Archives de catégorie : Récapitulatif

DC Univers Rebirth – Le Badge

Le Badge (The Button en VO) est un tome un peu particulier. Il rassemble les chapitres #21 et #22 des séries Batman et The Flash (sous l’ère Rebirth, second relaunch de DC Comics). Ces quatre épisodes font également suite à des éléments distillés dans plusieurs histoires publiées chez l’éditeur ces dernières décennies (principalement sur Le Bolide Écarlate, mais aussi des events de DC Comics, comme Flashpoint et DC Univers Rebirth, le tout planant dans l’ombre du gigantesque et culte Watchmen). Un très bon avant-propos éditorial récapitule tout cela avant de se lancer dans la lecture. Tour d’horizon.

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[Introduction]
Guide de lecture • « Le Mystère de DC Rebirth se dévoile »
Texte entièrement reproduit depuis l’édition librairie d’Urban Comics ©

1. Le Tapis Cosmique | Flash la légende – Tome 01
Barry Allen est l’homme le plus rapide du monde. Il est le catalyseur de l’Univers Renaissance : quand il a tenté de sauver sa mère des griffes de son ennemi, Néga-Flash, il a modifié à jamais le cours de l’Histoire.

2. Flashpoint | Flashpoint
En utilisant le tapis, Barry remonte le temps afin d’empêcher le meurtre de sa mère, Nora, par son pire ennemi, le professeur Zoom, aussi appelé Néga-Flash. Ce faisant, il modifie le cours des évènements et créé un présent au bord de l’Apocalypse. Aidé par Thomas Wayne, le Batman de cette dimension baptisée « Flashpoint » *, qui assassine Zoom, Flash parvient à rétablir la continuité des évènements… sans remarquer que certains éléments ont été modifiés.

* Outre l’histoire de Flash (et de cet important chamboulement) narré dans le tome éponyme, on peut découvrir l’histoire de ce Batman particulier et original dans l’excellent one-shot Cité Brisée et autres histoires… Elle est également disponible dans les deuxième numéro du magazine Flashpoint publié en 2012.

3. Le Retour de Kid Flash | DC Univers Rebirth [mini-critique]
Wally West qui fut le partenaire de Barry Allen, pendant des années sous le pseudonyme de Kid Flash, a disparu suite au Flashpoint. Le monde entier, y compris sa femme, Linda, et Flash, l’a oublié. Lors d’une mystérieuse tempête, Wally parvient à s’extirper de ces limbes et à contacter Barry qui, se souvenant de lui, réussit à le ramener à la réalité. Wally affirme qu’une entité a enlevé dix années aux héros de la Terre, effaçant des souvenirs, des relations ou même des individus.

4. Le Pétase de Mercure | Flash Rebirth – Tome 02
Après ces retrouvailles, Flash perçoit un nouveau mouvement dans la Force Véloce et a une vision d’un objet qu’il ne reconnaît pas mais qui le remplit d’espoir : un pétase de Mercure. Un casque qui appartenait des années auparavant à Jay Garrick, le Flash des années 1940.

Batman Button Badge Comedien

5. Le Badge | Watchmen
La nuit du retour de Wally West, Batman (Bruce Wayne), le plus grand détective du monde, remarque un étrange objet dans un recoin de sa batcave : un badge « smiley » jaune taché de sang. Il s’agit du badge du Comédien, un justicier radical vivant dans une dimension parallèle, dans les évènements ont été altérés par le Dr Manhattan, un être surpuissant capable de modifier la réalité à l’envi.

6. La lettre de Thomas Wayne | Flashpoint
Dans la réalité du Flashpoint, Bruce Wayne a été abattu enfant, son père est alors devenu Batman pour le venger. Avant que cette temporalité soit effacée, Thomas a laissé une lettre à Flash afin qu’elle soit remise à Bruce, une fois la réalité restaurée. Wally West a pointé du doigt cette lettre lors de son retour.

7. Le Masque de Méduse | Batman Rebirth – Tome 03 [critique]
Roger Hayden, le Psycho-Pirate, est un super-vilain dont le Masque de Méduse lui permet de manipuler les émotions de ses adversaires. Batman a ramené le Psycho-Pirate de l’île de Santa Prisca afin d’aider son amie, Claire Clover, alias Gotham Girl. Le Psycho-Pirate est également le seul personnage qui se souvient des dimensions parallèles datant d’avant la première Crise de l’Univers DC (Crisis on Infinite Earths).

