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Batman – White Knight • Harley Quinn

Nouvelle incursion dans le MurphyVerse, c’est-à-dire l’univers de Batman en marge de la continuité classique et débuté dans l’excellent titre White Knight. Après la suite moins réussie, Curse of the White Knight, et avant le prochain volet intitulé Beyond the White Knight, découverte du volume sobrement nommé Harley Quinn qui, comme son nom l’indique, propose un segment sur l’ancienne compagne du Joker. Que vaut ce troisième jalon dans l’univers White Knight ?
MàJ : deux mois après la sortie, donc en décembre 2021, une version noir et blanc est publiée par Urban Comics, limitée à 3.000 exemplaires.

[Résumé de l’éditeur]
Bruce Wayne est toujours enfermé en prison, payant pour ses exactions envers la ville de Gotham et tentant de se racheter aux yeux de ses anciens alliés. Mais il a à présent noué une relation de plus en plus forte avec son ancienne ennemie, l’ex-compagne de Jack Napier, Harleen Quinzel. Jeune maman, celle-ci est contactée par le GCPD pour l’épauler sur une affaire qui va faire remonter à la surface les souvenirs encore vivaces de son passé de criminelle.

[Histoire]
Harleen Quinzel raconte à ses deux jeunes jumeaux comment elle a rencontré et aimé leur père, Jack Napier. Les deux se sont trouvés bien avant d’être Harley Queen et le Joker…

Dans Gotham City, un tueur en série s’en prend à d’anciennes vedettes de cinéma et peint leur cadavre en noir et blanc. Duke Thomas et le GCPD/GTO (dirigé par Renee Montoya) ont besoin d’Harleen en tant que consultante afin de comprendre qui se cacher derrière ses crimes. Le Joker étant mort depuis deux ans, la piste de Neo-Joker (la rivale d’Harley) semble prometteuse.

Pendant ce temps, Bruce Wayne, toujours en prison, soutient son amie Harleen comme il le peut et leur relation prend un nouveau tournant…

[Critique]
Batman – White Knigt • Harley Queen
(BWKHQ) se déroule deux ans après Curse of the White Knight et en est clairement la suite, même si elle est centrée sur Harleen. Tous les évènements des deux précédents volumes sont à connaître avant d’entamer la lecture de celui-ci. En synthèse : difficile de s’attaquer au comic-book indépendamment sans connaître l’univers White Knight, qu’a créé dans le titre éponyme Sean Murphy (qu’il a écrit et dessiné). Il participe à l’écriture de « l’histoire » (comprendre la trame narrative globale) avec sa femme, l’auteure Katana Collins, qui signe intégralement le scénario. Murphy dessine uniquement les couvertures des chapitres et délaisse à Matteo Scalera l’entièreté des six épisodes que forme ce BWKHQ. Cette « nouvelle » équipe artistique assure brillamment cette relève temporaire, ajoutant même certaines qualités graphiques absentes de la série-mère (on y reviendra).

Ce tome « 2.5 » est incontestablement une réussite (non sans défauts, comme souvent, mais clairement on retient volontiers davantage le positif que le négatif). Tout d’abord il y a le plaisir de renouer avec le MurphyVerse et découvrir cette extension inédite qui fait avancer les choses et se concentre sur plusieurs personnages secondaires en plus d’Harleen. C’est une excellente chose. Ainsi, on revoit la Neo-Joker, curieusement absente dans le tome précédent, et on s’attarde enfin davantage sur la relation entre Bruce et Harleen (un des points forts du volume précédent également qu’on aurait aimé plus fouillé, c’est chose faite – toute en délicatesse).

