Archives de catégorie : Batman

Batman Off-World

[Résumé de l’éditeur]
Alors que, comme chaque soir depuis qu’il a enfilé sa cape, Bruce Wayne arpentait les rues et les toits de Gotham pour contre-carrer les plans de la pègre, ce qui aurait dû être une nuit de routine prit une tout autre tournure. Une rencontre avec un être venu d’une autre planète lui fit comprendre la possibilité d’une invasion de la Terre par une race extraterrestre. Dès lors, une seule solution s’offrit à lui, embarquer pour l’autre côté de l’Univers pour éradiquer le mal à la racine !

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
La couverture, le titre, le résumé de l’éditeur… tout est très clair d’entrée de jeu : le lecteur va assister à une aventure cosmique d’envergure ! Il faut donc dès le départ adhérer à ce « délire spatial » qui, pourtant, reste un peu trop souvent sérieux (ce n’est pas un reproche pour autant). En fermant les yeux sur l’absence des Green Lantern Corps ou, banalement, Superman, ou n’importe quel autre allié de l’espace qui aurait pu aider Batman (qui sont pourtant parfois mentionnés), on peut se lancer dans Off-World avec un certain plaisir !

Le scénariste Jason Aaron, majoritairement venue de l’écurie concurrente (Marvel) est connu pour ses récits sur Thor, Dr Strange, Hulk, Wolverine… quelques uns chez DC (Dawn of Superman – Tome 3), Vertigo (l’excellent Scalped) mais aussi Star Wars ! On lui doit d’ailleurs de chouettes runs désormais canonique autour de la célèbre saga étoilée bâtie par Georges Lucas. Pas étonnant pour l’auteur, donc, de déplacer l’homme chauve-souris en orbite et face à divers peuples extra-terrestres. Il est vrai qu’il est difficile de ne pas penser à la Guerre des Étoiles en suivant des mercenaires, des créatures diverses, des peuples opprimés, des animaux exotiques particuliers, des androïdes, etc. !

Pourtant, l’auteur ne s’éloigne jamais de l’ADN de Batman. Son code d’honneur, sa quête de justice – même à des années lumières de Gotham City – son dépassement de soi, sa mission inéluctablement répétitive mais indispensable, surhumaine, etc. Le Dark Detective n’a que ses muscles et sa tête pour s’en sortir, de nouveaux alliés, une romance même, bref on reprend les ingrédients habituels mais on teste une nouvelle recette. C’est un paradoxe qui en découle : une fiction de bonne facture, qu’on aurait pu lire chez des super-héros davantage propre à se balader dans l’espace. Le fait que ce soit Batman décontenance autant que ça fascine. Une originalité à saluer.

Off-World bénéficie des chouettes illustrations de Doug Mahnke (vieux de la vieille chez DC – Batman : Detective, Joker – L’homme qui rit, Under the Red Hood…)  et, surtout, de la colorisation de David Baron. De quoi distinguer de multiples couleurs, c’est flashy, c’est étrange, c’est inédit, ça rappelle… le film Superman de James Gunn il y a quelques semaines ? Il y a de ça oui, même si l’exercice de comparaison n’a pas vraiment sa place ici mais il est difficile de ne pas y penser pour autant ! Le comic book est autonome, un titre complet agréable qu’on conseille pour ceux aimant des itérations improbables comme celle-ci, éloignée (au sens littéral comme au figuré) du côté urbain et terre-à-terre de certaines enquêtes du Chevalier Noir.

Bref, comme dit en ouverture de critique, tout est très clair d’entrée de jeu donc si ça vous tente, aucune raison de ne pas y aller. L’histoire est un poil convenue pour une proposition de ce genre (souvent inutilement bavarde, un peu comme Tom King dans ses faiblesses) mais la diversité visuelle et chromatique vaut le détour. On y suit donc le Chevalier Noir face à une race particulière (croisée à Gotham plus tôt – d’où le voyage en orbite volontaire de Bruce/Batman) puis prisonnier puis quasiment maître révolutionnaire, bien aidée de la pétillante Iona et d’un nouvel animal (mi-loup mi-chien métallique) ! En somme, une aventure spectaculaire franchement sympathique, ni révolutionnaire, ni oubliable, mais gloablement maîtrisée et inédite.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 22 août 2025.
Contient : Batman Off-World #1-6
Nombre de pages : 168 pages

Scénario : Jason Aaron
Dessin : Doug Mahnke
Encrage : Jaime Mendoza
Couleur : David Baron

Traduction : Benjamin Rivière
Lettrage : Scribgit

Acheter sur amazon.frBatman Off-World (18,50 €)

Batman Dark Patterns – Affaire #2 : La Tour aux Mille Voix

Après un premier opus plutôt séduisant (mais un peu onéreux – on y reviendra), la série Dark Patterns revient avec un Chevalier Noir infiltré le temps d’une nuit dans un étrange immeuble, une tour aux mille voix. Découverte.

