Archives de catégorie : Justice League

Absolute Power

Critique des trois tomes d’Absolute Power, l’évènement qui regroupe plusieurs séries et met fin à l’ère Infinite (tout en ouvrant doucement sur la nouvelle : DC Prime – cf. cet article) !

[Contextualisation éditoriale]
Ce n’est pas une « crise » à proprement parler (cf. guide) mais un crossover important qui vient conclure les multiples séries de l’ère Infinite de DC Comics. Pour le Chevalier Noir, il y a eu (sans forcément de fil conducteur) Batman Infinite puis Dark City (et Nocturne en parallèle), pour les autres justiciers, il s’agissait surtout des collections Dawn of (Superman, Green Arrow & Black Canary, Titans…). Comme souvent, nul besoin d’avoir lu ces œuvres précédentes même si ça aide (par exemple, connaître le personnage androïde de Failsafe (dans Batman… Failsafe) facilite la compréhension mais, une fois encore, rien d’obligatoire). Absolute Power reste accessible et propose une situation inédite : la terrible Amanda Waller réussi à priver les super-héros de leurs pouvoirs ! Cette antagoniste mythique bénéficie d’un avant-propos rédigé par Urban Comics sur son site et dans le premier tome, à découvrir également ci-dessous.

À noter que le premier tome est sorti dans une édition limitée en janvier 2025 à l’occasion du Festival d’Angoulême.

  

[Avant-propos de l’éditeur issu du premier tome – nécessaire pour tout avoir en tête avant la découverte]
Les super-héros de l’Univers DC ont affronté d’innombrables êtres surpuissants au cours de leur existence : des monstres, des Dieux, des menaces venues d’autres planètes, d’autres dimensions… Pour autant, c’est bien une simple humaine, sans le moindre pouvoir, qui pourrait finir par causer leur perte.

Amanda Waller fait sa première apparition en 1986 dans la mini-série Legends, écrite par John Ostrander et Len Wein et dessinée par John Byrne, où Darkseid élabore un nouveau plan pour nuire aux super-héros : saper leur image auprès du grand public. En manipulant les médias, le maître d’Apokolips orchestre une campagne anti-justiciers pour retourner la population contre ses icônes. Influencé par le climat ambiant, le gouvernement américain déclare tous les super-héros, dont la Ligue de Justice, hors la loi. Amanda Waller est alors réquisitionnée pour monter une équipe de super-vilains afin de protéger le mont Rushmore de l’attaque du monstre Brimstone. Suite à cela, Waller réussit à convaincre le président Reagan de la nécessité de disposer d’agents secrets impitoyables et sacrifiables pour mener à bien les missions les plus dangereuses en échange d’une réduction de peine : la Suicide Squad est née !

L’introduction de Waller dans Legends marque un tournant pour DC, à un moment où l’éditeur cherche à explorer des thématiques plus politiques et sociales, notamment après la fin du Multivers durant Crisis on Infinite Earths. La vision cynique et jusqu’au-boutiste du personnage résonne avec une période où les figures super-héroïques classiques sont remises en cause afin de satisfaire l’appétence du lectorat pour des personnages plus atypiques, plus proches des anti-héros.

Pour preuve, le succès du concept de la Suicide Squad est immédiat et conduit rapidement à une série régulière en 1986 (Les archives de la Suicide Squad). Amanda Waller y dirige d’une main de fer l’escadron avec des méthodes pour le moins coercitives et n’hésite pas à tenir tête à quiconque s’oppose à elle, que ce soient les membres de sa propre équipe comme Captain Boomerang, ses supérieurs hiérarchiques ou encore certains super-héros comme Batman…

Originaire d’un quartier difficile de Chicago, et suite à des événements traumatiques que vous pourrez découvrir dans le tome 3 de la présente série, Waller a su rapidement gravir les échelons pour devenir une figure aussi respectée que crainte, que ce soit de ses collègues ou de la communauté super-héroïque. Au fil des années, elle cumula la direction de plusieurs agences de renseignement. Elle prit notamment la tête de l’agence secrète Checkmate, appartenant à la Task Force X comme la Suicide Squad, pour entreprendre des missions secrètes dans le monde afin d’assurer la sécurité des États-Unis. Pendant un temps, elle dirigea même l’Agence de Renseignement, de Gestion, d’Unification et de Soutien (A.R.G.U.S.), en charge de régir les interactions entre le gouvernement et les super-héros avant d’intégrer le Département des Événements Ultra-Spéciaux (D.E.U.S.), chargé de surveiller et prévenir toute menace métahumaine sur le sol américain. Elle devint même secrétaire des affaires méta-humaines au sein de l’administration de Lex Luthor lorsque ce dernier était président des États-Unis (à découvrir dans le récit complet Président Lex Luthor).

