Capitaine d’Industrie
scénario : Chuck Dixon | dessin : Rafael Kayanan
Batman : Legends of the Dark Knight #124

Le criminel Shanks promet à chaque citoyen qui le rémunère en argent ou bijoux un passage secret permettant de quitter Gotham. Batman recherche Danny Flowers, qui a justement emprunté cette soi-disant voie de sortie. Pour enquêter, le Chevalier Noir utilise son alias de Malone l’allumette.

Batman Malone l'allumette

► L’intérêt de ce chapitre est « double ». La première est l’incursion d’un côté über « primaire » de citoyens piégés dans un tunnel qui deviennent limite des zombies. Si l’on ne flirte pas vraiment avec le registre fantastique (et tant mieux), cette petite originalité fait plaisir à voir. L’autre intérêt est de constater « enfin » une réflexion qu’on peut légitimement se faire : si l’argent (et les bijoux) n’a pas de valeur durant le No Man’s Land, on peut imaginer qu’une fois la situation débloquée, la monnaie redeviendra synonyme de fortune. Si quelques personnes souhaitent en conserver pour « plus tard », cela semble logique. C’est donc un aspect que l’on découvre ici, brièvement certes, mais cela valait le détour. Et permet d’aboutir sur une case finale assez glaçante. L’idée effleurée d’un potage privé pour marchander est également intéressante. Du reste, on retient des dessins corrects mais sans plus et un Batman utilisant son identité de Malone l’allumette, un alias qu’on retrouve dans d’autres aventures du Dark Knight — dont des plus récentes comme Batman Eternal.

Avis de Tempête
scénario : Devin K. Grayson | dessin : Dale Eaglesham
Batman : Shadow of the Bat #92

Superman revient à Gotham City mais en tant que civil. Il veut aider quelques citoyens mais aussi vérifier qu’un attentat terroriste par drone ne va pas se produire. Son chemin croise celui de Batman.

Batman Superman No Mans Land

► Le retour de l’Homme d’Acier apporte une certaine « pause » légèrement rafraichissante et avec un peu d’humour. Concrètement, elle n’apporte pas grand chose mais permet de réexpliquer les raisons de l’absence de Superman dans Gotham. Ce dernier était déjà intervenu par le passé (voir les volumes précédents) mais ses actions se soldaient par un échec. Batman avait déjà averti son collègue de la Justice League que seul lui pouvait aider SA ville et comprendre les façons d’être des humains (comprendre « néfastes »). Graphiquement on oscille entre l’excellent (des cases fourmillent de détails, des visages sont parfois d’une grande complexité) et le mauvais (têtes pas crédibles, contours brouillons…). Pénible du coup, et assez paradoxal mais tant pis.

On retient toutefois une tirade de Batman relativement puissante et efficace, à découvrir ci-dessous.

Batman Superman No Man s Land

Jurisprudence
scénario : Greg Rucka | dessin : Damion Scott
Batman #572 | Detective Comics #739

L’Encaisseur est un sbire de Double-Face, il apporte à son boss la prisonnière Renée Montoya, enfermée avec son frère. Harvey Dent, visiblement sous le charme de Renée, va aussi kidnapper Gordon pour… lui faire son procès !

Double Face Montoya

► Cette histoire apporte enfin une résolution d’intrigue entamée plus tôt (voir volumes précédents) notamment entre les agissements de Gordon envers Double-Face. On comprend que le commissaire a tenté de faire affaire (un pacte de défense mutuelle) avec l’ancien procureur, par l’intermédiaire de Renée Montoya (qui a donc été capturée à ce moment-là et gardé captive durant cinq mois). La première partie est un peu confuse de prime abord avec des éléments peu contextualisés, le personnage de l’Encaisseur (aperçu durant Knightfall et Le Fils Prodigue) qui revêt une certaine importance avant de disparaître, etc.