[Résumé de l’éditeur]
Il existe à Gotham City une étrange tour, d’où résonnent les voix des vivants et des morts. La police est en alerte et encercle l’immeuble, et la tension n’en finit de monter : un officier a déjà perdu la vie, et un autre est retenu en otage à l’intérieur. Une émeute semble inévitable… à moins que Batman ne parvienne à s’infiltrer dans le bâtiment pour sauver l’officier de police disparu. Mais le Chevalier Noir découvre vite que les habitants de la tour suivent les ordres d’une voix unique et étrangement familière qui parcourt les étages… et cette voix ne s’arrêtera pas avant d’avoir eu du sang.

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
Quand Batman s’infiltre dans un immeuble pour sauver une otage, il ne s’attendait certainement pas à tomber sur une foule majoritairement hostile et qui semble vouer un culte à… Scarface et, de facto, le Ventriloque ? On dirait bien… C’est la force du récit de (second) Dark Patterns, renouveler le mythe de cet antagoniste souvent très secondaire (visiblement déjà croisé par Batman dans cette version de l’histoire – où il est pourtant à ses prémices, cf. le tome précédent). Cela se traduit de différentes façons qu’on ne dévoilera pas pour préserver la surprise.

Ce qui séduit dans cette seconde affaire est que le dessinateur Hayden Sherman met au service de la narration l’architecture labyrinthique du fameux immeuble pour l’insuffler dans ses planches, qui n’ont jamais un découpage « classique » mais plutôt déstructuré. On s’y perd un petit peu (au début) et une fois habitué on apprécie franchement cette immersion singulière (voir illustrations en bas de cette critique). Bien entendu, il faut (à nouveau) accepter une forme d’improbabilité et fermer les yeux sur des facilités d’écriture pour suspendre un peu trop son incrédulité et conserver un plaisir globalement intact tout au long des trois chapitres.

Le côté anxiogène du lieu, la course contre la montre lors d’une courte nuit (un otage à sauver, un incendie à maîtriser, un ennemi à la fois invisible et partout…) contribuent au rythme endiablé ultra efficace. Dommage de ne pas s’étendre sur de nouveaux personnages et d’être trop explicite dans un flash-back en fin de récit mais ce sont des détails. Pour l’anecdote, on retrouve dans un petit rôle le médecin légiste rencontré dans le premier opus (confirmant l’hypothèse qu’il sera plus ou moins récurrent tout au long de la série – rappelons qu’en VO elle contiendra douze chapitres qui sortiront compilés le 31 mars 2026 là où en France deux autres tomes de trois épisodes sont attendus).

En somme, La Tour aux Mille Voix continue de donner la part belle à un Batman dépourvu de gadgets et de moyens disproportionnés. Le retour à ce Chevalier Noir épuré est toujours appréciable ; ici il y a moins la dimension enquête/détective mais davantage un titre porté sur l’action et la survie. Cela n’en reste pas moins palpitant et, toute proportion gardée, plutôt original. Une écriture qui fonctionne bien, des illustrations parfaitement équilibrées et fluides, mises en page différemment… bref c’est une bande dessinée plutôt appréciable. Reste le même sujet/problème : 63 pages de BD pour 16 €… ça pique. Surtout quand on sait, comme évoqué plus haut, qu’aux États-Unis l’intégrale sortira pour 27 $ – de là à ce qu’Urban Comics sorte aussi une intégrale dans deux ou trois ans…

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 12 septembre 2025.
Contient : Batman: Dark Patterns #4-6
Nombre de pages : 80

Scénario : Dan Watterns
Dessin & encrage : Hayden Sherman
Couleur : Triona Farrell

Traduction : Basile Béguerie
Lettrage : Cromatik Ltd (Île Maurice)

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Batman & Robin Année Un – Tome 1

Nouvelle série qui – comme son titre l’indique – suit la première année de Batman quand il intègre Robin (Dick Grayson) dans sa croisade, sous la plume du célèbre Mark Waid. Ouvrage soigné au dos toilé rouge qui bénéficie aussi d’une édition spéciale avec une couverture alternative pour les enseignes Momie, Batman & Robin Année Un est particulièrement accessible et devrait réjouir l’ensemble des fans du célèbre duo. Découverte d’un récit inédit.

[Résumé de l’éditeur]
Alors que Bruce Wayne vient officiellement d’adopter l’orphelin Dick Grayson qu’il forme comme son acolyte, un mystérieux nouveau patron du crime appelé le Général tente de s’approprier les rues de Gotham en annihilant la mafia locale… À la recherche de réponses, Batman et Robin vont devoir mener l’enquête mais aussi gérer les deux aspects de leur relation en tant que père et fils et duo dynamique !