Impossible de ne pas s’attacher à cette itération de Quinn, davantage apaisée que l’image iconique qu’on se fait d’elle. La jeune femme est dépassée par son rôle de mère, levant quelques tabous et assumant même la difficulté du quotidien voire du bonheur d’avoir des enfants ! Entre le deuil de Jack (qu’elle a tué à la fin de Curse…), la romance platonique avec Bruce (aka « Oncle Bruce » pour ses jumeaux) en prison et sa curieuse rédemption dans le GCPD, l’écriture d’Harleen est extrêmement soignée et réussie. Ses fidèles hyènes servent le récit à plusieurs reprises et, de facto, sont également attachantes.

Entre un certain humanisme qui se dégage de l’ensemble (le discours de Bruce – dans les flashs-back ou au présent – n’a jamais été aussi enthousiaste pour tirer les gens vers le haut, ça fait du bien !) et deux thématiques universelles, le deuil et l’amour, délicatement travaillées sans tomber dans le pathos ou le cliché, BWKHQ gagne à être lu tant il propose un voyage élégant et parfois surprenant. Le lecteur revisite en effet quelques morceaux de la mythologie de Batman, comme Robin/Jason Todd battu par le Joker (on ignore si dans cet univers le Clown est allé jusqu’à tuer le second Robin – à priori non). Todd devenu Red Hood puis… directeur de prison ! Le personnage est malheureusement survolé, on le voit à peine. Tout comme Ivy (et l’anecdotique figuration du Chapelier Fou), parmi les célébrités de la galerie d’alliés ou d’ennemis du Chevalier Noir qui n’avaient pas encore eu droit à leur traitement dans White Knight.

Néanmoins, on se régale de voir  Simon Trent « en chair et en os en bande dessinée ». Qui ça ? Simon Trent, le fameux acteur qui joue « le Fantôme Gris » (The Gray Ghost), introduit dans le formidable épisode Le Plastiqueur fou dans Batman, la série animée (S01E18). Trent avait brièvement l’honneur de rejoindre les comics comme professeur à la Gotham Academy (dans la série du même nom) mais cette fois l’hommage est plus puissant. Quelle belle idée ! Elle fait complètement sens dans le déroulé de l’enquête – des meurtres de l’Age d’or du cinéma à Gotham – et permet de séduire aussi bien les fans de Batman que les nouveaux venus. Pour l’anecdote, c’est Adam West (incarnant Batman à la télé dans les années 1960) qui doublait Trent dans l’unique épisode de la série d’animation, c’était l’obligation souhaitée par la production. Bref, la mise en abîme et l’hommage se répercutent enfin élégamment en comics !

Comme évoqué, il y a pourtant quelques éléments un peu moyens dans le récit. Des nouveaux personnages pas vraiment mémorables, un peu cliché… Incluant Hector Quimby, très présent et volontairement suspect. La motivation des « méchants » et leurs identités sont elles-aussi passables (on les découvre assez tôt). Dommage de ne pas avoir pioché dans des têtes connues pour dynamiser une fois de plus les versions « différentes » de la continuité classique de Batman. On retombe donc dans un travers classique d’ennemis interchangeables et vite oubliables ; malheureusement… Cela ne marquera donc pas le titre mais ce n’est pas grave cette fois car on retient ce qu’il y a autour. Ainsi, on peut dresser un parrallèle intéressant avec un autre comic-book récent : Joker/Harley : crime sanity. Dans ce dernier, la proposition graphique prenait le pas sur l’écriture et l’enquête en elle-même avec Harleen profileuse. Ici, l’ex compagne du Clown est dans un rôle assez similaire mais c’est son évolution qui prend le dessus, son attachement, l’empathie grâce au talent de Katana Collins (couplé au travail du dessinateur Matteo Scalera et la colorisation de Dave Stewart, évidemment), romancière qui signe sa première BD ici. Pour chipoter, on peut pointer du doigt l’étrange « facilité » avec laquelle Harleen est acceptée et intégrée au GCPD, comme si elle n’avait jamais été réellement une criminelle plus tôt (c’est « un peu » le cas)…