Pendant les périodes Renaissance et Rebirth, Amanda Waller continue d’être décrite comme une personne aux convictions les plus froides et calculatrices au travers des missions qu’elle confie à la Suicide Squad. Mais c’est bien durant la période Infinite qu’Amanda Waller prend une place prépondérante dans l’Univers DC, déployant tout son machiavélisme pour mener à bien ses plans contre la communauté méta-humaine. En tant que directrice de la Suicide Squad, Waller orchestre de nombreuses opérations controversées sans aucune autorisation gouvernementale. Parmi les plus audacieuses figure son projet de créer sa propre Ligue de Justice pour envahir et dominer Terre-3, monde gouverné depuis des décennies par le redoutable Syndicat du Crime. Rick Flag, épaulé par les Titans et sa propre Suicide Squad dissidente, tenta de stopper Amanda Waller, en vain puisque cette dernière réussit à manipuler Ultraman, version corrompue de Superman, pour prendre le contrôle de Terre.

  

Elle fut ensuite rapatriée sur Terre-Prime par le mystérieux Conseil de la Lumière, avec pour mission d’éliminer la communauté des superhumains, héros comme vilains. Si pendant plusieurs mois, Waller resta apparemment inactive, elle agissait en réalité dans l’ombre pour accumuler de nombreux artefacts et consolider son pouvoir : le Casque de la Haine sur l’île de Lazare grâce à Peacemaker, Peacewrecker et Gunsmith, ou encore la Pierre des Cauchemars lors de l’attaque d’Insomnia sur la Terre (Justice League – Knight Terrors). Lors de l’évènement Beast World (Dawn of Titans – Tome 2 : Beast World), Beast Boy est transformé en créature féroce par le Doctor Hate.

Amanda Waller s’en prend à l’équipe des Titans, alors seuls garants de la paix en l’absence de la Ligue de Justice, en manipulant l’opinion publique pour justifier l’élimination des super-héros. Malgré la victoire des Titans face à Waller, cette dernière réussit à obtenir la création du Bureau de la Souveraineté dont les locaux se situent dans l’ancien quartier général de la Ligue de Justice, rebaptisé « Le Hall de l’Ordre »…

Durant cette période, Waller resta en veille permanente, observant les faits et gestes de la communauté super-héroïque, scrutant la moindre occasion. Parmi ses cibles se trouve le Chevalier Noir, qui pendant plusieurs mois a dû faire face au redoutable Failsafe, un « Bat-robot » implacable conçu pour l’éliminer si jamais il devait s’écarter de son credo et attenter à une vie humaine. Batman réussit finalement à désactiver Failsafe (Dark City – Tome 5 : Sombres prisons) envoyant, selon toute vraisemblance, le robot à la casse…

 

En parallèle, Amanda Waller manipula Green Arrow pour qu’il travaille à ses côtés après avoir dispersé sa famille dans le temps et l’espace (à lire dans les deux tomes de Dawn of Green Arrow & Black Canary). Mais la rhétorique de Waller semble aujourd’hui convaincre Oliver, qui se met à douter de sa mission et de ses alliances… Waller aurait-elle gagné un atout de poids dans la guerre qui se prépare ?

Enfin, après plusieurs mois de collaboration avec l’énigmatique Conseil de la Lumière, Waller découvrit finalement la véritable identité de ses membres : il s’agissait d’une coalition de variants de Brainiac provenant de différentes réalités ! Surprise par cette révélation, Waller choisit de s’éloigner de cet ennemi dangereux et imprévisible. Qu’à cela ne tienne, le Collectionneur de mondes lance un énième assaut contre Superman et Metropolis en créant la Reine Brainiac, un androïde capable d’anéantir toute vie dans l’univers. Au terme d’un féroce combat, (à découvrir dans Dawn of Superman – Tome 3), la super-famille réussit à repousser la menace de la Reine Brainiac. Mais pour combien de temps ?

