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Justice League vs. Godzilla vs. Kong

Tout est dans le titre ! Découverte d’une bande dessinée qui assume totalement son côté blockbuster et fun !

[Résumé de l’éditeur]
L’univers DC est sur le point d’être bouleversé lorsque la Légion Fatale * ouvre un portail vers une autre dimension, libérant les monstres les plus féroces du multivers. Godzilla, le roi des monstres, a émergé des profondeurs de Metropolis, interrompant la demande de mariage de Superman à Lois Lane. King Kong affronte, quant à lui, les plus grands héros du monde sur son territoire, Skull Island. La Ligue de Justice pourra-t-elle renvoyer ces créatures dans leur propre dimension avant qu’il ne soit trop tard ?

* (nommée par erreur du Destin sur le site de l’éditeur)

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
Des rencontres improbables entre les héros de DC Comics et d’autres créatures iconiques, il y en a eu plusieurs (Aliens et Predator par exemple, on en reparlera), l’an dernier il y avait même eu une version jurassique de la Justice League (le bien nommé mais très moyen Jurassic League). Cette fois, c’est à la fois Godzilla mais aussi les monstres de cet univers partagé que vont affronter les justiciers, sans oublier le singe géant Kong ! À l’image des films de la franchise (voir affiches plus bas), on retrouve un côté complètement blockbuster assumé, sans prétention et avec un bon gros « plaisir coupable » !

Il faut dire que le récit ne nous propose pas qu’un seul antagoniste, il y a la Légion Fatale tout d’abord, emmenée par Lex Luthor et Black Manta en particulier, à l’origine indirecte de la venue des créatures géantes (la faute revient à… Toyman). Un autre groupuscule bien connu des fans de DC (et de Batman) va aussi s’emparer d’un élément en particulier pour une lutte finale explosive. Au-delà de ces vagues d’ennemis, on prend plaisir à suivre les différentes troupes à Gotham City, Central City et d’autres lieux habituels des super-héros pour combattre ces créatures dantesques. Mention spéciale à l’Atlantide et à la collaboration intensive de la Bat-Famille à Gotham !

Si le scénario de Brian Buccellato (Injustice – Année trois à cinq) n’est pas très fin, il se démarque quand il laisse Green Arrow et Supergirl explorer Skull Island et découvrir un potentiel allié de taille ! Mais qui dit singe géant, dit aussi… Gorilla Grodd, forcément. Les Titans et le Green Lantern Corps ne seront pas de trop pour venir en aide à la Justice League, plutôt dépassée par les évènements, d’autant que Superman est rapidement dans un sale état. Ne gâchons pas le plaisir de la découverte du reste. Les sept épisodes se lisent admirablement bien, c’est rythmé, dynamique, sans temps, bien équilibré sur ses presque 210 pages – sauf dans sa conclusion (celle-ci est ultra abrupte, une rapidité d’exécution qui dénoté avec le reste, comme s’il manquait quelques planches ou un huitième épisode, bizarre…).

Néanmoins, le fameux « divertissement » est là (surtout si, évidemment, vous êtes fan de Godzilla et Kong). Certaines planches sont impressionnantes (dont la toute dernière de cette critique, ne descendez pas jusqu’au bout pour ne pas gâcher l’éventuelle surprise – il y a un texte avant au cas où). Christian Duce (habitué à de courts segments à droite à gauche sur plusieurs titres Batman) œuvre sur la majorité du titre, parfois aidé par Tom Derenick (Justice League Rebirth…) – mis en couleur par Luis Guerrero. Les artistes arrivent parfaitement à montrer le gigantisme de la chose, la hauteur de simples humains et le charisme des monstres autant que leurs héros.

Qui aurait cru voir cela un jour ?! Clairement, l’idée d’un long-métrage surréaliste entre ces deux univers serait un régal même si ça n’arrivera jamais. On pourrait presque manger du pop corn en lisant ce comic… et d’une certaine façon, on ne demandait pas plus que ça, c’est suffisamment original et sympathique pour passer un bon moment et de loin une des lectures DC récentes les plus chouettes de ces derniers mois (ce qui en dit long sur la qualité des autres !). En somme, vous savez à peu près ce qu’il vous attend en lisant ce genre de choses et… c’est à peu près ce que ça donnera.