L'Encaisseur Double Face

La seconde, le procès de Gordon, est nettement plus intéressante, aussi bien par son découpage original durant les témoignage que par une habile écriture sur la culpabilité de Gordon puis sa défense. Rarement la schizophrénie de Dent n’aura été si bien dépeinte — à travers lui ou bien via un dialogue des parents de Montoya. En somme c’est une véritable incursion méta (le faux procès à l’intérieur du no man’s land à l’intérieur de Gotham) qui est proposée avec brio ! Original et d’une parfaite continuité avec l’ensemble de la saga, tout en amorçant un certain virage pour montrer qu’on ne va plus trop « stagner ». Deux critiques négatives cependant : Jurisprudence arrive un peu tardivement pour saisir les anciennes connexions des récits passés (ce n’est pas très grave lorsqu’on lit l’intégralité de la saga à la suite) et les dessins ont un côté cartoony par forcément idéal pour « prendre au sérieux » ces deux chapitres. Malgré cela, à mi-chemin de ce cinquième tome c’est clairement une réussite.

Le Roi Lézard
scénario : Chuck Dixon | dessin : Staz Johnson / Gordon Purcell
Robin #71-72

Killer Croc va prendre sa revanche après sa défaite face à Black Mask et aux policiers. L’homme-lézard, ou plutôt le Roi Lézard, reprend petit à petit des quartiers de la ville. De son côté, Robin (Timothy Drake) se reposer à la Batcave avec Alfred. Le jeune prodige ignore comment il expliquera à son père son absence soudaine. Dick panse aussi ses plaies mais avec Barbara, et Stéphanie Brown, dont la mère avait découvert son costume d’Oracle, est consignée à domicile. Mais toute la Bat-Family communique entre elle et se soutient.

Robin No Mans Land Killer Croc

► Une coopération inédite entre le Pingouin et le GCPD, le « retour » des justiciers — Robin est au centre du récit mais revoir brièvement Alfred, Dick, Stéphanie et Barbara fait plaisir — et Killer Croc plus puissant que jamais (il pend ses victimes). Une petite histoire qui se lit très bien et qui continue cette mouvance auquel nous habitue le volume depuis le début. Seul regret côté dessin où l’ensemble pêche un peu et retrouve ce côté très années 80/90 à l’inverse des chapitres précédents. On notera également la fin, très intéressante (qui se terminera dans le tome 6) avec un bel accent mis sur la relation père-fils entre Tim et son paternel.

Retrouvailles
scénario : Greg Rucka | dessin : Rick Burchett
Batman : Legends of the Dark Knight #125

Gordon et Batman se revoient enfin en privé et règlent leur compte. Gordon ne digère toujours pas l’absence notoire du Chevalier Noir au début du no man’s land et le Dark Knight est prêt à lui révéler son identité secrète pour rétablir la confiance brisée.

Gordon VS Batman

► Il est utile de se remémorer pourquoi il y a cette tension entre les deux mythiques partenaires. C’est ce que fait subtilement Rucka en rappelant un contexte temporel mais le lecteur doit surtout se souvenir que cette fameuse absence a eu lieu « avant » le premier tome de la saga, quand Bruce Wayne tentait alors d’agir à l’extérieur en jouant de ses influences. Une disparition de Batman qui a engendré également une perte de repères et d’espoir. Clairement, le texte aurait dû aller davantage en ce sens au lieu de passer par de nombreuses cases muettes — qui fonctionnent quand même très très bien. De plus, les traits de Burchette rappellent ceux de Darwyn Cooke, combiné avec un texte « adulte », ça fait toujours mouche. Même si certains visages sont clairement ratés. Un chapitre de transition important.

Monnaie d’échange spirituelle
scénario : Devin K. Grayson | dessin : Dale Eaglesham
Batman Chronicles #38

Le docteur Leslie Thompkins, aidée de Mikey — ancien sbire de Black Mask —, récupère le criminel Zsasz. Dans sa zone « neutre » d’aide aux blessés, Thompkins voit défiler aussi bien de terribles criminels, comme Killer Croc, que des alliés du Chevalier Noir, dont Huntress, Batgirl et lui-même. Un véritable défi moral est en jeu : pour sauver Zsasz, il faut une transfusion sanguine. Batman refuse.

