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Justice League Rebirth – Tomes 04 à 06

La série Justice League Rebirth (JLR) s’étale sur six tomes et fait suite au relaunch Rebirth effectué après la fin de la série Justice League de la période New 52 (Renaissance en VF). Les critiques sont regroupées en deux articles reprenant chacun trois volumes (soit une vingtaine de chapitres au total). La première partie est à retrouver ici, revenant sur donc sur les trois premiers opus, seul le troisième était un peu plus intéressant que les autres…

Ainsi, pour cette nouvelle chronique, on retrouve :
Tome 04 : Interminable [JLR #20-25]
Tome 05 : Héritage [JLR #26-31]
Tome 06 : Le procès de la Justice League [JLR #34-43]

(Les chapitres #32-33 sont dans Batman Metal – Tome 3.)

Tome 04 : Interminable [JLR #20-25]

[Résumé de l’éditeur]
La Ligue de Justice n’est plus. Manhattan est détruite. Et le responsable ne serait autre que… Flash ! Un adversaire mystérieux doté d’une arme surpuissante le prend pour cible et accuse le super-héros le plus rapide du monde d’être responsable de la mort de sa famille. Et à chaque fois que Flash entre en contact avec l’énergie de son arme, il est renvoyé dans le passé… Aidé de Batman, les deux justiciers réussiront-ils à résoudre ce mystère temporel ?

[Histoire]
Jessica Cruz, récente Green Lantern qui a rejoint la Justice League, poursuit sa relation avec Barry Allen, alias Flash. Mais quand leur déjeuner tourne mal et que Jessica trouve la mort dans une étrange temporalité, le bolide écarlate ne comprend plus ce qu’il se passe… Lui et le Chevalier Noir vont investiguer.

Une fois ce « problème » résolu, les membres de la Ligue poursuivent différentes missions contre divers ennemis et doivent pallier l’absence d’Aquaman…

[Critique]
Encore un tome très très moyen, décevant et sans enjeux réellement importants… Contrairement à ce que laisse entendre le résumé de l’éditeur (et la couverture du livre en quelque sorte), le récit Interminable ne dure que deux chapitres ! Tous deux écrits et dessinés par Bryan Hitch en petite forme. Suivent des histoires assez détachées et complètement oubliables. Un millier de petites choses n’a d’intérêt que dans sa poursuite d’intégration au sein de la Ligue pour Jessica, remplie de doutes et de peurs. D’ailleurs, l’ouvrage (la série ?) aurait pu s’appeler Jessica Cruz, la nouvelle Green Lantern & la Justice League !

Terreur, Fureur et Reborn (un épisode un brin plus long que les traditionnelles vingt pages des autres chapitres) se succèdent. Il est notamment fait mention de la destitution d’Aquaman dans son royaume (à lire dans Aquaman Rebirth – Tome 2), remplacé dans la Ligue par Mera visiblement (c’est tellement expéditif et mal écrit qu’on ne comprend pas très bien, comme d’habitude sur cette série). Seul Reborn apporte un peu plus d’engouement car il se connecte avec Molly, la jeune femme du troisième tome et avec les évènements qui s’y déroulaient (l’énorme bordel de course-poursuite à échelle temporelle un peu confuse mais malgré tout assez cool). Notons qu’une référence à une « épidémie » est évoquée, se déroulant dans la série Trinity, inédite en VF.

Néanmoins, cela ne sauve pas ce quatrième opus, complètement passable comme les deux premiers l’étaient déjà. Deux ou trois « fils rouges » se démarquent (les guillemets sont de mises) avec l’évolution de Jessica, certes sympathique mais sans non plus être originale ou très passionnante, son idylle avec Barry et – surtout ce sujet – le casse-tête cérébral avec l’échiquier où se situent les membres de la Ligue sur l’échelle du temps et – éventuellement – les conséquences de leurs actes chez les citoyens (un sujet souvent au dernier plan mais abordé discrètement ici et là, parfois mis en avant comme dans le deuxième volet).