Après une vie entière à préparer dans l’ombre la chute des super-héros, toutes les pièces finissent de se mettre en place. Amanda Waller est plus que jamais prête à lancer l’assaut final de sa croisade contre les méta-humains, et à tenir entre ses mains le pouvoir absolu…

[Résumés de l’éditeur]
Tome 1/3 : Peu d’être humains ont su tenir tête aux super-héros avec autant de zèle et de détermination qu’Amanda Waller. Après une carrière de machinations, et grâce à la puissance combinée de l’inarrêtable Failsafe et de la glaçante Reine Brainiac, Waller a finalement atteint son but : priver tous les héros et vilains de la planète Terre de leurs capacités métahumaines. Alors que le chaos inonde les rues et qu’une vaste campagne de désinformation fait basculer l’opinion publique de son côté, la fondatrice de la Suicide Squad déclenche une véritable guerre éclair pour faire tomber tous les super-héros, les uns après les autres. En ces heures sombres, une résistance se forme… mais ces  héros impuissants peuvent-ils vraiment vaincre la Trinité du Mal et leurs implacables sbires ?

Tome 2/3 : Après l‘attaque dévastatrice d’Amanda Waller et de ses sbires sur la forteresse de Solitude, les plus grands super-héros de l’histoire sont dos au mur, et contraints de prendre la fuite… Sans pouvoir, et privé d’un Jonathan Kent plus dangereux que jamais qui a rejoint les lignes ennemies, les derniers espoirs de la Terre se sont exilés à Themyscira, bastion de la Résistance. Mais s’ils ont réussi à éviter de succomber aux assauts de la Trinité du Mal jusqu’ici, ils sont loin d’avoir gagné la guerre…

Tome 3/3 : Alors que les derniers super-héros se battent corps et âme sur l’île de Gamorra, Batman et Superman sont mis en difficultés par les forces de la Trinité du Mal. Amanda Waller, quant à elle, a franchi la ligne rouge lorsqu’elle fait appel à des renforts venus de tout le Multivers pour écraser les derniers rebelles. l’espoir est-il encore permis pour les super-héros ?

[Critique]
Et si Amanda Waller était plus forte que Darkseid ? Et si c’était l’ennemie la plus puissante et féroce de l’univers DC ? C’est ce postulat poussé à l’extrême (principalement par le scénariste Mark Waid) que nous propose Absolute Power. Publié en France au premier semestre 2025 (fin janvier puis début mars puis fin avril), les lecteurs ont donc pu découvrir en à peine trois mois l’entièreté de cette conclusion épique et inédite (d’où le délai – sur ce site – préférant tout lire à la suite et tout chroniquer en une seule fois). Ce qui ressort de l’ensemble est globalement positif : un excellent rythme (on ne s’ennuie pas) malgré un côté inégal entre les multiples séries proposées (on y reviendra), des binômes originaux et agréables à découvrir (idem), un concept tiré par les cheveux mais qui fonctionne à peu près, de l’action et une homogénéité graphique honorable. En somme : c’est une aventure XXL sympathique, un divertissement efficace, pas si révolutionnaire que cela, pas forcément incroyable mais pas oubliable pour autant. Tour d’horizon.

D’entrée de jeu, il faut accepter l’improbable : Waller trouve un moyen de priver les méta-humains de leurs pouvoirs. Les explications sont complexes et bordéliques mais bon, dans ce genre de cas, il faut clairement fermer les yeux sur ça et avancer. Ce qui en résulte est à la fois passionnant et, parfois, décevant. En effet, au-delà de cette situation inédite, Waller enchaîne la diffusion de fausses informations pour retourner le cerveau du citoyen lambda et manipuler les foules. À l’heure des fake news en tout genre, notamment aux États-Unis, impossible de ne pas y voir un écho (« gentiment ») politique… Passé cela, on aurait pu croire que la Bat-Famille serait mise en avant : pour cause, ce sont les rares justiciers de DC qui n’ont pas de pouvoirs ou n’utilisent pas la magie. Hélas, à part quelques segments sur Batman, Damian et Nightwing, il n’en est rien. C’est justement Nightwing qui devient leader de la Résistance mais, une fois encore, ça reste anecdotique et n’est jamais vraiment exploré.