8. Johnny Thunder et Saturn Girl | DC Univers Rebirth [mini-critique]
Deux personnages semblent connaître certains secrets de l’univers de DC Rebirth. Le premier est Johnny Thunder, un métahumain retraité, qui faisait partie de la Société de Justice, la plus grande équipe de héros durant la Seconde Guerre mondiale. Il en a effacé le souvenir afin de les protéger des investigations de la Commission des activités anti-américaines, dans les années 1950. Le second est Saturn Girl, une jeune télépathe issue du XXXIème siècle, qui fait partie de la Légion des Super-Héros, une équipe d’adolescents à super-pouvoirs. Elle est actuellement enfermée à l’asile d’Arkham, mais il semblerait qu’elle soit au courant des évènements à venir.

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Le récit est également disponible en kiosque le 6 avril 2018 dans les magazines Batman Rebirth #11
et Justice League Rebirth #11 (couvertures de gauche), pour 5,90€ chacun.
Les deux bénéficient d’une édition collector limitée avec une couverture en noir et blanc, au prix de 9,90€ le magazine (couvertures de droite).
Liens pour les acheter tout en bas de cette critique.
Le recueil en librairie coûte, quant à lui, 14,50€ et sera en vente le 13 avril 2018 (couverture du haut de cet article).

[Histoire]
À Arkham, Saturn Girl regarde un match de hockey et se rappelle qu’un joueur va mourir. Batman visualise le même match, sachant (à priori) également ce qu’il va se dérouler. Le Chevalier Noir lance le badge qu’il avait retrouvé dans la Bat-Cave à côté du Masque de Méduse et le fantôme de son père, costumé également en Dark Knight (le « Batman » de la version Flashpoint) lui apparaît sporadiquement.

En attendant l’aide de Flash pour résoudre ce mystère, Bruce se fait agresser par Eobard Thawne, le professeur Zoom, alias Néga-Flash. Ce dernier avait justement été tué par Thomas Wayne dans l’univers Flashpoint.

Batman et Flash vont devoir voyager dans le temps pour résoudre l’énigme du badge et la mort de quelqu’un…

Batman Nega Flash  Nega Flash Batman

[Critique]
Premier chapitre (Batman #21) écrit par Tom King hyper efficace : un excellent rythme, un combat d’anthologie, des dessins incroyablement beaux et stylés (par Jason Fabok, qui les encre également), un découpage dynamique (qui rend hommage à Watchmen par ses cases type gaufrier — neuf par planche — et l’omniprésence du célèbre jaune des Gardiens — Brad Anderson est à la colorisation), un coup de théâtre final, bref c’est un sans faute !

Deuxième chapitre (The Flash #21) avec une autre équipe artistique, notamment Joshua Williamson à l’écriture, Howard Porter pour les dessins et Hi-Fi pour les couleurs. En résulte un style graphique différent mais extrêmement soigné à sa manière, dont les mouvements colorés de Flahs sont un pur régal visuel. Après l’action et la violence, place à la réflexion et à l’enquête. Des dialogues interminables entre les deux justiciers ont lieu, sans qu’on comprenne clairement tous les enjeux, faute à un certain jargon plus ou moins scientifique. Rien de très grave cependant. La plupart des connexions à d’autres comics mentionnées en introduction sont abordées à nouveau ici (DC Univers Rebirth, Flashpoint, Cité Brisée et autres histoires…, Flash Rebirth – Tome 02, etc.).

De façon anecdotique, on apprend aussi que le sang sur le badge (celui du Comédien de Watchmen) n’est pas recensé dans l’univers actuel. L’ensemble de cette histoire, un chouilla plus centré sur Flash a un côté « psychédélique » grâce aux couleurs vives causées par le voyage dans le temps (ou les univers) de Batman et du Bolide Écarlate. Ce qui donne lieu à une rencontre surréaliste (et fantasmée depuis des années par les fidèles lecteurs fans de Flashpoint) : le Batman de Flashpoint, donc Thomas Wayne, face à « notre » Batman, donc Bruce Wayne !