C’est ce qu’explique Katana Collins en avant-propos pour justifier l’orientation polar psychologique et un mystère basé sur les relations humaines. « A l’époque on regardait la série Mindhunter, et c’est un peu comme ça qu’est née Harley la détective. […] Harely n’a jamais su qui elle était, elle oscille toujours entre de nombreuses personnalités, entre être une docteurs ou un arlequin. Maintenant c’est une mère. Elle peur s’adapter à tout. » Il était important qu’elle et Jack « ne se rencontreraient pas à Arkham. Ils ne se sont pas rencontrés en tant que le Joker et Harley, mais comme Jack et Harleen. » « Le cœur de l’histoire, ce sont les gens. C’est un mélange d’interactions humaines et d’émotions » ajoute Matteo Scalera, grand fan de Sean Murphy et ami proche du dessinateur. Scalera a essayé d’utiliser les angles de vue de Sean Murphy, combinés à son propre style.

Une formule gagnante tant les planches et les traits globaux rappellent en effet ceux de Murphy – gardant ainsi une certaine cohérence graphique dans l’univers – tout en proposant une touche plus « douce », moins rugueuse et « carrée/virile » de son maître. Cela ajoute indéniablement cette humanité évoquée plusieurs fois. Difficile de la retranscrire, c’est à la fois du ressenti (donc de la subjectivité) et du factuel (objectivité), observée entre autres par davantage de scènes « du quotidien » mixée à des émotions sur des visages peut-être plus expressifs que dans WK et CotWK. Scalera est le dessinateur de l’excellente série Black Science (disponible aussi chez Urban Comics), si le style vous a séduit, foncez dessus (ou, à l’inverse, si vous le connaissez et appréciez déjà, vous apprécierez son incursion batmanesque) !

On retrouve des allusions/hommages au film Batman de Burton (entre autres lors de la « création » de Napier en Joker) et des découpages pleine page qui sont un régal pour les yeux. La même équipe artistique avait signé un chapitre inédit dans Harley Quinn Black + White + Red (presque entièrement en noir et blanc, avec des touches écarlates). Cet épisode est inclus en fin d’ouvrage, se déroulant un peu plus tard que l’histoire principale, c’est donc un complément pertinent. Croquis, couvertures alternatives… sont au programme (habituel) des bonus de l’édition. L’ouvrage sort aussi en noir et blanc, à l’instar de ses deux prédécesseurs, en édition limitée.

Batman – White Knight • Harley Quinn poursuit la revisitation visionnaire du Chevalier Noir sous le prisme d’une Harley Quinn complètement différente de son image habituelle et c’est un vrai plaisir à lire ! Le livre rejoint même les coups de cœur du site et devient un indispensable pour tous les fans de la muse du Joker.

[A propos]
Publié en France chez Urban Comics le 29 octobre 2021.

Contient Batman: White Knight presents Harley Quinn #1-6 + Harley Quinn : Black + White + Red #6

Histoire : Katana Collins, Sean Murphy
Scénario : Katana Collins
Dessin : Matteo Scalera
Couleur : Dave Stewart

Traduction : Benjamin Rivière et Julien Di Giacomo
Lettrage : MAKMA (Sabine Maddin et Stephan Boschat), Moscow Eye

Acheter sur amazon.fr :
Batman – White Knight • Harley Queen (édition classique – 18€)
Batman – White Knight • Harley Queen (édition noir et blanc limitée – 20€)

 

Joker/Harley : criminal sanity

[Résumé de l’éditeur]
Profiler de renom, Harleen Quinzel est embauchée par le GCPD pour enquêter sur une vague de crimes particulièrement sordides. Mais elle est elle-même hantée par une affaire passée lorsque sa colocataire a été sauvagement assassinée par le tueur en série surnommé le Joker.

[Histoire]
Cinq ans après le meurtre de sa colocataire par le Joker (qui a disparu ensuite), la docteure Harleen Quinzel (qui préfère être appelée Harley) aide régulièrement James Gordon et la la police de Gotham en tant que consultante (psychiatre judiciaire & analyste comportementale – selon sa carte de visite). Maddox, à la tête du GCPD ne supporte pas Harleen malgré les résultats brillants de la jeune femme, qui donne des cours en complément à l’université.

