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Batman Metal – Tome 02 : Les Chevaliers Noirs

Article récapitulatif sur l’univers de la série et ses conséquences.

Batman Metal Les Chevaliers Noirs Tome 2

[Résumés de l’éditeur]
Tome 01
: Enquêtant sur l’existence et les propriétés de différents métaux disséminés à travers la planète depuis des millénaires, Batman découvre un portail ouvrant sur un anti-multivers (le « Multivers Noir », nda) ; des dimensions parallèles où l’Histoire a déraillé et où des Chevaliers Noirs terrifiants ont supprimé les membres de la Ligue de Justice. Aujourd’hui, ces derniers décident d’envahir notre dimension.

Tome 02 : Alors que les plans de Barbatos concernant Batman apparaissent au grand jour, ses agents du Multivers Noir pénètrent notre réalité et confrontent leurs membres référents de la Ligue de Justice. Mais qui sont en réalité le Dévastateur, Red Death, la Noyée ou bien encore le Batman qui Rit, ces Chevaliers Noirs qui tous semblent être une version déformée du plus grand des justiciers, Batman ?

[Résumé]
Sous l’égide de Barbatos, dieu chauve-souris du Mal qui poursuit Wayne depuis l’aube de l’humanité, le Batman Qui Rit, fusion de la personnalité de Bruce Wayne et du Joker, amène sur Terre 0 (où se déroulent les aventures des super-héros) ses « Chevaliers Noirs », issus du Multivers Noir (donc d’une des 52 Terre existantes mais « négatives » : -52, -44, -32, etc.). Chacun étant une version maléfique de Batman, qui a renié son code moral et usurpé ou bénéficié des pouvoirs d’un super-héros existant (Flash, Cyborg, Green Lantern, etc.). On découvre l’histoire de ces Dark Nights Metal, les motivations qui les ont basculées vers la folie et leur arrivée sur Terre .

[Histoire détaillée par personnage]

Red Death

Sur la Terre -52, Batman arrive à fusionner avec Flash pour récupérer sa Force Véloce. Devenu Red Death, ce Chevalier Noir ne recule devant rien pour sauver le monde qui est pourtant en train de s’effondrer. Barry Allen tente d’être sa voix de conscience… Le Batman Qui Rit, envoyé par Barbatos, projette Red Death sur la Terre 0, premier monde du Multivers (où se déroulent les évènements vus dans le premier tome), à Central City…

Murder Machine

Le Batman de la Terre -44 retrouve Cyborg dans la Tour de Garde (de la Terre 0) où il s’était isolé pour étudier ce qu’il se passait à Gotham City et Central City. Ce Batman est doté d’une intelligence artificielle conçu par Cyborg dans son monde. Cette IA, basé sur les connaissances d’Alfred — véritable père pour Bruce qui a été tué par ses ennemis — a dépourvu le Chevalier Noir de la peur et la tristesse. Ce Murder Machine affronte Cyborg…

Dawnbreaker


À Gotham City, sur la Terre -32, Bruce Wayne est choisi juste après la mort de ses parents pour intégrer les Green Lantern. Avide de vengeance, le jeune homme se sert de l’anneau pour tuer l’assassin des Wayne. Il montre une telle volonté que la célèbre bague émeraude n’arrive pas à ne pas lui obéir (la force létale est normalement interdite dans le Corps des Green Lantern). Tuant son merci, ce Green Lantern se laisse envahir peu à peu par les ténèbres. Recruté lui aussi par le Batman Qui Rit, le Dawnbreaker se rend à Coast City pour en découdre avec Hal Jordan…

La Noyée

Bryce Wayne débarque sur Terre 0. Cette femme provient de Terre -11 où elle était en croisade contre Aquawoman (les sexes sont « inversés » dans son monde). En arrivant dans les océans de Terre 0, la Noyée croise le fer avec Aquaman et Mera

L’Impitoyable

Sur Terre -12, après un combat contre Mars, Wonder Woman rend l’âme et Batman hérite de ses pouvoirs (grâce à un heaume magique) et devient un véritable Dieu, surpuissant. Quand il se rend, inéluctablement, sur Terre 0, c’est pour interrompre une réunion chez les élites de l’armée : Steve Trevor, Amanda Waller, le père de Lois Lane, etc. Ils débattaient des marches à suivre en l’absence d’efficacité des super-héros. L’Impitoyable compte bien faire les choses à sa manière…