Flash The Button

Troisième chapitre (Batman #22) replongeant dans l’univers Flashpoint avec un flash-back de Thomas Wayne qui s’était recueilli dans son manoir, attendant les soldats d’Aquaman et Wonder Woman (les deux étaient alors en guerre avant de s’allier). On nous explique qu’il ne s’agissait pas d’un univers alternatif mais d’une histoire alternative et que le lieu est le même. Un brin confus quand même pour le lecteur, qu’il soit connaisseur des œuvres précitées et de l’univers DC (il a tout intérêt à l’être) ou simple néophyte (qui risque d’être totalement largué).

En résulte malgré tout de très beaux moments entre Bruce et Thomas, quand le fils annonce au paternel qu’il est grand-père par exemple, c’est émouvant, le temps d’une case mémorable. La relation entre les deux pourrait faire l’objet d’une série à part, tant il y aurait à proposer avec ce duo original ! Le costume croqué à l’origine par Eduardo Risso est respecté et permet d’identifier aisément quel Chevalier Noir parle ou agit.

Bruce Thomas Wayne Batman

Quatrième chapitre (The Flash #21) flamboyant et coloré ! Avec ce ton pastel unique qui dénote clairement avec la série Batman mais qui passe tout de même très bien. Ce petit manque de cohérence graphique n’est pas très important car les deux sont originaux et soignés.

La conclusion nous (re)présente Jay Garrick, le tout premier Flash (publié pour la première fois en janvier 1940 !) et évidemment un autre personnage célèbre du monde de DC Comics (pas vraiment une surprise de le voir mais assez jouissif quand même).

Un épilogue de deux planches, sans texte, clôt une partie de l’ouvrage avec une élégance rare (à priori lié à l’autre évènement DC « Superman Reborn », disponible dans les magazines Justice League Rebirth #10, #11 et #12 (mars, avril et mai 2018) et dans DC Univers Rebirth : Superman, en vente dès le 29 juin 2018).

Flash Batman Button

La « suite », la confrontation des héros de Watchmen avec ceux de DC Comics est à découvrir dans la série Doomsday Clock, écrite par Geoff Johns et dessinée par Gary Frank. Elle est actuellement en publication et se déroule sur douze chapitres prévus de novembre 2017 à juillet 2019. Superman sera opposé au Dr. Manhattan. Urban Comics propose les six premières pages (en noir et blanc) en exclusivité (The Road to Doomsday Clock). Il s’agit donc de la suite « officielle » de Watchmen (spoiler : le journal de Rorschach a bien été publié par la presse, Adrien Veidt (Ozymandias) a donc été démasqué et est activement recherché).

Que vaut donc Le Badge une fois la lecture terminée ? L’impression de lire un récit « important » dans l’histoire du DC Comics. Une histoire un peu courte qui fait surtout office d’introduction (à Doomsday Clock). Sur les graphismes, il n’y a rien à dire, comme évoqué les deux styles (de Jason Fabok et de Joshua Williamson) se conjuguent à merveille malgré leurs flagrantes différences. Le travail de colorisation est à salué également tant il apporte un plus non négligeable. Le livre comporte de magnifique doubles pages qui sont, une fois de plus, un régal pour les yeux. Par ailleurs, huit superbes couvertures alternatives concluent le tome.

Sur le scénario, le plus gros défaut du titre est son accessibilité. Un novice total de l’univers de DC n’y comprendra pas grand chose (niveau connexions avec les autres personnages et œuvres) et ne saisira aucune référence. Même les fans les plus aguerris auront bien besoin du récapitulatif en début d’ouvrage pour tout bien avoir en tête. Idéalement donc, il faut à minina connaître Flashpoint mais aussi son extension sur Batman, sans oublier Watchmen. Cela fait « beaucoup » pour séduire un nouveau lectorat. Mais ce n’est pas le but ici. L’idée est de proposer un vaste chantier éditorial et une prise de risque énorme dans le paysage des comics. Et à ce niveau là, le pari est gagné haut la main. Le fan de Watchmen et de Batman ne pourra qu’être conquis ! Coup de cœur 2018.

Bruce Wayne Flash

[À propos]
Publié en France le 13 avril 2018 chez Urban Comics.