Bryan Hitch ne s’occupe des dessins qu’au début avant de passer la main à Tom Derenick (Injustice), Ian Churchill et le Français Philippe Briones (Aquaman Rebirth justement) pour un résultat nettement plus convaincant qu’Hitch. Ce dernier prend également une pause côté scénario, Dan Abnett (Aquaman Rebirth toujours et l’excellente saga Annihilation chez Marvel), Tom DeFalco et Shea Fontana le rejoignent pour signer les autres épisodes après Interminable, Hitch revenant pour Reborn – laissant suggérer qu’il maîtrise un minimum ce qui semble être son intrigue générale… Les dessins sont globalement corrects, il y a toujours ce côté production mainstream colorée qui permet d’être un petit peu divertissant faute de mieux (même si ce n’est pas très bien écrit et peu palpitant, le rythme permet de ne pas trop s’ennuyer), c’est toujours ça de pris…

Tome 05 : Héritage [JLR #26-31]

[Résumé de l’éditeur]
Les membres de la Ligue de Justice sont morts… Et vingt-deux ans plus tard, la planète n’est plus qu’une terre désolée, sous le joug d’une déesse connue sous le nom de Souveraine. Mais les plus grands super-héros de la Terre ont laissé derrière eux une force capable de sauver le monde : leur héritage. Les enfants de la Ligue, eux-mêmes des héros à présent, doivent revenir dans le passé pour empêcher la déesse de tuer leurs parents respectifs et d’asseoir son règne. Mais l’identité de Souveraine risque de les surprendre et de remettre en cause leur quête.

[Histoire]
À New-York, une vingtaine d’années dans le futur, les futurs enfants de la Justice League combattent la mystérieuse Souveraine et son puissant homme de main : Aquaman, à moitié cybernétique ! Le groupe de jeunes justiciers est composé de Cube (fils de Victor/Cyborg), Hunter (fils de Diana/Wonder Woman rejeté par cette dernière et élevé par Clark/Superman), Serenity (fille de Mera et Arthur/Aquaman) ainsi que les trois frères et sœurs Nora (qui a le pouvoir de la Force Véloce), Jenny et Jason (tous deux des Green Lantern), fruits de l’union entre Barry/Flash et Jessica/Green Lantern.

En retournant dans le passé, les adolescents rencontrent leurs parents, à priori responsables de la situation apocalyptique qui règne dans le futur… Entre retrouvailles familiales se passant plus ou moins bien et investigation sur la menace, la Ligue de Justice à beaucoup à faire. Batman enquête de son côté mais le futur Aquaman se dresse sur son chemin…

[Critique]
ENFIN ! On n’y croyait plus… Enfin un volume séduisant, bien construit et original ! Certes, il n’était pas trop difficile de faire mieux que les précédents (et cela biaise peut-être la subjectivité d’appréciation quand on découvre toute cette série à la suite) mais tout de même. Si la conclusion n’avait pas été précipitée et « facile » le titre aurait même pu être dans les coups de cœur du site.

La force du récit, entièrement écrit par Bryan Hitch – bien plus inspiré que précédemment – réside sur les connexions humaines et familiales entre la fougue jeunesse et les (futures) responsabilités parentales de la Ligue. En résultent de très beaux moments, des échanges touchant entre chaque progéniture et son parent (d’adoption ou biologique). C’est en creusant dans cette sphère « intime » que cet Héritage délivre ses meilleures séquences. L’action n’est pas en reste (au début et à la fin notamment), avec des passages plutôt sanglants ou épiques. Le tout croqué par Fernando Pasarin (qui illustrait déjà le troisième tome – qui était le meilleur jusqu’à ce cinquième – tous deux pouvant se lire à la suite et sans le reste de la série d’ailleurs) et colorisé par Brad Anderson (valeur sûre dans le domaine, souvent à l’œuvre sur la précédente série Justice League).

