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Injustice – Intégrale : Année un

Retour sur la grande saga Injustice (cf. index), complément du célèbre jeu vidéo éponyme. Que vaut ce premier tome (de la première série, Injustice – Les dieux sont parmi nous) ? Faut-il connaître le jeu pour le lire et l’apprécier ? Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Manipulé par le Joker, Superman tue la mère de son enfant à naître : Lois Lane. Fou de rage, l’Homme d’Acier s’en prend directement au Clown Prince du Crime et l’arrache des mains de Batman pour lui ôter la vie. Cet assassinat de sang-froid marque le début d’une ère sombre pour les héros de la Ligue de Justice. Une ère où chacun devra choisir soigneusement son camp : rejoindre la croisade aveugle de Superman contre le crime ou entrer en rébellion aux côtés de Batman.

Inutile de détailler le début de l’histoire, le résumé officiel de l’éditeur suffit.

[Critique]
Injustice
ne vole pas sa réputation élogieuse (sur le jeu vidéo et la série de comics). Beaucoup de protagonistes gravitent dans ce volume qui couvre donc « la première année » du point de bascule de Superman vers un état totalitaire (soit cinq ans avant le début du jeu). L’auteur Tom Taylor (DCEASED, Suicide Squad Renégat, Batman – La Dernière Sentinelle…) réussi un coup de maître : être à la fois original, passionnant et très « juste » dans sa gestion de l’émotion et de caractérisation des justiciers et leurs ennemis. On explique.

Au départ, il y a le Joker, lassé de perdre contre Batman, qui se tourne contre Superman. Par une habile machination il fait d’une pierre trois coups : il manipule Superman qui tue Lois Lane (!), celle-ci étant enceinte, leur enfant « succombe » aussi et… Métropolis explose, causant la mort de onze millions de personnes. Même le plus bon, le plus généreux et le plus boy scout des justiciers ne peut rester insensible face à cette tragédie. Comme évoqué plus haut, le kryptonien assassine donc le Joker.

C’est le premier domino qui va entraîner la chute d’autres personnages (alliés ou vilains) et de statu quo divers. Si ce premier meurtre est excusable selon certains vu le contexte, ce sont les actions de Clark qui vont suivre qui vont créer un véritable schisme au sein de la vaste galerie de protagonistes DC. Qui ne s’est jamais demandé pourquoi les super-héros n’intervenaient pas dans les conflits géopolitiques existants ? Taylor propose non pas d’y répondre mais carrément de les solutionner par la force de Superman.

L’homme d’acier veut en effet instaurer une ère de paix dans le monde entier grâce à sa puissance (et celle de son entourage). Pourquoi pas… Seul Batman et une poignée de héros semblent réticents ou dans l’observation. Terminé, par exemple, le conflit israélo-palestinien et de nombreux autres qui perduraient. Superman se réserve le droit d’intervenir si quelqu’un ne respecte par ses règles (somme toute basiques : pas de violence et la paix sera préservée).

Mais, on le sait, dans ce genre de situation, rien ne fonctionne comme prévu. Un petit peu comme dans Breaking Bad ou des fictions du même style. C’est un état totalitaire qui régit, lentement mais sûrement. On ferme les yeux sur une ou deux choses (une victime handicapée à vie, un nouveau meurtre…), jugées « pas graves » ou « obligatoires » pour le fameux « bien commun ». Quel prix pour maintenir la paix ? Seul Batman est clairvoyant et, même s’il accorde quelques chances à Superman, par respect pour leur amitié et leur parcour commun, le Chevalier Noir anticipe déjà le changement planétaire qui se profile.

Tom Taylor produit un travail d’écriture magistral aussi bien sur l’état des lieux changeant se profilant (par petites touches ici et là) que par des dialogues ultra efficaces. Les échanges sont percutants, que ce soit pour évoquer la tournure politique ou bien les simples états d’âme des protagonistes (mentions spéciales à Harley Quinn, Green Arrow et la Trinité). Car au-delà de la dimension terrienne et cosmique, politique et sérieuse, c’est aussi l’émotion et les décisions de chaque héros (ou ennemis) qui prédominent.