Scénario : Tom King (Batman #21-22), Joshua Williamson (The Flash #21-22), Geoff Johns (Doomsday Clock)
Dessin : Jason Fabok (Batman #21-22), Howard Porter (The Flash #21-22), Gary Franck (Doomsday Clock)
Couleur : Brad Anderson (Batman #21-22), Hi-Fi (The Flash #21-22)

Traduction : Alex Nikolavitch, Jérôme Wicky, Ed Tourriol
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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DC Univers Rebirth – Le Badge
Batman Rebirth #11 : Batman / Flash – Le Badge (1/2)
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Batman Thomas Bruce Wayne

Guide de lecture minimaliste avant de découvrir Le Badge :
1. Watchmen
2. Flashpoint
3. Batman : Cité brisée et autres histoires…
ou version kiosque magazine en occasion : Flashpoint #2
4. DC Univers Rebirth (intégrale)
ou version kiosque magazine en occasion : DC Univers Rebirth #1

5. DC Univers Rebirth – Le Badge (13 avril 2018)
6. DC Univers Rebirth – Superman (29 juin 2018)
7. Doomsday Clock (premier tome au plus tôt fin 2018)

Batman Le Badge The Button Smile Smiley Watchmen

Quels comics de Justice League lire avant d’aller voir le film

Justice League Poster WB

Justice League, le nouveau long-métrage de Zack Snyder (300, Sucker Punch…), sort en salle le 15 novembre prochain. Encore un film de super-héros ? Oui, mais celui-ci est sans doute le plus intrigant car l’enjeu est multiple. Le studio de production Warner Bros (qui détient les droits d’adaptation de DC Comics, l’éditeur américain qui publie les aventures de Batman, Superman, Wonder Woman, Green Lantern, la Justice League, etc.) doit tout d’abord solidifier l’univers partagé de DC Comics au cinéma, appelé DCEU — pour DC Extended Universe. Après les échecs critiques (mais pas commerciaux) de Batman v Superman – l’Aube de la Justice et Suicide Squad en 2016, le film Wonder Woman a été l’un des succès surprise de cette année 2017 et a réconcilié le public avec le DCEU. Warner doit continuer sur cette belle lancée malgré les problématiques rencontrées durant le tournage de Justice League.

En effet, Zack Snyder s’est retiré du projet après un drame familial. Joss Whedon, réalisateur des deux volets d’Avengers chez la concurrence (Marvel) a finalisé le film en post-production. Enfin, il s’agit de la première incarnation sur grand écran de la mythique équipe de justiciers, composée ici de Batman, Wonder Woman, Flash, Cyborg et Aquaman (et sans doute Superman même s’il est absent du matériel promotionnel jusqu’à présent). Si les fans connaissent déjà les aventures papier de ces héros, le néophyte est sans doute perdu entre les nombreuses publications existantes. Petit guide exhaustif pour les curieux désirant découvrir les comics consacrés à Justice League.

Anthologie, volumes uniques et séries en plusieurs tomes

En France, c’est Urban Comics, la filiale spécialisée dans la bande dessinée américaine de Dargaud qui s’occupe de publier les ouvrages de DC Comics, et donc ceux sur la Justice League. Une porte d’entrée efficace est tout simplement le premier tome de la série Justice League sorti en 2012 : Aux origines. Issu d’un relaunch, un concept qui relance à zéro les séries, c’est le livre idéal pour découvrir simplement un récit moderne, pas forcément de très grande qualité narrative, mais relativement efficace et mainstream. Achevée en dix tomes et d’une qualité hétérogène, les plus impatients pourront se ruer la version limitée compilant les deux derniers volumes sous le titre La Guerre de Darkseid (sortie prévue le 22 novembre — couverture provisoire à droite ci-dessous). Un beau livre tiré à 2.500 exemplaires, contenant de nombreux bonus et, qui plus est, offrant une histoire complexe et fascinante, dans laquelle les justiciers sont des « Néo-Dieux ». La série se poursuit dans Justice League Rebirth – Tome 01: Les Machines du Chaos, vraie-fausse suite dont le premier volume est sorti en juin dernier mais qu’on déconseille fortement. En revanche, la série Justice League of America constitue un autre bon point de départ, reprenant les origines des héros. Début 2017, Urban Comics a proposé le premier tome (publié il y a 20 ans outre-Atlantique) et la série s’étale sur huit volumes au total (dont un numéro zéro).