En concevant cette sorte d’elseworld, Hitch réussit là où il échouait auparavant en donnant un peu de consistance à ses protagonistes, nouveaux ou anciens, tous attachants. Si l’ensemble reste rapidement exécuté (comme l’entièreté de Justice League Rebirth), l’auteur laisse tout de même ses personnages vivre, se poser et reposer (et le lecteur avec). Comme toujours, il y a un gros flou de compréhension quant à la nature « ténébreuse » de la fameuse Souveraine (dont l’identité n’est pas prévisible mais qui ne s’avère pas être une révélation « fracassante »). Tout se résout abruptement, comme toujours… L’évocation des pierres magiques et trois humains aidant à la concrétisation d’un plan temporel (découverts dans le troisième tome) est vite balayée aussi. Dommage.

Héritage se hisse donc à la première place des cinq volumes de Justice League Rebirth, grâce à son histoire plus soignée que d’habitude, les traits et découpages fluides de Pasarin (malgré des détails de bouches sur visage parfois grotesques – peut-être à cause des cinq différents encreurs qui opèrent sur les six chapitres !) et l’ensemble richement colorée. Sur la forme c’est quasiment un sans faute, sur le fond on regrette une conclusion un peu rapide (on apprécie aussi la petite vibe Terminator). À voir ce que réserve le sixième et dernier volet pour voir ce qu’on peut sauver ou lire indépendamment du reste sans être trop exigeant…


Tome 06 : Le procès de la Justice League
[JLR #34-43]

[Résumé de l’éditeur]
En pleine mission, la Ligue de Justice tente de libérer les victimes d’une prise d’otages mais commet une erreur qui aura de lourdes conséquences. Seuls responsables aux yeux de la justice américaine, les super-héros ne sont plus les bienvenus et sont appelés à comparaître, car il est temps de rendre des comptes. Et c’est à cet instant critique de remise en question qu’un ennemi redoutable entre en jeu, s’attaquant non pas à la Ligue mais à ses accusateurs et faisant des juges et des journalistes ses cibles principales…

[Histoire]
Simon Baz/Green Lantern doit secourir une galaxie entière à lui tout seul sans aide… Sur Terre, les autres membres de la Justice League déjouent une attaque terroriste au moment où les forces de l’ordre allaient intervenir. Mais cela cause la mort d’une femme religieuse, imputée à une action de Wonder Woman, le tout filmé et diffusé dans les médias…

Aquaman doit intervenir en urgence pour secourir des gens après un séisme suite à une mauvaise communication entre Batman (qui avait mal compris un nom) et Cyborg (qui relayait les informations).

L’opinion publique et le corps juridique remettent en question les agissements de la Ligue, encadrée par aucune personne identifiable ni de confiance. Si le Chevalier Noir apparaît comme le leader de l’équipe, le simple humain derrière le masque croule de fatigue et commet plusieurs erreurs, au point d’envisager de se retirer de l’équipe.

En parallèle, un nouvel ennemi se fait passer pour les membres de la Ligue tout en commettant des meurtres, n’aidant pas à renouer l’image populaire de la Ligue avec le public et les médias…

[Critique]
Surprise, Bryan Hitch a quitté la/sa série et est remplacé par Christopher Priest ! L’auteur de Deathstroke Rebirth (sept tomes) poursuit donc les aventures de la Justice League sous un prisme plus ou moins novateur. Ce sixième et dernier tome est composé de deux récits de cinq chapitres chacun, celui qui donne son titre à l’ouvrage, Le procès de la Justice League puis Justice Perdue. Néanmoins, les dix épisodes se suivent et forment un tout assez homogène d’un point de vue narratif. Trois axes se dégagent de l’ensemble avec plus ou moins de réussite intrinsèquement.

Tout d’abord, l’approche « politique et sociétale » de la Ligue de Justice est au cœur du titre. D’une manière générale, c’est un prisme extrêmement intéressant et risqué, tantôt audacieux et subtile, tantôt raté et ridicule. Ici, on est à cheval entre l’original et le décevant… Le procès en soi n’a pas vraiment lieu, il y a bien plusieurs interrogatoires par différents corps juridiques envers Superman et Cyborg notamment, beaucoup de questionnements entre les membres ou de réflexions à travers les médias et les réseaux sociaux mais pas de « révolution concrète » sur ce sujet. On ne va jamais jusqu’au bout de choses, on reste dans un cadre d’oralité sans impacts réels… Ce qui donne malheureusement une impression de survol. Ce n’est pas désagréable ni mal écrit mais ça méritait d’aller tellement plus loin !