Ainsi, la perte du Joker affectera évidemment Harley avec la simple pointe d’empathie nécessaire pour rendre la complice criminelle touchante. D’autres morts surviendront ensuite (on ne les dévoilera pas ici), ajoutant également la tristesse et la « justesse » des réactions autour d’eux. Les doutes et questionnements sans fin (dans chacun des camps) sont brillamment mis en texte. Mention spéciale pour Flash qui ne cesse de remettre en cause cette façon de régner de Superman, tout en reconnaissant l’efficacité à peu près global de ce qui se trame. Sans oublier la dose parfaite d’humour de temps en temps pour apporter un brin de légèreté à un récit assez anxiogène.

D’autres personnages, habituellement plus secondaires, sont de la partie. Difficile de tous les lister pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture mais, à ce stade, très peu sont oubliés ou apparaissent à minima le temps de quelques cases. Aucun doute que certains viendront par la suite. Si l’on ne connaît pas le jeu vidéo, on ne sera absolument pas perdu. Mieux : on ignorera ce qu’il arrivera par la suite (à voir si cela sera abordé en comics).

Cela permet aussi d’être circonspect quant à l’évolution finale d’Injustice ? Comment Batman va pouvoir rétablir quoique ce soit ? Son équipe est composée majoritairement d’humains, la Bat-Famille et les Birds of Prey inclus (Catwoman, Huntress, Nightwing, Batwoman, Green Arrow, Alfred…) avec une poignée d’êtres aux pouvoirs (Black Canary, Captain Atom, Black Lightning…). Côté Superman, l’alien a embarqué Wonder Woman, Green Lantern, Cyborg, Shazam, Flash, Hawkgirl, Raven et quelques autres.

Certains changent aussi de camp en fonction de l’évolution de la situation. Damian Wayne par exemple est plus enclin à rejoindre l’homme d’acier qu’à rester avec son père. A moins que des traîtres infiltrent les camps respectifs ? Les humains ne sont pas en reste (les parents de Clark, le président des États-Unis…) et d’autres figures familières sont de la partie, même si certains demeurent à l’écart de la guerre imminent. Aquaman par exemple semble rester en retrait sous la mer dans un premier temps (mais il n’est pas oublié de la fiction, il a bien droit à un chapitre). Quelques marginaux pointent leur tête (à découvrir dans les dernières images en bas de cette critique après l’explosion de Metropolis, à regarder en toute connaissance de cause donc).

Le chapitrage peut d’ailleurs décontenancer, chacun regroupant parfois deux ou trois épisodes distincts, avec une cassure nette graphique (on y reviendra) et narrative. Comprendre que l’on passe soudainement à un autre personnage sans transition ou encore qu’on a un récapitulatif de ce qu’on vient juste de lire. Pourquoi ? Parce qu’Injustice fut d’abord publié sous forme numérique en demi-planche (c’est aussi pour cela qu’il y a peu de pleine planche et qu’on ressent une coupure parfaitement identique à chaque moitié de page régulièrement), facilitant une lecture sur tablette ou smartphone à l’époque.

De janvier 2013 à septembre 2016, le titre a donc montré les années précédant le jeu (puis un peu ce dernier apparemment) avant de revenir à l’année zéro, se déroulant évidemment juste avant la tragédie de Superman. En outre (et avant Injustice 2), un complément dédié à Harley Quinn a vu le jour (Ground Zero) pour relater son point de vue. Pour répondre à la question de l’avant-propos : il ne faut donc pas connaître le jeu vidéo pour savourer les comics (ces derniers se déroulant bien avant et ne nécessitent aucune connaissance particulière au préalable).

Entre la multiplication des pensées de chacun, le grand nombre d’évènements, le bestiaire DC Comics, on pouvait craindre un labyrinthe complexe ou inégal, il n’en est rien. Tout est traité avec grande justesse et appréciabilité. La lecture est extrêmement limpide, on est même dans un page turner version BD (initialement un roman dont on tourne les pages sans cesse pour absolument connaître la suite). La réflexion (au sens noble du mot) est de mise (responsabilité et justice, morale et loi, etc. – de quoi amener à de nombreuses analyses passionnantes !), de même que l’émotion, c’est tellement rare dans les comics. Tom Taylor signe sincèrement une œuvre captivante et généreuse ! Le scénariste met en scène un dilemme classique (de prime abord), souvent abordé mais pas foncièrement travaillé : Batman est-il responsable des victimes de ses nombreux ennemis qu’il préfère laisser en vie ? Superman a-t-il la légitimité pour imposer la paix ?