À noter un texte de Jérôme Wicky en fin d’ouvrage qui revient sur les autres affrontements entre les super-héros de DC et Kaijû de la pop culture avec différentes couvertures illustratives. On est plus dubitatif sur sa traduction d’un grognement de Lex Luthor en celui de Prunelle de Gaston Lagaffe

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 19 août 2024.
Contient : Justice League vs. Godzilla vs. Kong #1-7
Nombre de pages : 240

Scénario : Brian Buccellato
Dessin & encrage : Christian Duce (chapitres 1-7), Tom Derenick (chapitres 4-7)
Couleur : Luis Guerrero
Illustration des couvertures : Drew Johnson & Romulo Fajardo Jr.

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Makma (Gaël Legeard)

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Attention, l’image ci-dessous dévoile un des derniers combats de l’histoire.

Nightwing Rebirth – Tome 03 : Nightwing doit mourir

Le premier tome de Nightwing Rebirth peinait à convaincre, le second également malgré quelques segments sympathiques qui trouvent leur suite directe dans ce troisième volet, bien plus travaillé et agréable que les deux précédents. Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Nightwing et Damian Wayne parcourent le globe à la recherche de la petite amie de Dick Grayson, Shawn Tsang, qui vient d’être capturée. En chemin, le « Dynamique Duo » croise la route de Deathwing et retrouve d’anciens ennemis du temps de leurs premiers pas sous l’identité de Batman et Robin : le professeur Pyg et le Dr Simon Hurt !

[Début de l’histoire]
Rien ne va plus pour Dick Grayson : sa petite amie Shawn Tsang est peut-être enceinte (les deux potentiels futurs parents ne se sont pas du tout préparés à ça) et a été kidnappée !

De son côté, Damian Wayne est fou de jalousie, il estime être l’héritier légitime pour endosser un jour la cape de Batman, de son propre père. Mais son entourage pense que c’est Nightwing qui est le mieux placé pour reprendre le flambeau.

Bon gré mal gré, les deux Robin vont s’associer pour combattre des « poupéetrons » (!), des copies de Nightwing et Robin, dont Deathwing qui leur donne du fil à retordre.

Derrière ces humains lobotomisés se cache le professeur Pyg, à l’origine du kidnapping de Shawn.

Et dans l’ombre, un vieil adversaire surveille le binôme…

[Critique]
Enfin un volume divertissant, plutôt original et bien emmené (par son rythme et ses protagonistes) ! Seul son découpage dénote un peu, il aurait été plus judicieux de l’ouvrir avec le chapitre #15 (qui concluait le tome précédent et était écrit avec beaucoup de justesse et d’émotions – sur la romance entre Dick et Shawn puis la disparition de cette dernière) plutôt que d’attaquer direct avec le #16 (même si ce dernier contextualise bien la chose) et de le conclure avec le #20 (qui fermait l’intrigue générale de Dick et Damian) plutôt que le #21 qui est un épisode plus indépendant et anecdotique avec Wally West (introduisant l’ennemi du prochain volume). C’est dommage (ça aurait permis au tome d’être un peu plus indépendant voire de rejoindre les coups de cœur) mais ce n’est pas très grave.

Nightwing doit mourir possède un fort écho à la première série de 2009 Batman & Robin (en VO), à l’époque où Dick était Batman et Damian Robin. C’est bien sûr à (re)lire dans Grant Morrison présente Batman – saluons d’ailleurs la couverture variante d’un chapitre en hommage à cette série mère, cf. bas de cet article. Heureusement, pas besoin de connaître en détail le passé entre les deux justiciers pour apprécier cette nouvelle aventure. Damian est toujours aussi horripilant (c’est son immaturité et impulsivité qui le pousse, initialement, à se rendre à Blüdhaven pour… râler contre Dick !) mais sait se montrer « tendre » quand il le faut et, surtout, se révèle un excellent allié pour affronter les étranges « poupéetrons » (dollotron en VO) – difficile de ne pas lire « poupée-étrons »…

Le fameux Deathwing arbore le costume rouge de Nightwing, un masque de peau étrange et semble bien connaître Dick… Si de prime abord on pense à de vulgaires faire-valoir de combat, l’accompagnement narratif pour ces créatures est assez travaillé, bien plus que Pyg, pourtant figure davantage populaire et parfois effrayante. De même, la surprise de Simon Hurt est un peu gâchée par le résumé de l’éditeur en quatrième de couverture.

Le scénariste Tim Seeley parvient enfin à rendre son récit plus passionnant qu’à l’accoutumée. Les bavardages de Dick sont toujours présents bien sûr mais plus intéressants que d’habitude, ses doutes et questionnements multiples génèrent davantage d’empathie pour un héros au capital sympathie déjà bien élevé.