Ce qui est exposé en marge de tout cela est, en revanche, plutôt pertinent. D’un côté les origines de Waller (trois chapitres en ouverture du troisième tome) afin de comprendre son parcours, ses motivations et générer une éventuelle empathie. De quoi découvrir que la terrible femme a perdu un mari et un fils par le passé, est vite devenue une redoutable manipulatrice dans des élections et a gravi les échelons dans l’ombre, au détriment d’une relation apaisée avec ses autres enfants. D’un autre côté, parmi les épisodes proposés, Absolute Power regroupe les séries « habituelles » Batman, Wonder Woman, Superman, Green Arrow et Green Lantern (ainsi que celles spécifique à l’eventAbsolute Power et Absolute Power : Task Force VII principalement). Et c’est dans tout ça qu’il faut piocher les bonnes idées.

En effet, le titre nous offre alors de longs passages avec des duos inédits. Ainsi, Wonder Woman se retrouve avec Damian Wayne où chacun favorise sa méthode d’interrogatoire (la douceur et l’amour vs. la peur et la violence – en gros) dans une relation atypique. Superman, lui, accompagne Zatanna dans l’univers de la magie – elle-aussi n’a plus ses pouvoirs –, que l’homme d’acier déteste en temps normal. Là aussi le binôme détonne et n’est pas souvent vu ensemble. Pour Batman, c’est avec Catwoman qu’il exécute une mission, c’est donc déjà un peu plus classique… On apprécie également les parcours croisés des différents Green Lantern, notamment Alan Scott qui arrive à donner un début de conscience à un de ses ennemis robotiques.

Tous ces chapitres additionnels ne freinent nullement l’intrigue principale et ajoutent une dimension non négligeable tout en bénéficiant d’un rythme endiablé qui se greffe habilement au fil rouge stricte d’Absolute Power (qui ne se déroule que sur quatre épisodes !). Ceux sur la Task Force VII sont moins palpitants et, si l’ensemble a un déroulé parfois convenu (les gentils gagnent à la fin, on repart à peu près à la situation initiale – d’où le terme soft reboot pour la suite : que ce soit pour les séries de DC ou la Justice League Unlimited (suite presque directe)), le côté divertissement mainstream prend le dessus.

Mark Waid signe un titre dense mais accessible et fluide, épaulé par tous les scénaristes des séries habituelles (Chip Zdarsky pour Batman, Joshua Williamson pour Superman, Tom King pour Wonder Woman – qui écrira comme d’habitude des dialogues remplis de mots vulgaires #fatigue – et ainsi de suite). On aurait aimé un zoom sur les Flash, Aquaman et Cyborg, tous relégués à de la figuration et, dans une moindre mesure, sur différents ennemis – ceux de Batman en tête. Il y a donc un sentiment d’incomplet mais qui ne gâche pas l’ensemble. Pour ceux qui ont suivi Failsafe dans la série Dark City, Reine Brainiac dans Dawn of Superman et, entre autres, les aventures de Green Arrow (cf. plus haut), l’impression d’un regroupement majeur entre tous ces titres est particulièrement jouissif. Le fidèle lecteur est récompensé, sans pour autant avoir l’impression d’une sorte d’artificialité entre ses connexions ou un appui forcé.

Côté dessin, une myriade d’artistes se succède sur les trois tomes, sans compter les coloristes. Citons les plus notables sur les dizaines qui opèrent : Dan Mora, Tony S. Daniel, Mikel Janin, Mike Hawthorne et Fernando Pasarin par exemple. Rien de particulier à relever, les planches se suivent et tout le monde est identifiable, tout est globalement homogène et appréciable, colorisés dans la pure veine d’un « comic book grand public ». Certaines pleines planches (voire doubles) sont savoureuses, on aurait aimé en avoir davantage, surtout dans sa dernière ligne droite.