Seul point noir : une armée de dessinateurs se succèdent à tour de rôle. En vrac : Jheremy Raapack, Mike S. Miller, Bruno Redondo, Axel Gimenez, David Yardin, Tom Derenick, Diana Egea, Kevin Maguire, Neil Googe et Alejandro Gonzales, soit dix différents (et presque autant de coloristes). Certes, tous les protagonistes sont reconnaissables, bien aidé par leurs costumes emblématiques (idem pour les lieux : la Batcave, la Tour de Garde…), mais ça ne suffit pas à avoir une unité graphique. Les visages sont parfois hideux, parfois majestueux. Harley Quinn et Black Canary sont parfois hyper sexy, parfois plus « convenues ». Heureusement, la plupart des scènes d’action conservent leur dynamisme et lisibilité visuelle. Au même titre que le jeu vidéo, l’action est omniprésente, présentant de multiples combats (parfois inimaginables entre certains !) à bout de champ. Parfois cheap, parfois gore, souvent viscéral, c’est un vrai régal pour les amateurs !

On pourrait déplorer la mutation de Wonder Woman en cohésion avec Superman mais sans nuance, la transformant en guerrière au sens propre du terme. Ce n’est pas très grave mais cela peut dérouter les habitués. Attention également à la chronologie : dans les faits il ne s’écoule pas réellement une année mais surtout un bon mois ; là aussi rien d’inquiétant mais ne pas s’attendre à un arc mois par mois par épisode par exemple.

Il n’y a pas grand chose d’autres à reprocher à Injustice, c’est bien sûr un coup de cœur pour ce site, un ouvrage conseillé pour ceux aimant les elseworlds, les amoureux des grands titres DC Comics (proches des fameuses crises et même meilleurs que certaines d’entre elles) et, évidemment, un complément indispensables pour les férus du jeu vidéo éponyme !

À noter que cette première intégrale regroupe donc les tomes simples 1 et 2 de la précédente édition (quelques couvertures alternatives ne sont pas reprises dans l’intégrale). Le premier volet avait aussi bénéficié d’une publication avec le jeu vidéo inclus sur Windows. Retrouvez l’index de toute la saga Injustice sur cette page.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 25 novembre 2020.
Contient : Injustice: Gods Among Us Vol. 1 (#1-12 + Annual #1)
Nombre de pages : 432

Scénario : Tom Taylor
Dessin : Collectif (voir critique)
Encrage : Collectif
Couleur : Collectif

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Christophe Semal & Laurence Hingray (Studio Myrtille)

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Batman/Superman – The Archive of Worlds (L’Archive des Mondes)

De fin 2019 à fin 2021, la série Batman/Superman s’est étalée, aux États-Unis, sur presque 25 chapitres (incluant deux annuals). En France, les  cinq premiers épisodes ont été compilés dans Le Batman Qui Rit – Les Infectés (c’était d’ailleurs une des réflexions de la critique : le volume aurait du s’appeler Batman & Superman pour être plus « juste »). Le sixième chapitre est dans Justice League – Doom War : Épilogue (pas encore chroniqué) – s’intercalant ainsi dans la grande saga Metal. Les épisodes #7 à #15 n’ont pas été publiés en France – une succession d’histoires sans grand intérêt, The Kandor Compromise (#7-8), Atomic (#9-11), Planet Brainiac (#12-14) et Snow Fight (#15).

En revanche, les épisodes #16 à #22 ainsi que l’annual 2021 sont inclus dans les magazines Batman Infinite Bimestriel #3 et #4 (novembre 2022 et janvier 2023). Ils sont majoritairement écrits par Gene Luen Yang et dessinés par Ivan Reis. Ils ne sont pas sortis en format librairie par la suite mais sont disponibles en anglais dans Batman/Superman – The Archive of Worlds (cf. première couverture ci-dessous et lien pour acheter tout en bas de la critique). Que vaut L’Archive des Mondes, récit complet sur les deux plus célèbres icônes de DC Comics ?

 

[Résumé de l’éditeur]
Le Détective de la Nuit n’a pas le temps de se reposer car, aux côtés du protecteur de Metropolis, il doit faire face à une tempête multiverselle ; Batman s’allie à Superman pour une nouvelle virée dans le Multivers où différentes versions des héros se télescopent !