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
Une revisitation des premiers pas du tout jeune Dick Grayson dans les collants, ou plutôt le slip, du jeune prodige : voilà une ambition à la fois originale et qui a, forcément, un côté déjà-vu. Impossible de ne pas penser au chouette Robin – Année Un par exmple – de là à y voir une sorte d’extension ? Pourquoi pas… Dans ce premier tome, Dick est déjà entraîné et connaît la double identité de son nouveau père adoptif. Il a déjà déambulé dans Gotham la nuit drapé de son costume de Robin mais il n’est pas encore très « connu/identifié » par les malfrats et même par Gordon, qui va donc découvrir Robin pour la première fois. Cela permet de situer à peu près chronologiquement le récit.

Alors, qu’est-ce que ça raconte de « nouveau » ? Le scénariste historique de DC Mark Waid (à l’œuvre à peu près en même temps ou récemment sur Absolute Power et Justice League Unlimited) propose une fiction assez convenue mais très plaisante. Ici, à l’exception de Double-Face et d’un célèbre autre antagoniste (tous deux étant assez en retrait néanmoins), c’est davantage la pègre qui fera office d’ennemi, avec le Général Grimaldi un nouveau venu plutôt malin qui va faire s’entretuer les différents clans. Il y a une petite veine polar, un côté urbain très prononcé (d’où la seconde couverture inédite et superbe) ponctuant les aventures du dynamique duo. D’un côté, un mentor paternel parfois dépassé, d’un autre côté une jeunesse pleine d’énergie, solaire et légère.

Et… si ces caractéristiques font partie de l’ADN de Grayson, on déplore tout de même le manque de séquences de « tristesse/deuil » dont il est à peine question dans l’ouvrage. Théoriquement la mort des parents de Dick reste assez récente (preuve en est : les services sociaux rendent des visites surprises au Manoir Wayne pour s’assurer de la bonne éducation de l’orphelin !). Ce n’est pas très grave mais c’est un petit peu étonnant – peut-être que cela viendra plus tard car toute l’intrigue se déroule sur une poignée de jours, quelques semaines tout au plus. Il faut dire que la bande dessinée bénéficie d’un rythme haletant et se dévore aisément.

Entre ses protagonistes charismatiques, ses quelques mystères ici et là, ses dialogues ciselés (les joutes verbales entre Alfred et Bruce sont un délice – « wayniser ! »), Batman & Robin – Année Un est une sorte de retour aux sources très agréable, bien loin de toutes les aventures récentes où l’on voyait un homme chauve-souris désabusé et/ou un Robin colérique voire insupportable (Damian). Ici on retrouve une sorte de « virginité artistique » dressant un tableau paradoxalement familier et novateur, qui offre une narration maîtrisée (visiblement, Waid sait là où il va), tout en caractérisant efficacement ses personnages qu’il s’amuse à faire vadrouiller un peu partout. En somme, l’ensemble est extrêmement plaisant bien qu ‘il lui manque, peut-être et en toute modestie, un certain « grain de folie (ou de malice) » qui donnerait à la chose une dimension incontournable.

Il faut se tourner vers l’objet, le livre en lui-même pour y trouver cela. Urban Comics tente une édition prestige à prix raisonnable (pour une fois), avec un bel écrin, dos toilé rouge, absence de texte en quatrième de couverture, deux versions, etc. Un soin qui apparaît salvateur et complémentaire aux planches de Chris Samnee dont la patte couplée à la colorisation de Matheus Lopes rappelleront inéluctablement le style si singulier de Darwyn Cooke (The New Frontier, Batman – Ego…). Cette tendance cartoony adulte, douce et parfois brutale à la fois, touchante (à l’instar de ses héros), presque naïve. Un régal. Cette modernisation pulp du Robin jovial de l’Âge d’or fonctionne admirablement malgré son sentier globalement balisé.

Doit-on lire Batman & Robin – Année Un ? Comme toujours, si vous rechercher un peu de fraîcheur, évidemment ! Si vous voulez quelque chose de foncièrement novateur et inédit, pas spécialement. C’est une élégante porte d’entrée et… elle rappelle indéniablement la série d’animation de 1992, donc autant se procurer ce coup de cœur car, in fine, qui n’aime pas la parfaite itération de Bruce Timm et Paul Dini ?

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 13 juin 2025.
Contient : Batman & Robin Year One #1-6
Nombre de pages : 152

Scénario : Mark Waid
Dessin & encrage : Chris Samnee
Couleur : Matheus Lopes

Traduction : Yann Graf
Lettrage : Eric Montesinos

Acheter sur amazon.frBatman & Robin Année Un – Tome 1 (20 €)