Comme souvent face à ce genre de propositions, il est difficile de conseiller ou non la lecture. Comme dit plus haut, un énième « divertissement sympathique mais sans plus » à la longue liste déjà existante… Si ça (vous) fait toujours son petit effet alors ne pas hésiter. Pour un total de 83 €, on peut exiger du mieux tout de même… d’autant que la lecture n’est pas obligatoire pour comprendre les futures suites et se résument en quelques lignes. Néanmoins, si tout l’univers Infinite (vous) a séduit, que les connexions entre Superman, Green Arrow, Wonder Woman et tous les autres (vous) stimulent et que vous souhaitez voir où tout cela converge, c’est évidemment une lecture indispensable ! Ici, on a surtout été séduit par les origines d’Amanda Waller, personnage de la « zone grise » de DC, aussi fascinant que détestable. Rien que pour elle, ça vaut, in fine, le coup/coût.

[À propos]
Publiés chez Urban Comics les 31 janvier, 7 mars et 25 avril.
Contenu par opus.
Tome 1 (320 pages) : Green Arrow #13-14 + Absolute Power: Free Comic Book Day 2024 + Absolute Power: Ground Zero + Absolute Power #1-2 + Superman #16 + Batman #151 + Wonder Woman #11 + Absolute Power: Task Force Seven #1-3 + Green Lantern #13
Tome 2 (240 pages) : Green Arrow #15 + Absolute Power #3 + Superman #17 + Batman #151-152 + Wonder Woman #12 + Task Force Seven #4-5 + Green Lantern #14
Tome 3 (288 pages) : Green Arrow #16 + Absolute Power #4 + Superman #18 + Wonder Woman #13 + Task Force Seven #6-7 + Absolute Power: Super Son + Green Lantern #15 + Absolute Power: Origins #1-3

Scénario : Mark Waid, Chip Zdarsky, Joshua Williamson, Tom King, Jeremy Adams, John Layman, Leah Williams, Nicole Maines, Tini Howard, Pornsak Pichetshote, Alex Paknadel, John Ridley, Sina Grace, Dan Watters

Dessin & encrage :  Dan Mora, Amancay Nahuelpan, Mike Hawthorne, Fernando Pasarin, Jamal Campbell, Tony S. Daniel, Max Raynor, Mikel Janin, Skylar Patridge, V. Ken Marion, Gleb Melnikov, Caitlin Yarsky, Sean Izaakse, Marco Santucci, Claire Roe, Marianna Ignazzi, Pete Woods, Alitha Martinez, Khary Randolph, John Timms, Travis Mercer, Sean Izaakser, Fran Galan

Couleur : Alejandro Sanchez, Romulo Fajardo Jr., Trish Mulvihill, Patricio Delpeche, Gleb Melnikov, Alex Guimaraes, Jamal Campbell, Jay David Ramos, Luis Gerrero, Arif Prianto, Giovanna Niro, Lee Loughridge, Leonardo Paciarotti, Pete Woods, Andrew Dalhouse, Romulo Fajardo Jr., Hi-Fi, Adriano Lucas, Pete Pantazis, Rex Lokus, Fran Galan

Traduction : Jérôme Wicky, Yann Graf, Thomas Davier
Lettrage : MAKMA (Gaël Legeard et Lorine Roy)

Acheter sur amazon.fr :
Absolute Power – Tome 01 (31 €)
Absolute Power – Tome 02 (25 €)
Absolute Power – Tome 03 (25 €)

 

Justice League vs. Godzilla vs. Kong

Tout est dans le titre ! Découverte d’une bande dessinée qui assume totalement son côté blockbuster et fun !

[Résumé de l’éditeur]
L’univers DC est sur le point d’être bouleversé lorsque la Légion Fatale * ouvre un portail vers une autre dimension, libérant les monstres les plus féroces du multivers. Godzilla, le roi des monstres, a émergé des profondeurs de Metropolis, interrompant la demande de mariage de Superman à Lois Lane. King Kong affronte, quant à lui, les plus grands héros du monde sur son territoire, Skull Island. La Ligue de Justice pourra-t-elle renvoyer ces créatures dans leur propre dimension avant qu’il ne soit trop tard ?