Devastator


À Metropolis de Terre -1, Batman est contraint de fusionner avec une souche de Doomsday pour combattre Superman. Des années plus tard, ce Devastator déboule à Metropolis de Terre 0 pour regagner le cœur de… Lois Lane ! Il diffuse en plus un puissant virus qui « zombifie » les citoyens. Mais Supergirl se dresse sur son chemin…

Le Batman Qui Rit

Sur Terre-22, après un énième combat entre le Chevalier Noir et le Joker, ce dernier succombe sous les coups du justicier. On apprend qu’il était mourant de toute façon à cause des produits chimiques qui l’avaient transformé et le rongeaient de l’intérieur. Mais dès que le cœur du Joker s’est arrêté de battre, il a libéré une nanotoxine qui a contaminé Bruce Wayne… La dernière volonté du Clown du Crime va s’exaucer : son meurtrier va devenir comme lui. Une fusion entre l’esprit organisé de Batman et le code d’honneur maléfique du Joker : le Batman Qui Rit.

En parrallèle, Superman est à Metropolis (sur Terre 0 donc, faisant suite aux évènements du tome précédent). Le Dr Fate l’extirpe in extremis (après un combat contre les fameux Chevaliers Noirs) dans une dimension de poche, au bar de l’oubli, où il retrouve Kendra (provenant de l’île des Blackhawks). Un portail conçu par le Dr Fate, Steel et Mr Terrific où l’on retrouve d’autres héros sauvés de justesse… Que font-ils faire ? Affronter les Chevaliers Noirs ou rejoindre « leur » Batman, prisonnier de Barbatos ?

[Critique]
Encore un tome très bavard, ambitieux et original mais cette fois plus digeste que son prédécesseur ! Moins d’explications complexes et confuses, ici on passe surtout à l’action avec de nouveaux personnages. Une audace aussi bien graphique (les looks des différents Chevaliers Noirs) que scénaristique (leurs histoires et l’évolution globale de l’ensemble). On y trouve un plaisir non-dissimulé, entre la singularité de l’ensemble — inédite dans l’univers DC — et la fluidité narrative efficace (qui manquait cruellement au premier tome). On pourrait même presque lire ce volume comme un one-shot… En se concentrant sur les origines de ces maléfiques Chevaliers Noirs, le récit offre une petite « pause » bienvenue dans l’intrigue principale (certains le déploreront mais après toutes les lourdeurs du premier tome, cela fait un bien fou !).

Toutefois, après les premières plongées dans les méandres ténébreuses de ces Bruce Wayne en proie à la folie, on devine aisément ce qu’il va se dérouler pour chacun d’eux : perte de repères, soif de puissance, fusion ou appropriation des pouvoirs d’un membre de la Justice League, sauvetage de dernière minute par le Dr Fate pour ce dernier, continuation des meurtres sur sa Terre et ou accroissement de sa posture puis recrutement par le Batman Qui Rit et arrivée sur Terre 0. Cette recette répétée reste néanmoins captivante, le tout dans un acharnement de violence et de chaos.

Un chapitre de la série mère Batman Metal se déroule entre La Noyée et L’Impitoyable et un dernier en marge de celle-ci (Batman : Lost) conclut l’ouvrage (suivi de quelques bonus éditoriaux). Il parcourt la psyché de l’homme chauve-souris, prisonnier du Multivers Noir, et revient sur l’Histoire de Batman avec divers éléments plus ou moins « cultes » dont certains connectés  aux travaux de Morrison et Snyder.

Il est ainsi fait mention de la classique Affaire du Syndicat de la Chimie (Detective Comics #27, à lire dans Batman Anthologie), du sacrifice d’une jeune femme en 1794 pour réveiller Barbatos (Batman 452-454, inclus dans le quatrième tome de Grant Morrison présente Batman), d’Alan Wayne, architecte de Gotham et ancêtre de Bruce (Batman #3, à lire dans La Cour des Hiboux) et de la tribu sauvage (quasi préhistorique) la Horde de sang (Batman : The Return of Bruce Wayne #1, à découvrir dans le cinquième volume de Grant Morrison présente Batman). Bel hommage qui ravira les connaisseurs acharnés du Caped Crusader.

