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Nightwing Rebirth – Tome 03 : Nightwing doit mourir

Le premier tome de Nightwing Rebirth peinait à convaincre, le second également malgré quelques segments sympathiques qui trouvent leur suite directe dans ce troisième volet, bien plus travaillé et agréable que les deux précédents. Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Nightwing et Damian Wayne parcourent le globe à la recherche de la petite amie de Dick Grayson, Shawn Tsang, qui vient d’être capturée. En chemin, le « Dynamique Duo » croise la route de Deathwing et retrouve d’anciens ennemis du temps de leurs premiers pas sous l’identité de Batman et Robin : le professeur Pyg et le Dr Simon Hurt !

[Début de l’histoire]
Rien ne va plus pour Dick Grayson : sa petite amie Shawn Tsang est peut-être enceinte (les deux potentiels futurs parents ne se sont pas du tout préparés à ça) et a été kidnappée !

De son côté, Damian Wayne est fou de jalousie, il estime être l’héritier légitime pour endosser un jour la cape de Batman, de son propre père. Mais son entourage pense que c’est Nightwing qui est le mieux placé pour reprendre le flambeau.

Bon gré mal gré, les deux Robin vont s’associer pour combattre des « poupéetrons » (!), des copies de Nightwing et Robin, dont Deathwing qui leur donne du fil à retordre.

Derrière ces humains lobotomisés se cache le professeur Pyg, à l’origine du kidnapping de Shawn.

Et dans l’ombre, un vieil adversaire surveille le binôme…

[Critique]
Enfin un volume divertissant, plutôt original et bien emmené (par son rythme et ses protagonistes) ! Seul son découpage dénote un peu, il aurait été plus judicieux de l’ouvrir avec le chapitre #15 (qui concluait le tome précédent et était écrit avec beaucoup de justesse et d’émotions – sur la romance entre Dick et Shawn puis la disparition de cette dernière) plutôt que d’attaquer direct avec le #16 (même si ce dernier contextualise bien la chose) et de le conclure avec le #20 (qui fermait l’intrigue générale de Dick et Damian) plutôt que le #21 qui est un épisode plus indépendant et anecdotique avec Wally West (introduisant l’ennemi du prochain volume). C’est dommage (ça aurait permis au tome d’être un peu plus indépendant voire de rejoindre les coups de cœur) mais ce n’est pas très grave.

Nightwing doit mourir possède un fort écho à la première série de 2009 Batman & Robin (en VO), à l’époque où Dick était Batman et Damian Robin. C’est bien sûr à (re)lire dans Grant Morrison présente Batman – saluons d’ailleurs la couverture variante d’un chapitre en hommage à cette série mère, cf. bas de cet article. Heureusement, pas besoin de connaître en détail le passé entre les deux justiciers pour apprécier cette nouvelle aventure. Damian est toujours aussi horripilant (c’est son immaturité et impulsivité qui le pousse, initialement, à se rendre à Blüdhaven pour… râler contre Dick !) mais sait se montrer « tendre » quand il le faut et, surtout, se révèle un excellent allié pour affronter les étranges « poupéetrons » (dollotron en VO) – difficile de ne pas lire « poupée-étrons »…

Le fameux Deathwing arbore le costume rouge de Nightwing, un masque de peau étrange et semble bien connaître Dick… Si de prime abord on pense à de vulgaires faire-valoir de combat, l’accompagnement narratif pour ces créatures est assez travaillé, bien plus que Pyg, pourtant figure davantage populaire et parfois effrayante. De même, la surprise de Simon Hurt est un peu gâchée par le résumé de l’éditeur en quatrième de couverture.

Le scénariste Tim Seeley parvient enfin à rendre son récit plus passionnant qu’à l’accoutumée. Les bavardages de Dick sont toujours présents bien sûr mais plus intéressants que d’habitude, ses doutes et questionnements multiples génèrent davantage d’empathie pour un héros au capital sympathie déjà bien élevé.