Justice League Comics

Incontournable, Justice League Anthologie (en vente dès le 27 octobre) regroupe, comme son nom l’indique, des chapitres indépendants sur l’emblématique team parfois composée d’autres justiciers, moins connus du grand public, comme Green Lantern, Green Arrow, Le Limier Martien, Plastic Man, Hawkman, Black Canary, etc. Onze récits complets proposés par de prestigieux artistes. D’autres volumes uniques (one-shot) valent le coup et narrent une histoire avec un début, un milieu et une fin. Par exemple Justice, un indispensable sorti cet été ou encore La Tour de Babel, plus anecdotique dans sa partie graphique (assez grossière) mais qui met en avant la paranoïa de Batman au sein du groupe, à découvrir mais dispensable. Un autre récit culte est prévu pour 2018, toujours en un seul tome, La Nouvelle Frontière, du défunt Darwyn Cooke — à ne pas manquer dès sa sortie. Enfin, et c’est l’ouvrage le plus conseillé entre tous: Crise d’identité. Longue enquête pour découvrir qui se cache derrière la mort d’un des leurs (un personnage très secondaire de l’univers DC Comics), la Justice League souffre ici comme n’importe quel être en deuil. Malgré un nombre conséquent de protagonistes, l’œuvre, désormais culte, est parfaitement accessible et s’avère être, contre toute attente, un point d’entrée idéal elle aussi.

Les « crises » (crisis), une valeur sûre mais pas forcément accessible

Anthologie, volumes uniques et séries en plusieurs tomes
En France, c’est Urban Comics, la filiale spécialisée dans la bande dessinée américaine de Dargaud qui s’occupe de publier les ouvrages de DC Comics, et donc ceux sur la Justice League. Une porte d’entrée efficace est tout simplement le premier tome de la série Justice League sorti en 2012: Aux origines. Issu d’un relaunch, un concept qui relance à zéro les séries, c’est le livre idéal pour découvrir simplement un récit moderne, pas forcément de très grande qualité narrative, mais relativement efficace et mainstream. Achevée en dix tomes et d’une qualité hétérogène, les plus impatients pourront se ruer la version limitée compilant les deux derniers volumes sous le titre La Guerre de Darkseid (sortie prévue le 22 novembre — couverture provisoire à droite ci-dessous). Un beau livre tiré à 2.500 exemplaires, contenant de nombreux bonus et, qui plus est, offrant une histoire complexe et fascinante, dans laquelle les justiciers sont des « Néo-Dieux ». La série se poursuit dans Justice League Rebirth – Tome 01: Les Machines du Chaos, vraie-fausse suite dont le premier volume est sorti en juin dernier mais qu’on déconseille fortement. En revanche, la série Justice League of America constitue un autre bon point de départ, reprenant les origines des héros. Début 2017, Urban Comics a proposé le premier tome (publié il y a 20 ans outre-Atlantique) et la série s’étale sur huit volumes au total (dont un numéro zéro).
Incontournable, Justice League Anthologie (en vente dès le 27 octobre) regroupe, comme son nom l’indique, des chapitres indépendants sur l’emblématique team parfois composée d’autres justiciers, moins connus du grand public, comme Green Lantern, Green Arrow, Le Limier Martien, Plastic Man, Hawkman, Black Canary, etc. Onze récits complets proposés par de prestigieux artistes. D’autres volumes uniques (one-shot) valent le coup et narrent une histoire avec un début, un milieu et une fin. Par exemple Justice, un indispensable sorti cet été ou encore La Tour de Babel, plus anecdotique dans sa partie graphique (assez grossière) mais qui met en avant la paranoïa de Batman au sein du groupe, à découvrir mais dispensable. Un autre récit culte est prévu pour 2018, toujours en un seul tome, La Nouvelle Frontière, du défunt Darwyn Cooke — à ne pas manquer dès sa sortie. Enfin, et c’est l’ouvrage le plus conseillé entre tous: Crise d’identité. Longue enquête pour découvrir qui se cache derrière la mort d’un des leurs (un personnage très secondaire de l’univers DC Comics), la Justice League souffre ici comme n’importe quel être en deuil. Malgré un nombre conséquent de protagonistes, l’œuvre, désormais culte, est parfaitement accessible et s’avère être, contre toute attente, un point d’entrée idéal elle aussi.
Les « crises » (crisis), une valeur sûre mais pas forcément accessible