batman thompkins no mans land

► Cet excellent très long chapitre permet de retrouver Mikey — introduit dans le premier tome de la saga avec brio — et évidemment Thompkins, qui était présente surtout dans les histoires précédentes liées à Azraël. C’est à la fois la force et « faiblesse » de l’histoire : se remémorer d’anciens morceaux de récits, parfois publiés très longtemps en amont. Revoir Batman au « centre » du scénario est réjouissant, d’autant plus que le détective est en déroute morale total, à nouveau à cause du contexte du no man’s land (en résulte une belle tirade ci-après de Thompkins). L’amour quasi maternel du docteur sur le Chevalier Noir est extrêmement touchant, au même titre que sa volonté de sauver des vies sans juger ses patients. Thompkins est aussi le personnage principal et cela permet de proposer un chapitre intense et quelque peu dramatique. Unité de temps (quelques minutes/heure), unité de lieu (la zone dite « neutre » de Thompkins) mais multiples unités d’action dans ce petit théâtre gothamien où se croisent autant d’ennemis que d’alliés que d’antagonistes. Où le manichéisme primaire ne peut pas avoir lieu, c’est clairement sur ce terrain qu’il faut jouer. Malheureusement, pas d’issue tragique (dans le sens où cela aurait été une vraie surprise et un culot monstre) mais cela n’empêche pas de prendre plaisir à lire ces planches aux dessins convenus mais efficaces.

« Essaie de voir par mes yeux le monde dans lequel nous vivons et le rôle qu’on y joue. Tu n’es pas le seul à défendre un système de croyances, tu sais. Je te suis reconnaissante de tout ce que tu fais pour cette ville. Mais je n’approuve pas la façon dont tu t’y prends. Tu es infantile et entêté dans ta colère. Et plus que jamais, j’ai peur de n’avoir rien réussi à t’apprendre. Et surtout, j’ai peur… de descendre à ton niveau plutôt que de t’élever au mien. »
[Leslie Thompkins à Batman/Bruce Wayne]

Les Règles du Jeu / Le retour du pèlerin
scénario : John Ostrander / Dennis O’Neil | dessin : Jim Balent / Roger Robinson
Catwoman #75 | Azrael : Agent of the Bat #59

Catwoman est sévèrement blessée après sa mission confiée par Batman (voir fin du tome 3). Elle se rappelle alors de son enfance dans un cirque où elle a appris à devenir acrobate et voleuse de talent. Après une reprise en main, elle se met en route pour retourner à Gotham. Là-bas, le Chevalier Noir a chargé Azraël de venir en aide à la femme féline si besoin.

Catwoman no mans land

► Une fois de plus il faut se souvenir de l’ancienne histoire centrée sur Catwoman qui remonte à deux volumes plus tôt. Ces deux chapitres signent aussi le retour d’Azrael sans ses errances psychologiques internes parfois pénibles. Au contraire le second chapitre est la même histoire de son point de vue et de celui d’un antagoniste. Passé deux ou trois planches trop identiques, l’intérêt s’accroît puisque Batman récupère des données informatiques confidentielles (on ignore de quoi il s’agit) et ses deux alliées (Catwoman et Azraël) semblent appeler à de nouvelles « quêtes » chacun. De quoi rester sur sa fin mais avec la certitude que la « suite » sera dans le tome suivant, qui est le dernier. Globalement bon avec des dessins très corrects, particulièrement sur les plans larges de la ville dévastée.

Rassemblement
scénario : Greg Rucka / Paul Ryan | dessin : Bill Sienkiewicz
Batman : Shadow of the Bat #93

Tel un jeu, toutes les pièces de l’échiquier de Gotham se rassemblent ou se croisent. Les alliés d’un côté, les antagonistes de l’autre, les ennemis autour… Chacun prêt à un plan particulier : une mystérieuse femme protégée par Bane, elle-même en lien avec Le Pingouin, attendant un individu, tous épiés par Robin qui communique avec Oracle tandis que Batman conjoint Gordon, Batgirl et Azraël à une mission, Huntress s’éloigne de la Bat-Family et le Joker et sa muse Harley Quinn attendent le Chevalier Noir…

joker harley quinn no mans land

► Sans révéler le fameux élément attendu depuis un bon moment, cet ultime chapitre est carrément jouissif. On a « enfin » le sentiment que tout est en place pour la dernière ligne droite. Suivre tour à tour quasiment tous les personnages principaux est salutaire, cela ne livre pas forcément une conclusion « épique » du tome (dans les faits il ne se passe pas grand chose) MAIS on a hâte de lire la suite et fin. Tout est bien dessiné en plus, c’est une histoire idéale pour achever la lecture d’un tome très réussi !