Par exemple, le début de la fiction évoque des religieux extrémistes et la place de l’intervention des super-héros durant des attentats ; le milieu montre (maladroitement) une sorte de rapidité d’exécution à deux niveaux (les blancs/les noirs, les riches/les pauvres) et la fin aborde un conflit en Afrique entre réfugiés et monarques locaux (rappelant vaguement le travail du scénariste chez la concurrence avec Black Panther) avant de nommer carrément la Palestine et l’Israël. Plusieurs sujets extrêmement sensibles donc, au sein desquels l’auteur, comme ses protagonistes de papier, cède à une sorte de facilité évoquant tour à tour « la charte de la Ligue » (guidant les interventions ou non – mais jamais évoquée auparavant) et la nécessité de « ne pas s’en mêler ». En refusant de prendre réellement position et à force de vouloir rester accessible, ce sixième volet de Justice League Rebirth passe donc malheureusement à côté de ces thématiques ô combien clivantes mais parfois passionnantes et nécessaires dans une bande dessinée grand public (un peu comme l’a proposé Mark Waid en son temps). Dommage…

Ensuite, le deuxième axe du livre se concentre sur un nouvel ennemi, « le fan ». Ce dernier est banalement un « fan » de la Justice League mais aussi un ingénieur qui a œuvré à la construction de la Tour de Garde. Il connaît donc le lieu et ses secrets ; il a même espionné tous les super-héros, connaît leurs failles et les pousse à se remettre en question. Une fois de plus, l’idée de départ est bonne : s’appuyer sur les Hommes de l’ombre qui ont contribué à ériger le mythe des justiciers, littéralement. Cela permet aussi de savoir « comment » cette fameuse Tour fut bâtie. Hélas, tout tombe à plat : « le fan » met en déroute un par un tous les plus grands surhommes et Dieux de la Terre avec une facilité déconcertante ! Impensable…

Il semble aussi improbable que Cyborg (à minima) n’ait jamais détecté cet espionnage constant à travers l’assemblage informatique. L’identité de ce nouvel antagoniste est d’ailleurs complètement anecdotique et l’équipe ne sait pas comment s’en débarrasser. Il faudra compter sur… Deathstroke pour trouver une solution (radicale évidemment). Comme dit plus haut, Christopher Priest connaît bien le mercenaire (en plus de la série déjà évoquée, ajoutons le court récit complet DC Univers Rebirth Deathstroke). Deathstroke est assez présent en fin d’ouvrage (l’histoire est même connectée au premier tome de Deathstroke Rebirth), au même titre que… la Justice League of America ! C’est là que le lecteur peut s’y perdre un peu – et cela permet d’effectuer une transition vers le troisième et dernier axe narratif.

En effet, les évolutions des personnages sont évidemment très présentes et à suivre dans cet ultime tome, mieux équilibré que précédemment sur ce point. Jessica est un peu plus en retrait (son principal problème est un baiser volé à… Batman – sic), Aquaman a droit a un segment en particulier (avec toujours des mentions à sa série Aquaman Rebirth), corrélé à Batman, qui quitte sa fonction de leader au sein de la Ligue – passant le relai à Cyborg. Ce dernier a donc enfin une certaine mise en avant. Superman et Wonder Woman sont aussi au cœur du titre. Seuls Flash et Simon sont moins présents. C’est d’ailleurs un élément phare qui revient plusieurs fois : les justiciers qui sont à l’écart par rapport à d’autres, que ce soit au sein de la Ligue, dont la Trinité vole toujours la vedette ou dans les seconds rôles des justiciers moins connus. Là encore une piste inédite mais pas vraiment exploitée…

On arrive donc à la fameuse Justice League of America. Nom donné à une ligue souvent « annexe », qui gravite en marge de la Justice League plus classique (cf. le quatrième tome de Justice League par exemple). Ici, cette ligue a été conçue par Batman lui-même après l’affrontement entre la Justice League et la Suicide Squad (cf. le sympathique récit complet du même nom). Cette Ligue de Justice d’Amérique est souvent plus brutale que l’habituelle et n’hésite pas à solliciter des antagonistes. C’est le cas de celle-ci, regroupant Vixen, Ray, Atom, Black Canary, Frost (anciennement Killer Frost) et Lobo !