Impossible de parler Justice League sans évoquer les récits majeurs dans la mythologie de DC Comics associés au terme « crises » (crisis en anglais). Ainsi, en complément de Crise d’identité (Identity Crisis en VO), on se doit d’ajouter Crisis on Infinite Earth (et son prélude Crisis Compagnon), datant de 1985-86 et la série Infinite Crisis (en cinq tomes) publiée vingt ans plus tard. Au programme: la fin et la renaissance du multivers, c’est à dire des terres parallèles où d’autres super-héros comme Batman, Superman, etc. officient également ; ou bien leurs fameux doubles maléfiques, comme dans le one-shot Justice League – L’Autre Terre, original mais pas particulièrement aisé pour un novice. La saga Infinite Crisis ne l’est pas non plus (sans compter ses connexions avec d’autres séries diverses) et Crisis on Infinite Earth, bien qu’une valeur sûre et indémodable, est plus contraignante à découvrir en premier (c’est d’ailleurs pourquoi Urban Comics a choisi de proposer cette bande dessinée dans son catalogue assez tardivement — environ quatre ans et demi après leur création). Ces récits complexes se poursuivent dans la série 52 (le premier des quatre tomes vient tout juste d’être mis en vente). Des aventures conseillées mais pas pour débuter vu tout ce qu’il faut découvrir auparavant.

Comics Justice League

Les amoureux des elseworlds, les univers alternatifs, seront comblés par la grande saga Injustice (11 tomes) issue du jeu vidéo éponyme dans laquelle Superman est un dictateur et où le Chevalier Noir mène une résistance de la dernière chance. C’est d’ailleurs une scène aperçue dans Batman v Superman: l’Aube de la Justice à travers un cauchemar prémonitoire de Bruce Wayne (et c’est justement suite à cette vision que le milliardaire souhaite rassembler d’autres super-héros et qu’il perçoit Superman comme une menace — avant de comprendre que le réel danger vient d’ailleurs). Pour les férus de futur hypothétique, on ne peut que conseiller le tome unique Kingdom Come, petit bijou facile d’accès (malgré, une fois de plus, son nombre de personnages très élevé). Dans un genre similaire mais moins réussis, Futures End et Earth 2 satisferont peut-être les curieux.

Il y a donc une offre conséquente sur le marché, soignée et accessible. On récapitule les indispensables pour découvrir l’univers de Justice League en BD !

Séries: Justice League (10 tomes), Justice League of America (8 tomes), Injustice (11 tomes), Infinite Crisis (5 tomes).
Volumes uniques: Crise d’identité, Justice League Anthologie, Justice, Crisis on Infinite Earth, Kingdom Come.

Cet article a d’abord été publié sur Le Huffington Post le 14 octobre 2017 (il contient une erreur : la série Injustice est bien 11 tomes et non 10).

Mise à jour : Urban Comics a dévoilé la mise en vente d’un coffret découverte Justice League en comics pour le 27 octobre 2017. Il comprend cinq BD et coûte 49€.

Coffret Justice League Comics

Ce prestigieux coffret contient tout simplement les premiers tomes des séries Justice League, Batman, Wonder Woman, Flash et Aquaman de la période Renaissance (New 52). Un poster de Cyborg est normalement offert par votre libraire en cas d’achat.

Ce coffret vaut-il le coup ?

  • Pour découvrir la Justice League : non.
    Comme vu dans cet article, seul le premier tome de Justice League aide à se familiariser avec l’équipe de super-héros, les quatre autres livres sont les aventures solo des membres.
  • Pour découvrir l’univers de DC Comics : oui.
    Surtout pour celui qui n’a aucun volume fourni, le prix de l’ensemble revient moins cher que les tomes séparés.

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DC Universe & Batman Rebirth / Batman #1 / Detective Comics #934

Comme expliqué dans l’article consacré au Relaunch Rebirth, plusieurs nouvelles séries voient le jour dans cette « relance » de l’univers DC Comics. Il y a tout d’abord le numéro unique DC Universe Rebirth, puis ensuite un numéro Rebirth #1 one-shot de plusieurs super-héros (Batman, Superman, Aquaman…) avant que chacun d’entre eux ne retrouve un rythme normal et une appellation classique.

