Catwoman – Tome 3 : Indomptable

Troisième volet des aventures de Catwoman (sous l’ère New52/Renaissance) après un excellent premier volume et un second un peu en dessous (à cause de sa partie graphique notamment). Découverte de ce tome décevant (voire carrément raté), à mi-chemin de la série qui en comporte cinq au total.

[Résumé de l’éditeur]
Pas une minute de répit pour Selina Kyle, la cambrioleuse la plus célèbre de Gotham, qui, sous son costume de Catwoman, doit non seulement affronter le Joker mais également organiser le vol d’un diamant aux pouvoirs insoupçonnés.

[Début de l’histoire]
Pas besoin de détailler, le résumé de l’éditeur suffit.

[Critique]
Pas besoin de détailler car… ce troisième tome est confus – osons : bordélique – et n’a plus grand chose à voir avec les deux précédents. La série est coincée dans trois events éditoriaux auxquels elle est forcée de se rattacher, supprimant toute linéarité et sans aucune contextualisation de la peur de l’éditeur, un comble ! Dans un premier temps, Catwoman est prise dans les tourments oniriques du Joker, dans un récit insupportable se connectant maladroitement à la série Batman au moment du Deuil de la Famille (dont l’histoire principale n’était pas terrible, seul le segment sur Batgirl n’était pas trop mal) et dont la BD ne fait jamais référence explicitement, étonnamment.

Passé cette incursion volubile et confuse, Selina Kyle enchaîne dans un second temps avec un vol qui se transforme en affrontements face à des créatures spirituelles (ou réelles, on ne sait pas trop, on comprend rien). L’ensemble reste inutilement bavard et complexe pour pas grand chose, in fine. Entre la recherche d’une énigmatique pierre noire et la chambre de l’A.R.G.U.S., il faudrait idéalement se tourner (en VO) vers quatre autres titres pour comprendre que tout ceci est connecté à un autre event : The Black Diamond Probability ! Un récit qui s’étale sur seize chapitres dans Demon Knights, All-Star Western, Team 7, Sword of Sorcery et bien sûr Catwoman. Autant dire qu’Urban aurait pu – aurait du – faire l’impasse sur cette partie, ou à minima la contextualiser, ce qui n’est toujours pas le cas.

Des opus précédents, seules les courtes apparitions de Gwendolyne et Alvarez apportent un peu de cohérence. Tout le reste passe à la trappe : aucun lien avec le mystère annoncé fin du deuxième volume (sur le fameux passé de Selina) – mais peut-être que cela sera pour plus tard –, le dernier complice et amant de la belle, Volt, a disparu et Selina ne semble pas s’en préoccuper (il n’est mentionné qu’une fois), le laissant à l’autel des sacrifiés avec un côté pétard mouillé déjà ressentie en conclusion du deuxième tome, à moins que ce soit lui sous forme de « fantôme » hybride à la fin d’Indomptable ? [Spoiler : il semblerait que oui selon Urban mais ce n’est pas affirmé tout de même selon d’autres recherches, cf. critique du tome 4.] Les alliés (dont un nouveau, Trip Winter) et les ennemis font de la figuration. Néanmoins, Batman intervient dans le chapitre de conclusion, rehaussant un peu le niveau de l’ensemble. Il faut dire que le Chevalier Noir y apparaît plus violent que jamais car il vient de perdre son fils Damian. Là aussi, Catwoman est obligée de se connecter à des sujets externes (Batman & Robin : Requiem) sans les expliquer au préalable…

En synthèse, c’est une grosse déception, on peut totalement sauter ce troisième tome dans l’immédiat, il n’apporte rien au run entamé par le précédent scénariste (Judd Winick). Ici, Ann Noccenti est « en roue libre », sans intérêt. Peut-être que la suite sera meilleure et qu’être bloquée entre tous ces évènements éditoriaux plus ou moins passionnants l’ont contraintes à effectuer le minimum syndical. Si Selina reste attachante, on a l’impression que le travail d’écriture effectué en amont est un peu balayé, peinant à renouer avec la proposition haletante des deux volumes précédents (sans compter la cassure graphique une fois Guillem March parti).

Malgré tout (et heureusement), les jolies planches de Rafa Sandoval permettent de mieux digérer la lecture durant l’entièreté des six épisodes. Les dessins sont soignés, l’action à peu près « vivante » (parfois illisible et surchargée), les expressions des personnages plutôt correctes et Catwoman plus sexy que jamais (mais cette fois pas forcément dans le « bon sens » puisqu’il y a des poses subjectives un peu gratuites, un costume déchiré pour aucune raison valable et ainsi de suite – à l’inverse du premier volume où cela servait plutôt la narration et constituait l’ADN du personnage).

Un interlude d’une petite dizaine de pages, À bien réfléchir…, issu de Young Romance se trouve en milieu de l’œuvre. Young Romance est une compilation de six courts récits autour de figures de DC Comics sortie en février 2013 pour la Saint Valentin (cf. couvertures tout en bas de cette critique ainsi que l’image juste avant). C’est évidemment le passage sur Batman et Catwoman qu’on retrouve ici, montrant visiblement la première rencontre entre les deux. Anecdotique et un peu « à part », il aurait été plus judicieux de le placer en début ou fin d’ouvrage. Si Indomptable est clairement raté, il reste un espoir que la série s’améliore car il ne lui reste plus que deux tomes et, surtout, car ça ne pourra pas être pire…

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 17 octobre 2014
Contient : Catwoman #13-18, Young Romance

Scénario : Ann Noccenti
Dessin : Rafa Sandoval (+ Emmanuela Lupacchino)
Encrage : Jordi Tarragona (+ Jaime Mendoza)
Couleur : Sonia Oback (+ Gabriel A. Eltaeb)

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Christophe Semal et Laurence Hingray (Studio Myrthille)

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