Quand un nouveau tueur en série sévit dans la ville, laissant des mises en scène macabres avec des bouts de corps recousus entre eux, Quinzel est persuadé que le Joker est de retour…

« Après le meurtre d’Edie, le Joker s’est évaporé.
Il est devenu le croque-mitaine de Gotham,
un monstre que chacun redoutait sans jamais l’avoir vu
mais il n’a rien d’une légende. Moi, je le trouverai.
»
Harleen Quinzel

[Critique]
Voici une œuvre (issue du Black Label) plutôt alléchante, singulière mais que partiellement réussie. « Partiellement » à cause de plusieurs raisons, autant sur la forme que le fond. Explications.

Avant d’analyser le scénario, il convient de parler en premier lieu des dessins. Ainsi, l’histoire « au présent » est presque exclusivement en noir et blanc, croquée sous un trait réaliste par Mico Suayan (voir plus loin pour le détail des crédits de l’équipe artistique) ; on est assez proche de la patte de Lee Bermejo (impossible de ne pas penser à son Joker, surtout dans sa version inédite en noir et blanc). L’ensemble est donc superbe, indéniablement, et une touche de couleur est parfois ajoutée sur des éléments importants (les cheveux et le sourire du Joker par exemple, donc un peu de vert et de rouge). Les flash-backs sont, quant à eux, entièrement en couleur et dans un style assez différent car on a carrément l’impression de voir… un roman photo ! Notamment dans les deux premiers chapitres (sur neuf), dessinés par Mike Mayhew, avant qu’il cède (heureusement) sa place à Jason Badower (qui restera dans un style réaliste mais moins prononcé, heureusement).

En résulte donc au début un étonnant style hybride, mi-ridicule, mi-troublant. C’est l’un des points clivants de l’œuvre, si cette approche graphique inédite (cf. illustrations de cette critique) vous rebute, inutile d’aller plus loin, même si ce serait dommage car, comme expliqué, elle s’atténue au fil des épisodes après le départ (sans explications) de Mayhew au profit de Badower. Si vous y êtes réceptifs vous serez évidemment conquis. Dès le troisième chapitre les deux pattes graphiques s’entremêlent, perdant volontairement le lecteur pour savoir s’il lit des séquences se déroulant « actuellement » ou si elles datent d’il y a plusieurs années, notamment autour du Joker. On devine d’ailleurs aisément, grâce/à cause de certains flash-backs qui il est et les clichés s’empilent sur son enfance (maltraitée, évidemment…) : père alcoolique et violent, mère biologique décédée, etc. On flirte avec la caricature ou la série télévisée policière ad nauseam – également dans les dialogues au GCPD.

Néanmoins, cette itération du Joker est très éloignée de ce qu’on a l’habitude de lire/voir : ici l’homme est intelligent, froid, malin, manipulateur. Moins charismatique qu’à l’accoutumée, il sourit rarement et ne rit jamais. Une approche austère qui sied mal au personnage iconique, rappelant parfois la débandade du quatrième tome de Batman Rebirth (La Guerre des Rires et des Énigmes) dans lequel le Clown faisait littéralement la gueule tout le temps. On pense aussi au côté moins fou furieux et (en apparence) plus calme du Joker du titre éponyme déjà cité (écrit par Brian Azzarello) voire, pourquoi pas, celui du film The Dark Knight. L’angle choisi pour ce one-shot (profilage réaliste) rappelle également le très mauvais Joker – Killer Smile, où l’on peut reprendre mot pour mot cet extrait de la critique qui fonctionne aussi : « difficile de « reconnaître » le Joker. Il pourrait être Double-Face, le Sphinx ou un tueur en série « quelconque » que ça ne changerait pas des masses l’histoire ».