Ici, ce sont DC Universe Rebirth, Batman Rebirth #1 puis Batman #01 et Detective Comics #934 qui sont brièvement chroniqués.

DC Rebirth

Attention ! Même si les résumés ci-dessous sont sommaires et les critiques courtes, il y a des révélations majeures. De plus, l’ensemble de ces séries se déroulent après La Guerre de Darkseid mais également après la fin de la série Superman des NEW52 (le chapitre #50 pour être plus précis).

Si vous voulez conserver les éléments de surprises intacts, il est fortement déconseillé de lire la suite (aussi bien les résumés que les critiques) !

NB : il est fort probable qu’Urban Comics publiera en français chacun des chapitres évoqués ci-après, mais très certainement pas avant début 2017.

DC Universe Rebirth

DC Universe Rebirth
Wally West, ancien Kid Flash puis Flash (après les évènements survenus à la fin de Crisis on Infinite Earth) qui avait « disparu » il y a quelques années (à la fin de Infinite Crisis) voyage plus ou moins dans le temps et requiert l’aide de Batman (pour l’avertir d’un danger imminent), sans succès car il est « aspiré » par la force véloce. Il fait de même avec d’autres personnes, en vain. De son côté, Ray Palmer, alias Captain Atom, est lui aussi « perdu » dans une dimension nanotechnologique dont il ne peut sortir.
Après avoir rendu de brèves visites et s’être remémoré des souvenirs avec d’anciens justiciers, Wally West réussit à revenir définitivement « dans le présent » grâce à Barry Allen, l’actuel Flash. Superman est porté disparu et un Clark Kent d’un autre monde mène une vie rangée avec sa femme et sa fille mais fait une rencontre inattendue. Au fond de la Batcave, le Chevalier Noir découvre un étrange badge. Ils sont observés depuis longtemps…

Après Flashpoint il y a cinq ans, ce Rebirth s’annonce beaucoup plus épique (et réfléchi) car il propose —pour l’instant en tout cas— une continuité claire et nette (aussi bien après le chronologie classique que celle des New 52), mais également une possibilité de jonction de quelques années perdues. L’ensemble est parfaitement compréhensible et a le culot monstre d’ajouter définitivement Watchmen comme œuvre incorporée dans l’univers des super-héros DC. Un gage à la fois salvateur puisque cela permet(rait) une cohérence plausible grâce au statut de « Dieu » et créateur de monde du Dr Manhattan. Mais cette surprenante raccroche en irritera plus d’un (à commencer par le créateur de l’œuvre mère, Alan Moore — qui n’a sans doute pas été consulté) : le comic culte, même si publié chez DC et usant de vieux personnages, prévalait par son statut « d’indépendant » et non rattaché à quoique ce soit (déjà polémique à l’époque de la sortie des préquelles — auxquelles le site Before Watchmen est consacré, créé par l’auteur de ces lignes) ; il n’y avait pas non plus d’obligation de le lire pour suivre la suite de DCVerse. Bref c’est à la fois ingénieux, osé et risqué. L’ensemble est donc très intrigant, réussi et bien écrit, à nouveau par Geoff Johns (déjà scénariste de Flashpoint puis de la série Justice League entre autres). Les dessins sont assurés par des artistes de valeur sûre : Gary Frank et Ivan Reis en tête, ainsi qu’Ethan Van Sciver et Phil Jimenez. Quatre chapitres (Lost, Legacy, Love, Life) et un épilogue composent le tout, pour près de soixante-dix pages de bandes dessinées.