Mais pour le découvrir/comprendre, il fallait se tourner vers les magazines mensuels Suicide Squad Rebirth publiés à partir de 2017. Ceux-ci accueillaient différentes série de l’ère Rebirth comme Suicide Squad bien sûr, mais aussi Harley Quinn et Deathstroke (comme par hasard). Introduite en janvier 2018 dans le septième numéro (cf. couverture ci-dessous) avec différents épisodes dédiés à ces « nouveaux » protagonistes ainsi que la relance de la série Justice League of America (Rebirth, évidemment) – entièrement scénarisée par Steve Orlando – cette fameuse Ligue de Justice d’Amérique a bénéficié d’une publication jusqu’au numéro #15 de Suicide Squad Rebirth (le dernier de ce magazine), en septembre de la même année.

    

Ainsi, les dix-sept premiers chapitres furent étalés à travers neuf numéros et les suivants se sont retrouvés dans deux hors-séries de Justice League Rebirth – Récit Complet (les #10 et #12, cf. couvertures ci-dessus également). Frappe chirurgicale (novembre 2018) et À l’aube des temps (mars 2019) ont ainsi compilé respectivement les chapitres #18 à #21 (et l’annual) puis les #22 à #29 de la série (étant ainsi intégralement publiée en France – mais pas en librairie où elle a été divisée en six tomes aux États-Unis). On ne désespère pas de chroniquer cet ensemble à terme sur ce site ! Heureusement, pas besoin de lire tout cela en amont (même s’ils sont mentionnés dans la bande dessinée) pour comprendre à peu près le sixième tome de Justice League Rebirth même s’il subsiste un côté décousu et un éparpillement des nombreux intervenants…

Les neufs épisodes sont majoritairement dessinés par Pete Woods, qui livre des planches correctes, ni exceptionnelles, ni mauvaises. Il est malheureusement parfois remplacé par Philippe Briones, Marco Santucci et Ian Churchill, n’aidant pas à générer une cohérence graphique même si on ne s’y perd pas visuellement, malgré la grande galerie de personnages, surtout dans sa seconde partie. De nombreux titres, citations ou tweets parsèment les planches, ajoutant une inutilité verbale à l’ensemble déjà très bavard.

En brassant plusieurs sujets, de façon originale ou anodine, crédible ou décevante, habilement ou maladroitement, Le procès de la Justice League est donc complètement inégal. On peut saluer la proposition assez inédite dans le genre mais on peut tout autant déplorer le travail pas spécialement abouti. À moins d’une simple coïncidence, on sent aussi chez Priest une inspiration du côté du film Batman v Superman, que ce soit au niveau du conflit en Afrique, des échanges avec des avocats et juges, etc.

Idéalement il aurait fallu recentrer son titre uniquement sur l’aspect politique/sociétal, les conséquences des actes de la Ligue, leur « impunité » aux yeux de la loi des Humains et leur propre arbitrage au sein des conflits « réels » de notre monde. Le tout dessiné par un seul artiste et dans une fiction en un récit complet à part (ce qu’est de toute façon ce sixième et dernier volume de JLR). Hélas, le résultat mi-figue mi-raisin est trop bancal pour s’avérer audacieux ou indispensable…

[Conclusion de l’ensemble]
Si on peut d’entrée de jeu éliminer le quatrième tome, on apprécie tout de même le cinquième et plus ou moins le sixième. Mais le bilan sur l’entièreté de la série, soit six volumes, n’est pas terrible. On en conseille surtout deux (le troisième et le cinquième – formant un ensemble plus ou moins complet, écrit et dessiné par la même équipe artistique mais manquant d’une réelle conclusion puisque Hitch quitte sa série après) ; éventuellement le sixième et encore… Rien d’incontournable dans cette pauvre série Justice League Rebirth très malmenée (surtout dans ses deux premiers tomes et l’affreux quatrième) avec des facilités narratives, des intrigues non résolues, des complications inutiles, des incohérences brumeuses, des éléments incompréhensibles, de nombreux segments ennuyeux et inintéressants – à l’exception donc, du chouette cinquième opus, Héritage.