Mais ici, ce n’est pas le Clown qui fait la part belle à Joker/Harley : criminal sanity, c’est évidemment Harleen Quinzel. C’est elle que le lecteur suit assidument et qui ne ressemble pas à la célèbre psychiatre que l’on connaît déjà. Et cette fois, en revanche, c’est très appréciable ! Le personnage est plutôt bien écrit, son travail de spécialiste des comportements criminels sonne « juste » (grâce aux nombreuses recherches effectuées durant deux ans par l’autrice Kami Garcia et l’aide de son consultant le Dr Edward Kurz – on y reviendra).

Contrairement à ce qu’on peut penser de prime abord, nous ne sommes pas dans une origin-story qui montrerait l’évolution d’Harleen en Harley, séduite par le Joker puis complice amoureuse (pour cela, il y a le très bon Harleen, lui aussi publié sous le « prestigieux » Black Label). Cela diffère, une fois de plus, de ce qu’on a l’habitude de voir et ce n’est pas plus mal. Leur relation reste plus ou moins intéressante mais manque d’un soupçon d’âme ou d’authenticité (à défaut de proposer des choses plus épiques à côté). Au-delà, demeure une longue enquête passionnante mais un brin convenue et sans grandes surprises ou retournements de situations… C’est hélas l’autre point faible du titre, auquel on peut ajouter sa fin abrupte, mi-figue mi-raisin. Pour peu que vous soyez déjà connaisseur du côté profilage ou des tueurs en série, on n’apprend pas grand chose.

Ne vous attendez pas non plus à croiser Batman, il est mentionné deux fois, on sait juste qu’il a disparu il y a plusieurs années (de quoi alimenter toutes sortes de théories méritant d’enrichir ce « nouvel univers » de la mythologie du Chevalier Noir). Seul Gordon est une figure familière de l’ensemble en complément d’Harley et du Joker, avec quelques figurations anecdotiques de temps à autre (Victor Zsasz, Crane en directeur d’Arkham, etc.). En somme, y avait-il besoin d’apposer le filtre « Gotham » à une histoire policière qui, in fine, pouvait s’en passer et interchanger ses noms de protagonistes ? Clairement pas mais c’est une jolie proposition néanmoins, principalement grâce aux somptueuses planches, leurs compositions et découpages appréciables, et à Harleen, plutôt attachante.

Le récit s’étale sur un peu plus de 280 pages, répartis en neuf chapitres (les huit de Joker/Harley : Criminal Sanity entrecoupés à la moitié par Joker/Harley : Criminal Sanity Secret Files #1, qu’on détaille dans le paragraphe suivant). Kami Garcia signe l’entièreté du scénario, qu’elle considère comme « un thriller psychologique avec du suspense » (ce qui est assez vrai). Elle est accompagnée du Dr Edward Kurz comme consultant, de quoi ajouter une caution « expert médical » à l’ensemble (lui-même est profileur et psychiatre judiciaire, à l’instar d’Harleen dans la fiction ; « il travaille dans un établissement pour les criminels malades mentaux », nous explique un entretien en début du livre –  à lire après la BD plutôt). Kami Garcia est principalement connue pour ses romans young adult et notamment sa saga Sublimes Créatures. Chez DC Comics, on lui doit aussi les deux titres Teen Titans publiés chez Urban Link (comics à nouveau à tendance jeunes adultes et au format plus petit) : Raven et Beast Boy – tous deux favorablement accueillis par la critique.

Aux dessins, on retrouve majoritairement deux artistes : Mico Suayan pour les passages en noir et blanc (un habitué des anti et super-héros auxquels il confère son style froid, réaliste et détaillé ; il a bossé, entre autres, sur différentes séries dont Batman, le Chevalier Noir, Superman, Arrow, Bloodshot Reborn, Punisher, Moon Knight…) et Jason Badower pour ceux en couleur (il est absent uniquement sur le premier chapitre, avant qu’il remplace définitivement Mike Mayhew ; Badower travaille principalement sur des couvertures chez DC et sur des concept-arts pour le cinéma et la télévision). Mike Mayhew est, comme on le soulignait plus haut, présent le temps des deux premiers épisodes. C’est lui qui signe les séquences du passé proche du roman-photo (qui sont donc différentes par la suite après son départ et sonnent davantage comics, tant mieux) ; sa maîtrise du photoréalisme peut être observée chez Marvel (Mystique, She-Hulk, The Pulse, Fear Itself), DC Comics (différents titres de Justice League) et Star Wars.