Bien que l’ensemble soit, in fine, assez simpliste, il fonctionne plutôt bien. On enchaîne les séquences d’action et de combat avec quelques révélations, un brin d’originalité et des dialogues efficaces. On apprécie aussi de voir Nightwing avec La Vandale en duo inédit ! Les chapitres (six au total dont cinq pour l’histoire principale) sont majoritairement dessinés par Javier Fernandez, parfois accompagné de Minkyu Jung (Christian Duce pour le dernier), conférant un agréable découpage couplé d’une colorisation soignée (toujours assurée par Chris Sotomayor). Malgré des fonds de case parfois vides ou uniformément colorés (cf. quelques images de cette critique), le côté sombre de l’entièreté et les « poupéetrons » confèrent une ambiance glauque réussie.

En synthèse, une histoire sympathique, un peu innovante, faisant la part belle à plusieurs personnages (Nightwing reste au cœur de la narration mais ses équipiers et ennemis bénéficient d’un traitement non négligeable). Cela devrait ravir aussi bien les amoureux de Dick que des lecteurs de Grant Morrison présente Batman !


[À propos]

Publié chez Urban Comics le 4 mai 2018
Contient : Nightwing (Rebirth) #16-21

Scénario : Tim Seeley, Michael McMillian
Dessin & encrage : Javier Fernandez, Minkyu Jung, Christian Duce
Encrage : Chris Sotomayor

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Nightwing Rebirth – Tome 02 : Blüdhaven

Après un premier tome franchement moyen, Nightwing s’émancipe (à nouveau) de Batman et de Gotham. Un second volet plus réussi que le premier mais qui peine encore à être extrêmement palpitant. Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Après avoir fait face à la noirceur de Gotham City lors de « la nuit des monstres », Dick Grayson avait besoin d’un nouveau départ et espérait le trouver à Blüdhaven. Mais d’anciens adversaires attendent son retour depuis longtemps. Et lorsqu’un tueur en série accuse Nightwing de crimes qu’il n’a pas commis, son seul espoir consiste à se lier à ses ennemis jurés pour faire front commun et nettoyer la ville.

[Début de l’histoire]
Nightwing s’associe au « nouveau » Superman provenant d’une autre Terre afin de combattre le des ennemies à travers des incursions oniriques (!).

Dick Grayson est de retour à Blüdhaven. Il propose ses services en tant que bénévoles pour les services sociaux (dirigée par Shawn Tsang).

En parallèle, un tueur en série sévit dans la ville. Nightwing doit s’associer aux « Échappés », d’anciens criminels peu dangereux mais qui ont parfois été arrêtés par Batman et Robin à l’époque où Dick revêtait la cape du jeune acolyte du Chevalier Noir.

L’arrivée du super-héros à Blüdhaven divise autant la municipalité (qui en profite pour redorer son image) que les forces de l’ordre (pas très en phase avec Nightwing) et différents citoyens.

[Critique]
Une fois de plus, Nightwing Rebirth oscille entre de bonnes et mauvaises choses. Les sept épisodes sont bien rythmés et se lisent plus aisément que dans le premier volume. Ouvrir la fiction sur un chapitre un peu en marge consacré à Superman et Nightwing n’était peut-être pas l’idéal (même si la relation Clark/Dick est parfaite), ça dénote fortement avec les six autres chapitres qui se suivent directement. Dans ces derniers, encore une fois, on a du mal à s’intéresser aux trop nombreux protagonistes (les fameux Échappés notamment, L’étalon, Souris, et quelques autres noms ridicules en thérapie de groupe), on anticipe les principaux ressorts narratifs et « retournements de situations », il y a peu de surprises, que ce soit au niveau de l’intrigue générale sur le tueur à gages ou de la romance entre Dick et Shawn. En complément, l’histoire nous gratifie d’une femme orque (littéralement) en nouvelle ennemie improbable et d’une vraie/fausse connexion avec Tsang qui fut une ancienne ennemie de Batman et Robin (mais qui n’avait jamais été évoquée avant ce titre).