* (nommée par erreur du Destin sur le site de l’éditeur)

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
Des rencontres improbables entre les héros de DC Comics et d’autres créatures iconiques, il y en a eu plusieurs (Aliens et Predator par exemple, on en reparlera), l’an dernier il y avait même eu une version jurassique de la Justice League (le bien nommé mais très moyen Jurassic League). Cette fois, c’est à la fois Godzilla mais aussi les monstres de cet univers partagé que vont affronter les justiciers, sans oublier le singe géant Kong ! À l’image des films de la franchise (voir affiches plus bas), on retrouve un côté complètement blockbuster assumé, sans prétention et avec un bon gros « plaisir coupable » !

Il faut dire que le récit ne nous propose pas qu’un seul antagoniste, il y a la Légion Fatale tout d’abord, emmenée par Lex Luthor et Black Manta en particulier, à l’origine indirecte de la venue des créatures géantes (la faute revient à… Toyman). Un autre groupuscule bien connu des fans de DC (et de Batman) va aussi s’emparer d’un élément en particulier pour une lutte finale explosive. Au-delà de ces vagues d’ennemis, on prend plaisir à suivre les différentes troupes à Gotham City, Central City et d’autres lieux habituels des super-héros pour combattre ces créatures dantesques. Mention spéciale à l’Atlantide et à la collaboration intensive de la Bat-Famille à Gotham !

Si le scénario de Brian Buccellato (Injustice – Année trois à cinq) n’est pas très fin, il se démarque quand il laisse Green Arrow et Supergirl explorer Skull Island et découvrir un potentiel allié de taille ! Mais qui dit singe géant, dit aussi… Gorilla Grodd, forcément. Les Titans et le Green Lantern Corps ne seront pas de trop pour venir en aide à la Justice League, plutôt dépassée par les évènements, d’autant que Superman est rapidement dans un sale état. Ne gâchons pas le plaisir de la découverte du reste. Les sept épisodes se lisent admirablement bien, c’est rythmé, dynamique, sans temps, bien équilibré sur ses presque 210 pages – sauf dans sa conclusion (celle-ci est ultra abrupte, une rapidité d’exécution qui dénoté avec le reste, comme s’il manquait quelques planches ou un huitième épisode, bizarre…).

Néanmoins, le fameux « divertissement » est là (surtout si, évidemment, vous êtes fan de Godzilla et Kong). Certaines planches sont impressionnantes (dont la toute dernière de cette critique, ne descendez pas jusqu’au bout pour ne pas gâcher l’éventuelle surprise – il y a un texte avant au cas où). Christian Duce (habitué à de courts segments à droite à gauche sur plusieurs titres Batman) œuvre sur la majorité du titre, parfois aidé par Tom Derenick (Justice League Rebirth…) – mis en couleur par Luis Guerrero. Les artistes arrivent parfaitement à montrer le gigantisme de la chose, la hauteur de simples humains et le charisme des monstres autant que leurs héros.

Qui aurait cru voir cela un jour ?! Clairement, l’idée d’un long-métrage surréaliste entre ces deux univers serait un régal même si ça n’arrivera jamais. On pourrait presque manger du pop corn en lisant ce comic… et d’une certaine façon, on ne demandait pas plus que ça, c’est suffisamment original et sympathique pour passer un bon moment et de loin une des lectures DC récentes les plus chouettes de ces derniers mois (ce qui en dit long sur la qualité des autres !). En somme, vous savez à peu près ce qu’il vous attend en lisant ce genre de choses et… c’est à peu près ce que ça donnera.

À noter un texte de Jérôme Wicky en fin d’ouvrage qui revient sur les autres affrontements entre les super-héros de DC et Kaijû de la pop culture avec différentes couvertures illustratives. On est plus dubitatif sur sa traduction d’un grognement de Lex Luthor en celui de Prunelle de Gaston Lagaffe

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 19 août 2024.
Contient : Justice League vs. Godzilla vs. Kong #1-7
Nombre de pages : 240

Scénario : Brian Buccellato
Dessin & encrage : Christian Duce (chapitres 1-7), Tom Derenick (chapitres 4-7)
Couleur : Luis Guerrero
Illustration des couvertures : Drew Johnson & Romulo Fajardo Jr.

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Makma (Gaël Legeard)

Acheter sur amazon.frJustice League vs. Godzilla vs. Kong (25 €)







Attention, l’image ci-dessous dévoile un des derniers combats de l’histoire.