La « suite » de Justice League Rebirth n’est pas vraiment connectée à la série. Comme l’annonce l’éditeur à la fin de la version librairie du dernier tome (grouillant de jolies couvertures alternatives en guise de bonus), il faut se tourner vers le récit complet Justice League – No Justice qui fait à la fois suite à Batman Metal mais sert aussi de prologue à Justice League – New Justice (quatre tomes). Cette dernière étant à considérer comme « la » nouvelle série Justice League désormais – incluant le retour du Limier Martien, teasé dans Justice League Rebirth.

     

[À propos]
Sortie en France chez Urban Comics respectivement le 6 juillet et 9 novembre 2018 puis le 1er mars 2019.

Scénario : Bryan Hitch (t. 4 et 5), Christopher Priest (t. 6)
Dessin : Bryan Hitch (t. 4), Fernando Pasarin (t. 5), Pete Woods (t. 6), collectif
Encrage : Collectif
Couleur : Collectif

Traduction : Edmond Tourriol
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Nightwing – Tome 3 : Hécatombe

Après de bons débuts dans Pièges et Trapèzes puis une petite baisse de qualité dans La République de Demain, Nightwing revient dans un excellent troisième tome : Hécatombe.

Nightwing tome 3 hecatombe[Histoire]
Trois segments spécifiques composent ce volume : La Chasseresse (deux chapitres, faisant suite à l’épisode #0), Hécatombe (le point de vue de Nightwing durant Le Deuil de la Famille, proposé en deux chapitres ainsi qu’un troisième correspondant à celui de la série Batman) et enfin Seul au monde (deux chapitres faisant écho à l’histoire du dernier tome de Grant Morrison présente Batman (qui sort en mai prochain) mais déjà publiée dans Batman Saga Hors-Série #03).

lady shiva nightwingLa Chasseresse. [Nightwing #13-14]
Alors que le Joker est de retour à Gotham City, Nightwing apprend du Pingouin que la redoutable tueuse à gages Lady Shiva y revient également.
Parallèlement Dick Grayson supervise la mise en chantier de l’Amusement Mile, un parc d’attraction dont l’équipe du cirque Haly fait partie. Son investisseur principal est Sonia Zucco-Branch, la fille du tueur des parents de Dick avec qui il entretient une relation ambigüe…

le joker nighting hecatombe

Hécatombe. [Nightwing #15-16 + Batman #17]
Le Joker fait évader l’ex petit-amie de Dick, Raya, de Blackgate. Le Clown du crime va transformer grâce à ses toxines l’ensemble des employés de l’Amusement Mile et tuer un des meilleurs amis de Dick.
Alors que le parc d’attractions est en feu, Nightwing est capturé par le Joker et emmené à un dîner dans la Bat-Cave, autour duquel chaque allié de la Bat-Family est ligoté. Le Joker se prépare à briser la famille du Dark Knight

nightwing robinSeul au monde. [Nightwing #17-18] [risque de spoilers]
Le primeur
(ennemi apparu dans Sombre Reflet, lorsque Dick endossait le costume de Batman) souhaite vendre aux enchères des éléments atypiques du siège du Joker sur la ville et la Bat-Family. Parmi les objets proposés : le costume de cirque du père de Dick, tâché de sang en forme de visage du Joker…
Par ailleurs, le jeune homme est dévasté par la mort de Robin, alias Damian Wayne, le fils de Bruce (survenue dans Batman Incorporated #09 — publié dans Batman Saga HS3 et Grant Morrison présente Batman tome 8).