Au scénario, tout est supervisé par Scott Snyder et James Tynion IV, complices de longue date pour bâtir une nouvelle mythologie autour du Chevalier Noir depuis le début des années 2010. Plusieurs plumes se prêtent au jeu pour donner vie aux Batmen Maléfiques : Josh Williamson, Frank Tieri, Sam Humphries, Dan Abnett et Peter J. Tomasi. Aux pinceau c’est un véritable festival ! En plus de Greg Capullo, une armée se succède : Doug Mahnke, Yanick Paquette, Jorge Jimenez, Carmine Di Giandomenico, Riccardo Federici, Ethan Van Sciver, Philip Tan, Tyler Kirkham, Francis Manapul, Tony S. Daniel et Riley Rossmo, ouf ! Sans oublier les encreurs additionnel et coloristes, eux aussi en nombre conséquent. On aurait pu craindre pléthore de styles graphiques différents qui donneraient lieu à un ensemble décousu, hétérogène et avec du moins bon, il n’en est rien. Bien sûr, on les distingue tous mais ils sont chacun élégants, précis et vifs pour qu’on les apprécie au fil des pages. Ce panel offre une diversité de planches (aussi bien dans leurs découpages que leurs genres) très agréable.

Ce second tome gomme les défauts du premier (écriture poussive, rythme parfois pénible, confusion de l’ensemble…) en vulgarisant son propos — la lecture est plus aisée — et en offrant de nombreuses scènes d’action imposantes ainsi qu’une galerie de nouveaux protagonistes plutôt charismatiques. Les fans de Batman devraient être aux anges tant tout se concentre autour des itérations de Bruce Wayne et moins sur l’univers DC en particulier.

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 6 juillet 2018.

Scénario : collectif (voir article)
Dessin : collectif (voir article)
Encrage additionnel : Danny Miki, Jaime Mendoza
Couleurs : collectif

Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Batman Rebirth – Tome 11 : La chute et les déchus

Après un tome en demi-teinte (Cauchemars), que vaut l’avant-dernier volume de la longue série de Tom King ?

[Histoire]
Batman est réveillé ! Il se détache de la machine qui le retenait prisonnier à Arkham et lui insufflait ses cauchemars via des toxines conçues par l’Épouvantail (voir tome précédent). Le Chevalier Noir affronte certains de ses ennemis dans l’asile et part en croisade contre celui à l’origine de tout depuis le début : Bane.

L’homme chauve-souris compte sur ses alliés, sur « son armée », pour l’épauler et reprendre Gotham. Certains répondent présents, d’autres non. Mais Bruce Wayne/Batman n’a-t-il déjà pas perdu d’avance ? N’est-il pas déjà brisé par les nombreuses épreuves qu’il a affronté dernièrement, à commencer par l’échec de son mariage ?

[Critique]
La fin est proche ! Les pièces du puzzle s’assemblent enfin, avec un récapitulatif bien pensé (pour les lecteurs) du plan machiavélique de Bane. Celui-ci est explicité par un personnage secondaire primordial auquel on ne s’attendait pas forcément et des planches des anciens volumes sont insérées dans sa démonstration pour mieux comprendre l’ensemble. Un doute subsiste : Catwoman était-elle réellement du côté de Bane comme le sous-entend le texte ? Difficile d’y croire après tout ce qu’on a vu, lu et « traversé » avec ce couple…

Néanmoins, en mettant de côté certaines incompréhensions (les non-réactions d’Alfred à ce stade — il nie s’être fait agresser au Manoir —, comment a-t-il réagit en découvrant Thomas Wayne, etc. ?) et/ou incohérences (le stratagème de Bane ne pouvait clairement pas anticiper « tout » ce qui est évoqué : Booster Gold du futur et son Wayne heureux, la romance entre Selina et Bruce…), on prend nettement plus de plaisir à lire cet onzième tome que son prédécesseur.

Il faut dire que les choses avancent enfin ! Aussi bien côté Bane que côté Bruce/Batman et… son père (issu d’un univers alternatif vu dans Flashpoint où il incarne le Chevalier Noir car Bruce est mort — à (re)découvrir dans la compilation des travaux consacrés au Chevalier Noir réalisés par Brian Azzarello (scénario) et Eduardo Risso (dessin et encrage) : Citée Brisée et autres histoires…).