Côté couleur, Annette Kwok est crédité à partir du troisième chapitre (Mahyew s’en occupant sur les deux précédents apparemment). Le « dossier secret » au milieu du comic-book (en réalité Joker/Harley : Criminal Sanity Secret Files #1) est à nouveau écrit par Kami Garcia mais aussi par le Dr Edward Kurz. On retrouve les trois dessinateurs précités ainsi que la coloriste mais aussi deux nouveaux artistes : David Mack et Cat Staggs. Cet interlude est composé des notes de Quinzel, des rapports de police, de coupures de journaux, de mails, etc. pour un résultat doublement passionnant : les textes bien sûr, mais aussi les différentes formes graphiques qui la composent incluant cette fois des aquarelles aux couleurs vives agrémentées de poésie (probablement signées par les deux derniers dessinateurs précités).

Quelques références au monde du Chevalier Noir parsèment l’ouvrage, un figurant se nomme Paul Timm, hommage à peine déguisé à Paul Dini et Bruce Timm (les créateurs de Harley Quinn, à qui on doit donc l’excellente Batman, la série animée), le Joker de Lee Bermejo et Brian Azarello, déjà évoqué, etc. Le beau livre (format luxueux du Black Label oblige) se termine par la galerie de couvertures, classiques et variantes. Un entretien avec la scénariste Kami Garcia ouvre aussi le comic, comme souvent on suggère de le lire après la bande dessinée pour éviter des révélations.

Joker/Harley : criminal sanity est inégale par bien des aspects évoqués plus haut mais reste à découvrir principalement pour sa proposition graphique hors-norme (digéré et passé ses deux premiers épisodes surtout) et son propos plus ou moins inédit. Si les styles de dessins vous séduisent assez et que vous n’êtes pas à cheval sur la personnalité du Joker, alors le comic-book devrait vous plaire, extrêmement proche d’un polar à la forme soignée et au fond sale, violent et réaliste. Si ce n’est pas votre tasse de thé ou que vous attendez que le récit vous surprenne « réellement », faîtes l’impasse sans problèmes, ce n’est ni révolutionnaire, ni incontournable dans la mythologie de Batman, ou plutôt du Joker et d’Harley.

« Cinq choses permettent de transcender la médiocrité du quotidien :
une intelligence supérieure,
des livres pour l’alimenter,
des outils pour les suppléer lorsque c’est nécessaire,
beaucoup de préparation et une résolution sans faille.
Anéantir son adversaire sans combattre
est l’aboutissement ultime de l’art de la guerre.
Rien de tel que les réseaux sociaux pour y parvenir. »

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 20 août 2021.

Scénario : Kami Garcia
Dessin : Mico Suayan et Jason Badower (et Mike Mayhew, voir article)
Couleurs : Annette Kwok

Traduction : Julien Di Giacomo
Lettrage : Moscow Eye

Acheter sur amazon.fr : Joker/Harley : criminal sanity (29€)