Par ailleurs, on croit difficilement au « traumatisme » de Dick suite à son affrontement avec Raptor (dans le tome précédent), le justicier semble faire du « surplace » identitaire un peu pénible et répétitif (surtout quand on l’a déjà lu dans la précédente série Nightwin puis dans Grayson). Le jeune héros dégage toujours un charisme efficace (très volubile avec le lecteur mais c’est ce qui caractérise aussi bien le personnage que ses aventures en comics) et si ses balbutiements émotionnels sont parfois peu convaincants, on apprécie la tournure que prend la série dans son dernier épisode (probablement le plus « justement » et mieux écrit depuis le début de la série – malgré quelques clichés éculés). Hélas, pour y arriver, il faut se farcir une succession de scènes d’action et plus ou moins d’investigation peu passionnantes. Sa romance est à la fois rapide mais convaincante, l’alchimie est présente et ça fait du bien de lire ça et d’être heureux pour Dick un moment. On s’attache plutôt bien à Shawn, l’un des points forts de Blüdhaven.

Reste des évènements en second plan qui fonctionnent mais auraient mérité un travail plus poussé, comme l’impact sociétal et politique (voire économique) de la figure héroïque de Nightwing exploitée par la municipalité. C’est mentionné subtilement et ajoute un certain cachet à une bande dessinée qui demeure, in fine, inégal pour un résultat mi-figue mi-raisin (comme le premier tome donc). Le scénariste Tim Seeley distille plus ou moins des fils rouges sans qu’on sache réellement s’il a un « plan » en tête sur du long terme. Encore une fois : on donnera sa chance à la suite (qui sera davantage connecté au présent volume, à l’inverse du précédent) voir si une lecture globale vaut le coup/coût.

Pour l’anecdote, impossible de ne pas voir au détour d’un dialogue un tacle de l’auteur envers la « cancel culture » (terme devenu un peu fourre-tout, au même titre que le fameux « wokisme »), notamment à propos des statues déboulonnées ou démontées par des militants divers (souvent pour dénoncer des personnages historiques jugées « mauvais / toxiques / moralement inacceptables de nos jours / racistes / violeurs / etc. »). Ainsi, dans un flash-back, quand le duo dynamique arrête la Pigeonne (!) et la Vandale, Batman explique à Gordon qu’elles sont des « « terroristes de l’art », qui ont cru pouvoir récrire l’histoire de Gotham en détruisant les monuments de son passé ». Là aussi, une très légère dimension « politique » qui tire l’œuvre vers le haut les rares fois où elle l’aborde.

En synthèse, la série Nightwing Rebirth continue de se chercher, proposant cette fois une intrigue moins décousue et plus terre-à-terre mais assez prévisible. Le cheminement personnel de Dick reste intéressant bien que déjà abordé et « déjà vu » maintes fois. Les dessins et l’encrage majoritairement signés Marcus Toet colorisés (à nouveau) par Chris Sotomayor confèrent à l’ensemble une cohérence graphique appréciable, faisant la part belle aux scènes d’action et de jolis effets de lumière (cf. Nightwing en action en illustration en fin de cette critique) mais manquant de relief chromatique sur quelques planches (visages pâles, fonds de cases ternes…). On évoquait l’épisode de conclusion comme étant le plus mieux écrit, c’est aussi le mieux dessiné, par Minkyu Jung et ses traits « doux », participant aux « tranches de vie quotidienne » du couple. Un côté épuré bienvenue où l’on croise bon nombre de proches de Nightwing haut en couleur.

À l’instar de l’aventure précédente, ce n’est pas désagréable sans être pour autant extraordinaire (parfois trop simplistes). On reste donc sur une lecture à peu près « divertissante » de moyenne qualité, réservée avant tout aux amoureux de Dick Grayson… Ne pas se fier à la couverture montrant Superman, ce dernier n’apparaît qu’au début, ça ne reflète absolument pas l’entièreté de la bande dessinée. Un curieux choix éditorial, surtout que les couvertures des autres chapitres fonctionnaient très bien.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 2 février 2018
Contient : Nightwing (Rebirth) #9-15

Scénario : Tim Seeley
Dessin & encrage : Marcus To, Marcio Takara, Minkyu Jung
Couleur : Chris Sotomayor, Marcelo Maiolo

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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