La relation père/fils est exploitée plus longuement, ce qui manquait cruellement à l’œuvre initiale d’Azzarello. Le tout dans un lieu désertique où les deux êtres n’ont d’autres choix que d’avancer ensemble. De quoi alimenter certaines réflexions de ces « retrouvailles » si particulières et de livrer de beaux moments touchants. Quelques zones d’ombre sur ce « Batman Flashpoint » seront tout de même à éclaircir par la suite. Quant à Bane, il est un peu plus présent physiquement mais moins bavard. On peut déplorer la non-utilisation de son célèbre masque, qui le rend moins « identifiable » aux lecteurs, néophytes ou non. C’est un détail. Du reste, à l’exception de sa fascination à détruire Batman, on ne sait pas encore trop d’autres choses mais c’est l’occasion de voir un combat épique entre lui et le justicier (rendant hommage à celui de Knightfall et sa célèbre brisure de colonne vertébrale).

La chute et les déchus s’étalent sur cinq chapitres (#70-74), écrits par Tom King et dessinés par Mikel Janin et Jorge Fornes pour les trois premiers, Janin seul pour les deux derniers. L’ensemble est donc plutôt homogène avec le style si particulier de Janin (découpage épurée, visages « lisses » mais totalement identifiables…) et celui de Fornes, nettement plus « brut », presque « vintage » parfois, répond bien à celui de son confrère car utilisé pour des scènes principalement flash-backs. Graphiquement, il y a donc peu à redire, au contraire !

La chanson Home on the Range est fredonnée par Thomas Wayne tout le long du quatrième chapitre. Des renvois par astérisques la traduisent mais sans contexte. Difficile de comprendre. Il s’agit d’un titre extrêmement ancien (Wikipédia l’attribue à un poème de… 1872 !), considéré comme un classique des chansons du Far-West — et qui s’y prête bien dans cet épisode, il est vrai — et repris par une tonne d’artistes différents. Une « évidence » pour les lecteurs aux États-Unis mais qui aurait mérité une explication pour les autres (nous, en l’occurrence). De même, le cinquième chapitre évoque un livre (à priori fictif) à maintes reprises, de nombreuses cases en parlent, soit dans des dialogues, soit en narration externe. Plombant… Ce genre de styles peine à convaincre ou cible un lectorat trop restreint pour un titre pourtant mainstream.

Quatre courts chapitres « Batman Secret Files #1 », de huit pages chacun, se succèdent en dernière partie du livre (tous portent étrangement la numérotation #1). Aux scénarios, on retrouve respectivement Ram V, Cheryl Lynn Eaton, Jordie Bellaire et Tom Taylor. Aux dessins Jorge Fornes, Elena Casagrande, Jill Thompson puis Brad Walker. Enfin, à la colorisation Matt Wilson, Jordie Bellaire, Trish Mulvihill et Jordie Bellaire à nouveau.

La nature de la peur raconte le témoignage d’un policier qui avait inhalé une toxine de l’Épouvantail avant d’être sauvé par Batman. Compte à rebours suit une enquête de Batman et Gordon qui ont trouvé cinq cadavres mais aucun indice. Des drones de Wayne Enterprises seraient liés à ces meurtres… Ça suffit montre Bruce Wayne isolé dans un chalet en montagne enneigée. Batman et le plus grand détective au monde met en scène le Chevalier Noir et le singe détective Bobo (issu de Batman Metal – Tome 3) qui cherchent un jeune homme, possiblement homme de main du Sphinx.

Ces quatre récits sont totalement anecdotiquest (seul le dernier se démarque, assez touchant) et s’intercalent très mal dans l’ouvrage car totalement déconnectés de l’histoire principale de Tom King. Difficile de comprendre pourquoi ils sont ici… En les omettant et en se concentrant sur La chute et les déchus on obtient un tome de très bonne facture non sans défauts (il faut fermer les yeux sur des incohérences et incompréhensions — qui trouveront peut-être une sorte de résolution dans le prochain volume, le dernier de la série) mais particulièrement efficace et prometteur avant la conclusion de (l’interminable) run de l’auteur. Un bon pénultième tome de transition.

« C’est pourquoi vous devez prendre au sérieux
ce que je vais vous dire,
après toutes ces années.

Parce que j’ai soigné vos blessures,
que je connais votre force aussi bien que vos faiblesses…

Mon honneur m’oblige à vous le dire,
Monsieur, pour la première fois…

Vous avez perdu. »
[Alfred Pennyworth à Bruce Wayne/Batman]

Le douzième et ultime tome sortira le 7 mai prochain. Il contiendra les onze derniers chapitres de Batman Rebirth écrits par  Tom King (#75 à #85), comprenant notamment City of Bane (le titre français sera peut-être La Cité de Bane ?), et le quatrième annual, soit douze épisodes au total étalés sur plus de 300 pages.