BATMAN_REBIRTH

Batman Rebirth #1
Julian Day, alias Calendar Man, menace de déverser des spores dans la ville qui chamboulent le cycle des saisons et de la nature. Duke, nouvel allié de Batman mais pas un nouveau Robin (rencontré dans la série Batman puis mis en avant dans l’event We are Robin) est convié par Bruce Wayne à vivre au Manoir, afin justement d’être entraîné pour être « quelque-chose de nouveau »…
Un chapitre unique écrit par Scott Snyder, qui a opéré la précédente « renaissance » du Chevalier Noir avec sa longue série et Tom King, qui était sur la série Grayson, en compagnie du dessinateur Mikel Janin qui officie justement ici. C’est beau, très beau, mais clairement moyen sur l’histoire, très expéditive. Pas de réels enjeux dramatique ni le temps de s’attarder réellement sur un personnage en particulier. L’ennemi, rarement utilisé, n’est pas mis en avant sous un beau jour, même si on découvre qu’il « mue » et vieillit, telles la faune et la flore. Une belle réinvention esthétique du personnage toutefois, mais qu’on espère voir davantage. On nous promet d’ailleurs une suite, toujours par Tom King, dans Batman #1 (voir ci-après) et une autre dans All-Star Batman #1, par Scott Snyder (prévue en août 2016). Ce Batman Rebirth sonne volontairement comme une métaphore du renouveau, plus ou moins accentué par ce qu’on voit et qu’on lit, mais c’est clairement pas très pertinent et trop redondant pour donner un one-shot de qualité, au contraire c’est surtout une introduction à un nouvel univers, dont on attend la suite. En ce sens, le lecteur peut se sentir lésé, à raison.

Detective Comics 934

Detective Comics #934
Batman combat Azrael (Jean-Paul Valley) dans une église et découvre qu’un mini-drône, en forme de chauve-souris qui plus est, le surveille. Il rend visite à Batwoman (Kathy Kane) car elle était aussi espionnée par les mêmes gadgets. Le Chevalier Noir fait d’elle sa partenaire et tous deux sont chargés d’entraîner chaque justicier de Gotham qui était suivi par un drône : Red Robin (Tim Drake), Spoiler (Stephanie Brown), Orphelin (Cassandra Cain) et… Gueule d’Argile, à qui Batman souhaite donner une seconde chance.
Excellent début pour une série emblématique de l’éditeur. Joliment dessinée par Eddy Barrow (qui officiait sur les trois premiers tomes de Nightwing) et écrite par James Tynion IV, on sent l’influence de Batman Eternal, avec un fort concept d’entrée, plusieurs héros ou antagonistes et un gros potentiel derrière. Attention donc à la suite, mais cette entrée en matière est fortement agréable, élégante et convaincante !

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Batman #01
Batman tente de sauver le crash d’un avion en se posant carrément dessus !
Tom King qui avait co-écrit Batman Rebirth (et scénarisé Grayson) empile pour cette suite, plus aboutie, avec David Finch aux dessins (qui s’occupait de la série très mitigée Le Chevalier Noir et La Nouvelle Aube). Les planches sont sublimes, la scène principale fonctionne bien : beaucoup de tension, de suspense, une belle émotion sur la fin également (même si un peu surprenante et peu crédible, ça fonctionne quand même) et une surprise de taille. En effet, deux nouveaux personnages font leur apparition, chacun doué de force surhumaine pour l’instant, mais qui ne sont pas forcément dans le camp des ennemis : Gotham et Gotham Girl. Des noms certes risibles mais du changement, à suivre donc ! Une seule case sonne comme un léger rappel à DC Universe Rebirth, à chacun d’y faire sa petite théorie.

Si le DC Universe Rebirth chamboule « un peu » l’univers déjà connu de DC (au moins dans les dernières planches avec des révélations), les séries suivantes consacrées à Batman restent globalement dans la continuité de ce qu’il s’est fait durant la période New52 (excepté Alfred, qui n’est plus manchot, dommage, mais elles reprennent le personnage de Duke Thomas par exemple). Bref, même si ce Relaunch ne fait pas vraiment office de pétard mouillé (trop tôt pour juger par rapport aux autres séries et à la suite de la trame principale), pour Batman rien ne change vraiment, comme il y a cinq ans, ce fut quasiment la même chose, seul le Dark Knight n’avait pas vraiment été impacté par Flashpoint, les séries suivaient alors le travail de Morrison de l’époque et de la chronologie « classique » avec les mêmes alliés et ennemis. Ce n’est peut-être pas plus mal. Les deux nouvelles séries régulières sont de bons points d’entrée, même si forcément pas extrêmement limpides pour le pur débutant, et donnent envie de lire la suite, en plus d’être extrêmement bien dessiné. C’est là le principal.