Dark Knights of Steel – Tome 2 : La guerre des trois royaumes

Deuxième et dernier tome de la variante moyenâgeuse de DC Comics, chapeauté par Tom Injustice & DCEASED Taylor (cf. critique du premier volet), que vaut ce segment heroïc-fantasy si inhabituel ? Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Aux portes de la mort, Batman se cache pour essayer de se remettre de ses blessures et de la trahison de son frère d’armes, Kal-El. Loin de là, la bataille pour les Trois Royaumes s’enveniment et prend vite une tournure dramatique, alors que les ennemis se révèlent et que de sombres secrets se répandent comme le sang sur le champ de bataille… Les héros parviendront-ils à éviter à cette guerre l’issue la plus funeste ?

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
On ne change pas une formule qui gagne, si le premier opus (très sympathique et original) vous a plu, aucun doute que cette seconde et dernière salve devrait aussi vous réjouir ! Comme dans quasiment toutes les œuvres de Tom Taylor, la narration est limpide, rapide, bien rythmé (le point fort de cet auteur). On retrouve les personnages majeurs du précédent volet, Batman, Superman et Wonder Woman en tête auxquels quelques figures secondaires s’ajoutent, certaines déjà vues, d’autres inédites (dont les Titans, teasés en conclusion du premier volet et, beaucoup d’autres qu’on ne dévoilera pas pour ne rien gâcher).

Après un chemin un peu conventionnel, La guerre des trois royaumes prend une tournure un brin inattendue – un brin « cosmique » – qui relance aussi bien l’intrigue que ce qu’on avait lu auparavant ! En six épisodes, Tom Taylor continue de s’amuser (embarquant son lecteur avec lui) et propose une itération toujours aussi agréable, on a même droit à un dragon ! Seule ombre (récurrente chez l’auteur, une fois de plus) : tout va parfois un peu vite et on aurait aimé que le scénariste s’attarde sur des protagonistes et les voir évoluer dans cet univers si séduisant.

D’un côté la lecture est sympathique, d’un autre le vaste nouveau monde médiéval frustre par sa faible expansion. Il n’y a à date (été 2024) par de séries dérivées ou suites prévues, c’est bien frustrant tant il y a à raconter, dévoiler, présenter et faire évoluer cette itération inédite (surtout vu la conclusion). C’est le paradoxe propre aux comics quand il y a un « coup de maître » (ce n’était pas le cas ici, un bel éclat séduisant tout au mieux), lui apporter de nouveaux segments est toujours risqué, au point de tomber dans la suite médiocre (The Dark Knight Strikes Again ou Batman – Damned par exemple) ou dans un trop plein indigeste (Injustice justement), difficile de trouver le bon équilibre et, peut-être, que Dark Knights of Steel devrait rester ainsi !?

Visuellement, on retrouve Yasmine Petri pour conserver l’homogénéité graphique du premier tome et toujours ses qualités et quelques défauts (fonds de cases vides, décors un peu pauvres…) mais avec de belles mises en scène parfois et une fluidité dans l’action. Il y avait l’opportunité d’iconiser d’incroyables choses (Batman sur un Dragon !) mais c’est partiellement atteint malheureusement. La gestion de « temps de présence » de l’ensemble des protagonistes est plutôt bien géré même si, encore et toujours, certains arrivent et repartent aussitôt, c’est un peu dommage… Néanmoins, pour le prix (aussi bien de la version normale – 17 € – que la variante – 19 €), inutile de faire l’impasse si le premier volume avait séduit. Pour les hermétiques à cette proposition, inutile de se l’infliger évidemment.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 17 mai 2024.
Contient : Dark Knight of Steel #7-12
Nombre de pages : 160

Scénario : Tom Taylor
Dessin & encrage : Yasmine Putri, Nathan Gooden
Couleur : Arif Prianto

Traduction : Julien Di Giacomo
Lettrage : MAKMA (Gaël Legeard, Lorine Roy, Sarah Grassart et Stephan Boschat)

Acheter sur amazon.fr :
Dark Knights of Steel – Tome 2 : La guerre des trois royaumes (17 €)
Dark Knights of Steel – Tome 2 : La guerre des trois royaumes [couverture variante] (19 €)