Bien que l’ensemble soit, in fine, assez simpliste, il fonctionne plutôt bien. On enchaîne les séquences d’action et de combat avec quelques révélations, un brin d’originalité et des dialogues efficaces. On apprécie aussi de voir Nightwing avec La Vandale en duo inédit ! Les chapitres (six au total dont cinq pour l’histoire principale) sont majoritairement dessinés par Javier Fernandez, parfois accompagné de Minkyu Jung (Christian Duce pour le dernier), conférant un agréable découpage couplé d’une colorisation soignée (toujours assurée par Chris Sotomayor). Malgré des fonds de case parfois vides ou uniformément colorés (cf. quelques images de cette critique), le côté sombre de l’entièreté et les « poupéetrons » confèrent une ambiance glauque réussie.

En synthèse, une histoire sympathique, un peu innovante, faisant la part belle à plusieurs personnages (Nightwing reste au cœur de la narration mais ses équipiers et ennemis bénéficient d’un traitement non négligeable). Cela devrait ravir aussi bien les amoureux de Dick que des lecteurs de Grant Morrison présente Batman !


[À propos]

Publié chez Urban Comics le 4 mai 2018
Contient : Nightwing (Rebirth) #16-21

Scénario : Tim Seeley, Michael McMillian
Dessin & encrage : Javier Fernandez, Minkyu Jung, Christian Duce
Encrage : Chris Sotomayor

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Catwoman – Tome 4 : La main au collet

Après deux tomes convaincants de la série Catwoman (La règle du jeu et La maison de poupées), le troisième, Indomptable, était franchement décevant pour ne pas dire complètement raté. La main au collet relève-t-il le niveau ? Un peu mais ce n’est toujours pas suffisant. Explications.

[Résumé de l’éditeur]
Les rues de Gotham sont inquiétantes, mais ce qui rampe sous ses rues pavées l’est encore davantage… Engagée dans une guerre contre les pires gangsters de la ville, Catwoman met une fois de plus ses plus proches alliés en danger. Pour sauver l’un d’entre eux, elle devra s’aventurer dans les sinistres labyrinthes de la Cité et affronter ce qui, jusqu’alors, demeurait méconnu de tous.

[Début de l’histoire]
Catwoman s’infiltre dans l’Asile d’Arkham comme patiente. Elle travaille en réalité pour l’A.R.G.U.S. (et la Justice League of America – cf. critique détaillée plus loin) qui lui demande de trouver une relique spécifique. Ce séjour fortuit l’emmène dans le sous-sol de Gotham et notamment dans un cimetière où elle retrouve le Pingouin, ses sbires (dont l’Hypnotiste) et une créature déjà affrontée (dans le tome précédent).

En parallèle, les inspecteurs Alvarez et Keyes poursuivent leur enquête autour de la femme féline, sans arriver à percer son identité ni à prouver son implication dans des vols.

Dans la ville, plus particulièrement dans le quartier des Badlands, Queue de rat, leader d’une bande de jeunes (dont les cheveux forment une… queue de rat) demande l’aide de Catwoman pour lutter contre les malversations du Pingouin.

[Critique]
Il y a du mieux mais ce n’est pas encore ça, de loin… Ce quatrième tome se présente comme une succession de neuf épisodes qui enchaînent deux voire trois arcs narratifs distincts : Piégée !, De pire empire, Glace noire, Guerre des gangs, Dans les profondeurs, Les mains propres, La chair et la moelle, C’est au tréfonds qu’on fait les plus belles rencontres et Les diamants sont les pires amies des dames.

On y retrouve Ann Noccenti au scénario – qui n’avait pas brillé dans l’affreux tome précédent – accompagnée à nouveau de Rafa Sandoval pour cinq chapitres et une orgie de dessinateurs différents pour les autres, parfois jusqu’à trois dans le même épisode (!) : Cliff Richards, Stefano Mortino, Diogenes Neves, Mateus Santolouco, Christian Duce et Aaron Lopresti.

Qu’est-ce qu’il y a de bon et moins bon dans tout ça ? Les débuts sont clairement laborieux, voulant se rattacher aux évènements de la série Justice League de l’époque (et plus particulièrement son quatrième tome simple, La Ligue de Justice d’Amérique, très réussi au demeurant) mais aussi à la deuxième partie d’Indomptable. C’est louable dans les faits mais ce n’est pas très intéressant et toujours aussi confus… Heureusement ça ne dure que deux chapitres (Catwoman #19-20) avant de dériver – plutôt habilement – vers une confrontation plus intense contre le Pingouin (Annual #1 et Catwoman #20-21) puis d’opérer une transition (#22) vers une troisième partie (Catwoman #23-24 + #26 + Joker’s Daughter cf. section À propos). Cette fois, il y a une certaine linéarité et cohérence entre tous ces segments, ce n’est pas plus mal.