Conclusion : avant-dernier volume de la saga, ce cinquième tome de No Man’s Land est sans aucun doute le plus abouti et le meilleur jusqu’ici. Pas un chapitre est inintéressant ou comporte d’éléments ratés ou dispensables, bien au contraire. Sa fin motive à se procurer l’ultime dernier tome. L’ensemble est fluide et frôle le sans faute, on peut déplorer quelques notes éditoriales qui auraient resituer le contexte de certains chapitres (Mikey qui était dans le tome 1, l’histoire de Catwoman du tome 3, etc.) mais si on lit toute la saga à la suite ça ne pose pas vraiment de problèmes. Quoiqu’il en soit, les auteurs, Greg Rucka en premier, ont mis la barre très haute en dévoilant une galerie de vilains iconoclastes et richement illustrée et mise en avant (plus que Batman). Quasiment un must-have donc !

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Trois sets Lego issus du film Justice League de Zack Snyder (2017) à collectionner !

INDEX de tous les articles évoquant les jouets LEGO BATMAN à collectionner

Justice League Lego

Seulement trois boîtes de Lego issus de Justice League sont à collectionner. Le film étant clairement en position délicate avant sa sortie et le DCEU s’adressant davantage aux jeunes adultes et adultes qu’aux enfants (les précédents longs-métrages ont bénéficié de trois kits pour Batman v Superman et une seule boîte pour Wonder Woman), il est compréhensible que les « jouets » Lego prévus en amont minimisent la casse en cas d’échec au box-office du long-métrage et/ou de faibles ventes des petites briques jaunes.

Avantage notable : à l’exception du plus petit kit (sur Aquaman), les deux autres sont relativement peu onéreux par rapport à leur nombre de pièces et à la grandeur de l’ensemble. Il faut avoir les trois pour rassembler la ligue au complet (Flash et Aquaman ne sont pas dans le plus grand et Batman est inclus dans deux kits). Les trois sets permettent aussi de posséder les trois « Mother Boxes » (cliquez sur les images pour acheter en ligne). L’intégralité de la collection revient à moins de 150€.

76085 | La Bataille d’Atlantis (Aquaman) | 16,99€

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(Batman, Wonder Woman, Superman, Cyborg) | 88,99€

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[Manga] Batman & the Justice League – Tome 01

L’éditeur Dargaud a proposé le 3 novembre 2017 deux bandes dessinées atypiques sur Batman, une au format franco-belge et une au format japonais (manga). Au lieu de les sortir avec son label de comics Urban Comics (qui publie tous les Batman depuis 2012), elle a préféré viser un plus large public de deux façon. Ainsi, l’éditeur a mis en vente, sous son nom commun « Dargaud« , le premier tome (sur deux)  de Batman – The Dark Prince Charming de l’italien Enrico Marini, afin de fidéliser un public plutôt orienté vers la BD européenne. Un autre volume, Batman & the Justice League — chroniqué ici —, est sorti sous forme de bande dessinée japonaise sous le label de mangas de Dargaud : Kana (plus précisément dans la filiale un peu plus « adule » Dark Kana).
Dargaud, Dark Kana et Urban Comics appartiennent au même groupe et ont donc fourni un travail commun de qualité (la typo en couverture du manga et du Marini est strictement la même que celles des ouvrages d’Urban Comics), le tout sous la supervision de DC Comics. Audacieux pour certains, mercantile pour d’autres (trouver un nouveau public, coïncidence avec la sortie du film Justice League, etc.), cette stratégie permet tout de même d’inviter un nouveau lectorat voire de le fédérer. Dans tous les cas c’est positif !
Retour sur le premier tome du manga, écrit et dessiné par Shiori Teshirogi.

Batman Manga Kana

[Histoire]
Le jeune japonais Rui Aramiya débarque à Gotham City, une ville quasiment inconnue du reste du monde, pour y chercher ses parents disparus depuis un an. Dès son arrivée, il est confronté à deux policiers corrompus et, malgré quelques techniques de self-défense utilisées dignes d’un ninja (!), il est sauvé de justesse par Batman.