[Début de l’histoire]
À Metropolis, tandis que Clark Kent, Lois Lane et Jimmy Olsen assistent à la présentation d’une invention révolutionnaire, l’omnibatterie, un mystérieux Sorcier Inconnu débarque sur des robots volants pour réclamer la paternité de cette singulière et inépuisable énergie. Après une rapide intervention de Superman qui a écarté efficacement le danger, Lois Lane interroge Martha Wayne (!), elle aurait volé l’idée de l’omnibatterie à… Lex Luthor !

À Gotham City, Batman et Robin poursuivent un camion infiltré à Arkham : le Joker, le Pingouin et Waylon Jones (Killer Croc) sont dirigés par L’Araignée, mystérieuse femme fatale criminelle. Le duo dynamique enquête ensuite sur l’étrange directeur de l’asile…

Quand ces étranges mondes convergent, trois super-héros se retrouvent pour former une équipe atypique !

[Critique]
Voilà un récit très singulier, complètement « méta » et une curiosité absolue qui mériterait une seconde publication en librairie ! Tout commence de façon à la fois classique et inédite : deux histoires se déroulent en même temps, une en haut de page centrée sur Superman, une seconde en bas suit Batman et un Robin encore jeune – Dick Grayson (il s’agit des versions « classiques » des célèbres super-héros, donc de l’Âge d’or de DC Comics, reprenant leurs codes des années phare de leur popularité). Le lecteur peut à sa guise lire les deux récits en même temps ou bien d’abord l’un puis l’autre. Évidemment, les deux se rejoignent à la fin et les chapitres suivants sont de forme plus convenue.

Cette introduction atypique séduit d’emblée mais, surtout, propose d’étranges variations des éléments habituels des deux justiciers. Ainsi, dans la fiction sur Superman, l’on apprend que Martha Wayne est en vie, est une criminelle, entretient une liaison avec un Alfred se transformant littéralement comme Bane et que Bruce Wayne est plutôt chétif et peureux ! Côté Batman, ses célèbres ennemis se transforment en monstre et une femme fatale, L’Araignée, semble tirer les ficelles d’une machination. Cette nouvelle antagoniste ressemble furieusement à… Lois Lane.

Sans surprise, l’on plonge dans un multiple elseworld d’une fluidité narrative exemplaire (aucun pré-requis) et amusante. En effet, l’ennemi qui a créé ces chamboulements (ou carrément ces univers – depuis Terre-Zéro, La Thermosphère) est L’Archiviste, qui se voit comme un réalisateur de cinéma ! La plupart des cases sont d’ailleurs entourées de pellicule, visant un montage ou une connexion entre deux morceaux de bobine pour concevoir de nouvelles choses. La bande dessinée ira encore plus loin dans cette approche « méta » lors de sa conclusion.

Entre-temps, elle fait intervenir, au-delà des célèbres justiciers, une poignée de têtes connues qu’elles réinventent de façon inédite, au risque – peut-être – de heurter un lectorat fidèle… Parmi les protagonistes, citons Etrigon, El Diablo… et gravitant autour de(s) Lex Luthor (dont l’un ressemble furieusement à Walter White de Breaking Bad !), Jimmy Olsen et autres Gordon habituels. Le spectacle est réjouissant, un divertissement de qualité sans prétention et plutôt original dans le genre. On apprécie également retrouver l’enthousiasme d’un Robin dans ses premiers pas en costumes et une époque qui semble désormais très lointaine.

L’Archive des Mondes ne vise pas à (re)chambouler l’univers DC ou concevoir une énième crise (cf. index des « crisis ») mais impossible de ne pas songer à certains titres fondateurs, saupoudrés du célèbre run de Grant Morrison. Le rythme est emmené, les dialogues percutants, l’humour fonctionne, la vague investigation fait mouche, il n’y a pas grand chose à dire si l’on fait partie du public qui adhère complètement au rocambolesque de ce genre de narration. Le parti-pris d’emblée ne trompe d’ailleurs jamais son lecteur puisqu’on découvre rapidement de quoi il en retourne avant d’entamer un voyage périphérique aux multiples registres littéraires : action, science-fiction, aventure, enquête, fantastique, etc. C’est souvent difficile d’obtenir un bon résultat équilibré dans ce genre de cas, ici le pari est remporté haut la main.