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 10 janvier 2020.

Contient : Batman Rebirth #70-74 + Batman Secret Files #1

Scénario : Tom King
Dessins, encrage et couleur : + collectif (voir article)

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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Batman Rebirth – Tome 10 : Cauchemars

Le (très long) récit écrit par Tom King se poursuit dans le dixième tome de Batman Rebirth, intitulé Cauchemars. La série avait retrouvé de sa superbe récemment (voir tomes 8 et 9). Est-ce toujours le cas ? Critique.

[Histoire]
Bruce Wayne revit la mort de ses parents, comme s’il était enfant. Mais étrangement Batman est bien présent pour enquêter sur le meurtrier… Normal : le jeune Bruce est en fait Matthew, qui calque sa folie sur le traumatisme du milliardaire (aperçu à la fin du tome 5). L’on confond donc l’imagination de l’un et la réalité de l’autre.

Par ailleurs, Batman se réveille (suite à la fin du volume précédent) kidnappé par le professeur Pyg. Il ne se souvient de rien et doit se sortir d’une situation complexe… John Constantine lui indique aussi que Catwoman va mourir d’ici peu. Le justicier se perd entre cauchemars et illusions…

[Critique]
Pour une fois, l’intégralité du tome ne repose pas sur une succession de plusieurs histoires mais sur un ensemble de sept chapitres qui se suivent. Malgré tout, chacun a son dessinateur propre (voir plus loin), son ambiance et identité graphique défini et semble déconnecté du reste. Certains de ces épisodes sont classiques dans leur structure, d’autres très singuliers : l’un est quasiment muet, un autre presque en monologue de Batman, un à l’inverse en dialogue entre deux protagonistes, un composé de danses et d’un découpage épousant la musique, et ainsi de suite. Pourtant ces chapitres sont comme des pièces de puzzle qui font sens en fin d’ouvrage.

L’ensemble est de prime abord confus. Il faut attendre l’arrivée de Constantine (peu avant la moitié du livre) pour comprendre un peu ce qu’il se passe (même si c’était prévisible vu le titre du comic et le résumé derrière) : Batman serait connecté à une machine et piégé dans des tourments cauchemardesques causés par l’Épouvantail. Le quatrième chapitre met le personnage La Question au premier plan, qui explique à Catwoman qu’il est la solution pour s’évader et que le Chevalier Noir doit le découvrir. Au fil de l’eau, l’évocation du mariage réussi entre Selina et Bruce met évidemment la puce à l’oreille sur cette fausse réalité. Bane semble encore responsable de cette situation.

Étrangement connecté et déconnecté de sa propre série, ce dixième tome pourrait presque se lire comme un one-shot. Presque. Difficile d’être séduit si on ne comprend pas les allusions à certains détails (Thomas Wayne dans Le Badge par exemple ou encore Matthew, cf. explications ci-après) et surtout aux deux grands fils rouges narratifs qui se croisent depuis le début. On parle bien sûr de la relation entre Bruce/Batman et Selina/Catwoman ainsi que du plan de Bane visant à briser une seconde fois (après sa première réussite dans Knightfall) le Chevalier Noir.

La bande dessinée mêle plus ou moins habilement ces deux pans de composition pour un résultat à la fois intéressant mais aussi frustrant. Intéressant car l’ensemble est plutôt original et illustré de façon presque innovante (chaque chapitre a vraiment un style différent et souvent agréable). Frustrant car assez prévisible (ça s’appelle Cauchemars après tout…) et malgré de jolis moment d’écriture (des échanges entre Batman et Catwoman notamment), il résulte une fois de plus un sentiment de surplace narratif (l’histoire principale n’a quasiment pas avancé et on navigue presque intégralement dans la psyché de Bruce/Batman tout le long du titre).