Malgré tout, on ne peut que déplorer les clichés des scènes d’action et la pauvreté de la réflexion proposées… Tout le récit autour du Pingouin n’est pas trop mal mais sans réels enjeux dramatiques ou épiques : on se moque un peu de cette guerre des gangs et du fameux Queue de rat, jamais vu auparavant. Le dernier acte aurait pu être passionnant mais se loupe totalement malgré son concept alléchant : dans les profondeurs de Gotham se cachent plusieurs tribus (pourquoi pas). L’une d’elle est gérée par le Docteur Phosphorus et sa fille Poudrière – qui veut absolument se marier avec un homme, même s’il est laid et qu’il la bat (sic) !! –, une autre se nomme Les Phacochères (sic bis) et la dernière, les Abysses, était une ancienne société patriarcale renversée par… la fille du Joker !

Ça veut dire quoi et ça raconte quoi ? Rien d’extraordinaire malheureusement et on se demande ce que Catwoman vient faire là-dedans (elle cherche simplement Queue de rat à la base). La fille du Joker, Duela de son vrai prénom, n’est évidemment pas la progéniture du célèbre Clown mais une adolescente ravagée qui s’est auto-mutilée. Elle ne doit son surnom qu’à un pur hasard : elle découvre le masque de peau du visage du Joker dans l’eau et le revêt (cf. l’œuvre du Taxidermiste dans la série Batman Detective Comics de l’ère New 52). Protagoniste potentiellement séduisante sur le papier mais terriblement caricaturale tant dans ses envies (prendre la tête de la tribu, mettre les femmes au pouvoir…) que par sa personnalité (aucune empathie).

Selina Kyle jongle donc entre ces trois lieux et tribus, les affrontant tour à tour sans réelle intensité. Le look et les pouvoirs de Phosphorus ouvraient un champs des possibles assez vaste, surtout si Volt revenait aussi dans la partie. On ne sait d’ailleurs toujours pas très bien si la nouvelle version de Volt croisé dans l’ouvrage (aussi bien en civil qu’en « être avec ses capacités spéciales ») est réellement le même que celui du deuxième volume. Ce n’est jamais correctement expliqué même si Urban nous assure que oui dans la présentation des personnages des tomes trois et quatre (et même cinq). Mais quelques recherches évoquent plutôt Thaddeus Volt qui apparaît pour la première fois ici, donc il s’agirait d’une personne différente ? Dans tous les cas, que ce soit dans le volume précédent ou celui-ci, il n’y a eu aucun échange entre Catwoman et Volt pour expliquer cette situation (rappelons que Volt – compagnon de crime et de cœur de la voleuse – a été froidement assassiné par Gwendoline, sans que Selina le sache ni ne se préoccupe de sa disparition, et désormais réapparition, par la suite…).

Heureusement, la partie graphique de l’entièreté du livre sauve un peu le titre. Si l’ensemble ne paraît pas trop décousu (ni dans sa partie visuelle ni dans celle narrative), c’est qu’une certaine cohérence opère malgré la myriade d’artistes à l’œuvre sur la fiction. Un peu plus de la moitié (la seconde partie notamment) étant à nouveau assurée par Rafa Sandoval, on obtient un résultat plutôt propre et lisible avec quelques belles scènes d’action. Ce n’est pas suffisant pour rehausser le niveau global mais c’est toujours ça de pris…

À ce stade, on conseille aussi de faire l’impasse sur ce tome en croisant fort les doigts pour que le cinquième et dernier revienne à un monde plus terre-à-terre dans Gotham, une Selina plus soignée, fragile et séductrice ainsi qu’une histoire mieux écrite qui rattache également les wagons à ce qui était promis à la fin du deuxième volume dans l’épisode sur les origines de Catwoman. (Spoiler : ce ne sera malheureusement pas le cas…)

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 12 juin 2015
Contient : Catwoman #19-24 + #26 + Annual #1 + Batman – The Dark Knight 23.4 : Joker’s Daughter

Scénario : Ann Noccenti
Dessin : Rafa Sandoval (+ collectif, cf. critique)
Encrage : Jordi Tarragona, Walden Wong, Taylor Esposito
Couleur : Sonia Oback, Guy Major, Andrew Dalhouse, Matt Yackey

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Moscow Eye

Acheter sur amazon.fr : Catwoman – Tome 4 : La main au collet (20€)