[Critique]
Trois histoires qui se lisent aisément à la suite et forment un tome relativement émouvant. Le passage avec Lady Shiva est plutôt anecdotique (à moins que l’intérêt final se situe dans la suite des aventures de Nightwing). Toutefois, la construction des liens entre Nightwing avec notamment Sonia et certains employés du cirque Haly est judicieuse et trouvera un écho en fin de volume. La liaison avec Le Deuil de la Famille est extrêmement réussie. Il est d’ailleurs primordial de connaître l’autre série (Batman) pour mieux saisir les enjeux et l’ampleur des manigances du Joker. Les trois chapitres centrés sur cet arc sont déjà connus par les lecteurs de Batman Saga. Pour eux rien de nouveau donc, si ce n’est que cette fois l’ensemble reste très cohérent avec l’avant/après de ce qu’il se passe dans Nightwing. La violence des différentes scènes et la folie destructrice du Clown du Crime sont ravageuses, c’est une véritable hécatombe, à tout point de vue.

L’après Deuil de la Famille, c’est aussi cette cassure dans la confiance que portait Nightwing envers Batman. Il ne supporte pas que le Dark Knight lui cache des choses. L’homme a presque tout perdu : ses amis, ses employés, son cirque et… son petit frère. C’est ainsi qu’il nommait Damian Wayne. Psychologiquement brisé, Dick ne sait plus comment aller de l’avant. La dernière page offre un twist réussi qui relance davantage l’intérêt de la série.

nightwing joker deuil de la famillePlusieurs dessinateurs se succèdent dans Hécatombe, le résultat est donc clairement inégal, les traits de Guinaldo et Barrows (ce dernier officie depuis le début sur la série) sont agréables et dans un style assez proche. En revanche, ceux de Ryp, qui signent les deux derniers chapitres, ne collent pas du tout avec les précédentes publications de Nightwing. Les visages sont totalement différents et peu agréables à regarder.

Ce troisième tome de l’ancien side-kick de Batman est donc particulièrement réussi (excepté les dessins de deux chapitres), on pourrait toutefois regretter la presque « obligation » de devoir suivre la série Batman en même temps (à l’instar du tome précédent avec La Nuit des Hiboux, et ici du Deuil de la Famille). Si ces concordances ne gênent pas le lecteur, celui-ci se réjouira alors de l’écho à l’excellent Sombre Reflet, dont Sonia faisait déjà partie, et dont l’ennemi réapparaît ici. En revanche, la lecture de Batman Incorporated s’avère elle aussi quelque part obligatoire, le tome n’étant pas encore sorti en librairie mais uniquement en kiosque hors-série a de quoi frustrer les non-initiés ou ceux qui s’étaient préservés de toute révélation.

Un combat contre Lady Shiva, la folie destructrice du Joker, des relations professionnelles et sentimentales compliquées pour Dick, une cassure psychologique et un deuil à accomplir, voici donc les principaux ingrédients d’Hécatombe, dont la qualité est nettement supérieure que son prédécesseur. À dévorer avec plaisir.

nightwing dead[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 21 mars 2014.

Scénario : Tom DeFalco (#13-14), Kyle Higgins (#15-18), Scott Snyder (Batman #17)
Dessin : Andres Guinaldo (#13-14), Eddy Barrows (#15-16), Greg Capullo (Batman #17), Juan José Ryp (#17-18)
Couleur : Rod Reis (#13-15), Peter Pantazis (#14), Fco Plascencia (Batman #17), Brett Smith (#17-18)
Encrage : Mark Irwin (#13-14), Raul Fernandez (#13-14), Eber Ferreira (#15-16), Jonathan Glapion (Batman #17), Roger Bonet (#17-18), Juan Albarran (#18)

Lettrage : Christophe Semal & Laurence Hingray (studio Myrtille)
Traduction : Thomas Davier

À noter que dans Batman Saga #17 et #19, les deux chapitres d’Hécatombe (Nightwing #15 et #16) s’intitulaient Le Grand Nettoyage et Rappel

Publication originale dans Nightwing vol. 3 : Death of the Family (Nightwing #13-18 + Batman #17)

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• Tome 1 : Pièges et Trapèzes
• Tome 2 : La République de Demain
• Tome 3 : Hécatombe