Quelques nouvelles et mises à jour du site

Bonjour à tous,

Quelques nouvelles durant cet été 2021 🙂

Tous les titres annoncés par Urban Comics (jusqu’à décembre 2021) ont bien été répertoriés sur les rubriques A à Z. Ces dernières ont bénéficié d’autres mises à jour avec, entre autres, les liens pour acheter en ligne et, surtout, la numérotation finale des tomes des séries (par exemple Harley Quinn Rebirth terminée en dix tomes, Justice League Dark en quatre, etc.) – de quoi se rendre compte que toutes les séries liées à Batman, ses alliés, ennemis ou encore la Justice League sont quasiment… « terminées » (incluant Batman Beyond après six ans d’attente, sortie du tome 3 le 20 août) ! Bien sûr il y a quelques exceptions : Arkham Knight probablement abandonnée, Black & White (dont le troisième et dernier volume pourrait sortir en 2022 en bénéficiant des séries en noir et blanc récentes), Joker War normalement achevée en trois volumes mais dont des tie-ins sont en cours de traduction (à priori pour Batman Bimestriel mais à confirmer), le troisième et dernier opus de Batman Terre Un est sorti aux US donc on l’aura probablement début 2022 chez nous. Enfin New Justice ne devrait plus avoir de tomes après le quatrième – en attente de confirmation également.

Dans la foulée, tous les sommaires des Batman Bimestriel sont enfin indexés et… tout ce qui a été publié dans les magazines Batman Saga puis Batman Univers est aussi répertorié et chroniqué (je vends d’ailleurs l’intégralité des deux séries via Le Bon Coin, laissez-moi un commentaire – que je ne mettrai pas en ligne – si cela vous intéresse !). Voir la page d’accueil du site avec les liens de toutes ces critiques récentes.

 

Les nouvelles séries autour de Batman seront à découvrir dans Future State, évènement de la rentrée 2021 (avec le one-shot The World) . Au programme également (chez nous en 2022 probablement), la suite du film Batman de Tim Burton (1989) en comic-book ! Ainsi qu’un nouveau segment se déroulant après le culte Un Long Halloween, à nouveau signé par le duo Jeph Loeb et Tim Sale ! On surfe donc sur une certaine nostalgie, ce qui sera aussi le cas du long-métrage The Flash qui mettra en scène l’homme chauve-souris de Burton à nouveau, Michael Keaton, et celui de Zack Snyder, Ben Affleck ! A découvrir en 2022, tout comme The Batman, réalisé par Matt Reeves, revenant une fois de plus sur les premiers pas du Chevalier Noir (incarné par Robert Pattinson cette fois).

Toujours en exploration d’un certain « passé », Urban Comics proposera le 3 décembre prochain trois titres cultes dans sa collection Urban Limited, format hyper luxueux, agrandit et limité (1500 exemplaires). On retrouvera donc Année Un (énième réédition d’un classique indémodable) et White Knight, récit récent (2018) mais qui a déjà rejoint la liste des titres Batman incontournables (cliquez sur les images pour précommander).

 

Enfin, le très attendu Trois Jokers (Three Jokers en VO) sortira le 1er octobre dans plusieurs éditions. Une classique à 18€ et trois variantes à 20€ reprenant les visages de la Bat-Family ainsi qu’une carte collector (idem, cliquez sur les images pour précommander). Là aussi le titre bénéficiera d’un tirage dans Urban Limited, le 3 décembre 2021 également. L’histoire propose (enfin !) ce qui avait été annoncé à la fin de la série Justice League époque New 52 (La Guerre de Darkseid, sorti il y a un peu plus de cinq ans) : il n’y aurait pas un mais trois Jokers ! Le récit n’est pas sans défauts (il étonne dès le début en omettant que Batman avait déjà connaissance de cette information par exemple…) mais excelle sur bien d’autres points et son étrange « humanité » qui s’en dégage, notamment dans sa conclusion, hâte de vous partager ma critique 😉