Entre hommages multiples et ambition modeste, l’auteur Gene Luen Yang tire son épingle du jeu grâce à la fluidité de son écriture, bien aidée par une mise en page parfois détonante et, surtout, les beaux dessins d’Ivan Reis en plutôt bonne forme (remplacé éphémèrement le temps d’un chapitre et cédant sa place au double récit conclusif à Paul Pelletier et Francesco Francavilla). Yang est un auteur plusieurs fois récompensé (pour American Born Chinese notamment, en 2007, qu’il avait dessiné, mais aussi pour Avatar : The Last Airbender). Soucieux des images des asiatiques aux États-Unis, on l’a retrouvé, entre autres, sur Shang-Chi pour Marvel de 2020 à 2022). On le retrouvera sur Planète Lazarus, achèvement de la série Robin Infinite et « suite » du crossover Shadow War, tous récemment chroniqués.

Ivan Reis signe des planches ultra dynamiques et lisibles. Le dessinateur très prolifique chez DC Comics (la série Aquaman période Renaissance, plusieurs tomes de Justice League de la même ère et diverses apparitions un peu partout (Geoff Johns présente Green Lantern, Infinite Crisis…) ou chez Batman (Batman Detective Infinite par exemple) – cf. son nom dans la recherche de ce site) est une valeur sûre pour un titre du genre orienté à la fois grand public et passionnés. Son découpage est fluide, ses personnages et visages reconnaissables et « vivants », bref il n’y a pas grand chose à reprocher à la partie graphique de la BD.

En synthèse, L’Archive des Mondes est une agréable proposition qui ravira autant les amateurs que les aficionados de longue date. Bien sûr, rien de révolutionnaire ici mais on salue la semi-originalité de l’ensemble et ses qualités visuelles. Malheureusement, faute de réédition en librairie, il faut débourser 25,80 € pour lire tout ça, ce qui est évidemment trop onéreux (sauf si les autres récits inclus dans les deux numéros de Batman Infinite Bimestriel intéressent, évidemment – se référer à l’index pour les détails). Comme évoqué en début de critique, l’achat de la version en langue anglaise peut compenser pour avoir un bel objet complet (à découvrir ici en vidéo) mais… cela reviendrait à 29 € environ. On vous laisse trancher ce qui vaut le coup/coût, sachant qu’il y a une forte probabilité d’arriver à trouver en occasion les deux magazines à prix moindre.

[À propos]
Publié chez Urban Comics dans Batman Infinite Bimestriel #3 et #4 (novembre 2022 et janvier 2023)
Contient : Batman / Superman #16-22 + Annual 2021

Scénario : Gene Luen Yang
Dessin : Ivan Reis + Paul Pelletier, Francesco Francavilla + collectif (José Luis, Emanuela Lupacchino, Steve Lieber, Darick Roberton, Kyle Hote
Encrage : Danny Miki, Jonas Trindade, Mick Gray, Francesco Francavilla, Keith Champagne
Couleur : Sabine Rich, Hi-Fi, Francesco Francavilla

Traduction : Benjamin Viette
Lettrage : Gaël Legeard (Studio Makma)

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(Cliquez pour ouvrir et agrandir dans un nouvel onglet cette dernière image/planche double horizontale.)

Robin Infinite – Tome 3 : Mort à la famille !

Après un premier tome sympathique, un second moins réussi et une longue extension dans Shadow War, la conclusion de la série consacrée à Damian Wayne dans l’ère Infinite est arrivée ! Pétard mouillé ou véritable fiction prenante ? Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Après la mort d’un être cher et la guerre qui s’en est suivie, Damian tente tant bien que mal de panser ses plaies. Il décide alors de retourner sur l’île de Lazare pour en apprendre plus sur le monde du Démon, son héritage. Sa petite amie Flatline, qui l’accompagne dans cette quête pour le soutenir, apporte avec elle son lot de problèmes… comme Lord Death Man, son mentor.

Inutile de détailler le début de l’histoire, le résumé officiel de l’éditeur suffit.

[Critique]
À peine trois épisodes pour « terminer » Robin Infinite… Les guillemets sont de mise car même si la série s’achève à peu près convenablement, une ultime planche relance l’intrigue et annonce que la suite sera dans Batman vs Robin. Il s’agit en fait de Planète Lazarus – Tome 1/2 : Batman vs Robin (sortie en juin 2023 – le second opus, La colère des Dieux, est prévu le 25 août prochain). C’est donc une conclusion mi-figue mi-raisin quand on referme l’ouvrage, encore plus en lisant le chapitre bonus Superman & Robin (on y reviendra).