Comme évoqué plus haut, le récit sur Matthew (premier chapitre) avait été entamée 5 tomes plus tôt. Difficile de s’en souvenir si on lit la série au fil de sa parution (aussi bien en France qu’aux États-Unis)… À l’époque, ce micro-évènement inspirait avant tout un passage anecdotique sans conséquence. Force est de constater qu’il y a bien une « suite » à ce sujet (était-elle prévue de longue date ?), qui devra trouver une conclusion dans les deux prochaines tomes, qui seront les deux derniers. Il aurait fallu montrer Matthew de manière plus prononcé ou bien simplement évoquer ce jeune criminel plusieurs fois (après tout, c’est bien ce qui a été fait pour la fameuse guerre des rires et des énigmes avant ; et même après) pour mieux l’incorporer et s’en rappeler ici. Autre point détonnant : l’enterrement de vie de jeune fille de Selina, en compagnie de Lois dans la Forteresse de la Solitude de Superman. L’aspect (volontairement ?) cartoony et vivement coloré tranche radicalement avec le reste…

Une myriade de dessinateurs se suit (parfois à l’encrage et la couleur également) avec respectivement pour chaque épisode : Travis Moore, Mitch Gerads, le fidèle Mikel Janin, Jorge Fornes, Lee Weeks et même un quatuor pour le pénultième chapitre avec Amanda Conner, John Timms, Dan Panosian et à nouveau Janin. Yanick Paquette ferme le bal pour la septième et dernière salve. Impossible donc d’avoir un ensemble graphique homogène mais vu le contexte (en gros un chapitre couvre un cauchemar différent) ce n’est pas dérangeant même si, forcément, du bon et moins bon se côtoie. On retient surtout Mitch Gerads et son style psychédélique de toute beauté durant l’affrontement entre Batman et Pyg ainsi que la noirceur sobre et épurée des traits de Lee Weeks, spécialiste de merveilleux jeux d’ombre (déjà à l’œuvre pour le second segment d’À la vie, à la mort — il replace d’ailleurs ici son fameux bar avec les Looney Tunes dans son style réaliste atypique).

L’ouvrage navigue donc « entre deux eaux », ni déplaisant ni réellement passionnant. On a connu King plus inspiré mais aussi nettement moins. Un classement des tomes sera effectué une fois le dernier publié (d’ici mai 2020 au plus tard) ainsi qu’un article récapitulatif et une analyse de l’ensemble de la série Batman Rebirth.

« Être Superman, j’aime ça.
Mais je déteste que la vie m’y oblige.
Toi, Bruce… tu détestes être Batman.
Mais tu aimes que la vie t’y oblige. »
[Clark Kent à Bruce Wayne]

Les chapitres #64 et #65 sont volontairement absents du tome car connectés aux mêmes numéros de chapitres de la série Flash (Rebirth, évidemment). Ils forment The Price of Vengeance en v.o. et remettent en avant Gotham Girl. Ces quatre épisodes se déroulent avant Cauchemars et se passent en marge de Heroes in Crisis. On peut les découvrir dans Batman Bimestriel #5, en vente depuis le 6 mars et ils sont aussi inclus dans le huitième tome de la série Flash Rebirth, intitulé Le Prix, qui sortira le 24 avril prochain. Résumé et brève critique.

 

Une explosion se produit à Central City au musée Flash. Batman est sur place avant Barry Allen car il suspecte Gotham Girl — une jeune femme qui avait acheté des pouvoirs dans Batman Rebirth 1 — d’en être la cause. Le Chevalier Noir et le Bolide Écarlate s’associent pour enquêter (comme ce fut déjà le cas dans Le Badge). Gotham Girl veut ressusciter son frère Hank et bénéficie d’une substance qui pourrait y arriver : le venin.

S’il n’est pas nécessaire d’avoir lu les précédentes aventures de Flash ou Le Badge (même si celui-ci est mentionné), il apparaît indispensable de connaître Batman Rebirth/Gotham Girl mais aussi Heroes in Crisis pour mieux apprécier Le Prix (qui est presque un épilogue à Heroes in Crisis). La série aurait pu s’intercaler comme un tome annexe à Rebirth pour expliquer le retour de Gotham Girl. C’est plus bavard, coloré et dynamique que certains épisodes récents du Chevalier Noir ! Bref limite plus intéressant.

Écrit par Joshua Williamson et dessiné par Guillem March pour Batman #64 et #65 (il avait déjà signé des chapitres de la série Catwoman époque New 52/Renaissance) ainsi que Rafa Sandoval pour Flash #64 et #65, Le Prix s’avère un bon complément de Batman Rebirth !

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 8 novembre 2019.

Contient : Batman Rebirth #61-63 et #66-69

Scénario : Tom King
Dessins, encrage et couleur : collectif (voir article)

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Stephan Boschat, Sabine Maddin (Studio MAKMA)

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