Le Chevalier Noir découvre peu après que le Joker complote avec Lex Luthor pour récupérer l’intelligence et l’énergie des citoyens grâce à un certain nectar *.

Gordon prend sous son aile Rui Aramiya et rend visite à Bruce Wayne.

Manga Batman Dark Knight

* Aussi « surréaliste » que cela puisse paraître en lisant ces simples termes, c’est ce qui se rapproche le plus de ce que développe le Joker lui-même dans le récit : « l’ingrédient de base de mon nectar de Gaïa est l’intelligence de tous les êtres vivants ou ayant existé. Elle forme un flot qui tourne autour de notre planète. C’est ce qu’on appelle les Ley Lines. À présent ce nectar est en train de récupérer l’intelligence des habitants de Gotham afin de la recycler. Ainsi nos concitoyens sont en train de perdre la raison. Leurs facultés intellectuelles et même leurs plus beaux souvenirs. » Une explication complexe… Et pas très crédible.

Manga Batman Kana

[Critique]
Avec son histoire à la fois simpliste et paradoxalement confuse (certains enjeux sont mal écrits voire peu plausibles, cf. les propos du Joker ci-dessus), cette intrusion du Chevalier Noir dans le manga échoue à séduire d’emblée son lectorat. Lectorat multiple puisque les fans de Batman, habitués aux comics, ne seront sans doute guère conquis (à cause de du synopsis basique ou du petit format du livre) ; quant aux lecteurs de mangas ils risquent d’être perdus à cause de la porte d’entrée parfois maladroite ou peu passionnante que propose ce premier tome. Explications.

Côté scénario, il faut saluer l’effort de rendre accessible le fameux « univers DC » et ses super-héros plutôt rapidement et habilement. On découvre successivement et modestement Batman, Gotham City, le lourd passé entre le Joker et le Chevalier Noir (et notamment la mort de Robin), le commissaire Gordon, Superman et très brièvement les autres membres de la Justice League. Sur ce dernier point, le titre de l’œuvre est un brin trompeur (tout du moins pour ce premier tome) puisque dans « Batman & the Justice League », seul Batman est réellement au centre du récit. Superman débarque dans le troisième chapitre (sur quatre au total) et Gordon explique au jeune protagoniste Rui qui sont les autres membres de la Ligue (qui n’apparaissent donc pas dans cette salve d’introduction). Ce n’est pas problématique, nul doute qu’ils vont arriver dès le second tome.

Manga Batman

L’un des problèmes, toujours d’un point de vue strictement narratif, est le difficile mélange du genre avec justement Rui. Si Batman a suivi des préceptes proches des ninja lors de sa formation, montrer Rui les utiliser ne fonctionne pas (il y a fort à parier qu’il deviendra un nouveau Robin). Pour l’instant en tout cas. D’autres éléments propres à la culture japonaise se connectent difficilement avec l’univers du Dark Detective. L’ensemble est donc assez inégal.

Autre souci : l’histoire, comme déjà évoqué, est assez basique : introduction du jeune héros, première confrontation avec Batman, ennemis démasqués, « plans diaboliques des méchants » explicités avec lourdeur (et malgré tout très confus — cf. les propos du Joker plus haut — d’où le côté « maladroit » également évoqué en amont), et ainsi de suite… En effet, les (grands) connaisseurs de comics se rappelleront de cette époque (l’Âge d’Argent) où chaque ennemi détaillait ses manigances, où chaque bulle était explicite sur tout et rien, où chaque case racontait toutes les actions des personnages, etc. Pénible à la lecture donc. Ce parti pris tend à séduire un lectorat totalement néophyte et plutôt jeune.

Manga Batman Joker

Côté dessin, les amateurs de bandes dessinées japonaises ne seront pas dépaysés : les traits sont fins, plutôt élégants (pas toujours, notamment les vues d’ensemble de Batman), somme toute assez classiques pour un shônen manga (destiné aux garçons adolescents). Shiori Teshirogi utilise efficacement quelques codes propre au genre dans ses découpages assez efficaces : le comique de situation via les expressions faciales exagérées et les trames (permettant des remplissages ou des dégradés de noir) par exemple sont utilisés à bon escient.