Avant d’évoquer plus en détails cette dernière ligne droite, quid de la menace Lord Death Man ? Malheureusement, elle est bien trop prévisible pour être surprenante ou audacieuse… Cet antagoniste est plutôt tourné en ridicule, difficile de le prendre au sérieux malgré quelques « changements » sur la fin. On préfère la connexion avec l’arrière grand-mère Ghul dans le fil rouge narratif, plus cohérent avec les promesses du début de la série. Si l’amitié des jeunes héros/aventuriers est toujours un peu mise en avant, tous les personnages secondaires sont tellement effleurés qu’on a du mal à se passionner. Seule Flatline apporte une certaine originalité (en tant que « petite amie » de Damian).

En somme, Mort à la famille ! vient achever une série inégale, ce qu’il faut de « divertissant » pour justifier la lecture mais peut-être pas assez pour un achat (donc un emprunt en médiathèque ou autre). Il faut dire que le découpage n’aide pas à s’y retrouver économiquement, un seul gros volume ou deux maximum auraient été plus judicieux. Comme toujours, difficile d’en vouloir à l’éditeur qui souhaitait avant tout coller au plus près des publications aux États-Unis et qui ignorait la durée totale de Robin Infinite quand il l’a lancée.

Les dessins de Roger Cruz et la colorisation de Luis Guerrrero confèrent une ambiance juvénile, colorée et parfois dynamique mais trop souvent sans relief et réelle « personnalité » (visages peu expressifs, action figée…)  qui donnent de temps en temps du corps au récit à la fois balisé dans les grandes lignes et atypique par moment (la fameuse île de Lazare, le climax, etc.). Une fois de plus, il en résulte un sentiment inégal à tous points de vue et en à peine soixante dix pages nous avons donc les dernières aventures de Damian et ses amis…

Ce troisième et dernier volume contient un épisode inédit, Superman et Robin face au mystérieux cube magique (Superman & Robin – Special #1 en VO) écrit par Peter J. Tomasi et dessiné par Viktor Bogdanovic. Ce segment d’une trentaine de pages ne sera pas vraiment chroniqué car il est connecté à un nombre incalculables de séries. Il est d’abord précisé que l’histoire se déroule entre les deux premiers chapitres de Superman – Son of Kal-El – Tome 1 (chouette série au demeurant, centrée sur Jon Kent, le fils de Clark et Loïs bien sûr). Ensuite, la fiction se réfère aux volumes deux et six de Superman Rebirth – terminée en six opus. Enfin, l’ensemble est aussi relié à la série en quatre volets Super Sons (sur Jon et Damian, évidemment). À part la première citée, Peter J. Tomasi a scénarisé quasiment l’intégralité des deux autres, cela fait donc sens qu’il renoue ici avec deux personnages qu’il a fait évoluer. On dressera la critique de ce chapitre bonus lorsqu’on sera à jour sur tout le reste (Super Sons est bien prévu sur ce site à terme).

Difficile de conseiller ce troisième volet de Robin Infinite, sauf pour les amoureux du personnage, comme d’habitude – il faut reconnaître que le gamin est plus attachant qu’à l’accoutumé et qu’il y a eu quelques échanges savoureux tout au long du run de Williamson. Wayne Jr. a plutôt gagné en maturité et laisse un endroit paisible, ensoleillé, rempli d’amis et de sourires – c’est assez léger, voire niais mais ça fonctionne. On préfère malgré tout le premier volume mais, d’une manière générale, on pourrait faire l’impasse sur la série (54 € tout de même) même si elle introduit de façon non négligeable le chouette Shadow War… Quel dilemme !

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 6 janvier 2023
Contient : Robin (Infinite) #15-17 + Superman & Robin – Special #1
Nombre de pages : 128

Scénario : Joshua Williamson, Peter J. Tomasi
Dessin : Roger Cruz, Viktor Bogdanovic
Encrage : Norm Rapmund, Daniel Henriquez, Scott Hann, Viktor Bogdanovic, Matt Santorelli
Couleur : Luis Guerrero, Ivan Plascencia, Matt Herms

Traduction : Julien Di Giacomo
Lettrage : MAKMA

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