Nightwing – Tome 2 : La République de Demain

Suite directe de Pièges et Trapèzes, ce second tome de l’ancien side-kick de Batman passe par La Nuit des Hiboux avant de continuer son propre chemin.

nightwing 2 la republique de demain [Histoire]
Nightwing est confronté à un ergot lors de la fameuse nuit des hiboux qui s’avère être son ancêtre. Le passé de ce dernier est détaillé et permet de comprendre son point de vue. Dick Grayson reprend ensuite son enquête sur une scène de crime sur laquelle une de ses armes avait été retrouvée. Un nouvel adversaire, ou plutôt une nouvelle organisation, se cacheront derrière. Se clamant héritier de Gotham, leur chef souhaite dresser « la République de Demain » et veut en découdre personnellement avec Nightwing.

Parallèlement, Dick cherche un moyen de sauver le cirque Hali dont il est désormais propriétaire. Voulant évoluer vers un parc d’attraction, le jeune homme manque de fonds et son seul recours est de demander un emprunt financier à Sonia Zucco, la fille de l’homme qui a tué ses parents…

Nightwing hiboux owls[Critique]
Un tome en demi-teinte, globalement bon mais qui peut tout de même décevoir les lecteurs qui ont déjà lu Batman Saga tout d’abord. En effet, deux chapitres sur six sont donc déjà connus (mais il est bien normal de les publier), et le dernier est le numéro zéro, sur les origines de Nightwing (en l’occurrence son adoption par Bruce Wayne et sa première intervention en tant que Robin — plaisant). Il y a donc « seulement » trois chapitres concernant le cœur de l’histoire principale de ce volume et tout semble aller un peu (trop) vite.

Un air de déjà-vu dans les motivations des ennemis, même si l’auteur a l’intelligence de ne pas tomber dans le cliché trop classique. On est plus happé par le lien de sang de Nightwing avec l’héritier des ergots et on regrette beaucoup de voir si peu Dick Grayson dans sa vie quotidienne sans son costume. Cela dit l’ensemble est toujours graphiquement très très bon (on passe encore par une flopée d’artistes divers mais cette fois l’ensemble est plus homogène que le précédent volume), le scénario pêche moins que le premier tome et de solides bases sont enfin posées pour la suite. Le troisième tome sera sans doute dans la même veine puisqu’il s’arcboutera sur le gros crossover Le Deuil de la Famille. En espérant que la trame primaire n’en soit pas trop entichée à l’instar de ce recueil.

Nightwing tome deux 2Ce second opus a les mêmes défauts que le premier, à trop vouloir répondre en écho aux arcs narratifs de Batman, l’on s’éloigne d’une seule et véritable histoire, profonde et aboutie, on passe par plusieurs petits récits, limite indépendants, c’est gênant. Côté relationnel amoureux, quid des premières aventures du premier tome, Raya et Batgirl ? Là aussi un manque de cohérence se fait ressentir, dommage !

Bref, ça reste divertissant mais il y a, encore un fois, ce gros « mais » qui aurait pu être beaucoup mieux. Ne boudons pas notre plaisir tout de même mais espérons un peu mieux dans le volume suivant, d’ici moins d’un an cette fois ?

Nightwing Robin

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 25 octobre 2013.
Histoire : Kyle Higins, Tom Defalco (ch. 0)
Dessin : Eddy Barrows (sauf ch. 11 et 12), Andres Guinaldo (ch. 9, 11 et 12), Geraldo Borges (ch. 10)
Encrage : Eber Ferreira (ch. 8, 9 10 et 0), Ruy Jose (ch. 8, 9 et 10), Mark Irwin (ch. 9, 11 et 12)
Couleur : Rod Reis, Peter Pantazis (9 et 11)
Lettrage : Simona Maccaroni
Traduction : Thomas Davier
Première publication originale dans Nightwing #08 à #12 + #0 (mai à octobre 2012) et dans Nightwing vol. 2 Night of the Owls

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• Tome 2 : La République de Demain
• Tome 3 : Death of the Family [anglais]

Nightwing nuit des hiboux