Outre les comics et les films, une petite parenthèse sur l’animation. J’ai été invité pour parler des films d’animation DC Comics et notamment Batman Hush/Silence (2019) et Un Long Halloween – Partie 1 (2021) – je conseille énormément ce dernier – sur la chaîne d’ActuCiné sur YouTube. Un moment sympathique durant lequel j’ai pu évoquer quelques anecdotes sur les deux titres dans leurs versions comics et leurs adaptations. Néanmoins rien d’extraordinaire non plus, les passionnés ne découvriront probablement pas grand chose, je préfère les renvoyer vers la vidéo de mars de MicroCiné, plus complète sur l’évolution du Chevalier Noir à travers le cinéma et ses inspirations comics (je compile toujours religieusement tous les commentaires du chat qui ont été posés dans cette vidéo afin d’y répondre à l’occasion). Pour l’anecdote, j’ai aussi eu le privilège (grâce à l’organisation de David de la chaîne ActuCiné justement) de revoir Zack Snyder’s Justice League dans un petit cinéma privatisé, cela renforce la dimension épique et émotionnelle du film, sans aucun doute ! Le format 1.33:1 est nettement plus justifié également, quel plaisir…

Ces derniers mois il y a nettement plus d’interactions avec la communauté de fidèles du site ou des nouveaux venus et je vous en remercie 🙂

Via les commentaires, mon compte Twitter personnel ou YouTube (les vidéos précitées), je m’efforce de répondre à tout le monde mais je manque cruellement de temps. Si en 2020 et début 2021 j’ai pu abattre un travail conséquent sur le site, j’ai conscience que ces dernières semaines ce n’est pas le cas. Comme toujours, entre la vie professionnelle et personnelle bien chargées, il faut faire des choix difficiles. Choisir c’est renoncer, choisir c’est (aussi) préférer. Je passe beaucoup de temps sur deux projets littéraires (non liés à Batman) qui vont enfin voir le jour après tous ces mois ; cela explique la période un peu plus creuse actuellement. Côté critique, je reconnais m’éparpiller dans trop de lectures, incluant celles du Chevalier Noir, et ne plus savoir quoi chroniquer face à la masse de sorties. Une bonne nouvelle néanmoins : comme vu plus haut, quasiment toutes les séries sont désormais achevées d’être publiées, cela va me permettre d’écrire « à la suite » en lisant/(re)découvrant tout cela (je préfère rédiger mes critiques en une fois quand toute une série est terminée plutôt que tome par tome avec des mois de battements entre deux).


Vous l’aurez compris, je préfère ne rien garantir sur les dates de critiques, beaucoup sont déjà entamées dans des brouillons, d’autres nécessitent des relectures (et une certaine motivation). J’adorerais aussi « repasser/réécrire » d’anciens articles vu l’amélioration de la mise en page et (soyons modestes) de mon écriture au fil des dernières années ; encore une fois, je manque de temps et dépriorise cela. Néanmoins et comme toujours depuis dix ans (oui, le site fête ses dix ans cette année), il y a des vagues de productivité accrue puis des passages un peu vides – comme en ce moment, étant pris par d’autres projets (dont, entre autres, les critiques de Star Wars – La Haute République). J’espère terminer certaines choses d’ici fin 2021 sur le site, j’aimerais y consacrer trois mois à temps plein non stop mais ce n’est hélas pas possible.

En attendant, voici ce qui devrait sortir dans les prochains mois niveau chronique de comics : les quatre tomes de New Justice, les deux de Doom War puis les quatre de Death Metal, Joker/Harley : Criminal Sanity, les trois tomes de Batman Beyond, Trois Jokers (déjà lu et globalement apprécié), les séries Batman : Detective (5 tomes) et Batman Detective Comics (7 tomes), DCeased 2, l’intégrale d’Injustice, les six volumes de Justice League Rebirth (la moitié déjà écrite) et peut-être un ou deux tomes des séries Batman Mythology et Batman Arkham. Soit une quarantaine de nouvelles critiques (soit huit par mois dans un monde idéal pour tout boucler d’ici la fin d’année). J’espère également pouvoir retranscrire sur le site la vingtaine de portraits de personnages de Batman qui avaient été publiés dans un magazine, croisons les doigts pour que cela puisse être possible !

Rendez-vous dans quelques jours pour la critique de The Suicide Squad, au cinéma ce mercredi 28 juillet !

Merci à tous et au plaisir 🙂