Sans surprise, l’homme chauve-souris et l’homme d’acier (et quelques autres qu’on ne dévoilera pas ici) sont assez androgynes (visage très efféminés, cheveux mi-longs…). Une fois de plus nous sommes en terrain connu pour un manga et c’est une approche plutôt sympathique, agréable et originale. Toutefois, deux éléments visuels ne fonctionnent clairement pas. D’une part les proportions des visages par rapport aux corps, principalement pour Superman. Une tête d’adolescent toute petite sur un énorme corps musclé et robuste (cf. image ci-dessous). D’autre part une ressemblance plus ou moins frappante entre trois personnages (dont Batman et Superman). Sentiment de voir un malhabile copier-coller… qui fait donc tâche.

Du reste, on peut regretter quelques jolies planches en couleur qui ont été mises en niveaux de gris pour obtenir le noir et blanc uniforme et fidèle aux 180 pages du manga (comme tous les livres du genre, avec une lecture de droite à gauche, respectée également pour cette version). Certaines BD japonaises bénéficient pourtant de quelques planches en couleur dans leur édition française. Vu le résultat de celles affichées pour la publicité du manga (cf. en fin de page de cet article), il est dommage de ne pas les avoir incluses.

Manga Superman

Shiori Teshirogi est une artiste déjà habituée à reprendre une saga, ou en tout cas des personnages emblématiques d’une licence, sous la supervision de l’artiste créateur originel (ici c’est carrément l’éditeur américain DC Comics qui valide le projet et le suit). En effet, la femme – qui fêtera ses quarante ans en 2018 – a travaillé durant dix années sur deux séries : Saint Seiya – The Lost Canvas (25 tomes) et Saint Seiya – The Lost Canvas Chronicles (16 tomes). Saint Seiya est le titre japonais des fameux Chevaliers du Zodiaque. Ces deux séries se déroulent dans le même univers qu’a conçu Masami Kurumada, qui y assurait le scénario (et Shiori Teshirogi était donc aux dessins). La femme connaît donc les avantages (le prestige d’œuvrer sur un titre populaire) et les inconvénients (une liberté restreinte et sans doute peu d’indépendance) du genre.

Il ne s’agit pas de la première incursion de Batman dans un style manga. En France, on a pu lire Batman – L’Enfant des Rêves (en deux tomes) au début des années 2000. Un récit assez moyen écrit et dessiné par Kia Asamiya, auteur des mangas Silent Möbius et, entre autres, Junk -record of the last hero-. Asamiya s’est aussi attaquer aux X-Men de Marvel dans sa carrière. Autre manga sur Batman : les huit pages de Katsuhiro Otomo, auteur de l’œuvre culte Akira, dans le second tome de Batman Black & White, publié chez Urban Comics en 2016. Un recueil compilant des histoires courtes sur le Chevalier Noir uniquement en noir et blanc et par de grands noms de la bande dessinée. Celle d’Otomo, intitulée Le Troisième Masque, est une réussite. Le mitigé Batman – Death Mask, de Yoshinori Natsume reste inédit dans notre pays.

Alors, est-ce qu’on conseille ce premier tome, très bancal, du manga Batman & the Justice League ? Clairement non. MAIS… L’investissement étant minime (7,45€), il serait dommage de passer à côté de cette curiosité après seulement un volume. Il faut presque « obligatoirement » attendre le second volet qui permettra une analyse plus poussée qui excuserait les erreurs du premier, qui répond forcément à un cahier des charges commercial assez conséquent — toujours dans cette volonté de séduire un multiple lectorat. C’est d’ailleurs ce qu’il fallait peut-être éviter : vouloir plaire aux amateurs de DC Comics, attirer des non-connaisseurs de mangas, charmer des curieux peu adeptes de Batman, concilier ceux qui apprécient déjà les bandes dessinées japonaises et le Chevalier Noir, etc. Rendez-vous au tome 2 pour statuer si ça veut le coup de s’engager et continuer cette collection.

Manga Batman Gotham City

[À propos]
Publié en France chez Dark Kana le 3 novembre 2017.
Scénario : Shiori Teshirogi sous la supervision américaine de DC Comics
Dessin & Encrage : Shiori Teshirogi
Traduit et adapté en français par Rodolphe Gicquel
Première publication originale en juin 2017.

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